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mHealth : l'information de santé ubique ?

Marine Al Dahdah
Dans Le Temps des médias 2014/2 (n° 23), pages 52 à 65
Éditions Nouveau Monde éditions
ISSN 1764-2507
ISBN 9782369420880
DOI 10.3917/tdm.023.0052
© Nouveau Monde éditions | Téléchargé le 06/12/2023 sur www.cairn.info (IP: 102.180.5.130)

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mHealth : l’information de santé ubique ?

Marine Al Dahdah*

Les technologies numériques offrent Pourtant en 20141, on compte


de nombreuses possibilités d’application presque sept milliards d’usagers
dans le domaine de la santé. Du « mobile » : 96% de la population mon-
« dossier patient » en ligne à l’envoi diale utilise un téléphone portable et
dématérialisé de données cliniques en 89% de la population des pays en
passant par le rappel de rendez-vous développement. En comparaison, 79%
par SMS, les systèmes de santé du de la population mondiale regarde la
monde entier y recourent de manière télévision et 39% accède à internet
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croissante dans un contexte de réduc- avec des concentrations très fortes
tion des ressources et des dépenses de dans les pays les plus développés (97%
santé, mais aussi d’implication croissante des Européens regardent la télévision
des patients. L’eHealth – la santé sur et 77% surfent sur internet contre
internet – a ainsi donné lieu à de 28% et 7% des Africains). Le téléphone
nombreux travaux de recherche, sur portable deviendrait ainsi la technologie
la nature des informations de santé d’information et de communication
sur le web, les reconfigurations des la plus diffusée dans le monde et le
rôles de profane et d’expert en santé principal média de masse.
permises par cet outil ou encore la Au cours des trois dernières années,
transformation de la relation patient- de nombreux acteurs du secteur de la
soignant qui en découle. L’utilisation santé et des télécoms ont mesuré le
du téléphone portable et des techno- potentiel de la santé sur téléphone
logies sans fil, appelée « mHealth » portable et lancé quantité de projets
« mobile Health » ou « mSanté », est de mHealth dans le monde. Avec plus
moins étudié. de 40.000 « apps » de santé téléchar-

* Doctorante au Centre Population & Développement (CEPED – UMR196 – Paris


Descartes/IRD/INED). Recherche doctorale financée par l’ANRS.

N°23 – Hiver 2014 Le Temps des M édias


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geables sur les principales plateformes cations mobiles de santé ou les dispo-
mobiles (Apple et Google) dans les sitifs mobiles de Télésanté et plus rare-
pays développés et près de 1000 projets ment par le terme m-santé employé
de mHealth déployés dans les pays les notamment par l’opérateur télépho-
plus pauvres, ces dispositifs constituent nique français Orange et parfois repris
de nouveaux médias d’information dans la presse francophone.
de santé à analyser. Quelles sont les Ces dispositifs mobiles de santé
caractéristiques de ces dispositifs d’in- apparaissent au début des années 2000 :
formation ? Qui informe qui et com- le champ de la mHealth se limite alors
ment ? Cet article en propose une à la télémédecine via mobile, soit des
première approche qui s’appuie sur la dispositifs médicaux conçus pour des
lecture et l’analyse de corpus de textes, professionnels de santé. Cette définition
allant de la presse scientifique à la lit- restreinte de la mHealth était encore
térature grise en passant par les rapports utilisée récemment par certaines ins-
internationaux2. Il étudie comment titutions majeures du secteur des TICs.
la mHealth se constitue dans les discours Dans un rapport publié en 2010,
et quelles caractéristiques lui sont prê- l’Union Internationale des Télécom-
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tées. munications (UIT) ne fait état que
de projets de télémédecine mobile
pour décrire ces dispositifs3. De même,
Médecine ou Santé mobile ? le dernier rapport publié en septembre
La mHealth ou mobile health ou 20134 par l’Agence américaine des
mSanté est un sous-domaine de l’e- produits alimentaires et médicamenteux
health, c’est-à-dire l’utilisation des tech- (FDA) sur la réglementation de la
nologies de l’information et de la mHealth aux États-Unis établit une
communication (TICs) dans le champ distinction entre les applications mobiles
de la santé qui se concentre unique- qui relèvent de son contrôle et les
ment sur les technologies utilisées sur autres. Seules les applications utilisées
des supports mobiles (téléphones por- comme « dispositif médical » sont cou-
tables, tablettes, PDAs, smartphones) vertes par la FDA.Ainsi la FDA comme
– même si celles-ci peuvent avoir été l’UIT se concentrent sur une portion
conçues pour des plateformes en ligne restreinte de la mHealth, la pratique
utilisables également sur un ordinateur. médicale professionnelle via mobile ou
Le terme de mHealth reste peu utilisé télémédecine mobile. Réduire la
en français. Il est la plupart du temps mHealth à la télémédecine mobile
traduit par des périphrases : les appli- équivaudrait à réduire la santé à l’exer-

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cice de la médecine, et c’est pourquoi nologies multimédias pour délivrer


de nombreux acteurs militent pour des soins mobiles. Depuis, elle a dépassé
une définition plus large de la mHealth. cela pour définir toute utilisation des
Dans le premier rapport qu’elle lui technologies mobiles pour répondre
consacre en 2011, l’Organisation Mon- à des besoins de santé : accès, qualité,
diale de la Santé (OMS) définit la coûts, utilisation des ressources, normes
mHealth comme la pratique de la comportementales. »5 Dans ce péri-
médecine et de la santé publique assis- mètre plus large de réponse aux besoins
tée par des technologies mobiles. Ainsi de santé, la mHealth semble alors
le dispositif ne se cantonne pas à la constituer un nouveau canal d’infor-
pratique médicale mais s’étend au mation et de communication pour
champ plus large de la santé publique. les patients comme pour les profes-
L’OMS segmente alors la mHealth en sionnels de santé.
distinguant les projets: communications
des individus vers les services de santé
(call centers, ligne d’aide ou d’urgence), Des dispositifs pléthoriques
communications des services de santé mais d’accès restreint
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vers les individus (rappels de rendez- En termes quantitatifs, on trouve
vous ou de prise de traitement, cam- peu de données sur les applications
pagnes de sensibilisation et de mobi- de mHealth en dehors de celles diffusées
lisation sur des thèmes de santé), et par les opérateurs et fournisseurs de
communications entre professionnels technologies mobiles, notamment par
de santé (télémédecine mobile, gestion l’intermédiaire de leur structure repré-
des urgences intersectorielles, moni- sentative au niveau international, la
toring et surveillance des patients, GSM Association (GSMA). L’OMS
collecte de données patient et consti- ne chiffre pas, dans son rapport consacré
tution du dossier patient, outils d’aide à la mHealth, le nombre d’applications
au diagnostic et à la décision). La dans le monde mais reporte que 83%
télémédecine mobile représente un des Etats membres déclarent au moins
fragment du champ de la mHealth un projet de mHealth. Côté pays déve-
ainsi exposé. La Banque Mondiale loppés, certaines agences annoncent
suit également cette tendance « Au 100.000 applications de mHealth télé-
début de son développement, en 2003, chargeables en 2013. L’Institute for
la mHealth était définie comme de la Healthcare Informatics (IMS), qui a
télémédecine sans fil, utilisant les télé- produit le premier rapport d’analyse
communications mobiles et les tech- détaillée des applications de mHealth

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disponibles sur les plateformes les plus systèmes de transmission de données :


utilisées d’Apple et Google6 aux Etats- GSM (Global System for Mobile
Unis en 2012, explique que sur les Communications), GPRS (general
43.000 applications de santé mobiles packet radio service), 3G, 4G, GPS
diffusées sur ces plateformes, seulement (global positioning system), Wifi ou
la moitié relève d’après eux « authen- encore Bluetooth. Les logiciels qui
tiquement » du champ de la santé. portent les plateformes d’applications
On voit donc que le « marché » mobiles oscillent entre des systèmes
demeure grossièrement défini (23.000 libre-accès et propriétaires nécessitant
à 100.000 apps) et que la mHealth une capacité technique en terme de
semble être avant tout un outil d’in- traitement et de stockage des données
formation de santé (2/3 des apps) qui n’est disponible que sur les mobiles
plus que de communication entre les plus récents. Plus d’un quart des
usagers et professionnels (2% des appli- mobiles dans le monde seraient des
cations) ou de mesure du soi (1% des smartphones d’après les estimations
apps) (doc. 1). des industriels, avec des écarts impor-
La mHealth utilise et capitalise sur tants entre pays développés et pays
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les fonctions centrales des téléphones émergents (73% des utilisateurs mobiles
portables (voix et SMS) mais également en Corée du Sud, 42% en France,
sur les fonctionnalités et applications 26% au Brésil, 13% en Inde). Seuls les
plus complexes permises par les nou- smartphones peuvent utiliser les mil-
velles générations de téléphones por- lions d’applications disponibles sur les
tables appelées « smartphones » et les différentes boutiques d’applications

Doc. 1 Source : IMS, 2013 7

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DOSSIER : SANTÉ À LA UNE

mobiles. Si avec 7 milliards d’utilisa- Des producteurs


teurs, le téléphone portable devient aux intentions variées
un objet technologique accessible par-
tout dans le monde, les plateformes Qui se cache derrière ces nouveaux
d’applications mobiles grand public dispositifs d’information ? Des opéra-
restent l’apanage des pays développés teurs mobiles aux organismes gou-
et un luxe réservé à une élite dans les vernementaux, en passant par les
pays les plus pauvres8. agences digitales et les ONG, les
Les modalités d’accès à la mHealth projets de mHealth mobiliseraient plus
sont donc très différentes dans les pays de 600 acteurs de par le monde,
développés et dans les pays en déve- d’après la GSMA. Selon les projets,
loppement. Les pays développés valo- tous peuvent être à l’origine ou avoir
risent des applications mobiles pour contribué de manière substantielle à
smartphones, tandis que des dispositifs l’information diffusée par ce canal.
par SMS ou messages vocaux seront Les niveaux d’implication, les objectifs
privilégiés pour les pays en dévelop- et les intérêts varient considérablement
pement ou pour cibler les populations d’un groupe d’acteurs à l’autre. La
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les plus pauvres dans les pays déve- motivation initiale des acteurs pour
loppés. Les volumes sont également s’impliquer dans ces projets oscille
très hétérogènes alors que l’on compte entre la volonté d’améliorer la santé
presque un millier de projets de des citoyens et celle de développer de
mHealth cumulés dans les pays en nouveaux marchés rentables.
développement, les applis mobiles de Pour les opérateurs mobiles, leurs
santé via les Apps Store se comptent profits étant proportionnels à leurs
par dizaines de milliers dans les pays poids sur le marché, il s’agit la plupart
développés. L’accès direct et individuel du temps de groupes importants avec
à ces dispositifs par un smartphone des réseaux couvrant plusieurs pays
demeure impossible dans beaucoup ou ayant un monopole sur une popu-
de pays en développement. L’étude lation importante9. En termes finan-
du mobile comme outil d’information ciers, les opérateurs mobiles sont une
de santé reste conditionnée par les partie prenante très « puissante » de la
modes d’accès à ces informations. La mHealth, avec plus d’un trillion de
mHealth s’appuie sur une pratique dollars de recettes annuelles cumulées
individuelle grandissante dans les pays dans le monde10– soit 3 fois les recettes
développés et tout juste naissante dans de l’ensemble des laboratoires phar-
les pays émergents. maceutiques, 5 fois celles des fabricants

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de téléphones portables, et 20 fois sollicités des fonds de bailleurs ou de


celles de Google et Facebook réunis structures publiques voire des orga-
(leaders du marché internet). Accroitre nismes de développement ou des gou-
le nombre de clients ou augmenter le vernements13.
nombre de services payants par client Si les acteurs précédemment énoncés
constitue pour eux une motivation constituent les émetteurs centraux de
centrale d’implication dans les projets la mHealth, d’autres parties prenantes
de mHealth. Si les opérateurs ne portent peuvent avoir un impact sur ces dis-
pas seuls les dispositifs, ils conditionnent positifs, notamment leur financement.
techniquement et parfois littéralement Les fondations issues des TICs (Fon-
l’information transmise par ces dis- dations Bill & Melinda Gates, MTN,
positifs. Les fabricants de téléphones Vodafone ou Orange) ou des labora-
sont également fournisseurs et déve- toires pharmaceutiques (Fondations
loppeurs de mHealth, à la recherche Johnson&Johnson, Pfizer ou Sanofi)
de recettes nouvelles11. qui financent de nombreux projets
Mais la part la plus importante des de mHealth représentent des produc-
recettes générées par les applications teurs indirects de ces dispositifs d’in-
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mobiles (70%) revient aux concepteurs formation. Les investissements dans
de ces dispositifs : les développeurs et ces projets ne sont pas choisis au
agences numériques qui imaginent, hasard : Johnson&Johnson finance mas-
conçoivent et développent les appli- sivement des projets de mHealth consa-
cations de mHealth12. Allant de la crés à la femme enceinte et aux jeunes
simple responsabilité technique de enfants tandis que Pfizer axe ses par-
l’application (développement html tenariats de mHealth sur les personnes
d’un logiciel) à la prise en charge âgées. De même les fondations issues
complète de sa construction et de des TIC financent des projets en lien
son déploiement commercial ou social direct avec leur cœur de métier. Si
auprès des utilisateurs cibles, leur l’objectif affiché est philanthropique,
champ de compétence dépend des des logiques de marché émergent
associations et partenariats mobilisés qu’il faudrait identifier et étudier en
au sein du projet de mHealth. Dans les profondeur. Par ailleurs, les acteurs
pays développés, cela passe souvent historiques de la santé comme les
par les plateformes commerciales d’Ap- hôpitaux, la médecine libérale, les
ple et Google. Pour des projets de laboratoires d’analyses, semblent absents
grande envergure, sur la base de leurs des différents discours sur la mHealth,
solutions techniques, sont directement et le réaménagement de leur rôle

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dans le cadre de ces dispositifs d’in- le soin et l’information de santé dans


formation particuliers serait à docu- une logique consumériste que beau-
menter. coup de professionnels de santé et de
patients rejettent. L’univers du télé-
phone portable et des applications
Des publics à atteindre mobiles renforce cette approche mer-
D’après une étude du Pew Research cantile et tire fortement la mHealth
Center, en 201214, 52% des Américains vers des pratiques de consommation
qui possèdent un smartphone s’en de services où la satisfaction du patient-
sont servi pour chercher des infor- consommateur constitue un objectif
mations de santé (soit 30% de la popu- central.
lation générale) et 19% ont téléchargé Au sein de ce groupe substantiel
une application pour suivre leur santé de consommateurs se dégagent des
(soit 10% de la population générale). sous-groupes particulièrement mis en
Pour l’ensemble de nos corpus, les avant dans les corpus, notamment les
patients constituent la première cible femmes et les adolescents. Pour leur
affichée de la mHealth. Il s’agit poten- rôle central dans l’éducation à la santé
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tiellement de l’ensemble de la popu- au sein de la famille16 et parce qu’elles
lation en âge de se servir d’un télé- constituent les plus grosses « consom-
phone portable car tout citoyen repré- matrices » d’informations de santé sur
sente un patient à venir ou à « préve- internet17, les femmes trouveraient un
nir ». Plus de 70% des articles de notre intérêt à la mHealth comme nouveau
corpus scientifique concernent des support d’eSanté. Les adolescents
projets dédiés aux patients. Sur les constituent déjà une cible majeure
23.000 applications de santé étudiées du mobile en général mais aussi de la
par l’IMS15, les deux tiers sont destinés mHealth. Afin d’anticiper et d’éviter,
uniquement au « consommateur- avant qu’ils ne s’installent, les com-
patient ». Cette double cible, omni- portements dits « à risques » qui appa-
présente dans nos corpus, permet de raissent à leur âge, les adolescents
définir à la fois l’utilisateur comme constituent ainsi, d’après nos corpus
usager du système de soins et/ou de presse et scientifique, une sous-
comme client d’un service gratuit ou cible incontournable de l’information
payant qu’il a « librement » décidé de santé via mobile. Dans les pays
d’acquérir. Cette notion de « consom- développés, les patients atteints de
mateur » ou « client » de santé très uti- maladies chroniques concentrent l’at-
lisée par les acteurs privés, positionne tention d’un grand nombre de projets

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de mHealth: dans le corpus scientifique, mières et sages-femmes constituent la


un tiers des articles sur les pays déve- quasi-totalité des professionnels ciblés
loppés sont consacrés aux maladies par la mHealth dans les pays développés,
chroniques, dont plus de la moitié au les travailleurs sociaux ou de santé
diabète. Dans les pays en développe- communautaire apparaissent comme
ment, les femmes enceintes et les des cibles clés dans les pays en déve-
séropositifs constituent deux sous- loppement.
groupes majeurs de la mHealth, res- Les cibles ainsi identifiées et citées
pectivement 14% et 10% des articles dans les corpus constituent des objectifs
sur les pays en développement de d’audience pour les promoteurs de la
notre corpus scientifique. mhealth. La « consommation » effective
Les professionnels de santé consti- de ces « produits de santé » reste très
tuent une autre cible privilégiée des mal documentée et fondée uniquement
projets de mHealth; ils sont doublement sur les volumes de téléchargements
ciblés par les porteurs de projets de annoncés par les entrepreneurs de la
mHealth : comme prescripteurs pour mHealth ou Google et Apple. Les don-
faciliter la diffusion d’applications des- nées avancées par Google indiquent
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tinées aux patients ou comme utilisa- que la catégorie santé totalise 660
teurs finaux d’applications destinées à millions de téléchargements sur leur
les aider dans leurs pratiques de soins. plateforme en 2012, mais plus de la
D’après l’IMS, 7.000 applications leurs moitié des Apps de santé ne dépassent
sont spécifiquement destinées sur les pas les 500 téléchargements par an,
Apps Stores, soit un peu moins du moins de 2% dépassent les 100.000
tiers des applications de santé. On téléchargements et cinq applications
retrouve cette proportion des projets (dont le nom n’est pas public) totalisent
consacrés aux professionnels dans notre à elles seules 15% des téléchargements.
corpus scientifique : 17% des articles Malgré un choix pléthorique, moins
étudient des projets pilotes ou des de 500 applications rencontrent un
essais consacrés aux professionnels de public potentiel de 100.000 personnes
santé. Plusieurs sociétés de conseil ou ou plus et la concentration des télé-
industriels ont produit des estimations chargements sur un nombre encore
sur l’utilisation du mobile par les plus restreint de dispositifs montre
médecins. Les chiffres sont très impré- que la grande majorité de ces dispositifs
cis: un quart à trois-quarts des médecins ne touchent pas les personnes escomp-
utiliseraient leur mobile dans un cadre tées. De plus, télécharger une appli-
professionnel. Si les médecins, infir- cation ne signifie pas nécessairement

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DOSSIER : SANTÉ À LA UNE

l’utiliser régulièrement ou durablement. l’écran, utilisation de claviers numé-


On trouve peu de données pour l’ins- riques, lieux d’utilisation). Les usages
tant sur la fréquence et la durée d’uti- potentiels sont associés à des applica-
lisation des applications de mHealth. tions de mHealth, ainsi ces dispositifs
Une étude publiée en janvier 2014 technologiques particuliers produiraient
par une société de consulting18 estime des pratiques spécifiques. Quelles sont
qu’un tiers des Américains ayant adopté les principales promesses d’usages des
un health tracker (application de suivi dispositifs qui s’emploient à donner
de l’activité physique et de l’alimen- de l’information sur la santé, aux
tation) l’a abandonné six mois plus patients comme aux professionnels.
tard. Les données n’existent pas pour
les pays en développement, mais la Connaître les risques
grande majorité des projets mis en et préserver sa santé
avant dans les corpus restant à l’échelle En informant sur les pratiques à
de pilotes et n’atteignant pas des cou- risques pour la santé, en incitant à
vertures nationales ni même régionales, adopter des pratiques « saines », en
leur passage à l’échelle et leur pérennité donnant des outils pour gérer sa santé
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sont mises en question. au quotidien, les applications de santé
permettraient au patient-consomma-
teur de s’émanciper et de « mieux »
Des promesses d’usages prendre en charge sa santé. Dans les
Les usages potentiels des dispositifs pays développés, les applications de
de mHealth sont recensés et détaillés maîtrise du surpoids, d’incitation à
dans un très grand nombre d’articles l’arrêt du tabac et à la pratique d’acti-
de presse et institutionnels. Ils se déve- vités physiques sont nombreuses. MyFit-
loppent constamment avec la création nessPal, l’application la plus citée dans
exponentielle de nouvelles applications le corpus de presse américain, promet
mais relèvent plutôt de la prédiction à ses utilisatrices (ciblage féminin très
pour l’instant. En effet, il existe très marqué) : « Perdez du poids grâce à
peu d’études des usages effectifs de la MyFitnessPal ». L’utilisatrice crée son
mHealth, seuls quelques articles de profil, en indiquant poids, taille, âge
notre corpus scientifique abordent ces et se fixe un objectif de perte de
questions principalement sous l’angle poids, mais aussi un objectif fitness
de l’acceptation technologique de (c’est-à-dire d’activité physique).
l’outil mobile pour recevoir ou saisir Chaque jour l’usager doit saisir sur
de l’information de santé (taille de son téléphone les informations sur les

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mHealth : l’information de santé ubique ?

repas et les activités physiques et l’ap- mobile et peine à s’installer. En France,


plication lui indique s’il est en excès la mise en place du DMP souhaitée
ou s’il respecte l’objectif fixé. Ses depuis une dizaine d’années n’est tou-
échecs et ses exploits personnels peu- jours pas effective. Aux Etats-Unis, le
vent être partagés en ligne avec d’autres DMP de Google Health s’est avéré
usagers de l’application. L’application un échec pour le leader mondial. Le
propose de nombreux conseils nutri- mobile vient relancer ces dispositifs, il
tionnels ainsi que des programmes faciliterait leur généralisation, en tant
d’exercices physiques. Dans les pays que média et objet personnel, per-
en développement, certains projets mettant un rapport individualisé et
diffusent des informations de préven- une collecte des données facilitées.
tion avec des envois SMS et des sys- Microsoft HealthVault ou Patient Ally
tèmes de Questions-Réponses. Le en constituent les deux applications
Projet TextToChange(TTC), que l’on les plus citées.
retrouve dans le corpus de presse afri-
cain, propose à des utilisateurs ciblés Etre informé au quotidien
des informations de santé sur le VIH sur son état de santé
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sous forme de Quizz. Avec ce système L’information et le suivi des maladies
de questions-réponses via SMS, l’usager chroniques (diabète, asthme, etc.)
s’informe sur le VIH et cherchera constitue un objectif affiché de la
ainsi plus facilement à s’en prémunir. mHealth dans les pays développés (cor-
pus américain et anglais). Ainsi, TExT-
Accéder à ses informations MED propose à des diabétiques amé-
de santé personnelles ricains un suivi via SMS et liens inter-
Le téléphone portable permettrait net de leur maladie. L’application
d’organiser la collecte numérisée d’in- envoie des alertes SMS pour rappeler
formations de santé saisies par un la prise des traitements, fournit des
patient, un professionnel de santé, un conseils diététiques et propose des
tiers (famille, assureurs, mutuelles, labo- défis alimentaires pour inciter ses uti-
ratoires pharmaceutiques) ou un cap- lisateurs à manger conformément aux
teur biomédical (mesure des signes recommandations associées à leur
vitaux, de la composition sanguine maladie. Dans les pays en développe-
ou de l’activité) et de constituer un ment, les projets de suivi maternel
Dossier Médical Personnel (DMP) par téléphone portable comme
rassemblant toutes ses informations MOTECH Ghana proposent aux
de santé. Le DMP n’est pas propre au femmes enceintes des informations

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DOSSIER : SANTÉ À LA UNE

sur leur grossesse. L’application envoie ments du système de santé. L’Inde


des messages vocaux hebdomadaires propose par exemple des consultations
en fonction de l’avancée de leur gros- via mobile pour compenser le manque
sesse, d’incitation au suivi prénatal et de médecins en ruralité.
post-partum ainsi que des conseils
diététiques ou organisationnels pour Se former, être aidé
vivre « au mieux » cette grossesse. L’en- dans son diagnostic
voi et la réception d’informations de Grâce à des outils d’e-formation,
santé via mobile permettraient une des manuels et des bases de données,
surveillance accrue et un échange fré- des logiciels d’aide à la prise de décision
quent entre professionnels et patients et des échanges avec des confrères, les
qui entraîneraient une meilleure adhé- professionnels de santé s’informent
sion au traitement19, ainsi WelTel pro- sur leurs pratiques via mobile. Certaines
pose des alertes pour les consultations applications mobiles rassemblent les
ou les prises de médicaments de séro- actualités professionnelles et les publi-
positifs sous antirétroviraux au Kenya cations de références pour les médecins
et au Rwanda. (Medscape) ou les infirmières (Nursing
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central), permettent l’accès à des bases
S’informer sur l’offre de santé de médicaments (MicroMedex, Epo-
pour choisir son prestataire crates) ou de procédures (Nurse tabs)
Combinées à la géolocalisation, les ou à des réseaux d’échanges sécurisés
applications d’aide au choix d’un pro- entre professionnels (Doximity, Medi-
fessionnel de santé ou d’un service de gram) voire même une aide au diag-
santé avec des systèmes de notations nostic (Map of Medicine, ePSS).
et de commentaires par les usagers
(NHS Choices, MyHealthcare Cos- Surveiller les épidémies
tEstimator ) se multiplient pour per- L’enregistrement et la visualisation
mettre au patient-consommateur de des données collectées en temps réel
faire des choix éclairés et/ou de noter par téléphone portable peuvent per-
en temps réel la prestation. Si l’offre mettre d’anticiper les risques sanitaires.
de soins parfois restreinte, ne permet EpiSurveyor, déployé dans plusieurs
pas le développement de pratiques pays d’Afrique Sub-Saharienne, propose
comparatistes et consuméristes de la une surveillance épidémiologique sur
part des patients dans les pays émer- mobile. Des travailleurs de santé col-
gents, des dispositifs de mHealth se lectent des informations de santé sur
développent pour pallier les manque- le terrain grâce à leur mobile et

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mHealth : l’information de santé ubique ?

réalisent ainsi des enquêtes épidémio- des systèmes de santé a pris corps ces
logiques permettant d’appréhender dernières années dans un ensemble
les situations locales de santé et d’iden- de dispositifs techniques variés: eHealth,
tifier les risques ou débuts d’épidémies. mHealth, télémédecine, etc. La mHealth
La collecte d’informations et la trans- constitue un vecteur particulier de ce
mission immédiate de celles-ci par mouvement global mais dépasse le
mobile permettent une réactivité plus cas de la téléphonie mobile pour
grande et une mise à jour des données montrer comment les technologies
en temps réel. participent à l’émergence de nouveaux
pouvoirs, à la recomposition des rôles
Ces promesses d’usages structurent et à la globalisation des dispositifs
le champ de la mHealth, elles lui don- dans le champ de la santé. Il faudrait
nent une matière qu’elle n’a pas encore, maintenant analyser en profondeur
celle de l’acceptation et de la routini- les modalités et enjeux du dévelop-
sation des pratiques de santé sur mobile. pement d’actions de mHealth et leur
Ces pratiques naissantes constituent inscription dans un contexte d’évo-
un terrain de recherche vierge à explo- lution de la santé publique. Cette
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rer. La multiplication récente des étude exploratoire nous a permis de
projets de mHealth dans le monde dresser un premier aperçu de ce
illustre un mouvement général de domaine. À travers les définitions
globalisation et de technologisation qu’on lui donne, les rôles qu’on lui
de la biomédecine. L’idée que les TIC assigne, les imaginaires que l’on suscite,
permettent une amélioration de la les contours de la mHealth se dessinent
prise en charge, une diminution des et des problématiques nouvelles de
disparités de santé et une optimisation recherche émergent.

Bibliographie W. Nilsen et al., « Advancing the Science of


mHealth », Journal of Health Communication,
S. Krishna, SA Boren, EA Balas, « Healthcare 2 mai 2012, 17(sup1), p. 5-10.
via cell phones: a systematic review». Telemed
K. Patrick et al., « Health and the Mobile
J E Health, Avr. 2009,15(3), p. 231-241.
Phone», American Journal of Preventive Medicine,
AC. Norris et al., « A strategic approach to août 2008, 35(2), p. 177-181.
m-health », Health Informatics Journal, 27 août WHO, « mHealth : New horizons for health
2009, 15(3), p. 244-253. through mobile technologies », 2011.

63
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DOSSIER : SANTÉ À LA UNE

Notes mineux démarrent en 2010.


3
1 ITU. The world in 2014 : ICT facts and ITU, Mobile eHealth solutions for Developing
figures, février 2014. Countries, 2010.
4
2 Lecture exhaustive et analyse qualitative FDA, Mobile Medical Applications : Guidance
de quatre corpus. Presse généraliste et for Industry and Food and Drug Administration
économique monde : Recherche Factiva Staff, septembre 2013.
(en anglais et français) mots-clés « mobile 5World Bank et al., Mobile applications for the
AND health » (Titre et 1er §) 446 articles health sector . 2011 , p. 15.
sur 2011-2013. Presse professionnelle 6IMS, Patient Apps for Improved Healthcare :
techno et santé : Recherche Factiva res-
From Novelty to Mainstream, octobre 2013.
treinte aux 4 régions les plus évoquées
7
dans la presse généraliste monde (Afrique, Ibid.
Inde, UK et USA) 581 articles sur 2011- 8
Les 30 pays qui téléchargent le plus d’ap-
2013. Presse scientifique : Recherche plications mobiles : Allemagne, Australie,
PubMed (janvier 2010-janvier 2014), mots- Autriche, Belgique, Brésil, Canada, Chine,
clés « mobile AND health », restriction à Corée du Sud, Danemark, Emirats Arabes
« Titre et abstract seulement », 213 articles. Unis, Espagne, Etats-Unis, France, Hong
Presse institutionnelle : les 12 rapports Kong, Italie, Japon, Koweït, Malaisie,
internationaux (Nations Unies, Banque Mexique, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pays-
Mondiale, Forum Economique Mondial, Bas, Royaume-Unis, Russie, Singapour,
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OMS, PNUD, UIT, UNICEF) publiés Suède, Suisse, Taiwan, Thaïlande, Turquie.
depuis 2010 et consacrés aux TIC appliquées 9
Par exemple, l’opérateur français Orange
au développement (ICT4D) ou uniquement
couvre 32 marchés nationaux, dont 11 en
à la « mHealth », les dossiers consacrés à la
Europe et 17 en Afrique.
protection des données personnelles de la
10
commission européenne, de l’OCDE et du mobiThinking, Global mobile statistics
gouvernement indien ainsi que les deux 2012-2013, consulté le 27 mars 2014,
rapports très médiatiques de l’Agence amé- http://mobithinking.com/mobile-marke-
ricaine des produits alimentaires et médi- ting-tools/latest-mobile-stats/a.
camenteux (FDA) et de l’Institute for 11
Samsung puis Nokia réalisent les plus
Healthcare Informatics (IMS) sur la régu- gros volumes mondiaux de ventes en tou-
lation de la mHealth aux Etats-Unis, les 50 chant les pays émergents qui représentent
dossiers de la GSMA consacrés à l’ICT4D environ 80% des ventes de téléphones por-
et la vingtaine de documents publiés par la tables dans le monde. Apple reste le seul
mHealth Alliance. Nous avons restreint nos fabricant à concentrer ses ventes sur les
corpus de presse aux trois dernières années marchés américains et européens. Avec une
pour des raisons de faisabilité. Nous sou- stratégie de développement des applications
haitions avoir une lecture exhaustive de très forte, Apple possède la plateforme d’ap-
l’ensemble des corpus ce qui n’était envi- plications mobiles la plus rémunératrice (1
sageable qu’avec des corpus de 400 à 600 milliard de dollars de recettes mensuelles
textes maximum. Pour la presse scientifique en décembre 2013, soit 300 millions qui
et institutionnelle, les corpus moins volu- reviennent directement à Apple) très loin

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mHealth : l’information de santé ubique ?

devant Google. Samsung et Nokia ont éga- ces dispositifs. Le ministère de la santé est
lement investi dans les Apps et la mHealth ainsi parfois producteur des messages du
ces dernières années. Le service « Nokia dispositif mais la plupart du temps, il assure
Life+» d’informations de santé via SMS simplement le lien avec le système de santé
touchent 90 millions d’utilisateurs en 2013 et délègue le développement technique et
dans 21 pays émergents. « S Health » permet éditorial des applications aux entrepreneurs
grâce à un ensemble d’accessoires disponibles de la mHealth.
sur les appareils Samsung (bracelet Bluetooth, 14
Pew Research Center, « Mobile Health
capteurs de températures et de mouvements) 2012», novembre 2012, http://www.pewin-
un « suivi responsable » de sa santé au quo- ternet.org/2012/11/08/mobile-health-
tidien (nutrition, activité physique, etc). 2012/.
12
Cette nébuleuse difficile à identifier 15IMS, Patient Apps for Improved Healthcare :
regroupe à la fois des structures privées From Novelty to Mainstream, octobre 2013.
commerciales classiques et des sociétés rele- 16 OMS, Les femmes et la santé : la réalité
vant du secteur de l’économie sociale et
d’aujourd’hui le programme de demain, Genève,
solidaire, les « social entrepreneurs ». La société
Organisation Mondiale de la Santé, 2009.
américaine Social Wellth qui se présente
17
comme un « entrepreneur social de santé Kristina, Eriksson-Backa. « Who Uses
numérique » développe par exemple – the Web as a Health Information Source ? »,
Dimagi, Voxiva, Pharmasecure ou Souktel – Health Informatics Journal, 9 (2), 2003, p. 93-
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des plateformes et des logiciels au cœur des 101.
projets de mHealth. 18Endeavour Partners, Wearables White Paper.
13
En effet, dans la plupart des pays du Consulté le 7 mai 2014, http://endeavour-
monde, les pouvoirs publics semblent par- partners.net/assets/Wearables-and-the-
tagés entre deux grands objectifs en matière Science-of-Human-Behavior-Change-
de santé : améliorer la prise en charge et EP4.pdf.
19
l’accès au soin pour tous d’une part et Richard T Lester et al., « Effects of a
optimiser les ressources de santé voire dimi- mobile phone short message service on
nuer les coûts d’autre part. C’est parce que antiretroviral treatment adherence in Kenya
la mHealth semble concilier ces deux objectifs (WelTel Kenya1) : a randomised trial », The
que les gouvernements vont s’intéresser à Lancet 376, no 9755, novembre 2010.

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