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RÉSULTAT NORMAL
PARAMÈTRES BIOLOGIQUES :
Dès que la population de référence est trouvée, il faut effectuer
VALEURS NORMALES le dosage sur un grand nombre d’échantillons pour établir des
valeurs normales. On trace un graphique et, dans le cas le plus
ET UNITÉS DE MESURE 1 simple, on trouve une courbe d’allure gaussienne.
La distribution des valeurs est alors résumée par deux
C. Clec’h, F. Gonzalez, Y. Cohen paramètres : la moyenne et l’écart-type.
Dans une courbe gaussienne, le nombre de sujets compris entre
la moyenne et un écart-type est de 68 %, entre la moyenne et deux
Les paramètres biologiques sont des éléments indispensables à écarts-type de 95, 5 %, et entre la moyenne et trois écarts-type de 99,
l’orientation diagnostique et à l’appréciation de l’évolution des 7 %. Classiquement, les valeurs normales sont comprises entre la
patients. moyenne plus ou moins deux écarts-type.
Mais le plus souvent, la distribution des valeurs au sein d’une
Si pour le médecin biologiste les innovations essentielles ont population n’est pas gaussienne.
porté sur les techniques de dosage, pour le médecin clinicien la
En remplaçant les valeurs obtenues par leur logarithme [3], on
modification majeure a été le changement des unités de mesure
peut dans certains cas s’approcher d’une distribution gaussienne et
utilisées.
déterminer ainsi l’intervalle des normales. Si cette transformation ne
Il est donc indispensable non seulement de savoir prescrire avec permet pas d’aboutir à une distribution gaussienne, l’intervalle des
discernement des examens complémentaires, mais encore de valeurs normales sera celui qui englobe les résultats obtenus dans
connaître précisément les valeurs normales du paramètre biologique 95 % de la population de référence.
demandé exprimées dans les unités de mesure définies par des
conventions internationales et dans celles, désuètes, encore utilisées
par certains laboratoires. VARIATIONS PHYSIOLOGIQUES
Il existe des variations physiologiques faisant modifier la valeur
VALEURS NORMALES normale. Le sexe, l’âge, la grossesse et moins fréquemment l’horaire
de prélèvement entraînent des variations de ces paramètres [4, 5, 6,
Une valeur n’a de sens que si elle apporte un résultat utile, c’est- 7]. Pour nombre de dosages, il existe des valeurs normales différentes
à-dire ayant une valeur diagnostique, thérapeutique ou pronostique. entre les hommes et les femmes (fer sérique, acide urique…). Il existe
Cette valeur est toujours basée sur l’existence d’une différence entre également des variations considérables en fonction de l’âge (numé-
le résultat obtenu chez le patient et la valeur normale du paramètre ration formule sanguine du nouveau-né, du nourrisson et de
étudié. Cela implique que soient établies des normes et que l’on l’adulte). La grossesse entraîne des modifications physiologiques
puisse les comparer au résultat obtenu chez le patient. (anémie). Enfin, l’horaire du prélèvement est d’une grande impor-
C’est au cours du XIXe siècle qu’est apparu le concept de l’asso- tance pour certains dosages qu’il faut interpréter en fonction du
ciation entre un état pathologique et des modifications biologiques. rythme nycthéméral (cortisol plasmatique).
Le développement des outils statistiques, avec l’adaptation de la « loi Il est donc indispensable de connaître l’intervalle normal de ces
des grands nombres » de Bernoulli et la « loi des erreurs » de Gauss et valeurs en fonction du contexte pour une interprétation correcte des
Legendre, a permis, à la fin de la première guerre mondiale, au scien- résultats.
tifique belge Quetelet de définir pour la première fois l’intervalle
normal de paramètres biologiques.
C’est entre 1920 et 1930 que le principe de valeur normale a été
UNITÉS DE MESURE
accepté et que les outils mathématiques ont été développés [1]. UNITÉ MOLAIRE
Le taux normal est établi à partir d’une population de référence.
On comprend alors que le choix de la population de référence est La concentration d’une substance en solution est la masse de
capital, car il conditionne toute l’interprétation des dosages. cette substance dissoute par unité de volume de la solution.
Les conventions internationales ont défini des règles strictes (le
système international : SI) consistant à exprimer les concentrations
POPULATION DE RÉFÉRENCE en unités molaires, c’est-à-dire en nombre de moles par litre de solu-
tion [3, 8, 9].
La qualité primordiale de la population de référence dans le Pour mieux comprendre le système molaire, prenons l’exemple
cadre de l’étude des valeurs normales des paramètres biologiques est du glucose (C6H12O6, de masse molaire égale à 180 g/mol). Quand
sa représentativité de la population générale (non malade). Idéale- une masse de glucose de 180 g est dissoute dans 1 litre de solution, la
ment, il faut donc constituer un échantillon tiré au sort de concentration de cette solution est d’une mol/l : c’est une solution
volontaires sains, ce qui suppose de disposer d’une base de sondage à molaire. Cette unité de mesure est totalement logique, car l’impor-
partir de laquelle effectuer le tirage au sort. tant pour une cellule c’est le nombre de moles dont elle dispose et
En pratique, la population de référence est difficile à choisir et non pas la masse en grammes. En effet, c’est la masse molaire qui
les problèmes rencontrés sont nombreux, tenant à la complexité de détermine le pouvoir osmotique. De plus, l’expression des concen-
la notion de volontaires sains. Il est d’abord indispensable d’écarter trations en unités molaires permet de connaître directement la
de cette population de référence, par un interrogatoire poussé, toutes charge électrique.
les personnes sous traitement non curatif (contraceptif oral, par Ce système est donc plus adapté à l’étude du fonctionnement
exemple) ou pratiquant une automédication (aspirine). Ensuite, des organismes vivants que l’expression en grammes par litre.
même des sujets en apparence sains peuvent constituer une popula- Pour passer de la concentration en grammes par litre à la
tion de référence non représentative. C’est le cas notamment des concentration en moles par litre, on utilise la relation suivante :
donneurs de sang volontaires qui renouvellent leur sang plusieurs
fois par an et présentent certaines caractéristiques différentes de Concentration en mol/l = concentration en g/l
celles de la population générale. En dehors de ce problème de biais /masse molaire en g/mol
de sélection, une population de référence n’est en général pas homo-
gène. C’est évident pour le sexe, mais c’est aussi vrai pour le poids; Enfin, pour utiliser la concentration molaire d’une substance, il
deux éléments pouvant faire varier grandement la définition des faut connaître avec précision la masse molaire de la substance. Le
valeurs normales [2]. taux de protéines du sérum est toujours exprimé en gramme par litre
car il s’agit d’un mélange dont la masse molaire n’est pas
1. Ce chapitre a été coordonné par P.-E. Bollaert. définissable.
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MILLIÉQUIVALENT Tableau 13.1. Ionogramme et autres dosages sériques [3, 10, 12] (suite).
Tableau 13.2. Hémogramme [14]. Tableau 13.5. Objectifs thérapeutiques des anticoagulants [8, 16].
Antihémophilique B IX Foie et Vit K 3 18-24 Phosphatémie 0,0323 (mg/l → mmol/l) 31 (mmol/l → mg/l)
Facteur Stuart X Foie et Vit K 15 40 Potassium* 25,6 (g/l → mmol/l) 0,039 (mmol/l → g/l)
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