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Chap.3-Dipôle électrostatique
2 Définition 2
2.1 Le dipôle est un doublet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2.2 Moment dipolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.3 Distribution de charges et dipôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 1. Introduction
1 Introduction
Les faits montrent que des corps neutres peuvent malgré tout interagir via des forces
de nature électriques, dite dipolaires. Ce chapitre aborde ces aspects qui jouent un rôle im-
portant dans la modélisation des interactions moléculaires ainsi que dans le phénomène de
polarisation de la matière en général.
Sans doute avez vous déjà remarqué qu’un un mince filet d ?eau avait la possibilité d’être dé-
vié en rapprochant une règle préalablement frottée ? De la même manière,des petits morceaux
de papier seraient attirés par cette même règle. Pour expliquer ces faits, on a du concevoir
le concept de "dipôle électrique".
C’est surtout en chimie que la notion de dipôle revête une importance particulière, car
dans les molécules, les liaisons entre deux atomes d’électronégativité 2 différente peuvent être
assimilées à des dipôles.
Le comportement d’un dipôle électrique plongé dans un champ permet d’expliquer pourquoi
le champ électrique créé en solution par un ion permet de polariser les molécules du solvant
afin qu’elles s’orientent convenablement autour de l’ion en question.
2 Définition
2.1 Le dipôle est un doublet
Un dipôle électrostatique est un doublet composé de deux points portant des charges
opposées : le point P qui porte la charge +q et le point N qui porte la charge -q. La distance
NP est considérée petite et constante.
De manière générale, un dipôle électrostatique se définit par une répartition hétéroclite de
charges électriques telles que le barycentre des charges positives ne coïncide pas avec celui
des charges négatives. 3
1. Il a donné son nom à l’unité mesurant des fréquences.
2. lLélectronégativité d’un élément chimique est une grandeur qui caractérise sa capacité à attirer les
électrons lors de la formation d’une liaison avec un autre élément.
3. Un dipôle peut être permanent, par exemple une molécule polaire (exemple l’eau), ou bien induit, par
exemple un nuage électronique qui se déforme sous l’action d’un champ électrique extérieur.
2
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 2.2 Moment dipolaire
θ eθ
r
On étudie le potentiel créé par un dipôle NP de
−−→ P
moment dipolaire →
−p = q N P en un point M repéré en y
coordonnées sphériques par r, θ et φ. O
N φ
La distance NP sera noté d. x
3
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 3.2 Potentiel créé par un dipôle
Le potentiel électrostatique créé par ce doublet est égal à la somme des potentiels créés
par chacune des charges du doublet :
q q q 1 1
V (M ) = − = − (2)
4π0 P M 4π0 N M 4π0 PM NM
Le potentiel étant pris nul à l’infini, nous ne faisons pas intervenir de constante.
P M 2 = P O2 + OM 2 − 2 P O OM cos θ (3)
et que :
N M 2 = N O2 + OM 2 − 2 N O OM cos(π − θ) (4)
d
Or on a OM = r et PO=NO= , on sait que cos(π − θ) = − cos θ donc :
2
!1 !1
d2 2
d2 2
PM = + r2 − d r cos θ NM = + r2 + d r cos θ (5)
4 4
!1 !1
d2 d 2
d2 d 2
PM = r + 1 − cos θ NM = r + 1 + cos θ (6)
4r2 r 4r2 r
Finalement :
!− 1 !− 1
1 1 d d2 2
1 1 d d2 2
= 1 − cos θ + 2 = 1 + cos θ + 2 (7)
PM r r 4r NM r r 4r
Remarque mathématique
Un développement limité d’une fonction en mathématiques s’effectue en un point : il est une
approximation polynomiale de la fonction en ce point.
Par exemple pour le DL que l’on utilisera souvent en physique :
f 0 (a) f 00 (a)
En a,f (x) = f (a) + (x − a) + (x − a)2 + ...
1! 2!
1 1 d 1 1 d
= 1+ cos θ = 1− cos θ (8)
PM r 2r NM r 2r
d2
Le terme en r2
a disparu puisque l’on se contente du premier ordre.
4
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 3.3 Généralisation
q d cos θ p cos θ
V (M ) = 2
= (11)
4π0 r 4π0 r2
Car p = q d est la norme du moment dipolaire. On peut donc écrire ce potentiel à l’aide du
vecteur moment dipolaire :
→
−p ·→
−r
V (M ) = (12)
4π0 r3
3.3 Généralisation
Généralisons le résultat précédent en considérant une distribution localisée de charges.
On suppose qu’un ensemble de N charges (q1 , . . . , qN ) occupe un volume fini. Nous noterons
a, la dimension caractéristique de cette distribution. Cette distribution peut par exemple
modéliser une molécule, un ion complexe, un métal chargé etc. On cherche à calculer les
effets électriques (potentiel et champ électrique) dans l’approximation dipolaire, c’est-à-dire
pour des points M situés à une distance grande devant a. Système de charges
Plaçons l’origine O d’un repère dans la distribution puis adoptons les notations suivantes :
r = OM, la distance entre O et M ; ri = Pi M où Pi repère la position de la charge qi ;
ai = OPi , la distance entre O et Pi .
Le potentiel électrostatique créé en M par la distribution de charges s’écrit
N
X qi
V (M) =
i=1
4π0 ri
avec v
u 2 −−→ −−→
−−→ −−→ ai OM.OPi
u
ri = OM − OPi = r 1 + −2
t
r r2
Puisque ai /r 1, effectuons un développement limité du potentiel à l’ordre 2 en ai /r à l’aide
de la relation (1 + )−1/2 = 1 − 1/2 + 3/82 + o(2 ) :
−−→ 2
−
−→ −−
→ 3 OP · →
−
u − OP 2 2
!
X qi OM · OPi i r i ai
V (M ) = 1 + 2
+ 2
+o
4π0 r r 2r r2
i
5
Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 3.4 Moment dipolaire électrique
barycentre des charges, le deuxième terme disparaît et le terme suivant varie en 1/r3 (terme
quadrupolaire).. Le deuxième terme représente le terme dipolaire. Il devient prépondérant
P −−→ →
−
lorsque la charge totale est nulle à condition que i qi OPi 6= 0 . C’est par exemple le cas
d’une molécule neutre qui ne présente pas de centre de symétrie (on parle de molécule polaire),
comme par exemple H2 O, HCl, etc. Le troisième terme représente le terme quadrupolaire. Il
P1
décroit en 1/r3 et dépend du moment quadrupolaire Q = 2 3 cos2 θ − 1 qui mesure
q a
2 i i i
l’écart à la symétrie sphérique.
On retiendra que pour une distribution électriquement neutre, on définit le moment di-
polaire électrique X −−→
→
−p = qi OPi
i
Si ce moment dipolaire est non nul, le potentiel électrique s’écrit dans l’approximation dipo-
laire : →
−
p ·→−
ur
Vdipolaire (M) =
4π0 r2
Notons maintenant B+ le barycentre des charges positives et B− celui des charges négatives.
Par définition du barycentre, on a
−−−→ −−→ −−−→ −−→
qi − OPi
X X
QOB+ = qi + OPi et − QOB− =
charges + charges -
Par conséquent
−−→ −−→ −−→ −−−→ −−−→
qi − OPi = QOB+ − QOB−
X X X
qi OPi = qi + OPi +
i charges + charges -
Le moment dipolaire est donc lié au fait que le barycentre des charges négatives ne coincide
pas avec le barycentre des charges positives. Quand une molécule présente cette propriété on
dit qu’elle est polaire (H2 0, HCl, NO, etc.) alors que si elle présente un centre de symétrie
on dit qu’elle est apolaire (He, N2 , O2 , CO2 , etc.).
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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 3.5 Champ créé par un dipôle
Le moment dipolaire s’exprime en C.m dans le Système d’Unités International mais les
chimistes préfèrent une unité plus adaptée au monde moléculaire : le debye (symbole : D).
Par définition
1
1 D = 3,335 64.10−30 C.m ' .10−29 C.m
3
Le tableau ci-dessous donne les moments dipolaires des halogénures d’hydrogène mettant
en évidence le phénomène d’électronégativité : l’halogène déplace vers lui le barycentre des
charges négatives ce qui induit un moment dipolaire dirigé vers H. Ce phénomène augmente
de l’iode vers le fluor, élement le plus électronégatif du tableau périodique. Pour chaque
halogénure, on donne la valeur du moment dipolaire : HF (1,97 D) HCl (1,03 D ) HBr (0,78
D) HI(0,38 D) Moment dipolaire
Il est pratique parfois de décomposer un système neutre en N sous-systèmes neutres aux-
quels on associe un moment dipolaire → −
pi . Dans ce cas, le moment dipolaire de la distribution
complète est la somme vectorielle p = →
→
− P−
pi . C’est pourquoi, on peut calculer le moment di-
polaire d’une molécule en sommant vectoriellement les moments dipolaires associées à chaque
liaison. Exemple : identification d’un isomère
L’un des isomères du dichlorobenzène a pour moment dipolaire p = 1, 5 D. Sachant que
la liaison C − Cl possède un moment p0 = 1, 6 D et que la liaison C − H est quasi apolaire, on
peut déterminer cet isomère. En effet, le dichlorobenzène existe sous trois formes possibles :
On en déduit α = 124◦ , valeur assez proche de 120◦ . Par conséquent, il s’agit de la forme
méta-dichlorobenzène.
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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 3.6 Exercice
3.6 Exercice
On considère une molécule de taille caractéristique a de moment dipolaire p0 en inter-
action avec une charge ponctuelle q0 située à la distance r> > a de la molécule. On peut
déterminer l’énergie de cette interaction en considérant que la charge est plongée dans un
potentiel Vdipolaire ou que la molécule est plongée dans le champ créé par la charge ponctuelle.
Déterminer l’énergie d’interaction de ces deux manières et vérifier la cohérence.
Figure 5
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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 4.1 Cas d’un champ extérieur uniforme
Force appliquée
Ce moment est donc non nul et est indépendant du point choisi pour le calculer.
Énergie potentielle
Cette énergie est toujours égale au travail que l’opérateur effectuerait pour placer le dipôle
depuis l’infini à sa position finale.
L’énergie pour la charge située en N s’écrit : EP (N ) = −q × V (N ) où V (N ) est le potentiel
du champ extérieur au point N.
L’énergie pour la charge située en P s’écrit : EP (P ) = +q × V (P ) où V (P ) est le potentiel
du champ extérieur au point P.
On a donc :
EP = EP (N ) + EP (P ) = q × (V (P ) − V (N )) (19)
Faisons apparaître le moment dipolaire dans cette expression. Pour cela on va écrire la
→
−
circulation du champ E entre les points N et P de deux façons :
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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 4.2 Champ extérieur non uniforme
→
−
1. En utilisant le fait que le champ E est uniforme :
ˆ P ˆ P
− →
→ − →
− →
− →
− −−→
E · dl = E · dl = E · N P (20)
N N
→
− −−→
2. En utilisant la relation E = −grad V :
ˆ P ˆ P
− →
→ − −−→ →
−
E · dl = −grad V · dl = V (N ) − V (P ) (21)
N N
On obtient alors :
→
− −−→ →
− −−→ →
−
E · N P = V (N ) − V (P ) et EP = q × − E · N P = −→
−
p ·E (22)
Figure 7 – Positions d’équilibre stable et instable du dipôle en présence d’un champ uniforme
Par contre pour le calcul de la force résultante exercée sur le dipôle, on ne peut pas
→
−
négliger la variation de E : Si le champ n’est pas uniforme, les charges -q et +q sont soumis
à des forces différentes et la résultante des forces n’est plus nulle.
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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 5. Interactions de Van Der Waals
Cette résultante étant une force de Coulomb, et la force de Coulomb étant conservative (son
travail ne dépend pas du chemin suivi), la résultante des forces dérive de l’énergie potentielle
électrostatique du dipôle :
→
− −−→ −−→ − → − −−→ − → −
F = −grad EP = −grad(−→
p · E ) = grad(→
p · E) (23)
Figure 8 – Déplacement et alignement d’un dipôle dans un champ extérieur non uniforme
Dans le cas où le champ est uniforme, la résultante des forces est nulle, le
dipôle ne se déplace pas.
Dans le cas où le champ est non uniforme, la résultante des forces est non
nulle et le dipôle se déplace vers les zones de champ fort.
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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique 5. Interactions de Van Der Waals
ainsi en l’honneur du physicien néerlandais Johannes Diderik van der Waals (1837-1923),
prix Nobel de physique 1910, qui fut le premier à introduire leurs effets dans les équations
d’état des gaz en 1873. Ces interactions jouent un rôle important dans la science du vivant, en
chimie et en physique des interfaces. Elles sont par exemple responsables de la cohésion des
cristaux liquides et moléculaires. Les phénomènes de tension de surface reposent également
sur cette force. On peut interpréter l’interaction de van der Waals comme le résultat d’une
interaction entre dipôles dont l’énergie d’interaction se décompose en trois termes :
— Terme de Keesom
deux molécules polaires de moment dipolaire p1 et p2 auront tendance à orienter leur
moment dipolaire dans le sens du champ produit par l’autre dipôle puis à se rapprocher
du fait de l’attraction vers les champs forts. Du fait de l’agitation thermique, il faut
moyenner cette interaction sur toutes les orientations possibles. On montre alors que
l’énergie d’interaction moyenne entre deux dipôles permanents distants de r s’écrit :
2 2
EKeesom = − kBpT1(4π
p2 1
2 6 (25)
0) r
— Terme de Debye : il s’agit de l’interaction d’une molécule polaire avec une molé-
cule apolaire, comme par exemple l’interaction entre H2 O . La molécule apolaire ne
présente pas de moment dipolaire en raison de l’existence d’un centre de symétrie,
cependant, en présence d’un champ électrique, le nuage électronique se déforme ce
qui déplace le barycentre des charges négatives et induit l’apparition d’un moment
dipolaire : on dit que la molécule s’est polarisée. Le moment dipolaire induit est pro-
portionnel au champ électrique extérieur :
→
− →
−
p induit = 0 α E ext (26)
p1 2 α 1
EDebye = −
16π 2 0 r6
— Force de London : on pourrait penser que deux atomes apolaires (comme les gaz rares)
ou deux molécules apolaires (comme O2 n’interagissent pas puisqu’ils ne présentent
pas de moment dipolaire. En réalité, chaque molécule présente un moment dipolaire
→
−
fluctuant p(t) de moyenne nulle : →−
p (t) = 0 . Le terme d’interaction est alors propor-
tionnel à la moyenne p2 qui elle n’est pas nulle. On montre que le terme d’interaction
varie également comme 1/r6
En résumé, dans la matière il existe des interactions attractives entre toutes les molécules.
L’énergie d’interaction s’écrit :
C
EvdW = − 6
r
(27)
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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique
6. L’essentiel de ce cours un peu compliqué...
q d cos θ p cos θ
V (M ) = 2
=
4π0 r 4π0 r2
Ou :
→
−p ·→
−r
V (M ) =
4π0 r3
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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique
6. L’essentiel de ce cours un peu compliqué...
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Electromagnétisme I Chapitre 4 : Dipôle électrostatique
6. L’essentiel de ce cours un peu compliqué...
Forces et moment La résultante des forces appliquées au dipôle est nulle mais le moment
de celles-ci tend à faire s’orienter spontanément le dipôle dans le sens du champ.
→
− →
− −→ → →
−
F = 0 et M0 = −
p ∧E
Énergie potentielle
→
−
EP = q(VP − VN ) = −→
−
p ·E
Moment et énergie potentielle Les expressions obtenues pour le cas d’un champ uniforme
restent valables :
−
→ − → − →
−
M =→
p ∧E et EP = −→
−
p ·E
Et le dipôle s’aligne dans le sens du champ.
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