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Contexte et enjeux
Dans certains bâtiments et sous certains climats, il est possible de mettre en œuvre des techniques de
« rafraîchissement » qui permettent, pour une dépense réduite d’énergie, d’obtenir des conditions
ambiantes confortables en saison chaude.
Il ne s’agit pas de climatisation, c’est-à-dire que ces techniques ne permettront pas de maintenir une
température de consigne en toutes circonstances (objectif presque atteint avec les plus performantes
d’entre elles) ; elles permettront généralement de limiter les montées en température dans la journée,
en maintenant un écart sensible (plusieurs degrés) avec la température extérieure.
L’ADEME, qui a participé à ces travaux de recherche (principalement basés sur des simulations
numériques) souhaite aider des opérations de démonstration mettant en œuvre ces techniques, afin
d’évaluer, sur des bâtiments réels, ce que représentent les investissements et quels sont les résultats
obtenus en termes de confort et de consommations d’énergie.
Objectifs et Bâtiments concernés
Les bâtiments pressentis pour mener ces opérations de démonstrations sont typiquement les bâtiments
de bureaux. Des applications peuvent aussi être envisagées dans les bâtiments scolaires par exemple.
L’investissement et la facilité d’emploi et de maintenance de telle ou telle technique font aussi partie
des évaluations.
Ces opérations doivent permettre de mieux connaître le fonctionnement réel et les limites de ces
systèmes.
Solutions techniques
Dans un premier temps, les quatre techniques évoquées plus haut sont retenues, mais il peut être
envisagé d’autres solutions.
Pour les solutions proposées, on dispose d’un outil de présélection et de pré-dimensionnement [3][4], qui
permet de dire, pour un bâtiment et un climat donné, si telle ou telle technique est a priori applicable et
avec quelles caractéristiques principales (ex. débit de surventilation à mettre en œuvre).
NB : Quelle que soit la solution envisagée, une optimisation préalable de l’enveloppe doit être effectuée
(isolation, inertie, étanchéité à l’air, protection solaire – indispensable). Les consommations des
auxiliaires mis en œuvre doivent être réduites (cf. § 3.1 à 3.4). Enfin, les apports internes de chaleur
doivent être limités (cf. § 3.5).
Comme le montre l’outil de présélection (cf. Annexe Technique 1), ce système ne sera efficace que :
- pour des bâtiments à forte inertie, bien protégés du soleil le jour (et avec des apports internes
réduits) ;
- pour les climats tempérés : zone Ea et Ed [1] préférentiellement (et éventuellement Ec et Ed en
altitude).
Pour rendre ce système performant, il faut essayer de favoriser les échanges par convection entre l’air
de surventilation et les parois intérieures (et le mobilier) (soigner la diffusion d’air).
Le système est de conception relativement simple, dans le principe et dans les composants mis en
œuvre ; il faut toutefois véhiculer et diffuser un débit d’air important (généralement supérieur à 5
vol/h, plutôt proche de 10 vol/h), d’où un dimensionnement adéquat de l’installation. L’outil de pré-
dimensionnement donne une estimation des débits à atteindre suivant la situation.
Remarque : la surventilation peut être intéressante également en mi-saison, de jour notamment (à des
débit plus modérés) dans des bâtiments à forts apports internes [9].
Dans un tel procédé, la masse d’eau contenue dans l’ai insufflé n’est pas changé (pas d’apport ni de perte
d’eau).
Comme le montre l’outil de présélection (cf. Annexe Technique 1), ce système présente des possibilités
d’utilisations plus larges que le précédent, au niveau du climat et des caractéristiques de bâtiments ; il
reste peu adapté dans le sud de la France et inefficace dans l’extrême sud-est, même avec des
enveloppes de bâtiment performantes.
Si les coûts d’investissement et de fonctionnement sont relativement faibles par rapport à une
climatisation classique, il faut toutefois faire attention à la consommation de la pompe d’eau et au coût
de l’eau elle-même : ces systèmes consomment beaucoup d’eau ; l’incidence sur le coût de fonctionnement
peut être importante.
La maintenance d’un tel système demande des soins particuliers : humidificateur, échangeur, même s’il
n’y a pas de contact direct entre l’air insufflé et l’air humidifié.
Deux ventilateurs interviennent également dans ce dispositif ; leur consommation doit être réduite au
maximum, même si les débits transportés sont relativement faibles (proches des débits hygiéniques).
Le plafond froid permet de tolérer des températures d’air ambiant légèrement plus élevées qu’avec un
émetteur localisé, car la part de rayonnement est importante et intervient dans le confort ressenti.
Comme le montre l’outil de présélection (cf. Annexe Technique 1), ce système présente des possibilités
d’utilisations encore plus larges que le précédent ; on peut l’utiliser à peu près partout en France, avec
cependant des bâtiments de conception « favorable » dans la moitié sud (à « très favorable » dans
l’extrême sud-est).
L’investissement est relativement élevé (plafond froid, tour), assez proche de celui d’un système de
climatisation classique avec groupe froid et ventiloconvecteurs. Le coût de fonctionnement est en
revanche plus faible ; la maintenance pratiquement équivalente. La consommation d’eau de la tour doit
être prise en compte.
Quelques précautions doivent être prises avec le plafond froid afin d’éviter les problèmes de
condensations (a priori les risques sont faibles compte tenu des températures de rosée relativement
élevées, mais cela dépend de l’humidité ambiante donc des activités dans les locaux).
4. Système à dessiccation
Par rapport au système évaporatif indirect, on rajoute un certain nombre de composants qui vont
permettre d’obtenir une efficacité de refroidissement plus importante.
L’air insufflé est d’abord déshumidifié, pour augmenter sa capacité de refroidissement par évaporation.
Cette déshumidification de l’air insufflé s’effectue par l’intermédiaire d’un matériau dessiccant, qui est
ensuite régénéré au moyen d’un réchauffage (par une source extérieure, si possible « gratuite » - cf. ci-
après).
Après avoir été déshumidifié, l’air neuf a vu sa température sèche augmenter ; celle-ci est alors
abaissée d’abord en passant dans un échangeur sur l’air repris, ce dernier étant refroidi par
humidification (comme dans le système évaporatif indirect) ; ensuite, l’air neuf est encore refroidi dans
un humidificateur.
Le ventilateur d’insufflation est préférentiellement positionné entre la roue dessiccante et l’échangeur
sur l’air repris.
Comme le montre l’outil de présélection (cf. Annexe Technique 1), ce système présente des possibilités
d’utilisations encore plus larges que le précédent ; on peut l’utiliser à peu près partout en France, avec
des bâtiments de conception « courante » à « favorable » (dans l’extrême sud).
NB : pour être énergétiquement intéressant, ce système doit bénéficier d’une source de chaleur
« gratuite » pour régénérer la roue dessiccante (ex. rejets thermiques, énergie solaire,…).
L’investissement et la maintenance sont assez proches de ceux d’un système de climatisation classique.
Les consommations d’eau sont importantes et doivent être prise en compte dans le coût global du
système.
Comme le montrent les tableaux et cartes de l’Annexe Technique 1, les quatre systèmes précédents sont
à peu près classés dans l’ordre croissant de « faisabilité » : aux extrêmes, la surventilation n’est pas
applicable partout sur n’importe quel bâtiment, tandis que le système à dessiccation est utilisable à peu
près partout sur des bâtiments de conception courante (moyennement protégés du soleil dans la
journée).
Les paramètres que l’on peut faire varier pour effectuer le pré-dimensionnement sont :
- les différents climats français (cf. Annexe Technique 1) ;
- l’inertie du local (moyenne, très lourde) ;
- les apports internes (10 W/m² , 30 W/m²) ;
- les apports solaires (indice de gains solaires – cf. Annexe Technique 2) ;
- l’orientation du local (est, ouest).
Le choix de la technique de rafraîchissement mise en œuvre devra s’appuyer sur le guide ci-dessus. Des
objectifs de résultats devront être définis, compatibles avec ce choix.
Enfin, le maître d’ouvrage devra permettre et faciliter les actions de suivi et de communication de
l’ADEME sur l’opération.
Un suivi du confort hygrothermique sera effectué, avec enregistrements en continu des températures
et humidités dans plusieurs locaux représentatifs, pendant deux ou trois mois d’été au moins (et pour
Fiche OD « Techniques de rafraîchissement basse consommation » - 20/06/03
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deux années successives au moins). Suivant les bâtiments, des mesures en mi-saison seront également
effectuées.
Les consommations d’énergie seront mesurées, pour les différents composants des installations :
ventilateurs, pompes, moteurs des échangeurs rotatifs,…
Les consommations d’eau seront également mesurées, excepté dans le cas de la surventilation.
Le coût global sera déterminé : investissement (matériel, main-d’œuvre), fonctionnement
(consommations d’électricité et d’eau).
Une enquête de satisfaction des occupants des locaux sera effectuée.
[1] « Arrêté du 29 novembre 2000 relatif aux caractéristiques thermiques des bâtiments nouveaux et
des parties nouvelles de bâtiments », JO du 30/11/2000
[2] « Règles de calcul Th-E », CSTB, juin 2001
[3] « Systèmes de climatisation à faible consommation d’énergie - Guide de faisabilité et de pré-
dimensionnement », Cahier Technique du CSTB n°3454 (livraison 438), avril 2003
[4] « Guide de faisabilité et de pré-dimensionnement de systèmes de climatisation à faible
consommation d’énergie », ARMINES-CSTB-ADEME, septembre 2002
[5] « Le Recknagel. Manuel pratique du génie climatique. 3. Ventilation, climatisation et conditionnement
d'air », 2001, Editions JMG. PYC LIVRES
[6] « Conception des installations de Climatisation et de Conditionnement d'air », Guide AICVF n°10,
1999. Editions PYC LIVRES
[7] « Evaluation de l’impact de différentes stratégies de ventilation sur les besoins de chauffage et de
climatisation d’un immeuble de bureaux – utilisation du programme TRNSYS/IISIBAT »,
P. BARLES, Conférence IBPSA France’98, Sophia Antipolis, décembre 1998
[8] « Pre-cooling in mechanically cooled buildings », J. FLETCHER, BSRIA, UK, Technical Note TN
16/95, 1995
[9] « Surventilation des locaux tertiaires » P.Barles, Conférence ‘ Confort d’été, rafraîchissement ou
climatisation des bâtiments’, ADEME, Sophia Antipolis, 14-15 septembre 1995
[10] Fiche OX « Consommation des ventilateurs au niveau de la référence de la RT2000 dans les
bâtiments existants : 0,25 Wh/m3 », Catalogue des fiches d’opérations exemplaires, ADEME, 2002-
2003
[11] Fiche OX « Eclairage performant des locaux tertiaires », Catalogue des fiches d’opérations
exemplaires, ADEME, 2002-2003
[12] Fiche OX « Optimisation énergétique du patrimoine bureautique », Catalogue des fiches
d’opérations exemplaires, ADEME, 2002-2003
[13] « Calcul des charges de climatisation et de conditionnement d’air », Guide n°2, Collection des Guides
AICVF, Pyc Editions, 1998
[14] Fiche OPATB « Mise en place de protections solaires, fixes ou mobiles, sur les façades exposées »,
Catalogue des fiches de travaux d’OPATB, ADEME, 2002-2003