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En effet, si l’on veut bien considérer les sciences sociales, au sens de Jean-Claude 2
Passeron [3] et dans une logique wébérienne, comme des sciences fondamentalement
historiques, il devient pour le moins difficile d’imaginer ce que serait un point de vue
analytique, dans l’espace de sciences sociales, qui ne soit pas historiquement situé. La
démonstration de Passeron repose, rappelons-le, sur la mise en évidence et la
discussion des différences épistémologiques fondamentales entre sciences de la
matière ou de la vie, d’un côté, et sciences sociales, de l’autre. En particulier, il énonce
que « la mise à l’épreuve empirique d’une proposition théorique ne peut jamais
revêtir, en sociologie, la forme logique de la “réfutation” (“falsification”) au sens
poppérien » [4]. Reste alors des formes d’exemplification, notion connotée
péjorativement chez Popper, mais qui, dans des sciences historiques et empiriques –
au sens de non-métaphysiques –, peut garder, selon Passeron, toute sa pertinence
heuristique, à condition, notamment, d’obéir à des protocoles d’enquête clairs et
strictement établis, permettant « aux sciences sociales de soumettre leurs assertions
théoriques à une épreuve empirique ». C’est pourquoi les questions du choix des
terrains et des matériaux empiriques, de l’objectivation des protocoles d’enquête et
de leurs conditions de réalisation sont centrales. Autrement dit, la dimension
proprement réflexive et critique du travail de recherche revêt, dans les sciences
sociales, une importance tout à fait cruciale.
L’analyse des politiques publiques, si elle n’échappe pas à cette règle générale, se 4
caractérise également par une série de modèles analytiques, de types de
problématisation et de recherches théoriques et empiriques qui, manifestement, ne
ressortissent pas à l’univers des sciences sociales. Elle s’est, en effet, constituée
originellement, aux États-Unis, comme science de l’action et science pour l’action [7].
Malgré cette dimension normative et prescriptive très marquée, une partie de ses
travaux pionniers s’inscrit tout de même dans une perspective de sciences sociales et
constitue une boîte à outils aujourd’hui encore souvent utilisée. L’analyse de l’État et
des institutions publiques, dans une perspective de sociologie historique anglo-
saxonne au départ traditionnelle, puis renouvelée, a, par ailleurs, permis d’affirmer
une nécessaire historicisation de ces objets. En France, si l’analyse de politiques
publiques est héritière de cette double filiation – dans et hors des sciences sociales –,
elle a aussi subi, avec quelques différences notables, les grandes inflexions qui ont
marqué la science politique comme discipline. Le souci de passer d’une analyse des
politiques publiques à une sociologie de l’action publique est une manière de prendre
en compte ces deux traditions imbriquées, au profit d’une approche qui soit
pleinement de sciences sociales. Cette dernière s’est construite notamment à partir
d’un double tournant qui a marqué la science politique française, sociologique
d’abord, socio-historique ensuite, et qui lui a permis de revendiquer une place
légitime dans l’univers des sciences sociales. En prenant l’exemple du
renouvellement actuel des études autour du gouvernement local, champ de
recherche traditionnel des policy studies [8], il est d’ailleurs possible de montrer que la
posture méthodologique proposée dans le cadre de la plupart des études socio-
historiennes constitue une tentative pour affirmer à nouveau et consolider ce
tournant de la science politique vers les sciences sociales. Elle induit, en effet, un
certain type de construction d’objet, dont on peut questionner les apports, mais
également les limites éventuelles et, surtout, la possible capacité à renouveler le
regard sur certains objets plus ou moins canoniques de la science politique et,
finalement, sur l’analyse des politiques publiques et la science politique elles-mêmes.
Il s’agit, au fond, de s’interroger sur la prise en compte différentielle de l’historicité
dans les principaux courants qui ont fondé l’analyse des politiques publiques, puis
qui ont marqué son développement, notamment dans le cas français.
Pour simplifier, on peut considérer que ce trio fondateur [15] s’illustre par une série 8
essentielle de travaux de recherche, d’enquêtes empiriques et de théorisations, qui
forment le cœur même de la réflexion originelle de science sociale au sein des policy
studies. Le gradualisme comme le courant polyarchique finissent par rompre avec une
interrogation centrée sur la rationalité d’action des décideurs pour proposer un
cadre analytique plus large visant à saisir les logiques plurielles des acteurs impliqués
dans les politiques publiques étudiées. C’est dans la même logique intellectuelle que
l’idée de rationalité limitée des acteurs est développée par Simon [16] dès l’après
Seconde Guerre mondiale ; notion qui sera au cœur même du renouvellement de la
sociologie des organisations nord-américaine [17] et qui constitue encore un
paradigme de base de cette spécialité [18]. Même si les dimensions d’aide à la décision
et les volontés prescriptives sont également présentes dans beaucoup de leurs
travaux, ce qui les éloigne d’une dimension « pure » de science sociale, on voit
également se développer des recherches empiriques précises et détaillées, fondées
sur l’observation quasi-ethnographique des milieux analysés, la consultation de
sources documentaires et, plus rarement, d’archives, l’utilisation des statistiques,
l’entretien enfin. Dans les premiers travaux universitaires et académiques, la
réflexivité méthodologique peut nous apparaître toutefois un peu lacunaire. Les
dimensions proprement historiennes de ces études restent, par ailleurs, souvent
embryonnaires et le détour par l’histoire ne semble pas toujours une nécessité.
Lorsqu’ils y recourent, il s’agit, le plus souvent, de réaliser une mise en perspective
diachronique assez rapide, liée, en général, à l’exploitation de sources de seconde
main, ainsi que d’éléments statistiques et chiffrés, qui permettent de dresser la toile
de fond de l’étude contemporaine en insistant sur les principales évolutions du
terrain investigué. Ces travaux n’en constituent pas moins un fonds commun d’une
grande richesse empirique, méthodologique et problématique, même s’ils restent
quelquefois éloignés des exigences d’une science sociale, telle qu’elle s’est imposée au
tournant du siècle en Europe [19] et, notamment, en Allemagne, puis en traversant
l’Atlantique [20]. Une autre tradition d’analyse, la sociologie historique, également
largement dominée par les travaux nord-américains, va alors jouer un rôle essentiel
pour imposer une sorte de nécessité diachronique et infléchir ainsi le regard sur
l’État, les institutions et les action publiques.
Les recherches concernées se caractérisent, avant tout, par une approche macro- 10
sociologique et comparative, avec des études s’étalant sur plusieurs siècles (on
renvoie ici aux « classiques » : Anderson, Eisenstatd, Wallerstein, Moore, Tilly,
Skocpol, etc.). Ces dernières reposent plutôt sur l’exploitation de travaux de seconde
main et privilégient une démarche macro-sociologique de très long terme. Les
notions d’États forts ou faibles, la question de la plus ou moins grande autonomie
des acteurs politico-administratifs, celle des formes de régulation politique à l’œuvre,
la notion de répertoires d’action collective [24] fournissent toutefois des pistes de
réflexion stimulantes pour les analystes de l’action publique. Mais cette approche
débouche quelquefois sur une volonté typologique un peu trop systématique et peut
aboutir, paradoxalement, à gommer les effets de contexte et, finalement, l’historicité
même des processus étudiés. Beaucoup de recherches sont réalisées, le plus souvent,
à partir de données agrégées, souvent de seconde main, avec un nombre important
de variables, sans toujours que l’on sache vraiment si l’on travaille sur des données
comparables, voire même sur des objets qui renvoient à des réponses partiellement
différentes à des questions elles-mêmes construites de manière largement
différenciée [25]. Le courant plus récent du néo-institutionnalisme historique
n’échappe pas, tout à fait, à ce style de critiques [26]. Il ne s’intéresse d’ailleurs pas à
l’histoire, au sens propre du terme, mais bien aux processus de changement et aux
contraintes que le passé et la dépendance au sentiers institutionnels empruntés (path
dependencies) peuvent provoquer sur l’action présente.
En France, l’analyse des politiques publiques semble avoir connu, avec quelques 12
différences significatives sur lesquelles nous insisterons, les mêmes grandes
inflexions intellectuelles qui ont marqué la science politique française comme
discipline académique. Globalement, cette dernière s’est en effet détachée
progressivement du droit public, la longue marche vers l’autonomie disciplinaire
renvoyant en particulier à deux phases successives de sociologisation des travaux
politologiques, dont la dernière est largement dominée par un tournant socio-
historique. Dans la spécialité qui nous intéresse, cette évolution se traduit par le
passage d’une analyse de politiques publiques à une perspective de plus en plus
unanimement revendiquée de sociologie de l’action publique. On peut toutefois
s’interroger pour savoir si l’analyse de politiques publiques a également, ou non,
connu une forme de « tournant historique » ayant fortement marqué la discipline
toute entière lors des deux dernières décennies.
Au même moment, d’autres dialogues sont noués entre sciences sociales et analyse 15
des institutions politico-administratives. Il faudrait ainsi regarder de plus près
l’étude des pouvoirs locaux telle qu’elle est mise en œuvre notamment au sein du
Centre d’étude et de recherche sur la vie locale (CERVL), fondé à Bordeaux en 1966 et
marqué par les travaux d’Albert Mabileau, dont on reparlera plus bas. Plus largement,
la recherche urbaine à dominante néo-marxiste renvoie également à de nombreuses
études empiriques sur « la scène politique locale et la politique municipale » [34]. En
science politique, cette question urbaine est, en partie, travaillée par des chercheurs
du Centre de recherche en science politique grenoblois qu’est le CERAT. Toutefois,
au début des années 1970, leur principal sujet de recherche est en passe de devenir
l’étude du processus de planification ou, plus largement, l’étude des idées en actions.
Il s’agit justement de tenter de dépasser la sociologie des organisations en observant
les rapports entre le jeu de certains acteurs et les structures économiques et sociales
qui l’encadrent. Ces études s’interrogent sur la manière selon laquelle des groupes
sociaux se constituent en acteur-médiateur en pensant leur position dans le monde
et en véhiculant une certaine représentation du monde. À partir de là, Lucien Nizard
et son équipe (Planification et société, 1974) mettent en évidence le fait que le processus
d’élaboration du plan consiste principalement en la construction et la diffusion d’une
représentation centrée sur l’idée de modernisation et de croissance [35]. Cette étude
repose sur l’identification d’une « communauté de planificateurs », construite
essentiellement autour du Commissariat général du plan, de la direction de la
Prévision du ministère des Finances et de l’INSEE. Ce triangle planificateur est alors
défini comme un groupe d’acteurs producteurs d’une vision du monde centrée sur
l’idée de modernisation qui allait se diffuser ensuite, via les commissions du plan
notamment, dans toute l’administration, ainsi que dans les milieux économiques.
C’est à partir de ces travaux que s’est forgée la notion de référentiel. L’ambition de 16
cette approche, retravaillée et requalifiée quelques années plus tard de cognitive,
consiste à étudier « les processus par lesquels sont produits et légitimés des
représentations, des croyances, des comportements, notamment sous la forme de
politiques publiques particulières dans le cas de l’État » [36]. Cette analyse de l’action
publique par les référentiels repose, de fait, sur une vision macro-historique à
tendance évolutionniste. L’ambition est, en effet, de mettre en évidence, sur le long
terme, les ruptures de référentiel qui aident à comprendre l’avènement d’un
référentiel modernisateur. C’est ainsi que Pierre Muller propose, pour analyser la
politique agricole, une vision sur un siècle, qui repose sur des travaux de seconde
main pour les périodes les plus anciennes [37]. À côté de ces travaux de sciences
sociales des institutions et des politiques publiques, la science politique va connaître
une autre inflexion sociologique liée à la sociologie critique [38]. Une inflexion qui
n’est pas sans nourrir quelques années plus tard un projet de socio-histoire du
politique.
Autrement dit, ces travaux socio-historiques cherchent eux aussi à ouvrir la « boîte 22
noire » de l’État, mais en questionnant les différentes figures concrètes qu’il a pu
prendre, notamment au cours des deux siècles précédents. Dans une perspective
finalement assez proche de la sociologie des organisations, l’État est entendu ici
comme un ensemble d’acteurs individuels et collectifs et il est avant tout saisi à
travers ses pratiques, figures et usages concrets. Les acteurs qui le composent
possèdent des intérêts, poursuivent des intentions qui leur sont propres, disposent
de représentations et de valeurs plus ou moins partagées et sont situés dans des
relations d’interdépendance. En souhaitant dépasser l’opposition entre démarche
idiographique et démarche nomothétique, les travaux socio-historiques
reconnaissent étudier des cas et donc des acteurs singuliers. Ces derniers ne sont ni
des entités représentatives, ni des atomes de base isolables. L’acteur est le résultat
d’un processus à la fois social et individuel. Il est « à la fois le produit de multiples
interactions personnelles dans lesquelles il a été pris depuis la naissance et le produit
de multiples références culturelles et linguistiques auxquelles il a été exposé et qu’il
s’est appropriées successivement » [51]. Le processus n’est donc pas envisagé comme
un déroulement linéaire correspondant à un schéma évolutionniste liant passé et
présent de manière mécanique. Il est alors mis au jour par une sociologie
interprétative – compréhensive, au sens de Max Weber –, attentive aux points de vue
des acteurs et qui met en avant l’étude des fondements culturels, sociaux, politiques
et stratégiques des situations et contextes étudiés.
Ainsi, l’État est abordé à travers l’analyse des interactions entre acteurs locaux et 23
nationaux, centraux et périphérique, et même publics et privés. Mais ce
renouvellement des études sur l’État et l’étatisation a en grande partie et
paradoxalement été rendu possible par l’investissement des socio-historiens dans
l’analyse des gouvernements locaux.
À y regarder de plus près, ces explications suggèrent plusieurs clefs de lecture. Elles 26
laissent croire que le désintérêt porté à un pouvoir municipal possédant ses
spécificités, ses dimensions propres, ne serait pas lié à un quelconque point aveugle,
mais bien à une simple absence d’objet. Derrière de tels arguments se dévoile une
vision historique assez linéaire. Il semble que les chercheurs, qui refusent de parler
en termes de « gouvernement municipal » avant les lois de décentralisation et le
milieu des années 1980, sont portés à évoquer l’histoire du pouvoir municipal en
considérant l’époque dont ils sont contemporains comme un aboutissement.
Concentrée sur les objets légitimes dans le champ politique, notamment les objets
consacrés par le législateur, une telle histoire se confondrait avec un lent processus
de centralisation s’achevant par les lois de décentralisation, véritable étape vers une
« modernisation » de l’administration urbaine [62]. Pareille vision historique, qui
confine à l’anachronisme, révèle certains effets de la domination d’une analyse stato-
centrée. Elle illustre la confusion existant entre les cadres de la connaissance – les
outils d’analyse prisonniers du modèle centre-périphérie – et la réalité appréhendée.
Les enquêtes socio-historiques peuvent nous aider à mieux discuter ce regard
historique singulier et, par là même, les possibles points aveugles de la discipline.
Les enquêtes sur la création des premiers bureaux municipaux d’hygiène permettent 28
ainsi de démontrer que les réalisations dites locales ont précédé, de dix à vingt ans, la
promulgation de la loi du 15 février 1902, loi relative à l’hygiène et à la protection de la
santé publique [66]. La législation nationale reprend l’édifice que les bureaux
municipaux et les services départementaux d’hygiène ont amorcé. Une certaine
« complémentarité » entre des espaces politiques municipaux innovants et
relativement indépendants et un État centralisé, lui-même en voie de
bureaucratisation, se met donc en place au cours de la Troisième République,
souvent qualifiée de véritable « âge d’or » des communes. À partir de la genèse des
politiques sociales et urbanistiques, de nombreux travaux, qui étudient les
municipalités dans leur fonctionnement concret, ont pu mettre en évidence une
certaine antériorité des politiques locales sur les politiques centrales, les premières
étant ensuite adoptées par voie de généralisation impulsée par le centre. Ces études
qui enquêtent, pour la plupart, sur le tournant du siècle et les premières décennies
du vingtième siècle, s’interrogent sur le degré d’autonomie des périphéries [67]. Les
écrits suggèrent de rompre avec une vision localisée du local, c’est-à-dire une analyse
du pouvoir municipal empreinte du regard et des représentations forgées par les
acteurs étatiques, analyse longtemps privilégiée par les études de science politique.
C’est avant tout le caractère réflexif de la démarche mise en œuvre – une attention 34
qui ne se porte pas seulement sur l’objet de l’enquête, mais aussi sur le travail de
l’enquêteur –, qui peut nous amener à faire le parallèle avec les enquêtes de terrain
d’ethnographie sociologique [79]. Ainsi, l’invention des sources, le rassemblement de
documents assez hétéroclites (des cartons d’archives municipales, mais aussi des
cartons d’archives nationales – qui sont essentiellement les résidus de l’activité de
contrôle du ministère de l’Intérieur et de la direction de l’Administration
départementale et communale sur l’action des municipalités –, des périodiques
d’administration communale ou encore des brochures et autres ouvrages consacrés à
l’organisation municipale) ne peut se passer d’interrogations sur la matérialité et la
nature même des matériaux. La plupart de ces documents sont, d’une part,
interrogés pour ce qu’ils disent sur l’organisation municipale et, d’autre part,
observés comme des institutions, parties intégrantes des objets d’étude.
« Or, il n’existe aucun savoir nomologique de ce type [celui des sciences de la vie et 37
de la matière] qui guiderait le questionnement historique des sciences sociales :
l’histoire des sciences sociales suffit ici pour trancher, en nous montrant la
déception de tous les espoirs naturalistes qui ont été placés dans le rôle fondatif
d’une science nomologique-mère (successivement ou contradictoirement,
[83]
économie, démographie, psychologie ou linguistique)… »
Notes
[1] Ce texte est le fruit d’une intervention présentée, en mars 2003, dans le cadre du
séminaire du Pôle « action publique » du Centre de recherches politiques de
Sciences Po (Cevipof). Il a, par ailleurs, été discuté au sein du groupe de travail
« APSO » du CERIEP (Institut d’études politiques de Lyon) et lors d’une séance du
séminaire « Pratiques et méthodes de la socio-histoire du politique », animé par
François Buton et Nicolas Mariot au CURAPP (Amiens). Nous souhaitons
remercier les lecteurs qui nous ont permis, à ces occasions, de clarifier et d’enrichir
nos propos.
[2] On peut renvoyer, sur ce thème, aux actes du colloque d’Amiens : Pascale Laborier,
Dany Trom (dir.), Historicités de l’action publique, Paris, PUF/CURAPP-GSPM, 2003.
[5] Comme le rappelle opportunément Howard Becker : « Nous ne travaillons pas dans
le monde des physiciens, où nous pourrions prendre sur une étagère un échantillon
de substance pure et savoir que c’est la même substance […] que celle que n’importe
quel autre scientifique de la planète pourra manipuler sous le même nom. Aucune
de nos « substances » n’est pure. Ce sont des combinaisons historiquement
contingentes et géographiquement déterminées d’un certain nombre de
processus ; aucune de ces combinaisons ne peut être identique à une autre » (Les
ficelles du métier. Comment conduire des recherches en sciences sociales, Paris, La
Découverte, 2002, p. 152).
[6] Sur ces aspects des impensés disciplinaires, cf., entre autres, Gilles Pollet,
« Regards croisés sur la construction de la loi : d’une histoire sociale à une socio-
histoire de l’action publique », dans Jacques Commaille, Laurence Dumoulin, Cécile
Robert (dir.), La juridicisation du politique, leçons scientifiques, Paris, LGDJ, 2000 (Droit
et Société), p. 61-80.
[7] Wayne Parsons, Public Policy. An Introduction to the Theory and Practice of Policy
Analysis, Cheltenham, Edward Elgar, 1995.
[8] Nous employons ce terme de policy studies par commodité de langage, pour
désigner l’ensemble des travaux et auteurs qui a contribué à fonder, au départ aux
États-Unis, cet espace tout à la fois de recherche et d’aide à la décision, que l’on a
traduit en français par « analyse des politiques publiques » ou, quelquefois même,
par le seul vocable « politiques publiques ». Sur ce point, cf., notamment, Vincent
Spenlehauer, « Une approche historique de la notion de “politiques publiques”. Les
difficultés d’une mise en pratique d’un concept », Informations sociales,
« L’évaluation des politiques publiques », numéro spécial, 110, septembre 2003,
p. 34-45. Sur cette sociogenèse entre policy sciences et policy analysis, cf. Patrice
Duran, « Genèse de l’analyse des politiques publiques », dans Laurie Boussaguet,
Sophie Jacquot, Pauline Ravinet (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, Paris,
Presses de Sciences Po, 2004, p. 232-242.
[9] Sur cette posture de sociologie, ou de sociologie politique, de l’action publique, cf.,
entre autres et pour le cas français, Gilles Pollet, « Analyse des politiques publiques
et perspectives théoriques. Essai de modélisation à travers l’exemple des politiques
de retraite dans une perspective historique », dans Alain Faure, Gilles Pollet,
Philippe Warin (dir.), La construction du sens dans les politiques publiques, Paris,
L’Harmattan, 1995, p. 25-47 ; Jean-Claude Thoenig, « L’usage analytique du concept
de régulation », dans Jacques Commaille, Bruno Jobert (dir.), Les métamorphoses de la
régulation politique, Paris, LGDJ, 1998, p. 35-53 ; Pierre Muller, Yves Surel, L’analyse des
politiques publiques, Paris, Montchrestien, 1998 ; Patrice Duran, Penser l’action
publique, Paris, LGDJ, 1999 ; Jean-Pierre Gaudin, « L’action publique transversale et
le désenchantement du politique », dans Olivier Nay, Andy Smith (dir.), Le
gouvernement du compromis. Courtiers et généralistes dans l’action publique, Paris,
Economica, 2002, p. 227-237.
[12] Robert A. Dahl, « The Science of Public Administration : Three Problems », Public
Administration Review, 7 (1), hiver 1947, p. 1-11.
[14] Luther Gulick, Lyndall Urwick (eds), Papers on the Science of Administration, New
York, Institute of Public Administration, 1937.
[15] Trio fondateur, dont il faudrait objectiver, avec précision, les liens intellectuels,
ainsi que ceux que ses membres entretiennent avec Harold Lasswell et son projet
de « policy sciences », autrement dit, d’une science politique et morale de la décision.
Sur ce point, cf. Vincent Spenlehauer, « Une approche historique de la notion de
“politiques publiques”… », art. cité ; Jean-Pierre Gaudin, « Policy science et premières
analyses du decision making », dans L’action publique. Sociologie et politique, Paris,
Presses de Sciences Po/Dalloz, 2004, p. 107-110.
[16] Herbert A. Simon (1916-2001) obtiendra le prix Nobel d’économie en 1976. Il fera à la
fois une carrière en tant qu’économiste (ses travaux étant plutôt utilisés dans les
sciences de gestion et le management), que psychologue et cybernéticien,
spécialiste d’intelligence artificielle.
[17] James G. March, Herbert A. Simon, Organizations, New York, Wiley, 1958. La
sociologie des organisations nord-américaine avait déjà produit une série de
travaux devenus depuis des classiques, autour notamment de cette autre trilogie
fondatrice composée de Selznick, Gouldner, Blau, dont, paradoxalement, aucun
des ouvrages n’a jamais été traduit en français : Philip Selznick, TVA and the Grass
Roots, Berkeley, University of California Press, 1949 ; Alvin W. Gouldner, Patterns of
Industrial Bureaucracy, Glencoe, Free Press, 1954 ; Peter M. Blau, The Dynamics of
Bureaucracy. A Study of Interpersonal Relations in Two Government Agencies, Chicago,
The University of Chicago Press, 1955.
[18] Michel Crozier, Erhard Friedberg, L’acteur et le système, Paris, Le Seuil, 1977.
[19] Wolf Lepenies, Les trois cultures. Entre science et littérature, l’événement de la sociologie,
Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1990.
[20] Dorothy Ross, The Origins of American Social Science, Cambridge, Cambridge
University Press, 1991.
[21] On trouve chez Max Weber d’autres termes pour désigner son projet de science
sociale et, notamment, le terme Wirklichkeitswissenschaft (science de la réalité),
Essais sur la théorie de la science, Paris, Plon, 1965, p. 152-153.
[23] Bertrand Badie, Pierre Birnbaum, Sociologie de l’État, Paris, Grasset, 1979. Le travail
de Norbert Elias apparaît, bien sûr, ici comme précurseur, même s’il mettra du
temps à être connu et reconnu, notamment en France. La première édition
française de La dynamique de l’Occident date de 1976.
[24] Charles Tilly, La France conteste. De 1600 à nos jours, Paris, Fayard, 1986.
[25] Cf. le bilan concernant l’étude comparée des politiques sociales et types de Welfare
States dressé par François-Xavier Merrien, L’État providence, Paris, PUF, 1997.
[26] Sur les différentes versions du néo-institutionnalisme, cf. Peter A. Hall, Rosemary
Taylor, « La science politique et les trois néo-institutionnalismes », Revue française
de science politique, 47 (3-4), 1997, p. 469-496.
[27] Par exemple : Anne-Marie Guillemard, Le déclin du social : formation et crise des
politiques de la vieillesse, Paris, PUF, 1986, pour le cas français ; Theda Skocpol,
Protecting Soldiers and Mothers : The Political Origins of Social Policy in the United States,
Cambridge, Harvard University Press, 1992, pour les États-Unis ; dans une
perspective de comparaisons internationales maîtrisées : Douglas Ashford, pour
l’ensemble de son œuvre et, notamment, British Dogmatism and French Pragmatism :
Central-Local Policymaking in the Welfare State, Londres, Allen and Unwin, 1982 ; The
Emergence of the Welfare States, Oxford, Blackwell, 1986, ainsi que Peter Baldwin, The
Politics of Social Solidarity. Class Bases of the European Welfare State (1875-1975),
Cambridge, Cambridge University Press, 1990 ; Sven Steinmo et al., Structuring
Politics : Historical Institutionalism in Comparative Analysis, Cambridge, Cambridge
University Press, 1992, dans une perspective néo-institutionnaliste.
[30] Michel Crozier Le phénomène bureaucratique, Paris, Le Seuil, 1986 (1re éd. : 1963),
p. 257-260. Cf. également sa contribution « Pour une théorie sociologique de
l’action administrative », dans le Traité de science administrative, Paris/La Haye,
Mouton, 1966.
[34] Michel Amiot, Contre l’État, les sociologues. Éléments pour une histoire de la sociologie
urbaine en France (1900-1980), Paris, Éditions de l’EHESS, 1986 ; Dominique Lorrain,
« Un livre extrême. Manuel Castells et Francis Godard : Monopolville (1974) », dans
Bernard Lepetit, Christian Topalov (dir.), La ville des sciences sociales, Paris, Belin,
2001, p. 227-266.
[35] Pierre Muller, « Les politiques publiques comme construction d’un rapport au
monde », dans Alain Faure, Gilles Pollet, Philippe Warin (dir.), op. cit., p. 153-179.
[39] Sur le tournant politique de l’histoire, cf. Yves Déloye, Bernard Voutat (dir.), Faire
de la science politique. Pour une analyse socio-historique du politique, Paris, Belin, 2002,
p. 18 et suiv.
[41] Au début des années 1990 est créée une Association pour la socio-histoire du
politique, qui organise, en 1996, un premier colloque fondateur, à Grenoble, sur
l’étatisation de la société. Enfin, Michel Offerlé et Gérard Noiriel créent, à la fin des
années 1990, aux éditions Belin, une collection intitulée « Socio-Histoire ».
[42] Cf. Yves Lequin, « Histoire sociale », dans André Burguière (dir.), Dictionnaire des
sciences historiques, Paris, PUF, 1986, p. 635-642.
[45] Cf. l’introduction de Michel Offerlé, « Étatisations », Genèses, 28, septembre 1997.
[49] Cf. les travaux de Vincent Viet sur l’inspection du travail (Les voltigeurs de la
République : l’inspection du travail en France jusqu’en 1914, Paris, Éditions du CNRS,
1994), ou encore ceux de Jean-Noël Rétière sur l’administration des tabacs (« Au
service de l’État. L’administration des tabacs avant 1914 », dans Martine
Kaluszynski, Sophie Wanich (dir.), L’État contre la politique ? Les expressions historiques
de l’étatisation, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 71-85).
[50] Olivier Ihl, Martine Kaluszynski, Gilles Pollet (dir.), Les sciences de gouvernement,
Paris, Economica, 2003 ; le numéro « Sur la formation des sciences de
gouvernement », Revue française de science politique, 53 (2), avril 2003 ; sur les lieux de
formation des serviteurs de l’État, cf. Rachel Vanneuville, « La référence anglaise à
l’École libre des sciences politiques. La formation de gentlemen républicains, 1871-
1914 », thèse de doctorat de science politique, Institut d’études politiques de
Grenoble, 1999 ; sur la formation des administrateurs coloniaux, cf. Véronique
Dimier, Le gouvernement des colonies : regards croisés franco-britanniques, Bruxelles,
Éditions de l’Université de Bruxelles, 2004.
[51] Ces propos sont ceux que tient Stéphane Beaud au sujet de l’ethnographie
sociologique : « Pour une ethnographie sociologique », dans Stéphane Beaud,
Florence Weber, Guide de l’enquête de terrain, Paris, La Découverte, 1997, p. 304.
[52] On ne dit pas souvent que les premiers travaux d’Herbert Simon, dans un cadre
d’expertise locale, portent sur les municipalités et, notamment, sur la mesure de
l’efficacité de l’activité municipale. Citons, entre autres, dans une littérature
particulièrement abondante : Herbert Simon, « Comparative Statistics and the
Measurement of Efficiency », National Municipal Review, 26, 1937, p. 524-527 ; « Can
Municipal Activities Be Measured ? », The Municipality, 32, 1937, p. 281-282 ; avec
Clarence E. Ridley, Measuring Municipal Activities, Chicago, International City
Managers’ Association, 1938 ; « State-Local Relations in City Planning », State
Government, 18, 1945, p. 68-71. Son célèbre ouvrage (Administrative Behavior, op. cit.) se
nourrit directement de ses recherches sur les administrations municipales.
[53] Pour les États-Unis, cf. notamment l’importance de la « municipal research » dans la
naissance d’une public administration, soulignée par Georges Langrod, La science et
l’enseignement de l’administration publique aux États-Unis, Paris, Armand Colin, 1954.
[54] Jean Joana, « Par-delà les notables. Une socio-histoire des espaces politiques locaux
sous la Troisième République en question », dans Yves Déloye, Bernard Voutat
(dir.), op. cit., p. 137-154.
[55] Yves Mény, « Les politiques des autorités locales », dans Madeleine Grawitz, Jean
Leca (dir.), Traité de science politique, Paris, PUF, vol. 4, 1985, p. 423-465.
[56] Jacques Lagroye, « De l’objet local à l’horizon local des pratiques », dans Albert
Mabileau (dir.), À la recherche du local, Paris, L’Harmattan, 1999, p. 132-166.
[59] On trouvera des éléments de définition de cette notion dans l’article de Patrick le
Galès, « Du gouvernement des villes à la gouvernance urbaine », Revue française de
science politique, 45 (1), février 1995, p. 57-95.
[60] Albert Mabileau, Le système local en France, Paris, Montchrestien, 1994, p. 15 (1re éd. :
1991).
[62] Ibid., p. 8-9. Albert Mabileau, en introduction de son étude sur Le système local en
France, retrace ce qu’il nomme « une sédimentation historique », évoquant les
institutions politico-administratives de l’Ancien Régime à 1982. Cette
sédimentation est couronnée par la loi sur la décentralisation « qui légitime le
gouvernement local et par la même occasion l’institutionnalisation du système
local ».
[63] Bruno Dumons, Gilles Pollet, « De l’administration des villes au gouvernement des
“hommes de la ville” sous la Troisième République », Genèses, 28, 1997, p. 52-75.
[64] La thèse de Marie Vogel sur les polices urbaines sous la Troisième République met
en évidence la « captation » par l’État des innovations municipales et des résultats
d’un processus engagé par les édiles quelques décennies auparavant ; captation qui
s’opère en 1941, à travers l’étatisation des polices des villes, permise par
l’élimination des élus des municipalités urbaines (Marie Vogel, « Les polices des
villes entre local et national : l’administration des polices urbaines sous la
Troisième République », thèse de science politique, Université Pierre Mendès
France-Grenoble II, 1993).
[65] Parmi ces monographies, il faut citer le travail doctoral de Jean-Yves Nevers, qui
peut être considéré comme précurseur : Jean-Yves Nevers, « Système politico-
administratif communal et pouvoir local. Étude d’un cas : la municipalité radicale-
socialiste de Toulouse (1888-1906) », thèse de sociologie, Université de Toulouse II,
1975. Pour les monographies communales publiées dans les années 1980 et réalisées
par des historiens, cf., en particulier, Jean-Paul Brunet, Saint-Denis, la ville rouge
(1890-1939), Paris, Hachette, 1980 ; Bernard Meuret, Le socialisme municipal,
Villeurbanne (1880-1982), Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1982 ; Annie
Fourcaut, Bobigny, banlieue rouge, Paris, Presses de Sciences Po/Éditions ouvrières,
1986.
[66] Sur la réaction des autorités locales à la loi du 15 février 1902, dans un département
où une politique municipale de modernisation sanitaire avait été engagée bien
avant la loi, cf. Lucie Paquy, « Santé publique et pouvoirs locaux : le département de
l’Isère et la loi du 15 février 1902 », thèse de doctorat d’histoire, Université Lumière-
Lyon 2, 2001 ; Lucie Paquy, « Administrer l’hygiène urbaine à la fin du 19e siècle : le
cas de Grenoble », dans Bruno Dumons, Gilles Pollet (dir.), Administrer la ville en
Europe (19e-20e siècles), Paris, L’Harmattan, 2003, p. 163-185.
[67] Dans un cadre comparé, Vincent Viet, Hans Palm (dir.), Les politiques sociales des
communes en France et en Allemagne, Paris, La Documentation Française/Drees-Mire,
2004.
[69] Nous songeons à des études aux horizons intellectuels forts divers, mais qui,
toutes, insistent sur les spécificités de l’action publique municipale. Certaines,
nettement historiques, participent à un programme collectif sur le pouvoir local
initié à Bordeaux (Jacques Lagroye, Société et politique : Jacques Chaban-Delmas à
Bordeaux, Paris, Pédone, 1973), d’autres s’inscrivent davantage dans une optique
marxiste (Jean Lojkine, « Politique urbaine et pouvoir local », Revue française de
sociologie, 21 (4), octobre-décembre 1980, p. 633-665), d’autres, enfin, poursuivent la
tradition d’étude de l’organisation politico-administrative locale dans la filiation de
la sociologie des organisations (Olivier Borraz, Gouverner une ville, Besançon (1959-
1989), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998).
[70] Nous avons montré que c’est précisément dans la première moitié du vingtième
siècle que des groupements se forment pour porter le projet
« d’intermunicipalité ». À l’échelle nationale, comme transnationale, les premières
années du vingtième siècle voient se multiplier les espaces de confrontation entre
des réseaux importateurs et exportateurs de réalisations municipales et de
manières de penser le gouvernement des villes (Renaud Payre, « À la recherche de
la “science communale”. Les “mondes” de la réforme municipale dans la France de
la première moitié du vingtième siècle », thèse de doctorat de science politique,
Université Pierre Mendès France-Grenoble II/Institut d’études politiques, 2002).
[72] Nous songeons ici aux travaux socio-historiques sur l’administration coloniale. Cf.,
en particulier, les travaux de Damien Deschamps, « La République aux colonies : le
citoyen, l’indigène et le fonctionnaire. Citoyenneté, cens civique et représentation
des personnes, le cas des établissements français de l’Inde et la genèse de la
politique de l’association (vers 1848, vers 1900) », thèse pour le doctorat de science
politique, Université Pierre Mendès France-Grenoble II/Institut d’études
politiques, 1998, et de Véronique Dimier, op. cit.
[73] Bruno Dumons, Gilles Pollet, Pierre-Yves Saunier, Les élites municipales sous la
Troisième République. Des villes du Sud-Est de la France, Paris, Éditions du CNRS, 1997,
p. 193.
[74] Cf., entre autres, « Municipal Connections : Cooperation, Links and Transfers
among European Cities in the Twentieth Century », Contemporary European History,
numéro spécial, 11 (4), novembre 2002 ; « Formation et transfert du savoir
administratif municipal », Annuaire d’histoire administrative européenne, 15, 2003
(numéro coordonné par Nico Randeraad) ; Bruno Dumons, Gilles Pollet (dir.),
Administrer la ville en Europe…, op. cit.
[77] Guillaume Marrel, « L’élu et son double. Cumul des mandats et construction de
l’État républicain en France du milieu du 19e au milieu du 20e siècle », thèse de
doctorat de science politique, Université Pierre Mendès France-Grenoble
II/Institut d’études politiques, décembre 2003.
[80] Cf. le texte de Pierre Favre, dans Pierre Favre, Jean-Baptiste Legavre (dir.),
Enseigner la science politique, Paris, L’Harmattan, 1997.
[81] Rappelons que les tenants de l’École des Annales considèrent que l’historien est
toujours fils de son temps, puisqu’il pose des questions au passé, mais avec des
questionnements qui, eux, sont forcément contemporains et imprégnés du
contexte dans lequel il évolue. D’où cette double injonction souvent citée de Marc
Bloch : « Comprendre le présent par le passé […] Comprendre le passé par le
présent » (Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou le métier d’historien, Paris, Armand
Colin, 1941, p. 44 et 47).
[84] Max Weber, Essais sur la théorie de la science, Paris, Press Pocket/Agora, 1992, p. 129
(1re éd. française : Paris, Plon, 1965).
Résumé
Plan
Des policy studies à la sociologie historique de l’état : quelle prise en compte de
l’historicité ?
Le legs intellectuel d’un trio fondateur (Simon, Lindblom, Dahl) : policy studies et
premières perspectives de sciences sociales
Le renouvellement des perspectives de sociologie historique de l’état
Auteurs
Renaud Payre
Gilles Pollet
Gilles Pollet est directeur de l’Institut d’études politiques de Lyon et il est professeur de
science politique et membre de Triangle (URL 5206). Spécialiste de l’analyse des politiques
publiques, et notamment de la socio-histoire de l’action publique, des gouvernements
locaux et de l’État, il a notamment publié (avec Bruno Dumons, Pierre-Yves Saunier) Les
élites municipales sous la Troisième République. Des villes du Sud-Est de la France, Paris, CNRS
Éditions, 1997 (2002, CNRS Plus) ; et a dirigé (avec Martine Kaluszynski, Olivier Ihl) Les
sciences de gouvernement, Paris, Economica, 2003, ainsi que (avec Bruno Dumons),
Administrer la ville en Europe 19e-20e siècles, Paris, L’Harmattan, 2003 (<gilles.pollet@univ-
lyon2.fr>).
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Pour citer cet article
Cairn.info