Le Dossier du mois

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40 Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023

 Le Dossier du mois

Côte d’Ivoire : Gestion des déchets solides

ANAGED : La lutte contre l’insalubrité
au coeur des préoccupations
Fusion de l’ex-Agence Nationale de la Salubrité Urbaine (ANASUR) et de l’ex-Fonds de
Financement des Programmes de Salubrité Urbaine (FFPSU), l’ANAGED a été créée par
décret N°2017-692 du 25 octobre 2017, avec pour objet, la gestion de tous types de déchets
en Côte d’ivoire.

Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023 41

Le Dossier du mois

Gestion des déchets solides urbains

De la SITAF à l’’ANAGED:
La longue marche vers la salubrité
Dans son sens étymologique, le terme insalubrité désigne l’impureté, le la saleté, la
malpropreté. L’histoire de la salubrité à Abidjan a longtemps fait couler beaucoup
d’encres et de salives. De « la perle des lagunes » aux premières heures des Indépen-
dances, Abidjan est passée à un moment donné à « la perle des ordures » avant de re-
trouver depuis près d’une décennie son lustre d’antan. Le mauvais traitement des déchets
solides dans la mégalopole a rendu la vie de ses habitants très infernal.

Félix N’GUESSAN cialisée dans la production de matériel pour

La SITAF au lendemain
des indépendances
De 1960 à 1992, la Société Ivoirienne de
Transport et d’Assainissement des Fosses
(SITAF) était en charge de la collecte des
ordures, du nettoyage des voies principales
et du transport des déchets hors des villes.
Des décharges ont été créées pour recueillir
les déchets solides. A cette époque, la Côte
d’Ivoire faisait sa première expérience de
la privatisation du service de collecte des
ordures ménagères. Puisque la SITAF est
une filiale de la compagnie française spé-
l’enlèvement, le transport et le traitement
des ordures ménagères. Sa mission était
Pour la seule ville l’enlèvement des ordures ménagères et le
d’Abidjan, la SITAF balayage des grandes rues d’Abidjan et de
certaines villes de l’intérieur telle que Boua-
exploitait plus de ké. Plus précisément, elle faisait la collecte
quatre-vingt véhi- de porte-à-porte avec ses camions. Elle a
cules et machines également placé des conteneurs à ordures a
des endroits à l’intérieur des quartiers, aux
d’une capacité abords des endroits fréquentés par le public
de ramassage pour la collecte des ordures.
Pour la seule ville d’Abidjan, la SITAF ex-
d’environ 2000 ploitait plus de quatre-vingt véhicules et
tonnes par jour. machines d’une capacité de ramassage d’en-
viron 2000 tonnes par jour. Ce dispositif lui

42 Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023


a permis d’assurer le service jusqu’à la «
conjoncture » (crise économique des années
1989-1990) avec son corollaire de difficultés.
La SITAF n’est pas épargnée. Sous le poids
des dettes, en décembre 1991, elle résilie le
contrat avec l’Etat de Côte d’Ivoire. Après
la rupture, les autorités de la ville d’Abidjan
décident de prendre en mains les services
de nettoyage pendant une petite période de
transition à partir du 1er janvier 1992. Avec
du matériel très vétustes, les difficultés vont
vite surgir. En janvier 1992, la municipalité
de la ville d’Abidjan disposaient seulement
d’une cinquantaine d’engins pour un service
d’enlèvement d’environ 1000 tonnes d’or-
dures par jour, un service très en dessous de
la moyenne.
Face aux difficultés rencontrées sur le ter-
rain, les autorités de la ville d’Abidjan vont
confier le service à un professionnel. Elles
signent un contrat avec la société ASH Inter-
national. Un contrat selon lequel, ASH In-
ternational devrait assurer la pré-collecte, la
collecte, le nettoyage des voies principales
et la mise en décharge avec des charrettes,
des tracteurs avec remorques, des coffres à
ordures et des camions tasseurs. Sous équi-
pée, dans une ville qui ne cesse de croitre,
ASH International va rencontrer d’énormes
difficultés, pour remplir convenablement
sa mission. Le mauvais traitement de ses
agents qui accumulent des arriérés de salaire
va enfoncer la société dans l’abîme et faire
réapparaitre les tonnes de déchets dans les
rues d’Abidjan. Face à cette situation, en
1999, les autorités d’Abidjan vont rompre le
Le Dossier du mois
monopole de cette entreprise, pour procéder
à un appel d’offre. La collecte des ordures
ménagères sera confiée à plusieurs entre-
Sous équipée, prises. Mais malgré toutes les reformes opé-
dans une ville qui rées dans le secteur, les difficultés persistent.
ne cesse de croi- Un casse-tête chinois
tre, ASH Internatio- appelé « Décharge d’Akouédo »
nal va rencontrer Ouvert depuis 1965, la décharge d’Akoue-
do, étendue sur 112 hectares, était le princi-
d’énormes difficul- pal exutoire des déchets ménagers de la ville
tés, pour remplir d’Abidjan. Lors de sa création, la décharge
était éloignée de la ville d’Abidjan de 12
convenablement km. Telle une pieuvre, la ville a étendu ses
sa mission. tentacules jusqu’à engloutir le petit village
d’Akouédo, et jouxte désormais certains
quartiers huppés de la commune cossue de
Cocody. A ciel ouvert, classée dans la caté-
gorie des décharges sauvages, elle représen-
Approvisionnée tait un problème majeur de santé publique
pour le District d’Abidjan. Approvisionnée
en moyenne à en moyenne à 2500 tonnes par jour, la dé-
2500 tonnes par charge d’Akouédo reçoit en plus des déchets
jour, la décharge familiaux, tous les types de déchets toxiques
dangereux (des déchets industriels, biomé-
d’Akouédo reçoit dicaux…). Les odeurs nauséabondes ainsi
en plus des dé- que les insectes, les rongeurs, les dangereux
reptiles qui provenaient de cette décharge
chets familiaux, menaçaient sérieusement la vie des millions
tous les types de de personnes. La perle des lagunes devient
la perle des mouches, des ordures, des moi-
déchets toxiques sissures.
dangereux (des
Recherche de solution durable
déchets industriels, ASH International a pris du plomb dans
biomédicaux…). l’aile et n’arrive pas à assurer correcte-
ment le service de ramassage. La décharge
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Le Dossier du mois
d’Akouédo s’est avérée un véritable vecteur
de maladie pour les populations, qui sont
jours et nuits exposés aux pandémies. C’est
ainsi que le jeudi 4 juillet 2019, sur décision
du Conseil des ministres, le Premier ministre
Patrick Achi officialisait la fermeture de la dé-
charge d’Akouédo, au grand soulagement des
populations. Tous les déchets de la ville d’Abi-
djan sont désormais convergés vers le Centre
de Valorisation et d’Enfouissement Technique
(CVET) de Kossihouen, ouvert depuis le ven-
dredi 02 novembre 2018. Bâti sur une superfi-
cie de 100 hectares, pour un investissement de
40,73 milliards FCFA, le CVET de Kossiho-
uen a une capacité de 4 millions de tonnes de
déchets ménagers et de stockage de sept ans.
Ce centre a été construit conformément aux
normes internationales de protection de l’envi-
la Salubrité Urbaine (ANASUR) va voir
ronnement. La Côte d’Ivoire venait de gagner
le jour. Ces textes et lois assurent la régle-
une première bataille contre l’insalubrité.
mentation de la filière et définissent les rôles
des intervenants dans la gestion des ordures
L’avènement de l’ANASUR
ménagères. Plusieurs autres entités vont voir
Les difficultés rencontrées dans la gestion des
le jour pour mener à bien les opérations. Il
déchets solides sont en partie liées au finance-
s’agira de la Direction des Opérations de
ment de l’activité. Pour assurer le financement
Salubrité Urbaine (DOSU), la Brigade de
de ce service public, les communes disposaient
Salubrité Urbaine, du Fonds de Finance-
à travers l’article 58 de la Loi n°81-1129 du
ment des Programmes de Salubrité Urbaine
30 décembre 1981, portant régime financier
(FFPSU) qui vont appuyer l’ANASUR dans
des communes et de la Ville d ’Abidjan, d’une
la gestion des déchets solides.
source de revenus de nature fiscale. Ces re-
La DOSU est chargée de l’élaboration des
venus étaient constitués par des taxes rému-
outils de planification et de gestion des dé-
nératoires et des redevances qui rétribuent un
chets urbains (plans, schémas directeurs,
service rendu par Gestion des ordures ména-
réglementation). Quant à l’ANASUR et le
gères d’Abidjan. La population devenue très
nombreuses, avec la création de plusieurs nou- Si les nouvelles FFPSU, ils fonctionnent en tant qu’agences
d’exécution. A partir de 2009, des orga-
veaux quartiers dans les communes, les taxes
et les redevances prélevées aux contribuables
réformes ont nismes talque le Projet d’Urgence aux In-
s’avèrent insuffisantes pour faire face aux dé- apporté une nette frastructures Urbaines (PUIUR) vont appor-
ter des financements ponctuels de la Banque
penses liés à l’enlèvement des ordures ména- amélioration dans Mondiale.
gères. Ainsi donc, l’Etat va créer la Taxe d’En-
lèvement des Ordures Ménagères (TEOM) la gestion des Si les nouvelles réformes ont apporté une
nette amélioration dans la gestion des dé-
pour soutenir les communes dans l’exécution déchets solides et chets solides et la lutte contre l’insalubri-
des dépenses liées à la salubrité communale.
La collecte de la taxe montre ses limites. Elle la lutte contre té, elles ont néanmoins montré des limites
dans la gestion des fonds, des paiements des
sera remplacée par une taxe sur la consomma- l’insalubrité, elles factures des opérateurs, des suivis des enlè-
tion domestique d’eau et d’électricité créée de-
puis 1971 par l’article 4 de l’annexe fiscale à la ont néanmoins vements, du traitement des déchets enlevés
pour la préservation de l’environnement.
loi n°71-683 du 28 décembre 1971 portant Loi montré des Afin de trouver une solution durable à la ges-
de Finances pour la gestion 1972. Une décision
qui va donner un nouveau souffle au finance- limites... tion des déchets solides, le 25 octobre 2017,
à la suite de la fusion de l’Agence Nationale
ment de la filière. L’Etat passe à la stratégie de
de la Salubrité Urbaine (ANASUR) et du
gestion des fonds. En 2007, le décret n° 2007-
Fonds de Financement des Programmes de
587 du 04 octobre 2007 portant création, attri-
Salubrité Urbaine (FFPSU), l’ANAGED
butions, organisation et fonctionnement d’un
est portée sur les fons baptismaux.
établissement public à caractère industriel et
commercial dénommé Agence Nationale de

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 Le Dossier du mois

PUB ANAGED

Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023 45

Le Dossier du mois
Agence nationale de Gestion des déchets (ANAGED)
La solution aux problèmes de l’insalubrité en Côte d’Ivoire
Rodolphe Flaha
S’il y a plus de 7 ans que vous avez
quitté la Côte d’Ivoire, de grandes et
belles surprises vous y attendent si
vous décidez d’y revenir maintenant.
C’est que d’une ville croupissant sous
le poids des déchets et autres ordures
ménagères que vous avez laissée, vous
serez accueillis par une coquette ville
aux artères et quartiers très propres.
Plus d’immondices d’ordures, les rues
et boulevards nettoyés au quotidien,
les ordures et autres déchets enlevés
et transférés dans des centres plus mo-
dernes à travers des moyens plus mo-
dernes. Bref, Abidjan a retrouvé son so-
briquet de ‘’perle des Lagune’’ qu’elle
avait perdu à cause du poids écrasant
des ordures ménagères. Cette situa-
tion est désormais un lointain et triste
souvenir. Depuis la mise sur les fonts
baptismaux de l’Agence nationale de
Gestion des Déchets (ANAGED), le
gouvernement de Côte d’Ivoire a trouvé
la solution à ce problème d’insalubrité
46 Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023
Photo
qui rongeait la capitale économique du
pays. Cette société, sous la houlette de
sa dynamique directrice générale, Mme
Sarrahn Teinin Ouattara, n’a pas mis de
temps pour vaincre l’insalubrité. De-
puis donc 2017, Abidjan continue sa
marche vers la réalisation de son ambi-
tion de devenir la plus belle ou l’une des
plus belles cités d’Afrique. Le rêve est
désormais permis au regard des grandes
performances réalisées par l’ANAGED
en si peu de temps. Outre le défi de la
salubrité relevé, l’ANAGED relève
le grand défi de la transformation des
déchets en matières organiques. Chose
inespérée quelques années auparavant.
Plus encore, l’ANAGED a le mérite
de revaloriser le secteur des déchets
en créant autour, une réelle économie
dite économie circulaire qui pourrait à
la longue devenir une des mamelles de
l’économie nationale.
L’ANAGED, son
statut et ses missions
L’Etat de Côte d’Ivoire, en vue de réali-
ser sa politique de règlement définitif du
problème de l’insalubrité dans les villes
ivoiriennes, a décidé de se doter d’un
instrument qui réunit en son sein, toutes
les compétences requises en la ma-
tière. Ainsi, par le décret No 2017-692
du 25 octobre 2017, le président de la
République de Côte d’Ivoire, Alassane
Ouattara, a créé l’Agence nationale de
Gestion des déchets (ANAGED). C’est
un établissement public à caractère in-
dustriel et commercial placé sous la
tutelle technique du ministre en charge
de la salubrité et de l’Environnement.
Ainsi créée, l’Anaged s’est vu assigner
plusieurs missions qu’il faut connaître
afin de mieux appréhender le travail
que cette agence abat.
Mission de salubrité
L’ANAGED est chargée de participer
pleinement à l’élaboration et à la mise
en œuvre de la politique du Gouverne-
ment en matière de gestion de tous types
de déchets solides en Côte d’Ivoire. Ce
qui lui impose de concevoir et de mettre

en œuvre des programmes de gestion de
tous types de déchets solides. Ces pro-
grammes conçus doivent mettre un accent
sur la valorisation desdits déchets afin de
créer une économie supplémentaire dite
‘’économie circulaire’’. L’ANAGED a
aussi la mission de contribuer à l’instau-
ration de mécanismes et d’incitations éco-
nomiques en vue de faciliter des investis-
sements dans le cadre de la gestion de tous
types de déchets solides.
Une mission de régulation et de dévelop-
pement
L’ANAGED est aussi investie d’une mis-
sion de régulation du secteur des déchets
solides. C’est par ailleurs sa mission prin-
cipale. A ce titre, elle procède à la déléga-
tion du service public de propreté incluant
la collecte, le transport, la valorisation,
l’élimination des déchets ainsi que le net-
toiement dans les collectivités territoriales
à savoir les régions et les communes du
pays.
Toujours dans l’exécution de sa mission
de régulation, l’ANAGED conduit les
opérations de planification et de création
des infrastructures de gestion de tous
les types de déchets solides. Ce qui lui
confère d’avoir un droit de contrôle sur le
service public de propreté éventuellement
affecté soit aux collectivités territoriales,
soit aux personnes morales de droit privé,
dans les conditions, bien entendu, fixées
par la loi en vigueur. A ce titre, l’agence
nationale de gestion des déchets assure,
tant aux collectivités territoriales qu’au
secteur privé, une assistance technique
dans le domaine de la gestion des déchets
solides tout en assurant la maitrise d’ou-
vrage délégué de tous travaux de construc-
tion, d’entretien et de réhabilitation des
Le Dossier du mois
infrastructures de gestion de tous les types
de déchets solides. Enfin, l’Anaged est in-
vestie de la mission de mobilisation des
ressources financières nécessaires pour la
gestion de tous types de déchets solides en
Côte d’Ivoire.
Mission économique et sociale
L’ANAGED, Celle-ci est une mission collatérale résul-
tant de ses missions principales. On l’a
avec toutes les dit tantôt, l’ANAGED, avec toutes les
expertises expertises contenues en son sein, et sous
le guide éclairé de sa directrice, Mme Sar-
contenues en rahn Teinin Ouattara, est parvenue à faire
son sein, et sous le du secteur de déchets, un véritable pour-
voyeur d’emplois. Chaque maillon de la
guide éclairé de chaine de valeur du secteur offre un large
sa directrice, Mme éventail d’emplois qui absorbent une
bonne partie des jeunes diplômés ou non.
Sarrahn Teinin Dans un pays où l’inadéquation forma-
Ouattara, tion-emploi passe pour être un nœud gor-
dien pour les autorités en termes d’inser-
est parvenue à tion des jeunes diplômés et non diplômés,
faire du secteur de le secteur des déchets solides se présente
désormais comme l’une des solutions
déchets, un pour juguler le chômage en Côte d’Ivoire.
véritable Ce statut de pourvoyeur d’emplois de
l’ANAGED a été possible grâce aux dif-
pourvoyeur férents programmes et projets initiés çà et
d’emplois. là qui ont eu pour conséquences directes
de susciter un réel engouement au niveau
des financements dans le secteur. Nous en
voulons pour preuve, l’économie circu-
laire qui en résulte prend de plus en plus
de volume au point de devenir à moyen
terme, l’une des mamelles de l’économie
nationale. Depuis la collecte en passant
par le transport jusqu’à la valorisation des
déchets solides, c’est un large éventail
d’emplois qui est ainsi déroulé.
Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023 47
Le Dossier du mois
Agence nationale de Gestion des déchets (ANAGED)
Les grands projets de l’Institution
Rodolphe Flaha
Rendre la ville d’Abidjan et partant de
là, rendre propre toutes les villes de
Côte d’Ivoire, telle est la mission as-
signée à l’Agence nationale de gestion
de Déchets par le chef de l’Etat. Pour
y parvenir, plusieurs réformes ont été
opérées, lesquelles ont conduit la fu-
sion des structures existant déjà pour
donner naissance à l’Agence nationale
de Gestion des Déchets. C’est précisé-
ment en 2017 que cette fusion a eu lieu
pour faire place à l’actuelle Anaged.
L’Anaged est investie de la mission de
créer des projets et d’en mobiliser les
financements. C’est ainsi que la direc-
tion des projets et programmes réfléchit
au quotidien pour élaborer les projets et
programmes de l’Anaged. C’est cette
mission que s’est chargé de nous ex-
pliquer en détail, lors de notre visite
d’information au sein de l’Agence, le
sous-directeur, M. Souleymane Cissé.
Dans l’urgence, il s’est agi de rendre
le district d’Abidjan propre en mettant
fin à l’agressivité du paysage urbain.
Cela passe inéluctablement par la mo-
dernisation du système de gestion des
déchets. Ainsi, un nouveau centre d’en-
fouissement technique très modernisé
d’une superficie de 100 hectares est ou-
vert dans la localité en remplacement
de l’ancien site d’Akouédo totalement
48 Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023
inadapté aux nouveaux enjeux environ-
nementaux et écologiques.
L’intercommunalité
L’intercommunalité est une politique
de territorialisation de la saine gestion
des déchets solide mise en place par
l’Anaged. Elle s’appuie sur les collec-
tivités territoriales comme les mairies
et les régions et elle consiste à créer
dans chaque région, un centre d’en-
fouissement de 100 hectares et situé à
45 km de la ville. Ces intercommunali-
tés sont soumises à la stricte protection
de l’environnement et des populations
riveraines. C’est par ailleurs en cela
que ces nouveaux centres remplacent
les anciens sites dont le mode de ges-
tion des déchets n’était pas adapté aux
nouveaux défis environnementaux.
Les nouveaux centres d’enfouissement
technique affectés à l’intercommunali-
té sont installés déjà dans quelques ré-
gions du pays. C’est le cas de Bouaké
où une intercommunalité est installée
sur 100 ha à Tiébissou pour le centre.
Pour le Nord, un centre intercommunal
est prévu à Korhogo dont les études
techniques sont terminées et celles re-
latives à l’impact environnemental en
cours d’achèvement.
Pour les régions du Sud-Ouest et de
l’Ouest, deux centres intercommunaux
dont les financements sont bouclés,
sont prévus à San-pedro et à Guiglo.
Toujours selon M. Cissé Souleymane,
sous-directeur des projets et pro-
grammes à l’ANAGED, c’est toute
l’étendue du territoire national ivoirien
qui est visé par ce projet de l’intercom-
munalité.
Certaines précautions sont prises avant
toute installation d’une intercommu-
nalité. Il s’agit entre autres de veiller
à ce que ces centres ne se situent pas
à proximité d’un cours d’eau, qu’il se
situe au moins à 40 km de la ville et
que la parcelle choisie pour abriter le
site ne fasse pas l’objet d’un conflit. Il
faut ajouter à ces précautions, l’indem-
nisation des populations à coup de mil-
liards de FCFA ainsi que la purge des
droits coutumiers. Il est aussi important
de savoir que l’ANAGED, dans sa po-
litique de donner à nouveau à Abidjan,
son statut d’antan de perle des lagunes,
la construction d’un deuxième centre
d’enfouissement technique est prévue
dans le district autonome d’Abidjan.
Au total 22 décharges contrôlées sont
prévues en Côte d’Ivoire. La ville
d’Abidjan produit 4500 tonnes de dé-
chets par jour, soit 1.500.000 tonnes par
an. Toute cette politique avec les diffé-
rentes réformes déjà réalisées ainsi que
celles en cours se font avec l’implica-
tion des entreprises existant déjà dans
le secteur des déchets.
 Le Dossier du mois

Agence nationale de Gestion des déchets (ANAGED)

Les statistiques des traitements de déchets

Photo

Les délégations régionales

Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023 49

Le Dossier du mois
Traitement des déchets solides
ECOTI.SA, technicité et professionnalisme contre l’insalubrité
La société tunisienne, ECOTI.SA,
s’est imposée en matière de collecte,
de transport et de traitement des dé-
chets, comme un partenaire essentiel de
l’ANAGED. Cette société par exemple,
offre plus de 540 emplois directs et
2500 emplois indirects. Ce qui fait en-
viron 3000 emplois directs et indirects
au profit de la jeunesse ivoirienne et
africaine. En plus des conditions de tra-
vail et de traitement des travailleurs qui
prennent en compte les normes conven-
tionnelles en matière de travail, ECO-
TI.SA possède un arsenal d’équipe-
ments de dernière génération. Avec un
parc automobile de d’environ 222 vé-
hicules munis de système très moderne
d’enlèvement et de protection des dé-
chets, et un système de géolocalisation
de dernière génération pour suivre tous
ECOEBURNIE, cet autre partenaire de l’ANAGED
En charge de la propreté de huit (8)
communes du district d’Abidjan,
ECOEBURNIE s’est littéralement
taillé la part du lion dans le partage
des communes abidjanaises. Ces 8
communes ont été subdivisées en
50 Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023
les véhicules tant en mouvement qu’en
arrêt, ECOTISA se positionne comme
le leader en matière d’enlèvement, de
transfert et de traitement des déchets
solides. Une promenade dans les cinq
(5) communes du district d’Abidjan qui
constituent le champ d’action de cette
société à savoir ; Abobo-Anyama-Bin-
gerville-Cocody et Plateau pour se
rendre compte de la qualité de la pres-
tation de ECOTI.SA. Rues propres, des
déchets régulièrement enlevés avec une
fréquence d’environ 200 voyages par
jour, mise à disposition des ménages
des bacs de collecte d’ordure...
Du matériel de pointe pour servir
Le système de balayage des rues
d’ECOTI.SA présente des innovations
importantes. Appelé ‘’balayage mé-
canique’’, ce système avec un camion
deux principaux secteurs. Le secteur
2, Abidjan-NORD qui comprend les
communes d’Adjanmé, Attécoubé,
Yopougon et Songon, et le secteur 3,
Abidjan-Sud qui comprend les com-
munes de Treichville, Koumassi, Mar-
doté d’un arroseur de 6 m3 et 3m3,
offre un balayage sans poussière, et
c’est nouveau. Les véhicules de trans-
port de déchets munis de couvertures
permettent de sécuriser les déchets et
les empêcher de s’envoler pendant leur
transfèrement.
A cela, il faut ajouter la qualité de ses
installations pour le transit et le transfè-
rement des déchets vers le centre d’en-
fouissement. C’est tout un armada de
technicité réunie.
Grace à ses équipements ultra mo-
dernes et à son expertise avérée, à la
bonne politique d’enlèvement et de
la valorisation des déchets solides de
l’ANAGED, la Côte d’Ivoire a presque
gagné le pari de la salubrité.
Rodolphe Flaha
cory et Port-Bouët. ECOEBURNIE a
pour mission essentielle le nettoyage,
le balayage et le curage des caniveaux.
Rodolphe Flaha
 Le Dossier du mois

Gestion des déchets solides

La chaine du traitement en images : Le cas Ecoti.sa
Pour rendre Abidjan propre, l’ANAGED ne lésine pas sur les moyens. Le choix des opérateurs
démontre à quel point l’Institution en charge de la salubrité est engagée. Les opérateurs allient
technicité et professionnalisme. Voici en images comment les or-dures collectées sont traitées.

Des conteneurs à ordures placés à l’intérieur des quartiers, aux abords des en- Les ordures collectées sont acheminées
droits fréquentés par le public et des tracteurs assurent la collecte des ordures. vers le centre de traitement de Yopou-
gon par les camions de ramassage.

Sur le centre de transfèrement, les Les coffres sont soigneusement fermés Une vue d’une station de transfèrement
véhicules de ramassage déchargent les en attendant leur transfert sur le centre des ordures sur le site de Yopougon.
ordures dans des coffres appropriés. technique de Kossian.

Dans la cabine de contrôle, les informaticiens suivent tous les mouvements des Les responsables techniques de Ecoti-sa
véhicules de ramassage (les vitesses, le niveau de carburant, les arrêts...) suivent nuit et jour de près les actions
sur le terrain.

Chaque jour, après chaque service, Au niveau technique, la maintenance des véhicules est quotidiennement assurée
les véhicules de ramassage sont par une équipe de mécaniciens chevronnés dans un atelier ultra-moderne.
soigneusement lavés et désinfectés.

Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023 51

Le Dossier du mois
Traitement des déchets solides / Centre d’enfouissement technique de Kossiouan
Une véritable révolution
Les souvenirs de la décharge d’Akouedo
avec ses déchets exposés à ciel ouvert,
ses odeurs nauséabondes, ses pollutions
et leur corollaire de maladies de toutes
sortes sont désormais lointains. Et le dis-
trict d’Abidjan s’est à nouveau paré de sa
belle robe de perle des lagunes. En lieu et
place de l’ancienne décharge d’Akouédo,
une autre décharge plus moderne avec des
équipements et des hommes pour relever
le défi de la salubrité en Côte d’Ivoire, a
vu le jour. C’est dans le village de Kos-
siouan, à une quarantaine de kilomètres
de la ville d’Abidjan, sur l’autoroute du
Nord.
Pour tout visiteur qui franchit pour la
première fois, le seuil de ce site sera né-
cessairement frappé par la propreté des
lieux, sans odeurs, sans traces de déchets
ni aucune mouche dans les airs. En effet,
si personne ne vous dit que vous êtes sur
le nouveau centre d’enfouissement tech-
nique de Kossiouan, vous ne le saurez
pas. Quand vous y entrez, cinq (5) ponts
bascules vous accueillent. Ces 5 ponts
sont subdivisés en 3 services bien définis.
Deux ponts sont affectés aux entrées des
camions venus décharger leurs cargai-
52 Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023
sons. Ils permettent de fluidifier les en-
trées des nombreux véhicules de transfert
des déchets. Deux autres sont affectés à
la sortie des camions ayant déjà effectué
leurs déchargements et qui doivent quit-
ter le site. Enfin, un dernier pont appelé
pont de secours est affecté aux camions
en attente de passage. A l’intérieur, un es-
pace est aménagé pour permettre aux ca-
mions chargés qui sont descendus du pont
bascule d’attendre à cet endroit, le temps
que ceux en déchargement finissent afin
qu’à leur tour, ils empruntent le circuit du
déchargement.
Juste à côté, toujours à l’entrée du site,
une cabine est installée. Cette cabine
abrite plusieurs services assurés par les
agents de toutes les entreprises interve-
nant dans toute la chaine de valeur de la
filière déchets en Côte d’Ivoire. Une fois
cette étape satisfaite, la grande surprise at-
tend le visiteur un peu plus loin sur le site
même d’enfouissement technique. Deux
quais de déchargement y sont aménagés.
En cas de panne d’un camion sur quai,
il a en permanence, un second ouvert
pour le relayer. La décharge est munie de
tuyeaux de captivation des biogaz extraits
des déchets. Ces biogaz sont déversés
dans un centre pour leur traitement. Le
centre de traitement des biogaz est à son
tour doté de 48 pompes qui servent à brû-
ler ces biogaz et les transformer soit en
méthane soit oxygène etc. Cette eau obte-
nue des déchets appelée aussi lessivia est
déversée dans les bassins et traitée pour
servir au lavage des véhicules, arrosage
agricole, toilette et bien d’autres usages.
Mais cette eau (lessivia) ne peut être utili-
sée pour la consommation humaine.
Le site enregistre environ 225 voyages
par jour pour 5000 tonnes. Le centre
d’enfouissement technique de kossiouan
a une superficie de 100 hectares dont 25
sont affectés au déchets. Le centre est
géré la société Clean Eburnie. Cette vi-
site du centre d’enfouissement technique
de Kossiouan a permis de savoir que
les déchets solides peuvent être valori-
sés et permettre de développer une nou-
velle économie dite économie circulaire.
Chaque maillon de la chaine de la filière
déchet est un pourvoyeur d’emplois au
bénéfice de la jeunesse ivoirienne.
 Le Dossier du mois
Gestion des déchets solides
Les activités du centre d’enfouissement en images
Après la collecte des ordures par les sociétés Ecoti.sa et Ecoeburnie, les déchets sont transférés vers le Centre
de Valorisation et d’Enfouissement Technique (CVET) de Kossihouen. Il est situé à une quarantaine de ki-
lomètre dans la sous-préfecture de Songon. C’est un centre ultra-moderne conçu pour repondre aux normes
environnementales capable de recevoir plus d’un million de tonne de déchets l’année.

A l’arrivée des véhicules, ils passent sur les ponts bascules avec leur chargement. Après les avoir déchargés, les véhicules reviennent
vide pour un autre pesage en vu de déterminer le poids réel des déchets transportés sur le site.

Les bâches qui recouvrent les remorques enlevées, les déchets sort déversés sur le site.

Les déchets déversés sont enfouis dans des casiers imperméabilisés, par couches successives.

Le système mis en place permet de récupérer les eaux usées provenant desdits déchets, de les traiter et les réutiliser pour l’arrosage
des mêmes déchets, afin d’accélérer la décomposition. Il faut noter également qu’un autre système permet de récupérer et de traiter le
biogaz provenant de ces déchets en décomposition.

Une vue de quelques bassins d’eau usées provenant du traitement des déchets.
Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023 53
Le Dossier du mois
Mme Sarrahn
Teinin OUATTARA
«
(Directeur Général de l’ANAGED)
Nous travaillons en parfaite
collaboration avec les collectivités
Le problème de la salubrité en Côte d’Ivoire qui était dans un passé récent un casse-tête chinois pour
les autorités et la population semble désormais être maitrisé depuis l’avènement de l’Agence Nationale
de Gestion des Déchets (ANAGED). Comment a-t-elle été créée, ses missions, ses stratégies... Madame
Sarranh Teinin Ouattara, Directrice Générale de l’Institution, dans une interview accordée à « Nouvelle
Afrique » explique tout.
2018-2023, cela fait cinq (5) ans
que vous dirigez l’ANAGED.
Quel bilan faites-vous de votre
gestion ?
L’avènement de l’ANAGED, fruit de
la fusion de l’Agence Nationale de
la Salubrité Urbaine(ANASUR) et
du Fonds de Financement des Pro-
grammes de Salubrité Urbaine(FFP-
SU), a été une étape importante dans
la gestion optimale de la filière des dé-
chets en Côte d’Ivoire. Cette nouvelle
politique s’inscrit dans une volonté du
Gouvernement, de se conformer aux
normes internationales en matière de
gestion des déchets.
Au cours des cinq dernières années,
l’ANAGED a marqué de son em-
prunte la réalisation de nombreuses
actions significatives. Un appel
d’offres international a d’abord été
lancé, afin de sélectionner des entre-
prises spécialisées la collecte et le
transport de déchets, ainsi que le net-
toyage des rues du district autonome
d’Abidjan, qui a été divisé en trois
secteurs : le secteur 1 a été attribué à
l’opérateur ECOTI-SA, une entreprise
54 Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023
«
ivoiro-tunisienne, tandis que les sec-
teurs 2 et 3 ont été confiés au groupe
MOTA-ENGIL, plus précisément à sa
filiale ECO-EBURNIE.
Dans le cadre de la gestion des dé-
chets, les investissements consentis
pour la construction d’infrastructures
modernes ont marqué un tournant dé-
cisif. En effet, 5 centres de transfert
(CT) ont été construits et sont opé-
rationnels. Le CT d’Anguédédou 1 à
Yopougon, le CT de Namoué à Bin-
gerville et le CT d’Adjamé sont placés
sous le contrôle d’ECOTI-SA. Les CT
d’Anguédédou 2 à Yopougon et de Bé-
nogosso à Port-Bouët sont placés sous
le contrôle d’ECO-EBURNIE. Le
Centre de Valorisation et d’Enfouisse-
ment Technique (CVET) de Kossiho-
uen, en service depuis la fermeture de
la décharge sauvage d’Akouédo, est
exploité par l’entreprise ivoiro-portu-
gaise Clean Eburnie.
De 2019 à 2022, la quantité totale de
déchets solides ménagers et assimilés
(DSMA) enfouie au CVET a été de
5 629 368,56 tonnes. Celle-ci cor-
respond à un taux de réalisation de

83,5 %. La quantité de DSMA collectée
et éliminée n’a cessé de croître de (2014)
à 2022, mais l’arrivée des nouveaux opé-
rateurs a boosté la collecte des déchets.
Hormis la période de transition de 2018, la
quantité moyenne de DSMA collectée par
jour, estimée à 2 854,3 tonnes de 2014 à
2017, est passée à 3 855,7 tonnes, soit une
évolution moyenne journalière de + 35,1
%. Le pic d’évolution annuelle a d’ailleurs
été atteint en 2019, au début du plein exer-
cice des nouveaux opérateurs.
Parallèlement ont été installés plus de 510
postes de groupage, 626 coffres à ordures,
2 092 bacs et 6 000 corbeilles de rues.
Ces équipements sont essentiels pour fa-
ciliter la collecte des déchets de manière
efficace et ordonnée. Enfin, pour assurer
la collecte porte à porte et le transport
des déchets vers les infrastructures men-
tionnées, nous avons mobilisé un total
de 348 engins. L’ANAGED a également
renforcé la coopération internationale et
les partenariats avec d’autres acteurs du
secteur des déchets, ce qui lui a permis de
bénéficier de leur expertise ainsi que d’un
soutien technique, financier et logistique
pour mettre en œuvre des projets et des
initiatives innovantes.
Sur ce point, je peux globalement dire que
la politique de l’ANAGED est conforme
aux normes internationales en matière de
gestion des déchets, et que le bilan des
cinq dernières années est prometteur. Les
actions entreprises se traduisent par une
nette amélioration du cadre de vie des po-
pulations aussi bien dans le district auto-
nome d’Abidjan que dans d’autres villes
grâce à des mesures concrètes visant à
optimiser la collecte, le traitement et la
valorisation des déchets.
Quels sont selon vous, les points
d’insatisfaction ?
Je parlerai plutôt de de points à améliorer.
Il nous faut renforcer la mise en œuvre de
la politique de valorisation des déchets et
poursuivre le déploiement des activités de
l’ANAGED sur tout le territoire national.
Il nous faut être plus proche des popula-
tions et renforcer la supervision des opé-
rations de la salubrité. Il faut également
accroître le niveau de financement de la
filière. En effet, les besoins sans cesse
croissants liés à une démographie galo-
pante impactent considérablement la prise
en charge financière au regard des enve-
loppes allouées chaque année. Par consé-
Le Dossier du mois
quent, les crédits budgétaires déterminés
par le niveau de recouvrement des recettes
fiscales qui constituent la plus grande par-
tie des ressources de l’Agence s’avèrent
insuffisants, et cela nécessite la mise en
œuvre de mécanismes en fin d’exercice
pour la couverture des déficits générés.
Comment s’effectue la collaboration
entre l’ANAGED et les collectivités
au quotidien ?
Je peux affirmer que nous travaillons en
parfaite collaboration avec les collec-
tivités. Déjà les collectivités à travers
l’Union des villes et communes de Côte
d’Ivoire (UVICOCI), de l’Assemblée
des régions et districts de Côte d’Ivoire
(ARDCI) siègent au conseil de gestion de
l’ANAGED qui est l’organe fondamen-
tal de l’institution chargé de contrôler la
préparation et l’exécution du budget, de
veiller à la mise en œuvre de la politique
du gouvernement en matière de gestion
des déchets et d’examiner les comptes fi-
nanciers de l’Agence produits par l’Agent
Comptable en fin d’exercice.
Aussi, dans le cadre de sa mission d’as-
sistance aux collectivités, l’ANAGED
Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023 55
Le Dossier du mois
appuie les collectivités en matériel de sa-
lubrité ainsi que les Organisations de la
société civile exerçant dans le domaine
de la salubrité. A cet effet, l’ANAGED
entreprend régulièrement des missions de
recueil des besoins auprès de celles-ci afin
de se rendre compte de leurs difficultés et
d’y apporter des réponses adéquates.
A travers les nombreuses visites de per-
sonnalités extérieures que vous recevez,
nous osons croire que l’Agence par-
tage ses expériences, son expertise. Que
gagne t’elle en retour ?
Il faut dire que je salue d’abord ces visites
qui classent la Côte d’Ivoire au rang des
pays expérimentés en matière de gestion
des déchets. La réalisation de ces in-
frastructures de salubrité est aujourd’hui
en passe de booster la coopération sud-
sud dans le domaine de la salubrité qui,
autrefois, n’était pas bien perçu. Avec de
56 Nouvelle Afrique - 017 / Octobre 2023
l’audace, en cinq ans de réalisation d’im-
portantes infrastructures de salubrité, des
visites de travail se multiplient à destina-
tion de la Côte d’Ivoire, plus précisément
à l’ANAGED pour des partages d’ex-
périences dans le cadre d’une meilleure
gestion des déchets. Ces visites sont des
indicateurs encourageants qui démontrent
la qualité du système de gestion des dé-
chets mis en place par le gouvernement
de Côte d’Ivoire. Les délégations étran-
gères viennent donc s’imprégner de nos
expériences pour améliorer le système de
gestion des déchets de leurs pays respec-
tifs. En matière de coopération africaine,
ce sont des initiatives à encourager afin
qu’à l’avenir nous puissions instaurer un
système efficace de gestion des déchets
solides dans nos pays respectifs.
Parlez-nous un peu de votre poli-
tique de valorisation des déchets
qui est tout de même nouveau pour
l’Ivoirien
La valorisation des déchets est un volet
important de la nouvelle politique, dans
la mesure où toutes les initiatives favo-
risent la mise en place d’une économie
circulaire.
Tous les états du monde dont la Cote
d’Ivoire, font appel à un changement de
paradigme, à un nouveau modèle écono-
mique qui est l’économie circulaire. La
Côte d’Ivoire en prenant des engagements
au niveau environnemental crée un cadre
favorable à la promotion de l’économie
circulaire.
Le gouvernement a donc institué une ré-
forme dans le secteur de la salubrité en
octobre 2017. Cette réforme institution-
nelle a abouti à la création d’une structure
de l’Agence Nationale de Gestion des
Déchets(ANAGED) dont l’une des mis-
sions est de « Contribuer à l’élaboration
et à la mise œuvre des Programmes de
gestion de tous types de déchets solides
en mettant l’accent sur la valorisation des
déchets en vue de promouvoir une écono-
mie circulaire ».
Ainsi, au regard des principales actions
prévues dans les matrices d’actions prio-
ritaires des différentes politiques natio-
nales, que cette mission essentielle de
l’ANAGED s’effectuera. Cette mission
sera donc l’instauration et l’optimisation
de la valorisation de tous types de déchets
solides sur toute l’étendue du territoire
national à travers les actions spécifiques
et dont la finalité sera la mise en place
d’un nouveau modèle économique, en
l’occurrence, l’économie circulaire.
Les filières déchets existent pour la plu-
part et sont très dynamiques. Toutefois,
elles évoluent, quasiment pour l’en-
semble, dans l’informel. L’action de
l’ANAGED sera d’inciter le recyclage
et la valorisation des déchets et d’assurer
son rôle régalien de régulation.
La réalisation de cette mission passe né-
cessairement à travers deux (02) axes
principaux :
- La mise en place des filières de récu-
pération, de recyclage et de valorisation
de déchets ;
- La professionnalisation des filières
déchets.

La mise en œuvre se traduit par plu-
sieurs actions et activités, notamment :
- Le recensement et des acteurs, tech-
niques, technologies et entreprises de
recyclage et de valorisation des déchets
ainsi que les débouchés dans les villes
de Côte d’Ivoire afin d’en dresser l’état
des lieux. En outre, des études sont me-
nées à l’effet d’exploiter les données et
de les vulgariser ;
- L’organisation des rencontres de ré-
flexions par filière et par l’ensemble
des acteurs fut une activité essentielle
effectuée, à l’effet d’instaurer le cadre
de collaboration et la structuration de
chaque filière ;
- La sensibilisation et/ou la formation
de tous les acteurs du secteur et des
producteurs de déchets pour une appro-
priation de cette nouvelle politique est
menée.
- La réalisation des projets pilotes de tri
et de valorisation de déchets.
En outre, des partenariats avec des entités
œuvrant dans le secteur sont signés en vue
de formaliser certaines initiatives. Toutes
ces activités suscitées se poursuivent.
Chaque ivoirien est invité à s’approprier
ce changement de paradigme par la pra-
tique des gestes éco citoyens et la mise
en place des initiatives dans le domaine
de l’économie circulaire. L’ANAGED
apportera donc son appui et un accompa-
gnera en vue de la promotion de ce mo-
dèle économique.
Quels sont vos défis pour
2023-2024?
L’ANAGED, en sa qualité d’Agence opé-
rationnelle, compte, pour les prochaines
années, assurer la couverture nationale
en matière de gestion des déchets avec
l’ouverture de délégations régionales et la
construction d’infrastructures modernes
de gestion rationnelle des déchets dans les
villes de Côte d’Ivoire. Nous envisageons
de mettre en place des filières viables de
valorisation des déchets et de promouvoir
l’économie circulaire qu’elle implique.
Nous comptons aussi procéder à la digi-
talisation de l’ensemble de nos processus
pour une meilleure efficacité du système,
Le Dossier du mois
et nous allons veiller à la conformi-
té de la gestion des déchets solides
aux normes applicables en la ma-
tière et relevant des compétences de
l’ANAGED. Enfin, il nous faut ren-
forcer la sensibilisation grâce à un
vaste programme de communication
de proximité pour améliorer l’état de
salubrité des villes et permettre aux
Ivoiriens de vivre dans un environ-
nement sain.
Quel est votre mot de fin, à l’endroit
des populations ?
Enfin, je voudrais, à travers la lu-
carne que vous nous offrez, vous
exprimer toute ma reconnaissance à
votre équipe de rédaction et adres-
ser mes encouragements à toutes les
équipes de presse et audiovisuel qui
s’intéressent au cœur de métier de
l’ANAGED pour nous accompagner
dans la sensibilisation des popula-
tions à l’entretien du cadre de vie.
L’ANAGED, depuis sa création, fait
du chemin dans l’accomplissement
des missions qui lui sont dévolues.
Mme Sarrahn Teinin Ouattara
De nombreuses infrastructures de
gestion de gestion des déchets sont
Une femme de missions
Mme Sarrahn Teinin Ouattara, directrice
construites pour continuellement générale de l’Agence nationale de gestion
offrir un meilleur cadre de vie à nos des déchets est une femme déterminée et de
populations, d’autres sont en projet. conviction. Elle est une femme de défis, c’est
L’ANAGED se déploie progressi- par ailleurs pour ses nombreuses qualités pro-
vement dans les régions et villes de fessionnelles et managériales que le président
l’intérieur du pays pour se rappro- Alassane Ouattara lui a confié la gestion et la
cher davantage des populations et régulation des déchets solides en Côte d’Ivoire.
organiser des campagnes de proxi- En si peu de temps, Mme Teinin a convaincu
mité afin de garantir la propreté du et donné les preuves qu’elle a effectivement le
cadre de vie. La question de l’ entre- profile pour relever le défi de la salubrité et de
tien du cadre de vie n’est pas l’affaire l’éco-citoyenneté en Côte d’Ivoire. « Redon-
du seul gouvernement, mais de tous. nons vie à nos déchets pour une Côte d’Ivoire
L’ANAGED est le prolongement des saine » est, plus qu’un simple slogan, un défi
actions du gouvernement ; la presse personnel et collectif à relever. En plus de
revaloriser et de redonner vie aux déchets, la
dans toutes ses composantes nous
DG de l’ANAGED ambitionne de développer
accompagne dans nos actions de
autour de cette filière, une économie circulaire
communication en matière de cam-
qui, à la longue, pourrait devenir l’une des
pagne de sensibilisations. Ce que mamelles de l’économie nationale. En un mot
nous souhaitons c’est l’engagement comme en mille, Mme Sarrahn Teinin Ouat-
et l’implication de nos populations tara voit grand. Et l’institution de l’intercom-
adopter et respecter les conseils pro- munalité en est la parfaite illustration. Comme
digués visant une gestion optimale quoi, elle incarne bien le visage des femmes
des déchets ménagers. La propreté qui ont définitivement pris leur place aux côtés
du cadre de vie garantit aux popula- des hommes pour la construction de la nou-
tions une meilleure santé, c’est pour- velle Côte d’Ivoire.
quoi l’ANAGED les invite à adopter Rodolphe Flaha
éco citoyens.
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