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Cours d’électromagnétisme

Chap.3-Dipôle électrostatique

Table des matières


1 Introduction 2

2 Définition 2
2.1 Le dipôle est un doublet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.2 Moment dipolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.3 Distribution de charges et dipôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

3 Champ et potentiel créé par un dipôle 3


3.1 Approximation dipolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3.2 Potentiel créé par un dipôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3.3 Généralisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3.4 Moment dipolaire électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.5 Champ créé par un dipôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.6 Exercice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.7 Lignes de champ et équipotentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

4 Cas du dipôle passif 8


4.1 Cas d’un champ extérieur uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4.2 Champ extérieur non uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

5 Focus sur les interactions de Van Der Waals 11

6 L’essentiel de ce cours un peu compliqué... 13

1
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 1. Introduction

1 Introduction
Les faits montrent que des corps neutres peuvent malgré tout interagir via des forces
de nature électriques, dite dipolaires. Ce chapitre aborde ces aspects qui jouent un rôle im-
portant dans la modélisation des interactions moléculaires ainsi que dans le phénomène de
polarisation de la matière en général.
Sans doute avez vous déjà remarqué qu’un un mince filet d ?eau avait la possibilité d’être dé-
vié en rapprochant une règle préalablement frottée ? De la même manière,des petits morceaux
de papier seraient attirés par cette même règle. Pour expliquer ces faits, on a du concevoir
le concept de "dipôle électrique".

Cette notion est capitale dans le développement de l’électromagnétisme. Par exemple, la


première antenne, élaborée par Hertz 1 vers 1886, est une antenne constituée de deux brins
métalliques, et pour cela appelée l’antenne dipolaire. Elle alimentée en son milieu et destinée
à transmettre ou recevoir de l’énergie électromagnétique sous la forme d’ondes électromagné-
tiques (Voir cours Electromagnétisme 2). Ce type d’antenne est le plus simple à étudier d’un
point de vue mathématique.

C’est surtout en chimie que la notion de dipôle revête une importance particulière, car
dans les molécules, les liaisons entre deux atomes d’électronégativité 2 différente peuvent être
assimilées à des dipôles.
Le comportement d’un dipôle électrique plongé dans un champ permet d’expliquer pourquoi
le champ électrique créé en solution par un ion permet de polariser les molécules du solvant
afin qu’elles s’orientent convenablement autour de l’ion en question.

L’énergie d’interaction dipôle-dipôle permettra d’éclaircir la notion de forces de Van der


Waals. Ces forces se déclinent en 4 forces :
— forces répulsives (lorsque la distance entre les molécules est faible) ;
— forces attractives entre molécules polaires (Keesom) ;
— forces attractives entre une molécule polaire et une molécule polarisable (Debye) ;
— forces moyennes attractives entre dipôles induits (même lorsque les molécules ne sont
pas polaires (London).

2 Définition
2.1 Le dipôle est un doublet
Un dipôle électrostatique est un doublet composé de deux points portant des charges
opposées : le point P qui porte la charge +q et le point N qui porte la charge -q. La distance
NP est considérée petite et constante.
De manière générale, un dipôle électrostatique se définit par une répartition hétéroclite de
charges électriques telles que le barycentre des charges positives ne coïncide pas avec celui
des charges négatives. 3
1. Il a donné son nom à l’unité mesurant des fréquences.
2. lLélectronégativité d’un élément chimique est une grandeur qui caractérise sa capacité à attirer les
électrons lors de la formation d’une liaison avec un autre élément.
3. Un dipôle peut être permanent, par exemple une molécule polaire (exemple l’eau), ou bien induit, par
exemple un nuage électronique qui se déforme sous l’action d’un champ électrique extérieur.

2
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 2.2 Moment dipolaire

2.2 Moment dipolaire


On associe une grandeur à ce dipôle, appelée moment
dipolaire est définie par :

− −−→ →

p
p = q NP (1) N P
• •
(-q) (+q)
La charge q s’exprime en Coulomb (C), la distance NP
en mètre (m) donc le moment dipolaire s’exprime en Figure 1 – Dipôle électro-
Coulomb mètre (C×m). statique
Néanmoins, on lui préfère généralement une autre unité, et moment dipolaire
plus appropriée (ordre de grandeur), le Debye (D) :
1D = 13 × 10−29 C × m.

2.3 Distribution de charges et dipôle


La notion de moment dipolaire est importante car généralement, on peut assimiler une
distribution quelconque électriquement neutre de charges électriques en l’association d’un
barycentre des charges positives et d’un barycentre des charges négatives distants de NP et
constituant un dipôle électrique.

En chimie par exemple, bien qu’elles soient neutres, cer-


taines molécules possèdent un moment dipolaire. C’est
le cas de la molécule d’eau, dont le moment dipolaire
vaut 1.85 D.
Figure 2 – Molécule d’eau
et moment dipolaire

3 Champ et potentiel créé par le dipôle électrostatique actif


3.1 Approximation dipolaire
Le dipôle électrostatique est actif lorsque l’on se place suffisamment loin du dipôle, le
point M où l’on observe le champ créé par le dipôle vérifie r = OM >> N P .
Cette relation définit l’approximation dipolaire : grâce à elle, on aura la possibilité de négliger
certains termes dans l’expression du champ et du potentiel.

3.2 Calcul du potentiel créé par un dipôle dans l’approximation dipolaire


z M
er

θ eθ

r
On étudie le potentiel créé par un dipôle NP de
−−→ P
moment dipolaire →
−p = q N P en un point M repéré en y
coordonnées sphériques par r, θ et φ. O
N φ
La distance NP sera noté d. x

Figure 3 – Dipôle électrostatique et


coordonnées sphériques

3
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 3.2 Potentiel créé par un dipôle

Le potentiel électrostatique créé par ce doublet est égal à la somme des potentiels créés
par chacune des charges du doublet :
q q q 1 1
 
V (M ) = − = − (2)
4π0 P M 4π0 N M 4π0 PM NM
Le potentiel étant pris nul à l’infini, nous ne faisons pas intervenir de constante.

Or on connaît le théorème de Pythagore généralisé qui dit que :

P M 2 = P O2 + OM 2 − 2 P O OM cos θ (3)

et que :
N M 2 = N O2 + OM 2 − 2 N O OM cos(π − θ) (4)
d
Or on a OM = r et PO=NO= , on sait que cos(π − θ) = − cos θ donc :
2
!1 !1
d2 2
d2 2
PM = + r2 − d r cos θ NM = + r2 + d r cos θ (5)
4 4
!1 !1
d2 d 2
d2 d 2
PM = r + 1 − cos θ NM = r + 1 + cos θ (6)
4r2 r 4r2 r

Finalement :
!− 1 !− 1
1 1 d d2 2
1 1 d d2 2
= 1 − cos θ + 2 = 1 + cos θ + 2 (7)
PM r r 4r NM r r 4r

Connaissant l’approximation dipolaire (r >> d), nous pouvons effectuer un développe-


ment limité des expressions ci-dessus au premier ordre en dr .

Remarque mathématique
Un développement limité d’une fonction en mathématiques s’effectue en un point : il est une
approximation polynomiale de la fonction en ce point.
Par exemple pour le DL que l’on utilisera souvent en physique :

α(α − 1) 2 α(α − 1)(α − 2) 3


(1 + x)α = 1 + αx + x + x + ...
2! 3!
Ces DL viennent de la formule de Taylor appliqué aux fonctions à approximer :

f 0 (a) f 00 (a)
En a,f (x) = f (a) + (x − a) + (x − a)2 + ...
1! 2!

Sachant que (1 + x)α = 1 + αx, on obtient :

1 1 d 1 1 d
   
= 1+ cos θ = 1− cos θ (8)
PM r 2r NM r 2r
d2
Le terme en r2
a disparu puisque l’on se contente du premier ordre.

4
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 3.3 Généralisation

Revenons maintenant à l’expression de notre potentiel :


q 1 1
 
V (M ) = − (9)
4π0 P M NM
q 1 d d
   
= 1+ cos θ − (1 − cos θ (10)
4π0 r 2r 2r

q d cos θ p cos θ
V (M ) = 2
= (11)
4π0 r 4π0 r2
Car p = q d est la norme du moment dipolaire. On peut donc écrire ce potentiel à l’aide du
vecteur moment dipolaire :

−p ·→
−r
V (M ) = (12)
4π0 r3

3.3 Généralisation
Généralisons le résultat précédent en considérant une distribution localisée de charges.
On suppose qu’un ensemble de N charges (q1 , . . . , qN ) occupe un volume fini. Nous noterons
a, la dimension caractéristique de cette distribution. Cette distribution peut par exemple
modéliser une molécule, un ion complexe, un métal chargé etc. On cherche à calculer les
effets électriques (potentiel et champ électrique) dans l’approximation dipolaire, c’est-à-dire
pour des points M situés à une distance grande devant a. Système de charges
Plaçons l’origine O d’un repère dans la distribution puis adoptons les notations suivantes :
r = OM, la distance entre O et M ; ri = Pi M où Pi repère la position de la charge qi ;
ai = OPi , la distance entre O et Pi .
Le potentiel électrostatique créé en M par la distribution de charges s’écrit
N
X qi
V (M) =
i=1
4π0 ri

avec v
u 2 −−→ −−→
−−→ −−→ ai OM.OPi
u 
ri = OM − OPi = r 1 + −2
t
r r2
Puisque ai /r  1, effectuons un développement limité du potentiel à l’ordre 2 en ai /r à l’aide
de la relation (1 + )−1/2 = 1 − 1/2 + 3/82 + o(2 ) :
 −−→ 2 

−→ −−
→ 3 OP · →

u − OP 2 2
!
X qi  OM · OPi i r i ai 
V (M ) = 1 + 2
+ 2
+o
4π0 r r 2r r2

i

Si l’on néglige les termes d’ordre supérieur à 2, on obtient l’approximation suivante :


−−→
·→
− Q
P P
i qi ( i qi OPi ) ur
V (M ) ' + +
4π0 r 4π0 r2 4π0 r3
On voit apparaître des termes décroissant en 1/rn . Les trois termes sont les premiers termes
de ce que l’on appelle le développement multipolaire de V (M) :
Le premier terme désigne le terme unipolaire. C’est le terme prépondérant lorsque la
charge totale est non nulle. Par exemple, un ion crée un champ quasi-newtonien dès que l’on
se trouve à une distance grande devant sa taille On montre que dans ce cas, si l’on place O au

5
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 3.4 Moment dipolaire électrique

barycentre des charges, le deuxième terme disparaît et le terme suivant varie en 1/r3 (terme
quadrupolaire).. Le deuxième terme représente le terme dipolaire. Il devient prépondérant
P −−→ →

lorsque la charge totale est nulle à condition que i qi OPi 6= 0 . C’est par exemple le cas
d’une molécule neutre qui ne présente pas de centre de symétrie (on parle de molécule polaire),
comme par exemple H2 O, HCl, etc. Le troisième terme représente le terme quadrupolaire. Il
P1
décroit en 1/r3 et dépend du moment quadrupolaire Q = 2 3 cos2 θ − 1 qui mesure

q a
2 i i i
l’écart à la symétrie sphérique.
On retiendra que pour une distribution électriquement neutre, on définit le moment di-
polaire électrique X −−→

−p = qi OPi
i

Si ce moment dipolaire est non nul, le potentiel électrique s’écrit dans l’approximation dipo-
laire : →

p ·→−
ur
Vdipolaire (M) =
4π0 r2

3.4 Moment dipolaire électrique


La notion de dipôle trouve naturellement sa place dans la description de certaines molé-
cules pour lesquelles le barycentre des charges positives ne coïncide plus avec le barycentre
des charges négatives. En effet, supposons une distribution de charges électriquement neutre,
contenant N+ charges positives {qi + } et N− charges négatives {qi − }. L’électroneutralité se
traduit par la relation
N+ qi + = −N− qi − = Q
Cette neutralité électrique induit que le moment dipolaire ne dépend pas du choix de l’origine
Un théorème général stipule que le premier moment multipolaire non nul est indépendant du
choix de l’origine (voir [1] p.181).. En effet,
X −−→ X −−→0 X −−0→ X −−0→
qi OPi = qi OO + qi O P i = qi O P i
i i i i

Notons maintenant B+ le barycentre des charges positives et B− celui des charges négatives.
Par définition du barycentre, on a
−−−→ −−→ −−−→ −−→
qi − OPi
X X
QOB+ = qi + OPi et − QOB− =
charges + charges -

Par conséquent
−−→ −−→ −−→ −−−→ −−−→
qi − OPi = QOB+ − QOB−
X X X
qi OPi = qi + OPi +
i charges + charges -

Ainsi, le moment dipolaire peut se réécrire



− −−−−→
p = QB− B+ (13)

Le moment dipolaire est donc lié au fait que le barycentre des charges négatives ne coincide
pas avec le barycentre des charges positives. Quand une molécule présente cette propriété on
dit qu’elle est polaire (H2 0, HCl, NO, etc.) alors que si elle présente un centre de symétrie
on dit qu’elle est apolaire (He, N2 , O2 , CO2 , etc.).

6
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 3.5 Champ créé par un dipôle

Le moment dipolaire s’exprime en C.m dans le Système d’Unités International mais les
chimistes préfèrent une unité plus adaptée au monde moléculaire : le debye (symbole : D).
Par définition
1
1 D = 3,335 64.10−30 C.m ' .10−29 C.m
3
Le tableau ci-dessous donne les moments dipolaires des halogénures d’hydrogène mettant
en évidence le phénomène d’électronégativité : l’halogène déplace vers lui le barycentre des
charges négatives ce qui induit un moment dipolaire dirigé vers H. Ce phénomène augmente
de l’iode vers le fluor, élement le plus électronégatif du tableau périodique. Pour chaque
halogénure, on donne la valeur du moment dipolaire : HF (1,97 D) HCl (1,03 D ) HBr (0,78
D) HI(0,38 D) Moment dipolaire
Il est pratique parfois de décomposer un système neutre en N sous-systèmes neutres aux-
quels on associe un moment dipolaire → −
pi . Dans ce cas, le moment dipolaire de la distribution
complète est la somme vectorielle p = →

− P−
pi . C’est pourquoi, on peut calculer le moment di-
polaire d’une molécule en sommant vectoriellement les moments dipolaires associées à chaque
liaison. Exemple : identification d’un isomère
L’un des isomères du dichlorobenzène a pour moment dipolaire p = 1, 5 D. Sachant que
la liaison C − Cl possède un moment p0 = 1, 6 D et que la liaison C − H est quasi apolaire, on
peut déterminer cet isomère. En effet, le dichlorobenzène existe sous trois formes possibles :

Figure 4 – Isomères du di-


chlorobenzène
Si l’on néglige le moment dipolaire des liaison C − H, alors le moment dipolaire résulte
de la somme vectorielle des moments dipolaires associées aux liaisons C − Cl. Si l’on note α
l’angle entre ces liaisons, on a


p =→

p1 + →

p2 =⇒ p = 2p0 cos(α/2)

On en déduit α = 124◦ , valeur assez proche de 120◦ . Par conséquent, il s’agit de la forme
méta-dichlorobenzène.

3.5 Champ créé par un dipôle dans l’approximation dipolaire



− −−→
On utilise la relation qui dit que le champ dérive du potentiel : E = −grad V . D’où en
coordonnées polaires :
∂V 2p cos θ
− = Er Er =
∂r 4π0 r3
⇐⇒ (14)
1 ∂V p sin θ
− = Eθ Eθ =
r ∂θ 4π0 r3

7
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 3.6 Exercice

3.6 Exercice
On considère une molécule de taille caractéristique a de moment dipolaire p0 en inter-
action avec une charge ponctuelle q0 située à la distance r> > a de la molécule. On peut
déterminer l’énergie de cette interaction en considérant que la charge est plongée dans un
potentiel Vdipolaire ou que la molécule est plongée dans le champ créé par la charge ponctuelle.
Déterminer l’énergie d’interaction de ces deux manières et vérifier la cohérence.

3.7 Lignes de champ et équipotentielles associées à un dipôle

Figure 5

4 Cas du dipôle passif


Le dipole est dit passif lorsque l’on étudie l’action d’un champ électrique extérieur sur le
dipôle.

8
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 4.1 Cas d’un champ extérieur uniforme

4.1 Cas d’un champ extérieur uniforme

Force appliquée

La résultante des forces appliquées sur le moment


est la somme de la force de Coulomb qui s’exerce
sur P et de la force de coulomb qui s’exerce sur N.

Comme on le voit sur le schéma ci-contre, ces deux


forces sont de même valeur mais opposée, la résul-
tante des forces appliquées sur le dipôle est
nulle.
Figure 6 – Forces qui s’exercent
sur un dipôle baigné dans un
champ extérieur

Moment des forces appliquées


Au vu des forces appliquées sur ce dipôle, on s’attend à ce que le moment de ces forces
soit non nul. Calculons celui-ci en un point O situé à mi distance de N et de P :
−→ −→ −→ −−→ −→ −−→ −→
M0 (FP + FN ) = OP ∧ FP + ON ∧ FN (15)
−−→ −−→ →

= (OP − ON ) ∧ q E (16)
−−→ →−
= qN P ∧ E (17)


=→−p ∧E (18)

Ce moment est donc non nul et est indépendant du point choisi pour le calculer.

La résultante des forces appliquées au dipôle est nulle mais le moment


de celles-ci tend à faire s’orienter spontanément le dipôle dans le sens du
champ.

− →
− −→ → →

F = 0 et M0 = −
p ∧E

Énergie potentielle
Cette énergie est toujours égale au travail que l’opérateur effectuerait pour placer le dipôle
depuis l’infini à sa position finale.
L’énergie pour la charge située en N s’écrit : EP (N ) = −q × V (N ) où V (N ) est le potentiel
du champ extérieur au point N.
L’énergie pour la charge située en P s’écrit : EP (P ) = +q × V (P ) où V (P ) est le potentiel
du champ extérieur au point P.
On a donc :
EP = EP (N ) + EP (P ) = q × (V (P ) − V (N )) (19)
Faisons apparaître le moment dipolaire dans cette expression. Pour cela on va écrire la


circulation du champ E entre les points N et P de deux façons :

9
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 4.2 Champ extérieur non uniforme



1. En utilisant le fait que le champ E est uniforme :
ˆ P ˆ P
− →
→ − →
− →
− →
− −−→
E · dl = E · dl = E · N P (20)
N N


− −−→
2. En utilisant la relation E = −grad V :
ˆ P ˆ P
− →
→ − −−→ →

E · dl = −grad V · dl = V (N ) − V (P ) (21)
N N

On obtient alors :

− −−→ →
− −−→ →

E · N P = V (N ) − V (P ) et EP = q × − E · N P = −→

p ·E (22)

L’énergie potentielle électrostatique d’un dipôle plongé dans un champ


extérieur est :


EP = q(V (P ) − V (N )) = −→
−p ·E

Énergie potentielle et position d’équilibre




D’après l’expression ci-dessus, l’énergie potentielle sera extrémale lorsque →

p et E seront
colinéaires. Ainsi le dipôle admet deux positions d’équilibre : voir figure 7.

Figure 7 – Positions d’équilibre stable et instable du dipôle en présence d’un champ uniforme

4.2 Cas d’un champ extérieur non uniforme


Pour le calcul du moment des forces et de l’énergie potentielle, on use de l’approximation
dipolaire dans le cas du dipôle passif en admettant que le champ est uniforme sur la dimension
du dipôle (par exemple dans le cas des molécules, la longueur caractéristique de variation de


E est toujours très grande devant la taille des molécules). Ainsi, les équations (18) et (22)
restent valables :

→ − → − →

M =→ p ∧ E et EP = −→ −p ·E
Et le dipôle a tendance à s’aligner dans le sens du champ.
Remarque : Une démonstration de la validité de cette approximation est décrite dans le Hprépa Electromagné-
tisme 1ère année.

Par contre pour le calcul de la force résultante exercée sur le dipôle, on ne peut pas


négliger la variation de E : Si le champ n’est pas uniforme, les charges -q et +q sont soumis
à des forces différentes et la résultante des forces n’est plus nulle.

10
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 5. Interactions de Van Der Waals

Cette résultante étant une force de Coulomb, et la force de Coulomb étant conservative (son
travail ne dépend pas du chemin suivi), la résultante des forces dérive de l’énergie potentielle
électrostatique du dipôle :

− −−→ −−→ − → − −−→ − → −
F = −grad EP = −grad(−→
p · E ) = grad(→
p · E) (23)

La force fait donc se diriger le dipôle vers les champs forts.

On peut expliquer aussi cela sur un schéma :

Figure 8 – Déplacement et alignement d’un dipôle dans un champ extérieur non uniforme

Des phénomènes bien connus


La notion de dipôle en déplacement dans un champ non uniforme permet d’expliquer
pourquoi un mince filet d’eau peut être dévié en rapprochant une règle préalablement frot-
tée : en effet, les molécules d’eau polaires se comportent comme des dipôles passifs et se
déplacent vers les zones de champ fort, c’est à dire à proximité de la règle.
De la même manière, les petits morceaux de papier sont attirés par cette même règle. L’ap-
proche d’un champ électrique les polarise (apparition d’un moment dipolaire induit), et les
dipôles induits se déplacent vers les zones de champ fort. De plus, un autre phénomène connu
s’explique : lorsque l’on dissout un ion en solution aqueuse, les molécules d’eau entourent l’ion
en orientant le moment dipolaire de la molécule d’eau dans le sens du champ créé par l’ion.
En réalité, on comprend que ce processus permet d’atténuer efficacement le champ électrique
créé par l’ion.

Si en un point où existe un dipôle électrostatique passif règne un champ


électrique, le dipôle s’aligne toujours sur le champ. On a :

→ − → − →

M =→
p ∧E et EP = −→

p ·E

Dans le cas où le champ est uniforme, la résultante des forces est nulle, le
dipôle ne se déplace pas.
Dans le cas où le champ est non uniforme, la résultante des forces est non
nulle et le dipôle se déplace vers les zones de champ fort.

5 Interactions de Van Der Waals


Au sein de la matière, les molécules, bien qu’électriquement neutres, sont soumises à de
faibles interactions attractives que l’on désigne par interactions de van der Waals Nommées

11
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 5. Interactions de Van Der Waals

ainsi en l’honneur du physicien néerlandais Johannes Diderik van der Waals (1837-1923),
prix Nobel de physique 1910, qui fut le premier à introduire leurs effets dans les équations
d’état des gaz en 1873. Ces interactions jouent un rôle important dans la science du vivant, en
chimie et en physique des interfaces. Elles sont par exemple responsables de la cohésion des
cristaux liquides et moléculaires. Les phénomènes de tension de surface reposent également
sur cette force. On peut interpréter l’interaction de van der Waals comme le résultat d’une
interaction entre dipôles dont l’énergie d’interaction se décompose en trois termes :

EvdW = EKeesom + EDebye + ELondon (24)

— Terme de Keesom
deux molécules polaires de moment dipolaire p1 et p2 auront tendance à orienter leur
moment dipolaire dans le sens du champ produit par l’autre dipôle puis à se rapprocher
du fait de l’attraction vers les champs forts. Du fait de l’agitation thermique, il faut
moyenner cette interaction sur toutes les orientations possibles. On montre alors que
l’énergie d’interaction moyenne entre deux dipôles permanents distants de r s’écrit :

2 2
EKeesom = − kBpT1(4π
p2 1
2 6 (25)
0) r

— Terme de Debye : il s’agit de l’interaction d’une molécule polaire avec une molé-
cule apolaire, comme par exemple l’interaction entre H2 O . La molécule apolaire ne
présente pas de moment dipolaire en raison de l’existence d’un centre de symétrie,
cependant, en présence d’un champ électrique, le nuage électronique se déforme ce
qui déplace le barycentre des charges négatives et induit l’apparition d’un moment
dipolaire : on dit que la molécule s’est polarisée. Le moment dipolaire induit est pro-
portionnel au champ électrique extérieur :

− →

p induit = 0 α E ext (26)

où α désigne la polarisabilité. Ainsi, en présence d’un dipôle permanent, une molécule


apolaire se polarise et a tendance à s’orienter suivant le champ polarisant puis à se
rapprocher de la molécule responsable de cette polarisation. En moyennant sur toutes
les orientations possibles, on trouve une énergie d’interaction :

p1 2 α 1
EDebye = −
16π 2 0 r6
— Force de London : on pourrait penser que deux atomes apolaires (comme les gaz rares)
ou deux molécules apolaires (comme O2 n’interagissent pas puisqu’ils ne présentent
pas de moment dipolaire. En réalité, chaque molécule présente un moment dipolaire


fluctuant p(t) de moyenne nulle : →−
p (t) = 0 . Le terme d’interaction est alors propor-
tionnel à la moyenne p2 qui elle n’est pas nulle. On montre que le terme d’interaction
varie également comme 1/r6
En résumé, dans la matière il existe des interactions attractives entre toutes les molécules.
L’énergie d’interaction s’écrit :
C
EvdW = − 6
r
(27)

12
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique
6. L’essentiel de ce cours un peu compliqué...

ce qui donne naissance à une force moyenne attractive :



− 6C −
F VDW = − 7 →
ur (28)
r
La décroissance rapide de la force de van der Waals permet d’expliquer sa courte portée et
son influence dans les milieux denses (liquide et solide).

6 L’essentiel de ce cours un peu compliqué...


Moment dipolaire

− −−→
p = q NP
avec q en Coulomb et NP en mètre. Le moment s’exprime en Coulomb par mètre ou avec un
unité plus adapté le Debye : 1D = 1/3 × 10−29 C.m−1

Approximation dipolaire On se place suffisamment loin du dipôle pour considérer que


la dimension du dipôle est négligeable par rapport à la distance d’observation : r = OM «
d=NP.

Expression du potentiel électrostatique créé par un dipôle

q d cos θ p cos θ
V (M ) = 2
=
4π0 r 4π0 r2

Ou :

−p ·→
−r
V (M ) =
4π0 r3

Champ créé par un dipôle


2p cos θ
Er =
4π0 r3
p sin θ
Eθ =
4π0 r3

Lignes de champ et équipotentielles

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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique
6. L’essentiel de ce cours un peu compliqué...

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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique
6. L’essentiel de ce cours un peu compliqué...

Dipôle passif dans un champ extérieur uniforme

Forces et moment La résultante des forces appliquées au dipôle est nulle mais le moment
de celles-ci tend à faire s’orienter spontanément le dipôle dans le sens du champ.


− →
− −→ → →

F = 0 et M0 = −
p ∧E

Énergie potentielle


EP = q(VP − VN ) = −→

p ·E

Dipôle passifs dans un champ extérieur non uniforme

Moment et énergie potentielle Les expressions obtenues pour le cas d’un champ uniforme
restent valables :


→ − → − →

M =→
p ∧E et EP = −→

p ·E
Et le dipôle s’aligne dans le sens du champ.

Force résultante Celle-ci est non nulle :



− −−→ −−→ − → − −−→ − → −
F = −grad EP = −grad(−→
p · E ) = grad(→
p · E)

Le dipôle se dirige alors vers les zones de champ fort.

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