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De la problématique de l’approximation

des dates en recherche en histoire


de l’Afrique du nord
avant le 20ème siècle

Madjid Cherifi,
Boumerdès, le 22/12/2023
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Il est tout à fait courant pour celui qui s’intéresse à l’histoire de notre région, d’être confronté
à un moment donné, en tant que chercheur ou lecteur, à ce hiatus des dates incertaines.
Ceci est particulièrement important lorsque l’étude historique comporte une part non
négligeable consacrée à la généalogie de personnages et en lien avec la chronologie des
événements traités.
Sur les causes de cet état de fait, il est vrai que que nous savons tous qu’il est souvent difficile
avant l’établissement de l’état civil par le colonisateur au 19ème siècle et de l’établissement
d’archives fournies sur l’histoire de la région, de situer notamment pour ce qui est de
l’onomastique, anthroponyme ou toponymie, les dates de naissances liées aux noms propres
des personnages ou les dates d’événements en relation avec les lieux de déroulement de ceux-
ci.
L’exposé suivant de deux cas précis vécus à travers mes propres recherches récentes sur le 19ème
siècle algérien, vont certainement mieux contribuer à la compréhension de ce qui vient d’être
énoncé.
Le premier cas est relatif à la date de naissance controversée du cheikh Mohand Ouelhocine
célèbre saint ayant vécu à Taka Nath Ahmed en Kabylie. Mes recherches portant sur un de ses
maîtres célèbres qui est le cheikh Mohand Ouali de Takaba -ou Taqaba- (*) m’avaient conduit
à établir la date de naissance du cheikh Mohand Ouelhocine vers 1830 a 1832 au plus tard,
alors que la plupart des auteurs avaient rapporté 1837 comme date de sa venue au monde. Ma
conviction finale sur la date de naissance du cheikh Mohand Ouelhocine vers 1830 avait été
ainsi confortée par les vécus en relation avec ces personnages.
Le deuxième cas porte sur la date de naissance d’un autre saint en lien avec l’objet de ma
recherche, et qui est le cheikh Oubelkacem élève lui aussi du cheikh Mohand Ouali de Takaba
dont les auteurs avaient annoncé la date de 1826 comme date de naissance. Pour ma part mon
étude avait conclu que El Boudjellili est né vers 1800. Ici je pense que certains auteurs avaient
peut être été induits en erreur par le peu de lisibilité de la date lue dans le manuscrit de
la « Tabsira fi ilm elkiraate » où El Boudjellili rapporte 1231 H. comme date de son arrivée à
la Zaouia d’Illoula (comme rapporté aussi par le professeur Ahmed Sahi) et non 1261 H. comme
rapporté par certains induits sans doute en erreur par le manque de clarté du chiffre indien -3
au lieu du 6-. Et les rapports entre les dates du vécu des personnages avaient emporté ma
conviction pour 1800 comme date de naissance d’El Boudjellili. Maintenant il y a une autre
explication possible sur une confusion possible avec le fils d’El Boudjellili qui est peut être la
cause de cette erreur.
Ma conclusion est que la recherche historique dans notre région, pour toutes les périodes
d’avant le 20ème siècle (périodes moderne et pré-modernes), est rendue ardue du fait de
l’improbabilité des dates et des évènements. Le chercheur est amené ainsi à des travaux de
comparaison biographiques et historiques. Ce qui induit souvent des études de recoupements
en lien avec l’onomastique, les chronologies et la confrontation de différentes sources y compris
de la transmission orale.

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Bibliographie succincte
• Cheikh Mohand Ouali de Takaba, le maître du cheikh Mohand Ouelhocine, Madjid
Cherifi, éditions Irghane – Boumerdès 2022 (*)
• Tabsira fil ilm el kiraate , manuscrit en arabe d’El Boudjellili- 19ème siècle
• Le cheikh Mohand a dit, Mouloud Mammeri
• Histoire des Igaouaouènes, en arabe, Ahmed Sahi
• . Divers ouvrages et autres sources

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