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La question est de savoir comment les formes de « l’organisation du travail » s’adaptent aux évolutions
globales des sociétés industrielles au cours du siècle.
L’héritage de l’ancien régime économique perdure sous des formes de plus en plus dégradées jusqu’aux
années 1880 qui marquent l’essor d’un syndicalisme de masse légalisé et structuré : à côté des partis
politiques, les syndicats apparaissent comme l’expression professionnelle mais aussi parfois politique du
monde du travail.
Cette évolution est générale dans l’Europe industrielle mais admet des caractéristiques locales/nationales
qui sont bien plus que des nuances : du travaillisme à l’ « anarcho-syndicalisme », de la social-démocratie au
bolchevisme ; du syndicalisme de service au syndicalisme de combat, etc.
Ici = on se concentrera sur les « syndicats libres », les plus représentatifs des mondes ouvriers.
On laissera de côté : le syndicalisme chrétien, libéral ou jaune mais aussi l’anarchisme méditerranéen, les
mouvements coopératifs & mutuellistes, etc. autant d’inspirations et de formes d’organisation qu’il faut
néanmoins conserver en mémoire.
I/ La persistance des formes anciennes de l’organisation
ouvrière (1830s-1880s)
Caractéristique de l'ancien régime : toute définition sociale par passe par un langage juridique (privilèges):
ordre ó classe .
Même chose dans le monde du travail (en théorie du moins) = textes juridiques => règles & normes => fondent
et garantissent l'organisation sociale
Définition de la Corporation : « une association d'artisans exerçant une industrie par privilège et d'après des
règlements qui, une fois élaborés, s'imposent à tous, membres et non-membres , clients comme producteurs ;
les corporations font la hiérarchisation du métier » Georges Lefranc
maîtres
compagnons
apprentis
Crise des corporations au XVIIIe siècle : montée en puissance du libéralisme = fermeture de la maîtrise :
France :
1682 : 17000 maîtres pour 43000 compagnons et 6000 apprentis
1780 : 12000 maîtres pour 6000 compagnons et 12000 apprentis
=> Remise en cause même de l'idéologie qui sous-tend le système corporatiste en remplaçant une hiérarchie basée sur la
valeur professionnelle par une hiérarchie fondée sur la famille (reproduction de père en fils)
=> XVIIIe : Apparition de nouveaux travailleurs parfois appelés les « faux ouvriers » et qui échappent au cadre
corporatiste => une nouvelle forme d'organisation du travail où négociants & manufacturiers établissent des relations
avec des travailleurs individuels et qui ne sont plus soumis aux réglementations collectives qui encadrent les corporations
=> Ainsi les corporations qui sont le creuset de la bourgeoisie voit celle-ci s'en détacher et revendiquer de plus en plus
son pouvoir social et économique
=> Les tentatives de réponse du pouvoir Royal sont bien connues : mars 1776, édit de Turgot pour la libéralisation du
commerce et du travail => édit supprimant les jurandes et corporations rapporté dès le mois d'août tant les protestations
sont fortes .
=> La révolution entraîne l'explosion des cadres juridiques
la liberté du travail et l'affirmation de l'individualisme : loi
Le Chapelier et loi d’Allarde (cf séance 8)
loi du 9 frimaire an XII (1/12/1803) : instauration du livret ouvrier => reprise de la législation d'ancien régime (livret
instauré en 1746 supprimée en 1791 et restauré en 1803) pour le contrôle administratif et la régulation des migrations.
Article 1781 du Code Civil (1804) => introduit une rupture de l'égalité juridique entre patrons et ouvriers puisque
l'employeur est cru sur son affirmation pour la quotité des gages pour le paiement des salaires
loi du 8 mars 1806: instaure les Conseils de Prud'hommes et les commissions paritaires chargées de régler les conflits :
surreprésentation des employeurs ; les ouvriers ne sont représentés que par les chefs d'atelier
=> France = expérience révolutionnaire et surtout la Terreur => Défiance de l’Etat et des élites pour le monde du travail
Situation différente Grande-Bretagne :
Les friendly societies, = amicales => deviennent la forme Attention : disparition des corporations mais
privilégiée de l'association ouvrière en Angleterre au XVIIIe et pas des métiers.
dans la première moitié du XIXe.
Exemple : à Londres organisation des tailleurs de 1721 pour
négocier les salaires constitue un modèle pour de nombreux
métiers londoniens tout au long du siècle.
1824-1825 = abolition des Combination Acts => tolérance et légalisation des coalitions ouvrières.
=> A cette époque que l'on commence à parler de syndicats en Angleterre c'est-à-dire d’unions fondée sur les
métiers (trades) et surtout sur le refus de travailler avec des personnes qui n'appartiennent pas à la société.
Þ Ainsi = les organisations ouvrières dès le début du XIXe siècle sont parfois bien structurées à l'exemple des
tailleurs londoniens qui regroupent plusieurs centaines de membres => House of call dans lesquelles les
patrons peuvent prendre des contacts avec les ouvriers (organisation géographique de l’organisation du
travail qui préfigure des chambres syndicales, bourses du travail, Camare del lavoro)
Þ Les conditions d'entrée dans les clubs, amicales, confréries, etc. sont souvent restrictives = cotisation
souvent élevée & 7 ans d'apprentissage dans le métier sont nécessaires.
=> des métiers anciens dans des grandes villes ó à l'inverse les ouvriers des mines et du textile notamment
dans le nord ne sont pas organisés.
En Allemagne : les corporations restent importantes mais avec de grandes variations géographiques avant
l’unification politique :
=> « L'état conquérant du XIXe siècle n'accepte pas que certains de ses droits les plus nobles comme l'organisation
de l'économie, comme l'organisation de la jurisprudence soient détenus par des corporations. Il prive celles-ci de
plus en plus de leurs privilèges et on assiste à ce spectacle assez curieux : dans les pays où les corporations ont été
maintenues avec fracas en 1815 par une politique de restauration, elles perdent de plus en plus de leurs droits
jusqu'à leur abolition durant les années 1860 » - Georges Haupt.
Conséquences => persistance de ces formes anciennes adaptées jusqu’au milieu du XIXe siècle sous deux
formes principalement : les sociétés de secours mutuel et le compagnonnage.
Rémi Gossez confirme que ce sont souvent les vieux métiers qui structurent les sociétés de secours
mutuel
L’entrée est chère : 10 francs et une cotisation mensuelle pour entrer dans la Caisse des graveurs et
imprimeurs sur étoffe de Bourgoin.
…et résistance :
= grèves : 1827/28-1834/35 = grande période d'agitation sociale => nouvelles dispositions juridiques avec
la loi du 10 avril 1834 qui renforce la surveillance.
Exemple : grève des ouvriers parisiens en 1833 : typographes, tailleurs de pierre, charpentiers
(5000 grévistes), boulangers (3000), bouchers, etc.
les tailleurs de pierre = soutien d'une société de secours qui demande 2 francs de plus par pièce & 1h de
moins de travail par jour
= Répression => 200 arrestations et des emprisonnements allant de un mois à 5 ans
L’année 1840 représente aussi une période de forte conflictualité sociale à Paris.=
Le compagnonnage
L’organisation du travail :
embauchage à l'arrivée
levage d'aquis au départ
rapport maître compagnon dans l'atelier des
configurations très différentes
Néanmoins, à partir des années 1850 (en Grande-Bretagne) puis plus tard sur le continent, se développent des formes
d’organisation plus modernes
II/ Essor du syndicalisme moderne
(1850s-1910s)
=> surtout, en 1834 = initiative prise sous l'influence de Robert Owen pour voir
apparaître le Grand National consolidate trades union.
=> Il s'agit de la première tentative pour rationaliser la nébuleuse associative afin
de coordonner les grèves et le maintien des salaires.
=> Grand National connaît une croissance rapide et atteint rapidement 500 000
adhérents mais dont très peu payent leur cotisation = colosse au pied d’argile,
mais l’idée est là.
1830s : ouvre une période de croissance des organisations syndicales en ville et par métier :
le fait n'est pas très spectaculaire mais relayé par le mouvement chartiste qui se développe
notamment dans les périodes de dépression économique 1838- 1842, 1847- 1848
Il y a cependant peu de liens entre le chartisme et les organisations ouvrières => à partir de
1842 la forte expansion économique provoque le déclin du chartisme.
Les unions se font à une échelle plus large avec de nouveaux schémas d'organisation
en 1845 = National association for United Trades for the protection of labour
= 1842 = conférence de Wilde entraîne la fondation de la Miners association of Great Britain en Ireland
= 1844 =70 000 adhérents soit 1/3 des mineurs de Grande-Bretagne son leader et Martin Jude => salaires et
conditions de travail
= Alexander MacDonald en 1852 = devient le leader des mineurs écossais en 1858 il fonda la National miners
association => pour une meilleure législation du travail dans les mines
Csq =>en 1860 le le Parlement vote le Coal mines régulation Act.
1851 = fondation de Amalgamated Society of engineers (ASE) =apparaît comme le premier syndicat moderne
Tournant dans l'histoire du syndicalisme britannique: il s'agit de la première organisation structurée comme une
fédération d'industrie regroupant tous les métiers de la mécanique et dans laquelle chaque section de possède
une grande autonomie.
= Les fonds (les droits et cotisations restent élevés) sont centralisés à Londres
= un secrétaire général permanent employé à plein temps (William Allan) il est supervisé par un conseil exécutif.
1851 = ASE compte 12 000 adhérents
1867 = 33 000 adhérents (140 000 livres sterling de réserve) d’après François Bédarida
Pour Beatrice et Sydney Webb = la création de ce syndicat marque la naissance du « New unionism »
Dynamique organisationnelle => première massification
Cette mutation des organisations ouvrières se confirme dans les
années 1850 : la crise du bâtiment à Londres en 1859-1860 = fortes 1868 : Trade Union Congress
tensions sociales => les maçons et d'autres professions se mobilisent
pour la journée de 9h. = 120 000 membres à sa fondation
= 735 000 membres dans les 1870s
Conséquences de la grève (jusqu’en fév. 1860) : = 600 000 dans les années 1880s
=> juin 1860 = fondation Amalgamated Society of carpenters & joiners Les nouvelles organisations nationales se développent avec de
(charpentiers & menuisiers) nouvelles caractéristiques :
Þ mai 1860 = formation du London Trades council (Richard - un secrétariat permanent à plein temps
Applegrath) - une centralisation administrative et financière
- Regroupement au-delà du « métier » (secteur, branche, etc)
Þ les nouvelles sociétés ouvrières sont en outre favorisées par la loi :
C’est donc au sein des métiers traditionnels, fortement
1855 : friendly Society Act qui assurent une protection légale pour les qualifiés de l’ « aristocratie ouvrière » que se modernisent les
sociétés ouvrières associations professionnelles
1859 : molestation of workmen Act qui tolère les piquets de grève Milieu des années 1870 :
pacifiques sur les lieux de conflits liés aux salaires Skilled = 15%
Semi-skilled = 40%
Unskilled = 45%
Le second basculement des années 1880-1890 : le « New unionism » est concurrent par un nouveau syndicalisme
Mutations considérables à Londres au sein du monde du travail dans les années 1880-1890s : crise des industries
traditionnelles = concurrence de la grande industrie, etc.
1886-1887 : crise économique profonde => tensions sociales importantes :
8 fev 1886 = Black Monday (pillage dans le West-End)
13 nov 1887 = Bloody Sunday (répression d’une grande manifestation dans l’East End = 300 blessés)
Keir Hardie = 1893 => ILP (Independant Labour Party) hostile au « lib-lab »
Elu de West-Ham en 1892 comme socialiste indépendant
ILP se démarque de la SDF et du TUC
Bien implanté en Ecosse et dans le nord
Conférences de Plymouth en 1899 et Londres en 1900 => Labour Representation Committee (LRC) :
7 membres des TU
2 de ILP
1 SDF
1 Fabien
Secrétaire = Ramsès McDonald
Succès aux élections de 1906 = 29 élus du LRC (pour 24 lib-lab soutenus par la fédération des mineurs) = Parti Travailliste
Histoire du syndicalisme anglais propose une trajectoire particulière mais recèle de nombreuses caractéristiques
que l’on retrouve sur le continent :
= la massification des effectifs avec intégration des ouvriers non-qualifiés issus de la seconde industrialisation
= Mouvement syndical divisé par des lignes stratégiques divergentes : syndicalisme révolutionnaire contre le
réformisme pragmatique (sans parler des chrétiens , des libéraux ou des jaunes).
= Né dans une famille pauvre et nombreuse, orphelin de mère à trois ans et de père à huit ans, élevé à l’orphelinat
= débute à 14 ans son apprentissage de tourneur sur bois (cinq ans)
= Compagnon => tour d’Allemagne en 1881
= tourneur à Berlin (ensuite à Francfort, etc. et à partir d’octobre 1886, à Hambourg).
= 1885, à Francfort = adhésion au SPD (période des lois d’exception).
= 1886 = adhésion à Hambourg au syndicat local des tourneurs sur bois
=> A l’époque : unions syndicales dispersées géographiquement et selon le principe des anciennes corporations.
= talents d’organisateur =>Legien réussit à élargir cette union locale en Association des tourneurs sur bois d’Allemagne (fondée en août
1887= élu secrétaire non rémunéré). Dans un contexte plus large de regroupement :
= organisations nationales des ouvriers du tabac (1865),
= organisation nationale des ouvriers du livres (1866)
Le mouvement syndical se développe rapidement après l’abolition des lois antisocialistes en 1890.
Ex; 1891 : Création de l'association allemande des métallurgistes dmv (Deutschen Metallarbeiter-Verbands),
=> se développe rapidement pour devenir le plus gros syndicat allemand indépendant
Dans ce contexte, Legien convaincu de la nécessité d’unifier le réseau éparpillé des associations locales = initiateur de la conférence
syndicale tenue à Hambourg les 17 et 18 novembre 1890 = lance l’idée d’un projet d’unification et de centralisation du mouvement
syndical, visant à créer de grandes fédérations syndicales par branche professionnelle (Berufsverbände).
=> création d’une Commission générale des syndicats = la GGB - (Generalkommission der Gewerkschaften Deutschlands) composée de
7 membres dont le siège fut fixé à Hambourg puis à Berlin, à partir de 1903).
=> Devient l’ADGB (Allgemeiner Deutscher Gewerkschaftsbund) en 1919.
GGB = 57 organisations représentant environ 300
000 adhérents = première organisation générale
de masse interprofessionnelle en Allemagne
En 1914, sur les 2 950 000 syndiqués en Essor syndical = entrée massive des non-qualifiés
Allemagne, 2 500 000 adhèrent aux syndicats de la grande industrie
libres.
Soit un taux de syndicalisation de 22% contre 8% = on constate donc un processus similaire à la GB.
en France.
Cas français plus compliqué par la conflictualité interne au mouvement ouvrier : le syndicalisme se construit contre le socialisme
et comme une configuration minoritaire :
= industrialisation moins spectaculaire qu’en Angleterre ou en Allemagne : moindre importance de la grande industrie
= classe ouvrière moins homogène
= difficile implantation de la social-démocratie & forte imprégnation proudhonienne
1894 : Congrès de Nantes, défaite des guesdistes (sur la question de la grève générale)
1895 : Création de la Confédération Générale du Travail (CGT, congrès de Limoge)
1902 : Congrès de Montpellier = intégration de la Fédération nationale des bourses du travail (futures unions départementales)
1906 : Charte d’Amiens = autonomie syndicaliste (contre les anarchistes et les socialistes)
En même temps,
On compte environ 580 000 syndiqués en France en 1900 dont 200 000 à la CGT
La grève devient un moyen de pression (XXe s) plus qu’un mode d’expression (XIXe s) : « la grève se syndicalise » (Perrot)
Nuance :
- « L’autre front » s’est révélé déterminant pendant la guerre, soulignant la fonction essentielle de la production industrielle
dans l’effort de guerre : le monde du travail est ainsi pleinement intégré à la communauté nationale après les unions
sacrées.
- La révolution d’octobre = pose une alternative révolutionnaire à la pratique réformiste qui s’est progressivement imposée
avec la massification syndicale
- Le rôle et les fonctions économiques de l’Etat ouvrent, surtout dans les années 1930, la voie à l’Etat-Providence.
- A travers les mouvements politiques dont il s’est doté, le monde du travail accède au pouvoir :
C’est à Carl Legien que Friedrich Ebert propose le poste de chancelier après l’échec du putsch de Kapp (mars
1920)
= Parfois aux commandes de l’Etat, plus souvent dans des postures d’opposition, mais toujours visibles.
Allemagne
Rôle politique central des syndicats dans la fondation de la République de Weimar =
GGB => ADGB (Allgemeiner Deutscher Gewerkschaftsbund) : Xe congrès syndical de Nuremberg en 1919
Les effectifs syndicaux s’envolent après guerre : de 2,5 millions en 1914 à 7,5 millions de syndiqués en 1922 :
1916 : 966 000 adhérents
1922 : 7, 5 millions
1924 : 4, 6 millions
[les syndicats chrétiens comptent 600 000 adhérents , les syndicats Hirsch-Dunker 150 000]
Surtout => Legien (pour 14 grosses fédérations d’industrie : métal, chimie, textile…] négocie avec Hugo Stinnes (pour les
associations patronales) l’accord du 15 novembre 1918 donnant naissance à la Communauté Centrale du Travail,
Zentralarbeitsgemeinschaft :
- la reconnaissance des syndicats par le patronat
- la fixation des conditions de travail par convention collective
- la représentation du personnel dans l'entreprise
- la conciliation et la prévention des conflits par des commissions paritaires patrons-ouvriers
- la journée de 8h sans baisse de salaire
.
Selon Legien une puissante organisation centralisée regroupant la plus large part de la classe ouvrière est nécessaire pour
établir un partenariat avec le patronat = en accord avec la tendance massive et réformiste depuis les années 1900 => mais
(comme à l’époque et dans d’autres proportions), Legien doit combattre la fraction révolutionnaire, inspirée de l’expérience
conseilliste.
La communauté du travail ne résiste pas à la conjoncture politique et social: dès 1919 la fédération des métaux s'en retire
[en mars 1924 le projet de la Communauté du travail se disloque.]
=> Echec => atmosphère révolutionnaire de l’effet d’Octobre => entre novembre 1918 et août 1919 on ne compte que 22
jours sans grève dans les mines (ex. la grève déclenchée par les spartakistes dans la Ruhr en février 1919, etc.)
Pourtant = Constitution de Weimar reprend des éléments importants des accords du 15 novembre :
- loi de février 1920 sur les conseils d'entreprise
- légalisation du principe de la négociation collective
- l'état a un fort pouvoir d'intervention dans l'économie
1924 marque une année charnière: à la fois une stabilisation de la situation politique et économique et dans le même
temps une forte conflictualité sociale :
2000 conflits pour
292000 entreprises touchées, soit
1 650 000 grévistes soit
36 360 000 journée perdues
Développement de l’ADGB => dans les voies tracées par C. Legien (+1920)
Tendance à la concentration:
1919 : 52 unions
1925 : 40 unions
1931 : 30 unions
Développement spectaculaire des conventions collectives: Congrès de Breslau en 1925 + Congrès de Hambourg en
1928: l’ADGB abandonne officiellement la lutte des
Nb CC NB Entrep. Nb Salariés classes et la dictature du prolétariat au profit d'une
1918 7 800 107 500 1 130 000
théorie de la représentation ouvrière. [SPD = Bad-
Godesberg, 1959]
1920 11 620 435 500 9 660 000
Contexte général difficile de sortie de guerre mais pas de situation insurrectionnelle comme en Allemagne (nuance : en
juin 1917 = Convention de Leeds, 1150 délégués, organisée par le BSP et l’ILP où est proposée l’institution de conseils de
travailleurs et de soldats dans tout le pays)
= situation économique déprimée pendant tout l’entre-deux-guerres (chômage structurel supérieur à un million, soit
10% de la P.A.)
= situation syndicale : effectifs demeurent massifs + généralisation des structures (branches d’industrie) au détriment
des métiers
Bond en avant des effectifs syndicaux = 4 millions en 1914 à 8,5 millions en 1920 (puis reflux comme en Allemagne ou en
France)
Caractéristiques :
Tendance à la concentration => taille des syndicats de base augmente: en moyenne 2 200 adhérents en
1914 et 4 480 en 1926
= déclin des vieilles industries (mine, textile )se confirme : elles représentent 30% de syndiqués en 1914
contre 21% en 1926 (la crise de 1926 et représentative de la difficulté dans laquelle se trouvent ces
vieilles industries et ici le charbon en particulier, cf infra.)
Concentration et généralisation :
Sous l’action d’Ernest Bevin, entre 1920 et 1923= formation du syndicat géant, le Transport and General
Workers’ Union (TGWU),
Comme en France et en Allemagne, mais entre 1918 et 1926, le
climat social est tendu en Angleterre :
Lignes de fracture complexes qui remontent à l’avant-guerre, brouillées et par la révolution bolchevique
=> Congrès de Lille (septembre 1921)
Le paradigme antifasciste révèle les aspirations unitaires de la base syndicale mais se fissure dès 1936 et surtout en 1939.
=> Congrès de Toulouse (mars 1936)
Dès le Congrès de Paris (juillet 1918) : deux lignes
majoritaires = réformisme et wilsonisme (Léon Jouhaux)
minoritaires = révolution et bolchevisme (Gaston Monmousseau)
CGT-U = parcours heurté jusqu’en 1934 Orientations planistes (syndicalisme belge) dans les
Premières scissions entre syndicalistes révolutionnaires (CGT-SR années 1930
et bolcheviks (CGT-U)
Tente de structurer les luttes de terrains
Critiquée en 1928 par l’ISR pour ne pas recruter suffisamment
chez les O.S.
Alignement sur le PCF après 1929 – Arrivée de Benoît Frachon
en 1933.
La dynamique antifasciste => Front Populaire.
= négociations directes entre la Confédération Générale de la Production Française (CGPF) et la CGT (qui refuse
la présence de la CFTC) , sous l’égide du gouvernement Blum.
= CGPF et CGT négocient sur un « pied d’égalité »
= Revendications de la CGT :
- 40h (8h)
- Contrôle ouvrier
- Contrats collectifs
- Prolongation de la scolarité
Accords :
- Augmentation de 15 à 17% des salaires
- pas de sanctions pour les grèves du printemps
- conventions collectives
- reconnaissance des droits syndicaux
- délégués du personnel
[les syndicats ne pénétreront officiellement dans
l’entreprise qu’en 1968]
Pour la première fois, les Accords Matignon renversent le
rapport de force entre le capital et le travail en France, à
une telle échelle.
Entre l’idée d’une « organisation du travail » (1840s) et la réalisation de celle-ci (1930s) : un siècle dont la longueur dit
les difficultés et les résistances rencontrées par les « travailleurs ».
Des premiers sociétés de secours mutuels aux confédérations syndicales => structuration progressive, souvent heurtée
ou conflictuelle, parfois violente.
Les syndicats au sens moderne s’imposent durablement dans les trois premières décennies du XXe siècle
- comme des partenaires sociaux incontournables
- comme des forces de gouvernements
Les organisations diverses (politiques, syndicales, coopératives ou mutuellistes dont s’est doté le monde du travail) ont :
- Conquis un pouvoir de représentation du monde du travail
- conquis un pouvoir de négociation voire d’imposer un nouveau champ du discours et de l’action publique : le
« social »
La pluralité du jeune monde syndical moderne demeure aussi tendu entre deux polarités majeures:
révolutionnaire <=> réformiste