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INTRODUCTION…………………………………………………………………...1
I.GENERALITES…………………………………………………………………....3
I-1- Rappels sur l'estomac
I-1-1- Embryologie de l'estomac………………………………………….…3
I-1-2- Anatomie de l'estomac………………………………………………..4
I-1-3- Histologie de l'estomac…………………………………………….…7
I-2- Les cancers gastriques
I-2-1- Historique………………………………………………………….….9
I-2-2- Epidémiologie…………………………………………………….…..9
I-2-3- Etiopathogénie………………………………………………….…….10
I-2-4- Aspects cliniques……………………………………………………..11
I-2-5-Examens complémentaires………………………………...…………12
I-2-6- Examen anatomopathologique……………………………………….13
I-2-7- Complications et métastases…………………………………………18
I-2-8- Diagnostic différentiel……………………………………………….19
I-2-9- Stadification………………………………………………………….19
I-2-10- Aperçu thérapeutique…………………………………………….…21
CONCLUSION…………………………………………………………………….56
INTRODUCTION
1
INTRODUCTION
Les cancers gastriques sont des tumeurs malignes se développant aux dépens des
différents éléments de la paroi gastrique. Ils résultent d’une transformation et d’une
prolifération anarchique et excessive de cellules anormales. L’infection à l’Helicobacter
pylori joue un rôle important dans la genèse du cancer gastrique [1].
Même si les pays développés ont connu une nette régression de la fréquence depuis
quelques décennies, les cancers gastriques demeurent un problème de santé publique dans
le monde. Sur l’échelle mondial, il est au 5èmerang, représentant 5,6% de l’ensemble des
cancers et 25% des cancers digestifs ; et il constitue la 3ème cause de mortalité par cancer
[2].
En 2020, le "Global Cancer Observatory" (Globocan) a estimé une incidence mondiale
de 1 089 103 cas, représentant 5,60 % de tous les cancers confondus avec 768 793décès
[3].
En Amérique du Nord, cette même plateforme a rapporté 29 772 cas soit 2,7% des
cancers, dont 13 391 en sont morts.
En Europe, l'incidence a été de 136 038 cas, soit 12,5% des cancers diagnostiqués, et
96 997 en sont morts.
En Asie, elle a été de819 944 cas, soit 75,30% des cancers, dont 575 206ont été morts.
En Afrique, 32 402 cas ont été recensé, soit 3 % des cancers, et 27 945 en meurent.
A Madagascar, il n'y a pas encore de registre de cancer fiable, permettant d'avoir des
données sur l'incidence de cette maladie. Les chiffres publiés ne sont que des données
hospitalières ou de service. Une étude sur les cancers digestifs dans un service de
chirurgie viscérale a rapporté que le cancer gastrique représente 25 % des cancers
digestifs [4].
En 2020, le Globocan a estimé pour Madagascar, une incidence de 747 cas,
représentant 3,6 % de tous les cancers, lui mettant au 6ème rang en termes de fréquence ;
et 663 en sont morts [5].
Notre travail s'est fixé comme objectif général de déterminer les aspects
anatomopathologiques et épidémiologique des cancers gastriques à Madagascar.
Les objectifs spécifiques sont de :
– Déterminer l'aspect épidémiologique des cancers gastriques,
– Déterminer leurs aspects anatomopathologiques,
2
I- Considération général
I-1- Rappels sur l'estomac
I-1-1- Embryologie de l'estomac
L’ébauche embryonnaire de l’estomac dérivant du tube primitif antérieur s’observe
vers la quatrième semaine de la vie intra-utérine, sous forme d’une dilatation aplatie
sagittalement. Elle subit une rotation de 90°degré longitudinalement autour de son axe
vers la fin de la cinquième semaine de la vie intra-utérine. Dès lors, la face postérieure
s’accroît plus vite que l’antérieure, distinguant ainsi la grande courbure de la petite
courbure. (Figure 1)
Les cryptes gastriques prennent naissance entre la 5ème et la 7ème semaine de vie
intra-utérine.
Au 5ème mois, l’activité protéolytique du suc gastrique peut être mise en évidence.
Les couches musculaires de la paroi gastrique s’organisent dans un ordre précis :
- la couche circulaire de la musculeuse se différencie dès le début du
3ème mois et la couche longitudinale à la fin du 3ème mois.
- La musculaire muqueuse apparaît plus tardivement du 4ème au 7èmemois de
la vie intra-utérine.
4
I-1-3-1- Muqueuse
La muqueuse est d’épaisseur variable (400 à 1500 microns) ; elle est recouverte d’une
couche protectrice continue de mucus alcalin visqueux.
Toute la muqueuse gastrique est bordée par un épithélium simple unistratifié faite
cellules cylindriques hautes, mucineuses « à pôle apical fermé ». Cet épithéliums
’invagine en des cryptes ou fovéolés qui représentent 25% de l’épaisseur de la muqueuse
et qui sont en continuité avec les glandes. Ces dernières en fonction de leur structure
subdivisent la muqueuse gastrique en trois types :
- La muqueuse cardiale comportant des glandes peu nombreuses, tubuleuses
composées, muco-sécrétantes.
- La muqueuse fundique dont les glandes sont tubuleuses simples, rectilignes
profondes, à lumière étroite, bordées par quatre types de cellules : les cellules à mucus
claires au niveau du collet, les cellules principales les plus nombreuses qui produisent
principalement du pepsinogène (enzyme protéolytique), les cellules pariétales :
9
Une nette régression a été observée dans les pays industrialisés grâce à la conservation
des aliments par le froid.
I-2-2-2- Mortalité
La mortalité annuelle est globalement diminuée et constante, passée d’une fourchette
de 1,3 à 25,8 en 1980 à une fourchette de 1 ,5 à 25,8 en 2018 pour 100 000 habitants sauf
dans les pays à haute prévalence où elle est 5à 6 fois supérieure comme à Thaïlande.
Néanmoins, il s’agit de la troisième cause mondiale de décès par cancer, après le cancer
du poumon et le cancer du sein selon l’IARC (International Angency for Research on
Cancer [5].
I-2-2-3- Age et sexe
L’âge moyen au moment de diagnostic est de 70 ans chez l’homme et de 75 ans chez
la femme. Ce type de cancer est rare avant 40 ans et son incidence augmente avec l’âge.
Il existe une prépondérance masculine avec un sex-ratio de 1,9[16].
I-2-2-4- Fréquence selon la localisation et le type histologique
La majorité des cancers de l’estomac est constituée dans 90 % des cas
d’adénocarcinomes. Il y a tendance à une augmentation de l’incidence de la localisation
cardiale (fréquence de 20 %) et une baisse des cancers de l’antre (fréquence de 50 %).
I-2-3- Etiopathogénie
Les causes sont assez mal connues toutefois on connait les facteurs favorisants [7] :
Facteur bactérien :
L’Helicobacter pylori induisant une gastrite chronique est présente dans 50% des cas.
Terrains :
Citons le sexe masculin, l’âge supérieur à 50 ans, le groupe sanguin A, un antécédent
familial de cancer de l’estomac, un niveau socio-économique bas, les porteurs de gène
CDH1 altéré ainsi que le syndrome de LYNCH de type 2 ou syndrome HNPCC.
Aliments :
- Alimentation faible en fruits, légumes et laitage ;
- Nitrites et nitrosamines des viandes salées et fumées, des saucisses et certains
poissons, conserves sont des facteurs carcinogènes connus ;
- Hydrocarbures des aliment fumées ;
11
- Alimentation riche en sel par un effet toxique direct sur la muqueuse gastrique
induisant une atrophie. Les bactéries qui colonisent ces territoires peuvent convertir les
nitrates alimentaires en N-nitrocomposés hautement cancérigènes.
Facteurs toxiques :
Expositions professionnelles aux charbons et nickels (les mineurs), les ouvriers
du caoutchouc, du bois, du cuivre, du plomb et de l’amiante.
Il est démontré que le tabac favorise la progression de lésions pré-cancéreuses.
D’un côté, l’alcool n’est pas établi clairement comme un facteur de risque.
Lésions précancéreuses :
Ce sont la gastrite chronique atrophique, la gastrectomie partielle exposant à un
reflux biliaire, les chirurgies des ulcères gastriques, la maladie de BIERMER ou anémie
pernicieuse, la maladie de MENETRIER ou gastrite hypertrophique, les ulcères
gastriques chroniques, les polypes adénomateux gastriques ainsi que les métaplasies
intestinales.
I-2-4- Aspects cliniques
I-2-4-1- Circonstance de découverte
La symptomatologie est variée, non spécifique et souvent tardive.
Les signes d’appel sont variables :
– Un syndrome ulcéreux le plus souvent atypique dans 70 % des cas (douleurs
épigastriques fixes, à horaires invariables, non rythmés par les repas), une
dyspepsie, un ballonnement abdominal ou une diarrhée.
– Une altération de l’état général : un amaigrissement, une asthénie, une anorexie,
un état fébrile, une pâleur palmo-plantaire et des conjonctives (Indice de
performance status selon OMS).
– Des complications révélatrices : une hémorragie digestive à type de melaena ou
d’hématémèse, une perforation ou une sténose du pylore.
– Un syndrome paranéoplasique : un acanthosisnigricans, une phlébite de
Trousseau, une neuromyopathie, une dermatomyosite.
– Des signes de métastases : os (douleur et/ou fracture), système nerveux central
(syndrome méningé ou médullaire, encéphalique), rein et surrénale (douleur
lombaire rare), foie, poumon, cœur et péricarde, peau
13
• Type 1 : Végétant
• Type 2 : Ulcéro-bourgeonnant
• Type 3 : Ulcéré
• Type 4 : Infiltrant diffus
Carcinome adéno-saquameux
Carcinome avec stroma lymphoïde
Carcinome hépatoïde
Carcinome épidermoïde
Carcinome indifférencié
Carcinome neuroendocrine
Il a quatre degrés de différenciation
– G1 : bien différencié, aspect cellulaire normal avec peu de mitoses ;
– G2 : moyennement différencié, forme intermédiaire ;
– G3 : mauvaise ; nombreuses mitoses et anomalies des noyaux ;
– G4 : indifférencié.
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Stade IA
La tumeur a franchi le muscularismucosae. Elle a envahi la couche du tissu conjonctif
de la muqueuse ou la couche de tissu conjonctif de la sous-muqueuse.
Stade IB
L’un des énoncés suivants s’applique :
• La tumeur a envahi la couche de tissu conjonctif ou la couche musculaire de la
muqueuse ou bien la sous-muqueuse. Le cancer s’est aussi propagé à 1 ou 2
ganglions lymphatiques situés près de l’estomac.
• Ou la tumeur a envahi l’épaisse la musculeuse.
Stade IIA
La tumeur a envahi la couche de tissu conjonctif ou la couche musculaire de la
muqueuse ou bien la sous-muqueuse. Le cancer s’est aussi propagé à 3 à 6 ganglions
lymphatiques situés près de l’estomac.
Soit la tumeur a envahi la musculeuse. Le cancer s’est aussi propagé à 1 ou 2 ganglions
lymphatiques près de l’estomac.
Soit la tumeur a envahi la région située entre la musculeuse et la séreuse qui est la
sous-séreuse.
Stade IIB
L’un des énoncés suivants s’applique :
• La tumeur a envahi la couche de tissu conjonctif ou la couche musculaire de la
muqueuse ou bien la sous-muqueuse. Le cancer s’est aussi propagé à 7 à 15
ganglions lymphatiques situés près de l’estomac.
• Soit la tumeur a envahi la musculeuse. Le cancer s’est aussi propagé à 3à 6
ganglions lymphatiques près de l’estomac.
21
a été utilisé pour l’étude statistique. Nous avons utilisé le test Chi-2 pour l'étude de
corrélation des variables avec un degré de signification à p < 0,05.
II-1-10- Considération éthique
Avant de relever les données dans le cahier de registre, une autorisation du Chef de
service a été demandée. L’anonymat, le secret professionnel et la confidentialité ont été
respectés.
27
II-2- Résultats
II-2-1- Incidence et fréquence
Nous avons colligé durant la période d'étude (5 ans) 192 cancers gastrique ; soit une
moyenne annuelle de 38,4 par an. Ceci représente 29,45 % des cancers digestifs.
La figure 7 montre la répartition des patients ayant un cancer de l'estomac par année.
60
50
49
43
40
39
Effectif
30
33
28
20
10
0
2015 2016 2017 2018 2019
Année
Antandroy 1 2,20
Betsileo 6 13
Bezanozano 1 2,20
Tsimihety 2 4,30
Merina 32 69,60
Comorien 4 8,70
Total 46 100
31
Tumeur 90 46,87
Ulcère 52 27,08
Epigastralgie 16 8,33
Sténose 13 6,77
Vomissement 5 2,63
Perforation 4 2,08
Amaigrissement 2 1,04
p-value = 0,73
p-value = 0,32
CNE : Carcinome neuroendocrine ; CA : Carcinome anaplasique
40
Hémorragie
9 (90) 0 (0,0) 0 (0,0) 1 (10) 0 (0,0)
digestif
p-value = 0,189
CNE : Carcinome neuroendocrine ; CA : Carcinome anaplasique
DISCUSSIONS
43
Nous avons colligé 192 cancers gastriques pendant la période d'étude. Ce qui a donné une
moyenne annuelle de 38 cas par an. Des études antérieures faites à Madagascar ont donné
les résultats suivants : Peghini M et ses collaborateurs [4] en 1997 a signalé 14 cas par
an ; Nomenjanahary L [15] en 2012 a rapporté 12 cas par an, Rabezanahary HM [16] en
2006 a mentionné 5 cas par an ; Rabenoavy F [17] en 2007 a répertorié 13 cas par an.
44
Notre série a donc été la plus élevée, et nous avons noté une augmentation de l'incidence
annuelle de cancer gastrique selon l'année d'étude des auteurs.
Ceci pourrait être due à l'amélioration progressive des moyens de prise en charge
diagnostique et thérapeutique de cette maladie et l'augmentation de l'accessibilité
géographique et financière aux centres de santé spécialisés.
Dans le monde, il existe une variation importante géographique d’incidence de cancer
gastrique entre les pays. En Afrique, les résultats ont été similaire. Tangara D [18] en
2020, dans un service de chirurgie au CHU du Point G au Mali, a répertorié 142 cancers
gastriques durant une période de 09 ans, soit égale à 16 cas par an. Kouriba S [19] sur une
étude de 19 ans menée dans un service de chirurgie générale publiée en 2021 a colligé
857 cas soit 45 cas par an. En Maroc, Mellouki I et al [20] en 2014, a rapporté 343 cas en
10 ans, soit 34 par an.
Coulibaly A [21] en 2021 au Mali, a trouvé un nombre élevé par rapport à la nôtre. Il
a recensé 645 cancers gastriques en 05 ans soit 129 cas par an.
En Europe central et Europe oriental, l'incidence a été de 65 516 nouveaux cas en 2020.
Selon Zaanan et al [22], 6560 nouveaux cas ont été recensé en 2018, avec une incidence
de 6,3 pour 100 000 habitants chez l’homme et 2,5 pour 100 000 habitants chez la femme.
Aux Etats Unis d’Amérique, 26 259 cancers gastriques ont été diagnostiqués
représentant 2,4 % de la totalité des cancers de l’estomac mondial.
En 2018, les pays les plus touchés sont les pays asiatiques : la Chine qui a eu 478 508
nouveaux cas soit 43,9 % des cancers gastriques mondiaux et le Japon qui a recensé
138 470 cas soit 12,7 % de la totalité selon Bray F et al [3].
Nos résultats et ceux des africains ont paru être dérisoire à comparer avec ceux des
pays développés. L'explication s'est trouvée au niveau des modes de recrutement, où le
nôtre a été monocentrique et n'intéressant que le registre d'un laboratoire seulement alors
leurs études ont été plus élargies. L'incidence à Madagascar a été estimé par Khazaei Z et
al [5] via Globocan à 4,9 pour 100 000 habitants en 2020. Les décès par cancer de
l’estomac à Madagascar ont atteint 367 ou 0,22% des décès totaux. Le taux de mortalité
standardisé selon l’âge est estimé à 3,26 par 100 000 habitants. Le cancer gastrique est au
39ème rang de causes de décès.
Le cancer gastrique a représenté 29,45 % des cancers digestifs dans notre série. L’étude
faite par Raharisolo C [23] à l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) a révélé une
45
fréquence de 25 %. Peghini et son équipe [4] dans son ouvrage épidémiologique des
cancers du tube digestif sur les registres endoscopiques du CHU Soavinandriana, ont
rapporté une fréquence de 38 %. En France, selon l’Institut National des Cancers, elle a
été à 12 % des cas [22].
Au Burkina Faso en 2018, Ouedraogo S et al [24] ont trouvé 21,9 %.
Dans toutes ces études, le cancer gastrique a été au second rang des cancers digestifs après
le cancer colorectal. Cependant, d'après Kouriba S [19], sur une étude rétrospective de 19
ans faite au Mali dans un service de chirurgie générale en 2021, la prévalence des cancers
gastriques est importante. Il a représenté 41,10 % des cancers digestifs, lui plaçant au
premier rang.
L’étude de Kpossou A et ses collaborateurs [25] au Bénin en 2020, dans 03 centres
spécialisés de Cotonou, a mentionné que le cancer gastrique est situé à la troisième place
après le cancer du foie et le cancer colorectal.
III-2-2- Le genre
Dans notre série, la majorité de l’échantillon a été de genre masculin à 69,30 %. Le
sex ratio a été de 2,25. Cette constatation a été rapporté par des nombreux auteurs :
comme dans l’ouvrage de Lordick F et al [26] en France qui a été de 75,6 % de sexe
masculin en 2022 ; Diawara [27] qui a trouvé 72,7 % sont des hommes en Mali ; des
études locales antérieurs comme celles de Peghini et ses collaborateurs [4] 72,2 % et
Rabenoavy F [17] 76,7 % à Madagascar.
Selon Globocan [4], le sex ratio est proche de 2 dans presque tous les pays.
Nomenjanahary L [15] a donné une valeur de 2,6 en 2011 et Rabenoavy [17] a trouvé une
valeur élevée de 3,3 en 2007. En Chine et au Japon qui sont des pays les plus touchés de
cancers gastriques, selon Morgan E et ses équipes [2] en 2022, le taux d’incidence est
deux fois plus élevé chez les hommes que les femmes. En France, il a été de 2,6 selon la
société savante des maladies et cancers de l’appareil digestif [22]. En Mali il a été de 1,6
selon Togo et al [28] en 2011. Une série plus récente dans un district de Bamako publiée
par Coulibaly [21] a donné un sex ratio de 1,35 en 2021. Cependant, il a été de 2,67 en
2019 au Mali selon Diawara [27]. Dans tous les cas, la prédisposition masculine est
toujours marquée. Cette situation peut s’expliquer par la synergie entre alcoolo-tabagisme
46
III-2-2- L'âge
L’âge des patients dans notre série a été compris entre 16 et 80 ans avec un âge moyen de
54,80 ans. L’âge moyen des hommes a été de 54,46 ans et celui des femmes 51,05 ans.
La tranche d'âge entre 50 à 59 ans a été la plus observée à 30,70%. Ce résultat ne diffère
statiquement de ceux trouvés par les autres séries antérieures. Des études locales
antérieures faites par Peghini et son équipe [4] , et Rabenoavy et al [17] ont montré
respectivement un âge moyen de 52,84 ans et 57 ans. La série de Kouriba S [19] au
Bamako a mentionné 55,44 ans ; celle de Ouedraogo S et al [24] en 2018 au Burkina Faso
a été 56,5 ans. Au Maroc, selon Mellouki et al [20] l’âge moyen des cancers gastriques a
été de 58 ans. En France, les cancers gastriques sont apparus à partir de l’âge de 70 ans
[26]. De même qu'aux Etats unis, l’âge moyen a été de 74 ans selon de Brito BB et son
équipe [30].
Dans les pays occidentaux, cette pathologie a été rare avant l’âge de 50 ans selon Arnold
M et ses équipes [31]. Pourtant, notre investigation a constaté un taux non négligeable
des patients de moins de 50 ans, avec environ 32,80 % des cas. Wong MCS et al [32] ont
rapporté une augmentation inquiétante des cancers de l’estomac chez les moins de 40 ans.
Dans notre cas, cette situation peut s’expliquer par la population jeune des pays en voie
de développement comme le cas de Madagascar.
III-2-4- L'ethnie
Selon l'ethnie, nous avons constaté une prédominance de l'ethnie Merina à 69,60 %. Cela
a été aussi la constatation de Rabenoavy F[17], qui a trouvé 86,70 %. L'explication
pourrait être en rapport avec le lieu d'étude. En effet ces études ont été menées à
Antananarivo, là où la population est majoritairement Merina.
Néanmoins, la survenue de cancer gastrique peut être influencé par l'habitude alimentaire
et l'hygiène alimentaire de la population pour chaque ethnie.
Burton KW [33] a parlé dans son article en 2018 que l’origine ethnique et le statut
socioéconomique des patients influencent le risque de développer un cancer gastrique.
L’incidence de cancer gastrique hors cardia est significativement plus élevée chez les
47
minorités ethniques, tandis que le taux de cancer gastrique du cardia est significativement
plus élevé chez les personnes d’origine ethnique blanche non hispanique. Cette relation
pourrait s’expliquer par les habitudes alimentaires de chaque tribu surtout dans la
méthode de conservation des aliments et les habitudes toxiques. Sissoko I [34] au Mali
en 2014 a évoqué une implication significative des poissons salés fumés comme un
facteur de risque. Au Japon, qui a une forte prévalence de cancer gastrique, Lordick F et
al [26] ont mentionné l'implication de l'habitude alimentaires locales. La cuisine
japonaise traditionnelle, riche en aliments salés et fumés, a été identifiée comme facteur
de risque de cancer de l’estomac. En outre, la consommation de boissons alcoolisées et
de tabac est également courante au Japon, aggravant davantage le risque de développer
une inflammation de la muqueuse gastrique, endommageant les cellules de l’estomac et
la prolifération des cellules cancéreuses.
Puis, 2,3% ont été de type papillaire soit 4 cas sur les 176 adénocarcinomes.
Nous avons eu 02 adénocarcinomes de sous-type mucineux soit 1,2 % des
adénocarcinomes. L’étude menée par Coulibaly A [21] a enregistré 23 cas soit 3,6 % des
cancers gastriques. Pour Traoré S [41] 10 % ont été de sous-type mucineux.
Nous avons eu 01 cas de sarcome de Kaposi soit 12,5 % des sarcomes gastriques. Il est
extrêmement rare mais possible dans un contexte de VIH positif selon Ngaroua et al [48].
Le risque de développer ce type de cancer chez un immunodéprimé par sida est estimé à
20 000 fois que celui de la population générale. Aucun cas n’a été publié à Madagascar.
Coulibaly A [21] a dénombré 02 cas sur 645 cancers gastriques soit 0,3% au Mali en
2021. Il est quand même exceptionnel de le retrouver chez un patient immunocompétent.
Pourtant Ngaroua et ses collaborateurs [48] a rapporté un cas de sarcome de Kaposi
gastrique à sérologie VIH négative dans un centre hospitalier régional camerounais en
2013.
Nous avons colligé 03 lymphome de MALT soit 1,60 % des cas et 75 % des lymphomes
recensés. Cette observation a été constaté par de nombreux auteurs : Nomenjanahary [15]
dans son étude anatomopathologique a eu 01 cas soit 1,4 % de l’ensemble ; Diawara D
[27] a colligé 01 lymphome de MALT sur les 55 cancers gastriques soit 1,8 % et pour
Kouriba S [19], 07 cas sur 857, soit 0,82 % ont été de même sous type histologique à la
nôtre en 2021.
Il y a eu 01 lymphome diffus à grande cellule B représentant 0,5 % de l’ensemble des
cas. Il s'agit d'un lymphome agressif rapidement évolutif, associée ou non à une infection
à Helicobacter pylori et à des zones de type tissu lymphoïde associées aux muqueuses.
Nomenjanahary L [15] a rapporté une transformation d’un lymphome de MALT en
lymphome diffus à grande cellules B. Puis Elisabeth RH [51] a mis au point sur le
lymphome gastrique diffus à grandes cellules B et Helicobacter pylori en rapportant un
cas en 2012.
Cependant, en Tunisie, Bellil N et al en 2019 [52] ont mentionné que les lymphomes
gastriques primitifs à grandes cellules B ont été beaucoup nombreux que les lymphomes
type MALT.
Peng JC et ses collaborateurs [53] ont marqué que les lymphomes à grandes cellules B du
tractus gastro-intestinal ont été plus fréquents dans les pays occidentaux. Dans la grande
ville de Calgary au Canada, Andrews CN et al [54] ont énoncé que plus de la moitié de
types histologiques des lymphomes non hodgkiniens gastro-intestinaux ont été des
lymphomes diffus à grandes cellules B soit 54%.
Sur une étude prospective faite par Niederle MB et al [55] en Autriche, l’incidence des
TNE de l’appareil digestif a été de 0,80 pour 100 000 habitants. L’estomac constitue son
siège préférentiel environ 23 % des cas. En Roumanie, Mustafa E et ses collaborateurs
[56] ont mentionné en 2012 que l’estomac a été la deuxième localisation préférentielle
des TNE gastro-entéro-pancréatiques primitives avec 07 cas sur les 68 patients inclus soit
10,29 %.
III-3- SUGGESTIONS