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BULLETINCRITIQUE 103

directe» (p. 7), et le Soufisme reste ainsi comme «un pont entre l'Orient et 1'Occident»
(p. 24).
On doit remercier 1'auteur, et le f6liciter d'avoir donn? a 1'initie et au profane un
instrumentclair et juste de connaissance,sur un sujet grave, et dont 1'approchesera, grace a
lui, moins ardue et peut-etre moins inaccessible.
A. H. SALEH

Daniel REIG, Dictionnaire arabe-français, français-arabe Larousse / al-


Sab�l,mu'gam 'arabi-firans�, firans�-'arabi L�r�s, Paris 1983.

Au moment o6 ce Dictionnairea envoyé à l'impression,D. Reig aurait pu rappeler


a ses futurs usagers que, pendant exactement un siecle, les arabisants franqais ou
francophones, qu'ils fussent d6butants ou confirmes, ont utilise regulierement et avec
profit le Vocabulairearabe-françaismodestementdestin? à l'usagedes étudiantspar le P6re
J. B. BELOT, et preceded'une preface precisementdatee du 8 septembre 1883.Cette edition
a ete suiviede bien d'autres, et celledont je me serscouramment - et ne cesseraisans doute
pas de me servir - est la 14`et date de 1929.Sans doute etait-il possible,en cas de besoin
et avec un succes g6n6ralementassez faible, de se reporter au Dictionnairearabe-franfais
d'A. de BibersteinKazimirski,plus ancienencorepuisqu'il remontea 1860,mais n'est point
d'un maniementcommode; avant d'avoir recours au Lisdnal-'Arab ou au Tág al-'ari7s ,il
fallait aller voir si le Supplémentde Dozy n'offrait pas de solution, et l'on devait bien
souvent se livrerensuite a des recherchesqui demeuraientla plupart du temps infructueuses
pour ne s'avouer incapable de proposer une traduction qu'apres avoir «atteint 1'excuse»
comme on disait autrefois en arabe. La situation n'a gu?re change depuis le siecledemier,
en ce qui a trait a l'état de la langue dit classique ou litteral, malgr? la publication de
quelques lexiqueset glossairesspeciaux.
Comme il est probable que les arabisants ne disposerontjamais d'un Thesauruslinguae
arabicae contenant tout le vocabulaireemploy6de 1'6poquepr6islamiquea nos jours, il est
souhaitable que les ambitions et les rivalit6spersonnellesse taisent pour permettre a une
6quipe active d'61aborerun fichier central que les sp6cialistesde tous les pays pourraient
consulter directementou par 6crit et enrichir eux-m6mesa l'occasion.
Il ne faut pas se dissimuler,en effet, que la langue arabe est une et que l'on ne peut guere
pr6tendre la connaitre tant soit peu si la litterature classique demeure partiellement
inaccessible.Et pourtant, il est n6cessaire,pour r6pondre aux exigencesde 1'enseignement,
de considerer arbitrairement I'arabe dit modeme comme une langue pour ainsi dire
autonome sans etre totalement independante; mais contrairementa Reig qui affirme (p. 6)
que «1'arabe moderne n'a d6sormaisplus besoin de prouver son existence.Il était temps
enfinde lui en donner acte», il y a bellelurette que le pas a ete franchiet, pour ne citer qu'un
exemple,magistralement,par Hans Wehr qui a publié des 1952son ArabischesWörterbuch
far die Schrifisprache der Gegenwart, heureusement traduit en anglais et enrichi par
J. M. Cowan en 1961.En d6pit de sa richesse,ce dictionnaireest en partie p6rim?,car s'il
y a un «changementdans la continuite», revolution de la langue, principalementen ce qui
a trait a la terminologiescientifique,technique, politique, economique,etc. est tellement
rapide qu'il est malaisé de la suivre. Et cette difficulten'est pas de nature a encourager les
travaux de lexicographie,meme au niveau moyen qu'a choisi I'auteur du Sabil.
Il m'est souvent arrive de remarquer qu'au cours d'une conversation avec un arabo-
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phone, trois niveaux peuvent etre distingues :les questions touchant la vie quotidienneet
mat6riellesont g?n6ralementtraitees en arabe dialectalou tout au plus «moyen»; cellesqui
correspondent a l'enseignementsecondaire le sont plutot dans une langue plus relev?e;
quant a cellesqui, le cas echeant, sont d'une haute technicite,elles ne sont le plus souvent
abordées qu'avec des bilingues, et le specialistedispose alors de la faculte d'utiliser un
vocabulaireplus «international». J'ai I'impressionque D. Reig s'est inspire de semblables
considerationscar, bien qu'il n'indique pas les details du corpus qui lui a servi de base,
on sait que celui-ci se r6duit a trois groupes de sources: livres scolaires en usage dans
l'enseignement primaire et secondaire, presse quotidienne et hebdomadaire, littérature
moderne. II n'y a pas de lignede partage des eaux entre arabe classiqueet arabe moderne,
et le clivageentre les deux ?tats de la langueest d'autant moins net que non seulementune
partie assez consid6rable du vocabulaire ancien demeure vivante, mais encore que les
manuels scolaires contiennent des textes empruntes aux ecrivains m6di6vauxet que les
journalistes lettr6s ne se privent pas de r6diger6ditoriauxet articlesde fond dans un style
noble qui implique l'usage d'un vocabulaire assez recherch6.
Le d6pouillement de ces diverses sources a fourni a D.R. 45 000 «unites lexicales»
(curieusement,H. Wehr avait lui aussi tire 45 000 fichesde son corpus ou figuraient des
lexiquesd'arabe moderne a la place des ouvragesscolaires;voir par ex. Arabica,I/1(1954),
111).Ainsi, ont ete recensees6092«racines», autour desquellesest distribu6le vocabulaire
relev6.Chaque «entree» num?rot6eest naturellementsuivie d'un développementplus ou
moins volumineux,selon la feconditedu radical, et presenteavec une rigoureuseregularite
qui facilite considerablementla recherchedu terme int6ress6.A titre d'exemple, l'article
n° 4310concernant le radical occupesix colonnesdans lesquellessont mis en evidence,
au moyen de caracteres gras, les termes qui appellent une attention particuli?re. Qata'a
est d'abord accompagnede IS mots fran?ais presentes en bloc avant d'etre repris
dans 28 expressionsqui en precisent les conditions d'emploi; vient ensuite le masdar qa!'
suivi de 19 traductions et de 11expressions, sans compter les emplois adverbiaux; à
l'adjectif relatif qaj'i font suite le nom d'unit6 qij'a pour lequel sont proposees 12
traductions illustr6es par 11expressions, le participe actif qdti' (17 traductions et
11expressions) et le participe passif maq!6' (9 traductions et 5 expressions); avant les
formes derivees, sont relev6squelques vocables: qati`a, aqta`, naturellementqitci', pl. -dt
«secteur,section»(temoignagede l'ignorancecroissantedes arabophones qui ne savent pas
que ce terme technique doit se lire qatta`), qa!!d' «cutter», gattd`a, qatta`i et maq!a' (12
traductions et 5 expressions).Le lexiquen'est point pagin6,mais le titre courant indique la
premiere racine de la colonne accompagn6ede son num6ro en chiffres arabes et indiens.
Le dictionnaire arabe-franqaisse feuillettede droite a gauche. Il est preceded'un expose
en arabe sur la presentation du materiel,d'un condensede grammairefranqaise,d'une liste
des membresde la Liguearabe (ou p. 36, il faut lire sous le n° 8 al-lira et remarquer sous les
n° 10et 11que, lorsqu'il s'agit de monnaies,on oublie d'employer1'accusatif apres20), une
liste de 128 pays, puis les organismesinternationaux,la correspondance(qui ne me parait
pas indispensable)entre les calendrierslunaire et scolaire pour 1400/1979-80et enfin des
abr6viations.
Du cote franqais-arabe,la presentation habituelleest suivied'un condensede grammaire
arabe, puis viennent les listes des ttats membresde la Ligue arabe, des pays du monde et
des organismes internationaux; parmi les sigles fran?ais qui seront bien utiles, le Sabil
connait le P.C., le P.S., le R.P.R., mais pas l'U.D.F. (qui n'existait peut-etre pas encore au
moment ou cette liste a ete preparee). Le dictionnaire franqais arabe est réduit a un index
qui pr6sente un double inconvenient,au demeurant sans gravite excessive,en obligeant

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