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L'année psychologique

Un style cognitif : la dépendance-indépendance à l'égard du champ


Michel Huteau

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Huteau Michel. Un style cognitif : la dépendance-indépendance à l'égard du champ. In: L'année psychologique. 1975 vol. 75,
n°1. pp. 197-262;

doi : https://doi.org/10.3406/psy.1975.28088

https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_1975_num_75_1_28088

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Année psychol.
1975, 75, 197-262

UN STYLE COGNITIF : LA DÉPENDANCE-INDÉPENDANCE


A L'ÉGARD DU CHAMP1

par Michel Huteau

Laboratoire de Psychologie différentielle2


Université René-Descartes, Paris

L'emploi de l'expression « style cognitif » est relativement récent


en psychologie. Vernon (1973) pense qu'elle est employée pour la
première fois par Klein en 1951 dans le chapitre intitulé « Le monde
personnel à travers la perception » de l'ouvrage de Blake et Ramsey,
Perception : an approach to personality. Pour Klein, l'attitude per-
ceptuelle est « un style d'organisation », elle ne caractérise pas seulement
les phénomènes perceptifs mais plus largement le type de rapport que
l'individu entretient avec son milieu. Witkin (1965 a, p. 317) donne
de la notion de style cognitif une définition voisine : « Les recherches
récentes ont montré que les gens ont un mode de fonctionnement
caractéristique et cohérent dans leurs activités intellectuelles et
perceptives, ces styles cognitifs, comme on les a appelés, sont les
manifestations dans la sphère cognitive de dimensions encore plus larges
du fonctionnement personnel, dimensions que l'on retrouve dans les
divers secteurs du psychisme. »
La dépendance-indépendance du champ est une dimension,
particulièrement étudiée par Witkin, qui permet de distinguer les individus
selon leur capacité à percevoir un élément séparé de son contexte et
à adopter une attitude analytique dans la résolution de problèmes.
Nous préciserons la nature et les niveaux de cette dimension et nous
verrons comment elle représente dans la sphère cognitive une dimension
beaucoup plus générale de la personnalité : le degré de différenciation.
La différenciation se réfère aux aspects formels de la personnalité qui
peut être plus ou moins structurée, plus ou moins isolée de
l'environnement, et remplir des fonctions plus ou moins spécialisées. Notons qu'on
a mis en évidence d'autres styles cognitifs à partir de la perception,

1. Cette étude a partiellement utilisé des moyens de travail que nous


devons au C.N.A.M. (Service de Recherches de l'I.N.O.P.), à l'E.P.H.E.,
3e section (Laboratoire de Psychologie différentielle), au C.N.R.S. (E.R.A.
n° 79).
2. 41, rue Gay-Lussac, 75005 Paris.
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de la mémoire, de la formation de concepts et de la prise de décision.


Si l'expression style cognitif est récente, le mode d'approche de la
personnalité qu'elle décrit l'est beaucoup moins. Les études sur les
styles cognitifs peuvent être rapprochées des études typologiques de
l'école allemande. Un auteur comme Vernon (1973) voit dans les styles
cognitifs une résurrection de la vieille notion de type, ce qui est très
discutable. Dans les typologies allemandes les tentatives de repérage
des types par des indices cognitifs sont nombreuses. Dès 1924, Munz
montre que les « pycniques » se distinguent des « leptosomes » par
leurs réponses au Rorschach. La typologie de E. R. Jaensch est fondée
d'abord sur des processus cognitifs : la disposition à fournir des images
eidétiques. C'est un élève de Jaensch, Schmidt, qui, en 1938, utilise
les différences individuelles dans l'estimation de la verticale comme
épreuve de personnalité. Nous verrons comment la perception de la
verticale, dans des conditions différentes, est à l'origine des travaux de
Witkin. Cependant il n'y a pas de filiation directe entre les études
typologiques et les travaux sur les styles cognitifs. Dans les domaines de la
psychologie différentielle où cette filiation est directe (les valeurs d' Allport-
Vernon-Lindzey issues de la typologie de Spranger, l'introversion-
extra version de Eysenck issue de celle de Jung), on s'intéresse bien à la
personnalité globale mais on n'y accède pas par les processus cognitifs.
La problématique des styles cognitifs a également été clairement
définie dans un cadre tout différent par des différentialistes comme
Binet et plus récemment Thurstone. Dans L'étude expérimentale de
V intelligence (1903), dont « le but principal a été d'étudier dans l'idéation
ce qu'il y a de personnel à chacun de nous » (p. 185), Binet, à travers
une vingtaine d'expériences, montre comment chacun de ses deux
sujets se caractérise par un ensemble de traits cohérent. Ces traits
concernent bien sûr le domaine cognitif, mais aussi « le caractère ».
Si cet aspect de l'œuvre de Binet est généralement ignoré, l'importance
de celle de Thurstone est seulement sous-estimée. Celui-ci a très
clairement défini dans l'introduction de son ouvrage de 1944, A factorial
study of perception, les principes qui guident les travaux sur les styles
cognitifs. Pour Thurstone il est possible, à partir de l'étude des fonctions
cognitives, de procéder à des inferences sur la personnalité. L'étude
de ces fonctions, considérées à des niveaux élémentaires, devant
permettre de définir des paramètres « qui déterminent le style du
comportement et des activités intellectuelles » (p. 1). Au cours d'une vaste
étude exploratoire, qui devait être suivie de travaux plus systématiques,
Thurstone a mis en évidence un facteur très proche de la dépendance-
indépendance à l'égard du champ, la souplesse de structuration
(flexibility of closure) dont il pressentait bien la grande généralité. Bien
que l'œuvre de Thurstone ait eu dans ce domaine des prolongements,
avec Pemberton et Guilford notamment, c'est hors du domaine classique
de la psychologie différentielle que se sont développés les travaux sur
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les styles cognitifs. Il est vraisemblable que Binet et Thurstone ont


été victimes de leurs succès psychométriques.
Les études sur les styles cognitifs ont connu une grande extension
à partir du début des années 50, essentiellement chez des psychologues
expérimentalistes étudiant les mécanismes de la perception. Dans la
perspective du new-look on est alors amené à étudier systématiquement
l'influence des attitudes et des motivations sur la perception, travaux
qui conduisent à l'étude du rôle de la personnalité et à l'adoption
d'une perspective différentielle. Cette évolution avait été annoncée par
Fraisse dès 1949. Pour Klein par exemple (1954), qui développe les
positions de la psychologie du moi, entre la perception et les besoins
s'insèrent des structures médiatrices et régulatrices de nature cognitive :
les contrôles cognitifs dont l'ensemble constitue le style cognitif de
l'individu. Les travaux de Witkin, dont nous allons bientôt retracer
la genèse, se situent à l'origine dans un cadre théorique général différent,
celui de la psychologie de la forme.
De 1954 à 1972 on a recensé (Witkin et al., 1973 a), avec des critères
pourtant sélectifs, 1 700 références sur la dépendance-indépendance à
l'égard du champ. Le rythme de progression des publications est
quasiment géométrique : deux fois plus de publications en 1971 qu'en 1966,
et quatre fois plus qu'en 1962. Nous ne viserons donc aucune exhaus-
tivité. Nous chercherons cependant, en examinant la littérature
depuis 1962, date de la publication de l'ouvrage de synthèse de Witkin
et al., Psychological Différenciation, à ne pas omettre de courants de
recherches importants, et à signaler les principaux problèmes en
discussion. Nous ne parlerons pas ici des relations entre la dépendance-
indépendance à l'égard du champ et les autres styles cognitifs.
Après un court paragraphe historique, nous aborderons
successivement les problèmes de la mesure, de la stabilité et de l'évolution
de la dimension. Ensuite, on examinera les liens de la dépendance-
indépendance à l'égard du champ avec diverses manifestations
physiologiques, avec d'autres fonctions cognitives, et avec des aspects non
cognitifs de la personnalité. On terminera par un examen des hypothèses
relatives à l'origine des différences individuelles.

I. — GENÈSE DES TRAVAUXDE WITKIN JUSQU'EN 1962 :


DE LA PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE DE LA PERCEPTION
A LA PSYCHOLOGIE DIFFÉRENTIELLE
DE LA PERSONNALITÉ

Witkin, dans les années 40, s'intéresse à la perception de la verticale.


C'est un vieux problème (l'effet Aubert a été mis en évidence en 1860)
réactivé par le développement de l'aviation. Reprenant les travaux de
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Wertheimer, Witkin se propose de rechercher les contributions


respectives des indices visuels et kinesthésiques dans la perception de la
verticale. Il s'agit bien là d'un problème de psychologie générale.
Les dispositifs expérimentaux utilisés visent à dissocier les deux
types d'indices associés dans la vie quotidienne. Deux situations seront
très fréquemment utilisées par la suite : l'épreuve de la pièce et de
la chaise inclinables (Tilting- Room - Tilting-Chair - test : TRTGT) et
celle, la plus connue, de la baguette et du cadre (Rod and Frame Test :
RFT). Dans le TRTCT, le sujet est assis sur une chaise inclinée dans
une pièce inclinée également. Il doit amener son corps à la verticale.
Le sujet utilisant uniquement des indices visuels placera son corps
parallèlement aux « verticales » de la pièce ; celui n'utilisant que des
indices posturaux placera son corps sur la verticale vraie. L'écart à
cette verticale sera une mesure des influences respectives des deux
types d'indices. On peut également demander au sujet d'orienter la
pièce à la verticale, son corps restant incliné. Comme dans toutes les
épreuves de ce genre on utilise une série d'items afin de varier le sens
de l'inclinaison du sujet ou du champ (ici la pièce). Dans le RFT initial,
le sujet, lui-même incliné dans la plupart des items, doit ajuster à la
verticale une baguette lumineuse. L'obscurité supprime les repères
visuels et la baguette est située à l'intérieur d'un cadre lumineux
incliné. Si le sujet utilise uniquement des indices posturaux son
ajustement sera exact ; par contre l'utilisation des repères visuels, comme
dans la situation précédente, entraînera des erreurs. Dans une troisième
situation, peu utilisée après 1954, l'épreuve de la pièce tournante, le
sujet et la pièce restent verticaux mais tournent autour d'un axe
vertical dans un plan horizontal. Le sujet doit ajuster son corps ou
la pièce à la verticale. Ici, de par l'existence d'une force centrifuge,
les plus grandes erreurs sont faites par les sujets qui utilisent préfé-
rentiellement les indices posturaux.
Les résultats des mesures d'erreur d'ajustement montrent que les
deux types d'indices sont utilisés et que, en moyenne, les indices visuels
sont dominants. Mais le phénomène le plus frappant, inattendu
(Witkin, 1959), est l'ampleur des différences individuelles. Elles sont
telles, dit Witkin, qu'il n'est pas possible de donner une réponse générale
qui serait valable pour tous les membres du groupe expérimental. Les
sujets se situent, quant à l'orientation spatiale, sur une dimension
continue « postural-visuel » dont les pôles se définissent ainsi : verticale
déterminée par les informations en provenance du corps (ou
indépendamment du champ visuel) et verticale déterminée par les informations
en provenance du champ visuel. On constate que les différences
individuelles sont stables et que les filles sont plus dépendantes du champ
visuel que les garçons, ce qui laisse à penser que les différences dans
l'orientation spatiale pourraient être associées à des différences de
personnalité.
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Les nouvelles recherches sont alors orientées vers une psychologie


différentielle de la personnalité et leur synthèse sera publiée en 1954
dans l'ouvrage Personality through Perception (Witkin et al.). Les
différences individuelles dans l'ajustement de la verticale sont associées à
des différences dans beaucoup d'autres épreuves perceptives, et
notamment à des différences dans la capacité d'analyse des figures embrouillées
[Embedded Figures Tests : EFT) très proches de celles de Gottschaldt
(1926). Rappelons qu'il s'agit dans ce type d'épreuve de découvrir un
élément simple dans un dessin complexe. Par la suite les EFT seront
utilisées conjointement au RFT et au TRTCT pour définir une dimension
plus large que l'orientation spatiale : la dépendance-indépendance à
Végard du champ. L'indépendance à l'égard du champ est la capacité
à isoler un élément dans un champ : l'élément peut être le corps dans
le TRTCT, le bâton dans le RFT ou un dessin géométrique dans les EFT.
Cette dimension est proche de dimensions mises en évidence par ailleurs.
Nous avons déjà cité la souplesse de structuration de Thurstone. Les
figures de Gottschaldt, modifiées par Thurstone, étaient fortement
saturées dans ce facteur, mais pas au point cependant d'en être considérées
comme un indicateur. Ajoutons le facteur plasticité de Meili (1946),
le facteur de décontextualisation spatiale (Poddel et Phillips, 1959),
le facteur de flexibilité adaptative de Guilford.
Dans les travaux publiés en 1954 on recherchait les corrélations
entre les épreuves perceptives et des échelles construites à partir des
protocoles d'entretiens ou de tests projectifs visant à évaluer les relations
avec l'environnement (passivité-activité), la puissance et le contrôle des
pulsions, l'évaluation de soi. Par la suite, et notamment dans
Psychological Différenciation (Witkin et al., 1962), on assiste simultanément
à une extension des domaines explorés en liaison avec la perception
et à un nouvel élargissement de la dimension. C'est alors qu'est présenté
le cadre théorique qui continue à inspirer la plupart des recherches :
une conception générale de la différenciation et de l'intégration
hiérarchique inspirée des travaux de Lewin et Werner. Un système
psychologique hautement différencié possède des sous-systèmes nombreux et
spécialisés : il se caractérise par son degré de différenciation et la
complexité et l'efficacité des intégrations possibles ; l'efficacité, en
termes d'adaptation, n'est pas fonction du degré de différenciation. Le
niveau général de différenciation permet de rendre compte de la
cohérence entre les diverses conduites. Ce modèle se propose donc d'expliquer
les différences individuelles bien qu'il soit conçu d'abord pour éclairer
les différences de développement. Aussi peut-on se demander si, en
fait, il ne réduit pas les premières aux secondes, ou si, en d'autres
termes, il ne véhicule pas une conception unidimensionnelle du
développement, conception qui n'était d'ailleurs pas celle de Werner. Le
caractère formel et dynamique de la notion de différenciation la rend
particulièrement heuristique. A partir d'elle l'équipe de Witkin a dérivé
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plusieurs concepts qui se sont révélés féconds : le degré d'articulation


du schéma corporel, le sens de l'identité séparée (il s'agit de la conscience
de ses propres besoins, sentiments et attributs, et de leur identification
comme distincts des besoins, sentiments, et attributs des autres), la
structuration et la spécialisation des mécanismes de défenses.
L'élargissement constant de la dimension initiale a été décrit notamment
par Witkin (1959) et Faterson (1962).
La dimension étudiée peut être envisagée à plusieurs niveaux
hiérarchisés, de généralité variable selon le caractère plus ou moins étendu
des secteurs considérés. Les dénominations de ces niveaux sont
présentées dans le tableau I (d'après Witkin et al, 1962 ; Witkin, 1965).

Tableau I
Organisation Autres
! Résolution de aspects
Orientation Per- i de de la
spatiale ceptioni problèmes l'information personnalité
Visuel-
postural

Style Dépendance-
perceptif indépendance
à l'égard du champ
Style cognitif Global-analytique
Style cognitif Global-articulé (analytique et structuré)
Style de Degré de différenciation
personnalité

II. — LES INDICATEURS LES PLUS FRÉQUEMMENT UTILISÉS


ET LE PROBLÈME DE LEUR COHÉRENCE

l'épreuve de la baguette et du cadre


Le RFT et les EFT sont les indicateurs les plus fréquemment
employés. Dans la plupart des recherches on a substitué au RFT-Witkin
des instruments portables moins coûteux, ne nécessitant pas l'obscurité
et pouvant donc être facilement utilisés avec des malades mentaux et
de jeunes enfants. Ces épreuves sont validées à l'aide de l'instrument
original de Witkin. Les coefficients de validité sont en général
satisfaisants : .89 (Oltman, 1968), .74 (Morris, 1967) ; .77 (Kato, 1965 b),
.46 (Vaught, 1969), puis .87 et .70 pour le même appareil après
amélioration (Irving, Anderson, 1971). Le RFT de Oltman, qui n'implique
pas l'inclinaison du corps, est le plus utilisé.
L'utilisation du RFT pose divers problèmes méthodologiques qui
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peuvent affecter la validité des mesures. Deux revues ont été consacrées
à ces problèmes : Lester (1968), Bergman et Bergman (1973). Outre les
questions de standardisation, on cherche à préciser le rôle de la position
de départ de la baguette, de l'inclinaison du corps, et des consignes. Les
effets de la position de départ de la baguette sont relativement peu
importants comparés à ceux de l'inclinaison du corps (Bergman et
Bergman, 1973). Elle a pour conséquence un déplacement plus ou moins
important de la verticale subjective en direction du corps pour les fortes
inclinaisons (effet Aubert), dans la direction opposée pour les
inclinaisons modérées (effet E-Muller). On considère à l'heure actuelle qu'il est
préférable d'éliminer cette source de variation. La représentation de la
tâche induite par la consigne peut avoir un effet sur la performance.
Par contre, des consignes orientant l'attention du sujet vers le cadre ou
vers le corps ne semblent pas avoir d'effet (Oison et al., 1965). Signalons
parmi d'autres sources d'erreurs l'écart entre la verticale vraie et la
verticale subjective en l'absence d'inclinaison du corps ; le niveau
d'éclairage ; la vitesse de rotation de la baguette (G. M. Long, 1973) ;
la durée d'exposition (Hayes et Venables, 1974) ; la définition de la
verticale vraie (Lester, 1968).
Le plus souvent on ne tient pas compte du sens de l'erreur, le score
est la somme des valeurs absolues des écarts à la verticale à chaque
item. Il existe cependant des différences individuelles stables dans le
sens de l'erreur pour des positions relatives données du corps et du
cadre. Elles ont été interprétées comme des attitudes de réponse sans
rapport avec la dépendance à l'égard du champ (Cabe, 1968 ; Hellkamp,
1968) ou en liaison plus directe avec elle. Benfari et Vitale (1965)
utilisent le sens de l'erreur pour distinguer des sujets orientés vers le corps
ou orientés vers le cadre ; mais on n'a pas observé de liaison entre le
sens de l'erreur et la dépendance à l'égard du champ, c'est-à-dire
l'importance de l'erreur (Barret et Thornton, 1967). Plus récemment,
Dershowitz (1973) a interprété le sens de l'erreur (dans le TRTCT) en
termes d'inhibition et de rigidité.

LES FIGURES EMBROUILLÉES

Les figures embrouillées de Witkin sont celles de Gottschaldt


auxquelles on a ajouté de la couleur afin de structurer plus fortement les
dessins (Witkin, 1950). L'application est individuelle et le score est le
temps nécessaire à la découverte des éléments simples. Le sujet dispose
de 5 mn pour chaque item. Difficile, cette épreuve n'était guère utilisable
en deçà de 10 ans, aussi, sur le même principe, a-t-on établi des épreuves
possédant de bonnes qualités métrologiques et utilisables à partir de
5 ans (Goodenough et Eagle, 1963 ; Karp et Konsdadt, 1963 ; Dreyer
et al., 1969), voire même à partir de 3 ans (Banta cité par Witkin, 1967).
Une version adulte abrégée — 12 items au lieu de 24 et 3 mn seulement
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par item — corrèle à plus de .95 avec l'épreuve originale (Jackson, 1956).
Des études internes conduites dans la perspective du diagnostic clinique
des lésions cérébrales ont fait apparaître trois sortes d'items à partir des
propriétés du dessin complexe : bonne forme, asymétrie, tridimension-
nalité (Gordon et Tikofski, 1961).
Il existe de très nombreuses formes d'EFT, la plupart d'application
collective. En France, une épreuve de ce type a été mise au point par
Château (1959). Les corrélations peuvent être très faibles entre ces
épreuves et avec les EFT-Witkin : de .35 à .99 dans un sondage réalisé
sur 24 corrélations (Arbuthnot, 1972), .25 parfois (Eisner et Williams,
1973) — soit 6 % de variance commune. Toutes les épreuves de figures
cachées ne peuvent être considérées comme des indicateurs de
dépendance du champ. Il suffît souvent d'une analyse sommaire pour montrer
que des épreuves différentes ne mettent pas en jeu les mêmes processus
psychologiques et ne sont pas affectées de biais identiques. Comparons
par exemple les EFT-Witkin et les figures cachées de Thurstone (French,
1963) souvent considérées à tort comme des indicateurs interchangeables.
A la différence des EFT-Witkin, l'épreuve de Thurstone ne met pas en
œuvre la mémorisation et la représentation de l'élément à découvrir
puisque celui-ci est toujours présent. Par contre elle fait appel à des
processus de décision et peut donner lieu à des stratégies d'exploration
élaborées car on présente simultanément plusieurs dessins complexes
et plusieurs éléments. Appliquée collectivement, elle sera beaucoup plus
sensible aux différences d'anxiété et de motivation des sujets. Jackson
et al. (1964) ont étudié systématiquement le rôle des diverses
caractéristiques des EFT en calculant des corrélations entre des formes ne
différant que par un caractère :
.85 (g) et .75 (/) entre les EFT-Witkin avec et sans couleur ;
.72 entre l'application collective et l'application individuelle ;
.50 entre deux épreuves se distinguant par la présence simultanée ou
non de l'élément à découvrir.
La mémorisation de cet élément et l'impossibilité de procéder à des
translations visuelles sont donc des caractéristiques importantes de
l'épreuve.
La dimension dépendance-indépendance à l'égard du champ étant
très large, elle peut, en principe, être repérée par des indicateurs variés.
On utilise assez fréquemment le dessin du bonhomme, une grille
d'analyse permet le calcul d'un score d'articulation (Witkin et al, 1962), et
les cubes de Wechsler. Gardner, qui interprète la dimension en termes de
sélectivité de l'attention, définit l'articulation du champ entre autres
par la force de l'illusion dans les cercles concentriques de Delbœuf
(Gardner et Moriaty, 1968).
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LA LIAISON ENTRE LES INDICATEURS FONDAMENTAUX


Witkin et ses collaborateurs ont étudié la cohérence des indicateurs
fondamentaux et la jugent satisfaisante quels que soient les groupes
étudiés : groupes d'adultes normaux, d'adultes malades, d'enfants et de
jeunes de 8 à 21 ans (Witkin et al., 1962 ; Witkin et al, 1967). On a
observé qu'une bonne cohérence existait déjà à 5 ans (Dreyer et al., 1971).
Cependant, d'assez nombreux auteurs contestent la réalité de cette
cohérence. Considérons par exemple une des nombreuses tables de
corrélations obtenues par Witkin (tableau II). En réservant le cas des filles
on peut s'interroger sur la force de ces corrélations. Elles sont assez
éloignées de la fidélité des épreuves qui est excellente et la fraction de
variance commune n'est jamais supérieure à 40 %. Par contre, on peut
noter que les corrélations obtenues sont approximativement du même
ordre de grandeur que celles, pas très fortes non plus, observées entre les
séries d'items d'une même épreuve, le RFT par exemple (tableau III).

Tableau II

BAT RAT RFT EFT

BAT .28** .43** .54**


RAT .37** .56**
.31
.39** .44** .64**
RFT
EFT .58** .25 .21

Corrélations obtenues sur des groupes d'étudiant8 (au-dessus de la


diagonale) et d'étudiantes (au-dessous de la diagonale) d'effectif variable mais
toujours supérieur à 51.
BAT : Ajustement à la verticale du corps dans TRTCT.
RAT : Ajustement à la verticale de la pièce dans TRTGT.
Les corrélations marquées** sont significatives à .01 (d'après Witkin
et al., 1962). (L'ajustement de la pièce à la verticale, à partir de
considérations relatives aux intercorrélations et à l'analyse de la tâche, n'est plus
considéré comme un indicateur de dépendance du champ.)

Tableau 111

a b c

a . . .59 .53
b . . .47 .52
c . . .56 .48

Corrélations entre les trois séries du RFT : a : le sujet est incliné dans
le sens du cadre, b : le sujet est incliné dans le sens opposé au cadre,
c : le sujet n'est pas incliné. Les filles sont au-dessous de la diagonale, les
garçons au-dessus (d'après Witkin et al., 1954).
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Dans la quasi-totalité des cas, les corrélations observées sont


nettement plus faibles que celles présentées par Witkin, et bien souvent les
indices de cohérence obtenus ne sont manifestement pas satisfaisants.
Dans beaucoup de travaux la proportion de variance commune aux
EFT et aux RFT est inférieure à 20 % (par exemple : Gardner et al.,
1960 ; Elliot, 1961 ; Pressey, 1967 ; Haronian et Sugerman, 1966 ;
Gruenfeld et Arbuthnot, 1969 ; Adevaï et al., 1968 b). Arbuthnot (1972)
note que la moyenne de 21 corrélations entre le RFT (Witkin ou Oltman)
et les EFT-Witkin est .54. En utilisant des formes d'EFT abrégées la
moyenne des corrélations examinées (19 corrélations) est inférieure
à .40. Toutes ces corrélations sont très dispersées. Les corrélations
obtenues avec d'autres couples d'indicateurs sont encore plus faibles.
Notons cependant, bien que ce résultat ne soit quasiment jamais pris en
compte dans les discussions, que les indices calculés sous-estiment la
liaison RFT-EFT dans la mesure où ils ne tiennent pas compte de son
caractère curvilinéaire. Barret et al. (1968 b) obtiennent une corrélation de .30
entre les deux variables, corrélation qui passe à .60 après transformation
des scores aux EFT en leur inverse. L'homogénéité des groupes étudiés est
également un facteur qui contribue à l'abaissement des corrélations.
Par ailleurs les patterns de corrélation entre le RFT, d'une part,
les EFT, d'autre part, et d'autres variables sont souvent différents, ce
qui peut être l'indice d'une parenté seulement lointaine entre les
indicateurs. C'est ainsi par exemple qu'en général les EFT corrèlent plus
fortement avec des épreuves d'intelligence et d'aptitudes que le RFT
(Elliot, 1961 ; Goodenough et Karp, 1961 ; Haronian et Sugerman, 1966 ;
Handel, 1973). Nous verrons par la suite beaucoup d'exemples de ce type.
L'étude des mouvements oculaires permettra vraisemblablement de
préciser les modalités d'activité perceptive dans chaque épreuve. Aux
EFT des différences notables entre sujets indépendants et dépendants
du champ ont été dégagées : chez les sujets indépendants il y a
davantage de passages de l'élément simple (lorsqu'il est présent) à la figure
complexe ; les distances entre les points de fixation sont plus longues,
du moins lorsque la figure complexe est relativement peu structurée ;
et surtout la durée consacrée aux parties de la figure riches en
information (angles, croisements de lignes...) est plus longue (Concklin et al.,
1968 ; Boersma et al., 1969). Notons que les différences entre les sexes ne
se situent pas à ce niveau. Au RFT par contre les liens entre les
stratégies oculaires et la performance sont loin d'être évidents.
J. Silverman (1970) a présenté une conception générale de l'attention
rendant compte des différences entre EFT et RFT. A partir des travaux
factoriels l'attention est définie par trois grandes dimensions
indépendantes (Gaines et al. , 1973) : le contrôle de l'intensité des stimuli, l'étendue
de l'échantillonnage des éléments dans le champ et la sélectivité. Dans
la sélectivité il y a lieu de distinguer deux facteurs (Messick et Fritzky,
1963) : la sensibilité aux interférences et la capacité à percevoir selon un
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mode plus ou moins analytique. Ces deux facteurs sont associés dans
le RFT tandis que seul le premier est présent dans les EFT. Cette
distinction est à rapprocher de celle proposée par Gardner sur la base
de résultats expérimentaux et distinguant l'étendue de l'attention de son
caractère proprement sélectif (Gardner et Long, 1962).
Les corrélations entre indicateurs dépendent des échantillons de
sujets utilisés. Dans le tableau II on remarque, résultat bien acquis,
que la corrélation RFT-EFT est beaucoup plus faible pour les filles que
pour les garçons. Dans des populations africaines adultes urbaines et
rurales (au Nigeria) ou enfantines (Zambie), la corrélation RFT-EFT
est quasiment nulle (Wober, 1966, 1967 ; Okonji, 1969 ; Siann, 1972),
de même que chez les danseurs professionnels (Gruen, 1955).
Wallach (1962) souligne l'intérêt que peut présenter l'examen de groupes
définis par des variables modératrices de ce type pour l'analyse des
déterminants de la conduite dans le RFT et les EFT. On a ainsi souligné
le manque de pertinence des indices visuels, relativement aux indices
posturaux, dans les cultures africaines mettant l'accent sur l'expression
corporelle ou chez les sujets ayant reçu une formation spéciale dans ce
domaine. Andrieux (1955) a montré par ailleurs que les indices
posturaux étaient aussi fidèles chez les hommes et chez les femmes mais que
ces dernières les utilisaient moins spontanément. Ces recherches, nous
semble-t-il, ne mettent pas en cause l'existence de la dimension mais
mettent l'accent sur la difficulté de trouver des indicateurs universels.
La faiblesse des corrélations entre EFT et RFT et la dissemblance
des patterns de corrélations entre chacune des variables et d'autres ont
conduit à la mise en cause de l'interprétation de la dimension proposée
par Witkin. Pour certains (Zigler, 1963 ; Vernon, 1972, par exemple)
c'est simplement un facteur général d'aptitude qui rend compte de la
liaison modérée entre les deux variables. Pour d'autres (Elliot, 1961),
les individus se différencient surtout dans les épreuves considérées par
des réactions de nature affective : ils réagissent brusquement (with
disruption) et inefficacement à une situation bizarre et peu structurée.
Nous reprendrons ces problèmes d'interprétation de la dimension.
En conclusion, soulignons l'importance du choix des indicateurs et
la nécessité d'utiliser ceux définis par Witkin. Ces indicateurs n'étant
manifestement pas purs, il est nécessaire, lorsqu'on ne s'intéresse pas à
des sous-dimensions, d'en utiliser plusieurs afin de neutraliser, dans une
certaine mesure, les sources de variance extérieures à la dimension
étudiée, ce qui, en d'autres termes, revient à souligner la distinction
entre le test et le construct (Wachtel, 1972). Dans l'étude des corrélations
entre la dépendance à l'égard du champ et d'autres variables, il y aura
lieu de combiner les indicateurs en un indice global, ou d'utiliser
l'analyse factorielle (on recherche alors les saturations des variables dans le
facteur défini par les indicateurs), ou encore, comme le recommandent
Thornton et Barrett (1967 a), les techniques de régression multiple.
208 REVUES CRITIQUES

III. — STABILITÉ ET ÉVOLUTION


DE LA DIMENSION AVEC L'ÂGE

STABILITÉ DE LA DIMENSION
a) Stabilité test-retest
Les coefficients de stabilité test-retest sont élevés et atteignent très
fréquemment .80 ou plus pour le RFT, que l'intervalle entre le test
et le retest soit de quelques jours ou de plusieurs années (Kato, 1965 b ;
Adevaï et McGouh, 1968). Ils sont souvent un peu moins bons pour les
EFT plus sensibles aux effets différentiels d'apprentissage et de ce fait
guère utilisables dans les études longitudinales. La stabilité de ces
épreuves a tendance à augmenter avec l'âge : Witkin et al. (1967), au
cours de deux études longitudinales, ont obtenu les coefficients
reproduits au tableau IV :
Tableau IV

13 ans 14 ans 17 ans 24 ans


Sexe r N r N r N r N

8 ans M le, 26
F .48 21
10 ans M 71 27 .72 27 .66 27
F .81 24 .62 24
14 ans M .92 27 .84 97
F .76 24
17 ans M .90 27
F

Coefficients de stabilité pour le RFT (tous les coefficients sont


significatifs à .01 à l'exception de .48, significatif à .05) (Witkin et al., 1967).

b) Effet des drogues


L'injection de barbituriques et d'amphétamines a conduit à des
résultats contradictoires : pas d'effets sur la performance au RFT pour
Franks (1956), une augmentation de la dépendance appréciée par les EFT
avec les barbituriques et une diminution avec les amphétamines pour
Callaway (1959). Les tranquillisants et anti-dépresseurs semblent être
sans effet sur les scores au RFT (Pollack et al, cités par Witkin et al.,
1962). On a, par contre, mis en évidence un effet net et prolongé du
L.S.D. -25 ou de la mescaline, associé à des réunions de groupes, sur le
temps nécessaire à la résolution des EFT : le temps nécessaire à la
résolution des problèmes étant en moyenne diminué de moitié (Harman et al.,
1966). Broverman et al. (1968), dans un examen détaillé de la littéra-
M. HUTEAU 209

ture psychopharmacologique, surtout centré sur l'animal, ont vérifié


que les drogues activatrices qui stimulent le système adrénergique
(l'épinéphrine, la caféine, les amphétamines, les acides glutamiques) ou
inhibent le système cholinergique (l'atropine notamment) entraînent
une amélioration des performances dans les épreuves perceptivo-
motrices et, au contraire, une réduction des performances dans les
épreuves de restructuration perceptive. Les drogues inhibitrices ayant sur
les systèmes adrénergique et cholinergique des effets inverses des
précédents entraînent au contraire une diminution des performances dans les
épreuves perceptivo-motrices et une amélioration dans les épreuves de
restructuration spatiale. Ces résultats, contradictoires avec ceux de
Franks et Pollack, sont cependant ambigus pour notre propos, bien que
les auteurs leur donnent une grande généralité, dans la mesure où la
définition des épreuves de restructuration spatiale est souvent très
éloignée de ce qu'on entend par dépendance-indépendance à l'égard du
champ. On a noté par ailleurs (Dinnerstein, 1968) que la marijuana,
dont les effets sont adrénergiques, rendait plus dépendant du champ.
L'absorption d'alcool tend à rendre les sujets plus dépendants du
champ (Kristofîerson, 1968). Mais cet effet, surtout sensible sur les EFT,
est attribuable bien davantage à une réduction des possibilités de
concentration qu'à une modification des capacités perceptives (Karp et al.,
1965 b).
c) La privation sensorielle
Les privations sensorielles réduisent les erreurs au RFT (Kurie et
Mordkoff, 1970 ; Jacobson, 1966 ; Jacobson, 1968). Cette réduction de la
dépendance du champ, observée chez des sujets normaux et des sujets
alcooliques, avec des durées de privation d'une heure, est loin d'être
négligeable : de l'ordre de 25 %. Astrup, 1967 (cité par Jacobson, 1968)
note également une réduction de la dépendance du champ chez les
mineurs après 2 h 30 mn de travail. Le bruit continu de la mine et la
pauvreté de l'environnement visuel rapprochent, dans une certaine
mesure, cette situation des expériences de privation sensorielle. La
privation sensorielle semble agir en contraignant le sujet à orienter son
attention vers son activité somatique. Elle est sans effet sur les EFT,
ce qui souligne une nouvelle fois l'absence de parallélisme entre les deux
épreuves (Witkin et al., 1962 ; Kurie et Mordkoff, 1970). La réduction
des erreurs est encore plus marquée si on remplace la privation
sensorielle par des exercices de concentration somatique, les sujets étant par
exemple invités à se concentrer sur leur peau et leur musculature
(Klepper, 1969 ; Kurie et Mordkoff, 1970). On peut interpréter de la
même manière la réduction des erreurs (30 %) observée après quelques
rotations rapides du sujet (Wolf, 1965). Ces résultats posent un problème
dans la mesure où ils peuvent conduire à une interprétation des
différences individuelles en termes de sensibilité corporelle, hypothèse rejetée
210 REVUES CRITIQUES

par Witkin et al. (1962), et non en termes de capacité à maîtriser un


contexte ambigu. Cependant une telle remise en cause ne semble pas
nécessaire. Comme ils sont obtenus uniquement avec le RFT, ces
résultats peuvent très bien ne manifester que l'impureté de cette mesure de
dépendance du champ.

d) Les apprentissages
L'importance des effets d'apprentissage est très connue dans les EFT.
Cet apprentissage se manifeste au cours même de l'épreuve, la fréquence
de réussite d'un item variant selon sa position dans la série (Boersma,
1968).
Les performances au RFT s'améliorent au fur et à mesure que l'on
répète l'épreuve. Cette amélioration est cependant assez lente, avec une
grande variabilité inter-individuelle (fig. 1). Lorsque l'apprentissage est
massé, ses effets se stabilisent plus rapidement (Oison et al, 1965). Les
explications verbales sur la nature de la tâche sont sans effet tandis que
la simple connaissance des résultats conduit à un apprentissage rapide
qui disparaît également rapidement (Elliot et McMichel, 1963). L'utili-

T.W.

A.N.

1 23456789 10
Essais

-2

Fig. 1. — Courbes individuelles d'apprentissage


au RFT pour 3 sujets
Chaque essai est composé de deux séries de 8 mesures. L'erreur moyenne
pour chaque série est représentée à chaque essai. Dans une série (ligne
continue), tête et cadre sont inclinés à droite, dans l'autre (ligne pointillée)
la tête est inclinée à droite et le cadre à gauche. L'erreur moyenne, mesurée
en degrés, est négative lorsque le sujet place la baguette à gauche de la vraie
verticale. Dans une série, l'effet Aubert et l'effet de champ sont de même
sens, ils sont de sens opposé dans l'autre, d'où la dissymétrie des courbes.
Tous les essais se déroulent dans la même journée, à 45 mn d'intervalle
(Kato, 1965 a).
M. HUTEAU 211

sation des procédures de renforcement skinnériennes réduit ou


augmente rapidement, selon que l'on renforce les bonnes ou les mauvaises
réponses, l'ampleur des erreurs. Ces effets sont encore notables un mois
après les séances d'apprentissage (McAllister, 1970 ; Small, 1973). Les
corrélations test-avant apprentissage - retest-après apprentissage sont
élevées.
Il est évidemment important de savoir si ces apprentissages
concernent des techniques spécifiques caractéristiques de l'épreuve ou s'ils
entraînent une modification des capacités perceptives plus générale, ce
qui mettrait une nouvelle fois en cause l'existence de la dimension. Les
études sur les transferts d'apprentissage permettent de répondre à cette
question. Witkin et al. (1962) ont montré que les progrès réalisés au
TRTCT ne se transféraient pas au RFT. Par ailleurs des apprentissages
non centrés directement sur le RFT ou les EFT, mais en rapport avec
les capacités perceptives, comme certaines formations professionnelles,
ne semblent pas modifier les performances : si les étudiants en
architecture sont plus indépendants du champ que d'autres étudiants, ils ne
le deviennent pas davantage au cours de leurs études (Peterson et al.,
1973).

ÉVOLUTION AVEC L'ÂGE

La dépendance à l'égard du champ diminue avec l'âge jusque vers


17 ans pour atteindre un palier comme le montrent les études
longitudinales (fig. 2). L'augmentation de dépendance parfois observée au cours
de l'adolescence correspond à des biais dans l'échantillonnage des groupes
transversaux (Witkin et al., 1967). Une évolution de même type a été
observée en utilisant le dessin du bonhomme comme indicateur (Faterson
et Witkin, 1970). Cette évolution commence très tôt, certainement
avant 4-5 ans, âge à partir duquel on dispose de résultats (Goodenough
et Eagle, 1963). Bien que cela n'apparaisse pas sur les courbes de
développement, elle n'est pas continue. Dans le cadre de l'étude génétique
de l'organisation perceptive, conduite, le plus souvent, à l'aide de
figures embrouillées, Vurpillot (1972) souligne l'importance de la période
5-8 ans. On dépasse alors un niveau primaire d'organisation où les unités
perceptives sont déterminées strictement par les lois d'organisation pour
atteindre un niveau secondaire caractérisé entre autres par la possibilité
d'articuler plusieurs champs de centration. Cette évolution n'est pas
indépendante de l'acquisition de nouveaux moyens intellectuels.
Cependant, comme le notent Kagan et Kogan (1970), la perspective génétique,
qui met l'accent sur les discontinuités du développement, et la
perspective différentielle ne sont pas coordonnées. L'immense majorité des
travaux différentiels porte d'ailleurs sur des grands enfants et des
adolescents.
Chez les personnes âgées, exemptes d'atteinte cérébrale, on assiste à
212 REVUES CRITIQUES

Garçons O O Garçons O O
Filles 0--0 180 Filles O.--O
.O) 150
par
120
c 90
o
S 60 O---O-"
<n 30
1
i i i i i 1 1 t 1 1 1 1 0 I I I I I I I I I I II
8 10 12 14 16 18 20 10 12 14 16 18 20
a) Ajustement du corps dans le TRTGT c) RFT (groupes transversaux)
(données transversales)

24
8-13 ans Garçons 0---0
8-13 ans Filles o o
18 10-24 ans Garçons o Q
""O.. 10-24 ans Filles o---o

l i i i i i i i i i i i i I i i
8 10 12 14 16 18 20 22 8 10 12 14 16 18 20 22 24
b) EFT (groupes transversaux) d) RFT (données longitudinales)
Fig. 2. — Courbes de développement
pour les principaux indicateurs de dépendance du champ
(les âges sont portés en abscisse)
(Witkin el al., 1967)

une augmentation considérable de la dépendance à l'égard du champ, à


tel point que l'on est amené à utiliser les épreuves prévues pour les
jeunes enfants (Schwartz et Karp, 1967 ; Markus et Nielsen, 1973 ;
Axelrod et Cohen, 1961). La dépendance est beaucoup moins marquée
chez les personnes encore en activité et semble ne pas augmenter après
70-80 ans (Karp, 1967). Mais ces constats peuvent très bien s'expliquer
uniquement par des effets de sélection et de plafond.

IV. — LES CORRËLATS PHYSIOLOGIQUES

MODALITÉS SENSORIELLES
La dimension dépendance-indépendance à l'égard du champ ne
caractérise pas seulement le domaine visuel. Les épreuves d'orientation
spatiale comme le TRTGT ou le RFT mettent en jeu également les
sensibilités kinesthésique, labyrinthique, viscérale et cutanée. On a observé
de fortes corrélations, .78 et .63 respectivement, entre les EFT visuelles
et des EFT tactiles (Axelrod et Cohen, 1961) et entre les EFT visuelles
M. HUTEAU 213

et des équivalents auditifs dans lesquels il s'agissait de reconnaître une


mélodie simple et courte dans une mélodie plus complexe (White, 1953).
Des variations dans les caractéristiques périphériques du système
visuel comme la phorie ou la stéréopsie sont sans incidence sur les scores
au RFT ou aux EFT (Barrett et al. , 1967, 1968 a), par contre les aniso-
métropes sont plus fréquemment dépendants du champ au RFT (Culver,
1967). Si les capacités de discrimination visuelles semblent être sans
lien avec la dépendance à l'égard du champ (Kaswan et al., 1965), il n'en
va pas de même avec la sensibilité cutanée : les sujets indépendants du
champ différencient plus facilement deux points de leur peau touchés
simultanément et identifient plus aisément des lettres tracées sur le dos
de la main ou sur le front (A. J. Silverman et al., 1961). Ils sont plus
sensibles à la douleur (Sweeney et Fine, 1965). Ceci correspond, tout
comme la meilleure latéralisation des sujets indépendants, à une plus
grande différenciation et une meilleure articulation du schéma corporel
(Witkin, 1965 b).

niveau d'éveil, sensibilité du système autonome

Une élévation modérée de la vigilance entraînant une plus grande


focalisation de l'attention aura pour conséquence une diminution de la
dépendance à l'égard du champ. Callaway (1959) avec des injections
d'amphétamine et Oltman (1964) en appliquant un stimulus auditif
intense obtiennent un tel effet. Mais les manipulations expérimentales
de ce type ne conduisent pas toujours à une élévation de la vigilance
appréciée par des indices physiologiques et il n'est donc pas surprenant
alors qu'elles n'aient pas d'effet sur la dépendance à l'égard du champ
(Hayes et Venables, 1970 ; Morf et Howitt, 1970). Ceci explique sans
doute l'échec de certaines tentatives de modification de la dépendance à
l'égard du champ (Vaught et Bremer, 1969) et montre bien la nécessité
d'utiliser des indices physiologiques. Mais ces indices ne sont pas pour
autant univoques. Il y a bien des liaisons entre les modifications de
l'activité a et la dépendance à l'égard du champ évaluée par le RFT,
mais elles ne sont pas de même signe selon que la stimulation qui les
déclenche est visuelle ou auditive : la désynchronisation du rythme a
est plus longue chez les sujets dépendants lorsque le stimulus est auditif,
plus longue chez les sujets indépendants lorsque le stimulus est visuel
(Pillsbury et al, 1967).
On a souvent observé, avec des techniques physiologiques diverses,
un niveau d'éveil plus élevé et une plus grande sensibilité du système
autonome chez les sujets dépendants du champ. Au début des épreuves
d'isolement sensoriel le niveau d'éveil (apprécié par des indices électro-
encéphalographiques, la réaction électrodermale et la fréquence du
rythme cardiaque) est élevé pour tous les sujets. Au cours de l'expérience
il ne reste élevé que pour les sujets dépendants du champ (RFT et
214 REVUES CRITIQUES

dessin du bonhomme) qui sont psychologiquement les plus perturbés


par l'épreuve (Cohen et al., 1963 ; Culver et al., 1964). La privation sociale
en tant que stress a le même effet que la privation sensorielle (Zuckerman,
1968). En situation de détection de mensonge sans stimulation (Block,
1957) et au repos (Hustmyer et Karnes, 1964), on a mis en évidence une
plus grande fréquence des réactions électrodermales spontanées chez les
sujets dépendants du champ aux EFT. Au cours du traitement des
alcooliques, la réduction de dépendance s'accompagne d'une baisse du
niveau moyen d'éveil (Chess et al., 1971). Ces résultats sont compatibles
avec l'interprétation de la dimension proposée, on s'en souvient, par
Elliot (1961). Ils n'invalident pas pour autant l'interprétation
couramment admise.
Les caractéristiques de sujets dépendants que nous venons de
souligner sont fonction des caractéristiques de la situation et dans certains
cas vraisemblablement de sa signification pour le sujet. Un niveau d'éveil
plus élevé et de meilleures capacités discriminatives sont observés chez
les sujets indépendants du champ, quels que soient les indicateurs, dans
les situations d'apprentissage (Hein et al., 1965 ; Courter et al., 1965 ;
Fitzgibbons et Goldberger, 1971). Par ailleurs, les modifications
cardio-vasculaires et électrodermales consécutives à des stimulations
adrénergiques (injection d'insuline et d'épinéphrine) sont plus nettes
chez les sujets indépendants (A. J. Silverman et al., 1967 ; A. J. Sil-
verman et McGough, 1969). Après des injections salines l'élévation du
taux des acides gras sanguins est plus forte chez les sujets indépendants
du champ, l'activité électrodermale est également plus forte (McGough
et al, 1965).
Witkin et Oltman (1967) après avoir examiné des travaux de ce
genre concluent à de moindres possibilités adaptatives chez les sujets
dépendants du champ. Le niveau d'éveil de ces derniers, élevé, n'est pas
différencié en fonction des exigences de la situation comme chez les
sujets plus indépendants du champ, si bien qu'il peut ne pas
correspondre à ces exigences. H. S. Goldstein et al. (1970) apportent des
arguments en faveur d'une telle conception. Examinant les patterns de
réponses physiologiques dans une tâche de détection visuelle ils
constatent d'abord au cours du travail pour tous les sujets une
augmentation de l'activité électrodermale spontanée et une diminution de la
fréquence cardiaque. Au repos, l'activité électrodermale est plus intense
chez les sujets dépendants du champ au RFT. Avec la mise au travail
son élévation est plus rapide pour les sujets indépendants sur lesquels
on observe également une plus grande décélération cardiaque.
Il est difficile d'interpréter la dimension en terme de simple
dominance du système sympathique sur le parasympathique. L'examen
simultané du conditionnement à la couleur de la réponse électrodermale
et de la fréquence cardiaque conduit à penser que chez les sujets
indépendants du champ il y aurait à la fois conditionnement de l'activité
M. HUTEAU 215

sympathique et parasympathique, tandis que chez les sujets dépendants


du champ seule l'activité sympathique serait conditionnée (Hein et al.,
1966).

RAPPORTS AVEC LA TYPOLOGIE PAVLOVIENNE

Comme le suggère une partie des résultats précédents il est possible


d'interpréter la dimension mise en évidence par Witkin à partir des
facteurs de la typologie pavlovienne. Dans un conditionnement à la
couleur de la réaction électrodermale (Hein et al, 1964) (fig. 3), on
renforce seulement une couleur sur 5. Les sujets indépendants du champ
(RFT), qui répondent le plus fortement aux stimuli renforcés, se situent

8
Sujets dépendants du champ (N = 7)

0 Rbuae SuJets indépendants du champ (N =7)


S Bleu
D Blanc
1 Vert
a Jaune

•ADAPTATION I CONDITION! EXTINCTION


NEMENT
Fig. 3. — Amplitudes moyennes, en microhms, des réponses électro-
dermales initiales à la présentation du stimulus coloré (la première réponse
qui apparaît dans un délai compris entre 1,5 et 5 s après la présentation
du stimulus) pour les périodes d'adaptation (20 essais), de conditionnement
proprement dit (10 essais) et d'extinction (20 essais) (Hein et al., 1965).

relativement plus près du pôle « force » de la dimension intensité des


réactions nerveuses que les sujets dépendants.
"L'équilibre entre l'excitation et l'inhibition est moindre chez les
sujets indépendants chez qui, au cours de l'extinction, la différence entre
l'intensité des réponses aux stimuli renforcés et aux stimuli non
renforcés est plus grande que pour les sujets dépendants (fig. 3). Il en va
216 REVUES CRITIQUES

de même dans l'expérience de Courter et al. (1965) où la généralisation


de la réponse conditionnée, dans un conditionnement au son de la réponse
électrodermale, est nettement plus forte chez des sujets sélectionnés pour
leur dépendance à l'égard du champ dans une épreuve de figures cachées.
Loveless (1972) obtient des résultats convergents en calculant de
nombreuses corrélations entre des mesures de style cognitif et des
caractéristiques du conditionnement du réflexe d'orientation représentant la
dimension équilibre des processus nerveux.
Les relations avec la 3e dimension de Pavlov, la mobilité, et la
flexibilité perceptive évaluée notamment par une épreuve de figures cachées,
ont été étudiées par Mangan (1967 a et b). La mobilité est repérée par la
vitesse d'induction et la durée des effets consécutifs à l'arrêt de la spirale
de Plateau. Il y a, pour le deuxième indicateur seulement, une liaison
significative négative entre flexibilité et mobilité. En d'autres termes, la
flexibilité est d'autant plus grande que la trace est peu persistante.
Anderson et Ruuth (1971), utilisant le RFT avec de jeunes enfants,
n'ont pas retrouvé ce résultat.

DOMINANCE CÉRÉBRALE

Les sujets atteints de lésions cérébrales sont en général très


dépendants du champ (Trites, 1969 ; Goldstein et al., 1970, par exemple),
aussi a-t-on cherché à interpréter la dépendance à l'égard du champ en
terme de dysfonctionnement des hémisphères cérébraux. On a d'abord
envisagé un dysfonctionnement de l'hémisphère droit qui joue un rôle
important dans le contrôle des conduites visuo-perceptives (Berent et
A. J. Silverman, 1973) mais cette hypothèse n'a pas été confirmée.
Quelques faits incitent à attribuer un rôle dominant à l'hémisphère
gauche dont la dominance est bien établie pour le langage (Berent,
1974). Les électrochocs appliqués à l'hémisphère gauche ont pour
conséquence une augmentation de la dépendance du champ appréciée par
le RFT chez des sujets dépressifs, appliqués à l'hémisphère droit ils
n'ont pas d'effet (Cohen et al., 1973). On sait par ailleurs que les sujets
dépendants du champ sont plus fréquemment gauchers ou mal
latéralisés (Oltman et Capobianco, 1967 ; Adevaï et al., 1968 b) ; ils ont
plus fréquemment des difficultés de lecture (Stuart, 1967), de moindres
performances dans les apprentissages verbaux (Berent et A. J. Silverman,
1973) et dans les épreuves d'écriture (Berent, 1974). Des travaux sur la
localisation cérébrale de processus en rapport avec la dépendance à
l'égard du champ, à l'aide de méthodes stéréotaxiques, sont en cours
chez l'animal.
Des hypothèses générales ont été présentées afin de rendre compte
de la dépendance-indépendance du champ à partir de processus
neurologiques. Witkin et Oltman (1967) se demandent s'il n'existerait pas
au niveau cortical des interférences isomorphes à celles observées au
M. HUTEAU 217

niveau perceptif. Gardner et Moriaty (1968) font l'hypothèse de


mécanismes en feedback de facilitation-inhibition dans lesquels la formation
réticulée jouerait un rôle prépondérant.

V. — LA DÉPENDANCE-INDÉPENDANCE
A L'ÉGARD DU CHAMP
ET LES AUTRES FONCTIONS COGNITIVES

LA PERCEPTION

Processus perceptif, la dépendance à l'égard du champ a été mise en


rapport avec d'autres processus perceptifs, notamment pour en préciser
la signification (Witkin et al., 1962). Dans l'analyse factorielle de Thur-
stone (1944) le facteur « souplesse de structuration » que nous pouvons,
assez grossièrement, assimiler à la dépendance du champ n'est pas
indépendant de tous les autres facteurs perceptifs. Il entretient même avec
trois d'entre eux des corrélations non négligeables : .38 avec le facteur
de structuration perceptive (speed and strength of closure), .28 avec la
vitesse de perception, .23 avec un facteur sans doute impur de sensibilité
aux illusions.
Les sujets indépendants du champ résistent davantage aux illusions
optico-géométriques (Immergluck, 1968). Pressey (1967) observe des
corrélations de .40-. 50 pour les garçons entre le RFT, les EFT et
l'illusion de Poggendorf qu'il propose de considérer comme un indicateur de
dépendance du champ. Un indice de sensibilité construit à l'aide de
37 illusions corrèle fortement avec les EFT et des variables de
personnalité classiquement associées à la dépendance (McGurk, 1965). Bien
souvent cependant ces liaisons ne sont pas jugées suffisantes pour
assimiler dépendance et sensibilité aux illusions et, à l'instar de Thur-
stone, on continue à parler d'un facteur « sensibilité aux illusions »
(Hettema, 1968, par exemple). D'ailleurs les liens avec la dépendance
du champ ne sont pas valables pour toutes les illusions. Gardner (1961),
s'inspirant sur ce point de Piaget, montre que la sensibilité aux illusions
de type Muller-Lyer est sans lien avec la sensibilité aux illusions de
type T renversé. Seules les premières sont associées à l'articulation du
champ. Les différences individuelles dans les modalités d'exploration
du champ permettraient vraisemblablement d'expliquer la variabilité
dans les secondes.
Le Rorscharch est fréquemment utilisé dans les études de
dépendance du champ : soit comme épreuve objective de structuration et
différenciation perceptives (Poddel et Phillips, 1959, par exemple), soit
comme épreuve projective de personnalité dont on admet implicitement
la validité. Relativement peu d'études utilisent la dépendance à l'égard
218 REVUES CRITIQUES

du champ comme critère de validation des réponses et des scores au


test alors qu'il y a là une voie permettant manifestement l'amélioration
de l'épreuve comme le montrent par exemple les études sur les réponses
« blancs » et sur la résonance intime. Les réponses « blancs » sont un
signe d'indépendance à l'égard du champ, elles traduisent une moindre
prégnance de la figure, qui peut ainsi devenir fond (De Konninck et
Crable-Declève, 1971). Les sujets indépendants du champ ont aussi
davantage la possibilité de contrôler la vitesse d'alternance des figures
de Rubin ou des cubes de Necker (Haronian et Sugerman, 1966). Le
classement selon la dimension introversif-extratensif, qui définit la
résonance intime, à partir du rapport du nombre de réponses «
mouvement » sur le nombre de réponses « couleur », recoupe en partie le
classement indépendants-dépendants du champ aux EFT (Bieri et Masse-
reley, 1957).
APPRENTISSAGE ET MÉMOIRE

Les sujets indépendants du champ ont en général de meilleures


performances quel que soit le type d'apprentissage envisagé :
apprentissages verbaux (Long, 1962 ; Berent et Silverman, 1973), numériques
(Gardner et al., 1960), labyrinthes (Gorman, 1968), anagrammes
(Bloomberg, 1965). L'attitude analytique est le plus souvent avantageuse dans
es apprentissages où il faut éliminer des interférences. Mais la
supériorité des sujets indépendants peut aussi s'expliquer par le fait qu'ils
sont beaucoup plus centrés sur la tâche tandis que les sujets dépendants
du champ sont en quelque sorte distraits par des stimuli périphériques,
notamment de nature sociale (Fitzgibbons et al., 1965). Cette supériorité
ne se manifeste que sous certaines conditions : un optimum de
motivation dans les épreuves de conditionnement verbal (Dargel et al., 1971),
un degré modéré de difficulté de la tâche dans des épreuves perceptivo-
motrices (Becker et al., 1971). Les différences de performance sont les
plus étudiées mais elles rendent très mal compte de la qualité des
différences individuelles. Il en va autrement de certains travaux récents
portant sur le style de l'apprentissage. Nebelkopf et Dreyer (1973)
montrent que les courbes d'apprentissage de concepts chez de jeunes
enfants sont beaucoup plus discontinues chez les sujets indépendants
Ils interprètent ces résultats à l'aide des modèles incrémentiels et
médiationnels de formation de concepts, ces derniers permettant de
mieux comprendre les discontinuités.

RÉSOLUTION DE PROBLÈMES
C'est dans ce domaine que les discussions sur l'interprétation de
la dimension sont les plus vives. Des contradictions entre résultats
sont fréquemment relevées. L'empirisme évident qui préside à la
définition de bien des situations de résolution de problèmes n'est sans
M. HTJTEAU 219

doute pas seul à incriminer. Il est vraisemblable aussi, comme nous


le verrons à propos de la créativité, qu'une conception multidimen-
sionnelle du style cognitif lèverait beaucoup de difficultés.

a) Insight et changements d'attitude (set)


La maîtrise des contextes embrouillés et la capacité de saisir des
éléments détachés de leur contexte sont bien sûr un avantage pour
la résolution des problèmes qui demandent une restructuration des
données et une certaine souplesse des attitudes. Les mesures de
dépendance-indépendance et les mesures de flexibilité définie par des
problèmes de type Guilford ou Dunker sont saturées dans le même facteur
(Witkin et al., 1962). L'extinction des attitudes induites par la tâche,
qu'il s'agisse des attitudes cognitives (Luchins) ou de modalités plus
larges de préparation à l'action (Uznadzé), est plus rapide chez les
sujets indépendants du champ (Witkin et al., 1962, Hritzuk et Taylor,
1973). Il en va de même pour les attitudes personnelles. Mais ces
conclusions demandent à être nuancées : si on élimine les aspects cognitifs
des épreuves de persévération, la liaison rigidité-dépendance ne se
maintient que chez les filles (Breskin et Gorman, 1969).

b) V intelligence générale
On observe constamment, avec des exceptions lorsque le RFT est
le seul indicateur (Bush et Derrider, 1971), de fortes liaisons positives
entre l'indépendance du champ et le Q.I. Witkin et al. (1962) rapportent
des corrélations de .55 et .73 dans des groupes de garçons, de .76 dans
un groupe de filles, entre le WISG et un indice combinant les scores
aux RFT, BAT et EFT. C'est à partir de données de ce type qu'il
a été proposé d'expliquer les corrélations entre les indicateurs de
dépendance-indépendance d'une part, et entre ces indicateurs et d'autres
variables cognitives d'autre part, par l'existence d'un facteur général
de type cognitif. Dans cette perspective les performances aux épreuves
de dépendance du champ ne sont plus l'indice d'un style, mais
simplement d'un niveau général d'efficience. Cette interprétation a été
rejetée par le groupe de Witkin qui a produit des résultats tendant
à montrer que seuls certains sous-tests étaient responsables des
corrélations observées. On sait que trois facteurs saturent les sous-tests
du WISC : compréhension verbale, attention-concentration, approche
analytique du champ (Cohen, 1959, par exemple). Les épreuves de
dépendance du champ sont essentiellement saturées dans ce dernier
facteur (tableau V) représenté par les cubes, l'assemblage d'objets et
le complément d'images (Goodenough et Karp, 1961). En utilisant
comme indicateur de dépendance-indépendance, chez des sujets plus
âgés, le dessin du bonhomme, Faterson et Witkin (1970) obtiennent
des résultats semblables : corrélation de .55 avec le facteur approche
analytique, corrélations non significatives de .20 et .00 avec les facteurs
220 REVUES CRITIQUES

compréhension verbale et attention-concentration. Dans ces conditions


on comprend bien pourquoi Witkin ne contrôle jamais le Q.I. bien
que certains auteurs insistent fortement sur cette nécessité. Il faut
cependant noter que l'argumentation de Witkin ignore l'existence d'un
fort facteur de second ordre dans le WISC. Si ce facteur « général »
(dont la signification est nécessairement ambiguë puisqu'il n'y a pas
de critères d'échantillonnage des tâches) est surtout verbal, il n'en
sature pas moins de manière non négligeable le facteur appréhension-
analytique : de .30 à .60 selon les groupes d'âge dans les analyses de
Cohen (1959).
Tableau V

BAT 09 09 43
RFT — 05 03 69
EFT — 03 09 69
Information 67 10 07
Compréhension 46 01 — 32
Arithmétique 53 46 06
Similarités 57 05 06
Vocabulaire 73 — 08 — 08
Mémoire des chiffres 25 53 — 06
Complément d'images — 07 07 52
Arrangement d'images — 01 — 10 11
Cubes 09 42 50
Assemblages d'objets 06 09 33
Code —06 43 —10
Labyrinthes — 06 10 — 10

Saturations des épreuves de dépendance du champ dans les facteurs


du WISC (I : Compréhension verbale; II : Attention-concentration;
III : Approche analytique du champ). La présentation est simplifiée : on a
omis les facteurs suivants et plusieurs autres variables. N = 30 garçons de
9-10 ans (d'après Goodenough et Karp, 1961).

c) Les aptitudes
On a construit à l'aide de matériel verbal des épreuves qui rappellent
les EFT : mots camouflés de Guilford (Guilford et al., 1957), anagrammes
de Poddel et Phillips (1959). Il s'agit de découvrir un élément verbal
connu dans un contexte verbal qui le masque. Les performances dans
ces tâches sont sans lien avec la dépendance du champ. Il en va de
même pour les qualités d'expression verbale, évaluées à partir des
protocoles d'entretien et de projectifs (Witkin et al., 1962). Mais cela ne
veut pas forcément dire que l'hypothèse générale de différenciation ne
s'applique pas au domaine verbal. On ne voit d'ailleurs pas très bien
pourquoi il en serait ainsi. A plusieurs reprises et sur des groupes divers
on a d'ailleurs calculé des corrélations significatives positives entre
l'indépendance du champ et la partie verbale du WISC (Crandall et
Sinkeldam, 1964; Wachtel, 1968; Dreyer et al, 1971) ou d'autres
M. HUTEAU 221

épreuves verbales (Gardner et al., 1960 ; Dubois et Cohen, 1970). Il est


vraisemblable, comme certaines remarques de Witkin et al. (1962) le
suggèrent, que la prise en compte de caractéristiques de la situation (le
degré de contrainte par exemple) contribuerait à éclaircir cette question.
Il y a certes des liens entre la dépendance à l'égard du champ et
le facteur de visualisation spatiale S (ou Vz) bien connu en psycho-
métrie. Mais il serait illégitime de les assimiler purement et simplement
l'un à l'autre. Dans l'étude de Thurstone (1944), la souplesse de
structuration corrèle à .40 seulement avec S (la corrélation avec W est du
même ordre de grandeur : .38). Cette liaison est moins systématique
qu'on pourrait le croire : Carlier (1972), par exemple, montre que chez
les filles dépendance à l'égard du champ (appréciée par une épreuve
de figures embrouillées) et flexibilité visuelle ne corrèlent pas. Aussi
n'est-il guère surprenant que les analyses factorielles laissent apparaître
deux facteurs distincts (Adevaï et al, 1968 b ; Gough et Olton, 1972).
On retrouve encore ici l'irritant problème de la variabilité des patterns
de corrélations selon les indicateurs : les EFT sont davantage saturées
en S que le RFT (Gardner et al., 1960; Vernon, 1972).
Les sujets indépendants du champ ont en général de meilleurs scores
dans les épreuves de raisonnement. R est étroitement lié à la souplesse
de structuration, à tel point qu'il en est un indicateur (Thurstone, 1944 ;
Pemberton, 1952). Mais là encore cette liaison n'est pas retrouvée
systématiquement (Gardner et ah, 1960, par exemple).
Ces liens, équivoques, entre les dimensions indépendance-dépendance
du champ et les aptitudes (épreuves composites et épreuves factorielles)
ont conduit à des tentatives d'incorporation de la dimension dans les
modèles factoriels sur lesquelles on peut s'interroger. Vernon (1972),
par exemple, montre que la corrélation entre des épreuves spatiales
et perceptives et les indicateurs de dépendance du champ est fortement
réduite si on tient g constant {g est défini ici par des épreuves de
raisonnement non verbal). Les résidus sont interprétés à l'aide des facteurs
de groupe S ou k. La part laissée à un facteur hypothétique de
dépendance-indépendance du champ est alors dérisoire. Une démarche en
quelque sorte inverse serait aussi justifiée : puisqu'il y a de larges
recouvrements entre les variables, la dimension dépendance-indépendance
pourrait être considérée comme un facteur général expliquant la variance
commune aux variables considérées. Il nous semble cependant que dans
les deux cas l'intégration de la dimension à des schémas statiques
conduit à la réduction de la notion de style à celle d'aptitude. Or,
du moins dans un premier temps, il y a intérêt à les distinguer
soigneusement.
d) La créativité
Des liaisons modérées sont en général observées entre la créativité
et la dépendance à l'égard du champ. Spotts et Mackler (1967), dans
222 REVUES CRITIQUES

une étude systématique sur ce sujet, obtiennent des scores moyens de


créativité légèrement plus élevés chez les sujets indépendants dans
plusieurs formes d'EFT, que la créativité soit évaluée dans le domaine
verbal ou non verbal et quelles que soient les sous-dimensions envisagées
(flexibilité, élaboration, originalité, fluidité). Mac Whinnie (1967), avec
le dessin du bonhomme et les EFT, n'observe des liaisons significatives
que pour les dimensions originalité et élaboration. D'assez nombreux
caractères de personnalité sont liés, modérément également, à la fois
à la créativité et à l'indépendance du champ : par exemple : le manque
de conformisme, le haut niveau des apprentissages incidents, la faible
identification à la mère chez les garçons, etc. (Bloomberg, 1967).
Notant, à partir de l'analyse des tâches, que les sujets ayant une
attitude analytique peuvent parfois être handicapés dans leur
performance aux épreuves de créativité, Bloomberg propose de rendre compte
de la faiblesse des liaisons observées par l'absence de contrôle d'une
dimension présente dans le modèle général de Werner, mais sinon
absente, du moins très secondaire chez Witkin. Witkin, en effet, retient
de Werner essentiellement la notion de différenciation, il n'utilise
quasiment pas celle d'intégration hiérarchique relative aux relations entre
niveaux de fonctionnement, le passage d'un niveau à l'autre pouvant
se faire plus ou moins facilement. La différenciation suppose plusieurs
niveaux de fonctionnement, correspondant chez Werner à des moments
successifs du développement ; elle est donc évidemment un préalable
à l'intégration hiérarchique. Ce n'est qu'à un niveau de différenciation
élevé qu'une grande variété de patterns d'organisation de la conduite
est possible. Les sujets indépendants du champ qui sont hautement
différenciés peuvent fonctionner constamment à un niveau analytique
ou, en fonction des circonstances, adopter le cas échéant un mode de
fonctionnement global. De ce point de vue on pourra les situer sur
une dimension souple-rigide ou mobile- fixe. Pour résumer et en
schématisant, s'il y a une seule manière d'être dépendant du champ, il
y en a deux d'en être indépendant. On peut s'attendre à ce que les
sujets indépendants-mobiles soient plus créatifs, mais il n'y a pas de
raison pour qu'il en soit de même des sujets indépendants-fixes.
Bloomberg pense qu'il est possible d'assimiler la fixité-mobilité
au dogmatisme de Rokeach (1960). Rokeach, dont les travaux sont
proches des recherches sur la personnalité autoritaire (Adorno, Frenkel-
Brunswick), distingue la rigidité, qui est la résistance au changement
pour des attitudes ou des croyances simples, du dogmatisme, qui est
la résistance au changement pour des systèmes complexes d'attitudes
ou de croyances. Cette dimension a le statut d'un style cognitif. En
termes d'activité perceptive, les sujets plus ou moins dogmatiques ne
se distingueront pas par leurs capacités analytiques mais par leurs
capacités synthétiques (Lévy et Rokeach, 1960). Opérationnellement,
le dogmatisme est mesuré par des caractères formels des attitudes
M. HUTEAU 223

sociales : on cherchera par exemple à définir le degré d'isolement d'un


système de croyance par rapport aux autres, ou encore les différences
entre le degré de différenciation du système adopté et celui des systèmes
rejetés. Les liens entre le dogmatisme et la dépendance-indépendance
sont peu évidents (Hellkamp et Marr, 1965), ce qui, dans le cadre des
remarques précédentes, n'est pas surprenant. L'hypothèse de Bloomberg
a été confirmée, notamment par Ohnmacht et McMorris (1971) qui ont
montré que la créativité était maximum chez les sujets indépendants-
non dogmatiques, minimum chez les sujets dépendants-dogmatiques.
Les considérations précédentes dépassent largement les études sur
la créativité. En introduisant la notion de souplesse de passage d'un
niveau de fonctionnement à l'autre, notion dont le dogmatisme rend
compte de façon limitée et imparfaite, on s'éloigne d'une conception
factorielle simple de la dépendance-indépendance pour se rapprocher
du modèle de Werner. La distinction entre deux types de sujets
indépendants du champ a été présentée par Witkin (1965) pour rendre
compte de la variabilité des réactions aux psychothérapies chez ces
sujets. Mais, bien que son intérêt ait été souligné à plusieurs reprises
(par Haronian et Sugerman, 1967, notamment), elle a été jusqu'à
maintenant à l'origine de peu de recherches.

e) La pensée opératoire
A l'heure actuelle, on dispose encore de peu de travaux jetant des
ponts entre la dépendance-indépendance à l'égard du champ et la théorie
opératoire de l'intelligence, bien qu'un fort intérêt commence à se
manifester sur cette question. On a mis en parallèle le développement
opératoire des sujets et leur degré de différenciation tel que Witkin le
définit ; pour un âge donné les conservations sont plus fréquemment
acquises par les enfants indépendants du champ (Zimiles, 1966 ; Fleck,
1972). Mais là encore la liaison observée est modérée et a besoin d'être
précisée en fonction de la nature des tâches utilisées pour déterminer
le niveau opératoire. Saarni (1973) par exemple montre que la capacité
à résoudre des énigmes policières est liée au niveau opératoire mais est
sans rapport avec la dépendance du champ.
Les très rares recherches qui visent à montrer que les modalités du
développement sont fonction de caractéristiques individuelles sont plus
intéressantes bien que difficiles à interpréter, dans la mesure où elles ne
risquent pas de réduire purement et simplement les différences
individuelles à des différences de niveau de développement. O'Bryan et
McArthur (1969) appliquent de nombreuses épreuves de conservation
susceptibles d'une évaluation quantitative. L'analyse factorielle des
intercorrélations fait apparaître, entre autres, deux facteurs
correspondant aux deux types de réversibilité : la réversibilité des classes ou
inversion — les épreuves saturées dans ce facteur impliquent des
manipulations de classification — la réversibilité des relations ou récipro-
224 REVUES CRITIQUES

cité — les épreuves saturées dans ce facteur supposent la référence à un


modèle et sa transformation. Ces deux facteurs sont quasiment
indépendants (r = .08). Le premier facteur (réciprocité) corrèle davantage avec
des épreuves de créativité (fluidité, flexibilité, originalité et élaboration)
qu'avec des épreuves d'intelligence (Otis verbal et non verbal, matrices
progressives et figures cachées). C'est l'inverse pour le second facteur.
Les figures cachées, proches des EFT et assimilées hâtivement à une
mesure d'intelligence, corrèlent beaucoup plus fortement avec le facteur
inversion que les autres épreuves d'intelligence (tableau VI).

Tableau VI
Corrélations entre intelligence, créativité et facteurs de réversibilité

Réciprocité Inversion

Intelligence .28 .68


Créativité .52 .22
Figures cachées .10 .79

Le développement de travaux de ce genre (on peut penser par


exemple que sujets dépendants et indépendants ne fournissent pas le
même type de justifications à leurs réponses ou encore ne choisissent pas
la même alternative dans les situations de conflits à issues équivalentes)
et surtout leur interprétation sont, semble-t-il, largement dépendants
des conclusions d'une réflexion théorique sur les liens entre la
différenciation progressive de Witkin et les décentrations successives de Piaget.
Une telle réflexion serait manifestement facilitée par une référence
commune, explicite pour Witkin, tout à fait possible pour Piaget, au
large schéma théorique de Werner.

VI. — LA DÉPENDANCE-INDÉPENDANCE
A L'ÉGARD DU CHAMP
ET LES ASPECTS NON COGNITIFS
DE LA PERSONNALITÉ

LES PREMIÈRES RECHERCHES

Dans l'ouvrage de 1954, Witkin et al., à partir de l'analyse des


fonctions impliquées dans les épreuves perceptives et des premiers
résultats différentiels, élaborent une série d'hypothèses sur les liens
entre la dépendance-indépendance et quelques aspects de la
personnalité. Dans la genèse de ces hypothèses il faut souligner la place impor-
M. HUTEAU 225

tante attribuée au corps, la distinction postural-sensoriel est encore au


premier plan, et la référence fréquente à la psychopathologie. Les sujets
dépendants du champ ne tiennent pas compte des informations postu-
rales : on suppose qu'ils utiliseront plus fréquemment comme moyen
de défense le refoulement (répression) de ce qui a trait au corps et que
leur conscience de soi sera moindre que celle des sujets indépendants.
Ces derniers ignorent relativement les informations visuelles, ce qui
peut être associé à des tendances autistiques et à un haut niveau de
narcissisme. Puisqu'ils résistent à la pression du champ, on peut
s'attendre chez eux à une attitude plus active lorsqu'il s'agira d'intégrer
et de maîtriser des stimuli contradictoires.
Ces hypothèses ne sont pas vérifiées une à une. Les auteurs, à partir
d'elles, construisent plutôt des portraits qu'ils cherchent à valider
globalement. L'échelle construite à partir des protocoles d'entretien par
exemple est constituée par cinq items dichotomiques qui sont en fait
des dimensions très larges, et parfois assez floues, de la personnalité :
1. Degré de conscience de soi ou capacité d'auto-observation ;
2. Manifestation ou refoulement de l'agressivité ;
3. Attitude active ou passive dans la vie quotidienne ;
4. Compensation ou non des sentiments d'infériorité ;
5. Degré de confiance en soi au cours de l'entretien.

Après avoir établi la cohérence des items on montre que les sujets
indépendants, relativement aux sujets dépendants, ont une meilleure
conscience d'eux-mêmes, manifestent davantage leur agressivité, sont
plus actifs, compensent mieux leurs sentiments d'infériorité et ont une
plus grande confiance en eux-mêmes. On procède de la même manière
avec les protocoles du Rorschach et du TAT, avec le dessin du
bonhomme, et pour les jeunes enfants, avec des observations recueillies en
situation de jeu. Les items des échelles sont, soit des indices objectifs
bruts (la fréquence des divers types de réponses au Rorschach par
exemple), soit des interprétations cliniques. Les échelles ainsi
construites corrèlent fortement avec la dépendance-indépendance du champ.
Pour l'échelle établie à partir de l'entretien, par exemple, les corrélations
pour les hommes et les femmes respectivement sont les suivantes :
.62 et .47 avec le RFT, .56 et .60 avec le TRTCT, .46 et .47 avec les EFT.
Ces corrélations sont très fortes : du même ordre de grandeur que les
corrélations entre indicateurs alors que la fidélité des observations de
personnalité n'est en général pas très bonne. Mais elles sont très
vraisemblablement surestimées car l'indépendance entre les observations
relatives à la perception et à la personnalité n'est pas parfaite.
En résumant les 500 pages de leur compte rendu de recherches,
Witkin et al. regroupent les différences observées, profondément
solidaires les unes des autres, en trois grandes rubriques. Le caractère
tranché des portraits ne doit pas faire illusion. Ces portraits sont les
A. PSYCHOL. 75 8
226 REVUES CRITIQUES

pôles extrêmes d'une dimension et n'indiquent en fait que des


tendances.
1. Rapport de l'individu avec son milieu. Les sujets dépendants du
champ sont passifs tandis que les sujets indépendants sont actifs.
L'activité-passivité exprime la plus ou moins grande capacité à se passer
d'un milieu sécurisant, les plus ou moins grandes facultés d'initiative,
les plus ou moins grandes possibilités de résistance aux contraintes
extérieures.
2. Rapport de l'individu à ses pulsions. Relativement aux sujets
indépendants, les sujets dépendants du champ ont une faible conscience
de leur vie interne (inner-life) ; ils ont peur des pulsions sexuelles et
agressives qu'ils contrôlent mal ; ils sont anxieux.
3. Evaluation de soi. Chez les sujets dépendants du champ, toujours
relativement aux sujets indépendants, on observe une faible estime de
soi, des difficultés à s'accepter, un manque de confiance dans son corps.
Le schéma corporel des sujets indépendants est plus différencié et mieux
intégré.
Ces résultats valent pour des groupes mixtes d'adultes et d'enfants
normaux et pour des groupes de malades mentaux.
Les travaux ultérieurs, surtout ceux extérieurs à l'équipe de Witkin,
seront conduits dans une perspective plus analytique. Ils précisent,
développent, parfois remettent en question les résultats dont nous
venons de faire état. Avec d'inévitables recouvrements on peut les
regrouper en quatre grandes catégories selon le mode d'approche et le
secteur de la personnalité retenus : traits de personnalité, mécanismes
de défense, psychopathologie, comportement social.
Les hypothèses qui guident ces recherches s'inspirent souvent, à des
degrés divers, de la notion de différenciation. Parfois elles se fondent
sur des analogies, voire même des métaphores : assimilation du cadre
du RFT au cadre de référence social ! Certaines recherches semblent se
faire en l'absence de toute hypothèse. Dans un travail de Dana et
Goocher (1959), 95 corrélations sont calculées entre des traits de
personnalité et des mesures supposées de dépendance du champ.
Witkin (I960), après avoir critiqué notamment le choix des indicateurs
de dépendance et l'absence de critères de choix des variables de
personnalité dans ce travail, note que sur la base de ses hypothèses on ne peut
s'attendre qu'à deux corrélations significatives. Dans certains cas le
caractère peu rigoureux des déductions et la négligence de variables
manifestement non négligeables conduisent à une situation voisine de la
précédente. On a ainsi été amené à vérifier l'hypothèse d'une
corrélation (négative) entre l'indépendance à l'égard du champ et la longueur
des jupes des étudiantes américaines I
Des résultats contradictoires et peu nets sont assez souvent observés.
Les remarques précédentes ajoutées aux incertitudes de la mesure dans
le domaine de la personnalité ne suffisent vraisemblablement pas à
M. HUTEAU 227

en rendre compte totalement. Nous verrons que dans certains cas,


comme dans le domaine cognitif, une conception multidimensionnelle du
style peut contribuer à lever des ambiguïtés.

DIMENSIONS DE LA PERSONNALITÉ

En 1962, Witkin et al. fragmentent la notion trop globale d'activité


qui occupait une place importante dans le travail de 1954 en des
éléments psychosociaux dont nous parlerons prochainement, des éléments
relatifs à l'affirmation de soi et des éléments psychomoteurs. Le tonus
et la posture, en tant qu'ils correspondent à des états de préparation
à l'activité motrice, sont en rapport avec la dépendance du champ :
les sujets indépendants ont une posture plus assurée (meilleur équilibre
du corps, tenue droite sans raideur, etc.).
Des différences notables apparaissent entre sujets dépendants et
indépendants en ce qui concerne le degré de structuration des
expériences quotidiennes. Le degré de structuration ou de clarté cognitive
a été évalué à partir d'entretiens portant notamment sur les relations
familiales, les loisirs, la scolarité, le choix professionnel, les problèmes
d'actualité. L'évaluation de la clarté cognitive est faite à différents
points de vue : conscience des relations moyens-fins, précision
relativement au temps et à l'espace, conscience de ses propres motivations et
de celles des autres, intérêt et activité pour s'informer, clarté des
questions posées et pertinence des réponses données, capacité à abstraire et
à généraliser. Ainsi définie la clarté cognitive est d'autant meilleure que
les sujets sont indépendants du champ aux RFT, BAT et EFT. Certes,
comme Witkin et ses collaborateurs le notent, cette notion a besoin
d'être sérieusement précisée et clarifiée. Des conclusions de même type
ont été obtenues en examinant les réponses des sujets au REP-test de
Kelly et au Rorschach.
Le besoin de réussite ( need- achievement ), qui peut être considéré
comme un indice d'activité, est loin d'être lié systématiquement à
l'indépendance-dépendance. Pourtant, d'après Witkin et McClelland,
ces deux aspects de la personnalité auraient une origine commune : le
caractère coercitif des pratiques éducatives serait responsable à la fois
d'une tendance à la dépendance du champ et d'un faible développement
du besoin de réussite. Or les résultats semblent largement être fonction
des modalités de mesure. En utilisant les techniques projectives de
McClelland, Wertheim et Mednick (1958) obtiennent une corrélation
de .40 entre les deux variables. En examinant les protocoles du TAT
pour des planches sélectionnées, Witkin et al. (1962) notent une plus
forte affirmation de soi (self-assertiveness) chez les indépendants qui par
ailleurs ne manifestent pas une volonté particulière de dépassement de
leurs échecs. Crandall et Sinkeldam (1964), avec des observations de
comportements chez des jeunes enfants et en contrôlant rigoureusement
228 REVUES CRITIQUES

l'âge et l'intelligence, obtiennent des résultats significatifs allant dans


le même sens. Avec des épreuves papier-crayon cette liaison n'est pas
observée. L'échelle besoin de réussite de l'EPPS d'Edwards n'apparaît
pas liée à la dépendance-indépendance dans les études de Dana et
Goocher (1959), Marlowe (1958) ; elle n'y est que faiblement dans celle de
Gardner et al. (1960). Dans tous ces travaux, à l'exception de ceux de
Gardner et al., on utilise uniquement les EFT. Thornton et Barrett (1967 b)
ont repris les résultats de Wertheim et Mednick. Ils notent que la liaison
observée se maintient chez les filles seulement lorsqu'on contrôle la
variable sexe (Honigfeld et Spiegel, 1960) et que chez ces dernières les EFT
corrèlent si faiblement avec le RFT qu'on ne peut les considérer comme
indicateur de dépendance. Ils concluent donc à une absence de liaison
entre dépendance-indépendance et besoin de réussite. Cette critique a
le grand mérite de considérer simultanément la spécificité des indicateurs
et une variable modératrice. Elle n'est cependant pas décisive : dans
l'étude de Grandall et Sinkeidam les différences intersexes sont
négligeables ; dans celle de Gardner et al., conduite sur des filles, c'est le RFT,
et non les EFT, qui corrèle le plus avec le besoin de réussite.
Dans le 16 PF de Cattell un facteur de second ordre (le facteur IV),
désigné par les pôles soumission-indépendance, correspond sensiblement,
semble-t-il, à la dimension activité-passivité. Il corrèle avec le RFT
uniquement dans une population masculine (Johnson et al., 1969). Il
ne corrèle pas avec les EFT (Ohnmacht, 1968). Ces résultats semblent
montrer une assez large indépendance entre les deux dimensions. Mais
cette conclusion est contestée par Cattell (Cattell et Hundleby, 1968 ;
Cattell, 1969). Il dénonce d'abord à juste titre la pratique extrêmement
fréquente qui consiste à définir un facteur par une seule épreuve. Il
insiste ensuite sur la nature des facteurs : le facteur IV correspond à
un trait de surface restreint et c'est avec un trait évalué à la fois par des
épreuves papier-crayon et des épreuves objectives qu'il y a lieu
d'envisager la liaison entre ces deux modalités d'indépendance. Cattell
suggère, avec prudence, une interprétation de la
dépendance-indépendance du champ qui rappelle celle de Vernon à propos de g et S :
considérée comme un trait de surface elle serait une nouvelle fois absorbée par
un facteur plus général, ici PIndépendance-UI 19.
On a fait l'hypothèse d'une liaison positive entre la dépendance du
champ et Pextraversion telle qu'elle est définie par Eysenck. Plusieurs
résultats confirment cette expectation : Evans (1967) rapporte des
corrélations significatives entre la dépendance évaluée par les EFT ou
par le dessin et l'extraversion ; Seel et Duckworth (1974) montrent que
les EFT et le RFT apportent des contributions significatives à la
prédiction des scores d'extraversion ; dans des analyses factorielles,
extraversion et dépendance sont apparues comme saturées dans un même facteur
(Bone et Eysenck, 1972 ; Mangan, 1967 b). Mais ces deux dimensions
sont sans doute assimilées trop hâtivement par Eysenck (1967). Les
M. HUTEAU 229

liaisons rapportées ci-dessus sont assez faibles et surtout leur constat est
très loin d'être systématique. Des corrélations négligeables sont
présentées par plusieurs auteurs sur des groupes variés avec le RFT et
diverses formes d'EFT comme indicateurs de dépendance du champ
(Franks, 1956 ; Château, 1959 ; Dupreez, 1967 ; Mayo et Bell, 1972).
On a même trouvé, avec il est vrai une définition de l'extraversion
sensiblement différente de celle d'Eysenck, des liaisons de sens opposé
(Kato, 1965 b). Une telle ambiguïté ne se retrouve pas avec le névro-
sisme qui n'est jamais lié à la dépendance à l'égard du champ. Fine (1972)
a proposé un modèle reliant les deux dimensions d'Eysenck à la
dépendance-indépendance. Le névrosisme, dans cette perspective, ne serait
pas un trait de base, comme l'introversion-extraversion, mais le produit
d'interactions entre traits de base, cognitions, besoins et environnement.
Ce modèle suppose une absence de liaison, ou au moins des liaisons
faibles, entre l'extraversion et la dimension de Witkin. Les sujets
dépendants ont besoin de stimulation sociale et les sujets introvertis sont le
plus souvent isolés socialement. Les sujets dépendants-introvertis seront
donc en situation de conflit et Fine émet l'hypothèse que le névrosisme
est une manifestation de ce conflit. En réanalysant des travaux
antérieurs, il montre que les scores N sont très nettement plus élevés chez
les dépendants-introvertis que dans les autres groupes construits à
partir du croisement des variables introversion-extraversion et
dépendance-indépendance.
L'ensemble de ces résultats est décevant. Mais cela n'est guère
surprenant : postuler simplement des liens entre un caractère perceptif
et un trait de personnalité (dont la définition n'est le plus souvent
qu'instrumentale) relève d'une conception abusivement simplificatrice
de la formation de la personnalité. Ces liens éventuels ne peuvent
manifestement s'établir que sous certaines conditions, conditions qui,
précisément, restent à découvrir. Les liaisons avec les mécanismes de
défense, comme nous allons le voir, sont dans l'ensemble beaucoup
plus nettes, vraisemblablement parce que ces mécanismes de défense
sont des structures beaucoup plus profondes de la personnalité.

LES MÉCANISMES DE DÉFENSE

Plus différenciés, les sujets indépendants du champ seront moins


sensibles aux interférences entre perception et émotions et ils auront la
possibilité de tenir ces dernières à distance. On peut s'attendre à ce
qu'ils utilisent des défenses élaborées et spécialisées comme l'isolation
ou l'intellectualisation. On peut supposer, à l'inverse, que les sujets
dépendants utiliseront plus fréquemment des défenses plus primitives
et plus globales comme le déni (denial) ou le refoulement massif
(massive repression). Klein et Gardner, Witkin également, ont souligné les
similarités entre défenses et contrôles cognitifs. Ces deux types de struc-
230 REVUES CRITIQUES

tures sont médiatrices entre les besoins du sujet et sa conduite ; on leur


attribue une fonction adaptative ; elles peuvent être objectivées à
partir du fonctionnement cognitif et il est possible qu'elles mettent en
jeu les mêmes mécanismes mentaux.
Le degré de structuration des défenses évalué globalement à partir
des protocoles de tests projectifs est assez fortement associé au degré
d'indépendance évalué par l'indice perceptuel de Witkin (Witkin et al.,
1962). Le caractère plus primitif des défenses des sujets dépendants a
été inféré à partir du constat de leurs moindres possibilités de contrôle
— notamment de contrôle de l'agressivité — et de leur plus grande
anxiété. Le contrôle de l'agressivité tel qu'on peut l'apprécier à l'aide de
planches sélectionnées du TAT n'est que faiblement associé à
l'indépendance du champ (Witkin et al., 1962). Des liaisons modérées de ce
type ont été observées lorsque le contrôle est évalué à partir
d'observations de comportement (Ladkin et Barker, 1972) et avec des échelles
d'estimation (Gordon étal., 1961). Par contre, sujets dépendants et sujets
indépendants ne semblent pas se différencier quant à leur sensibilité à
l'échec, du moins dans des tâches où l'implication est faible (Gillies et
Bauer, 1971). Les constats relatifs à la manifestation de l'anxiété sont
plus ambigus. Adevaï et al. (1968 a) font état d'une corrélation de .36
entre le RFT et l'échelle d'anxiété de Taylor. Mais, utilisant d'autres
échelles d'anxiété, Gordon et al. (1961), Stuart et Bronzaft (1970), l'un
avec les EFT, l'autre avec le RFT, ne trouvent pas de liaisons
significatives. Iscoe et Garden (1961) ne trouvent cette liaison dépendance-
anxiété que chez les filles.
Le déni (refus de reconnaître la réalité d'une perception désagréable,
mais différent de l'évitement actif) est évalué par Witkin et al. (1962)
à partir d'une série de signes au TAT : par exemple l'absence de
référence au violon dans l'histoire se rapportant à la première image est
un tel signe. Il est plus fréquent chez les sujets dépendants. Gardner et
Moriaty (1968) en examinant globalement et à l'aveugle des protocoles
de projectifs ne retrouvent pas cette liaison. Par contre, seule liaison
significative pour les six défenses étudiées, le refoulement (repression)
est plus marqué chez les sujets dépendants à plusieurs formes d'EFT.
Le caractère froid et distant de nombreux sujets indépendants, leur
meilleure maîtrise émotionnelle sont pour certains l'indice d'une plus
grande utilisation de l'intellectualisation comme défense. Le lien
indépendance-intellectualisation, l'intellectualisation étant encore estimée
par l'examen de tests projectifs, a été observé à plusieurs reprises
(Witkin et al., 1962). L'étude longitudinale de Schimeck (1968) est sans
doute la plus complète de cette série. Un score d'intellectualisation est
élaboré à partir du Rorschach. Il prend en compte la clarté et la
précision des réponses, la productivité et la variété des contenus,
l'implication du sujet au cours de la passation. On vérifie la cohérence entre
les estimations de deux observateurs indépendants et la stabilité
M. HUTEAU 231

test-retest des sujets. La qualité des coefficients de fidélité obtenus


(tableau VII) donne au travail de Schimeck un intérêt particulier, mais
elle ne résout pas le problème plus central de la nature même de la
mesure : est-il satisfaisant, par exemple, comme cela est fait dans cette
étude, d'inclure la clarté cognitive dans l'intellectualisation ? Les scores
d'intellectualisation sont d'autant plus élevés que l'erreur au RFT est
plus faible (tableau VII).

Tableau VII

Age (1) (2) (3)

14 ans 17 ans 24 ans


10 ans .64** .34 .73* .49 — .57*
14 ans .73** .45* .54* — .34
17 ans .86** .68* — .42*
24 ans .95** — .48**

(1) Fidélité inter-correcteurs, (2) Stabilité test-retest et (3) Corrélations


avec le RFT des scores d'intellectualisation (Schimeck, 1968).
* Significatif à .05.
— à .01.

Ce type de résultats n'est pas fonction de l'utilisation d'épreuves


projectives. On les a en gros retrouvés, pour les principaux indicateurs
de dépendance, avec un inventaire papier-crayon visant à apprécier les
défenses dominantes de l'individu et construit notamment dans la
perspective de l'étude des liens entre défenses et styles cognitifs (Gleser
et Ihilevich, 1969). Cet inventaire, dont la validité semble satisfaisante,
évalue cinq grandes classes de défenses à partir des réponses des sujets
à des questions sur des histoires mettant en scène divers types de conflits.
Les défenses des sujets dépendants sont plus globales : retournement
vers soi de l'agressivité, négation, déni, refoulement ; celles des sujets
indépendants plus différenciées : intellectualisation, rationalisation,
retournement de l'agressivité vers l'objet (déplacement, identification
à l'agresseur). Les sujets atypiques quant aux défenses sont ceux dont
les performances dans les épreuves de dépendance sont moyennes.
L'examen fin des défenses montre que s'il est possible de pronostiquer
la dépendance à partir des défenses, l'inverse n'est pas vrai. Ce ne sont
pas des défenses spécifiques, mais des classes de défenses qui sont
associées à la dépendance du champ. La détermination des défenses par les
styles, si toutefois on admet une telle hypothèse, ne serait donc que
relative (Bogo et al., 1970; Ihilevich et Gleser, 1971).
Les études expérimentales confirment, elles aussi, dans une certaine
mesure, les hypothèses de Witkin. La plus grande incapacité des sujets
232 REVUES CRITIQUES

dépendants à tenir à distance leurs émotions apparaît dans les


expériences de défense perceptive de Minard et Mooney (1969). La
dépendance est évaluée par le BAT, les EFT et le dessin du bonhomme. Les
sujets dépendants ont des seuils de reconnaissance au tachystoscope des
mots anxiogènes nettement plus élevés que les sujets indépendants
alors qu'il n'y a pas de différence avec des mots neutres. La durée de
reconnaissance de ces mots anxiogènes corrèle avec l'incapacité à
maîtriser ses émotions dans les situations d'entretien clinique. Dans les
tâches d'apprentissage les sujets dépendants ont des scores de rétention
inférieurs à ceux des sujets indépendants lorsque le matériel à
mémoriser est anxiogène (Uhlman et Saltz, 1965). Le refoulement des stimuli
désagréables est donc bien plus marqué, tant dans la perception que
dans l'apprentissage, chez les sujets dépendants. Les études
expérimentales les plus nombreuses, ce sont aussi les plus anciennes, portent sur
l'oubli des rêves. Une partie de ces travaux est conduite par l'équipe de
Witkin. L'oubli du rêve peut être considéré comme un indicateur de
refoulement. Cette proposition a été partiellement validée avec des
données cliniques. On observe que les sujets indépendants du champ
rapportent plus fréquemment leurs rêves. Dans les conditions contrôlées
du laboratoire les stress, précédant l'endormissement (films représentant
des opérations chirurgicales par exemple), n'ont pas des effets identiques
chez les sujets indépendants et dépendants, distingués par le RFT, le
BAT, les EFT et le dessin du bonhomme. Les sujets dépendants, bien
qu'ils rêvent autant comme le montre l'examen des mouvements
oculaires, se souviennent nettement moins bien de leurs rêves. Une telle
différence n'est pas observée lorsque les stimulations précédant le
sommeil sont neutres (Goodenough et al., 1974). Il existe également, toujours
lorsqu'un stress précède l'endormissement, des différences dans le contenu
des rêves de sujets indépendants et dépendants. Baekeland (1971) note
que les rôles tenus par les sujets dépendants dans leurs rêves sont
relativement ambigus, et ceux des sujets indépendants relativement plus
actifs. Ces différences, qui correspondent bien aux caractéristiques de
personnalités respectives des deux types de sujets, ne sont pas
susceptibles d'une interprétation faisant appel au refoulement.

PSYCHOPATHOLOGIE

Witkin (1965) a consacré une revue aux travaux


psychopathologiques s'inspirant de l'hypothèse de la différenciation. On trouve des
cas d'inadaptation à la fois parmi les sujets dépendants et indépendants
du champ. On se souvient qu'il n'y a pas de corrélation entre la
dépendance et le névrosisme. Le facteur d inadaptation est le fort degré
d'indépendance ou de dépendance. Bien que cela ne soit pas admis par tous les
auteurs il est vraisemblable que les problèmes psychopathologiques sont
plus fréquents chez les sujets dépendants. Dans un sondage portant
M. HUTEAU 233

sur 238 patients hospitalisés on a trouvé trois fois plus de sujets


fortement dépendants (erreur moyenne au RFT supérieure à 10°) et moins
de sujets fortement indépendants que dans les échantillons d'étudiants
(Neville et al, 1969). Les troubles dont souffrent les sujets seront
différents selon qu'ils sont dépendants ou indépendants du champ.
Chez ces derniers, on rencontre fréquemment des délires construits,
une intense activité idéationnelle, ils projettent leur agressivité vers
l'extérieur. Les sujets à tendance paranoïaque et les névrosés
obsessionnels sont plus fréquemment indépendants du champ. Les sujets
dépendants, peu différenciés, ont souvent des problèmes de maintien de leur
identité, les symptômes manifestés témoignent fréquemment d'une
certaine passivité, les modalités de contrôle sont inadéquates. Ces
troubles, on le voit, constituent une accentuation des tendances
observées chez les sujets normaux.
Les travaux les plus nombreux ont été consacrés à des troubles en
rapport avec la dépendance. On a montré qu'une forte dépendance du
champ était très fréquente chez les alcooliques, les asthmatiques, les
sujets obèses, ulcéreux, les enfants énurétiques, les hystériques et plus
généralement les sujets qui somatisent leurs difficultés. Les alcooliques,
du fait de l'importance sociale du problème, ont été tout
particulièrement étudiés. On trouvera une bibliographie récente dans Bergman et
Agren (1973). Systématiquement les groupes d'alcooliques sont très
nettement plus dépendants du champ que les groupes contrôles
auxquels on a pu les comparer, qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes, quelle
que soit la durée de l'intoxication, que les sujets soient ou non sous
l'influence de l'alcool. Les anciens alcooliques sont également beaucoup
plus dépendants du champ. La question importante est évidemment de
savoir si, comme la théorie de Witkin le suggère, les sujets dépendants
du champ ont une personnalité qui les prédispose à l'alcoolisme, ou si
la dépendance du champ n'est qu'une conséquence de l'intoxication
alcoolique, par l'intermédiaire de mécanismes de détérioration
cérébrale par exemple (Goldstein et al., 1970 ; Goldstein et Chotloss, 1965).
Une réponse décisive à cette question supposerait des études
longitudinales sur de vastes échantillons de sujets tirés au hasard — études si
coûteuses qu'à notre connaissance elles n'ont pas été entreprises. L'étude
de la corrélation entre la dépendance du champ et la durée de
l'alcoolisation a fourni jusqu'à maintenant des résultats contradictoires qui
n'ont pas permis d'éclaircir cette question, Bergman et Agren (1973) ne
trouvent pas de liaison entre la dépendance et le degré d'alcoolisation
évalué à partir d'une série de symptômes, résultat qui tend à confirmer
les hypothèses de Witkin. Le niveau de différenciation n'est au mieux
qu'un déterminant des troubles. Tout comme nous l'avions déjà noté
avec les défenses, un trouble spécifique peut permettre de pronostiquer
le degré de différenciation mais l'inverse n'est pas vrai. Malgré cette
indétermination, la prise en considération de la dimension dépendance-
234 REVUES CRITIQUES

indépendance permet d'affiner les diagnostics. Il est ainsi utile de


distinguer par exemple les alcooliques indépendants du champ, assez peu
nombreux, des alcooliques dépendants.
On a utilisé la dépendance-indépendance du champ pour distinguer
plusieurs types de schizophrénies. On se souviendra que, dans la
littérature anglo-saxonne, l'acception du terme schizophrénie est très large
et qu'il désigne des troubles qui, en France, reçoivent souvent une
dénomination distincte, par exemple les états oniriques, les états de confusion
mentale, les paranoïas, etc. On a observé que dans les états
psychotiques les hallucinations étaient beaucoup plus fréquentes chez les
sujets dépendants, tandis qu'on rencontrait plus fréquemment chez les
sujets indépendants des délires construits (Taylor, cité par Witkin,
1965). Ceci est en accord avec la plus grande vivacité des images
ressenties par les sujets dépendants dans les expériences de privation
sensorielle (A. J. Silverman et al., 1961) ou lorsqu'on leur demande, après
avoir uniformisé les champs visuel et auditif, de décrire ce qui leur vient
à l'esprit (Bertini et al, 1964). La notion de différenciation permet
d'intégrer tous ces constats. Les liens entre le type de manifestation
schizophrénique et la dépendance-indépendance sont fonction d'autres
caractéristiques perceptives, notamment l'étendue des explorations
visuelles (extensweness of scanning). J. Silverman (1964) dans une
synthèse sur ce problème note que l'indépendance du champ et l'ampleur
des explorations visuelles caractérisent les schizophrénies paranoides,
alors que la dépendance du champ et l'étroitesse des explorations
visuelles caractérisent les schizophrénies catatoniques et hébéphré-
niques. Une étendue moyenne des explorations visuelles correspond à un
bon pronostic. Les symptômes par ailleurs se développent plus
lentement, en général, chez les sujets dépendants du champ. Cette conception
bidimensionnelle de l'attention à laquelle nous avons déjà fait allusion
permet de comprendre certaines particularités des performances des
schizophrènes au RFT. Une bonne performance peut être obtenue par
indépendance du champ ou par étroitesse des explorations (ce que
précédemment nous appelions respectivement la sensibilité aux interférences
et la capacité à percevoir selon un mode plus ou moins analytique). Les
schizophrènes ayant des positions extrêmes sur les deux dimensions,
leur performance au RFT se distribuera selon une courbe en U et le
pronostic sera meilleur pour les sujets ayant un score moyen (Sugerman
et Cancro, 1968). L'amélioration, au cours du développement de la
maladie, de la performance au RFT de certains sujets, provient de la
réduction de l'étendue de leurs explorations visuelles (J. Silverman,
1968). Aux EFT, par contre, l'évolution est la même pour tous les
sujets : la performance décroît au fur et à mesure du déroulement de la
maladie (Magaro et Vojtisek, 1971). Le modèle proposé par Silverman a
été complété par l'adjonction d'une troisième dimension : l'intensité
avec laquelle les stimuli sont perçus (Schooler et J. Silverman, 1969).
M. HUTEAU 235

Vardy et Greenstein (1972) ne retrouvent pas dans un groupe de malades


les différences attendues en fonction de l'hypothèse de Witkin, et après
examen de la corrélation RFT-EFT, particulièrement faible chez les
malades, ils suggèrents une extension du modèle de J. Silverman à des
domaines de la psychopathologie qui, initialement, ne le concernait pas.
Quelle que soit la portée réelle du modèle il illustre bien une nouvelle
fois l'intérêt d'une approche multidimensionnelle de la notion de style.
Dans l'étude de la débilité mentale on a montré que les débiles ne se
caractérisaient pas par une dépendance du champ marquée. Leur
handicap dans le facteur analytique du WISC est relativement moindre que
pour les autres facteurs. La simple distinction entre le Q.I. verbal et le
Q.I. performance ne rend pas compte de cette hétérochronie. Witkin
et al. (1966), comparant les Q.I. verbal et performance aux Q.I. établis
sur la base des trois facteurs du WISG obtiennent les résultats suivants
pour deux groupes d'adolescents débiles :

Groupe 1 Groupe 2

Q.I. verbal 71,1 67,1


Q.I. performance 76,3 70,5
Q.I. compréhension verbale (voc,
inf., compréh.) 61,2 60,5
Q.I. attention-concentration . . . 71,3 63,4
Q.I. approche analytique 80,8 73,4

COMPORTEMENT SOCIAL
La plus ou moins grande différenciation de l'expérience du sujet
dans ses rapports avec autrui s'exprime dans ce que Witkin appelle
« le sens de l'identité séparée ». Le sens de l'identité séparée implique un
moi fortement structuré et des cadres de référence stables. Ces deux
éléments permettent un fonctionnement psychologique relativement
indépendant des contraintes extérieures et assurent la stabilité de
l'image de soi. On peut donc s'attendre à ce que les sujets dépendants
du champ soient aussi dépendants socialement.
La dépendance vis-à-vis de l'expérimentateur dans les situations
d'examen est plus forte chez les sujets peu différenciés. Les protocoles du
TAT montrent que ces derniers, relativement aux plus différenciés,
demandent plus fréquemment des précisions, déprécient davantage leurs
productions, éprouvent plus souvent des sentiments d'anxiété au cours
de l'épreuve (Witkin et al., 1962). Cette moindre confiance des sujets
dépendants du champ dans leur capacité à répondre aux exigences de la
tâche et l'appel à l'expérimentateur qui lui est associé ont été observés
dans des situations où la personnalité du sujet est beaucoup moins
impliquée que dans le TAT. Alexander et Gudeman (1965) l'observent
chez des sujets alcooliques à qui l'on demande par exemple d'accrocher
236 REVUES CRITIQUES

des tableaux dans une pièce, ou d'apparier des noms et des


photographies. Konstadt et Forman (1965) observent l'effet des renforcements
verbaux (approbation ou désapprobation) sur la performance dans une
tâche de barrage de lettres et sur le temps consacré à regarder
l'expérimentateur chez des sujets dépendants et indépendants du champ
(aux EFT) d'une dizaine d'années. La différence de performance entre
les conditions de renforcement n'est notable que pour les sujets
dépendants du champ, leur performance étant moindre quand le renforcement
est négatif. Les sujets dépendants du champ regardent plus
fréquemment les autres sujets et surtout l'expérimentateur uniquement sous la
condition de renforcement négatif. Cette plus grande « sensibilité à
l'expérimentateur » peut rendre compte de la plus grande centration sur
la tâche des sujets dépendants du champ avec pour corrolaire de moindres
apprentissages incidents, une meilleure adaptation aux tâches
monotones et une plus grande efficacité des démonstrations.
Mais, comme le suggère l'expérience de Konstadt et Forman, en
l'absence de contrainte on n'observe pas nécessairement une plus grande
dépendance sociale chez les sujets dépendants du champ. Crandall et
Sinkeldam (1964) observent le comportement d'enfants de 6 à 12 ans
en situation de jeu libre. Trois échelles d'observation correspondent à la
dépendance sociale vis-à-vis des adultes : recherche d'aide, recherche
d'affection, recherche d'approbation. Les liaisons avec la dépendance du
champ évaluée par les EFT vont bien dans le sens attendu mais elles
sont faibles (en contrôlant âge et Q.I. seule la liaison avec la recherche
d'affection atteint le seuil de signification de .05). Les résultats obtenus
à l'aide d'échelles d'auto-estimation sont ambigus. Les sujets dépendants
du champ se perçoivent assez souvent comme socialement dépendants
et sont parfois aussi perçus comme tels par les autres (Witkin et al.,
1962) ; mais ceci est loin d'être systématique : le besoin d'affection et de
sympathie de l'inventaire d'Edwards (succurance), par exemple, n'est
pas ou très peu lié à la dépendance du champ (Dana et Goocher, 1959 ;
Marlowe, 1958 ; Gardner et al, 1960).
Si les sujets dépendants du champ sont relativement peu autonomes
dans leur comportement social, on peut s'attendre à ce qu'ils aient une
position plus effacée au sein des groupes. Thurstone (1944) notait déjà
que les leaders étudiants étaient moins sensibles que les étudiants
moyens aux illusions optico-géométriques et plus efficaces dans l'épreuve
de Gottschaldt. Mais il ne s'agit là que d'une tendance qui, bien que
confirmée (Daugherty et Waters, 1969), n'est pas très marquée.
L'examen des choix sociométriques permet une analyse plus fine de
ces phénomènes sans donner toutefois la possibilité d'une extrapolation
directe aux conduites réelles. Iscoe et Card en (1961) restreignent aux
sujets de leur propre sexe les possibilités de choix d'enfants de 11-12 ans.
Chez les garçons les leaders sont indépendants du champ conformément
à l'hypothèse, mais c'est l'inverse chez les filles. Dreyer et al. (1973)
M. HUTEAU 237

retrouvent ces résultats dès l'école maternelle mais uniquement pour


les situations de jeu. Lorsqu'il y a une tâche à réaliser, les filles
dépendantes du champ ne sont plus préférentiellement choisies par les autres
filles. On voit qu'il y a là tout un jeu complexe d'interactions à élucider.
En tout cas cet exemple montre bien que la dépendance sociale n'est
une caractéristique des sujets que relativement à une classe de situations.
Les situations expérimentales du type de la situation autokinétique
où le sujet doit fournir une série d'estimations ont fréquemment été
utilisées dans l'étude de la dépendance sociale. Les changements dans
l'estimation vers un ajustement aux normes du groupe ou de l'expert
sont plus rapides et plus marqués chez les sujets dépendants du champ.
Les renforcements négatifs des premières estimations de la fréquence
d'un papillotement lumineux ne facilitent la conformité au groupe ou
au partenaire que chez les sujets dépendants du champ (Mausner et
Graham, 1970). Lorsque deux sujets, l'un dépendant et l'autre
indépendant du champ, doivent ajuster en commun la baguette du RFT à
la verticale, l'ajustement final est très proche de celui fourni par le
sujet indépendant. En situation individuelle le sujet dépendant du
champ retrouve sa performance initiale (Solar et al., 1969). Cette plus
grande suggestibilité des sujets dépendants du champ a été observée
dans des contextes variés : dans la situation autokinétique ils lisent
plus fréquemment des mots lorsqu'on suggère que des mots sont écrits ;
ils ont des scores plus élevés dans les tests d'Eysenck et Fourneaux
qui portent sur la suggestibilité de formes, d'odeurs et de poids ; ils
modifient plus fréquemment leurs opinions après la lecture de textes
attribués à des autorités ; ils semblent être, surtout les garçons, plus
facilement hypnotisables (Goldenberger et Wachtel, 1973) ; en tant
qu'observateurs ils seraient plus sensibles à l'effet Rosenthal (McFall
et Schenkein, 1970). Dans les échelles d'auto-estimation les sujets
dépendants du champ donnent plus fréquemment des réponses conformes à
la désirabilité sociale (Elliot, 1961). Cette prégnance des cadres de
référence externes peut conduire à une certaine instabilité de l'image de
soi. Rudin (1968) demande aux sujets de se décrire sur les échelles du
différenciateur sémantique d'Osgood dans des situations différentes. La
variance des estimations est d'autant plus grande que les sujets sont
davantage dépendants du champ au RFT. Mais ce résultat est fonction
de la consigne donnée et les sujets qui, dans certaines conditions,
résistent le mieux à l'influence du cadre de référence sont les mêmes
qui, dans d'autres conditions, en tiennent le plus grand compte. Ce
travail indique une nouvelle fois à notre avis l'intérêt de distinguer
le degré de différenciation et la mobilité des adaptations. Plus
conformistes, les sujets dépendants du champ ne manifestent pas pour autant
des attitudes plus autoritaires. Les résultats sur ce point sont cependant
contradictoires (Clark, 1968 ; Baer, 1964 ; Stuart, 1965 ; Ohnmacht et
McMorris, 1971).
238 REVUES CRITIQUES

II y a, on le voit, des différences notables dans la conduite sociale


des sujets en fonction de leur position sur la dimension dépendance-
indépendance à l'égard du champ. Mais il est sans doute dangereux
d'interpréter toutes ces différences en terme de dépendance ou
d'indépendance sociale. Et ceci d'autant plus que les conduites sociales sont
manifestement multidé terminées. La plus grande attention portée aux
visages par les sujets dépendants du champ n'est pas nécessairement
un signe de dépendance. Une telle interprétation est certes compatible
avec des résultats comme ceux de Konstadt et Forman et plus
généralement avec les observations faites en situation d'examen
psychologique. Mais on ne voit pas comment elle rendrait compte d'autres
observations — comme la plus grande capacité de reconnaissance des
visages par les sujets dépendants du champ (Messick et Damarin, 1964)
ou encore leur plus grande capacité à mémoriser des stimuli à
signification sociale. Ce dernier problème a reçu une attention particulière
(Eagle et al., 1969; Fitzgibbons et al, 1965, 1971; Goldberger et
Bendich, 1972) et montre bien une fois de plus la complexité des
interactions entre la dépendance-indépendance du champ (évaluée par
diverses formes d'EFT) et les caractéristiques des situations : alors
que les sujets dépendants du champ sont plus centrés sur la tâche,
ils montrent cependant de meilleurs scores d'apprentissage incident
lorsque les stimuli périphériques (visuels ou auditifs) ont un contenu
social. Mais ceci n'est observé qu'en situation d'examen individuel et
on a émis l'hypothèse qu'en situation de groupe les autres sujets
prenaient en quelque sorte la place des stimuli périphériques. Les sujets
dépendants du champ sont orientés davantage vers les stimuli sociaux.
Il n'est donc pas surprenant qu'ils soient très souvent jugés plus sociables.
Par contre l'ambiguïté des liaisons avec l' extraversion relevée
précédemment fait problème. D'une manière très générale, on trouve des
liaisons très instables entre la dépendance-indépendance à l'égard du
champ et les diverses échelles des épreuves papier-crayon de
personnalité. Aussi peut-on légitimement se demander si les biais multiples
qui affectent les réponses du sujet dans ces épreuves les rendent quand
même utilisables à des fins de recherches dans le domaine des styles
cognitifs (Solar et al., 1969 ; Adevaï et al, 1968 a).
Bien qu'orientés vers autrui, on peut s'attendre à ce que les sujets
dépendants du champ aient une perception des autres moins
différenciée. Gardner et al. (1968) demandent de décrire plusieurs personnes
sur les échelles d'Osgood. La variance des descriptions n'est pas
nettement associée à la dépendance du champ. Dans un travail ultérieur,
Gruenfeld et Arbuthnot (1969) font la même hypothèse mais la
spécifient en distinguant, à partir de remarques de Witkin et al. (1962),
deux groupes de sujets indépendants du champ : certains sont très
distants et froids dans les relations interpersonnelles, d'autres au
contraire sont orientés vers les stimuli sociaux. Selon nous cette dis-
M. HUTEAU 239

tinction recouvre en partie, dans le domaine particulier des conduites


sociales, la dimension souple-mobile dont nous avons déjà souligné
l'importance théorique. Ici cette dimension est opérationnalisée par
une échelle de masculinité-féminité. On vérifie conformément aux
hypothèses que la corrélation RFT-variance des estimations de camarades
sur plusieurs critères n'apparaît que chez les garçons ayant un haut
score de masculinité. On voit une nouvelle fois à propos de ces travaux,
dont les implications docimologiques sont par ailleurs importantes,
l'intérêt d'une approche multidimensionnelle.
Il découle des résultats acquis que les processus complexes
d'interaction sociale seront fonction pour une part des caractéristiques cogni-
tives des sujets qui y participent. Witkin a présenté une synthèse des
résultats obtenus et des hypothèses à éprouver pour deux de ces
processus particulièrement importants : les psychothérapies (1965) et la
relation pédagogique (1973).

VII. — ORIGINE DES DIFFÉRENCES INDIVIDUELLES


DANS LA DÉPENDANCE-INDÉPENDANCE
A L'ÉGARD DU CHAMP

Nous traiterons successivement le problème des différences


interindividuelles et celui des différences entre les sexes. Nous mentionnerons
pour terminer les travaux interculturels qui, bien que fréquemment
utilisés dans les tentatives d'explication de ces deux types de différences,
forment un groupe assez homogène.

HÉRÉDITÉ ET SOCIALISATION
DANS LES DIFFÉRENCES INTERINDIVIDUELLES

Les différences individuelles quant à la dépendance du champ sont


observables chez les chimpanzés. Elles sont associées à des caractères
physiologiques et morphologiques. On peut les prédire à partir de
manifestations psychomotrices précoces : par exemple une plus vive réaction
à l'interruption de la tétée et une moindre réaction au contact humain
chez les futurs sujets indépendants (Witkin et Oltman, 1967). Les faits
de ce genre suggèrent que la dimension dépendance-indépendance du
champ pourrait avoir une base constitutionnelle.
Les comparaisons de la similarité des jumeaux monozygotes à celle
des jumeaux dizygotes confirment cette hypothèse : les monozygotes
élevés ensemble se ressemblent davantage que les dizygotes élevés
ensemble, qu'il s'agisse des performances au RFT (Vandenberg, 1962)
ou aux EFT (Stuart et ai., 1965). L'étude des corrélations intrafamille
a permis de montrer que pour le facteur S il était possible d'envisager
240 REVUES CRITIQUES

un modèle génétique dans lequel le gène responsable de la conduite


est récessif et porté par l'hétérochromosome X. On constate en effet
que les corrélations père-fille et mère-fils sont assez fortes tandis que
les corrélations père- fils et mère- fille sont beaucoup plus faibles
(Hartlage, par exemple, 1970). Or, on a retrouvé quasiment le même pattern
de corrélation pour la dépendance-indépendance mesurée par les EFT
(Corah, 1965) :
r père-fils = .25
r père-fille — .41 (significatif à .05)
r mère-fils = .39 (significatif à .05)
r mère-fille = .00.

Ce pattern de corrélation est susceptible de la même interprétation


que celui obtenu avec S, bien que l'auteur n'envisage pas cette
possibilité. L'étude des sujets féminins atteints du syndrome de Turner
(un seul chromosome X) fournit un autre indice d'une détermination
génétique dans laquelle l'hétérochromosome X est impliqué. Ces sujets
sont relativement dépendants du champ lorsqu'on examine leurs
performances au WISC : Q.I. compréhension verbale : 112 ; Q.I.
analytique : 84 (Shaffer, 1962). Des travaux en cours permettront de préciser
le modèle génétique : études de sujets possédant un chromosome
supplémentaire (X ou Y) ; étude de la similarité entre frères selon qu'ils
ont reçu ou non le même chromosome maternel X (voir Witkin, 1973).
A l'exception de quelques travaux sur les jumeaux, les effets du
milieu sont étudiés indépendamment du génotype qu'il est évidemment
impossible de contrôler. On considère généralement que la dépendance-
indépendance du champ n'est pas liée à la catégorie socioprofessionnelle.
On observe cependant que les sujets d'origine sociale élevée ont en
moyenne des scores légèrement mais systématiquement supérieurs aux
sous-tests du WISC définissant le facteur analytique (Gardner et al.,
1960 ; Cropley, 1964 ; Karp et al., 1969). Dans un travail sur des enfants
adoptés, Claeys (1973) montre qu'un milieu stimulant a beaucoup
moins d'effets sur la dépendance du champ que sur les aptitudes
primaires, avec une exception prévisible pour S. D'emblée, d'ailleurs, on
a cherché à rendre compte des différences à l'aide des facteurs qui
contribuent au développement de la personnalité, et surtout à partir
des attitudes et du rôle de la mère.
Witkin et al. (1962), Dyk et Witkin (1965) considèrent des
caractéristiques de la mère et des modalités d'interaction avec son enfant
susceptibles de favoriser ou d'inhiber la différenciation de la
personnalité de ce dernier. Parmi les caractéristiques de la mère, ils retiennent
la réalisation de soi (self-realization) et la confiance en soi (self-
assurance). On suppose que les mères satisfaites de leurs rôles familiaux
et extra-familiaux seront plus à même de favoriser l'autonomie de
leurs enfants et que la stabilité de leur conduite aura pour conséquence
M. HUTEAU 241

un meilleur contrôle par l'enfant de ses pulsions. Les pratiques


éducatives de la mère, par exemple selon qu'elle est plus ou moins
indulgente, qu'elle encourage ou non à l'autonomie, auront également des
incidences sur les défenses et sur le « sens de l'identité séparée » de
l'enfant. On définit ainsi, à partir des données recueillies au cours de
l'entretien, une série de conduites et d'attitudes qui permet de classer
les mères en deux catégories : celles qui facilitent la différenciation et
celles qui l'inhibent. On trouvera dans l'ouvrage de 1962 de nombreux
exemples de codification des entretiens. Les corrélations bisériales entre
le classement des mères et les scores d'indépendance du champ (BAT,
RFT et EFT) sont très élevées (trop élevées même !) et vont dans le
sens attendu : .85 et .65 dans deux groupes de garçons de 10 ans, .82
dans un groupe de garçons de 14 ans. L'examen de ces résultats appelle
deux remarques. Les corrélations sont très vraisemblablement
surestimées : au cours de l'entretien, des indications sont certainement
données par la mère sur le degré de différenciation de son fils, d'où
un biais dans l'estimation de sa propre conduite. La seconde remarque
est plus générale et s'applique à tous les travaux auxquels nous faisons
allusion dans ce paragraphe : ces corrélations ne peuvent être assimilées
à des relations causales. Sur ce point, les études longitudinales
entreprises n'ont pas été jusqu'ici très éclairantes. Les conduites de
dépendance sociale à 2,5 ans sont peu liées à la dépendance du champ à 6 ans
(Pedersen et Wander, 1968). Si cette liaison était nette, faudrait-il
encore relier la dépendance sociale aux pratiques éducatives et préciser
la filiation entre la différenciation sociale et la différenciation perceptive.
Malgré ces réserves, les liaisons observées sont une source importante
d'hypothèses. On les retrouve d'ailleurs en utilisant des modes d'approche
différents. Les portraits de parents qui se dégagent des entretiens avec
les enfants et de leurs protocoles de TAT diffèrent dans le sens attendu
selon que les enfants sont indépendants ou dépendants du champ. Des
examens attentifs du milieu social de sujets dépendants et indépendants
du champ lorsqu'ils étaient jeunes enfants aboutissent à une caracté-
risation des milieux tout à fait compatible avec les résultats précédents
(voir Witkin, 1969). On a expliqué la plus grande dépendance du champ
des aveugles par leur manque d'autonomie vis-à-vis de la mère au
cours de leur enfance (Witkin et al., 1968).
D'autres travaux comparent directement la dépendance du champ
des parents à celle des enfants. On considère que le milieu créé par
les parents à partir de leur style cognitif contribue à induire chez les
enfants un style cognitif identique. Les mesures étant alors objectives,
on ne risque pas de calculer des corrélations bâtardes comme lorsqu'on
procède à des jugements à partir d'entretiens, mais les problèmes
d'imputation causale sont évidemment identiques. Witkin et al. (1962)
reportent des corrélations positives entre la dépendance du champ de
la mère, évaluée par le dessin et les EFT, et la dépendance du champ
242 REVUES CRITIQUES

de l'enfant, ainsi d'ailleurs qu'avec d'autres indices de différenciation


de l'enfant. Ces liaisons ne sont significatives que pour le dessin. Dans
un travail récent, Goldstein et Peck (1973) calculent sur 181 sujets
de 8 à 15 ans appartenant à plusieurs groupes ethniques les corrélations
entre les scores au RFT des mères et ceux des enfants. Les corrélations
sont .29 pour les garçons et .26 pour les filles. Malheureusement les
sujets sont des enfants perturbés émotionnellement, ce qui restreint
les possibilités de généralisation. Les résultats de Corah (1965), cités
précédemment, font également état de corrélations positives entre
dépendance des parents et dépendance des enfants. L'interprétation de
ces corrélations n'est pas aisée et l'hypothèse d'une simple « empreinte »
du milieu est notoirement insuffisante : on a vu les irrégularités du
pattern de corrélations intrafamilles ; les corrélations de Goldstein et
Peck varient fortement en fonction du groupe ethnique et de la présence
du père. On a cherché à rendre compte de ces dissymétries à l'aide
des processus d'identification parentale. Mais ces processus n'ont pas
nécessairement la même signification relativement à la dépendance du
champ pour les filles et les garçons. Bieri (1960) mesure l'identification
par la proximité des estimations des enfants et des parents sur des
échelles d'Osgood. Il montre sur un groupe d'étudiants que la liaison
entre l'identification au père plutôt qu'à la mère et l'indépendance du
champ s'observe surtout chez les filles tandis que la liaison entre la
soumission à l'autorité et la dépendance s'observe surtout chez les
garçons. Chez ces derniers, les sujets peu soumis à l'autorité et qui
s'identifient à la mère sont plus indépendants que les sujets également
peu soumis à l'autorité mais qui s'identifient au père. Ces résultats
peuvent contribuer à expliquer une partie du pattern de corrélations
intrafamilles de Corah. Le fait que ce pattern ne se retrouve pas chez
les Noirs où la corrélation mère-fille est nettement supérieure à la
corrélation mère-fils (.42 et .28) pose également un problème. Selon
nous il ne met pas nécessairement en cause l'hypothèse génétique,
sans qu'il soit besoin pour autant d'envisager un mécanisme de
transmission spécifique à la population noire, ce qui semble difficile. Mais
il peut indiquer seulement de fortes interactions.
Quelques recherches ont été consacrées au rôle du père dans la
genèse de la différenciation. Barclay et Cusumano (1967) constatent
que les performances au RFT sont moindres chez les garçons lorsque
le père est absent du foyer. L'absence du père, pour ces auteurs, a
pour conséquence des conflits dans les rôles sexuels qui se traduisent
par un moindre degré de différenciation. Cette interprétation n'est bien
sûr pas la seule possible. Goldstein et al. (1973) calculent pour les scores
au RFT les corrélations mère-enfant en contrôlant l'absence du père
mesurée par l'ancienneté de son départ du foyer rapportée à l'âge de
l'enfant. Leurs résultats peuvent paraître surprenants : la ressemblance
mère-enfant est d'autant plus forte que le père est davantage présent.
M. HUTEAU 243

On peut penser par exemple que la présence du père a pour conséquence


des contacts mère-enfant plus fréquents ou encore que cette présence
conduit à une plus grande spécialisation du rôle de la mère et à une
plus grande influence de son style cognitif.

LES DIFFÉRENCES ENTRE LES SEXES

Les adolescents et les hommes sont en moyenne plus indépendants


du champ que les adolescentes et les femmes. Ceci a été vérifié pour
des groupes très divers et quels que soient les indicateurs de dépendance-
indépendance utilisés. Chez les enfants les résultats sont contradictoires
et ce n'est que vers une dizaine d'années que l'écart entre les sexes
devient notable. Cet écart disparaît chez les vieillards. Après
apprentissage du RFT ou des EFT, les sujets masculins ont encore des scores
supérieurs à ceux des sujets féminins mais la différence est réduite
(Oison et al., 1965 ; Goldstein et Chance, 1965). Witkin (1950) reporte
pour des adultes le temps moyen nécessaire à la résolution des 24
problèmes des EFT : 15 mn 54 s pour les hommes (a = 12 mn 48 s) et
23 mn 18 s pour les femmes (o = 15 mn 12 s). Les différences sont
néanmoins beaucoup plus faibles qu'il n'y paraît puisque l'examen des
distributions montre que 40 % des femmes atteignent et dépassent la
performance moyenne des hommes. Ces recouvrements suffisent à
expliquer que la différence puisse s'annuler, voire même s'inverser, lorsqu'il
y a des biais dans l'échantillonnage des sujets. Ils montrent aussi qu'il
n'est pas fondé et dangereux de parler de style perceptif masculin ou
féminin, notions qui se rapportent à des stéréotypes sociaux. Que
penser, par exemple, des dénominations utilisées par A. J. Silverman
(1970) : Logos pour le prototype masculin et Eros pour le prototype
féminin ? L'étude des différences intersexes nous paraît surtout
intéressante dans la mesure où elle peut contribuer à préciser l'origine des
différences interindividuelles.
Si l'indépendance du champ est contrôlée par un gène récessif porté
par le chromosome X, les filles auront en moyenne un score moindre que
celui des garçons puisque chez elles la probabilité de rencontrer la
composition génique, permettant l'apparition de l'indépendance du champ,
sera plus faible. On a envisagé deux types très différents de médiations
physiologiques faisant intervenir l'un les hormones sexuelles et l'autre
la dissymétrie fonctionnelle des hémisphères cérébraux. Broverman
et al. (1968) ne s'intéressent pas spécialement à la dépendance du champ,
mais elle trouve sa place dans leur dichotomie des activités cognitives.
Ces auteurs, on s'en souvient, distinguent les tâches faisant appel à des
associations perceptivo-motrices simples dans lesquelles les filles seraient
supérieures aux garçons, et les tâches supposant des processus
d'inhibition et de restructuration où ce sont les garçons qui ont des scores
supérieurs. Les hypothèses culturalistes étant rejetées à partir de
244 REVUES CRITIQUES

l'examen des différences intersexes chez l'animal, les auteurs présentent


un modèle fondé sur l'antagonisme des systèmes adrénergique et choli-
nergique. Les hormones sexuelles par leur action sur cet équilibre seraient
responsables des différences de performance entre les sexes : les
hormones œstrogènes, en inhibant la production de cholinestérase, et en
facilitant davantage que les hormones androgènes, la production de
substances augmentant l'activité adrénergique, conduiraient à une
supériorité relative des filles dans les épreuves perceptivo-motrices et
des garçons dans les épreuves de restructuration spatiale. Notons en
passant que le déséquilibre entre les deux systèmes ne suppose rien
sur l'intensité de leur activité et que ce modèle est tout à fait en accord
avec la conception ipsative des styles défendue par Broverman. On a
émis des doutes sur la validité de la dichotomie des tâches proposée et
on a regretté l'absence de travaux sur les effets spécifiques des injections
hormonales chez les filles et les garçons (Maccoby et Jacklin, 1972).
L'autre type de médiation envisagée fait intervenir le degré de
spécialisation et de dominance des hémisphères cérébraux. On trouvera dans
Maccoby et Jacklin (1972) un exposé critique des hypothèses et travaux
de Kimura, Lévy-Agresti et Sperry sur ce sujet. La spécialisation des
hémisphères, dominance de l'hémisphère droit pour les aptitudes
spatiales et de l'hémisphère gauche pour les aptitudes verbales, s'établit
au cours du développement. Elle serait plus précoce chez les filles pour
l'hémisphère gauche et cela entraînerait une inhibition relative du
développement des fonctions contrôlées par l'hémisphère droit. Une
hypothèse incompatible avec la précédente a également été avancée : c'est
le moindre degré de latéralisation des filles qui serait responsable de leur
infériorité dans le domaine spatial. Ces hypothèses ne rendent pas compte
de l'apparition tardive des différences. Elles n'expliquent pas non plus
pourquoi les différences filles-garçons peuvent être de sens opposés pour
des aptitudes contrôlées par un même hémisphère (visualisation et
dextérité motrice par exemple). Ces considérations, on le voit, restent
très spéculatives.
Dans les hypothèses précédentes on ne distingue guère entre
l'aptitude spatiale et la dépendance à l'égard du champ. Sherman (1967) a
tenté de montrer que les différences filles-garçons dans les épreuves de
dépendance du champ pouvaient être réduites à des différences de
visualisation. Ces différences s'expliqueraient par les apprentissages
différents auxquels filles et garçons sont soumis. Cette thèse semble
difficile à admettre. Bien qu'il y ait parenté entre la visualisation
spatiale et la dépendance-indépendance du champ, en particulier lorsque
cette dernière est évaluée à l'aide des EFT, nous avons vu qu'elle n'était
pas suffisante pour justifier l'assimilation des deux dimensions qui, en
outre, n'ont pas le même statut. S'il est exact que filles et garçons
manipulent des objets différents, des jouets notamment, on ne voit pas
très bien, note Maccoby (1966), l'incidence que cela peut avoir sur la
M. HUTEAU 245

visualisation spatiale. Par ailleurs, et ceci est franchement incompatible


avec l'hypothèse de Sherman, les garçons qui sont les plus proches du
stéréotype masculin ne sont pas ceux qui ont les scores ipsatifs les plus
élevés en aptitude spatiale, ce serait plutôt l'inverse (Fergusson et
Maccoby, 1966).
Gomme dans l'étude de la variabilité interindividuelle, deux grandes
classes d'hypothèses ont été présentées pour préciser l'action du milieu
sur les différences entre les sexes, l'une se réfère aux pratiques éducatives
dans la première enfance, l'autre fait appel aux processus
d'identification. Les conduites éducatives parentales tendant à maintenir chez le
jeune enfant un faible degré de différenciation seraient plus fréquentes
vis-à-vis des filles que vis-à-vis des garçons. Witkin (1969) souligne le
caractère hypothétique de cette proposition ; les travaux de son groupe
ne portent que sur les relations mère-fils. Une enquête réalisée par
Maccoby sur les enfants de 0 à 6 ans ne met pas en évidence un
traitement différentiel des filles et des garçons pour l'entraînement à
l'autonomie (Maccoby et Jacklin, 1972). Dans le cadre d'une telle hypothèse
les différences devraient d'ailleurs apparaître beaucoup plus tôt. L'âge
d'apparition des différences intersexes, qui est un élément central dans
toute cette discussion, suggère une influence des facteurs de
socialisation opérant au début de l'adolescence, facteurs de socialisation qui
restent à définir.
L'identification au rôle masculin, mesurée par les scores sur les
échelles de masculinité féminité, corrèle positivement avec
l'indépendance du champ (Witkin et al., 1962). Fiebert (1967) montre que cette
liaison est surtout marquée chez les filles et pour les items se rapportant
à de attitudes et à des émotions. Le jeu complexe d'interactions reliant
l'intériorisation des rôles sexuels et la dépendance à l'égard du champ
est bien illustré par une recherche de Vaught (1965). On retrouve pour
l'ensemble des sujets la liaison indépendance du champ-masculinité
(appréciée par l'échelle de Gough). On met également en évidence une
liaison positive entre l'indépendance et la force du moi (ego-strength) .
La force du moi caractérise l'adaptabilité des sujets ; elle est évaluée par
68 items du MMPI permettant de pronostiquer des améliorations chez
des malades mentaux après une courte hospitalisation. On observe
aussi, et c'est le plus intéressant, que la force du moi renforce la tendance
à répondre de manière congruente à son propre rôle, c'est-à-dire à être
dépendants du champ pour les filles et indépendants du champ pour les
garçons (fig. 4).
Les rôles masculins seraient générateurs d'indépendance dans la
mesure où ils induisent des attitudes sociales renforçant cette
indépendance : par exemple une orientation préférentielle vers les choses plutôt
que vers les personnes. On a également envisagé que les rôles féminins
pourraient entraîner une plus grande dépendance parce qu'ils sont moins
bien définis. Ces propositions restent hypothétiques et générales. Il
246 REVUES CRITIQUES

serait utile, entre autres, de préciser les rapports entre l'intériorisation


des rôles sexuels et les identifications aux parents dans leurs incidences
possibles sur la dépendance-indépendance. Une tentative dans ce sens
a été faite par Lynn (1969). Quelles que soient les hypothèses retenues,
dans tous les cas on cherche à rendre compte des différences par des
facteurs agissant sur l'ensemble de la personnalité — et donc sur la
différenciation perceptive. Ceci s'inscrit très bien dans le cadre général

* Faible 0 _ ri i_i_l_^J
féminité 2 -
rf Féminité
y1/ moyenne 4 Faible
féminité
"^féminité
Forte 6 \ j
8 \ /-• moyenne
Féminité
10
12
14
/
/ X\\ Forte
16 - 16 \ féminité
Forte Faible Moyenne Forte
FaibleForceMoyenne
du moi
.

Force du moi
Fig. 4. — Identification au rôle masculin ou féminin, force du moi, et
performance au RFT chez les filles et les garçons. Il y a 10 sujets dans chacun
des 18 groupes (Vaught, 1965).

de Witkin mais laisse néanmoins entière une question fondamentale


pour la théorie de la personnalité : celle de la nature des relations entre
les aspects cognitifs et les aspects socio-émotionnels de la personnalité.

LES ÉTUDES INTERCULTURELLES

De nombreuses études interculturelles ont été réalisées. On en


trouvera des résumés synthétiques dans Witkin, 1967, et Witkin et
al., 1973 b. Le plus souvent on souligne la généralité du style cognitif :
caractéristiques de personnalité et caractéristiques perceptives se
trouvent associées dans des groupes très différents quant au type d'activité
économique, au niveau de développement ou aux modalités de
l'organisation sociale. Cependant, un certain nombre de problèmes
précédemment abordés se posent de manière spécifique pour quelques groupes.
On se souvient, par exemple, que les corrélations RFT-EFT sont
particulièrement faibles dans les groupes africains traditionnels. La grande
diversité rencontrée dans les pratiques éducatives d'un groupe ethnique
à l'autre permet, dans une certaine mesure, d'éprouver les hypothèses
relatives au rôle du milieu dans l'origine des différences interindividuelles.
M. HUTEAU 247

Dawson (1967) compare deux tribus de la Sierra Leone : les Temne


et les Mende. Chez les Temne l'éducation met fortement l'accent sur
la conformité au groupe et la discipline, on utilise fréquemment les
châtiments corporels ; du fait de la polygamie, ce sont surtout les
femmes qui sont responsables de la socialisation des jeunes. Chez les
Mende, au contraire, la discipline est beaucoup moins stricte et on
encourage plutôt les manifestations d'indépendance. Ce groupe réussit mieux
que le premier aux EFT et aux cubes de Kohs, ce qui est compatible
avec les hypothèses de Witkin. Berry (1966) compare aux Temne un
groupe encore plus différent que le précédent : les Eskimos du Canada.
Ces derniers exercent très peu de contrôle sur leurs enfants, ils leur
manifestent beaucoup d'affection, les punissent rarement et les
encouragent à prendre des responsabilités. Les Eskimos sont nettement plus
indépendants du champ que les Temne, leurs performances sont
équivalentes à celles des Ecossais ayant une dizaine d'années de scolarité.
Là encore, on trouve associés pratiques éducatives et styles cognitifs.
L'occidentalisation, appréciée par l'urbanisation et le développement
d'institutions scolaires, entraîne une plus grande indépendance du
champ dans les deux cultures.
Mais, comme le montre bien la grande différence entre les Eskimos
et les Temne, il est nécessaire d'être prudents quant à d'éventuelles
imputations causales. En effet, ces deux groupes sont très loin de différer
seulement par les méthodes d'éducation. Les différences dans
l'environnement physique sont massives. Il en va de même pour l'activité
économique : les Eskimos sont chasseurs et les Temne agriculteurs.
L'environnement social est également différent : on trouve chez les Eskimos
beaucoup plus de productions picturales et graphiques ; leur langue est
beaucoup plus riche que celle des Temne en termes descriptifs des
propriétés géométriques de l'espace. Certes, ces caractères peuvent être
la conséquence d'une plus grande différenciation, mais ils contribuent
aussi sans doute à la créer. Des caractéristiques psychologiques sont
associées à l'indépendance du champ des Eskimos et peuvent la
renforcer : de bonnes capacités de discrimination et de visualisation
perceptives notamment. On voit qu'il y a là un véritable écheveau de
variables. La situation se complique encore si l'on fait intervenir les
facteurs génétiques que rien a priori ne permet d'éliminer. On a même
de bonnes raisons de penser que l'indépendance du champ est un
avantage dans les conditions de vie des Eskimos et qu'elle a pu jouer un
rôle dans l'évolution génétique de ces populations.
Des travaux comparatifs conduits sur des groupes beaucoup plus
proches que les Temne et les Eskimos ont abouti à des résultats
identiques. Dershowitz (1971) compare aux Etats-Unis des garçons issus de
familles juives orthodoxes à des garçons issus de familles protestantes.
Les premiers sont moins différenciés. Dans leur milieu familial la mère
est dominante et elle ne cherche pas à faciliter le développement de
248 REVUES CRITIQUES

l'autonomie ; la pratique religieuse occupe une place centrale dans la


vie quotidienne. Witkin et al. (1973 b) choisissent en Hollande, en Italie
et au Mexique deux villages contrastés quant à l'intensité des demandes
d'adhésion aux conventions familiales, religieuses et politiques. En Italie,
par exemple, cette pression sociale est moindre dans les villages du
Nord que dans ceux du Sud. Des échantillons d'enfants sont observés
dans chaque village à l'aide du RFT, des EFT, des cubes du WISC et
du dessin du bonhomme. On vérifie systématiquement, pour les trois
couples de village et quels que soient les indicateurs, que les sujets sont
plus dépendants du champ lorsque la pression vers le conformisme est
plus grande. Les différences intervillages sont très fortes (voir par
exemple le tableau VIII).

Tableau VIII

Scores d'erreur moyens en degrés au RFT pour les deux villages italiens.
N = 25 pour chacun des huit groupes (Witkin et al., 1973).

9-11 ans 13-15 ans


f g f g

Faible incitation au conformisme 7,9 8,0 7,3 4,6


Forte incitation au conformisme 19,0 18,5 11,1 9,0

Les interactions observées montrent bien que d'autres facteurs sont


en jeu. C'est ainsi par exemple que « l'effet du village » est plus marqué
chez les jeunes en Italie, ou chez les filles au Mexique. Les résultats
obtenus au cours des études interculturelles sont cohérents, ils suggèrent
fortement une influence des méthodes éducatives relatives à la
socialisation sur la dépendance-indépendance du champ. Mais ce type d'étude
ne permet guère une analyse fine de l'effet des conduites parentales.
Les différences intersexes ont été constamment retrouvées dans des
groupes ethniques différents avec une exception notable : elles sont
insignifiantes chez les Eskimos (Berry, 1966 ; McArthur, 1967) où,
malgré une division du travail selon le sexe très marquée, la femme n'est
pas socialement dépendante de l'homme. Ceci est compatible avec la
thèse d'une explication des différences intersexes à partir des rôles
sociaux. Il est dommage que l'on ne dispose pas systématiquement de
mesures de dépendance du champ pour les rares groupes où l'on observe
une faible spécialisation ou une inversion des rôles sexuels traditionnels.
Il serait par exemple intéressant de savoir si, comme on peut en faire
l'hypothèse, les différences intersexes sont annulées chez les Arapesh et
les Mundugumor étudiés par M. Mead, et inversées chez les Chambuli.
M. HUTEA.U 249

CONCLUSION

Sous l'impulsion de Witkin, on a établi de nombreuses


correspondances entre des différences individuelles dans le domaine perceptif et
des différences individuelles observables dans des secteurs de la
personnalité relativement proches comme celui du fonctionnement cognitif,
ou apparemment plus éloignés comme ceux des conduites sociales ou
des mécanismes de défense. On appréhende ainsi l'unité de la
personnalité, non pas dans ce qu'elle a de singulier, mais à travers un principe
général qui s'avère fécond : le degré de différenciation. La dépendance-
indépendance du champ n'est alors que la manifestation de ce principe
général dans le domaine des activités cognitives. Les aspects cognitifs
sont privilégiés car ils permettent plus aisément une approche objective
de la personnalité ; mais ceci n'implique pas un postulat de
subordination des conduites socio-affectives aux caractéristiques cognitives. Nous
avons vu que le repérage de la dimension n'est pas totalement dépourvu
d'ambiguïté, ce qui est d'ailleurs le cas de la plupart des dimensions
psychologiques. Concept hypothétique, la dépendance du champ ne peut
être saisie qu'à travers un ensemble d'observables. Or il arrive que la
dimension soit appréhendée par des indicateurs considérés isolément,
quand ce n'est pas, par économie, à l'aide d'un indicateur unique. Si le
problème étudié n'a pas été l'objet d'explorations préalables, on court
alors le risque de ne plus très bien savoir ce que l'on mesure. Il y a là,
manifestement, une source du manque de clarté d'un certain nombre de
résultats. Mais, au-delà de ces considérations techniques, d'autres
résultats appellent un développement théorique et la conception même du
style à l'œuvre dans la plupart des travaux examinés demande à être
complétée, nous en avons vu plusieurs exemples, dans le sens d'une
approche multidimensionnelle. Il peut d'ailleurs paraître paradoxal de
définir un style à l'aide d'une seule dimension, fût-elle aussi peu
spécifique que la plus ou moins grande différenciation. Le style a alors une
allure quantitative, ce qui n'est plus nécessairement le cas lorsqu'il est
défini par un pattern de positions sur plusieurs dimensions. L'unidimen-
sionnalité peut conduire à des assimilations de la notion de style à celle
d'aptitude — la dépendance-indépendance à l'égard du champ devient
alors une des composantes de l'intelligence — ou à celle de niveau de
développement. Dans les deux cas on perd de vue la qualité des
différences individuelles. Nous avons noté que les traductions opérationnelles
de la dimension théorique de Werner « fixité-mobilité », associées à la
dépendance-indépendance du champ étaient susceptibles d'augmenter
la cohérence des différences individuelles. Une telle dimension présente
aussi l'avantage de mettre l'accent sur les variables relatives à la situation
puisque la mobilité est la capacité à passer d'un niveau de
fonctionnement à l'autre en fonction précisément des caractéristiques des situa-
250 REVUES CRITIQUES

tions. Finalement on peut considérer que Witkin en exploitant à fond,


dans ses aspects différentiels, un principe central des théories du
développement — la différenciation — a mis à jour un aspect fondamental de
la personnalité. Il resterait à exploiter, si possible avec la même ampleur
et la même rigueur, le principe complémentaire du précédent —
l'intégration hiérarchique.

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(Accepté le 15 novembre 1974.)

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