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UE4 Histoire des idées CM S3

Magda DARGENTAS

Accès moodle à venir prochainement, les documents qui y seront présents pourront faire
l’objet de questions à l’examen. Il s’agira d’un examen sur table sur la base des contenus des
CM car pas de TD.

L’objet de cette histoire des idées est de comprendre la psychologie telle qu’elle s’est
développée : il s’agit d’aller plus loin que les éléments historiques fournis en introduction des
différentes sous-domaines de la psychologie dispensées en première année.
Quelle est l'orientation principale qui a été celle de la psychologie ? Comment la psychologie
scientifique a émergé au début du XXème siècle pour se dissocier de la philosophie, de la
théologie pour devenir une science à part entière ?

Aspects introductifs
La démarche du cours sera historique tenant compte des contextes scientifiques, non
spécifiques à la psychologie, des contextes idéologiques et des contextes historiques.
Selon Parot et Richelle (1992), “l’objet de la psychologie changeant selon les lieux et les
époques”, “la psychologie participe à la construction d’une image de l'homme qui est
caractéristique d’une société donnée et d’un moment donné de l'histoire de cette société on
peut dire que l’objet de la psychologie est “idéologique” “.
Loin d’une image d’une science pure et objective, nous verrons comment la psychologie est
aussi une discipline influencée par des phénomènes de mode, les objets seront étudiés selon
le contexte idéologique valant au moment de l’étude et le choix des objets d’étude sont
influencés eux-mêmes..

Seront étudiés également les liens avec d’autres domaines de connaissance :


- philosophie, théologie, médecine
- fin 19éme : la psychologie devient une science autonome en regard des autres
sciences, eg elle se détache des considérations métaphysiques qui valaient auparavant
- certains développements actuels de la discipline sont expliqués par ces liens de la
psychologie avec les autres domaines

Orientation et objets de la psychologie


Elle est parcourue par l’abandon des objets d’étude ou leur réminiscence, 2 exemples :
- le religieux ou l’irrationnel : des scientifiques s’intéressent aux croyances, au
paranormal, des congrès vont avoir lieu à la fin 19ème, beaucoup de publications
autour de ces phénomènes et beaucoup de controverses : en psychologie, est-il
pertinent d’étudier ces phénomènes qui relèvent des croyances ? à cette époque les
objectifs des scientifiques ne sont pas clairs, ne s’agit-il pas de nourrir des opinions,
leurs propres opinions. Ce sont ces controverses qui amènent à un abandon de cet
objet d’études. Depuis une 30aine d’année on revient sur l'étude du religieux et des
croyances en essayant d’expliquer ces phénomènes de manière objective autant que
possible

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- l’hypnose est un objet très étudiés à la fin de 19ème début 20ème avec aussi beaucoup
de controverses, un procédé réel, avec des résultats réels ou est-ce le lien entre l ht
opérateur et le patient qui explique l’état d'influence et de suggestion dans lequel est
placé le patient. bcp de polémiques amènent à l’abandon de cet objet qui ne peut être
étudié de manière scientifique. On revient à l’hypnose, notamment dans le domaine
médical, pour des actes chirurgicaux simples et donc des études se font en parallèle.
En France fin 19ème, début 20ème, en France, on essaye d’éloigner le religieux de la
politique donc la laïcité est la règle qui tente d’être installée comme la norme. Le religieux
revient comme objet d’étude, ça n’est pas à l’initiative des chercheurs français. La France
essaie toujours de mettre à distance les religieux, ce sont dans les pays anglo-saxons,
américains notamment que cette question du religieux revient dans les préoccupations des
psychologues. des facteurs de contextes d’époque et de lieux donc.
Gordon Allport (1897-1967) connu pour ses théories de la personnalité évoque des
“phénomènes de mode” en psychologie, pour les objets d'études, qui apparaissent et
disparaissent au gré des modes.

Le terme psychologie, plutôt d’usage récent


Du grec psyché esprit ou âme et logos, discours ordonnée, langage, raison, science.
Le terme commence à être utilisé par des savants hellénistes au 16ème siècle, on leur doit ce
néologisme depuis des racines grecques. plus précisément, c’est en philosophe qu’on trouve
la première occurrence de ce mot, en 1575, par Freigius reprenant un terme utilisé dans les
années 1520 par un poète et humaniste, Marulic (1450-1524) mais cette primauté du terme
n’est pas attestée.
A l'époque, le terme est utilisé dans le cadre de contexte liée à l'anatomie, on cherche à
comprendre et à disséquer l’âme comme on fait pour le corps en anatomie. On continue a
avoir tout de même des préoccupations théologiques. Ce terme comporte un objectif
métaphysique inhérent car il implique la conception duale de l’individu, la double nature de
l’homme, âme et corps. Avec l'âme qui serait une entité qui déterminerait le comportement
humain.
Un terme concret au 16ème mais très peu utilisé au 17 et 18ème, eg dans les écrits de
Descartes ou de Locke, il faut attendre le 19ème pour le voir ré-émerger et se diffuser, dans
différents pays comme la France, l’Allemagne, GB et US.

Une préoccupation ancienne


Un terme donc finalement assez récent dans l'histoire des sciences mais cela n'empêche pas
que le discours existe depuis l’antiquité

Egypte
On en retrouve la trace dans les écrits égyptiens, les historiens se réfèrent notamment au
papyrus Ebers (-1550 avEc), il s’agit d’une courte description clinique de la dépression, avec
des recettes magiques ou religieuses.

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Philosophie antique
Dans la philosophie antique, on se préoccupe aussi du fonctionnement humain, du
fonctionnement individuel. Les mécanismes de la perception, des émotions, des sentiments
ou de la pensée sont abordés par de nombreux philosophes. Ce discours contribue à ce que la
psychologie soit souvent associée à la philosophie, comme un domaine de la philosophie.

Galien (Asie mineure, vers le IIème EC)


Dans la philosophie antique, on trouve aussi la notion de cure d'âme ou des individus
viennent retrouver la santé mentale. Galien (2ème EC) évoque ces cures d'âmes :
- le malade suit un procédé, il se couche dans une grotte ou dans une chambre
souterraine, à même le sol ou sur un lit (kliné), on le prépare à la cure en lui faisant
boire de l’eau de la source de la mémoire ou de l’oubli et on utilise des plantes qui le
plonge dans un état proche de l’hypnose
- Le patient a, par la suite, une vision onirique en observant les fresques qui ornent les
murs des chambres, un prêtre guérisseur intervient pour accompagner le patient qui
prend place dans la sphère de la mémoire pour raconter à postériori sa vision.
- Galien pratiquait aussi des exercices de contrôle de soi, de contrôle de émotions
Ce qu’on peut retenir de ces cures est l’idée que le secret est à l’origine des troubles mentaux,
il est pathogène, une notion importante dans la psychanalyse actuellement. autour de la
notion de "secrets familiaux”, la confession dans la religion apporte le même exutoire aux
secrets.
Des déportés de la 2nde GM, un mécanisme courant était de ne pas parler de la vie dans les
camps et on retrouve des problèmes chez les générations plus jeunes qui essaient de
comprendre, sous le choc de ce qu’ils apprennent à postériori parce que tout a été tué à la
maison, dans leur enfance. Il leur faut connaître l'histoire pour faire jour à cette histoire
familiale.

Platon (5ème avEC) puis Aristote


On peut se référer à Platon pour marquer la séparation de l'âme et du corps et qui estime que
l'âme guide le corps, on parle de dualisme
Aristote lui adopte une conception minimaliste car il considère que les entités sont
inséparables. l’une ne peut exister sans l’autre
Ces deux conceptions ont influencé la philosophie moderne mais aussi le discours sur le
psychologique. Dans leurs contributions, on peut retenir :
- que pour tout deux, le monde réel n’est pas observable entièrement
- c’est par un travail d'élaboration philosophique et de rhétorique que le monde réel
peut être connu
- l’acquisition de la connaissance se fait par un processus
- le mythe de la caverne de Platon reprend l’idée que les ombres des choses sont ce qui
est observé et ça n’est qu’après un effort important qu’un accès est possible à la
perception du monde réel, nous partons de l’a priori, nous ne pouvons observer
directement les choses, on peut se tromper, certains points échappent à notre
attention, nos interprétations peuvent être erronées.

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- le réel ne peut être atteint de manière objective, on a besoin de méthodes, de grilles


d'observation en psychologie, permettant de systématiser, pour rendre l'observation
plus juste, plus entière, plus objectives

16 et 17ème
Les historiens de la psychologie en situent les débuts à la fin de la Renaissance, notamment
avec la contribution de Descartes mais le contexte historique scientifique est important
La renaissance se termine au 17ème, elle a vu la diffusion des écrits antiques, un courant
humaniste domine cette période, on y redécouvre Platon et Aristote.
Différents savants jouent un rôle important pour une nouvelle vision de l’univers et au
renouvellement des méthodes scientifiques : Vésale, Copernic, Galilée ou Bacon.

Vésale (1514-1564)
Anatomiste très important, le corpus humanis fabrica se consacre à l'anatomie de l’homme
dans un contexte où les écrits de Galien sont encore la référence, Vésale voit dans le cerveau
le siège de l’activité psychologique. Vésale est controversé à l'époque car cette vision est
inverse à ce qui prévaut à l’époque.

Copernic (1473-1563) et Galilée (1564-1642)


Copernic défend l'idée que la terre tourne autour du soleil, une thèse corroborée par Galilée
(1564-1642). Le religieux est prédominant dans la vie de tous les jours et donc les autorités
religieuses chassent Copernic et Galilée,
La prédominance du religieux sur la science est remise en cause et on commence à adopter
un discours scientifique qui va à l’opposé du discours religieux. Des créations de sociétés
scientifiques et l’invention de l'imprimerie qui rend possible la production des livres
permettent la diffusion des idées et du savoir.

Francis Bacon, philosophe (1561-1626)


Le discours scientifique se développe avec la contribution de Francis Bacon, philosophe
(1561-1626) et plaide en faveur d’une réforme des sciences. Dans son ouvrage Novum
Organum, il souligne le rôle de l’observation et des expériences pour atteindre la
connaissance pour atteindre le réel dans sa complexité. Bacon a un impact considérable sur
la philosophie et aussi sur l’évolution de la psychologie, notamment sur l'orientation
expérimentale au 19ème.

Isaac Newton (1642-1727)


Isaac Newton (1642-1727) est un physicien anglais influence aussi de manière considérable
la démarche scientifique, en insistant sur le besoin d’une autonomie du discours scientifique.
en somme, l'apparition de nouveaux modèles scientifiques s’imposent et mettent en cause les
savoirs scientifiques véhiculés jusque-là. Et en même temps, on s'éloigne de l’institution
religieuse, la science se laïcise.

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Par la suite, parmi le courant philosophique, l’empirisme va mieux se détacher de l’emprise


du religieux sur le discours scientifique en remettant en cause l'aspect divin dans le
fonctionnement humain.

Descartes(1596-1650)

Discours de la méthode, 1637


Descartes y développe sa conception de la science :
- Descartes insiste sur le rationalisme, sur sa nécessité, il explique qu’il y aurait une
science universelle qui regrouperait toute les sciences particulières, il insiste sur les
besoins de la solidité de la méthode utilisée en science, en vue de la validation des
connaissances.
- la raison est considérée comme un moyen d’accès à la vérité, à condition de respecter
les règles de la démonstration logique
- Descartes défend l’idée que la faculté de connaître est innée
=> Une vision rationaliste de la science

Traité des passions de l’âme, 1649


Vis à vis du religieux, la position de Descartes est moins rationaliste. Il reprend la vision
dualiste de Platon sur l’âme et le corps et envisage l'existence de deux substances : le corps,
la substance matérielle, et l'âme, la substance spirituelle ou pensante.
- Le corps agit, il ne pense pas, c’est l'âme qui est pensante.
- L’âme est constituée d’essences, d’idées que Dieux a mise en nous
Les idées sont de deux genres : des actions de l’âme, les volontés, et des connaissances qui
sont innées ou sont des passions.
La pensée définit l'âme (cogito), la pensée est produite par l'âme et a une finalité, un outil
donné par dieu pour le connaître et se connaître soi-même.
Descartes distingue les idées innées (issues de dieux, claires, et les idées obscures et confuses
qui viennent du corps.

L’individu pensant est au centre de sa théorie :


- un individu qui raisonne, doute, réfléchit, pour atteindre la connaissance, la
connaissance découle de l’individu et ne peut être indépendante de cet individu
- un individu qui est caractérisé par un moi constant et uni
L'anatomie, la physiologie et la psychologie sont envisagées pour comprendre le
fonctionnement de la pensée. Le siège de l’âme est au milieu du cerveau, c’est là l'endroit qui
permet (glande pinéale) l’interaction entre les deux.
Descartes identifie 6 passions primitives : l'admiration, l’amour, la haine, le plaisir, la joie, la
tristesse, une classification qu'il fonde sur des observations anatomiques et physiologiques,
avec une sorte de circularité entre le corps et l’âme, l’individu peut agir sur ses émotions et
ses passions pour les réguler.

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Influence de Descartes
Le traité des passions de l'âme est considéré aujourd'hui comme un essai pionnier de la
psychologie du 19ème siècle. On se pose notamment la question des instincts, peut on
comprendre le comportement humain en se référant à des instincts, une théorie très en
vogue, trouver des instincts innés chez l’humain qui serait mis en branle ou non au gré des
évènements.
Le discours sur le fonctionnement humain la pensée est imprégnée de problématique
d'anatomie (situer l’âme, dans quels organes), la philosophie et aussi de la biologie.
L’influence de Descartes sur la psychologie telle qu’elle s’est développée :
- on retrouve chez Descartes un courant philosophique de l’antiquité et qui continue de
marquer la philosophie, le lien corps /esprit et inné /acquis
- distinction entre la connaissance, des volontés et les passions
- on peut faire le parallèle avec des théories actuellement en vigueur en
psychologie comme la théorie des attitudes, vues comme système tripartite
(cognition, émotion, intention comportementale)
- théorie des habitudes également

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Philosophie empiriste au 17/18ème


C’est le discours philosophique qui se détache le plus du religieux. L’empirisme se développe
contre le cartésianisme. Il se développe en Angleterre avec Hobbes au 16ème, suivi de Locke
au 17 puis Hartley et Hume au 18ème.
Leur principale contribution est le refus de l’inné. Ils proposent l’empirisme comme la règle
de connaissance :
- pas d’intervention divine pour expliquer le fonctionnement de l’esprit, dieu n’est plus
garant de la Vérité
- nos connaissances viennent de l'expérience
Tout ce qui est dans l’esprit a d'abord été dans les sens.

Locke (1632-1704)
Locke est le plus connu des empiristes
Essai sur l’entendement humain, 1690
L’esprit acquiert ses connaissances progressivement grâce à l’expérience.
Locke est à l’origine du courant philosophique associationniste elle-même à l'origine de la
psychologie associationniste.
Locke explique qu’il faut distinguer les idées de sensations et les idées de réflexion :
les idées de sensations viennent de l’expérience des sens, les idées de réflexion proviennent
de l’expérience interne, des opérations intérieures de notre âme,
Les idées sont simples ou complexes, ces dernières étant celles formées à partir de
l’association entre idées simples sous l 'effet de l’imagination.
L’esprit n'est pas passif face à l’expérience, il agit pour associer les idées et produire des idées
plus complexes.

Hume (1711-1776) et Hartley (1705-1757)

Hume
Hume s’appuie sur Locke et reprend le rôle prédominant de l’imagination :
- toute raison s’appuie sur l’imagination
- la connaissance s'appuie sur des croyances et non pas de certitudes
Hume propose 3 lois d'associations :
- ressemblance, contiguïté, causalité
- les idées s'associent entre elles en raison de leur similitude, parce qu’elles sont
associés dans une même expérience, l’association d’une idée aura tendance à amener
l’association d’une autre, les idées sont associées entre elles en relation de cause à
effet
- la contiguïté rappelle les travaux de Pavlov développés au 20ème

Hartley
Hartley s’inscrit moins dans la suite de Locke, il développe plus la question de l'expérience
comme étant une expérience plus sensible, une impression sur les sens. Il s’intéresse à la

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physiologie du mécanisme d'associations, il émet l’hypothèse que les sensations résultent des
vibrations dans les organes des sens et dans le cerveau.
Lorsque les vibrations ont été associés un nombre suffisant de fois, les idées s’associent entre
elles, selon un principe explicatif de tous les phénomènes psychologiques selon Hartley. Le
vivant n’est aucunement responsable de la pensée de l’individu, c’est plutôt l'expérience
individuelle qui prévaut.
La pensée est vue comme une expérience des sens.

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Le 19eme
Psychologie anglaise associationniste du 19ème
La psychologie anglaise du 19ème puise ses sources dans le courant empiriste et la
philosophie associationniste.

John Stuart Mill (Angleterre, 1806-1873)


Mill, philosophe, logicien et économiste britannique, s'approprie le terme psychologie :
- en 1843, il a défini comme une science de l’esprit indépendante, qui ne peut être aussi
exacte que la physique, on ne peut pas parler d'une science comme les sciences
positives
- il pense que la psychologie a une finalité, elle doit être utilisée dans un objectif
pédagogique, pour faire progresser les mentalités, d’éduquer. La psychologie est le
préalable nécessaire à une morale de type utilitaire. de qui a ton besoin en société et
comment la psychologie peut aider à atteindre ces besoins.eg il se propose de
combattre les opinions et des préjugés sur les femmes. des opinions basées sur
l'habitude, les croyances et par un examen rationnel des raisons, on peut combattre
ces opinions, les invalider.
- Selon Mill, la psychologie sert à identifier des lois relatives au fonctionnement
humain et en retourne à l’influence des empiristes, des lois dont la connaissance
amène à l'amélioration de l’individu et de la société dans son ensemble.
La psychologie de Mill est une psychologie détachée de son arrière fond
théologique, animée par les valeurs de progrès, de liberté et de bonheur
individuel.

Alexander Bain (Ecosse, 1818-1903)


Philosophe utilitariste écossais, il est considéré comme plus important dans cette école
associationniste, et comme le premier psychologue de langue anglaise.
Il contribue à l’époque, à donner à la psychologie une légitimité scientifique institutionnelle.
en fondant la revue Mind, 1ère revue de psychologie fondée en 1876
Bain s’inscrit en rupture de la philosophie. Bain insiste plus sur la valeur de la physiologie,
avec les liens entre les phénomènes physiologiques et les phénomènes mentaux. On retrouve
les origines empiristes de cette psy associationnistes jouant sur cette importance de la
physiologie. On délaisse la philosophie pour comprendre l’impact des sens sur l’esprit.
Il développe une réflexion méthodologique en défendant l’usage de méthodes quantitatives,
qui permettent de mesurer et de quantifier les phénomènes étudiées.
Il suppose l'existence de données psychologiques élémentaires dont la combinaison explique
la vie psychologique, sa vie morale : les pensées complexes, les émotions et les actions
doivent être analysées dans leurs composantes les plus simples.
Dans les contributions de Bain, on trouve aussi le concept d’apprentissage par essai et
erreur, qui reste très utilisé en psychologie.

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La spécificité de la psychologie associationniste


La psychologie associationniste se donne comme objectifs :
- d’identifier les lois régissant les états mentaux
- comprendre la formation des faits complexes (eg mémoire, raisonnement) comme
une synthèse de faits simples (actions, idées, sentiments, etc); il s’agit de déterminer
des lois d’association depuis des items simples pour former des idées de plus en plus
complexes
- leurs préoccupations ne sont pas d’ordre philosophique ou théologique, on recherche
les mécanismes de la pensée humaine sans intervention divine
- La psychologie associationniste met en avant le rôle du contexte et du désir individuel
sur la formation de la personnalité : l'individu n'est pas passif, il raisonne, il fonde
des raisonnements internes sur la base d’idées simples et complexes. Chaque individu
produit qq chose de particulier, qui lui est propre et se fait sous l’influence de
l’environnement qui est celui de l’individu.

L'évolutionnisme
La thèse soutenue par les institutions religieuses perd de son importance dans les travaux
scientifiques : l'abandon de la thèse d’un monde fixe, créé par Dieu devient encore plus
manifeste au 19eme.

Herbet Spencer (Angleterre, 1820-1903)


Contemporain de Darwin, philosophe et sociologue anglais, Spencer envisage
l'évolutionnisme comme concernant tous les domaines du savoir et insiste sur l'idée de
progrès (voir les Lumières, philosophies empiristes).
En 1855, il publie l’ouvrage Principes de psychologie dans lequel il décrit le développement
de l'état mental :
- pas de distinction entre les faits psy et physiologiques
- les phénomènes mentaux vont en se complexifiant au cours du développement
humain, selon les événements extérieurs auxquels l’individu fait face et auxquels il va
réagir de manière de façon de plus en plus complexe :
- évolution de l’esprit : du simple réflexe à l’instinct, de celui-ci à la mémoire,
puis au raisonnement
- exemple du développement moral dans la conception d’un évolutionnisme
psychique : d’un égoïsme premier du psychisme humain vers l’altruisme qui
constitue une évolution morale, manifestation positive du développement
(une vision à la base de la psychologie “positive” contemporaine pour évoluer
vers de “bons” comportements, plus d’altruisme, plus de sociabilité, etc)

Charles Darwin (Angleterre, 1809-1882)

1859 De l’origine des espèces


Suite à son voyage à bord de Beagle, à partir de l'observation de fossiles et de la distribution
géographique des espèces qu'il rencontre tout au long de son voyage

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cf site sagascience.cnrs.fr dossier sur darwin


Il décrit dans son ouvrage le mécanisme de sélection naturelle, élimination des individus les
moins aptes dans la lutte pour l’existence
Il développe aussi le concept de développement embryonnaire qui l’amène à parler de
phylogenèse :
- les embryons de mammifères et d'oiseaux passent par un stade embryonnaire de
poisson avec fentes branchiales (organise destinées à la vie aquatique),
- les espèces n’ont pas été indépendantes au cours de leur développement, l’une à
permis l'émergence de l’autre et à avancer le principe de phylogenèse :
- poissons => amphibiens => reptiles => oiseaux => mammifères
On retrouve l’idée d’évolution de Spencer mais appliquée à l'échelle des espèces et de leur
évolution depuis l’émergence de la Vie.

La descendance de l’homme 1871


Dans cet ouvrage, il explique que le modèle biologique ne peut pas être appliqué à l’analyse
des faits humains et sociaux.
Dans la société, le développement des instincts sociaux et du sentiment de sympathie peut
être vu comme contraire à une idée de domination (?? pas de domination dans la sélection
plutôt la capacité à transmettre, vérifier position de Darwin??).
Darwin voit dans la conscience morale ce qui différencie animaux et humains.

Influence du darwinisme sur la psychologie


Les écrits de Darwin exercent une grande influence sur la psychologie, notamment sur la
psychologie du développement à laquelle les théories de Darwin ouvrent la voie. L’enfant
dans son développement récapitule les étapes du développement de l'espèce.
Dans les débuts de la psychologie du développement, on s’intéresse bcp aux sauvages, aux
primitifs, aux fous qui sont vus comme des manifestations de stades de développement plus
anciens de l’homme adulte et civilisé.
Un Darwinisme social apparaît et se retrouve à la base des théories eugénistes et racistes,
notamment sous l’influence de Francis Galton (1822-1911), cousin de Darwin :
- objectif d'améliorer la race” par une sélection des individus en sélectionnant les plus
aptes à dominer, avec une séparation des individus forts et faibles
- Stérilisation aux US, entre 1900 et 1940, de 36 000 personnes parce que malades ou
jugés déviants, même démarche en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale
- développement des méthodes qui mesurent des différences entre les individus (autre
que ceux développés par Binet ultérieurement), Galton est le père de la psychologie
différentielle :
- idée d’améliorer la race en opérant une sélection génétique scientifique
- sur la base de questionnaires et d’instruments permettant de mesurer
l’intelligence et le QI, pas dans la démarche de les accompagner mais pour
sélectionner
Un autre domaine plus récent émane de l'évolutionnisme : le domaine de la sociobiologie,
très en vogue dans les années 70. Manifestation actuelle du darwinisme appliquée au
fonctionnement de la société.

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Edward Osborne Wilson (US, 1929-), Sociobiology the new synthesis 1975
E.O. Wilson est un biologiste, entomologiste et myrmécologue (étude des fourmis) américain
qui crée la sociobiologie comme étude systématique de la base biologique de tout
comportement social. Les comportements sociaux ont nécessairement des bases génétiques.
L’entreprise de la sociobiologie est d'identifier les comportements sociaux grâce auxquels les
individus augmentent leur “efficience darwinienne”.

Richard Dawkins (GB, 1941-), The Selfish gene 1976


Dawkins, biologiste et éthologiste britannique, vulgarisateur et théoricien de l'évolution,
affirme que les comportements sociaux sont programmés en vue d’augmenter la
propagation des gènes les plus performants.
Parmi ces comportements, il cite les comportements altruistes, plus positifs, mais aussi les
comportements d’agression, de dominance ou d’exploitation.

Physiologie et phrénologie
L’entreprise de la psychologie associationniste de faire un lien entre physiologie et
psychologie est reprise dans les travaux de différents médecins. Au milieu du 19ème se
développent les techniques de l’électrophysiologie pour étudier l’influx nerveux. Puis ces
travaux qui intéressent la psychologie, seront à l'origine de travaux sur les temps de réaction
et sur la mesure de la vitesse de la pensée.

Pierre Cabanis (France, 1757-1808)


La pensée est le produit de l’activité du cerveau.

Hermann von Helmholtz (Prusse, 1821-1894)


Hermann von Helmholtz étudie la vitesse de la construction nerveuse
- Exciter un nerf de grenouille dans le voisinage du muscle de la patte postérieure =>
mesure de l’intervalle qui s’écoule entre l’excitation du nerf et la contraction
- Excite ensuite un nerf en un point plus éloigné du muscle et observe le retard de
contraction
- Cela amène à déterminer une vitesse de la propagation de l’influx nerveux autour de
26 m/s, une vitesse qui fera l’objet de corrections ultérieures

Adolphe Hirsch (Suisse, 1830-1901)


Adolphe Hirsch est astronome mais est connu en psychologie par l’intérêt qu’il porte au
temps de réaction dans les années 1860 : Hirsch suppose qu’une opération intellectuelle est
nécessaire pour traduire une sensation perçue (le passage d'un astre faisant objet d’une
observation) en un signal (noter l’heure précise du passage)
- temps de réaction pour les différents sens majeurs : ouïe, vue et toucher
- 3 étapes :
- transmission de la sensation au cerveau
- action du cerveau consistant à transformer la sensation en acte de volonté

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- transmission de la volonté dans les nerfs moteurs et exécution du mouvement


par les muscles
- exemples d’expérience : l’individu touche avec sa main droite une clé au moment ou il
ressent une légère douleur produite par une pince électrifiée => la vitesse du courant
nerveux est évaluée à 34 m/s

Franciscus Donders (Pays-Bas, 1818-1889)


Contemporain de Hirsch dans les années 1860, ce physiologiste et médecin met en place des
expériences pour mesurer la durée d’une opération intellectuelle :
- on administre un choc électrique à l’individu, il sait qu’un choc électrique agit sur son
pied droit et il doit réagir de sa main droite
- dans un second cas de figure, il sait qu’il va recevoir un choc électrique mais pas à
quel pied et il doit réagir avec la main du côté stimulé.
Le temps de réaction mesuré est plus long dans le second cas, d’environ 1/15 s selon les
mesures réalisées. Donders identifie ce temps comme celui nécessaire pour se rendre compte
de quel côté la stimulation a lieu et pour diriger l’acte moteur à droite ou à gauche.
Donders postule que la différence dans les mesures correspond au temps de pensée qui
correspond à un acte simple : la durée augmente selon la complexité de l’acte.

La phrénologie

Franz Joseph Gall (Allemagne, France, 1758-1828)


Elle est fondée par Franz Joseph Gall sans être encore nommée comme phrénologie.
Franz Joseph Gall ou Jean-Joseph Gall, un médecin allemand naturalisé français en 1819,
fait l’hypothèse d’un lien de causalité entre les facultés mentales et les traités physiques. Il
observe que les élèves aux yeux saillants ont une excellente mémoire des mots. Cela l’amène
à mettre en lien ces deux traits, mentaux et physiques.
Gall chercher à établir cette causalité, il fait du cerveau l'organe de la pensée où il va chercher
des régions précises liées à des facultés mentales , fonctions, sentiments, prédispositions
Gall fait l’hypothèse d’une organisation physiologique repérable dans le cerveau et lisible sur
le visage. Notamment que les talents de l’individu sont fondés sur une organisation
physiologique, des aires cérébrales plus développées que d’autres et en lien avec des traits du
visage particuliers.
Les traits de caractère humain sont vus comme visibles, apparents sur le visage, et pouvant
être mis en correspondance avec des zones données du cerveau.
voir la physiognomie, développée par Lavater au 18ème, avec le même principe mais associé
à l’aspect général de l'individu
Gall relie les caractéristiques crâniennes et faciales aux traits mentaux : des recherches
empiriques l'amènent à cette mise en relation et au dénombrement de 27 organes dans le
cerveau qui correspondent à des facultés spécifiques.
Son ouvrage paru en 1810 témoigne bien du projet de Gall : Anatomie et Physiologie du
Système nerveux en général et du cerveau en particulier avec des observations sur la
possibilité de reconnaître plusieurs dispositions intellectuelles et morales de l'homme et des
animaux par la configuration de leurs têtes, Schoell.

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Gall ne se limite pas aux humains, Gall observe aussi des animaux. Il s’appuie sur
l’observation d’un grand nombre de têtes animales et humaines. Il ausculte dès que possible
des crânes et des cerveaux. Et il a recours aux biographies de personnages illustres, connues
pour leurs facultés scientifiques, artistiques ou littéraires.
Devant la difficulté d’observer des cerveaux, il fait l’hypothèse que lorsqu'il y a des saillies
osseuses sur les crânes, se cachent des secteurs corticaux développés correspondant à ce qu’il
nomme des organes cérébraux.

Johann Gaspar Spurzheim (Allemagne, 1776-1832)


Élève de Gall, physiologiste allemand, il popularise la phrénologie et propose le terme. Il se
focalise sur les caractéristiques crâniennes, il abandonne leur mise en correspondance avec
la lecture des traits du visage. Il propose l’existence de 35 facultés.

La phrénologie exerce une influence sur la psychologie avec la création de nombreuses


controverses :
- François Broussais : par son postulat de la supériorité de l'approche physiologique
sur la psychologie, Broussais amène à une expansion de la phénologie en France
- Dans le même temps, de grandes critiques sont adressées à la phénologie car de
nombreuses erreurs relatives à l'anatomie sont révélées, amenant au doute du
principe de la localisation
- mais cela amène à une mise en lien d’affections, comme la perte de parole, avec le
cerveau :
- Paul Broca (né le 28 juin 1824 à Sainte-Foy-la-Grande et mort le 9 juillet 1880
à Paris, est un médecin, anatomiste et anthropologue français) présente ainsi
à la Société d'anthropologie de Paris en 1861 le patient “Tan”
- “Tan” est la seule parole prononcée par le patient et une lésion ancienne au
lobe frontal de l'hémisphère gauche est mise en avant comme à l’origine de la
perte de la parole (aphasie de Broca).

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La psychologie allemande
Psychologie empirique allemande

Christian Wolff (Allemagne, 1679-1754)


Christian Wolff, philosophe, juriste et mathématicien, publie deux ouvrages, en 1732 puis
1734 portant le titre de psychologie : psychologie empirique et psychologie rationnelle,
complémentaire l’une de l’autre.
Il popularise la psychologie en Allemagne qu’il désigne comme la science de l’âme humaine.

La psychologie empirique
La psychologie empirique se donne comme objectif de réunir des faits d’observation de
conduite des individus. Il utilise le terme psychométrique mais dans une acception différente
de celle associée aux tests psychométriques. Il s’agit pour Wolff de l’idée de faire des calculs,
des mesures à partir des observations que l’on mène
Dans son approche, identifier des lois selon lesquelles s’exercent les facultés de l’âme est
primordial. Cela sera repris par la méthodologie expérimentale, notamment dans son souci
de faire des calculs mathématiques et d’établir des lois.

La psychologie rationnelle
Elle tente de déterminer quelles sont les facultés sans recourir à l’observation, à l'empirique.
A l’instar de Descartes, Wolff estime que l’individu doit raisonner, doit penser et on n’a pas
besoin de réalité empirique dans cette psychologie rationnelle, on doit raisonner sur ce que
sont les facultés pour mieux les comprendre. L’instrument de cette psychologie est la Raison.

Positionnement de Kant (Allemagne, 1724-1804) face à cette approche de Wolff


Il examine les deux types de psychologie et explique que la psychologie empirique ne peut
pas recourir à l'expérimentation, ni au calcul mathématiques. Il s’inscrit en contre de ce
projet et doute de sa pertinence.
Sur la psychologie rationnelle, le positionnement de Kant est qu’elle ne peut tout simplement
pas exister :
- Dans son analyse, l’individu est influencé par ses expériences et ses représentations,
induisant un biais du fait de ses aprioris et toutes ses connaissances accumulées par
son “sens intime”.
- Selon Kant, la perception d’un objet ne peut jamais être identique à l’objet lui-même
du fait de cette analyse biaisée. La perception de l’objet est une représentation propre
à l'individu qui se le représente.

Ces psychologies empiriques et rationnelles de Wolff vont amener au développement de


concepts comme la représentation et l’inconscient.

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Johann Herbart (1776-1841)


Autre figure de psychologie empirique allemande, philosophe et pédagogue allemand, il est
considéré comme le fondateur de la pédagogie en tant que champ scientifique et
académique. Il s’appuie sur le principe qu’on peut atteindre la connaissance d’un objet, d’une
vérité de l’objet en associant méthode empirique et rationnelle donc une approche très
proche de celle de Wolff. Il va publier plusieurs ouvrages où il explique que la psychologie
doit utiliser l’expérimentation et le calcul.
Il est à l'origine de la psychologie expérimentale car ses travaux seront repris par Wilhelm
Wundt.
Il a permis de penser l'inconscient, comme une énergie psychique.
Il s’intéresse aux représentations qu’il étudie comme des forces plus ou moins intenses,
susceptibles d’être mesurées.
Il développe une analyse des phénomènes en termes d'attraction et répulsion :
- si deux idées de même force entrent en conflit, elles verront chacune leur intensité
diminuer de moitié
- une représentation peut être refoulée par une autre, dans le cas d’une différence
d’intensité entraînant le refoulement d’une des idées qui devient alors inconsciente.

Psychologie expérimentale

Gustav Theodor Fechner (Allemagne, 1801-1887)


Un physicien, philosophe et psychologue allemand, connu qui, suite à un pb personnel,
oriente ses recherches vers la science de l'âme, il est dans des considérations d'ordre
métaphysique, avec un diffusion des esprits dans l’univers.
L’importance de la mesure déjà présente dans la psychologie empirique devient ici au cœur
de l’approche expérimentale.
Il formule une loi qui exprime de manière mathématique, une loi mesurant la relation entre
l’excitation et la sensation qu'il va essayer de valider expérimentalement. Cette “loi
psychophysique" cherche à établir et mesure une corrélation mathématique entre la force
d'un stimulus et l’intensité de la sensation provoquée.

Toujours l’idée de lois permettant de définir le comportement humain.

Wilhelm Wundt (Allemagne, 1832-1920)


Wundt a une formation de médecin, il publie en 1874, Elements de psychologie
physiologique
En 1879 (date importante), Wundt fonde à Leipzig le premier laboratoire de psychologie
expérimentale au monde, formant plusieurs chercheurs. Ce laboratoire a une influence
importante à l'international car plusieurs chercheurs venus de plusieurs pays viennent se
former depuis UK, France et retournent ensuite diffuser les travaux de psy expérimentale
dans leurs pays. Parmi ces chercheurs, on peut citer Benjamin Bourdon (1860-1943) qui
fonde le premier laboratoire expérimental français à Rennes, où il enseigne la psychologie à
Rennes. Bourdon travaille sur la perception visuelle de l’espace.

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Dans ses travaux, Wundt se consacre aux sensations, aux perceptions, en particulier dans le
domaine visuel mais aussi dans l’audition, le toucher, le goût et la perception du temps.
Wundt étudie aussi les deux thématiques que sont l’attention et l’affectivité. Il enregistre par
exemple, le pouls des participants ou leur respiration.
En termes de méthodes, il utilise :
- celle des temps de réaction (cf Donders) avec une mesure très exacte du temps qui
s’écoule entre un stimulus sensoriel (eg la lumière, un son) et la réaction motrice du
participant (eg serrer une pince)
- l’introspection où l’individu rapporte sa pensée, son état , ses ressentis : cette
méthode Wundt la juge utile, intéressante dans la mesure où elle permet d’accéder
aux états subjectifs de l’individu pour mieux éclairer les mesures expérimentales. Il
écrit “toute psychologie commence par l’introspection” en faisant tendre les
conditions de cette dernière vers un processus le plus contrôlé possible, cet usage de
la méthode introspective a été l’objet d’acceptation (Repris par Tichtener) mais
surtout de beaucoup de critiques (Behavioristes, fonctionnalistes puis Gestalt)
- Toutefois, selon lui la psychologie doit surtout expliquer et non pas décrire, elle doit
établir des lois et il explique que la méthode indiquée pour cela est l’expérimentation.
Wundt est une figure complexe dans le sens où il n’est pas seulement intéressé par la
psychologie expérimentale, il a des préoccupations philosophiques également, ce qui est
courant dans cette époque où les chercheurs sont souvent polyvalents. Les préoccupations
philosophiques de Wundt sont approfondies et il crée une revue en 1881 et il publie plusieurs
ouvrages de philosophie. En lien avec ces préoccupations, outre ces travaux de psychologie
expérimentale, il s’intéresse également à une autre branche de la psychologie appelée
psychologie culturelle qu’il nomme lui la psychologie des peuples, die volkerpsychologie, et
il écrit dix volumes sur la psychologie des peuples entre 1900 et 1920 dans lesquels il analyse
plusieurs phénomènes sociaux complexes (eg les mythes, les religions => travail avec Otto
Rank ?). Toute cette partie de son œuvre est restée longtemps méconnue. La psychologie à
cette époque restreint ses objets d’études, ses méthodes et donc cette oeuvre de Wundt,
beaucoup plus de réflexions et d’analyses autour de phénomènes culturelles est longtemps
oubliée car considéré comme moins importante et on ne s’y intéresse que depuis la fin du
20ème siècle, notamment aux US. Ces travaux sont considérés comme étant des travaux
princeps de la psychologie culturelle.
Wundt reste vu comme le fondateur de la psychologie expérimentale.

Hermann Ebbinghaus (Allemagne, 1850-1909)


Hermann Ebbinghaus est un philosophe allemand souvent considéré comme le père de la
psychologie expérimentale de l'apprentissage. Il appliqua les méthodes expérimentales aux
autres domaines que ceux de la sensation, et notamment à ceux de la mémoire et de
l'apprentissage.
Surtout connu pour ses travaux en psychologie cognitive notamment sur la mémoire,
Ebbinghaus est un chercheur qui contribue au développement des études expérimentales en
psychologie. Il travaille de manière expérimentale sur la mémoire, ces travaux restent
actuellement très reconnus, c’est le premier chercheur à étudier la mémoire à l’aide de
syllabes, sons, significations.

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Son parcours
Comme d’autres chercheurs, ils s’intéressent à la philosophie, il l’a étudié et il a publié en
1869 un ouvrage Philosophie de l’inconscient, ici l'inconscient en lien avec la mémoire,
plutôt le non conscient. Ebbinghaus s’appuie sur ses travaux expérimentaux et il apporte les
preuves de l’existence d’une mémoire inconsciente.
Des participants doivent apprendre une liste de syllabes sans signification, on laisse passer
un peu de temps, faisant que ces participants oublient ces syllabes, puis on leur demande
d’apprendre de nouveau cette liste de syllabes. ebbinghaus observe que les participants
mettent moins de temps par rapport à la première fois pour apprendre ces syllabes. Ce
moindre temps d’apprentissage est la preuve selon Ebbinghaus d’une mémoire inconsciente,
il explique que le fait que les individus ne puissent pas se rappeler de ces syllabes ne signifie
pas qu’il n’y a aucune trace du passé, aucun souvenir stocké dans la mémoire de cette liste.
La facilité à réapprendre les mêmes listes de syllabes est une preuve du souvenir inconscient.
En lien avec cette réflexion sur la mémoire inconsciente, il publie en 1885 Sur la mémoire,
une contribution de la psychologie expérimentale dans lequel il souligne ces idées et ses
méthodes expérimentales. Son matériel consiste en des séries de syllabes sans signification,
sélectionnées parmi plus de 2300 syllabes, chaque série étant constituée de 13 à 64 syllabes.
On mesure la vitesse d'apprentissage et le nombre d’essais réalisés.
ebbinghaus est connu pour avoir établi des lois qui restent toujours d’actualité comme :
- l’effet de la répétition, puis on répète plus on mémorise,
- l’espacement des présentations qui influent sur le niveau de mémorisation
- et les lois relatives à l'oubli, l’oubli rapide dès les premières heures et celle qui valent
sur du plus long terme, un mois (80% alors oublié)
Il inaugure une thématique très en vogue ensuite au 20ème siècle et jusqu’au 121ème, celle
de la mémoire.

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La psychologie en France
Positivisme - Auguste Comte (France, 1798-1857)
Pour aborder le contexte français, il est important d'examiner la contribution d’Auguste
Comte parce qu’avec sa pensée philosophique, il exerce une influence considérable sur toutes
les sciences et notamment sur la psychologie.
Auguste Comte par ses critiques de la psychologie naissante a une influence considérable
dans le sens ou il met l’accent sur la nécessité d’une plus grande objectivité, et le recours à de
mesures. Toutefois, il est influencé par la phrénologie et notamment le principe de la
localisation cérébrale des fonctions mentales. Pour lui, la discipline semblait pouvoir étudier
scientifiquement et rigoureusement l’individu. La phrénologie est très controversée dès
l’époque notamment du fait du postulat faux de la transposition des fonctions mentales sur
le visage. Ce qui intéresse Comte, c’est plutôt la localisation des fonctions mentales dans le
cerveau, il juge ce postulat très scientifique et très objective.
Comte est mathématicien et philosophe, il crée le positivisme et il applique une démarche
qui se veut strictement scientifique. Ce terme renvoie à la fois à une philosophie, une morale,
une politique, une religion organisée. Selon lui, l’amour de l'humanité doit remplacer
l'amour de Dieu, il explique que pour réformer la société, il faut au préalable réformer la
pensée. Cette amour de l’humanité amène à l’émergence du positivisme comme une nouvelle
religion dont l’objectif est de réunir les individus, de concilier les intérêts divergents et
d'instruire le peuple.
Son projet est à la fois de société et philosophique. Comte se tournera finalement vers le
mysticisme vers la fin de sa vie et s’autoproclame alors “grand prêtre de la religion positive”
Comte établit une classification des sciences selon 3 états théoriques :
- état théologique ou fictif
- état métaphysique ou abstrait
- état scientifique ou positif (terme qui permet de résumer le mieux possible
“l’ensemble des attributs fondamentaux du nouvel esprit philosophique")
Selon Comte, la science doit conduire l’individu à la positivité, elle doit le conduire de la
superstition à la positivité. Une idée de progrès de l’humanité dans cette évolution.

Dans les sciences "scientifiques" ou positives, Comte rassemble les mathématiques,


l’astronomie, la physique, la chimie, la physiologie/biologie, la sociologie. Comte exclut la
psychologie. La psychologie de son époque se fonde sur l’introspection et il en critique
l’usage en psychologie : dans un contexte où les philosophies spiritualistes s’intéressent à la
psychologie par le biais de phénomènes qui échappent à la conscience de l’individu et
prônent l'observation intérieure, soit l’introspection. Le positivisme de Comte et la
philosophie spiritualiste sont en opposition, avec une vision dualiste du corps et de l’esprit
avec une dominance de l’esprit sur la matière.
Comte affirme notamment sur l’introspection : “cette prétendue contemplation directe de
l’esprit par lui-même est une illusion”. Selon lui, l’individu ne peut pas s’observer en même
temps qu’il effectue une action.

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Malgré sa critique de la psychologie, sa pensée influence les premiers chercheurs en


psychologie. Ils chercheront à répondre aux critiques de Comte et à se doter d’un statut
scientifique. Des figures telles que Hippolyte Taine ou Théodule Ribot se réfèrent aux
positivistes, ils formulent les bases de la psychologie au nom du positivisme.
A partir des années 1880, après la mort de Comte, le positivisme influence la pensée
scientifique et ce jusqu’actuellement.

Les aliénistes - Pinel (France, 1745-1826)


Ce mouvement des aliénistes illustre la proximité de la psychologie et de la médecine, autour
de la maladie mentale. Cela n'est pas propre au contexte français.
Les aliénistes sont des médecins qui s’intéressent à la psychologie, plus tard, on les qualifiera
de psychiatres. Ils s’occupent de la maladie mentale, c’est une branche médicale qui est créé
par Philippe Pinel dès le 18ème. Au 19ème, un loi inspirée de la médecine aliéniste oblige
l’ouverture d’asile et définit les modalités d'internement et le pouvoir est donné aux
médecins d’interner. une branche médicale plutôt nouvelle prend son essor avec un pouvoir
institutionnel plus important, l’ouverture de lieux dédiés, des ailes pour interner ces patients
souffrant de maladie mentale.
Une revue marque ces débuts, les annales médico-psychologiques, et 5 ans plus tard, se
fonde la société médico-psychologiques.
Ces médecins aliénistes se revendiquent comme les spécialités de la psychologie, plus
précisément de la psychologie morbide. Tels qu’ils exercent leur métier à leurs débuts, ils
expliquent la folie par des causes morales et ils mettent en œuvre un traitement moral des
fous : ce sont des aliénés, des personnes qu’il faut traiter par un traitement moral.
Ils vont ensuite évoluer vers une autre conception de la folie, moins morale mais plus
physique et organique. Le rôle de la transmission héréditaire ou de la dégénérescence est mis
en avant. Cette évolution est due à une controverse avec les philosophes spiritualistes. On va
s’intéresser davantage au physiologique et rejeter l’importance de la psychologie, on met en
avant le besoin de mesure d’informations scientifiques. En termes de méthodes, on va faire
de la médecine rétrospective, des diagnostics rétrospective, on étudie telle ou telle personne
illustre qui va être traité comme un cas psychiatrique. Parmi ces personnages illustres, la
figure de Jeanne D'arc suscite un grand nombre de diagnostics rétrospectifs. Il s'agit de
choisir une figure importante pour la religion en vue de lutter contre l'obscurantisme
religieux.
En raison des pratiques de la médecine aliéniste, les frontières entre la psychologie de
l’aliéné et la psychologie de la personne "normale" deviennent perméables. On va pratiquer
des méthodes qui modifient le comportement des personnes normales pour en étudier les
conséquences.
Paul Moreau dit « de Tours » (1844-1908), médecin aliéniste français, va publier un ouvrage
sur les effets du haschich en termes d''hallucinations, de symptômes de la folie. Il va faire de
l’auto-observation, il va étudier les modifications de son comportement. Une pratique
fréquente à cette époque, Freud y aura recours avec la cocaïne également. Moreau de Tours
va conclure qu’il n’y a pas de différences entre les hallucinations sous haschich et les
hallucinations des aliénés : d'où cette idée de frontières perméables.

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Les aliénistes pratiquent donc une méthode plus scientifique que celle pratiquée par les
philosophes spiritualistes.

Le magnétisme

Mesmer (1734-1815)
Le besoin d’étude scientifique et celui de mesurer donnent naissance à un autre courant
notamment sous l'influence de Franz Anton Mesmer, médecin allemand, qui prétend régler
toute les maladies en régulant la circulation fluidique et en rétablissant dans le corps de
patients une circulation harmonieuse d’un fluide universel qu’il prétend avoir découvert. Il
considère que c'est le thérapeute, personne vivante dans sa totalité, qui peut guérir et
soulager par son magnétisme personnel. Selon Mesmer, le magnétisme animal est la capacité
de tout homme à guérir son prochain grâce à un « fluide naturel » dont le magnétiseur serait
la source, et qu'il diffuserait grâce à des « passes », dites « passes mesmériennes », sur tout
le corps. Il se disait capable de provoquer des crises par sa seule présence ou par ses gestes,
avec une mise en condition via le baquet magnétisé.

Puységur (1751-1825)
Les magnétiseurs sont également influencés par Amand Marie Jacques de Chastenet,
marquis de Puységur, officier-général d'artillerie, connu pour ses expériences retranscrites
de la pratique du magnétisme animal sur l'homme.
Puységur prétend avoir découvert une autre forme de magnétisme qui se manifeste par un
sommeil paisible mais néanmoins actif dans lequel le sujet parle différemment de son état
ordinaire. Il décrit avoir magnétiser un jeune paysan qui, au lieu de faire une crise de
convulsion dont il était régulièrement pris, fait une crise de somnambulisme pendant
laquelle il décrit sa maladie. Selon la pratique de Puységur, les individus sont mis par les
magnétiseurs dans un état de crise somnambulique calme. Il explique que la personnalité, les
compétences et la volonté de magnétiseurs sont primordiaux donc on y porte une grande
importance ainsi qu’au lien interindividuel qui se noue entre le magnétiseur et le patient.
Ce lien interindividuel constitue un levier thérapeutique. Cette pratique n’est pas forcément
appliquée par des médecins, le plus souvent il s’agit de paysans guérisseurs ou tout
simplement de personnes qui se réclament magnétiseurs.La pratique est assez étendue et
concerne 40 000 en 1880, de praticiens, de pratiquants. Mais très vite, ces pratiques sont
jugées comme pseudo-scientifiques par l’académie des sciences et celle de médecine. Mais
malgré cela, des personnes essaient de les comprendre, notamment chez les médecins
anglais, eg James Braid.

James Braid (Ecosse, 1795-1860)


James Braid, chirurgien écossais, connu pour ses travaux sur l'hypnose, en s'inspirant des
pratiques des magnétiseurs, parlent d'hypnotisme pour expliquer ce somnambulisme
provoqué. Il exclut la présence de liquide universelle comme le prétendait Mesmer mais que
l’état hypnotique émane du système nerveux du sujet hypnotisé et qu’il est possible de le

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produire chez certains individus. Il propose une pratique thérapeutique qui rappelle les
pratiques de magnétiseurs mais qui apparaît comme plus scientifique et plus neutre.
Dans la seconde moitié du 19ème, la pratique est introduite en France. Pierre Janet,
psychologue, va se rapporter aux magnétiseurs et aux hypnotiseurs comme étant des
précurseurs de la psychologie. Pour Janet, ces pratiques questionnent la relation entre le
patient et le soignant et le rôle de l'influence suggestive qu’il envisage comme un levier
thérapeutique. Autant de moyens de faire évoluer les patients dans leur maladies qui lui
semblent pertinentes.

L’hypnose

Jean Martin Charcot (France, 1840-1919)


Il travaille à la Salpêtrière à Paris, en neurologie, et étudie l’hystérie. Freud étudiera les
enseignements de Charcot à la Salpêtrière. L'hystérie est vue comme une maladie du système
nerveux central, caractérisée par un rétrécissement du champ visuel, des céphalées, une
hyperesthésie et d’autres symptômes.
Dès 1875, Charcot s’intéresse à l 'hypnose et il établit un lien entre les états hypnotiques et
certaines manifestations hystériques. Selon lui, seules les hystériques sont hypnotisables, ce
qui est utilisé en vue de diagnostic pour savoir si les patients traités relèvent effectivement de
l’hystérie.
Les thèses de Charcot sont remises en question par des figures telles que Wundt et aussi par
l’école de Nancy et Bernheim. Toutefois, ces remises en question des constatations autour de
l’hypnose, Charcot préside le premier congrès de psychologie.

Hippolyte Bernheim (France, 1840-1919) et l'école de Nancy


Bernheim est médecin à la faculté de médecine de Nancy. Il publie en 1884 un ouvrage de la
suggestion dans l’état hypnotique et dans l’état de veille, dans lequel il souhaite faire une
école rivale de celle de la Salpêtrière. Il rapporte dans cet ouvrage, ces contre-expériences ou
il s’agit de remettre en cause les expériences parisiennes : il démontre que les résultats
obtenus par Charcot viennent de suggestion plus ou moins évidentes de la part des
soignants. Il explique que les signes neurologiques identifiés par Charcot peuvent être
reproduits par suggestion. Il effectue aussi des suggestions post-hypnotiques connus comme
des “crimes de laboratoire” quand il donne l’ordre au sujet en état d’hypnose de faire une
action lorsque le sujet se réveille, il s’exécute à faire cette action sans se référer à l’ordre
donné, sans en avoir souvenir.
Bernheim utilise ce type d’observations pour dire qu’il n’y a pas vraiment d’hypnose mais
juste un processus de suggestion avec l’influence du soignant sur le patient. Freud, en
analysant les mêmes expériences que Bernheim, va avancer qu'on ne peut réduire ces
phénomènes à la suggestion mais qu’on peut y voir une manifestation de ce qu’il nomme
inconscient.

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Gabriel Tarde (France, 1843-1904) et Gustave Le Bon (France, 1841-1931)


Beaucoup de controverses et de débats à l’époque autour de ces crimes de laboratoires
influencent aussi les analyses que feront certains chercheurs à propos de phénomènes
sociaux et politiques.
Le Bon et Tarde vont travailler sur la psychologie de la foule en reprenant les travaux de
Bernheim et en reprenant le phénomène de suggestibilité dans le groupe.

Tarde, les lois de l’imitation, 1890


L’individu en société et le somnambule sont très semblables pour Tarde car ils se croient
libres mais en réalité selon Tarde, ils obéissent inconsciemment à autrui. Ils sont dans la
même illusion de croire leurs idées spontanées.
Il s’intéresse à la criminalité et aux mouvements de foule.

Gustave Le Bon et la psychologie des foules


Le Bon évoque la notion de foule “féminine” avec notamment le fait que l’individu régresse et
retourne à un état psychique inférieur quand il se trouve dans la foule. La foule a besoin d’un
meneur qui la manipule.
Les attentats anarchistes, les grèves ouvrières, les mouvements comme La Commune
interrogent sur ces influences des foules.
Le processus d’influence est donc étudié dans le cadre d’autres situations que celui de
l’hypnose et des critiques de la susceptibilité adressée à l’hypnose.

Critiques de l’hypnose
Les critiques sur l’hypnose illustrent l'orientation que prendra la psychologie à la fin du
19ème La Psychologie se sépare des objets qui ne semblent pas scientifiques. La polémique
autour des pratiques de l’hypnose amène à expérimenter pour montrer l’existence
d'interprétations théoriques altneratives.Il est important de rapporter des preuves pour
montrer en quoi elles sont scientifiques.. ce qui va amener à abandonner l’hypnose qui se
révèle sans intérêt.
L’accent est mis sur l’influence que l’on peut exercer sur son objet d’étude et sur ses sujets
pour :
- améliorer les méthodes et les théories de la psychologie
- émergence de certains champs théoriques qui étudient les contextes où l'individu agit
sous influence (psychologie des foules)
- reconnaître l’influence qu’exerce la psychologue sur son patient, vu comme un levier
thérapeutique.

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Figures de la psychologie française du XXème

Théodule Ribot (France, 1839-1916)


Ribot marque le début de l’institutionnalisation de la psychologie en France. Il marque les
orientations de la psychologie française au XX.
Il construit sa vision de la psychologie depuis l’idéal positiviste et la psychologie
expérimentale. Il est le premier titulaire d’une chaire de psychologie expérimentale au
collège de France en 1888.
Il se réfère à la psychologie anglaise, à la psychologie allemande expérimentale mais aussi à
l'évolutionnisme. Il publie des ouvrages se référant à ces différents courants et
particulièrement des travaux de Wundt.
En 1873, il publie une thèse sur l'hérédité, ses lois, ses causes et il étudie la mémoire et la
personnalité sous un angle pathologique.
En dépit du fait qu’il ne soit pas médecin, il s’appuie sur des données de psychiatrie et
oriente la psychologie du côté de la médecine.
Une figure qui oriente la psychologie vers la psychologie expérimentale, qui se rapproche de
la médecine, Ribot est important pour les débuts de la psychologie en France car il effectue
plusieurs publications et diffuse une certaine vision de la psychologie en mettant en avant le
caractère scientifique des courants de la psychologie expérimentale.
Ribot diffuse cette vision via ses publications et ses enseignements au Collège de France. Il
devient le représentant d’une psychologie scientifique en France. Les historiens de la
discipline expliquent que ces facteurs ne sont pas les seuls conduisant à cette importance de
la figure de Ribot mais c’est aussi l' articulation du contexte français. L’analyse de François
Parot explique que le centralisme de l’Etat français “ fait qu'un seul homme concentre sur lui
le sort de la discipline et qu’il l’organise institutionnellement (Parot, 1992). Il donne à la
psychologie française du XX, “cette teinte républicaine”, positiviste, expérimentale, qui doit
recourir “aux observations objectives, à la méthode” (Parot, 1992).

Alfred Binet (France, 1857-1911)


Binet est notamment connu pour avoir créé avec Théodore Simon le test d’intelligence en
1905.
cf vidéo de l’université de Lorraine expliquant le parcours d'Alfred Binet et sa contribution à
la psychologie http://alfredbinet.univ-lorraine.fr
Le parcours de Binet est assez complexe et diversifié :
- Binet a travaillé dans le service de Charcot, en y faisant une série d’expériences sur
l’hypnose :
- 1886, publication de La psychologie du raisonnement, novateur pour l’époque
- Il utilise les hallucinations provoquées chez les enfants pour étudier les
propriétés de l’image. Son objectif est de montrer que tout raisonnement peut
se ramener à un agencement d'images.
- Outre cette contribution, Binet travaille ensuite au premier laboratoire de
psychologie expérimentale créée à la Sorbonne (par H. Beaunis)

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- Il contribue aussi à l'institutionnalisation du domaine en créant la première revue de


psychologie en France : il fonde en 1894, la revue Année Psychologique, toujours
éditée par l’université Paris Descartes. C’est une revue qui dès le départ est associée à
la psychologie expérimentale et elle continue à avoir aujourd'hui ce caractère de
psychologie expérimentale. Les recherches qui y paraissent sont forcément de nature
expérimentale.
- Il est aussi fondateur de la psychologie différentielle qu’il nomme psychologie
individuelle, en publiant un article avec Victor Henri :
- il s’agit d’étudier les différences individuelles : en termes d’intelligence, de
types de personnalité, de facultés et d’autres mesures de phénomènes
mentaux comme l’(attention, els sentiments moraux, l’imagination, etc
- Les tests d'intelligence font partie de cette psychologie différentielle telle
qu'elle est perçue par Binet.
Alfred Binet n’est pas à rapprocher de l’eugénisme car ses tests il les conçoit pour identifier
les difficultés des enfants et adapter l’aide éducative susceptibles de les aider à dépasser leurs
faiblesses.
Autre lien : http://www.uoh.fr/front/

Pierre Janet (France, 1859-1947)


Il s'écarte un peu de Théodule Ribot et d’Alfred Binet, même s’il appartient aussi au courant
de la psychologie expérimentale. Il est chargé de cours de psychologie expérimentale en
1898, notamment en étant suppléant de Théodule Ribot au Collège de France.
C’est un chercheur important de la psychologie et pour son institutionnalisation, notamment
par un rôle actif lors des congrès internationaux. Il était notamment chargé de la publication
faisant suite au 4ème congrès international.
Son profil est également varié :
- il s’intéresse à la question du normal et du pathologique, il mène une série
d'observation entre 1882 et 1888, sur des patients qui lui permettent de soutenir
deux thèses, dans lesquelles il explique sa façon de voir la maladie et notamment la
guérison, il s’intéresse aux symptômes et à la manière de les traiter
- en 1893, thèse de médecine sous la direction de Charcot ou il étudie l’hystérie
- en 1889, une autre thèse sur ce qu’il nomme l'automatisme psychologique
- Sa méthode est d'identifier l’origine des symptômes, de dissocier les idées fixes qui
leur sont associées en les supprimant par suggestion ou en leur substituant d’autres
idées : cela rejoint le principe des TCC, Thérapies comportementales et cognitives et
de la PNL, programmation neuro linguistique.
- Il est fondateur principal de la Société française de psychologie en 1901.
- Dans les années 1920, il étudie la croyance en l'associant à un symptôme de
pathologie. Il publie De l’angoisse à l’extase : étude sur les croyances et les sentiments
en 1926.

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L'institutionnalisation de la psychologie et objets


abandonnées
La psychologie devient de plus en plus institutionnalisée à la fin du XIX et au début du XX,
des enseignements, des laboratoires, des publications se développent. Des sociétés
nationales et internationales sont également créées.

Quelques dates importantes

Août 1889 : premier congrès international de psychologie, Paris


Il est présidé par Charcot et son titre est complété de physiologique donnant un indicateur de
l’orientation que veut mettre en avant cette psychologie. sur le modèle des sciences dites
dures.
Lors de ce premier congrès, même si la vision de la psychologie physiologique, d’autres types
de psychologie sont présents et font l’objet de présentation de travaux. Par exemple, ceux
travaillant sur le domaine du spiritisme (voir plus loin dans le cours).

Août 1892 : 2ème congrès international de psychologie, Londres


Son titre est complété expérimental, marquant l’orientation nouvelle. Il permet toujours à
d’autres types de psychologies présentes et les spiritistes continuent de présenter leurs
travaux

Août 1896 : 3ème congrès international de psychologie, Vienne


Les psychologues travaillant autour de la métapsychiques, le spiritisme, sont cette fois
absents. L’institutionnalisation amène le délaissement et certaines orientations comme celle
du spiritisme.

Créations de revues
1887, dans le monde étatsunien : Stanley Hall crée la revue de l’American Journal of
Psychology
1894 : Revue Année psychologique en France et Psychological review
1904 : British Journal of Psychology

Créations de sociétés nationales


1892 : création de l’APA par Stanley Hall, société nationale qui a aussi une action sur le plan
international au niveau de la psychologie. Une société très bien organisée en termes de
divisions selon les objets étudiées. Le référençage bibliographique que nous utilisons dans
nos dossiers est celle de l’APA. Une société très influente à sa création et encore toujours.
=> Consulter les publications de l’APA
1901, création de la SFP
1912 : création de la British psychology society

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Objets d’étude délaissées


En psychologie naissante, certains objets sont délaissés.

Spiritisme, occultisme, métapsychique


Au XIX, des pratiques non scientifiques avaient encore cours en psychologie, comme celle du
spiritisme et l’occultisme. Ces pratiques, qui viennent des pays anglo-saxons, deviennent
courantes au XIX et le restent encore au XX.
Le Maléfan qui s’est intéressé à ces questions, explique en 1995, que jusqu'à la fin de la
seconde guerre mondiale, il existait au sein de la population française une forte tendance aux
superstitions et à des pratiques telles que l’occultisme et l'astrologie.
La psychologie étudie les phénomènes paranormaux à ses débuts dont l'étude est rassemblée
sous la notion métapsychique. Lors des premiers congrès de psychologie, la métapsychique
est étudiée et parmi les chercheurs qui réalisent des études concernant ce domaine, Charles
Richet, physiologiste. Sur le plan institutionnel, lorsque la SFP est créée, elle était censée
s’occuper de deux orientations de la psychologie, l'expérimentale et la métapsychique.
Ce que racontent les historiens de la discipline est que la SFP a été créée grâce aux fonds de
donateurs qui constatèrent Pierre Janet et Charles Richet du fait de la volonté d'étudier la
psychologie selon les deux orientations, normales et paranormales. Très vite, les donateurs
ont été écartés et également Charles Richet comme tout autre chercheur s'intéressant au
paranormal.
Dans son institutionnalisation, la psychologie a été conduite à partager ses objets d’études
“entre deux catégories : l’acceptable et l'inacceptable” (Le Maléfan, 1995). Et les études des
objets inacceptables ont été stoppées.

L’étude du religieux en psychologie


Les objets considérés comme non suffisamment scientifiques sont écartés. Le religieux est vu
comme ne pouvant pas faire l‘objet d'une analyse scientifique mais il est aussi étudiée
comme étant une manifestation pathologique.
On applique à l’individu normal les connaissances physiologiques et psychologiques
obtenues par l'étude des aliénés. Selon le même type de démarche, on applique au religieux
des connaissances acquises sur les aliénés.
Charcot en 1892/1893, suite à une visite très médiatisée et très discutée d’Emile Zola au
sanctuaire de Lourdes, publie un article intitulé “La foi qui guérit” à la demande de New
Review dans lequel il explique que la foi est très puissante pour la guérison des cas de
paralysie, de maladies compulsionnelles, d’ulcères et de tumeurs d’origine hystérique. Dans
son explication Charcot souligne le rôle déterminant de l'autosuggestion du patient et de la
suggestibilité du patient.
“Chez ces individus, hommes ou femmes, l’influence de l'esprit sur le corps est assez efficace
pour produire la guérison de maladies que l'ignorance où on était qu’il n’y a pas longemer à
leur nature véritable, faisait considérer comme incurables” (Charcot, 1893) : c’est grâce à la
foi et la suggestibilité que les symptômes sont guéris. Il conclut : “ce domaine du surnaturel
(...) voit tous les jours ses frontières se rétrécir sous l’influence des acquisitions
scientifiques.” (Charcot, 1893)

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La religion est donc un objet qui n’est pas scientifique et qui peut être étudiée en psychologie
sous l’angle de la pathologie. Cette perspective marque un tournant dans la conception de ce
type d’objet et Charcot contribue à ce que le religieux soit traité uniquement sous son aspect
pathologique. Un contexte scientifique où le religieux ne peut plus être étudié comme
phénomène de l'individu normal, ce qui amène au rejet des propositions d’une chaire de
psychologie de la religion en 1907.
Wundt et d'auteurs psychologues étudient la religion et la métapsychique, progressivement
ces objets sont abandonnés jusqu’à cette rupture franche du fait notamment de Charcot et
cette vision pathologique de la religion.

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La psychologie étatsunienne
C’est une école très influente aujourd'hui au sein de la psychologie.
Le laboratoire de Wilhelm Wundt à Leipzig à la fin du XIX attirait de nombreux chercheurs,
européens mais également étatsuniens, et les chercheurs étatsuniens font effectivement de
nombreux séjours.
Les chercheurs étatsuniens à leur retour aux US adoptent une attitude différente des
chercheurs européens dans le sens ou ils insistent sur l'utilité de la psychologie de manière
beaucoup plus explicite. Il s’agit de mettre la psychologie aux service des problème
spratiques que la société rencontre
Deux figures : Stanley Hall et William James

Stanley Hall (US, 1844-1924)


C’est un chercheur qui a lui-même séjourné auprès de Wundt pour s’initier à la psychologie
expérimentale. Il a fondé une revue de référence, l’American Review of Psychology, et il
fonde aussi l’APA en 1892, qu'il préside.
Il met en avant l'importance de se doter d'un statut scientifique et professionnel. Il souhaite
rendre la psychologie autonome et distincte de la philosophie.
D’un point de vue théorique : il est proche de l’évolutionnisme et des théories de Darwin. Il
développe une psychologie qui se focalise sur le développement et qui s'appuie sur la
méthode du questionnaire, dans un effort de comparer les populations.

Fonctionnalisme et pragmatisme

William James (US, 1842-1910) et le pragmatisme


William James est le frère de l'écrivain Henry James, il fait d'abord des études de médecine
et enseigne à Harvard la biologie puis la philosophie et la psychologie. La contribution de
Hall a le mérite de l’institutionnalisation au travers de l’APA et la revue américaine mais d’un
point de vue théorique, c’est William James qui a et conserve une influence considérable.
James est le premier à donner des enseignements de psychologie à Harvard à partir de 1872.
L'orientation de la psychologie la porte vers l’utilité pour la société. Une évolution
intrinsèquement liée à un courant philosophique qui domine la pensée scientifique
américaine, que William James nomme le pragmatisme, Le pragmatisme (1907).
Selon le pragmatisme, la vérité dépend des actions et des opérations qu'il réalise pour y
parvenir. une idée est vraie si elle est efficace et utile. Le pragmatisme insiste sur les
conséquences pratiques.
Dans Principes de psychologie (1891), il évoque l’importance des émotions :
- les émotions sont des conséquences des modifications corporelles et non pas leur
cause : l’individu tremble parce qu’il a peur et non l’inverse
- Théorie James-Lange de l'émotion, Lange est un chercheur danois, contemporain de
James défendant à la même époque une théorie très proche de celle de James et donc
les deux théories sont restées dans l’histoire comme n’étant qu’une seule

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- L’individu prend conscience des sensations corporelles, ce qui est à l'origine des
émotions et ce qui implique aussi que la conscience est vue comme une sorte
d’activité. La conscience est une activité psychique qui permet à l'individu de
s’adapter à l’environnement.
- Évoquant la conscience, William James évoque un “stream of consciousness”, un
courant continu, changeant, orienté par des buts.
- Pour William James, 3 moi coexistent : le moi corporel, le moi spirituel et le moi
social.
- La conscience s’étudie par l’introspection donc la vision est très éloignée de celle de la
psychologie expérimentale qui prévaut dans le monde européen. Une psychologie que
James connaît parfaitement mais qu’il considère que cette démarche n'est pas
pertinente pour étudier la conscience, il voit la conscience comme un courant continu
constitué d’images trop fuyantes pour pouvoir être étudiée avec l'expérimentation.
- William James contribue également à la psychologie de la religion : dans ses travaux
sur les émotions, il s’intéresse à l'expérience religieuse et notamment aux rôle de
l’émotion dans l'expérience religieuse. Cela lui permet de distinguer deux rapports à
la religion : un rapport plus institutionnel et un autre plus personnel. Il insiste sur la
diversité des formes que peut prendre la foi religieuse, et sur la diversité de leurs sens
et leurs bénéfices pour l’individu. Il envisage la religion et les croyances religieuses
sous l’angle de l'utilité pour l’individu, pour la société.
- William James contribue également à la philosophie.

William James a été critiqué comme étant religieux et mystique, sa vision de la place de la
religion a été vue comme influencée par ses croyances par les chercheurs européens.

Le fonctionnalisme - James Dewey (US, 1859-1952)


Il a été élève de William James dont le pragmatisme est diffusé par ses étudiants. Le
fonctionnalisme que fonde Dewey est fortement influencé par les travaux de James et le
pragmatisme. Le courant fonctionnaliste émane du pragmatisme de James selon Dewey et
trouve son origine dans l’évolutionnisme de Darwin, notamment concernant l’adaptation des
organismes à leur environnement, un aspect déjà présent dans le pragmatisme. Dewey
explicite cet aspect, cette influence en étudiant les fonctions des processus psychiques qui
permettent à l'individu de s’adapter. L’unité de la vie psychique et l’adaptation de l’individu.

Le fonctionnalisme met l'accent sur l’activité et sur le caractère dynamique des phénomènes
psychiques. Il considère l’activité comme la condition d’adaptation de l’individu à son
environnement, que c’est un processus continuel. La préoccupation principale de cette
psychologie est d’étudier les besoins auxquels répondent les comportements des individus,
autrement dit, quelles sont les fonctions des comportements. Tel qu’appliqué par Dewey, le
fonctionnalisme amène à mettre la psychologie au service des méthodes progressistes dans
l'éducation scolaire : Dewey met l’accent sur leurs méthodes susceptibles d’encourager
l’intérêt des enfants pour l'école et à l'évaluation de ces méthodes
Un courant qui domine la psychologie étatsunienne au début du XX et qui s’oppose à l’autre
courant, celui du structuralisme qui vient après le fonctionnalisme.

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Le structuralisme

Edward Titchener (GB puis US, 1867-1927)


Un article fondateur du structuralisme est publié par Titchener les postulats de la
psychologie structurale en 1898.
Le structuralisme vient s'opposer au principe des fonctions, Titchener critique le
fonctionnalisme en posant que les phénomènes mentaux sont décomposées en éléments
psychiques, structures des phénomènes mentaux. Ce postulat n’est pas nouveau, il est déjà
existant dans les premières formes de psychologie notamment associationnistes qui ont
émergé en amont de l'institutionnalisation de la psychologie.

Titchener considère que le fondateur du structuralisme est Wilhelm Wundt, par


la théorie mais aussi en termes de méthodes dans la manière d'utiliser l’introspection.
Wundt utilisait l’introspection de manière complémentaire à ses travaux expérimentaux, il
demandait à ses participants de décrire les activités de leur conscience, décrire leurs
sentiments. L’idée était de demander aux individus de décrire leurs états d’esprit, comment
l’individu choisit d’adopter tel ou tel comportement, qu’est-ce qui motive son choix pour un
comportement donné, pour identifier tous les éléments, les étapes qui expliquent son choix.

Titchener a travaillé auprès de Wundt, il fait un séjour au laboratoire de psychologie


expérimental de Wundt. A l'époque, il se lie d’amitié avec Franck Angelle qui lui propose un
poste de professeur de psychologie aux US, de psychologie expérimentale. c’et dans ce cadre
que Titchener développe des méthodes d'introspection qu’il qualifie d'expérimentale :
- Dans un premier temps, l’individu doit rester passif lors d’une recherche
expérimentale om il doit réagir rapidement sans trop analyser ses réponses,par
exemple en faisant un choix, en exprimant ses préférences.
- Dans la deuxième phase, le participant doit expliquer, de manière détaillée, ses
réactions et les raisons de ses réactions.
Les travaux décrivant cette méthode lui permettent de défendre l’idée qu’il y a trois types de
processus élémentaires qui composent la conscience:
- les sensations, considérées comme des indicateurs de perceptions, de ce que
l’individu perçoit
- l’image, considérée comme l'indicateur de l'idée qu’a l’individu
- les affections, renvoyant aux émotions que l’individu ressent

Le structuralisme va venir dominer le fonctionnalisme jusqu’à l’émergence d'un nouveau


courant qui va conduire à la disparition des deux premiers.

Le behaviorisme
Le behaviorisme repose sur l'adaptation de l'individu, il s’agit d’étudier les réponses d'un
individu face à une stimulation.
On étudie le comportement qui se produit suite à un stimulus en établissant un lien de
causalité entre le stimulus et la réponse qui est donnée.

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Il se développe grâce à des recherches sur les animaux et notamment sur les apprentissages
des animaux.

Edward Lee Thorndike (US, 1874-1949)


Edward Thorndike est le premier à utiliser une méthode expérimentale pour étudier les
comportements des animaux face à des stimulations. Il place les animaux dans une cage qui
est possible à ouvrir par l’activation d’un loquet. A l'extérieur de la cage, de la nourriture est
placée. Les animaux affamés doivent apprendre à manipuler le mécanisme d’ouverture de la
cage pour accéder à la nourriture. Thorndike note le temps mis pour les animaux pour
trouver la solution, pour ouvrir la cage et accéder à la nourriture. Il insiste sur les connexions
qui s’établissent entre les stimulus et les réponses.
L'individu et les processus mentaux sont considérés différemment, le recours aux animaux
en est le signe par le rapprochement animal/homme. Le traitement des animaux a fait l’objet
de critiques et Thorndike a été contraint de cesser ses travaux.

John Broadus Watson (US, 1878-1958)


La fondation du behaviorisme date de 1913 quand Watson présente une conférence à
l’université de Columbia sur “la psychologie telle que le behavioriste la voie”.
Watson rejette l’introspection, méthode aussi critiquée par Auguste Comte et le positivisme,
car elle n’est pas une méthode objective. C’est ce qui fait rupture entre le behaviorisme et les
psychologies qui se base sur le discours de l'individu pour étudier les phénomènes mentaux.
Watson souhaite fonder une science plus objective, basée sur l’étude expérimentale du
comportement et consacrée à l’examen entre le lien entre un stimulus et une réponse.
La condition pour une science plus objective est ce rejet de l'introspection et la nécessité de
se consacrer sur le lien stimulus et réponse qui peut s’objectiver, s’observer, se reproduire, se
confirmer.
La psychologie pour Watson est une science naturelle qui doit laisser de côté les données
subjectives comme ce qui est obtenu par le discours des individus, car l'individu ne peut pas
être l’observateur de lui-même, son compte rendu est forcément biaisé du fait de sa
subjectivité. Cette idée fonde le behaviorisme, cette notion de compte rendu subjectif, sélectif
de l’individu sur son propre comportement. Toute donnée qui analyse la conscience de
l'individu est à abandonner
La psychologie de Watson est une psychologie qui doit étudier le comportement et c’est cette
étude du comportement qui garantit la scientificité. Elle ne s’intéresse aucunement à la
signification des comportements, ni non plus aux fonctions du comportement pour
l'individu.
L'objectif de cette psychologie est d'étudier le comportement, de comprendre les origines des
comportements, les variables qui sont à l’origine des comportements. Selon Watson, il faut
transposer les expériences sur les animaux aux humains.

La diversité méthodologique était importante aux débuts de la psychologie mais, au début


du XXème, la question de la scientificité a amené à une sélection des objets d’études et des
méthodes. Le behaviorisme contribue au débat et à la dévalorisation des méthodes
qualitatives, les méthodes basées sur les discours des individus. Cela a eu un impact sur le

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long terme et il a fallu attendre quasiment le début de XXIème siècle pour que soit accepter
aussi les méthodes qualitatives comme valables, à accepter que toutes méthodes a ses
limites et ses apports, qu’elles soient plus ou moins subjectives, plus ou moins objectives,
plus ou moins quantifiables, etc.

Watson est aussi important d'un point de vue institutionnel et il est élu président de l’APA en
1915. Il diffuse les travaux russes de Pavlov sur le conditionnement classique et dans la suite
de son parcours, il s’intéresse à l’étude des émotions. Il a été critiqué pour ces derniers
travaux et a même dû cesser ses travaux après une expérience très controversée, portant sur
un enfant surnommé Albert. Dans un de ses articles, publié en 1920, il explique avoir
conditionné avec son équipe un enfantt âgé de 11 mois à être effrayé par la vue d’un rat blanc.
Watson explique qu’il a conditionné l’enfant à l’aide du bruit produit par un marteau, un
bruit fort au moment où l'enfant semblait vouloir toucher l’animal. Watson ecplique qu’il a
pu généraliser cette réaction avec ‘autres animaux et pas suelement avec un rat blanc.
Les conséquences produites sur le jeune enfant ont posé d'importantes questions éthiques,
en termes d'expérimentation elle-même et même d’accord parental. Cette expérience a eu
l’intérêt d’alerter sur les questions éthiques et sur le besoin d’un positionnement éthique. Il
s’agit d’une amorce de questionnement qui a été poursuivie par les travaux de Milgram, de
Zimbardo, etc.
Sur le plan théorique, l'expérience est intéressante car elle montre le rôle du
conditionnement dans le développement humain et aussi dans l’apprentissage.
Face aux critiques reçues, Watson est obligé d’arrêter sa carrière universitaire et il devient
publiciste. Il a tout de même continué à publier notamment en vulgarisant le behaviorisme
pour contribuer à sa diffusion, la diffusion dans les médias a d’ailleurs été assez large.
Watson diffuse l’idée que l'environnement social, le milieu de l'individu, a un rôle plus
important que l'hérédité sur le comportement. Il écrit : “Donnez moi une douzaine d’enfants
bien portants et je vous garantis de prendre (...=> cf PDF) ni de la race de ses ancêtres."
Dans ces propos, on retrouve le questionnement autour de l’importance de l'inné et l’acquis,
pour Watson, clairement, le poids de l’inné est le plus fort. Pour Watson, tout est question
d’apprentissage et de stimulus.

Le behaviorisme s'appuie sur les principes suivants :


- l'utilisation de techniques objectives, notamment l'observation du comportement, et
le rejet de l'introspection
- la délimitation de la rechercher par des variables dépendantes et indépendantes
- le conditionnement : le lien entre stimulus et réponse se trouve à la base de
l’apprentissage

Burrhus Frederic Skinner (US, 1904-1990)


Il développe sa théorie de l’apprentissage par conditionnement opérant, qu’il teste auprès
d'animaux. On évoque le dispositif expérimental de Skinner par boîte de Skinner qui lui
permet de mettre en évidence ce conditionnement opérant, en le différenciant du
conditionnement classique, de type I, celui de Pavlov, et le conditionnement de type II, le
conditionnement opérant ou instrumental. C’est ce dernier conditionnement qu’il utilise

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dans ses recherches et ce nouveau type de conditionnement le sujet est actif. La réponse à un
stimulus sera sélectionné par le sujet au moyen du renforcement. Skinner va s’appuyer sur le
recours au renforcement et à la punition, en cherchant à voir comment ils agissent dans le
conditionnement opérant, comme la sélection de tel comportement se fait, selon quelle
probabilité.

Le behaviorisme se développe mais est également critiqué comme offrant une vision étroite
du comportement. Skinner avec son conditionnement opérant intègre une passivité moins
forte du sujet.

Le cognitivisme
Il s'agit de faire évoluer le schéma binaire du behaviorisme en proposant un schéma plus
complet de stimulus -> organisme -> réponse.
La variable O est l’organisme qui regorupe tous les caractéres individuels (age, sexe, QI, etc)
et cette variable a une importance dans les comportements de l’individu.
Robert Woodworth propose ce schéma mais c’est Edward Tolman qui théorise cette variable
comme étant une variable intermédiaire ou il met en avant l’idée qu’on n'est plus dans une
conception mécanique de l'apprentissage comme le behaviorisme le met en avant, on
s'oriente que vers la compréhension de la production de telle réponse plutôt que de telle
autre, qu’est-ce qui fait qu’un individu s'oriente vers une réponse plutôt qu’une autre.
Tolman propose aussi la notion d’apprentissage latent, dans lequel l’individu est
intellectuellement actif et se construit une structure mentale lors de l’apprentissage.

La psychologie de la forme, la Gestalt


Un courant qui a émergé en Allemagne mais qui connaît un essor aux US. la “bonne forme”
ou Gestalt considère la forme comme un ensemble d’éléments.
La perception est globale, on ne prête pas attention aux détails qui composent un objet.

Christian von Ehrenfels (Autriche, 1859-1932)


La Gestalt trouve son origine dans l’étude de la perception de la musique vers le milieu du
XIXème. La musique a été longtemps utilisée comme objet par la psychologie de la forme
notamment par le précurseur qu’est Christian von Ehrenfels qui veut connaître la nature de
la perception esthétique d’une mélodie, il veut comprendre ce que l'individu perçoit quand il
écoute de la musique. La question centrale pour la Gestalt est ce qu’on perçoit, des éléments,
de sons élémentaires ou quelque chose de différent qui serait un tout. von Ehrenfels se
positionne en indiquant qu’on perçoit un ensemble, notre perception est gonale, on ne prête
pas attention aux éléments qui composent la musique

Influence de Carl Stumpf


Les fondateurs de la Gestalt en tant que psychologie de la forme sont identifiés comme étant
Wertheimer, Köhler et Koffka vers le début des années 1910. Ce sont des chercheurs qui ont
tous trois fait leurs études ou leurs thèses à Berlin auprès de Carl Stumpf, ils se rencontrent

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en 1910 et travaillent ensemble en s'intéressant à la perception. Le structuralisme aussi


s'intéresse à la perception, à la compréhension, à la décortiquer en étudiant les phénomènes
plus simples. Toutefois, l’approche de la Gestalt est très éloignée de celle de l’approche
structuraliste, elle est en l'antithèse, on est à l’opposé de l’approche structuraliste car
justement on cherche à travailler sur des ensembles, et non pas aux phénomènes plus
simples qui peuvent constituer des ensembles.
Dans Le Gestalt, on met en avant le fait qu’on va percevoir des formes au global et non pas
des détails. Les trois chercheurs formulent la notion de champ perceptif affirmant que
lorsque nous percevons un objet, nous percevons une forme, un tout sans faire attention aux
éléments qui la composent.

Max Wertheimer
Il publie l’article qui fonde la Gestalt, notamment un article “étude expérimentale sur la
perception du mouvement” en 1912. Son parcours biographique éclaire le développement de
la Gestalt. Il vient d’une famille juive de langue allemande, de Prague. Avec ses travaux, il
s’inscrit dans une tradition holiste qui s’ancre dans les méthodes d’enseignement utilisées
par la communauté juive au XIX et XXème siècle dans lesquelles on conçoit l’univers comme
un Tout dans lequel chaque élément à sa place, sa fonction. La famille est vue comme un tout
dynamique qui ne se limite pas à la juxtaposition des individus qui la composent, idem pour
la communauté, etc. Wertheimer est également dans un rejet du positivisme, ces premiers
travaux portent sur la psychologie du témoignage, sur la musique et les formes de pensées
dans les sociétés non occidentales.
Ses travaux sur la musique portent sur une tribu de Ceylan, les Veddas. Cette musique est
primitive selon eux car elle se compose de fragments basés sur deux ou trois notes. Mais ce
qui est perçu est un ensemble, ce ne sont pas juste ces deux ou trois notes.

Kurt Koffka
Il publie deux ouvrages importants pour la Gestalt : “les développements de l'esprit” en 1921
et “les principes de la psychologie de la forme” en 1935. Koffka s’intéresse à la perception et
au comportement, à l’action. Il applique au comportement le principe de la Gestalt de
considérer un Tout. Il explique que le comportement tout comme la perception s'organisent
autour des “bonnes formes” : les formes organisent notre activité. Nos comportements sont
les résultats d'expériences directes vécues par les individus.
Son intérêt au comportement s’élargit au développement de la pensée chez l’enfant, aux
apprentissages. Il souligne le rôle de l’environnement. Il défend l’idée que les principes de la
Gestalt peuvent se transposer largement, dans différents domaines, contextes en lien avec la
psychologie, bien au-delà de la perception.

Köhler
Il donne aux applications de la Gestalt une application plus large : il effectue un ensemble
d'observations et d'expériences sur des singes de l’île de Ténérife pendant la première guerre
mondiale. Il devient le directeur de la station de recherche anthropoïde de l’académie de
sciences de Prusse et il y mène ses travaux sur les signes. Ces travaux sont considérés comme
très importants pour la psychologie : il observe les modes de communication, les jeux et les

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comportements des singes. il s’intéresse à leur capacité de fabriquer des éléments ou à


utiliser spontanément des éléments de leurs environnements, des cordes par exemple ou à
fabriquer des éléments ressemblant à des échelles. Kohler montre que les animaux sont
capables de résoudre des problèmes, en reprenant la manière dont ces animaux réalisent des
expériences et les environnements dans lesquels les singes évoluent, ce qui constituent leurs
environnement, ce qui s’y situent.
cf vidéo sur internet sur ces travaux d’observations, notamment auprès de la chimpanzé
Grande qui trouve le moyen d'attraper des fruits placés en hauteur.
La notion d’insight est utilisée en psychologie de la forme pour désigner la capacité
d'appréhension d’une situation d’ensemble et de réorganisation des éléments qui la
composent en fonction d’un objectif, dans une activité réflexive. Les sujets sont actifs, ils
savent percevoir le contexte dans lequel ils se trouvent et ils savent le restructurer pour
atteindre un objectif, pour anticiper en vue d’atteindre un objectif.
Kohler s’oppose particulièrement aux théories behavioristes de son époque : il considère que
l’explication par les stimulus n’est pas adéquate car les individus sont actifs et se trouvent
dans des situations qu’ils perçoivent comme des ensembles.

Postulats de base de la Gestalt :


- un phénomène est un ensemble d'éléments mais la perception est globale, on ne prête
pas attention aux éléments composant un objet
- la perception est une reconnaissances de formes globales
- le tout prime sur les parties

Lois
En grande partie formulées par Wertheimer, un ensemble de lois constantes et régulières qui
organise la perception
- Prégnance /simplicité : tendance à donner la forme la plus simple à la perception
d’un champ, on va devoir faire des choix pour simplifier notre perception.
- Similarité : on va chercher des similitudes entre des objets qu’on observe, des objets
perçus comme semblables sont considérés comme appartenant à la même forme
- Proximité : elle insiste sur le rôle de l'environnement, la perception d’un objet selon
cette loi est conditionné par la perception de son environnement, ce qui fait que els
élément s proches sont perçus comme constituant un même objet
- Bonne continuité : elle implique que les éléments orientés dans une même direction
tendent à s'organiser en une forme
- Symétrie : elle implique que lorsqu’on perçoit des axes et des symétries pour certains
objets, certaines figures, on considère que ces figures sont des “bonnes” formes dans
la terminologie de la Gestalt
- Périodicité : on recherche les répétitions dans les motifs
- Clôture : une des lois la plus connue, nous avons tendance à poursuivre les contours
des figures
- Rapport forme / fond : l’idée étant qu'un' “bonne” forme se détache comme une
figure par rapport à un fond non structuré

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UE4 Histoire des idées CM S3
Magda DARGENTAS

Un ensemble de lois formulées et illustrées par de nombreux exemples d'images ou de lettres


: “France, Itale, Espagne, Allemane, Angleterre” la lecture de cette liste de pays ne pose pas
de souci.

Applications
Dans le domaine de l’éducation, la méthode globale trouve son origine dans la Gestalt. On
apprend aux enfants à retenir des formes globales sans passer forcément par un
apprentissage des syllabes.
Cette méthode a connu un essor mais fait aujourd'hui l’objet de controverses car certains
enfants rencontrent des difficultés dans une méthode globale sans complément d’une
approche syllabique.

Kurt Lewin
La Gestalt a été développée en Allemagne dans les années 20 mais est connue pour avoir
beaucoup influencé la psychologie US. Du fait de la montée du nazisme dans les années 30,
plusieurs gestaltistes se sont installés aux US, notamment Wertheimer, Köhler et Lewin. A
leur arrivée, la psychologie US est dominée par le behaviorisme, la Gestalt commence à s’y
développer sous l’impulsion des psychologues Allemand et très vite, leurs travaux se
montrent une alternative au behaviorisme. Kurt Lewin notamment est particulièrement
influencé par les travaux de la Gestalt, il est plus connu en tant que psychologue social mais
ses travaux rejoignent ceux de la Gestalt et ont fortement contribué à l'essor de la Gestalt aux
US. La recherche action, développée par Lewin, est une méthode tout à fait gestaltiste : on
intervient dans un environnement pour faire dans la recherche mais on annonce
explicitement qu’on cherche à modifier les comportements, les croyances dans les cognitions
des individus. L’idée est d’une part d’observer et d’autre part, d’agir sur ce phénomène, en
faisant des préconisations, en observant la mise en place de nouveaux comportements, on
agit sur le phénomène étudié pour le modifier. Cette méthode de recherche-action est peu
utilisée en psychologie aujourd’hui mais reste employée en sociologie. De la part de Lewin, il
y a une volonté politique, une volonté d'engager la psychologie ver sle politique et le social, la
neutralité comme postulat de base de la psychologie n’est pas adopté par Lewin, il s'agit de
s’engager pour proposer des changements qui vont dans une idée d’humanisme, d'améliorer
les humains. Il s’agit de qq1 très politiquement engagé, en Allemagne, il avait lutté pour la
démocratisation de l'allemagne, pour l'amélioration des conditions des femmes, des
conditions de vie des ouvriers. Ces premières recherches portent justement sur les
conditions de travail des ouvriers et leur amélioration.
Lewin est plus connu pour ses travaux en psychologie sociale et notamment ceux portant sur
les comportements alimentaires de femmes (volontaires de la CR) en 1945 pour leur faire
utiliser les abats afin d’aller dans le sens de l’effort de guerre. cf diapo pour qqs détails sur
ces travaux.

La Gestalt a eu une influence importante dans différents domaines de la psychologie. Sur le


plan épistémologique, la Gestalt confirme le besoin d’étudier de manière holistique les
phénomènes, un individu, un groupe, un individu par rapport à son environnement. C’est
une idée qu’on retrouve aujourd'hui dans la recherche.

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Magda DARGENTAS

sur le plan des théories, la gestalt a eu une influence dans beaucoup de domaines :
- les techniques de dynamique de groupe, les théories de l’engagement avec les travaux
de Lewin,
- le paradigme cognitiviste en psychologie prend leurs sources dans les théories de la
gestalt, paradigme qui se construit à partir des années 50 et qui s’oppose au
behaviorisme, car l’individu est démontré comme actif et non pas passi, l’individu
n’est pas seulement soumis à des stimuli mais il y a une influence réciproque entre
l’individu et son environnement,
- sous l’impulsion de la Gestalt, la psychologie va chercher à comprendre les processus
mentaux

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