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SESSION 2018 (septembre)

UE 531 – GESTION JURIDIQUE, FISCALE ET


SOCIALE

Durée de l’épreuve : 4 heures

Le sujet comporte : 6 pages numérotées de 1 à 6

 Il vous est demandé de vérifier que le sujet est complet dès sa mise à votre disposition.

 Aucun document n’est autorisé.

 Aucun matériel n’est autorisé. En conséquence, tout usage d’une calculatrice est INTERDIT et
constituerait une fraude.

Le sujet se présente sous la forme de DEUX dossiers indépendants :

Dossier I : SOCIETE PAR ACTIONS SIMPLIFIEE PEUPA 10 points


Dossier II : SOCIETE ANONYME YAKLAIT 10 points

Le sujet comporte UNE annexe.

AVERTISSEMENT
Si le texte du sujet ou de ses questions vous conduit à formuler une ou plusieurs hypothèses, il
vous est demandé de la (ou les) mentionner explicitement dans votre copie.

Il vous est demandé d’apporter un soin particulier à la présentation de votre copie.


Les réponses doivent être pertinentes, complètes et brèves.

SUJET
_______________________________________________________________________________________

DOSSIER I : SOCIÉTÉ PAR ACTIONS SIMPLIFIÉE PEUPA

La SAS PEUPA est une société par actions simplifiée exploitant un commerce de vente de chaussures, dont
le capital est détenu à 100 % par Monsieur DUCUIR.

Monsieur DUCUIR envisage de céder son commerce à Madame CHAUSSON qui est très intéressée par cette
affaire.

Le fonds de commerce a été évalué à 300 000 € ; s’agissant d’une création, il n’est actuellement pas
valorisé à l’actif de la SAS PEUPA.

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Monsieur DUCUIR et Madame CHAUSSON réfléchissent aux modalités de l’opération, qui, en l’état actuel
de leurs réflexions, pourrait prendre la forme :
- soit d’une cession des titres de la société PEUPA ;
- soit d’une vente par la SAS PEUPA de son fonds de commerce.

Ils s’interrogent sur la vente des actions de la société PEUPA, qui pourrait s’effectuer pour un prix total
de 500 000 €, équivalant à la situation nette actuelle de la société (200 000 €) augmentée de la valeur du
fonds de commerce (300 000 €).

Travail à faire :

1) Quels sont les risques d’une telle opération pour Madame CHAUSSON, par rapport à l’acquisition
du seul fonds de commerce ?

2) Qu’est-ce qu’une garantie de passif ?

Monsieur DUCUIR et Madame CHAUSSON s’interrogent par ailleurs sur les conséquences fiscales d’une
telle opération. En effet, Monsieur DUCUIR avait acheté ses titres pour 20 000 € il y a une vingtaine
d’années, et il ne souhaite pas subir une imposition trop lourde car il souhaite prendre sa retraite après la
vente, et il compte sur le prix de vente des titres pour acquérir un bien immobilier au bord de la mer.

Travail à faire :

3) Décrivez le régime fiscal applicable aux plus-values sur titres de Monsieur DUCUIR.

4) L’opération sera-t-elle soumise aux droits d’enregistrement, et qui en serait alors le redevable ?

Monsieur DUCUIR et Madame CHAUSSON s’interrogent sur les risques de voir l’administration fiscale
remettre en cause tel ou tel traitement fiscal retenu lors de l’opération. Ils souhaitent que vous leur
expliquiez quelle(s) juridiction(s) serai(en)t compétente(s) dans le cas où l’un d’entre eux subirait un
redressement fiscal qui ne pourrait pas être résolu par les recours administratifs.

Travail à faire :

5) Monsieur DUCUIR et Madame CHAUSSON voudraient savoir au bout de combien de temps ils
pourront cesser de s’inquiéter du risque fiscal attaché à l’opération en question.

6) Les recours administratifs sont-ils obligatoires avant la saisine du juge de l’impôt ?

7) Quelles sont les juridictions compétentes en cas de contestation des impositions supportées par
Monsieur DUCUIR et Madame CHAUSSON dans le cadre de leur opération de cession de titres ?

Madame CHAUSSON a finalement acquis les actions de la SAS PEUPA. Elle a aussitôt souhaité donner une
ampleur internationale à son activité, et pour cela, elle a pris contact avec différents fabricants français de
chaussures, auxquels elle a proposé son expérience internationale pour vendre leurs productions dans
différents pays européens.

La SAS PEUPA dispose désormais d’une succursale en Espagne, qui comporte un petit atelier réalisant
certaines opérations de finition, et qui assure la commercialisation des produits localement, grâce à un

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directeur espagnol très compétent auquel le siège laisse toute latitude pour signer les contrats avec les
distributeurs locaux. Le bénéfice annuel réalisé grâce à cette succursale s’élève à présent à 150 000 €.

La SAS PEUPA a même créé une société en Italie, la société SCARPAFRANCIA, dont elle détient 100 % des
actions. Cette société a réalisé en 2015 un bénéfice net de 100 000 €. Elle a prévu de distribuer un
dividende de 50 000 € à son actionnaire.

Travail à faire :

8) Quel est le traitement de ces différentes opérations en France au regard de l’impôt sur les
bénéfices ? Si l’imposition a lieu en France, pour quel régime de faveur pourra-t-on éventuellement
opter ?

Par ailleurs, la SAS PEUPA a trouvé un important revendeur allemand, la société CHOUZE, avec laquelle
elle réalise un chiffre d’affaires important (200 000 € annuels). La société CHOUZE a fourni son numéro
d’identification à la TVA intracommunautaire.

La SAS PEUPA exporte désormais, via un site internet, des lots de chaussures à destination de personnes
physiques résidant essentiellement en Europe. Cependant, le chiffre d’affaires réalisé en Belgique n’est
pour l’instant pas très satisfaisant puisqu’il ne s’élève qu’à 10 000 € par an.

Travail à faire :

9) Ces opérations sont-elles soumises à la TVA française ?

DOSSIER II : SOCIETE ANONYME YAKLAIT

La société SA YAKLAIT fabrique et commercialise des produits laitiers frais sur le marché français.
Société anonyme de droit français, la société YAKLAIT a un directoire et un conseil de surveillance. Le
président du directoire est Madame LOTUSBLEU.

Monsieur DINDIN a conclu avec la société YAKLAIT un contrat de travail alors qu’il exerce
actuellement la fonction de membre du conseil de surveillance dans celle-ci.

Travail à faire :

1) Le cumul des fonctions de salarié et de membre du conseil de surveillance par Monsieur DINDIN
est-il possible ?

2) La conclusion et les modifications éventuelles de ce contrat de travail sont-elles soumises à une


procédure spécifique de contrôle ? Il n’est pas nécessaire de détailler le déroulement de la
procédure de contrôle.

La société YAKLAIT a organisé des réunions régulières dans des endroits tenus secrets avec les
dirigeants de la société SENAGRATE, une société concurrente sur le même marché. En outre, de
nombreux échanges téléphoniques ont eu lieu à partir des téléphones portables des dirigeants de ces deux
sociétés. Ces derniers s’échangeaient des données sur les prévisions de hausse tarifaire des produits et se
répartissaient les volumes de vente sur le marché.

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Travail à faire :

3) Qualifiez juridiquement ce comportement au sens du droit de la concurrence.

4) Quelle autorité administrative est compétente pour sanctionner un tel comportement ?

5) Quelle serait la procédure alternative que vous conseilleriez à la société YAKLAIT afin que celle-
ci puisse bénéficier d’une exonération totale ou partielle des sanctions pécuniaires éventuellement
prononcées par l’autorité compétente en la matière ?

L’article 15 des statuts de la société YAKLAIT stipule que « L'exclusion d'un associé peut être prononcée
dans les cas suivants :
[…]
- désaccord persistant sur la gestion, les objectifs et la stratégie de la Société ;
- manquements d'un associé à ses obligations ;
- exercice d'une activité concurrente à celle de la Société, soit directement, soit par l'intermédiaire
d'une société filiale ou apparentée ;
- opposition injustifiée et continue aux décisions proposées par le directoire pendant deux exercices
consécutifs ;
- condamnation pénale prononcée à l'encontre d'un associé personne physique ou morale (ou : à
l'encontre de l'un de ses dirigeants) ;
- plus généralement, la condamnation judiciaire prononcée à l'encontre d'un associé personne
physique ou d'un dirigeant de l'associé personne morale, susceptible de mettre en cause l'image
ou la réputation de la Société. »

Travail à faire :

6) Qualifiez juridiquement la clause et vérifiez sa validité.

Madame LOTUSBLEU a ordonné le paiement de sommes d’argent au profit d’une société fictive basée à
l’étranger au moyen de virements bancaires injustifiés.

Travail à faire :

7) Quel est le risque pénal encouru par Madame LOTUSBLEU ?

8) Qui peut exercer l’action civile liée à cette éventuelle infraction pénale ?

La société YAKLAIT rencontre des difficultés sérieuses sans être en état de cessation des paiements. Le
dirigeant de la société cherche des solutions rapides et souples. Il a entendu parler de la procédure de
sauvegarde financière accélérée, introduite en 2010 et de la procédure de sauvegarde accélérée, créée en
2014.

Travail à faire :

9) Quelle est la principale différence entre une sauvegarde accélérée et une sauvegarde financière
accélérée ?

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10) [supprimé]

L’époux de Madame LOTUSBLEU avait créé en 2005 avec des amis la société par actions simplifiée
LONDON. La société LONDON exploitait un fonds de commerce d’hôtellerie en vertu d’un contrat de
franchise conclu avec la société MERCORE.

Monsieur LOTUSBLEU et ses amis ont décidé de céder l’intégralité des titres détenus dans la société
LONDON. La société Ibiza s’est présentée en tant qu’acquéreur. Lors des négociations portant sur la
cession des titres, la société MERCORE s’est engagée à accorder des délais de paiement et des remises de
dettes ainsi qu’à effectuer des ristournes importantes à l’égard de la société LONDON. Après
l’acquisition, la société MERCORE a rompu le contrat de franchise et n’a exécuté aucun de ses
engagements.

Six mois après la cession, la société LONDON a fait l’objet d’une procédure de liquidation judiciaire.

Travail à faire :

11) Le cessionnaire des titres, la société IBIZA, pourra-t-il agir sur le fondement du dol afin de
demander la nullité du contrat de cession des titres de la société LONDON ?

12) En vous aidant de l’arrêt joint en annexe, indiquer le fondement juridique permettant de
mettre en cause la responsabilité de la société MERCORE.

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ANNEXE

Arrêt de la Cour de cassation : Cass. com., 7 oct. 2014, n° 13-19.758 (extrait)

[…]

Sur le moyen unique :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, du 17 janvier 2013), rendu sur renvoi après cassation
(chambre commerciale, financière et économique, 7 décembre 2010, pourvoi n° 09-67. 344), que MM.
Emmanuel et Edmond X... ont cédé l'intégralité des parts sociales composant le capital de la société
Clodis, exploitant un fonds de commerce d'alimentation en vertu d'un contrat de franchise conclu avec la
société Medis, à M. Y... et Mmes Z... et A... (les consorts Y...) ; que M. Y... s'est porté caution de MM.
X... et de Mme X... (les consorts X...), notamment au titre d'un contrat de fournitures consenti à la société
Clodis par le franchiseur, aux droits duquel vient la société Distribution Casino France (la société DCF) ;
qu'à la suite de la liquidation judiciaire de la société Clodis, la société Medis a assigné les consorts X... en
paiement de sommes dues ; que ces derniers ont appelé en garantie M. Y... ; que les consorts Y... ont
soutenu qu'ils avaient été victimes d'un dol émanant de la société Medis et ont sollicité sa condamnation à
leur payer des dommages-intérêts ;

[…]

Mais attendu, en premier lieu, que l'arrêt relève que la reprise de la société Clodis, qui était dans une
situation financière difficile, a été proposée aux consorts Y... par le directeur de la société Medis, que
celle-ci s'est alors engagée à réduire sa créance sur la société Clodis ainsi qu'à lui accorder des délais de
paiement et des ristournes importantes ; qu'il relève encore que M. Y... devait fournir une caution des
engagements des consorts X..., du double de celle souscrite par ces derniers, et que, l'acte de cession de
parts ayant été signé et le cautionnement obtenu, la société Medis a consenti une ristourne plus limitée
que prévu puis s'est désengagée en rompant le contrat de franchise qui la liait à la société Clodis ; qu'en
l'état de ces constatations et appréciations souveraines, faisant ressortir qu'en s'engageant à procurer à la
société Clodis un soutien financier dont elle savait qu'il ne serait pas effectif, la société Medis avait
commis une faute délictuelle envers les consorts Y..., la cour d'appel a pu statuer comme elle a fait ;

Et attendu, en second lieu, qu'ayant relevé que les consorts Y... n'auraient pas contracté sans l'engagement
du franchiseur et fournisseur « de les aider à redémarrer la société » et que la société Clodis avait été mise
en redressement judiciaire six mois après l'acte de cession, et que les engagements non tenus de la société
Medis ont entraîné l'ouverture de la procédure collective, faisant ainsi ressortir l'existence d'un lien de
causalité entre les manquements imputés au franchiseur et le préjudice subi par les consorts Y..., la cour
d'appel a légalement justifié sa décision ;

D'où il suit que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ; […]

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