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CONTRATS - CONCURRENCE - CONSOMMATION - N° 7 - JUILLET 2020 - © LEXISNEXIS SA Études

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Panorama d’une année chargée et
mouvementée en droit des passagers du
transport aérien
Benjamin CHEYNEL,
référendaire (Cour de justice de l’Union européenne, Luxembourg),
doctorant (université de Neuchâtel, Suisse) 1

1 - Se livrer à un panorama tout à la fois rapide et suffisamment Celles-ci tiennent, premièrement, au fait que le champ d’appli-
exhaustif de l’année qui vient de s’écouler dans le domaine du droit cation géographique originel du règlement a été étendu, par
des passagers aériens relève quasiment de la gageure tant la juris- l’accord sur l’Espace économique européen à la Norvège 3,
prudence du deuxième semestre de 2019 et du premier de 2020 l’Islande et par l’accord entre l’Union et la Suisse sur le transport
a été dense et tant la crise liée à la Covid-19 a mis à l’épreuve le aérien, pour ce dernier État 4. Deuxièmement, son champ d’appli-
cadre juridique gouvernant le secteur du transport aérien. cation matériel varie en fonction du point de départ du vol (avec
En effet, les juridictions tant françaises qu’européenne sont correspondance(s)) concerné. S’il est au départ d’un État membre,
venues explorer quasiment tous les instruments encadrant le le règlement s’applique sans condition même aux vols intérieurs
domaine, que ce soit au niveau international (convention pour et même en cas d’escale dans un État tiers 5 6. En revanche, pour
l’unification de certaines règles relatives au transport aérien inter- les vols aux départs d’État tiers et à destination de l’Union, il est
national, ci-après la « convention de Montréal »), au niveau euro- impératif de vérifier non seulement si le transporteur est commu-
péen au plan tant matériel (Directive 90/314, devenue 2015/2302, nautaire ou assimilé par les accords susvisés 7 et également si le
relative aux voyages à forfait et aux prestations de voyage liées. – passager concerné a bénéficié dans l’État tiers de départ de pres-
Règlement n° 261/2004 établissant des règles communes en tations ou d’une indemnisation et d’une assistance 8 9. Troisième-
matière d’indemnisation et d’assistance des passagers en cas de ment, même si les deux précédentes conditions sont satisfaites, le
refus d’embarquement et d’annulation ou de retard important d’un passager doit encore disposer d’une réservation confirmée et s’être
vol, ci-après le « règlement 261 ». – Règlement n° 1008/2008 présenté à l’embarquement soit comme spécifié par le transporteur
établissant des règles communes pour l’exploitation de services ou l’organisateur de vol, soit, en l’absence d’indication, au moins
aériens dans la Communauté 2) que procédural (Règlement n° 44/ 45 minutes avant l’heure de départ publiée 10.
2001, Bruxelles I, devenu 1215/2012, Bruxelles I bis, concernant Cette dernière exigence a donné lieu à plusieurs décisions juris-
la compétence judiciaire, la reconnaissance et l’exécution des prudentielles dignes d’intérêt. Par la première, la cour d’appel
décisions en matière civile et commerciale) comme au niveau d’Angers a écarté, sévèrement mais justement, l’application du
national, ainsi que leur articulation, parfois délicate. règlement 261 à l’endroit d’un passager qui avait été, à tort, averti
De même, la crise sanitaire actuelle dont le secteur aérien de l’annulation de son vol retour et qui, de ce fait, ne s’était pas
commence progressivement à s’abstraire après une période de présenté à l’embarquement de son vol aller 11. Ce faisant, il n’avait
quasi-arrêt des opérations de transports aérien de passagers a pas satisfait à son obligation de présentation à l’embarquement et
donné lieu à des pratiques commerciales de certains transporteurs ne pouvait donc revendiquer le bénéfice de la protection prévue
aériens ainsi qu’à des interventions étatiques dont la conformité par le règlement 261. Cette solution constitue la stricte application
aux règles gouvernant le domaine peut s’avérer discutable et dont de la jurisprudence de la Cour selon laquelle il convient de distin-
les juridictions auront sans aucun doute à connaître dans les mois guer nettement le « voyage » concept absent du règlement 261 des
et années qui viennent.
« vols » – éventuellement aller et retour – qui le constituent et qui
se voient reconnaître une autonomie aux fins de l’application des
1. Les droits des passagers aériens dans droits garantis par ce règlement. Mais c’est certainement plus sur
le terrain de la preuve de la présentation à l’embarquement que la
la jurisprudence récente jurisprudence récente est instructive. En effet, la Cour est venue
remettre clairement en cause la jurisprudence de la Cour de cassa-
A. - Les droits des passagers tirés du règlement 261 tion qui estimait itérativement qu’il appartenait au demandeur de
2 - Champ d’application du règlement 261. – Contre toute rapporter la preuve qu’il s’était présenté à l’enregistrement tout en
attente, plus de 15 ans après son entrée en vigueur, le champ considérant que cette preuve n’était pas rapportée par la produc-
d’application du règlement 261 donne lieu à un nombre grandis- tion d’une réservation confirmée pour le vol litigieux éventuelle-
sant de décisions tant de la Cour de justice de l’Union européenne
(si après la « Cour ») que des juridictions nationales et, en particu-
3. CJUE, 11 juin 2020, aff. C-74/19, Transportes Aéreos Portugueses, pt 32.
lier, françaises. Elles viennent ainsi régulièrement souligner les 4. Sur les difficultés d’application dans cet État, B. Cheynel, Vols au départ ou à
conditions d’applicabilité byzantines de celui-ci. destination d’un État membre de l’Union avec escale en Suisse – Quel droit
applicable et quel(s) juge(s) compétent(s) ? : AJP/PJA, juin 2019.
5. CJUE, 11 juill. 2019, aff. C-502/18, České aerolinie, pt 18 : EU :C :2019 :604.
1. Les opinions exprimées par l’auteur le sont à titre personnel et ne sauraient enga- 6. art. 3, § 1, ss a.
ger les institutions auxquelles il appartient. 7. Cass. 1re civ., 26 sept. 2019, n° 18-21.188.
2. Avec l’arrêt Ryanair (CJUE, 23 avr. 2020, aff. C-28/19 : EU :C :2020 :301) qui 8. art. 3, § 1, ss b.
ne sera mentionné qu’à cette place et qui concerne la présentation des prix des 9. CJUE, 11 juin 2020, aff. C-74/19, Transportes Aéreos Portugueses, préc., pt 33.
vols par les transporteurs, qui doivent inclure les taxes, redevances, suppléments 10. art. 3, § 2.
et droits inévitables et prévisibles applicables à la date de publication de l’offre. 11. CA Angers, 12 mai 2020, n° 16/03168. 1
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ment assortie d’une attestation de retard non nominative de celui- passagers doivent produire tout comme celle du traitement des
ci 12. La Cour a ainsi estimé, au moyen d’une « simple » conséquences souvent fort dommageables d’un refus d’embarque-
ordonnance motivée, que les passagers d’un vol retardé et possé- ment non justifié par un transporteur ou, le plus souvent, un de ses
dant une réservation confirmée pour ce vol ne peuvent pas se voir mandataires. En effet, cette question suppose l’articulation du
refuser l’indemnisation prévue par le règlement 261 au seul motif règlement 261 avec divers actes internationaux et en particulier de
que, à l’occasion de leur demande d’indemnisation, ils n’ont pas ceux adoptées en lien avec l’Union européenne (notamment les
prouvé leur présence à l’enregistrement pour ledit vol, notamment accords Schengen, directive 2004/38 relative au droit des citoyens
au moyen de la carte d’embarquement, à moins qu’il soit démon- de l’Union et des membres de leurs familles de circuler et de
tré que ces passagers n’ont pas été transportés sur le vol retardé en séjourner librement sur le territoire des États membres...) mais
cause 13. Ainsi, alors même que la Cour indique que la présence également dans le cadre du Conseil de l’Europe.
du passager à l’enregistrement ne saurait être présumée du fait que Concernant l’articulation du règlement 261 et d’autres actes en
ce passager dispose d’une réservation confirmée pour le vol lien avec l’Union, la Cour a offert d’utiles précisions quant à leur
concerné 14, cette réservation confirmée – et non la carte d’embar- invocabilité. Elle a ainsi indiqué qu’un transporteur aérien ne peut
quement – constitue une preuve suffisante pour établir sa présence se voir opposer, notamment dans le cadre d’une action indemni-
à l’enregistrement au sens de l’article 3, § 2 du règlement 261. Cet taire, une décision adoptée au niveau de l’Union relative à la
élément produit, il appartient alors au transporteur qui entend se reconnaissance unilatérale par certains États de certains documents
libérer de son obligation d’indemnisation de prouver, vraisembla- comme équivalant à leurs visas nationaux aux fins de transit ou de
blement au moyen des données PNR, que le passager n’était pas séjour sur leur territoire, en l’occurrence la décision 565/2014, par
présent sur le vol retardé. Ce qui n’est rien d’autre qu’un inverse- un passager qu’il a refusé à l’embarquement au motif que l’entrée
ment de la charge de la preuve discutable sur le plan théorique sur le territoire de l’État membre de destination lui aurait été refu-
constitue toutefois une réponse non seulement équitable dans la sée par les autorités de ce dernier État 24. Cette solution libère les
mesure où l’accès aux données PNR paraît bien difficile pour les transporteurs d’une responsabilité non négligeable. Pour autant, ils
passagers mais également de bonne administration de la justice en n’en sont pas moins tenus à une diligence certaine ainsi qu’à
ce qu’elle a le mérite d’éviter que les passagers réclament itérati- diverses obligations vis-à-vis des passagers. Ainsi, pour ce qui
vement devant les juridictions la production des données PNR par concerne les ressortissants d’État tiers, ils ne peuvent légitimement
les transporteurs, production que l’effectivité du droit de l’Union leur refuser l’embarquement en invoquant un refus des autorités de
aurait d’ailleurs vraisemblablement imposé 15. l’État membre de destination de permettre à ces derniers l’entrée
Par ailleurs, le bénéfice des droits garantis par le règlement n° 261 sur son territoire, sans que ce refus d’entrée ait fait l’objet d’une
suppose encore que le passage ait été confronté à l’une des trois décision écrite et motivée, notifiée au préalable audits ressortis-
situations couvertes par ce règlement, à savoir soit un « refus sants 25. Par ailleurs, la décision du transporteur de refuser l’embar-
d’embarquement » 16, soit une « annulation de vol » 17, soit un quement à tout passager, quelle que soit sa nationalité, pour défaut
retard au départ 18, soit un retard important de vol à l’arrivée 19, soit de possession des documents de voyage adéquats n’est pas laissée
un sur ou déclassement 20. S’agissant des annulations de vol, la à la seule discrétion des transporteurs, ce qui implique que ce refus
Cour de cassation, dans la droite ligne de la Cour 21, a clairement peut être soumis au contrôle d’un juge qui appréciera si ledit refus
rappelé que la survenance d’une escale non programmée à l’occa- était « raisonnablement justifié » et, à défaut, pourra engager la
sion d’un vol ayant été effectué depuis et à destination des aéro- responsabilité du transporteur non seulement au titre du règlement
ports prévus ne pouvait être qualifiée d’« annulation de vol » 22. 261 pour le paiement de l’indemnité prévue à ses articles 4 et 7
De même, la Cour a pu indiquer que ne constitue pas une « annu- mais également et surtout de la convention de Montréal ou le droit
lation de vol » le fait pour un transporteur de modifier contre la national pour les dommages complémentaires subis par le passa-
volonté d’un passager sa réservation pour un vol avec correspon- ger 26.
dance avec pour conséquence, d’une part, qu’il n’a pas embarqué Concernant l’articulation des trois sources, en particulier en lien
sur le premier vol composant son transport réservé alors même que avec l’accord européen du 13 décembre 1957 sur le régime de la
ce vol a été effectué et, d’autre part, qu’il s’est vu attribuer une place circulation des personnes entre les pays membres du Conseil de
sur un vol ultérieur qui lui a permis d’embarquer sur le second vol l’Europe et la directive 2004/38, la Cour de cassation a considéré
composant son transport réservé et ainsi atteindre sa destination qu’un transporteur ne pouvait légitimement refuser à l’embarque-
finale à l’heure d’arrivée initialement prévue 23. ment pour défaut de présentation des documents de voyages
Toutefois, c’est en lien avec le « refus d’embarquement » – tel que adéquats un passager citoyen de l’Union présentant un passeport
défini à l’article 2, sous, j, du règlement 261 selon lequel il n’y a périmé depuis moins de 5 ans 27, alors même que la directive
pas de « refus d’embarquement » si ce refus était raisonnablement 2004/38 exige la présentation d’un tel document officiel en cours
justifié notamment pour des raisons de santé, de sûreté ou de sécu- de validité. Pour ce faire, la Haute Juridiction considère que, dans
rité, ou de documents de voyages inadéquats – que la jurispru- la mesure où, pour la France, les documents mentionnés à l’annexe
dence récente est la plus instructive. Elle est en effet venue éclai- de l’accord européen sont le passeport, en cours de validité ou
rer la fort délicate question des documents de voyages que les périmé depuis moins de 5 ans, et la carte nationale d’identité, cet
accord doit prévaloir sur la directive 2004/18, ce qui, à défaut de
motivation, n’emporte pas pleinement la conviction et, à tout le
12. Cass. 1re civ., 14 févr. 2018, n° 16-23.205. – Cass. 1re civ., 12 sept. 2018, n° 17- moins, aurait pu nécessiter une saisine de la Cour à titre préjudi-
25.926. – Cass. 1re civ., 10 oct. 2019, n° 18-20.490 et 18-20.491. ciel aux fins de l’interprétation de cette directive.
13. CJUE, ord., 24 oct. 2019, aff. C-756/18, easyJet Airline : EU :C :2019 :902, pt.
34. 3 - Les indemnisations prévues par le règlement 261. – À l’instar
14. CJUE, ord., 24 oct. 2019, aff. C-756/18, préc., pt 25. des années précédentes, le gros du contentieux relatif au règlement
15. Par analogie, CJUE, 7 sept. 2006, aff. C-526/04, Laboratoires Boiron, 261 concerne l’indemnité prévue à son article 7 en cas de refus
EU :C :2006 :528, pt. 55 et 57
d’embarquement, d’annulation de vol ou de retard important à
16. art. 4.
17. art. 5. l’arrivée. Même si la jurisprudence avait déjà largement débrous-
18. art. 6.
19. Régime découvert pour ne pas dire créé à l’occasion de CJUE, 19 nov. 2009,
aff. C-402/07 et C-432/07, Sturgeon e.a. : EU :C :2009 :716. 24. CJUE, 30 avr. 2020, aff. C-584/18, Blue Air – Airline Management Solutions, pt
20. art. 10 79 et 80 : EU :C :2020 :324.
21. CJUE, ord., 5 oct. 2016, aff. C-32/16, Wunderlich : EU :C :2016 :753. 25. CJUE, 30 avr. 2020, aff. C-584/18, pt 85 et 86.
22. Cass. 1re civ., 10 oct. 2019, n° 18-20.490. 26. Sur l’articulation prévue par l’article 12 du règlement 261, V. infra.
2 23. CJUE, 30 avr. 2020, aff. C-191/19, Air Nostrum, pt 25 : EU :C :2020 :339. 27. Cass. 1re civ., 5 févr. 2020, n° .
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saillé le terrain, l’année qui vient de s’écouler a permis d’éclaircir distance du vol concerné, calculée selon la méthode de la route
encore celui-ci et de mettre en évidence la possibilité de recher- orthodromique 34 sans égard à la distance effectivement parcou-
cher la responsabilité des transporteurs au titre du règlement 261 rue à raison notamment d’escales prévues ou non. Toutefois
également sur d’autres fondements que son article 7. demeurait ouverte la question du possible cumul d’indemnisation
Sur le principe même de l’indemnisation, la Cour est venue, pour pour l’annulation d’un vol suivi du retard important du vol de
la première fois, recourir à l’article 15 du règlement 261 qui réacheminement. Dans une telle configuration, la Cour a estimé
énonce un principe d’irrecevabilité des dérogations aux obligations que la double indemnisation se justifiait par le double désagrément
des transporteurs vis-à-vis des passagers. À ce titre, elle a précisé subi par le passager 35. Mais il apparaît, dans une perspective
que le règlement 261 interdit aux transporteurs de se prévaloir à consumériste assumée, que cette solution est également motivée
l’encontre d’un passager d’une clause, contenue dans les condi- par la nécessité d’inciter les transporteurs aériens à respecter leur
tions générales, préalablement publiées, relatives aux modalités de obligation d’assistance prévue à l’article 8, § 1 du règlement
fonctionnement ou aux prestations de services d’un transporteur 261/2004 et qui impose le réacheminement du passager en tran-
aérien, qui limite ou exclut la responsabilité de ce dernier lorsque sit vers sa destination finale 36.
l’embarquement est refusé à un passager en raison du caractère 7 - Droit indemnisation en cas de survenance d’une « circons-
prétendument inadéquat de ses documents de voyage 28. Cette tance extraordinaire ». – De jurisprudence constante lorsqu’un
disposition est forte de réelles potentialités pour les passagers qui, transporteur aérien a été confronté à une « circonstance extraordi-
par sa présence, peuvent ne pas avoir à recourir formellement au naire » au sens de l’article 5, § 3 du règlement 261, et qu’il a adopté
droit des clauses abusives, vraisemblablement plus restrictif et d’un toutes les mesures raisonnables pour éviter la survenance de cette
usage plus délicat. On envisage à cet égard, l’hypothèse rencon- circonstance, ou, en cas de survenance de celle-ci, toutes les
trée dans une affaire radiée du rôle de la Cour où étaient en cause mesures adaptées à la situation en mettant en œuvre tous les
des conditions générales en vertu desquelles (i) les horaires de moyens en personnel ou en matériel et les moyens financiers dont
départ et d’arrivée ne faisaient pas partie du contrat conclu avec il disposait, afin d’éviter que celle-ci conduise à l’annulation ou au
le passager ni n’étaient pas garantis et pouvaient être modifiés, et retard important du vol concerné 37, ledit transporteur est libéré de
(ii), lorsque ces horaires étaient modifiés, le passager pouvait choi- son obligation d’indemnisation 38. Dans ce domaine, la Cour pour-
sir de les accepter ou bien de prendre contact avec le transporteur suit sa démarche progressive d’affinement des conditions d’invo-
aérien afin de demander un remboursement ou une nouvelle réser- cation de ces circonstances tout comme des contours de la notion
vation ; et, enfin (iii) l’acceptation par le passager de la modifica- même de « circonstance extraordinaire » 39.
tion de l’horaire constituait une modification du contrat de trans- S’agissant tout d’abord des circonstances susceptibles d’être invo-
port initial 29. quées, il est désormais clair que les transporteurs aériens peuvent
4 - Sur la prescription du droit à l’indemnisation. – Qu’il soit se prévaloir d’une « circonstance extraordinaire » non seulement
fondé sur l’article 7 du règlement 261 ou sur le manquement d’un lorsque celle-ci a affecté le vol annulé ou retardé mais également
transporteur à ses obligations issues de ce règlement (art. 8, 9, 11 lorsqu’une telle circonstance a affecté un vol précédent opéré par
et 14), il est de jurisprudence bien établie que celle-ci n’est pas le même transporteur au moyen du même aéronef 40, ce qui avait
biennale comme prévu aux articles 29 de la convention de Varso- été déjà implicitement admis dans l’arrêt Peskova 41. Toutefois, à
vie et 35 de la convention de Montréal mais est celle déterminée cette fin, est exigé qu’il existe un lien de causalité direct entre la
par le droit national. C’est donc naturellement à la Cour de cassa- circonstance ayant affecté l’aéronef lors d’un vol précédent et le
tion qu’est revenu de préciser, s’il en était besoin, la durée et le retard ou l’annulation du vol suivant 42, ce qui devra être appré-
fondement de cette prescription, à savoir la prescription quinquen- cié en tenant compte des modalités d’exploitation de l’aéronef
nale prévue à l’article 2224 du Code civil 30. concerné. A cet égard, les parties ayant pris part à l’audience dans
5 - Sur le redevable de l’indemnisation. – Si la lettre du règlement cette affaire devant la Cour semblaient assez d’accord sur la distinc-
261 ne se suffisait pas à elle-même, la Cour est venue rappeler que tion à opérer entre les longs courriers fonctionnant sur une logique
le seul redevable des indemnités prévues par le règlement 261 31 d’aller-retour et les courts et moyens courriers sur des logiques de
est le transporteur aérien effectif, à savoir le transporteur aérien qui rotations qui impliquent une répercussion quasi automatique d’un
réalise ou a l’intention de réaliser un vol dans le cadre d’un contrat retard sur les vols suivants au cours d’une même journée.
conclu avec un passager, ou au nom d’une autre personne, morale S’agissant ensuite de la notion même de « circonstance extraor-
ou physique, qui a conclu un contrat avec ce passager. Cette défi- dinaire », n’en relèvent pas la défaillance d’une pièce dite « on
nition exclut les transporteurs aériens uniquement contractuels en condition », à savoir pièce une que le transporteur aérien s’est
ce qu’ils « construisent » des vols qu’ils n’opèrent pas ou préparé à changer en conservant toujours une pièce de rechange
n’entendent pas opérer 32 ainsi que les intermédiaires ayant vendu en stock, à moins qu’une telle défaillance ne soit pas intrinsèque-
le billet. De plus, s’agissant des vols avec correspondance(s), la ment liée au système de fonctionnement de l’appareil 43, tout
Cour a reconnu un mécanisme de solidarité entre les différents comme la maladie soudaine d’un pilote 44, à l’inverse de la
transporteurs aériens effectifs ayant participé à un tel vol, condui- présence d’essence sur une piste d’un aéroport ayant entraîné la
sant à ce que quel que soit le transporteur ayant été à l’origine du
retard, le passager concerné dispose de la faculté de choisir celui 34. CJUE, ord., 7 sept. 2017, aff. C-559/16, Bossen e.a., pt 29 : EU :C :2017 :644.
qu’il poursuivra 33, charge à celui qui aura dû s’acquitter de 35. CJUE, 12 mars 2020, aff. C-832/18, Finnair, pt 31 : EU :C :2020 :204. – CJUE,
l’indemnité d’éventuellement se retourner contre son contractant. ord., 30 avr. 2020, aff. C-939/19, Flightright, non publiée, pt 22 :
EU :C :2020 :316.
6 - Sur le montant de l’indemnisation. – On sait que l’article 7 du
36. Arrêt Finnair, préc., pt 32.
règlement 261 fait dépendre le montant de l’indemnisation de la 37. Rappelons que cette exception ne vaut pas en cas de « refus d’embarquement »
dans la mesure où celle-ci est prévu à l’article 5 du règlement 261 et non à son
article 4.
28. Arrêt Blue Air – Airline Management Solutions, préc., pt 102. 38. CJUE, 4 avr. 2019, aff. C-501/17, Germanwings, pt 19 : EU :C :2019 :288.
29. CJUE, ord., 24 juin 2019, aff. C-476/18, PannonHitel, non publiée : 39. Sur l’unité du régime légal en matière d’annulation et du régime prétorien des
EU :C :2019 :571. retards importants, CJUE, 7 sept. 2017, aff. C-559/16, Bossen e.a., pt 21 et 22 :
30. Cass. 1re civ., 10 oct. 2019, n° 18-20.490 et 18-20.491. EU :C :2017 :644.
31. À cette place, n’est pas évoqué le redevable du remboursement d’un billet en 40. Arrêt Transportes Aéreos Portugueses, préc., pt 53.
cas d’annulation de vol du fait transporteur. Sur ce point, V. infra. 41. CJUE, 4 mai 2017, aff. C-315/15, Pešková et Peška, pt 11 et 12 :
32. Pour une illustration, conclusions de l’Avocat général Tanchev dans l’affaire EU :C :2017 :342.
flightright, C-186/17, EU :C :2018 :399, radiée par la suite (CJUE, ord., 2 août 42. Arrêt Transportes Aéreos Portugueses, préc., pt. 54
2018, aff. C-186/17, flightright, non publiée : EU :C :2018 :657). 43. Arrêt Finnair, préc., pt 42.
33. CJUE, 11 juill. 2019, aff. C-502/18, České aerolinie, pt 32 : EU :C :2019 :604. 44. Cass. 1re civ., 5 févr. 2020, n° 19-12.294 et 19-12.297. 3
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fermeture de celle-ci 45. Moins évidente était la qualification du le droit national, et ce d’autant plus que ladite disposition prévoit
comportement d’un passager perturbateur (« unruly passenger »). la possibilité de déduire l’indemnisation accordée au titre du règle-
Le concernant et de manière très équilibrée, la Cour admet qu’un ment de toute indemnisation complémentaire.
tel comportement dès lors qu’il met en danger la sécurité de vol 46 Une partie de ces difficultés a été levée à l’occasion de l’arrêt
soit qualifié de « circonstance extraordinaire » mais sous réserve Rusu intéressant une demande d’indemnisation à raison d’un refus
toutefois que le transporteur aérien effectif concerné n’ait pas d’embarquement ayant causé aux passagers concernés des pertes
contribué à la survenance du comportement perturbateur du passa- de salaires dont ils réclamaient la compensation. Après avoir
ger concerné. De même cette qualification est exclue si ce trans- rappelé que le règlement 261 vise à indemniser d’une manière
porteur avait été en mesure d’anticiper un tel comportement et de standardisée et immédiate les désagréments faisant suite aux refus
prendre les mesures appropriées à un moment où il pouvait le faire d’embarquement, annulation et retards importants de vol et non les
sans conséquence importante sur le déroulement du vol concerné, préjudices individuels, inhérents au motif du déplacement des
en se fondant sur des signes avant-coureurs d’un tel comporte- passagers concernés 53, elle a naturellement écarté l’applicabilité
ment 47. Ainsi sont visées non seulement les hypothèses dans de celui-ci. Pour autant, elle est venue préciser que le juge natio-
lesquelles le transporteur aurait manqué à son devoir de vigilance nal dispose de la faculté d’effectuer cette déduction mais n’est pas
mais également celles où son personnel aurait directement contri- obligé d’y procéder 54. S’il n’y a rien de bien révolutionnaire dans
bué audit comportement, notamment par un service excessif cette affirmation, on peut en revanche est plus étonné par le fait que
d’alcool. la Cour ajoute que ledit règlement n’impose pas au juge national
S’agissant enfin des mesures raisonnables devant être adoptées compétent de conditions sur la base desquelles il pourrait procé-
par le transporteur afin de se libérer de son obligation d’indemni- der à cette déduction 55. En effet, certaines déductions opérées
sation, il est désormais clair que ce n’est que dans des circons- désormais sans contrôle possible par le seul interprète authentique
tances biens circonscrites qu’un transporteur peut y satisfaire en se du règlement 261 pourraient compromettre profondément l’objec-
limitant à procéder au réacheminement d’un passager par le vol tif même de celui-ci. En effet, s’il ne paraît pas choquant de déduire
suivant opéré par lui-même, le plus souvent le lendemain. En effet, l’indemnité payée au titre de son article 7 de la réparation complé-
la Cour indique que ce choix ne peut libérer le transporteur de son mentaire d’une perte de gain ou encore d’un dommage moral, il
obligation d’indemnisation que s’il n’existait aucune autre possi- serait certainement plus discutable de faire de même avec l’indem-
bilité de réacheminement direct ou indirect par un vol opéré par nisation versée au titre du paiement par le passager d’une nuitée 56
lui-même ou tout autre transporteur aérien et arrivant à un horaire ou encore de frais de taxis faisant suite à une arrivée très tardive
moins tardif que le vol suivant du transporteur aérien concerné ou d’un vol, sauf à faire disparaître en tout ou partie la compensation
que la réalisation d’un tel réacheminement n’ait constitué pour ce (forfaitaire) des désagréments inhérents à un refus d’embarque-
dernier un sacrifice insupportable au regard des capacités de son ment, une annulation ou un retard important alors même que cette
entreprise au moment pertinent 48. compensation constitue un des objets même du règlement 261.
8 - Vers des indemnisations fondées sur d’autres articles que
l’article 7 du règlement 261. – Le contentieux récent que ce soit B. - Les droits des passagers tirés de la Convention
au niveau français ou européen semble faire apparaître un nombre de Montréal
croissant de recours indemnitaires fondés sur d’autres dispositions
que l’article 7 du règlement 261. Il en est ainsi des demandes intro- 10 - En vertu de la convention de Montréal, les passagers aériens
duites au titre du manquement du transporteur à son obligation peuvent prétendre à l’indemnisation en cas de mort ou de lésion 57,
d’information 49 50. On voit également émerger certaines questions de dommages causés aux bagages 58 ainsi que de retard 59. La
en lien avec l’article 15 de ce règlement qui prévoit l’irrecevabi- convention est silencieuse sur d’éventuels autres cas d’ouverture
lité des dérogations du droit des passagers 51. À cet égard, la juris- de droit à indemnisation, notamment lors d’annulation de vol ou
prudence semble faire apparaître une obligation de diligence et de encore de refus d’embarquement, terrain sur lequel la Cour a veillé
bonne information des passagers par les transporteurs s’agissant à ne pas entrer dans l’arrêt Rusu préc. 60 mais qui un jour ou l’autre
tout particulièrement des cas dans lesquels ceux-ci ont été refusés sera soumis à la Cour, également interprète authentique de la
à l’embarquement. C’est ainsi que, sur le fondement des articles 4, Convention de Montréal 61.
§ 3 et 8, § 1 du règlement 261, la Cour a indiqué que le transpor- Pour autant, la période récente n’est pas vierge de toute interpré-
teur aérien doit présenter aux passagers refusés à l’embarquement tation de cette Convention. Bien au contraire, la Cour a apporté
des informations complètes sur toutes ses options de rembourse- d’utiles éclaircissements sur le régime applicable aux lésions
ment et de vol retour vers son point de départ ou de réachemine- corporelles subies par les passagers, en l’occurrence des brûlures
ment, les passagers n’ayant aucune obligation de contribuer acti- causées par le renversement d’une boisson (de toute évidence trop)
vement à la recherche des informations à cet effet 52. chaude suite à des turbulences. Dans cet arrêt, elle vient pour la
9 - L’encadrement de l’indemnisation complémentaire prévue première fois expressément indiquer que, dans de la limite du
à l’article 12 du règlement 261. – En vertu de l’article 12 du règle- plafond de responsabilité de 128 821 DTS (au 28 décembre 2019)
ment n° 261, les passagers ayant connu un refus d’embarquement, prévu à l’article 21 de la Convention, la responsabilité du transpor-
une annulation ou un retard important dispose toujours de la teur est une responsabilité objective 62. Elle précise surtout, en
faculté de rechercher une indemnisation complémentaire sur tout s’appuyant sur les utiles travaux préparatoires de la Convention
fondement pertinent autre que ledit règlement. Une telle disposi-
tion rarement interprétée est toutefois porteuse d’évidentes difficul-
53. CJUE, 10 janv. 2006, aff. C-344/04, IATA et ELFAA, pt 43 et 44 et 45 :
tés d’articulation des droits indemnitaires prévues par ce règlement
EU :C :2006 :10.
261 et de ceux prévus soit par la convention de Montréal soit par 54. Arrêt Rusu, préc., pt 44.
55. Arrêt Rusu, préc., pt 47.
56. V. en ce sens, Justice de paix de Luxembourg, 17 janv. 2019, n° 183/2019. –
45. CJUE, 26 juin 2019, aff. C-159/18, Moens, pt 21 : EU :C :2019 :535. B. Cheynel, Droits des passagers en cas de vols annulés pour cause de grève –
46. Arrêt Transportes Aéreos Portugueses, préc., pt. 39 Pratique luxembourgeoise : Journal des Tribunaux – Luxembourg, juin 2019,
47. Id., pt. 45 p. 65.
48. Id., pt 61. 57. art. 17, § 1
49. art. 12. 58. art. 17, § 2 à 4.
50. Cass. 1re civ., 10 oct. 2019, n° 18-20.490 et 18-20.491. 59. art. 19.
51. V. infra pour des développements en lien avec la crise sanitaire liée à la Covid- 60. Pt 28, 30, 31, 40, 45.
19. 61. CJUE, 6 mai 2010, aff. C-63/09, Walz, pt 20 : EU :C :2010 :251.
4 52. CJUE, 29 juill. 2019, aff. C-354/18, Rusu, pt 55 et 56 : EU :C :2019 :637. 62. CJUE, 19 déc. 2019, aff. C-532/18, Niki Luftfahrt, pt 36 : EU :C :2019 :1127.
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malheureusement peu exploités par l’Avocat général, que la condi- 13 - Compétence juridictionnelle, règlement 261 et Convention
tion tenant à ce que le dommage trouve son origine dans un acci- de Montréal. – Les questions de compétence sont devenues en
dent est en définitive assez artificielle dès lors que cette notion quelques années une problématique centrale du contentieux
couvre toutes les situations qui se produisent à bord d’un aéronef mettant en cause le respect par les transporteurs aériens du règle-
dans lesquelles un objet utilisé pour le service aux passagers a ment 261. Toutefois, ces questions ne sont pas cantonnées à la
causé une lésion corporelle à un passager, sans qu’il soit nécessaire mise en œuvre de ce seul règlement et intéressent également celle
de rechercher si ces situations résultent d’un risque inhérent au de la Convention de Montréal. Dans un tel contexte, la Cour avait
transport aérien 63. Par ailleurs, on ne peut que regretter le retrait déjà indiqué que les règles de compétence prévues par la Conven-
d’une question préjudicielle portant sur le point de savoir si les tion de Montréal (art. 33) n’avaient pas vocation à s’appliquer à des
lésions de type psychiques sont indemnisables au titre de demandes fondées sur le règlement 261 71.
l’article 17 de la Convention 64. Demeurait toutefois entière la question de savoir quelle juridic-
tion saisir dans le cas où la demande était fondée sur ces deux
C. - Droit des passagers et juridiction(s) textes, à savoir aux fins de l’octroi de l’indemnisation forfaitaire
(in)compétente(s) prévue par le règlement 72 et aux fins de la réparation du préjudice
individualisé ayant son origine dans le retard du vol concerné 73.
11 - Compétence juridictionnelle, règlement 261 et « vols secs » Et la réponse est qu’il convient de procéder à une application distri-
avec correspondance (s). – Si, depuis l’arrêt Flightright 65, il était butive des dispositions à raison de leur fondement. Pour le premier
clair que le règlement 1215/2012 « Bruxelles I bis » s’applique aux chef d’indemnisation, s’appliquera le règlement Bruxelles I bis 74
litiges intéressant le règlement 261 et que, à tout le moins, les juri- et, pour le second, l’article 33 de la convention de Montréal. Et
dictions de l’État de départ et d’arrivée d’un vol avec correspon- concernant ce dernier qui retient soit le tribunal du domicile du
dance(s) sont compétentes pour en connaître (avec toutefois un transporteur, du siège principal de son exploitation ou du lieu où
léger doute quant à la compétence des juridictions d’un État de il possède un établissement par le soin duquel le contrat a été
correspondance), restait à savoir s’il était possible d’attraire le trans- conclu, soit le tribunal du lieu de destination, la Cour indique qu’il
porteur aérien effectif du dernier segment d’un vol avec correspon- emporte non seulement répartition de la compétence judiciaire
dance(s) au lieu de départ du premier segment de ce vol. De entre les États parties à celle-ci mais également la répartition de la
manière relativement prévisible, la Cour a répondu par l’affirma- compétence territoriale entre les juridictions de chacun de ces
tive à cette question 66. États 75. Si, en théorie, cela peut conduire le passager à devoir saisir
12 - Compétence juridictionnelle, règlement 261 et « voyages deux juridictions différentes, il convient de relever que deux des
à forfait ». – S’agissant non plus de « vols secs » mais de contrats critères de compétence judiciaire qui sont communs au règlement
combinant transport aérien et hébergement, gouvernés par la direc- Bruxelles I bis et à la convention de Montréal, à savoir le lieu du
tive 90/314 devenue 2015/2302, la Cour est venue préciser, en domicile du défendeur et le lieu de destination du vol, entre
ligne avec sa jurisprudence préalable en matière de « vols secs », lesquels les passagers peuvent librement choisir lorsqu’ils assignent
rappelée ci-dessus, que le recours indemnitaire dirigé contre le un transporteur aérien, peuvent permettre que tous les chefs de leur
transporteur aérien effectif à raison du retard d’un vol effectuée demande soient traités par une seule et même juridiction. De
dans le cadre d’un voyage à forfait conclu avec une agence de surcroît, le jeu éventuel des règles de connexité prévues à
voyages relève, même en l’absence de contrat entre le passager et l’article 30 du règlement Bruxelles I bis pourrait permettre d’éviter
le transporteur aérien, de la matière contractuelle au sens de l’existence de procédures judiciaires multiples, voire concurrentes.
l’article 5, point 1, du règlement n° 44/2001, Bruxelles I devenu 7,
point 1, du règlement n° 1215/2012, Bruxelles I bis 67.
S’agissant non plus de l’applicabilité du règlement Bruxelles I (bis) 2. Les droits des passagers aériens à
mais de son application, la même affaire a permis à la Cour de l’heure de la Covid-19
mettre en évidence le fait que, tout comme le contentieux mettant
en cause le règlement 261 en lien avec des « vols secs », celui en 14 - À l’heure où les transporteurs aériens commencent progres-
lien avec des « voyages à forfait » n’est pas susceptible de se voir sivement à reprendre leurs activités après de nombreuses semaines
appliquer les règles de compétences spéciales en matière de d’arrêt quasi-total de leurs activités de transport de passagers, de
contrats conclus par les consommateurs et qui leur permettent de nombreuses questions se posent quant au respect effectif de leurs
saisir la juridiction du lieu de leur domicile 68. Si, pour les « vols obligations à l’égard des passagers qui soit se sont retrouvés
secs », la raison est l’exclusion expresse contenue à l’article 17, § 3 bloqués au cours d’un séjour soit n’ont pas réalisé des vols pour
du règlement Bruxelles I bis 69, elle tient, pour les « voyages à lesquels ils disposaient de réservations confirmées.
forfait », au fait que le passager n’a pas conclu de contrat avec le 15 - Covid-19, « circonstance extraordinaire » ?. – Dans ce
transporteur aérien. Or, la section 4 du chapitre II du règlement contexte, une première question doit immédiatement être évacuée.
Bruxelles I (bis) suppose, en autres conditions, que les parties au Elle concerne la qualification même de la crise sanitaire générée
litige soient également les parties au contrat 70. Dès lors, cette par la Covid-19 dont il paraît assez évident qu’il s’agit d’une
compétence spéciale ne pourra être exploitée par le passager d’un « circonstance extraordinaire » au sens de l’article 5, § 3 du règle-
vol inclus dans un voyage à forfait que dans le cadre d’éventuels ment 261. Il en découle qu’elle est susceptible d’exonérer les trans-
litiges l’opposant à l’organisateur de voyage. porteurs de leur obligation d’indemnisation en cas d’annulation ou
retard important de vol (et non de refus d’embarquement, celui
étant gouverné par l’article 4 qui ne prévoit pas une exonération).
63. Id., pt 41 et 43. Toutefois, elle suppose que lesdits transporteurs démontrent qu’ils
64. CJUE, ord., 7 mai 2020, aff. C-687/19, Ryanair, non publiée : ont pris toutes les mesures raisonnables pour la traiter avec dili-
EU :C :2020 :417.
65. CJUE, 7 mars 2018, aff. C-274/16, C-447/16 et C-448/16, flightright e.a. :
gence 76, ce que paraît relativement aisé mais doit néanmoins être
EU :C :2018 :160. – B. Cheynel, Droits des passagers du transport aérien – prouvé.
tendances récentes et perspective : Contrats, conc. consom. 2019, étude 7.
66. CJUE, ord., 13 févr. 2020, aff. C-606/19, flightright : EU :C :2020 :101.
67. CJUE, 26 mars 2020, aff. C-215/18, Primera Air Scandinavia, pt 49 : 71. CJUE, 10 mars 2016, aff. C-94/14, Flight Refund, pt 46 : EU :C :2016 :148.
EU :C :2020 :235. 72. règl. 261, art. 7.
68. art. 18, § 1. 73. Conv., art. 19.
69. CJUE, 11 avr. 2019, aff. C-464/18, Ryanair, pt 28 : EU :C :2019 :311. 74. art. 4, § 1 lu en combinaison son art. 7, point 1.
70. CJUE, 26 mars 2020, aff. C-215/18, Primera Air Scandinavi, pt 58 : 75. CJUE, 7 nov. 2019, aff. C-213/18, Guaitoli e.a., pt 51 et 55 : EU :C :2019 :927.
EU :C :2020 :235. 76. CJUE, 4 avr. 2019, aff. C-501/17, Germanwings, pt 19 : EU :C :2019 :288. 5
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Pour autant, il importe de rappeler que la survenance d’une le règlement 261 89, tels que les refus d’embarquement, retards
« circonstance extraordinaire » ne les libère, a priori, pas des autres importants ou défauts d’assistance ou de prise en charge.
obligations qui pèsent sur eux au titre du règlement 261 et que le Le redevable du remboursement identifié, il convient maintenant
manquement à l’une ou l’autre de ces obligations les expose à des d’aborder la portée de l’obligation de remboursement. En ce
demandes d’indemnisation fondées sur ce même règlement 77. domaine, les règles ne diffèrent pas sensiblement suivant le texte
16 - Covid-19 et obligations de prise en charge et d’achemine- applicable. À titre du règlement 261 90, il s’agit d’un rembourse-
ment des passagers en transit. – La première série d’obligations ment, en principe, intégral du prix du billet 91 et cela sous 7 jours,
concerne les passagers en transit. Les transporteurs ont l’obligation tandis que, au titre de directive 2015/2303 92, ce remboursement
de les prendre en charge 78, avec des exigences particulières pour est dû « sans retard excessif et en tout état de cause dans les
les passagers handicapés ou à mobilité réduite 79. Elle implique 14 jours au plus tard après la résiliation du contrat ». Le rembour-
notamment que l’obligation de fournir aux passagers en transit un sement n’est toutefois pas la seule voie envisageable. Si le transpor-
hébergement dans l’attente (qui peut durer) de leur réachemine- teur ou l’organisateur de voyage et le passager se mettent d’accord
ment. La concernant, la Cour a déjà eu l’occasion de préciser, dans sur des modalités différentes, telles qu’un avoir d’un montant équi-
le contexte de la crise ayant fait suite à l’éruption de l’Eyjafjalla- valent voire supérieur au prix du billet concerné ou un voyage à
jökull, que le règlement 261 ne limite, ni temporellement ni finan- forfait de substitution, ils peuvent naturellement y recourir, étant
cièrement, cette obligation de prise en charge 80. Pour autant, à entendu que la Commission a établi des recommandations dans ce
domaine 93. Reste que si le passager exige le remboursement,
l’occasion de cette affaire, la question de la force majeure ou de
celui-ci doit lui être accordé, sans dérogation possible. Or, c’est ce
l’« Act of God » n’a nullement été appréhendée par la Cour et il
que nombre de transporteurs aériens semblent refuser d’appliquer
n’est pas totalement exclu que cette notion et celle de « circons-
en imposant des avoirs aux passagers et que les autorités, au moins
tance extraordinaire », que le législateur a voulu distinguer 81, ne
françaises, ont autorisé au moyen de l’ordonnance n° 2020-315 du
soient pas exclusives et que cette première puisse ainsi être invo-
25 mars 2020 prévoyant, notamment, pour les résiliations de
quée. Dans le même temps, les transporteurs se doivent d’achemi-
voyages à forfait notifiées entre le 1er mars 2020 et le 15 septembre
ner les passagers en transit à leur point de départ et dans les
2020, un mécanisme d’avoirs remboursables au terme d’une
meilleurs délais 82, ce qui sera naturellement apprécié aux égards période de 18 mois, dérogeant ainsi aux articles L. 211-14, III, 2°
des circonstances tout à fait spécifiques de la crise de la Covid-19 et L. 211-14, II du Code du tourisme. On saisit parfaitement les
et donc vraisemblablement avec une tolérance certaine, tout en raisons de ces choix commerciaux et normatifs dans une période
étant que la preuve de celui-ci doit être apportée par le transpor- de crise importante de liquidités pour les transporteurs ainsi que
teur 83. les opérateurs du tourisme, laquelle a justifié une démarche
17 - Covid-19 et obligation de remboursement. – La deuxième concertée de 12 États membres dont la France tendant, sans succès,
source d’obligations des transporteurs réside dans l’obligation de à obtenir du législateur de l’Union un amendement temporaire du
rembourser le passager en cas d’annulation à l’initiative du trans- règlement 261. Il n’en reste pas moins que de telles pratiques et
porteur, les décisions des passagers, même pour des motifs person- réglementations ne constituent rien d’autre que des violations
nels éventuellement compréhensibles, de renoncer à un vol avant caractérisées du règlement 261 pour les vols secs et de la directive
que celui ait lieu (voire n’ait pas lieu) ne constituant pas une 2015, remettant en cause la primauté reconnue à ces deux textes.
« annulation de vol » au sens du règlement 261 et est éventuelle- C’est d’ailleurs ce que la Commission européenne a indiqué dans
ment encadrée par la directive 2015/2302 84. ses Orientations interprétatives relatives aux règlements de l’UE sur
Le redevable de ce remboursement est variable suivant le les droits des passagers au regard de l’évolution de la situation en
contexte dans lequel l’annulation intervient, à savoir un vol sec ou ce qui concerne la Covid-19 94 et confirmé dans sa recommanda-
un voyage à forfait. Dans le premier cas, le redevable de ce tion 2020/648, précitée. C’est également pour cette raison qu’elle
remboursement est le transporteur aérien du vol annulé voire, semble vouloir se diriger vers la sanction, d’apparemment, une
comme évoqué supra, l’un des transporteurs aériens du vol avec douzaine d’États membres (Belgique, Bulgarie, Chypre, Répu-
correspondance(s), à l’exclusion en tout état de cause, d’un quel- blique tchèque, Estonie, France, Allemagne, Grèce, Irlande, Letto-
conque transporteur contractuel ou intermédiaire 85. Dans le nie, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie et Espagne)
second cas, le redevable est l’organisateur du voyage, la Cour ayant auxquels elle aurait adressé un courrier, première étape de la
clairement indiqué qu’un passager, dont le vol fait partie d’un procédure de manquement prévue à l’article 258 du TFUE 95.
voyage à forfait, ne peut réclamer le remboursement de son billet, À ce dernier égard, il importe de relever que la présence massive
en vertu de l’article 8, § 1 du règlement 261 auprès du transporteur d’avoirs pour des vols futurs entre les mains des passagers pourrait
aérien effectif et doit recourir aux mécanismes prévus par la direc- poser de sérieux problèmes de concurrence ainsi que de protec-
tive 90/314 86 devenue 2015/2302 87 88. Relevons toutefois que si tion des consommateurs. Sur cette question, l’autorité calédo-
le droit à remboursement suite à l’annulation d’un vol est suscep- nienne de la concurrence a délivré une recommandation portant
tible de ne pas peser sur le transporteur aérien en cas de vol inclus uniquement sur le contexte calédonien mais dont les considéra-
dans un voyage à forfait, il n’en demeure pas moins que ce dernier tions sont assurément de portée générale 96. Cette recommanda-
demeurera toujours le seul redevable des conséquences
dommages d’un manquement à d’autres obligations prévues par 89. CJUE, 26 mars 2020, aff. C-215/18, Primera Air Scandinavia, pt 34 :
EU :C :2020 :235.
90. art. 8, § 1, ss a.
77. arrêt Sousa Rodríguez e.a., préc., pt 43 et 44. 91. Sur la question du remboursement des commissions, CJUE, 12 sept. 2018, aff.
78. Règl. 261, art. 9. C-601/17, Harms : EU :C :2018 :702.
79. règl. n° 1107/2006. 92. art. 12, § 4.
80. CJUE, 31 janv. 2013, aff. C-12/11, McDonagh, pt 34 et 43 : EU :C :2013 :43. 93. Comm. UE, recomm. (UE) n° 2020/648, 13 mai 2020, concernant des bons
81. concl. av. gén. Bot, 22 mars 2012 dans cette affaire, pt 33. à valoir destinés aux passagers et voyageurs à titre d’alternative au rembourse-
82. art. 8, § 1. ment des voyages à forfait et des services de transport annulés dans le contexte
83. Arrêt Rusu, préc., pt 61. de la pandémie de Covid-19 : JOUE n° L 151, 2020, p. 10.
84. art. 12, § 2. 94. C(2020) 1830 finale, 18 mars 2020.
85. Arrêt České aerolinie, préc., pt 32. 95. Sur ce point, Parlement européen, Question C-002790/2020, 14 mai 2020. –
86. art. 4, § 5. Legal action lloms for EU’s voucher-gate clique : Euractiv, 13 mai 2020
87. art. 12, § 2. 96. Recomm. de l’ACNC concernant le dispositif dérogatoire de remboursement
88. CJUE, 10 juill. 2019, aff. C-163/18, Aegean Airlines, pt 31 et 35 : ou d’avoirs dans le secteur aérien et touristique en raison des annulations liées
6 EU :C :2019 :585. à la crise du coronavirus, 13 mai 2020.
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tion met ainsi en évidence que la logique d’octroi d’avoirs conduit Protocole de Montréal 98 dans pas moins de 22 États dont, en
à suspendre toute possibilité, pour les consommateurs concernés, Europe, le Portugal et Malte ainsi que, bientôt, la France (dépôt du
de mettre en concurrence les agences ou les transporteurs aériens projet de loi de ratification le 11 décembre 2019). Ledit protocole,
pour réaliser une prestation équivalente à celle qui a été annulée adopté afin de mieux appréhender et réprimer les infractions
pour la durée de validité de l’avoir, créant pour chaque opérateur commises et actes accomplis à bord des aéronefs, procède à un
une situation de monopole de fait voire légale (comme s’agissant renforcement des règles de compétence pour en connaître. En ce
des voyages à forfait) vis-à-vis de chacun des passagers concernés sens, la compétence jusque-là limitée à celle du seul État d’imma-
lui permettant d’augmenter ses prix dans un contexte qui devrait triculation de l’aéronef ainsi, que sous conditions, à celle d’un État
vraisemblablement déjà être marqué par une forte hausse des prix contractant au titre de sa compétence territoriale et personnelle est
liée à l’augmentation des coûts suite à la crise actuelle. Au plan plus désormais étendue à l’État d’atterrissage et à l’État de l’exploitant
général, une telle solution conduit à reporter sur les consomma- en cas exploitation en wet lease 99. De surcroît, le protocole encou-
teurs le poids financier des obligations pesant sur les transporteurs rage les États à engager les procédures judiciaires à l’encontre des
avec le risque de répercussion que cela peut avoir sur leur pouvoir
passagers qui se livrent ou menace de se livrer à des actes de
d’achat notamment en cas de faillite des transporteurs et organi-
violence physique à l’encontre d’un membre de l’équipage ainsi
sateurs de voyages (sur l’impossibilité de rechercher auprès du
que refusent d’obéir à une instruction destinée à assurer la sécu-
transporteur aérien le remboursement d’un billet inclus dans un
rité de l’aéronef ou des personnes ou des biens qui s’y trouvent 100,
voyage à forfait annulé en cas de faillite de l’organisateur de voyage
qui n’aurait pris aucune mesure afin de garantir ce rembourse- étant entendu que le droit français n’est toutefois pas à même de
ment 97), cela et alors même que ces consommateurs, contri- correspondre parfaitement aux préconisations formulées 101. Enfin,
buables avant tout, ont largement participé au sauvetage de ces il insiste sur le fait qu’aucune de ses dispositions n’exclut le droit
mêmes opérateurs... de chercher à recouvrer, conformément au droit national, des
18 - Covid-19 et obligations d’information. – La troisième série dommages-intérêts auprès d’une personne débarquée contre les
d’obligations concerne l’information des passagers par les trans- actes considérés comme les plus graves 102. À ce dernier égard, il
porteurs. Elle prend la forme de l’obligation prévue à l’article 14, convient de relever que certains transporteurs n’ont pas hésité à
§ 2 du règlement 261 de fournir aux passagers une notice écrite s’engager dans cette voie dès avant l’entrée en vigueur de ce proto-
reprenant les règles d’indemnisation et d’assistance en cas d’annu- cole, comme ce fut le cas de Jet2.com qui a banni à vie de ses vols
lation comme de refus d’embarquement ou de retard de plus de un passager particulièrement perturbateur et lui réclame 85 000 £
deux heures. Toutefois, c’est bien plus l’obligation naissant de à raison des coûts générés par le déroutement rendu nécessaire
l’article 15 de ce règlement qui pourrait s’avérer particulièrement pour le débarquer.
pertinente dans le contexte de la crise de la Covid-19 et surtout des Enfin, nous ne serions pas complets si nous manquions d’indiquer
tentatives de certains transporteurs de substituer d’autorité aux que, face à l’impasse persistante des discussions au Conseil de
remboursements des vouchers. En effet, cette disposition fort peu l’union européenne sur la proposition de règlement de la Commis-
exploitée jusqu’à aujourd’hui prévoit que les obligations envers les sion modifiant le règlement 261 103 104, la présidence croate de ce
passagers qui sont énoncées par le règlement 261 ne peuvent être même conseil a proposé un texte amendant cette proportion 105.
limitées ou levées. Mais surtout, elle ajoute que, si toutefois une Ce document, à l’heure actuelle à accès limité même s’il peut être
telle dérogation ou une telle clause restrictive est appliquée à trouvé en ligne 106, ambitionne de réduire drastiquement les droits
l’égard d’un passager, ou si un passager n’est pas dûment informé des passagers actuellement reconnus par le règlement 261 tel
de ses droits et accepte, par conséquent, une indemnisation infé- qu’interprété par la Cour, orientation que la majorité des membres
rieure à celle prévue par le présent règlement, ce passager a le droit du Conseil mais surtout le Parlement européen devront partager.
d’entreprendre les démarches nécessaires auprès des tribunaux ou Dans le cadre de cette réflexion, il conviendra assurément de
des organismes compétents en vue d’obtenir une indemnisation s’interroger sur la nature même qu’il convient de donner au contrat
complémentaire. Ainsi cet article 15 offre aux passagers abusés un
de transport aérien aujourd’hui de consommation courante et plus
fondement clair d’indemnisation.
particulièrement sur l’opportunité de le faire évoluer vers plus
encore d’exorbitance du droit commun. Une telle orientation pour-
Conclusion rait toutefois s’avérer délicate à tenir dans la mesure où les passa-
gers aériens, également et avant tout contribuables, auront à ce
19 - Pour conclure, il importe de garder à l’esprit que, si le droit dernier titre très largement participé au sauvetage des transporteurs
des passagers aériens s’est essentiellement développé autour des aériens à l’occasion de la crise de la Covid-19. ê
droits dont ceux-ci peuvent se prévaloir à l’endroit des transpor-
teurs aériens, il n’en demeure pas moins que les passagers sont Mots-Clés : Convention de Montréal - Règlement 261/2004 -
également sujet à des obligations. Outre le respect de celles qui Voyages à forfait - COVID-19
conditionnent l’application du règlement 261, déjà évoquées et
visées à l’article 3, § 2 de ce règlement (obligations cumulatives de
98. Protocole portant amendement de la convention relative aux infractions et à
disposer d’une réservation confirmée et de se présenter à l’enregis- certains autres actes survenant à bord des aéronefs, fait à Montréal le 4 avril
trement comme spécifié par le transporteur ou, à défaut, 45 2014.
minutes avant l’heure de départ publiée), ils doivent également 99. art. 3 nouveau.
veiller à ce que leur comportement ne compromette pas la sécu- 100. art. 15 bis.
101. Étude d’impact annexée au projet de loi de ratification sus-évoqué, pt 4.1.
rité des vols, sauf à s’exposer des sanctions qui s’avèrent nettement 102. art. 18 bis.
plus tangibles depuis l’entrée en vigueur le 1er janvier 2020 du 103. COM(2013), 130 final, 13 févr. 2013.
104. V. Parlement européen, Question E-000232/2020, 15 janv. 2020.
105. Conseil, doc n° 5123/20, 12 févr. 2020.
97. Arrêt Aegean Airlines, préc., pt 36. 106. Not. www.eraa.org/policy/passenger-rights/passenger-rights.

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