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Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair,

tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Béni soit l’homme qui met sa foi dans le
Seigneur, dont le Seigneur est la confiance.
Qui peut connaître le cœur de l’homme ? Moi, le Seigneur, qui pénètre les cœurs et qui scrute
les reins, afin de rendre à chacun selon sa conduite, selon le fruit de ses actes.
Cette parabole de l’homme riche et du pauvre Lazare, saint Luc nous précise quelques
versets plus haut que Jésus l’a adressée à “ceux qui aimaient l’argent et le tournaient en
dérision ” (v. 14).
On peut remarquer d’abord que le riche n’a pas de prénom. Il détient, en revanche, une
richesse exorbitante qui lui permet de faire des banquets splendides tous les jours Il se pare
d’habits très chers pour étaler sa position sociale et le pouvoir d’achat dont il jouit. Ce riche
incarne donc anonymement, toute personne ou toute collectivité dans l’opulence.
En revanche, le pauvre de la parabole a bien un prénom. Il est quelqu’un de précis
pour Jésus qui l’appelle « Lazare », ce qui éthymologiquement en hébreu veut dire, « Dieu a
aidé”. Ce personnage est ici le représentant de tous ceux qui sont dans le besoin ou qui
souffrent injustement. Il nous rappelle aussi Lazare, l’ami malade que Jésus ressuscita à
Béthanie, dont nous parle saint Jean et que le Sanhédrin voulait tuer (cf. Jn 11) en même
temps que Jésus.
Jésus dans ce récit, souligne deux aspects du monde à venir : l’immortalité de l’âme et
la juste rétribution divine pour toutes nos actions. Le riche est condamné aux tourments de
l’Hadès ; et dans ses tourments, il supplie Abraham d’alerter ses frères au sujet du châtiment
qui les attend.
L’attitude de ce riche est celle de celui qui demande des miracles pour croire et qui, ce
faisant, dit au bon Dieu qu’il est responsable de sa propre indifférence religieuse et sa façon
égoïste de vivre. Si le riche vit ainsi c’est que Dieu ne lui a pas donné de signes assez forts
pour qu’il croie vraiment à sa parole.
Jésus précise que cet état d’esprit revendicatif à l’égard de Dieu et égoïste, aveugle
tellement l’être humain qu’il ne croirait pas non plus, même s’il voyait ressusciter un mort.
De fait, le riche n’était pas capable de voir le signe visible que Dieu plaçait tous les
jours devant sa porte : ce pauvre malade et affamé que seuls les chiens approchaient pour lui
lécher les plaie. C’est ce refus de voir le pauvre qui entraîne le châtiment que le riche doit
subir après la mort. Saint Jean Chrysostome le dit :
Ce riche “n’était pas soumis aux tourments parce qu’il avait été riche, mais parce qu’il
n’avait pas été compatissant ». L’un des grands enseignements de cette parabole est que c’est
ici-bas maintenant que nous déterminons ce que sera notre vie après la mort et que nous avons
à prendre cela très au sérieux. Nos choix, nos actes ne sont pas anodins, parce que la vie que
Dieu veut pour nous, les dons qu’il nous fait sont de grande valeur, et cette valeur se réalise
par l’amour.
Jésus montre ainsi le danger qui nous guette tous et tout spécialement ceux qui ont en
abondance des richesses : l’indifférence vis-à-vis d’autrui, envers ceux qui souffrent.
Aussi cette parabole nous encourage à pratiquer, autant personnellement que
collectivement, les œuvres de miséricorde, et à ne pas rester installés dans l’indifférence.
Nous avons, dans la mesure du possible, de porter remède à l’indigence humaine qui,
comme le dit le Catéchisme, “ ne s’étend pas seulement à la pauvreté matérielle, mais aussi
aux nombreuses formes de pauvreté culturelle et religieuse”. Dans ce sens, saint Grégoire le
Grand insistait sur ce que “en donnant aux pauvres ce qui leur est indispensable, nous ne leur
faisons pas de cadeaux personnels, puisque, ce faisant, nous leur rendons ce qui leur
appartient. Plus qu’un acte de charité, on ne fait qu’accomplir un devoir de justice”

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