Terminale ES : Dissertation en 3 heures. H. Bourouffala.

Veillez à respecter toutes les règles de la dissertation (étapes de l’introduction, chapeaux, transitions,
utilisation des documents en lien avec vos connaissances. Bon courage.

Dans quelle mesure la demande est-elle un facteur de l’investissement ?

Document 1
Investissement et taux d’utilisation des capacités
productives dans l’industrie manufacturière.
entrait en phase de blocage. Source: OFCE, L'économie
française 2003, Collection Repères, La Découverte, 2003
Document 4
Relation entre taux de croissance de l’investissement et taux d'intérêt
réel en France

* SNFEI Sociétés Non Financières et Entrepreneurs Individuels

Insee : note de conjoncture dec 2003.
Document 2
Il semble admis que la demande anticipée est le déterminant
principal de l'investissement. En période de faible croissance Document 5
ou de récession, les entreprises adoptent une stratégie Évolution de la FBCF et de la consommation finale des ménages
d'investissement prudente, elles ne cherchent pas à augmenter dans la zone euro(taux de variation en %)
leurs capacités de production, et parfois même ne renouvellent
pas les équipements devenus obsolètes. Au contraire, en 8
période de croissance soutenue, les entreprises sont incitées à 6
investir pour augmenter leurs capacités de production, afin de
4
profiter de la hausse de la demande. [...] Une faible variation
de la demande, dans une situation de plein emploi des 2
capacités de production, suscite une forte variation de
V a ria tio n (% )

l'investissement. A l'inverse, un simple ralentissement de la
demande peut suffire à provoquer une baisse de
l'investissement.
Source : SÉNAT, Annexe au procès-verbal de la séance du 29
octobre 2002, Rapport d'information sur les déterminants de
l’investissement, par M. J. KERGUERIS
Document 3
L'évolution de l'investissement dépend des débouchés
mais aussi de la capacité qu'ont les entreprises à le financer. La
forte croissance de l'investissement dans la seconde moitié de
la décennie 1980 s'était inscrite dans un contexte
d'amélioration notable de la situation financière des entreprises
: la politique de rigueur menée à partir de 1983, en contenant la
progression de la masse salariale, avaient favorisé le
redressement des marges et du taux d'autofinancement (1).
L'accumulation des profits entre 1983 et 1985 a permis de
financer la reprise des dépenses à partir de 1985. La remontée
des profits s'est poursuivie et les entreprises ont pu financer
leurs investissements en limitant la progression du poids de la
dette grâce aux marges de financement dégagées. La décennie
1990 s'est ouverte sur un ralentissement de la croissance de
l'activité, en France comme à l'étranger. Le poids de
l'endettement s'est rapidement accru, et les entreprises ont
freiné les dépenses pour assainir leurs bilans. L'investissement
0
-2
-4
-6
-8
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
C o n s o m m a tio n fin a le d e s m é n a g e s -0,83 1,31 1,86 1,58 1,56 3,03 3,54 2,72 1,81 0,41 1,17 1,94
FBCF -6,06 2,43 2,41 1,21 2,39 5,11 5,66 4,97 -0,21 -2,67 0,27 3,16
A n n ées
Source : Eurostat, septembre 2003, http://europa.eu.int/comm/eurostat/.
DOCUMENT 6
Certes au niveau macroéconomique une hausse des salaires est de
nature à stimuler la consommation et donc l’investissement mais il ne
faut pas oublier que ce dernier dépend aussi de la profitabilité. Ainsi,
si la demande est un facteur de l’investissement, il faut aussi tenir
compte de la rentabilité économique des entreprises. Par conséquent,
vouloir stimuler la consommation en augmentant les salaires peut se
révéler néfaste pour l’investissement. D’autre part, le rôle des taux
d’intérêt est loin d’être négligeable. H. Bourouffala. Texte écrit pour
le devoir, novembre 2009.

Correction de la dissertation : Dans quelle mesure la demande est-elle un facteur de

l’investissement ?
Introduction :
- Accroche : Dans le contexte actuel de récession (baisse de la
production prévue pour l’année en cours), on observe une
montée en flèche du chômage. Il est légitime de s’interroger sur la
manière de mettre un coût d’arrêt à cet enchaînement. Cela
passe notamment par une reprise de l’investissement. Quels en
sont les déterminants ?
- Définition des termes : Investissement (acquisition de biens de
production utilisés de manière durable dans la
production, mesuré par la FBCF) ; Demande (préciser que c’est
la demande anticipée par les entreprises qui a
une influence sur l’investissement, 
Problématique : Une augmentation de la demande anticipée par
les entreprises suffit-elle à stimuler l’investissement ? N’y a-til pas
d’autres déterminants de l’investissement ? La hausse de la
demande ne peut-elle pas coîncider avec une détérioration
d’autres déterminants de l’investissement ?
- Annonce du plan : Une augmentation de la demande peut
favoriser une reprise de l’investissement des
entreprises, cependant cela peut ne pas être suffisant car d’autres
facteurs interviennent dans la décision
d’investir.
I / Une augmentation de la demande peut stimuler
l’investissement
A / L’augmentation de la demande anticipée favorise la
décision d’investir
1 / Les entreprises n’investissent que si elles anticipent une
hausse de la demande qui leur est adressée. Celle-ci est
constituée de la consommation des ménages et de la demande
de biens d’équipement des autres entreprises. Par conséquent,
plus la demande est forte et plus l’investissement est élevé.
2 / On observe généralement qu’une petite augmentation de la
demande peut conduire à une forte hausse de
l’investissement car pour produire 100 euros de biens
supplémentaires chaque année il faut en règle générale
un capital supplémentaire plus que proportionnel (de 300 euros
par exemple si le coefficient de capital est de 3
et de 500 s’il est de 5). Inversement, un simple ralentissement de
la hausse de la demande ou une stagnation de celle-ci
provoquera une chute brutale de l’investissement. C’est le
principe de l’accélérateur [ Document 2]
3) Mais face à une hausse de la demande, les entreprises
n’investissent que si le taux d’utilisation de leur capacités de
production est assez élevé. [ Document 1] : plus le taux
d’utilisation des capacités de production est élevé, plus le taux
d’investissement ( fbcf/ pib) l’investissement augmente. (phrases
avec les données).
B / Cette relation peut être retrouvée empiriquement.
1 / Une faible variation de la demande peut susciter une forte
augmentation de l’investissement. C’est le cas en
1994, où la consommation finale des ménages augmente de 1.31
% alors que l’investissement augmente près
de deux fois plus vite, de 2.43 %.
2 / Inversement, un ralentissement de la demande suffit parfois à
provoquer une baisse de l’investissement.
C’est le cas en 2001 et 2002 où la consommation n’augmente
plus que de 1.81 % puis de 0.41 %, ce qui
s’accompagne d’une baisse de l’investissement brut de 0.21 % en
2001 et de 2.67 % en 2002. [ Documents 5]
3 / On observe que l’investissement [ Document 5]
ainsi que le taux d’investissement[ Document 1] diminue au
début des années 90 . Or, on sait (connaissances personnelles)
que les profits sont à cette période stabilisés à un niveau élevé
suite aux évolutions observées dans les années 80[ Document
2]. On peut donc considérer qu’à cette époque, la faiblesse de
l’investissement résulta en partie d’une demande insuffisante.
II / Cependant, une hausse de la demande anticipée ne suffit
pas parfois à stimuler l’investissement car
d’autres facteurs influencent la décision d’investir
A / L’investissement dépend aussi du profit…
1 / Le rôle du profit est double : il joue un rôle dans le financement
des investissements. Plus les profits sont élevé, plus les
entreprises peuvent s’autofinancer pour investir. Le profit joue
aussi un rôle de motivation. Les entreprises investissent s’il y a
des perspectives de profit.
2 / On sait (connaissances personnelles) que la baisse du taux de
marge (part des profits dans la valeur ajoutée) dans les années
70 a été à l’origine d’une baisse de l’investissement sur cette
période.
3/ A l’inverse [ Document 3], la hausse des profits et du taux de
marge à partir de la première moitié des années 80 a permis une
reprise de l’investissement à parti de 1985 ([ Document1]+
connaissance). Ce redressement du profit à cette époque résulte
des politiques de rigueur (désindexation des salaires sur les prix)
et du chômage (il incite à
modérer les revendications salariales) qui ont permis de diminuer
la part des salaires dans la valeur ajoutée (et donc
d’augmenter le taux de marge, part des profits dans la valeur
ajoutée). Ces profits supplémentaires ont permis
aux entreprises de financer leurs investissements sans trop
s’endetter,
B) …et du taux d’intérêt.
1 / Les entreprises investissent pour augmenter leurs profits. Si
elles doivent s’endetter, elles n’investissent
donc que si le taux de rentabilité (ebe/stock de capital) anticipé
est supérieur au taux d’intérêt réel( taux d’intérêt nominal moins
taux d’inflation), celui-ci étant le coût de l’endettement. Plus le
taux d’intérêt réel est faible, plus l’investissement est fort. [
Document 2].
2 / Cette relation peut être observée en France entre 1970 et
1991. La droite de régression fait apparaître une
corrélation négative entre le taux d’intérêt réel et le taux de
croissance de l’investissement. Lorsque le taux
d’intérêt est élevé, comme en 1990 où il est de près de 7 %,
l’investissement augmente très peu (d’à peine 0.5
%). Au contraire, quand le taux d’intérêt réel est faible, comme en
1979 où il est même négatif (- 1.8 %),
l’investissement augmente fortement, de près de 16 % cette
année là. [ Document 4]
2 / Par ailleurs, même si elles dégagent des profits et donc des
marges d’autofinancement, elles n’investissent
que si le taux de rentabilité est supérieur au taux d’intérêt car
celui-ci représente le rendement moyen des
placements financiers. Ceci désigne la profitabilité dont parle
le[ Document 6] qui peut être positive ou négative.
Conclusion :
- Résumé et réponse : La hausse de la demande anticipée par les
entreprises favorise une augmentation plus que
proportionnelle de l’investissement selon le mécanisme de
l’accélérateur, et cette relation est correctement
vérifiée empiriquement. Cependant, la décision d’investir dépend
également d’autres facteurs :
l’investissement doit être profitable, ce qui dépend du niveau des
taux d’intérêts, et il faut que les entreprises
puissent le financer. En définitive, des anticipations optimistes sur
la demande sont nécessaires mais pas
toujours suffisantes pour que l’investissement reparte à la hausse.
- Ouverture : l’accroissement de l’investissement n’est pas une fin
en soi même si celui-ci est facteur de croissance. D’une part il
peut y avoir « surinvestissement » dans certains
domaines comme cela s’est produit avec
l’immobilier (en partie en raison d’une politique
monétaire très expansionniste après le
ralentissement économique du début des années
2000). D’autre part, on peut s’interroger sur la
nature des investissements et de la croissance à
stimuler ce qui débouche sur la problématique du
développement durable.