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« Heureux les pauvres en esprit » :

interprétation
« Heureux les pauvres en esprit » : interprétation de cette parole de Jésus
prononcée lors du Sermon sur la montagne. Quelle est la signification de
cette célèbre formule ?

« Heureux les pauvres en esprit » est la troisième des huit Béatitudes que Jésus
prononce lors du Sermon sur la montagne. Jésus livre ce discours à ses disciples
et à la foule venue pour l’écouter, peu après le début de son ministère, après
avoir été baptisé par Jean.

La scène se déroule sur une colline près du lac de Tibériade, à l’actuel


emplacement de l’Eglise des Béatitudes :

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
Matthieu 5, 3

On trouve parfois les traductions « heureux les simples d’esprit » ou « heureux


les pauvres d’esprit », qui peuvent prêter à confusion. En effet, on pourrait
croire que Jésus parle de ceux qui manquent d’intelligence.

Mais ici, les « pauvres en esprit » ne désignent pas les imbéciles ou les ignares,
mais ceux qui sont en capacité de vider leur esprit pour se laisser toucher par la
lumière divine.

Tentons d’interpréter la parole de Jésus : « Heureux les pauvres en esprit ».

« Heureux les pauvres en esprit » : interprétation.


Par cette parole, Jésus loue ceux qui possèdent un esprit pur, vidé, nettoyé,
désencombré de tout ce qui peut faire obstacle à la lumière divine.

Parmi ces obstacles, il y a :

 l’intellect, qui crée le mécanisme de la pensée duale (vrai-faux, bien-mal)


et donc qui alimente l’illusion de la séparation,
 le mental, qui est un flux ininterrompu de pensées et d’émotions subies
(peur, angoisses, regrets, attentes, projections, faux-espoirs…),
 ou encore l’ego, qui ramène toutes les pensées à lui en vue de défendre
ses propres intérêts.

Pour pouvoir s’élever, l’âme doit donc se débarrasser de tout ce qui la peuple,
de tout ce qui l’empêche d’accéder à sa nature véritable.

« Heureux les pauvres en esprit » signifie donc que seuls ceux qui ont un esprit
clair, simple, fondé sur l’intuition spirituelle, peuvent accéder au bonheur,
c’est-à-dire à la paix intérieure et à la sérénité.

Jésus affirme que la pauvreté est le moyen de se connecter à Dieu. Autrement


dit, les « pauvres » sont ceux qui sont en capacité d’ouvrir leur esprit (ou
d’ouvrir leur coeur, les deux mots étant ici synonymes) et de se laisser traverser
par le cours de la vie. N’ayant aucun pouvoir, aucune ambition, les pauvres s’en
remettent entièrement à Dieu : ce lâcher-prise les amène à avoir entière
confiance dans l’ordre cosmique. Notons que la racine latin du mot
confiance (fides) a donné le mot foi.

C’est donc en renonçant aux choses et aux idées que nous pourrons entrer dans
un monde nouveau, pouvant être défini comme un « éternel présent ».

L’éternel présent.

Vider son esprit, c’est entrer dans l’éternel présent, loin des souvenirs du passé
(qui génèrent regrets, auto-culpabilisation et perte de confiance) et des
perspectives de l’avenir (qui créent attentes, désirs, attachements, craintes et
crispations).
Renoncer au passé et à l’avenir permet de se laisser traverser par l’évidence que
nous sommes ce que nous sommes, que nous ne pouvons être que cela. C’est
nous rappeler que nous sommes des enfants de Dieu et du destin. Nous
comprenons alors que nous devons accepter notre condition, et cela nous permet
de « vivre vraiment ».

Dans l’éternel présent, l’individu ne connaît ni bonheur ni malheur : il jouit tout


simplement de la vie. Il ne connaît ni bien ni mal, car il accepte toute chose
comme étant la volonté de Dieu.

« Heureux les pauvres en esprit » : un chemin d’humilité.

Par la formule « heureux les pauvres en esprit », Jésus incite à emprunter le


chemin du bonheur et de la paix. Ce chemin passe par le sacrifice de soi-même :

Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même.


Matthieu 16, 24

Il faudra renoncer à ce que nous pensions savoir (« tout ce que je sais, c’est
que je ne sais rien« ), abandonner nos raisonnements et nos jugements.

En effet, le bonheur ne peut se manifester que par la reconnaissance que tout est
vrai et que tout est légitime à exister, même le mal, même la souffrance. Il
faudra donc renoncer à l’idée que les choses devraient être autrement, car penser
cela, c’est déjà souffrir.

Nous décrivons là un chemin d’humilité et de dépouillement, un chemin qui


implique le dépassement de l’individualité dans la perspective de retourner à la
maison commune, au Tout. C’est la voie du centre, ou encore celle
du recentrage suite au péché originel.

Vers le Royaume des Cieux.


Le Royaume des Cieux, ou Royaume de Dieu, est dans la Bible une réalité qui
se présente à celui qui sait la voir, en l’occurrence celui qui s’en remet à Dieu,
qui comprend qu’il est un enfant de Dieu.
Le Royaume des Cieux n’est pas inaccessible, au contraire il est tout proche et
on peut y entrer dans cette vie-ci :

On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au
milieu de vous.
Luc 17, 21

Ce Royaume est le paradis terrestre, synonyme de vie véritable, paisible et


éternelle. Il rappelle directement le nirvana du bouddhisme ou encore le tao du
taoïsme.

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