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En Pologne, le gouvernement pro-

européen de Donald Tusk limoge les


dirigeants des médias publics
L'équipe dirigeante des médias d'Etat en Pologne a été licenciée, a annoncé le ministère polonais de la
Culture. La nouvelle coalition dirigée par Donald Tusk entend ainsi réformer les médias publics, considérés
comme un outil de propagande du gouvernement sortant.

latribune.fr
20 Déc 2023, 15:50

La coalition dirigée par le Premier ministre pro-européen Donald Tusk a pris désormais les rênes
du pays et s'engage à réformer notamment la télévision et la radio d'État. (Crédits :
ALEKSANDRA SZMIGIEL)

Le ministère polonais de la Culture a annoncé ce mercredi avoir licencié l'équipe


dirigeante des médias d'Etat, largement considérés comme un outil de propagande du
précédent gouvernement populiste. Pour rappel, le parti populiste nationaliste Droit et
Justice (PiS), en exercice durant huit ans, a perdu le pouvoir à l'issue des élections
législatives d'octobre. La coalition dirigée par le Premier ministre pro-européen Donald
Tusk a pris désormais les rênes du pays et s'engage à réformer notamment la télévision
et la radio d'État. Mardi, la nouvelle coalition au pouvoir a adopté une résolution appelant
à la restauration de « l'impartialité et de la fiabilité des médias publics ».
Une résolution rapidement appliquée puisque le président et les membres du conseil
d'administration de la télévision, radio et agences publiques « ont été limogés » le
lendemain, a annoncé le ministère dans un communiqué. Dans le détail, les médias
publics contrôlés par le parti nationaliste populiste Droit et Justice (PiS) ont été
régulièrement accusés de présenter des informations biaisées, de transmettre la
propagande du gouvernement et de lancer des attaques verbales contre l'opposition.

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Une décision mal vue par l'opposition


Les nationalistes populistes polonais ont dès lors occupé dans la nuit de mardi à mercredi
des locaux de la télévision publique pour défendre le « pluralisme des médias ». « Il n'y a
pas de démocratie sans pluralisme des médias ou sans médias anti-gouvernementaux
forts, et en Pologne, ce sont les médias publics », a déclaré dans la nuit Jaroslaw
Kaczynski, chef du PiS. Ce dernier a rejoint les protestataires dans les bâtiments de la
télévision publique, aux côtés de l'ancien Premier ministre Mateusz Morawiecki, vu sur les
médias sociaux en train de poser avec des employés de la chaîne. « Nous voulons nous
assurer qu'il existe un ordre légal en Pologne et que les médias restent libres », a déclaré
mercredi Marek Suski, député du PiS.
De son côté, l'ancien ministre nationaliste populiste de la Culture, Piotr Glinski, a
considéré ces démarches comme « illégales ». « C'est bien évidemment une attaque
contre les médias libres, c'est une violation de la loi », a-t-il martelé.
Des revendications qui interviennent alors que le gouvernement PiS a été accusé à
plusieurs reprises par l'opposition proeuropéenne et des organisations non
gouvernementales de lui-même restreindre la liberté des médias tout en dirigeant des
financements importants vers les médias d'État. Dans son rapport de 2020, l'organisation
Reporters sans frontières (RSF) avait même déjà souligné que « le discours partisan et
l'incitation à la haine sont toujours la règle dans les médias publics (polonais), qui ont été
transformés en porte-voix de la propagande gouvernementale ».

L'UE avance dans la législation des médias


Un limogeage qui intervient alors que l'Union européenne a trouvé un accord le 15
novembre sur une « loi sur la liberté des médias ». Une première législation de ce type,
qui a donné lieu à d'intenses discussions sur la question de la surveillance des
journalistes.
« Pour la première fois au niveau européen, nous avons une législation qui garantit la
liberté des médias, l'indépendance des médias et la protection des journalistes », s'est
réjouie l'eurodéputée allemande Sabine Verheyen (PPE, droite), rapporteure du texte, à
l'issue des négociations entre le Parlement européen et les Etats membres. Elle s'est
félicitée d'une « avancée historique ».
Pour rappel, ce projet de règlement avait déjà été présenté en septembre 2022 par la
Commission européenne pour protéger le pluralisme et l'indépendance des médias, face à
une détérioration de la situation dans des pays de l'UE comme la Hongrie et à l'époque
la Pologne, mais aussi aux logiciels espions type Pegasus ou Predator utilisés contre des
journalistes. L'accord trouvé vendredi devra encore être formellement adopté par le
Parlement européen et par le Conseil (représentant les 27 pays membres). Le texte porte
notamment sur le respect du secret des sources journalistiques et sur l'interdiction de
déployer ces logiciels espions dans des appareils utilisés par des journalistes.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk, à droite, avec le président Andrzej Duda lors de sa
prestation de serment à Varsovie le 13 décembre 2023. AP - Czarek Sokolowski

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