Vous êtes sur la page 1sur 7

I.

INTRODUCTION GENERALE
a. Qu’est-ce que la grammaire ?
La grammaire est l’étude systématique des éléments constitutifs d’une langue. Par
extension, on nomme aussi grammaire, un manuel ou un ensemble de documents décrivant
des règles grammaticales.

La grammaire explore les formes de la pensée dans le langage, c’est-à-dire le rapport


sémantique du contenu à la forme.

L’étude de la forme et de l’organisation des règles qui constituent avec les mots, la
structure d’une langue, notamment le français, constitue la grammaire du français.

L’étude des mots et des relations qu’ils ont entre eux constitue le lexique.

L’étude des fonctions et des constructions constitue la syntaxe. En effet, pour qu’un
énoncé qui contient des mots ait un sens, il faut que ces mots aient une certaine fonction les
uns par rapport aux autres. Leur disposition, leur ordre dans l’énoncé, correspond à une
certaine construction propre au français et à certaines fonctions des mots dans cet énoncé.
L’étude des diverses formes que peuvent prendre les mots (singulier et pluriel, masculin
et féminin, temps des verbes, dérivés, composés, etc.) constitue la morphologie.
L’étude des phonèmes constitue la phonologie.
Considérons un mot comme « répare » : il est composé d’une suite de
sons : /r/+/e/+/p/+/a/+/r/ (ici, e final écrit ne correspond à aucun son en langue parlée).
Chacun des sons, appelés phonèmes, est représenté par une lettre.
L’étude de la manière dont sont réalisés les sons (phonèmes) par les organes de la parole,
très différente selon chaque français, constitue la phonétique (ainsi le phonème/r/ peut-être
prononcé très différemment selon les régions).
L’étude de la manière dont sont transcrits ces sons constitue l’orthographe.
L’étude du sens des mots et du sens des énoncés qui résulte de l’emploi de ces mots et de
leur construction syntaxique, constitue la sémantique.
L’étude de tous les énoncés qui se succèdent- quand quelqu’un parle- et qui sont reliés
entre eux selon des règles appelées les règles de la narration, du récit, de la description, de la
démonstration, du monologue, etc. ; c’est-à-dire du discours, constitue la rhétorique.

La syntaxe et la morphologie constituent la base de la grammaire.


*Pourquoi étudie - t’on la grammaire ?
On étudie la grammaire :
- Pour acquérir une meilleure pratique et maîtrise des règles de la langue et pour
parvenir ainsi à la communication la plus large et la plus sûre ;
- Pour comprendre la structure et le fonctionnement de cet instrument de
communication qui est à la base de nos relations avec les autres hommes, de notre
développement intellectuel et de notre culture.

* Grammaire normative/Grammaire descriptive


-Fonctions de la grammaire
Le terme « Grammaire » est difficile à définir, en effet, ses emplois sont non seulement
flous mais aussi nombreux, surtout en méthodologie de l’enseignement des langues. Nous
n’allons pas essayer d’inventorier toutes les acceptions de ce terme, mais juste celles qui nous
paraissent les plus intéressantes :
1. Description du fonctionnement général d’une langue maternelle.
2. Description de la morphologie et de la syntaxe d’une langue naturelle.
3. Discipline étudiant les règles de fonctionnement ou d’évolution de toute langue naturelle.
4. Ensemble de prescriptions normatives régissant certaines zones et certains détails de
l’usage linguistique, et jouant un rôle de discrimination sociolinguistique.
5. Système formel construit par le linguiste pour établir un mécanisme susceptible de produire
des phrases, considérées comme grammaticales par les locuteurs d’une langue.
6. Système intériorisé par le locuteur-auditeur d’une langue et lui permettant de produire et
comprendre les phrases de cette langue.

Faire de la grammaire, c’est apprendre des règles pratiques, recourir à un métalangage


pour rendre compte des énoncés analysés ou du système de la langue. Par opposition à cette
démarche, on parle de grammaire implicite dans le cas de méthodes d’enseignement(audio
orale et audio visuelle ;par exemple),qui, tout en visant à donner aux élèves la maîtrise d’un
fonctionnement grammatical(variations morphosyntaxiques par exemple) ne recommandent
l’explication d’aucune règle et éliminent le métalangage, ne s’appuyant que sur une
manipulation plus ou moins systématique d’énoncés et de formes pour « monter » la
grammaire conditionnée ou intériorisée de l’élève.(acception6).
Remarque 1 La linguistique appliquée a souvent opposé grammaire et linguistique ou
grammaire normative (acception4) et grammaire descriptive (acceptions 1et2).

‡Grammaire normative ou prescriptive


Elle est connotée de façon quasi péjorative comme signifiant grammaire traditionnelle,
non scientifique, insuffisante et tatillonne, limitée aux écrits littéraires et à un bon usage défini
par référence à une classe ou un groupe social de locuteurs.
Quand on adopte une attitude normative ou prescriptive, on part de la notion de niveaux
de langue hiérarchisés. Cette attitude normative consiste à choisir un niveau(le niveau du
« bon usage » en fonction de critères non linguistiques mais socioculturels, à le charger de la
classe qui l’utilise, (il est considéré comme garant de « qualité ») et à l’imposer au détriment
de tous les autres.

‡Grammaire descriptive
A l’inverse de la grammaire normative, la linguistique ou grammaire descriptive se
présente comme scientifique et objective, étendant son champ d’investigations aux formes
orales d’une langue, définissant clairement son objet et ses méthodes, enregistrant, classant et
analysant les faits de langue observés sans exclusive sociale ou esthétique.
A une attitude normative, qui a longtemps influencé et qui influence l’enseignement du
français (langue maternelle et étrangère), s’oppose une attitude descriptive, préconisée par les
linguistiques, qui consiste à observer les faits linguistiques, objectivement et sans préjugés
quant à la « qualité » des échantillons observés.
Remarque2 Un professeur de langue aura une attitude normative s’il relève et corrige
immédiatement et systématiquement toutes les erreurs des élèves au nom d’une norme et
quelle que soit cette norme.
Remarque 3 (…)Chez les linguistes, la Norme est un recueil de prescriptions, consignées
dans des grammaires et des dictionnaires dits normatifs et correspondant à ce qu’il faut dire et
ne pas dire pour se conformer au bel usage linguistique de la bonne société.(…) elle
représente un choix à priori fondé sur des préjugés socioculturels et sur la notion de niveaux
de langue hiérarchisés : langue soutenue(langue de la classe cultivée , prestigieuse, la langue
de qualité, celle aussi des « bons auteurs » qu’il faut considérer comme un modèle à
imiter) ;langue courante(qui tend à suivre les usages du parler populaire de la classe
moyenne et très moyenne) et les patois(parlers de la basse classe, considérés comme
mauvaise langue qu’il faut proscrire. Le patois est un dialecte régional, social, réduit à
certains signes (faits phonétiques ou règles de combinaison) utilisé seulement sur une aire
réduite et dans une communauté déterminée/rurale généralement. Son emploi révèle l’origine
modeste du locuteur (quand il n’ya pas contrôle) ou la volonté de paraître franc, spontané ou
sans façons.

b. Les unités de la langue


La phrase
Selon ((M) ARRIVE, (M) GALMICHE. La grammaire d’aujourd’hui(guide alphabétique
de linguistique française) :France ,Flammarion,1996,pp529-532.),La phrase se caractérise par
les critères suivants :
1. critère orthographique : sur le plan graphique, elle est délimitée, à son début, par une
majuscule à l’initiale du premier mot et, à sa fin, par un point ;
2. critère phonétique : sur le plan phonétique, elle est marquée par une intonation
caractéristique(en général montante puis descendante) et limitée par deux pauses importantes
de la voix ;
3. critère sémantique : sur le plan sémantique, elle se présente comme une « unité de pensée »
ou encore comme un assemblage de mots ayant un « sens complet ».

Les phrases sont classés en divers types : déclarative, exclamative, impérative,


interrogative ; obéissant ainsi à la nécessité de distinguer les divers types d’actes qu’elles
permettent d’accomplir (assertion : Pierre revient ; interrogation :est-ce que Pierre revient ?;
exclamation : Pierre revient!; ordre : Pierre, reviens !), tout en s’attachant à décrire leurs
propriétés formelles ainsi que l’intonation qui les caractérise.
Selon le Dictionnaire de linguistique (Larousse, p 371, (…) Une Phrase est un énoncé
dont les constituants doivent assumer une fonction et qui, dans la parole, doit être
accompagné d’une intonation.(…) Elle énonce quelque chose(prédicat :ce qu’on en dit) à
propos de quelqu’un ou de quelque chose(thème ou sujet : sur ce quoi on parle).
Selon (DUBOIS(Jean) et LAGANE(René) .La nouvelle grammaire du français, p.14),
les énoncés sont formés de phrases. Les phrases sont des suites de mots ordonnés d’une
certaine manière, qui entretiennent entre eux certaines relations, c’est-à-dire qui répondent à
certaines règles de grammaire et qui ont un certain sens.

Le mot
(…)En linguistique traditionnelle, le mot est un élément linguistique significatif composé de
deux ou de plusieurs phonèmes(…).
(…) En linguistique structurale(…) le mot désigne l’unité lexicale du vocabulaire général,
essentiellement polysémique (susceptible de significations variées).Ex :rayon, dans chef de
rayon ;rayon de soleil ; roue à rayons.(Cf. Dictionnaire de linguistique p.327).

Le morphème
(…) Dans l’analyse linguistique des énoncés, le morphème est considéré comme le plus petit
segment qui soit porteur de signification(par exemple : femme ou/Fam/ est un morphème, il
est segmentable en phonèmes/f/-/a/-/m / ,unités qui, de par leur combinaison, contribuent à la
signification mais ne sont pas, en elles-mêmes, porteuses d’un sens ; sur le plan du signifié, il
s’analyse en +humain ;- mâle ;+adulte ;étiquettes qui, bien que, faisant appel à des mots de la
langue, sont, en réalité, les désignations métalinguistiques de traits distinctifs n’ayant pas de
correspondant formel au niveau de l’analyse du signifiant femme ou /fam/.

Le phonème
( …)Le phonème est la plus petite unité dépourvue de sens que l’on puisse délimiter dans la
chaîne parlée. Chaque langue présente dans son code, un nombre limité et restreint de
phonèmes(une vingtaine à une cinquantaine suivant les langues), qui se combinent
successivement, le long de la chaîne parlée, pour constituer les signifiants des messages et
s’opposent, ponctuellement, en différents points de la chaîne parlée, pour distinguer les
messages les uns des autres. Cette fonction étant sa fonction essentielle, le phonème est
souvent défini comme l’unité distinctive minimale de prononciation. (…). (Cf. Dictionnaire
de didactique des langues, p.415-416).
N.B(…) Chaque langue dispose d’un nombre limité de phonèmes (36 pour le français).

Le graphème
(…) Unité du code écrit, plus ou moins comparable à ce qu’est le phonème pour le code
oral(…). Pour certains auteurs, le graphème est une unité abstraite correspondant à la lettre et
se réalisant dans l’écriture sous forme d’unités concrètes ou variantes : les allographes sont au
graphème ce que les allophones sont au phonème .(Ex :A, a, sont des allographes du même
graphème. Le français compte 26 lettres, quitte à ajouter à cette liste certains diacritiques
(accents, trémas). On dira par exemple que le son /s/ peut-être transcrit par les graphèmes :
s,ss,c,ç,x,sc,…(Cf. Dictionnaire de didactique des langues ,p.258).

Le syntagme
(…) Les syntagmes sont des séquences d’unités de dimension variable qui constituent les
divers niveaux intermédiaires d’une structure hiérarchisée dont le sommet est représenté par
les morphèmes. Ainsi, une phrase comme la demoiselle buvait un café à la terrasse se
décompose, d’abord en trois syntagmes : un syntagme nominal (la demoiselle), un syntagme
verbal (buvait un café) et un syntagme prépositionnel (à la terrasse) ; ces deux derniers
syntagmes comportant eux- mêmes un syntagme nominal : respectivement un café et la
terrasse. (Cf. M. ARRIVE, F. GALMICHE, La grammaire d’aujourd’hui. Guide alphabétique
de linguistique française, Librairie Flammarion, Paris, 1986, p664).
II. Les catégories grammaticales ou classes lexicales
1. Catégoriser et classer les mots de la langue
-Qu’est-ce qu’une classe de mots ?
Chaque mot appartient à une classe ; une classe est un ensemble comportant tous les mots
qui peuvent se substituer les uns aux autres dans une phrase sans que celle-ci cesse d’être
française. Un mot appartient à la même classe qu’un autre quand il est possible de le
remplacer dans une autre phrase par un autre mot (de le commuter), en changeant certes le
sens de la phrase , mais en lui conservant sa structure de phrase française.
Les principales classes de mots que l’on peut définir par cette méthode d’analyse sont :
-la classe des noms(les substantifs) -la classe des verbes
Le facteur porte des paquets. Le facteur porte des paquets.
▼ ▼
le postier distribue
▼ ▼
le livreur jette
-la classe des déterminants -la classe des adjectifs
Ce facteur porte des lettres La ferme lointaine
▼ ▼
Notre moderne
▼ ▼
Quel … ancienne…
-la classe des adverbes -la classe des prépositions
Le facteur porte rarement des lettres. Le facteur porte des lettres vers la
ferme.
▼ ▼
toujours =parfois=peut-être … à=devant…
-la classe des pronoms -la classe des conjonctions
Je porte des lettres. Je viendrai avec mon père et ma
mère. ▼ ▼
il=on… ou…

Les mots qui composent le discours sont regroupés en catégories selon les
caractéristiques qu’ils ont en commun. Ces différentes catégories (ou classes des mots)
s’appellent les parties du discours.
Les parties fondamentales du discours sont :
les noms : hie , ta le, eaut , espoi , Sa i e…
les déterminants : le, o , ha ue…
les adjectifs : eau, ve t, t aditio el, u i ipal…
les pronoms : je, il, ha u , ui…
les verbes : t e, ha te , esp e , g a di , vouloi …
les adverbes : bien, gra de e t, pas…
les prépositions : à, de, da s, pa , pou , su …
les conjonctions : ais, ou, et, do , ue, o e, ua d…

Remarque

On ajoute parfois à cette liste l’i te je tio : hélas! Oh ! Ah! Ouf ! Etc. En réalité, les
mots de cette série remplacent une phrase exclamative toute entière. On ne les range donc
pas parmi les parties du discours, qui sont des éléments de la phrase.

Par ailleurs, il existe des expressions figées qui présentent les mêmes caractéristiques
que les mots d'une partie du discours. On appelle ces expressions des locutions.
« N'importe qui » est une locution pronominale.
« Parce que » est une locution conjonctive.
« Rendre visite » est une locution verbale.

-Les critères servant au classement des parties du discours sont :


* des critères de variabilité : les mots d'une classe varient-ils ? Comment varient-ils ? En fonction
de quoi varient-ils ?
* des critères syntaxiques : quelle fonction les mots d'une classe peuvent-ils avoir dans la phrase ?
* des critères de sens : quel type d'information apportent les mots d'une classe ?

Les frontières entre les différentes parties du discours ne sont pas toujours nettement délimitées
: - -certains mots peuvent appartenir à deux catégories différentes : « tout » peut être
déterminant ou pronom ;
- certains mots peuvent occuper une fonction qui est réservée à une autre catégorie (loin, adverbe
s'emploie comme attribut : elle est loin) ;
- certains mots ont changé de catégorie : manoir était autrefois un verbe, etc.

Vous aimerez peut-être aussi