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Document examen 2

Cours 6 – 5 avril 2023 : Évaluation et pathologies de la mémoire

Plan du cours

 Quiz HM!
 Patient HM et taxonomie de la mémoire (à long terme)
 Mémoire implicite
o Mémoire procédurale
 Mémoire explicite
o Mémoire épisodique
o Mémoire sémantique
 Survol des grandes pathologies affectant la mémoire

Objectifs d’apprentissage et concepts clés

 Connaître et distinguer les grands systèmes mnésiques et les doubles dissociations


permettant d’établir l’existence de systèmes mnésiques distincts.
 Connaître les approches permettant d’évaluer la mémoire épisodique, sémantique et
procédurale.
 Connaître les substrats neuroanatomiques de la mémoire explicite et les dissociations
associées.
 Connaître les caractéristiques des principaux syndromes amnésiques.

Liste de concepts clé

 Mémoire implicite (non-déclarative)


 Mémoire explicite (déclarative)
 Lésions du patient HM
 Mémoire épisodique
 Mémoire sémantique
 Mémoire procédurale
 Amorçage et apprentissage perceptuel
 Conditionnement classique
 Lobe temporal médian
 Hippocampe
 Lobe temporal inférotemporal
 Amnésie antérograde
 Amnésie rétrograde
 Encodage
 Consolidation
 Récupération
 Distinguer encodage vs consolidation vs récupération
 Mémoire prospective
 Rappel libre
 Rappel indicé
 Reconnaissance
 Tâche de la figure de Rey
 Tâche d’apprentissage verbale de la Californie (CVLT)
 Transition épisodique-sémantique
 Amnésie post-traumatique
 Amnésie globale transitoire
 Syndrome de Korsakoff
 Encéphalite herpétique
 Maladie de Creutzfeldt-Jakob
 Troubles neurocognitifs majeurs

Questions Wooclap sur HM

Le cas de H.M. (Henry Molaison)

 Intelligence prémorbide au-dessus de la moyenne (QI=118)


 Il subit une résection bilatérale des lobes temporaux médians pour des crises
épileptiques sévères à 27 ans. (On enlève beaucoup plus que l’hippocampe ex : cortex
rhinal)
 Problèmes de mémoire persistants pour le reste de sa vie (amnésie antérograde surtout,
mais aussi amnésie rétrograde)
 L’étude des performances en mémoire de H.M. a permis de mettre en lumière le rôle du
lobe temporal médian dans la mémoire et certaines dissociations entre les différents
systèmes mnésiques.

Double dissociation entre mémoire de travail à mémoire à long terme


 Patient HM peut maintenir des informations en mémoire de travail pour effectuer une
tâche (empan de chiffres: 6, 5 en ordre inverse) (c’est un peu plus bas que ce qu’on
s’attend habituellement, mais c’est dans la normal)
o Dommage lobes temporaux médians
o Toutefois, il oublie l’information au bout de quelques minutes/heures (piètre
mémoire long terme)
 Patient KF (Warrington & Shallice, 1969) montre une capacité réduite en mémoire de
travail verbale (empan de chiffres: 1).
o Dommage pariéto-occipital
o Toutefois, il peut retenir des informations et des associations sur une longue
durée (long terme)

La mémoire à long terme - taxonomie de Squire (2004; Tulving, 1995) (c’est la taxonomie la plus
utilisée en évaluation neuropsychologique)

Question Wooclap
Double dissociation entre mémoire déclarative (explicite) et non-déclarative (implicite)

 Le patient HM est un cas de dissociation simple entre ces deux systèmes.


 Sa mémoire déclarative est déficitaire (incapable d’apprendre et rappeler des
informations explicites)
 Toutefois, il peut apprendre implicitement (tâche visuomotrice concerne la mémoire
procédurale) :


 Dissociation similaire chez les personnes avec un syndrome de Korsakoff et la maladie
d’Alzheimer

Double dissociation entre mémoire déclarative et non-déclarative

 Certaines démences touchant les ganglions de la base (noyau caudé, putamen…)


montrent la dissociation inverse.
 Les personnes avec une démence de Parkinson et certaines avec la maladie de
Huntington montrent une mémoire déclarative intacte en présence d’une mémoire non-
déclarative déficitaire:


Mémoire implicite non-procédurale


Décrivez ces images.


 Phénomène de l’amorçage ici

Mémoire implicite - Définition

 La mémoire implicite implique une récupération automatique, inconsciente et sans


effort de l’information (entrée sensorielle est influencé par l’expérience passée)
 Amorçage: Influence non intentionnelle lors d’une tâche quelconque, d’une information
encodée antérieurement.
 Conditionnement: Réponse évoquée par une association probabiliste encodée
antérieurement

Mémoire implicite - Évaluation neuropsychologique

 À part la mémoire procédurale qui est parfois évaluée en clinique, le reste de la


mémoire implicite est rarement évalué lors d’une évaluation neuropsychologique.
 La mémoire implicite non-procédurale est relativement résistante aux dommages et
dysfonctions cérébraux (elle persiste souvent)
 Étant donné les multiples formes que peut prendre la mémoire implicite, son évaluation
exhaustive nécessiterait l’emploi de nombreux tests.
 Toutefois, une connaissance de la mémoire implicite est essentielle en neuropsychologie
clinique pour reconnaître sa contribution aux tâches de mémoire explicite.
o Effets test-retest (devenir meilleur à la deuxième passation)
o Contribution de la mémoire implicite lors des tests de reconnaissance explicite
(dû au phénomène d’amorçage)

Mémoire procédurale

Mémoire procédurale - Définition

 Mémoire implicite impliquée dans l’apprentissage graduel/progressif d’habiletés


perceptivo-motrices et cognitives
 Ce type d’apprentissage s’automatise et devient difficilement verbalisable (contrôle
habituel) et ne s’exprime que par l’action (ex : comment faire du vélo)
 Supportée par les circuits cortico-sous-corticaux impliquant entre autres le striatum.
 Relativement résistante aux dysfonctions et dommages cérébraux.
 Toutefois, parfois importante à évaluer puisque beaucoup de stratégies de
compensation dépendent d’un apprentissage procédural (ex : en ayant une routine)

Mémoire procédurale - Évaluation neuropsychologique

 Exemples d’observations:
o Difficulté à apprendre une nouvelle activité nécessitant la succession de
plusieurs étapes
o Perte de capacité à effectuer une activité qui était autrefois acquise (ex. faire de
la bicyclette) (Régression des activités habituelles)
o Peu d’amélioration dans les performances au fil des essais dans les tâches
neuropsychologiques.
 Tests cognitifs:
o Généralement tâches avec plusieurs essais avec évaluation de l’amélioration de
la performance dans le temps
o Exemples:
 Lecture en miroir, copie en miroir (e.g. HM), apprentissage implicite de
séquence motrice,…

Mémoire explicite

Mémoire explicite - Définition

 Conception de la mémoire dans l’usage quotidien.


 Capacité à rappeler volontairement et consciemment des faits et des évènements.
 Permet de comparer et contraster le matériel en mémoire et de construire un modèle
du monde qui nous entoure (c’est aussi la capacité d’interagir avec les autres)
 Peut-être divisée en:
o Mémoire épisodique: Événements vécus et expérience personnelle, évènements
à venir (futur) (mémoire prospective)
o Mémoire sémantique: Faits à propos du monde.
o Mémoire autobiographique: Hybride entre sémantique et épisodique
(connaissance sur soi, ses expériences et intégrer des faits)
Mémoire explicite - Substrats neuronaux

 La mémorisation explicite de l’information est principalement soutenue par les


structures des lobes temporaux.
 Parmi ces structures, certaines sont davantage associées à la mémoire épisodique et
d’autres à la mémoire sémantique.

Mémoire explicite - Substrats neuronaux

Mémoire explicite - Double dissociation mém. épisodique - sémantique

 Lésions hippocampiques -> Déficit épisodique


 Patient HM avait un déficit en mémoire épisodique mais une mémoire sémantique
relativement intacte.
 Vargha-Khadem et collaborateurs (1997) ont documenté les cas de plusieurs enfants
avec des lésions hippocampiques survenues tôt dans le développement.
o Déficits épisodiques importants (piètre performance dans la figure de Rey)
o Apprentissages scolaires adéquats (QI Moyen)
o

Mémoire explicite - Double dissociation mém. épisodique - sémantique

 Lésions temporales latérales -> Déficit sémantique


 La démence sémantique* est une pathologie qui touche principalement les lobes
temporaux latéraux.
o Associée à une performance en mémoire épisodique relativement normale
(dans les stages précoces).
o Déficit sémantique important (Levy et al., 2004)


Mémoire explicite - Amnésies et implications neurobiologiques

 Amnésie antérograde : incapacité à se souvenir d’éléments suivant le début de l’amnésie


(c’est surtout ce que HM a) (on a une mémoire du passé)
o Principalement associée à un dommage de l’hippocampe.
 Amnésie rétrograde : incapacité à se souvenir d’ éléments précédant le début de
l’amnésie.
o Principalement associée à un dommage du cortex cérébral (para-
hippocampique)
 Avec le temps, il semble que les traces mnésiques migrent graduellement dans plusieurs
régions du cortex
o Ce qui expliquerait plus grande préservation des souvenirs anciens lors d’une
amnésie rétrograde (rare une amnésie sur tout l’enfance)

Exemple de test de mémoire épisodique – A

 Liste de mot avec rappel libre

Exemple de test de mémoire épisodique – B (similaire à A, mais avec temps différent et


interférence)

Mémoire épisodique - Définition

 Mémoire qui concerne des souvenirs associés à un contexte spatial et temporel


particulier.
 Les souvenirs épisodiques sont reconstruits plutôt que reproduits.
 Système de mémoire le plus évalué en neuropsychologie.
 Dissociation possible entre contenu verbal et non-verbal (Milner, 1965)
 La mémorisation épisodique est sous-tendue par une série d’opérations:

 Encodage : l’entrée de l’info

Mémoire épisodique - Mémoire prospective

 Dimension de la mémoire épisodique qui concerne la mémoire des événements futurs


(par opposition à la mémoire rétrospective (les évènements du passé))
 2 types de situations :
o Basées sur l’événement (event-based) : l’action doit être effectuée lorsque
survient un événement donné (ex : quand il arrive, je lui donne le papier)
o Basées sur le temps (time-based): l’action doit être réalisée selon un certain
intervalle de temps (ex : avant tel moment, je dois faire la tâche X)

Mémoire épisodique - Évaluation neuropsychologique

 Exemples d’observations:
o Oubli des activités effectuées la veille
o Difficulté à récupérer une liste de mots apprise
o Oubli d’aliments à acheter à l’épicerie sans liste
o Perte d’objets dans la maison
o Oubli du trajet pour se rendre à un endroit familier
o Poser toujours les mêmes questions dans un court lapse de temps
 Tests cognitifs:
o Tâches de rappel en modalité visuelle ou verbale
 Avec rappel immédiat et après un long (20-30 mins) délai (rappel différé)
 Avec phases de
 rappel libre (e.g. nommez mots dits)
 rappel indicé (e.g. nommez mots qui étaient des vêtements)
 et/ou de reconnaissance (e.g. est-ce que le mot POMME a été
présenté?)

Mémoire épisodique - Exemples de test

 On a fait la California verbal learning test (très utilisé)


 Figure de Rey: encore très utilisé malgré l’âge, il mesure d’autres fonctions aussi ex :
aspect attentionnel, planification, dextérité

Mémoire épisodique verbale - Évaluation neuropsychologique

 Distinguer atteintes Encodage vs Consolidation vs Récupération


Mémoire sémantique - Définition


 Mémoire des concepts et des faits n’appartenant pas à un contexte particulier
o Connaissances générales, règles, visages, identifier des objets
 Mémoire qui rend possible l’acquisition et la rétention de connaissances générales sur le
monde
o e.g. Paris est la capitale de la France
 Ces connaissances en mémoire à long terme nous permettent de comprendre le langage
et notre environnement

Mémoire sémantique - Évaluation neuropsychologique

 Exemples d’observations:
o Perte du sens des mots, ne comprend pas certaines expressions
o Difficulté à nommer des images et à identifier le lien sémantique entre deux
images (sans contexte particulier)
o Difficulté à comprendre le langage et son environnement
o Perte de la connaissance de la fonction des objets (ex : praxie, gnosie)
 Tests cognitifs:
o Tâches faisant appel aux connaissances sémantiques en modalité visuelle et
verbale
 Test de définition, connaissances générales, association sémantique (lien
entre 2 objets), catégorisation sémantique, fluence verbale catégorielle
(sortir le plus de mots d’une même catégorie)
o Questionnaires sur sémantique personnelle
 Questionnement sur dates importantes (naissance, mariage, etc.),
écoles fréquentées, lieux de résidences,...

Mémoire sémantique - Exemples de tests

 Neuropsy: Est-ce que vous avez un souvenir d’un moment où vous avez eu à parler en
public?
 Personne: Oui, je suis employé comme formateur donc je fais beaucoup de
présentations publiques.
 Neuropsy: Pouvez-vous me décrire une de ces présentations spécifiques?
 Personne: Bien sûr! J’ai formé des milliers de personnes sur une variété de sujets.
 Neuropsy: Ce que j’aimerais entendre, c’est une description d’une de ces présentations.
Une présentation spécifique.
 Personne: J’ai participé à des formations pour plusieurs compagnies et donné des
présentations à nos bureaux.
 Neuropsy: Pouvez-vous me décrire une de ces présentations?
 Personne: Oui c’était à nos bureaux et plusieurs personnes étaient présentes.
 Ici, la personne est jamais capable de nommer précisément des détails de sa
présentation; elle donne plus de l’info générale (transition épisodique à sémantique)

Mémoire sémantique - Transition épisodique à sémantique

 Avec l’âge, les individus ont tendance à rappeler les évènements avec moins de détails
épisodiques (e.g. personnels, spécifiques, contextuels) et davantage de détails
sémantiques (e.g. faits, emplacements).
 Le rappel principalement sémantique est souvent utilisé par les personnes pour
camoufler un problème en mémoire épisodique:

Neuropsy: Est-ce que vous avez un souvenir d’un moment où vous avez eu à parler en public?

 Personne: Oui, je suis employé comme formateur donc je fais beaucoup de


présentations publiques.
 Neuropsy: Pouvez-vous me décrire une de ces présentations spécifiques?
 Personne: Bien sûr! J’ai formé des milliers de personnes sur une variété de sujets.
 Neuropsy: Ce que j’aimerais entendre, c’est une description d’une de ces
présentations. Une présentation spécifique.
 Personne: J’ai participé à des formations pour plusieurs compagnies et donné des
présentations à nos bureaux.
 Neuropsy: Pouvez-vous me décrire une de ces présentations?
 Personne: Oui c’était à nos bureaux et plusieurs personnes étaient présentes.

Survol des grandes pathologies affectant la mémoire

Syndromes amnésiques transitoires - Amnésie post-traumatique (très fréquent avec le


traumatisme craniocérébral)

 Confusion mentale avec amnésie antérograde et rétrograde suivant un coma.


 On mesure souvent la durée de l’amnésie antérograde et de la confusion pour obtenir
une estimation de la gravité du traumatisme et sur le pronostic fonctionnel
(normalement plus c’est long, plus les déficits long-terme sont importants et vice versa) :
o < 10 minutes: très léger
o 10-60 minutes: léger
o 1 à 24 heures: modéré
o 1 à 7 jours: sévère
o > 7 jours: très sévère

Syndromes amnésiques transitoires - Amnésie globale transitoire (un peu plus rare)

 L'amnésie globale transitoire est une amnésie antérograde et souvent rétrograde qui
commence soudainement et dure jusqu'à 24 heures en absence d’autres difficultés
cognitives (il n’y a pas nécessairement d’évènements déclencheur ex : traumatisme)
 Aussi appelée ictus amnésique.
 Dysfonction soudaine et temporaire de l’hippocampe dont les causes sont toujours
floues.
 Souvent provoquée par stress ou effort physique. Plusieurs hypothèses étiologiques en
lien avec des facteurs vasculaires/métaboliques.
 Se résorbe généralement complètement en > 24 heures, récidive relativement rare.
 Touche particulièrement la mémoire épisodique

Syndromes amnésiques permanents - Syndrome de Korsakoff (souvent dans le réseau de la


santé)

 Syndrome causé par une dégénérescence des corps mamillaires et/ou des noyaux dorso-
médians du thalamus (diencéphale).
 Causé par une carence nutritionnelle en vitamine B1 (thiamine) souvent due à un
alcoolisme chronique, mais parfois causée par certains troubles alimentaires ou par la
chimiothérapie.
 Symptômes:
o Amnésie antérograde sévère (incapable d’apprendre comme HM)
o Désorientation
o Amnésie rétrograde sauf pour souvenirs lointains
o Mémoire sémantique variablement affectée, mais parfois préservée
o Fabulations (inventer, délirer)
o Anosognosie (pas conscient du trouble)
o Troubles exécutifs (mémoire de travail)
 C’est difficile à gérer, ils sont souvent des patients agités

Syndromes amnésiques permanents - Pathologies infectieuses

 Encéphalite herpétique:
o Causée par virus de l’herpès et entraîne lésions temporales/limbiques
o Amnésie antérograde massive et rétrograde partielle

o
 Maladie de Creutzfeldt-Jakob (maladie de la vache folle)
o Infection par protéine prion
o Détérioration mnésique et cognitive importante menant à la mort (atrophie du
cortex temporal)

Syndromes amnésiques progressifs (démences)

 Démence (DSM-IV) -> Trouble neurocognitif majeur (DSM-V) (dégénérescence)


 Mémoire épisodique
o Maladie d’Alzheimer (différent du vieillissement normal où on oublie quand
même un peu et petit perte cognitive)
o Maladie de Huntington
o Démence fronto-temporale (liée au dysfonctionnement exécutif)
 Mémoire sémantique
o Démence sémantique/Démence fronto-temporale (variante temporale)
o Maladie d’Alzheimer
 Mémoire procédurale (touche surtout ganglions de la base)
o Maladie de Parkinson
o Maladie de Huntington

Cours 7 - Évaluation et pathologies du langage (12 avril 2023)

Plan du cours

 Neurobiologie du langage et évaluation de la latéralisation hémisphérique


 Évaluation clinique des troubles du langage (surtout par l’orthophoniste, mais important
qu’un neuropsy connaisse la base)
 Les aphasies
 Les alexies (troubles de lectures)
Objectifs d’apprentissage

 Connaître les principaux modèles neuro-anatomiques du langage et les méthodes pour


évaluer la spécialisation hémisphérique.
 Connaître le rôle du neuropsychologue et des autres professions dans l’évaluation du
langage.
 Connaître et distinguer les grands syndromes aphasiques en utilisant une approche
anatomo-fonctionnelle et l’examen clinique.
 Connaître et distinguer les grands syndromes alexiques, en utilisant le modèle à deux
voies et les différents types d’erreurs de lecture.

Concepts clés

 Modèle de Wernicke-Geschwind
 Aire de Broca
 Aire de Wernicke
 Faisceau arqué
 Modèle à deux voies - cerveau
 Latéralisation langage/mémoire
 Contribution hémisphère droit au langage
 Test de Wada
 IRMf pour évaluation de la spécialisation hémisphérique
 Audiologiste
 Optométrise
 Orthophoniste
 Neurologue
 Aphasie/Dysphasie
 Alexie/Dyslexie
 Agraphie/Dysgraphie
 Anarthrie/Dysarthrie
 Arère cérébrale médiane
 Évaluation vs examen de l’aphasie
 Neuropsychologie cognitive vs traditionnelle
 Fluence du discours
 Compréhension
 Répétition
 Anomie
 Paraphasies (sémantique, verbale, phonémiques, morphologiques)
 Agrammatisme
 Aphasie (Broca, Wernicke, conduction, globale, anomique, primaire progressive)
 Modèle à deux voies (voie lexicale et non-lexicale)
 Lexique ortographie d’entrée/sortie
 Conversion graphème-phonème
 Alexies (centrales vs périphériques) (de surface, phonologique, profonde, négligence,
lettre à lettre)
 Erreurs de régularisation
 Erreurs de lexicalisation

Qu’est-ce que le langage?

 Utilisation de la combinaison de sons à des fins de communication (expression et


réception) (comprend aussi la communication non verbale)
 Cette utilisation est gérée par des règles qui, lorsqu’ appliquées à d’autres modalités,
permettent une communication équivalente à travers des gestes, sensations tactiles,
images…

Neurobiologie du langage

Substrats neuronaux du langage - Le modèle de Wernicke-Geschwind

 Modèle formulé par Geschwind (1970) en se basant sur les observations de Broca et
Wernicke (1er modèle)
 Utile pour comprendre la conséquence de lésions sur le fonctionnement.
 Toutefois une sursimplification et les aires de Broca et Wernicke contiennent plusieurs
régions fonctionnellement distinctes.
 Ne peut expliquer certaines présentations cliniques.
o E.g. Patients capables de répéter des mots sans les comprendre


o Le faisceau arqué est un réseau de fibres qui transfert les sons

Aire de Broca - subdivisions fonctionnelles

 L’aire de Broca n’est pas une région fonctionnellement homogène (elle est beaucoup
plus complexe que ce qu’elle a été identifié)
 Des études utilisant la stimulation magnétique transcrânienne indiquent que la partie
antérieure (aire de Brodmann 45) semble impliquée dans le traitement sémantique
(signification) des mots et la partie postérieure (aire 44) dans le traitement
phonologique (sons).


o Portion verte de l’aire de Brodmann : cortex moteur
o Le cortex prémoteur est aussi impliqué dans la compréhension du langage

Aire de Wernicke - subdivisions fonctionnelles


 L’aire de Wernicke présente aussi un fonctionnement plus complexe qu’initialement
décrit et la compréhension/production du langage implique de nombreuses structures
temporo-pariétales en plus de l’aire de Wernicke.
 Pour ces raisons, plusieurs auteurs suggèrent d’abandonner l’utilisation des termes
génériques “aire de Broca” et “aire de Wernicke” en recherche (Tremblay et al., 2016)
(en vrai, ça ne correspond pas au cortex moteur du langage comme on le disait avant)


o Aire verte postérieure : siège de la mémoire sémantique

Substrats neuronaux du langage - Le modèle à deux voies

 Raffinement du modèle de Wernicke-Geschwind en introduisant une deuxième voie


(Fedorenko et al., 2014).
 La voie dorsale transforme l’information sous forme phonologique (sons, syllabes,
répétition de mots).
 La voie ventrale traite l’information sous forme sémantique (signification).
 Permet d’expliquer certaines observations cliniques
o Patients qui peuvent lire, mais ne comprennent pas (utilisation de la voie
dorsale)
o Patients qui comprennent les mots, mais ne peuvent pas les articuler. (utilisation
de la voie ventrale)


o Les flèches ici sont bilatérales dans l’aire frontale et motrice dû au rôle dans la
compréhension
Spécialisation hémisphérique et langage - Révision

 Chez ~96% des droitiers francs et ~73% des gauchers francs, l’hémisphère dominant est
le gauche (Knecth et al., Brain, 2000). ~90% de la population est droitière.
o Rappel l’hémisphère dominant supporte le langage.
 La mémoire épisodique verbale est également habituellement localisée dans
l’hémisphère dominant mais sa localisation peut varier.
 Étant donné le handicap important associé à un trouble du langage/mémoire épisodique
verbale, il est important de s’assurer quel hémisphère est dominant avant une
neurochirurgie (on peut le vérifier de plusieurs façons)

Contribution de l’hémisphère non-dominant au langage

 Les fonctions phonologique, syntaxique et lexicale du langage sont localisées dans


l’hémisphère dominant. C’est donc principalement les lésions gauches qui vont mener à
des troubles du langage
 L’hémisphère droit contribue néanmoins à plusieurs aspects du langage, dont la fonction
pragmatique du langage.
o Compréhension contextuelle du langage (humour, ironie, abstraction, etc.)
 Lésions à droite affectent davantage la compréhension et la clarté du discours.
https://aqnp.ca/documentation/developpemental/dysphasie/ 12

 Prosodie: Ajout de contexte et d’émotion par la manipulation des caractéristiques
acoustiques de la parole.
 Aprosodie: Difficulté à produire et/ou reconnaître la prosodie dans le langage, souvent
 due à une lésion de l’hémisphère non-dominant.

o
 Plusieurs sous-types : mais on va pas plus loin dans le cours

Évaluation de la spécialisation hémisphérique - Test de Wada (pour aller vérifier quel est
l’hémisphère dominant)

 Anesthésie d’un hémisphère par injection de barbiturique dans l’artère carotide


(anesthésie du cerveau)
 Sous anesthésie: Test de dénomination/mémorisation (langage) pour évaluer la
localisation du langage et de la mémoire épisodique verbale.
 Ces tests sont souvent effectués par un neuropsychologue.
 Limites: invasif, risques de complications, confusion/endormissement, courte durée pour
les tests (3-5 mins) (temps limité pour faire les tests)
o

Évaluation de la spécialisation hémisphérique - IRMf

 Permet d’identifier l’hémisphère dominant de façon moins invasive.


 Plusieurs tâches de mémoire/dénomination sont faites dans l'appareil d’IRMf et
convergence évaluée.
 Toutefois sensible à plusieurs facteurs (e.g. niveau de langage, motivation du patient,
utilisation de stratégies cognitives, présence de lésions/pathologie).
 Plus difficile d’évaluer la latéralisation de la mémoire épisodique.
 Un certain nombre de contrindications (métal (ex : peace maker), QI assez élevé pour les
tâches, capacité à rester immobile).


o Pourquoi l’hémisphère dominant semble à droite sur les images alors qu’il est à
gauche?
 Lecture à l’envers. Illustré selon la convention neurologique

Évaluation de la spécialisation hémisphérique du langage - Choisir technique

 Quand devrait-on choisir le Test de Wada ou l’IRM?


Évaluation clinique des troubles du langage

Évaluation clinique du langage - Autres professions (qui évalue?)

 L’évaluation du langage est nécessairement multidisciplinaire. En effet, plusieurs facteurs


confondants doivent être écartés avant de se prononcer de manière définitive
 Audiologiste/optométriste:
o Importants pour exclure contribution sensorielle aux difficultés du langage
oral/écrit (problèmes auditifs ou visuels)
 Ergothérapeute/psychomotricien:
o Évaluation/intervention sur les troubles des gestes moteurs impliqués dans
l’écriture
 Orthophoniste:
o Évaluation spécifique des différents processus sous-tendant le langage
(évaluation cognitive) dans le but de déterminer le plan de traitement ou
d’intervention orthophonique (acte réservé à l’ortho)
o Peut poser un diagnostic le trouble du langage
o Spécialistes de l’intervention pour (ré)éducation du langage
 Médecin/Neurologue:
o Identification de la nature des lésions cérébrales et examen clinique des troubles
du langage acquis.
o Exclusion ou considération d’autres troubles neurologiques ou médicaux
pouvant contribuer aux difficultés de langage.
 Psychologue:
o Évaluer/intervenir sur les impacts psychoaffectifs des difficultés de langage (ex :
le deuil de faire certaines choses)
Évaluation clinique du langage - Contribution du neuropsychologue

 L’évaluation neuropsychologique permet de poser un diagnostic différentiel non


seulement en évaluant les capacités langagières de la personne, mais en déterminant:
o son fonctionnement intellectuel,
o son rendement sur le plan des autres fonctions cognitives (attention, mémoire,
raisonnement, habiletés graphomotrices, habiletés visuo-perceptives, fonctions
exécutives, etc.) (est-ce que certains déficits pourraient contribuer aux difficultés
de langages?)
o son profil psychoaffectif
 Important de référer en orthophonie pour intervention éventuelle

Terminologie des déficits acquis et développementaux

Aphasies

Aphasie - Définition
 Trouble du langage apparent dans la parole et/ou l’écriture et/ou la lecture produit par
une lésion dans les aires spécialisées dans ces fonctions.
 Elle n’inclut donc pas les troubles du langage dus à:
o Une déficience intellectuelle
o Trouble attentionnel
o Perte de l’entrée sensorielle (vision ou audition)
o Paralysie ou incoordination motrice
o Anxiété ou autres facteurs psychologiques
 Ces difficultés peuvent toutefois être comorbides à l’aphasie et peuvent en compliquer
l’évaluation.
 La sévérité des déficits langagiers peut varier considérablement.

Aphasie - causes et prévalence

 Survient (assez fréquement) généralement après un accident vasculaire cérébral (AVC),


un traumatisme crânien ou une tumeur au cerveau touchant l’hémisphère dominant.
 Les aires du langage sont situées près de l'artère cérébrale moyenne, et donc très à
risque lors d’AVC.
 Plus fréquent chez les personnes âgées: 15 % des personnes de > 65 ans et 43% des
personnes de > 85 ans auront une aphasie après un premier AVC. (Engelter et al., 2006)


Neuropsychologie cognitive et aphasies

 Neuropsychologie traditionnelle
o Examen basé sur lésions et observations cliniques des symptômes (sémiologie)
o Tests peuvent être utilisés mais généralement pour préciser observations
cliniques.
o Permet une identification rapide de la nature/présence du syndrome aphasique
o Examen souvent effectué par médecin

o
 Neuropsychologie cognitive
o Évaluation basée sur une approche du traitement de l'information.
o Difficultés évaluées à l’aide de tests mesurant processus précis définis selon
modèles théoriques
o Permet une identification plus fine du dysfonctionnement et une intervention
spécifique pour les processus touchés
o Au Québec, évaluation souvent effectuée par orthophonistes

o
 Approche cognitive + traditionnelle = double lecture
o Les neuropsychologues doivent toutefois connaître les grands syndromes
aphasiques pour pouvoir 1) les identifier si présents et non diagnostiqués, 2)
prendre en compte l’impact des autres fonctions cognitives sur le langage et 3)
prendre en compte l’impact des atteintes de langage sur les autres fonctions
cognitives.

Les grands syndromes aphasiques

 Plusieurs classifications des syndromes aphasiques.


 Toutes sont imparfaites, mais la plus populaire est celle de Mazzocchi & Vignolo (1979),
qui classifient syndromes en fonction de la fluence, compréhension et capacité à répéter.
 Chaque syndrome est aussi accompagné d’autres particularités cliniques.

Examen clinique de l’aphasie - Fluence

 Réfère à la quantité et à la fluidité du discours (la production de la parole)


 L’aphasie peut mener à une production laborieuse du discours, qui est parfois marqué
par des particularités:
o Anomie (manque du mot) (impression du bout de la langue): pauses dans le
discours, compensées par circonlocutions (description du mot spécifique)
o Paraphasies phonémiques: le phonème attendu est substitué, omis, déplacé ou
répété [e.g. tabouret - > tature, table
o Paraphasies sémantiques: mot attendu remplacé par un autre ayant le même
sens (e.g. chaise pour fauteuil)
o Paraphasie verbale: remplacement de mots par autres sans proximité
phonémique ou sémantique identifiable (remplacer des mots sans liens)
o Néologisme: utilisation de mots inexistants
o Agrammatisme: Incapacité à produire énoncés grammaticalement corrects
(absence de déterminants, marqueurs de relation, verbe-sujet-complément). «
café … journal » (au lieu de j’ai bu mon café, et j’ai lu le journal).
 Dans les formes sévères, seuls des mots clés/sons peuvent sont utilisés pour s’exprimer
(fluence très affecté)
 Évaluée par l’analyse du discours et des tâches de dénomination d’objets (l’identifier)
 Comme c’est un examen, on ne passe pas de tests, mais on fait plus des observations
Examen clinique de l’aphasie - Compréhension et répétition

 Compréhension
o Capacité à comprendre le discours, à arranger les sons et les mots entendus
dans un tout cohérent.
o Dans les cas moins sévères, des difficultés peuvent être présentes seulement
pour les messages longs et complexes (ex : pas capable de suivre une consigne)
o Examinée en demandant à la personne d’identifier des objets décrits oralement
ou effectuer des actions sous commande verbale.
 Répétition
o Capacité à reproduire sons/phrases entendues.
o Examinée en demandant aux personnes de répéter des phrases
grammaticalement complexes (p. ex., pas de si, de et, ni de mais").

Les grands syndromes aphasiques

Les grands syndromes aphasiques - Aphasie de Broca

 Fluence
o Discours non-fluent, agrammatisme, anomie, paraphasies phonémiques.
o Élocution est lente et difficile, peut aller jusqu’au mutisme ou bien se limiter à
des stéréotypies de mots ou de phrases
 Compréhension
o Bien préservée mais rarement parfaite
o Altération possible au niveau des structures syntaxiques complexes
 Répétition
o La répétition est difficile mais meilleure que l’expression orale spontanée, la
dénomination est améliorée par l’ébauche orale
 Troubles associés et particularités
o Hémiplégie paralysie droite
o Apraxie bucco-faciale, apraxie idéomotrice bilatérale

Les grands syndromes aphasiques - Aphasie de Wernicke

 Fluence
o Fluence verbale est normale ou même exagérée. Aucun trouble articulatoire.
o Logorrhée, jargon, nombreuses paraphasies verbales et phonémiques
o Le patient ne peut exprimer ni sa pensée ni ses sentiments
 Compréhension
o Compréhension orale défectueuse voire nulle, même au niveau simple
o Parfois compréhension écrite > orale
 Répétition
o Répétition, désignation et dénomination sont mauvaises
 Troubles associés et particularités
o Anosognosie, hémianopsie
o Elle ne doit pas être confondue avec un état confusionnel ou psychotique, ou
une surdité

Les grands syndromes aphasiques - Aphasie globale

 Fluence
o Réduction quantitative et qualitative sévère du discours → mutisme; sémiologie
comparable à celle de l’aphasie de Broca dans sa forme la plus sévère
 Compréhension
o Sévèrement touchée, même au niveau simple; sémiologie comparable à celle de
l’aphasie de Wernicke
 Répétition
o Répétition, désignation et dénomination sont mauvaises
 Troubles associés et particularités
o Anosognosie; troubles praxiques importants; hémiplégie droite
o Succède généralement à une période de mutisme initial

Les grands syndromes aphasiques - Aphasie anomique

 Fluence
o Discours fluent ; Le manque isolé du mot entraînant des définitions par l’usage
de compensations; paraphasies sémantiques et visuo-sémantique.
 Compréhension
o Normale
 Répétition
o Normale
 Troubles associés et particularités
o Apraxie idéomotrice et idéatoire; agnosie visuelle

Les grands syndromes aphasiques - Aphasie de conduction

 Fluence
o Discours fluent; anomie; nombreuses paraphasies phonémiques et/ou
séquences d'approximations phonémiques
 Compréhension à
o Normale ou légèrement altérée
 Répétition
o Difficultés sévères de répétition
 Troubles associés et particularités
o Apraxie idéomotrice
o Peut survenir d’emblée ou succéder à une aphasie de Wernicke

Les grands syndromes aphasiques - Aphasies primaires progressives

 Perte graduelle des capacités langagières associée à une maladie neurodégénérative


(démence) (pas de lésion comme les autres)
 Initialement absence de trouble de mémoire ou autre trouble cognitif
 Variante sémantique:
o une difficulté à nommer les objets;
o une perte du sens des mots (ex. : Qu’est-ce qu’un crayon? À quoi sert un
crayon?);
o un discours fluent - la personne parle souvent sans arrêt, avec confiance bien
que son discours n’ait pas de sens.
 Variate non-fluente
o un discours télégraphique - sans mots de liaison, sans accords de verbes;
o une parole hésitante avec une articulation laborieuse comme si la personne
avait quelque chose dans la bouche;
o une préservation de la compréhension de mots et de phrases simples (par
opposition à la variante sémantique dans laquelle il y a une perte de sens des
mots).
 Variante logopénique
o une personne qui cherche ses mots fait des pauses;
o une difficulté à répéter des phrases longues.

Aphasies - Pronostic et réadaptation

 La récupération suite à une aphasie causée par un AVC varie selon de nombreux facteurs
(âge, sévérité, type d’aphasie/lésion, support social, état de santé général…).
 Dans certains cas la récupération sera rapide et complète et dans d’autres des difficultés
persisteront à long terme.
 Un modèle influent suggère que la chronicisation de l’aphasie résulterait d’une
latéralisation mésadaptée de l’activité corticale post-lésionnelle.
 Des preuves modérément robustes suggèrent que la stimulation transcrânienne peut
aider à la réadaptation pour activer l’hémisphère lésé (Lefaucheur et al., 2020)

 Il existe plusieurs approches thérapeutiques pour favoriser la réadaptation ou
l’adaptation:
o Orthophonie : Les orthophonistes élaborent des plans de traitement
individualisés pour les personnes atteintes d'aphasie.
o Thérapie basée sur l'ordinateur : Les programmes informatiques et les
applications peuvent compléter l'orthophonie traditionnelle.
o Thérapie de groupe : La thérapie de groupe offre un environnement de soutien
pour pratiquer les compétences de communication
o Musicothérapie : La thérapie mélodique d'intonation utilise le chant et le
tapotement rythmique pour améliorer la production de la parole.
o Formation des proches et des aidants : Inclure la famille et les aidants dans la
rééducation de l'aphasie peut aider à créer un environnement de
communication favorable.
o Communication alternative et augmentative : Des dispositifs peuvent être
utilisés pour compléter ou remplacer la parole chez les personnes atteintes
d'aphasie sévère.

Lecture et alexies

Modèle à deux voies de la lecture

 Selon ce modèle, deux voies peuvent être employées pour lire un mot.
 Voie lexicale: Mots connus, fréquents et familiers (représentations lexicales stockées);
rapide
 Voie non-lexicale: mots nouveaux ou non-mots (pas de représentations lexicales
stockées); lente
 Les deux voies sont activées simultanément, en parallèle.

Modèle à deux voies de la lecture - voie lexicale (adressage)

Modèle à deux voies de la lecture - voie non-lexicale (assemblage)


Modèle à deux voies de la lecture - Les types d’alexies

Alexies centrales - Alexie de surface

 Atteinte de la voie lexicale qui limite son utilisation.


 Souvent associée à l’aphasie de Wernicke.
 Utilisation principale de la voie phonologique.
 Erreurs de régularisation (un mot irrégulier est lu comme un mot régulier).


Alexies centrales - Alexie phonologique

 Atteinte de la voie non-lexicale qui limite son utilisation.


 Utilisation principale de la voie lexicale.
 Lecture relativement bien préservée mais difficulté à lire les non-mots.
 Erreurs de lexicalisation (un non-mot est lu comme un mot)

Alexies centrales - Alexie profonde

 Atteinte de la voie non-lexicale et atteinte partielle de la voie lexicale.


 Incapacité à lire des non-mots.
 Difficulté à lire des mots et nombreuses erreurs, surtout sémantiques
o Paraphasies sémantiques
o Paraphasies verbales
o Paraphasies morphologiques


Alexies périphériques - Alexie par négligence

 Toujours associée à une négligence spatiale unilatérale


 Erreurs de lecture liées à la position spatiale dans le mot (fréquemment à gauche).
 Ce déficit apparaît surtout lors de la lecture de textes (omission début/fin lignes)
 Ce tableau peut s’expliquer par une difficulté à traiter en parallèle les différentes lettres
d’un mot.

Alexies périphériques - Alexie lettre à lettre

 Incapacité à reconnaître un mot sans avoir au préalable épelé chacune de ses lettres
 Trouble d’origine perceptuelle: difficulté à percevoir et reconnaître les lettres ou les
groupements de lettres.
 Effet robuste de la longueur des mots sur la performance (mémoire de travail?)

Tableau résumé alexies

Cours 8 – Gnosies et praxies (en ligne – semaine du 19 avril)

Plan du cours

 Bases neuroanatomiques de la perception visuelle


 Agnosies
o Définition
o Évaluation
 Bases neuroanatomiques de la programmation d’actions
 Apraxies
o Définition
o Évaluation

Objectifs d’apprentissage

 Connaître les bases neuroanatomiques de la reconnaissance des objets.


 Connaître les principaux types d’agnosies, les lésions associées, leur explication selon le
modèle de Humphreys et Riddoch et comment les évaluer.
 Connaître les bases neuroanatomiques de la reconnaissance de la production d’action
intentionnelle.
 Connaître les principaux types d’apraxies, les lésions associées, leur explication selon le
modèle de Heilman & Rothi et comment les évaluer.

Concepts clés

 Perception
 Voie ventrale - régions et fonction
 Voie dorsale - régions et fonction
 Traitement des caractéristiques élémentaires (précoce)
 Description 2D ½ (traitement intermédiaire)
 Description 3d (traitement tardif)
 Représentations structurales stockées
 Système sémantique
 Cécité corticale (hémianopsie, quadranopsie, scotome)
 Akinétopsie
 Achromatopsie
 Agnosies associatives
 Agnosies aperceptives
 Prosopagnosie
 Effet composite des visages
 Agnosie de la forme
 Agnosie intégrative
 Agnosie de transformation
 Agnosie par dégradation des représentation structurales stockées
 Agnosie asémantique
 Modèle neuroanatomique de l’action de Heilman et Rothi
 Lexique sémantique d’action
 Programmes moteurs
 Latéralisation des formules du mouvement/programme moteur
 Apraxie
 Apraxie idéomotrice (variantes pariétale, déconnexion, calleuse)
 Apraxie idéatoire
 Apraxie motrice/mélokinétique
 Apraxie de l’habillage
 Apraxie constructive
 production/imitation de pantomimes transitifs/intransitifs
 Assimilation du corps à l’objet
 Action - Erreurs spatiales
 Action - Erreurs temporelles
 Action - Erreurs substitutions/manipulation des objets
 Action - Erreurs d'imprécision/dextérité
 Perception visuelle

Images illusions
La perception comme une inférence

 L’idée ici est que notre perception du monde n’est pas simplement un traitement passif
des stimuli (modèle du cerveau prédictif : plus récent; on serait toujours entrain de
comparer les stimulus du monde avec nos prédictions que l’on développe)


 La perception est une construction. Le cerveau “devine” sur la base de nos
connaissances/attentes (prédiction) et de l’entrée sensorielle (sensation).
 Ce processus permet un traitement beaucoup plus efficace de l’information sensorielle
(on prédit en fonction de ce qui était prédit ou non « erreur de prédiction »)
 Permet de pallier le manque de fidélité de l’entrée sensorielle, qui est:
o Instable
o Partielle
o Ambiguë
 La construction et le traitement des perceptions, qui permettent de reconnaître notre
environnement, sont décrits sous le terme de “gnosie”.
o Du grec “connaissance”, réfère à la reconnaissance d'un objet par l'intermédiaire
de l'un des sens.

Circuits de la perception et reconnaissance visuelle


 Deux principales voies de traitement de l’information visuelle.
 Voie dorsale (voie du “où”/where). Localisation visuelle des objets pour guider l’action
(s’en va vers les cortex moteurs)
 Voie ventrale (voie du “quoi”/what): Reconnaissance et identification des objets (parfois
séparée en deux voies) (s’en va vers les régions temporales qui s’occupent de la mémoire
sémantique (reconnaître les objets autour de nous)

Circuits de la perception et reconnaissance visuelle (version un peu plus simplifié)


 La construction du percept s’effectue par le traitement des caractéristiques visuelles par
des aires occipitales relativement spécialisées.
 V1 (aire visuelle primaire) et V2: extraction de l’information (le stimulus visuel)
 V3: Forme des objets (en mouvement)
 V4: Couleurs des formes
 V5: Mouvement (voie dorsale)

Modèle de l’identification visuelle de Humphreys et Riddoch (1987)

 Selon les modèles cognitifs de la reconnaissance des objets, un traitement hiérarchique


des stimuli visuels permet de créer un percept de plus en plus riche (étape perceptive)
(en jaune)
 Pour ensuite associer ce percept aux représentations stockées en mémoire pour les
identifier (étape mnésique) (en vert)


 Traitement des caractéristiques élémentaires (précoce): Extraction des composantes
élémentaires de l’image rétinienne (formes, bords, courbes, etc.) (pour avoir une forme
générale, une idée un peu grossière du stimulus)
 Description 2D ½ (intermédiaire): Début de l’assemblage (groupement, continuité). Ajout
de l’information spatiale (indices binoculaires (différence œil droit et œil gauche) de
profondeur) dépendante du point de vue (2D ½) (on est pas tout à fait en 2 dimensions,
mais pas en 3D non plus) (c’est comme si on voyait juste le devant d’une chose)
 Description 3D: Construction d’un modèle 3D indépendant du point de vue de
l’observateur.
 Représentations structurales stockées: Comparaison avec les représentations 3D en
mémoire (un peu comme la lecture ici comparaison du mot avec ce que l’on connait
déjà)
 Système sémantique: Activation de la représentation sémantique de l’objet (nom,
fonction, catégorie, etc.). Non spécifique à la modalité visuelle.

Catégorisation des troubles de l’identification visuelle en fonction du modèle de Humphreys et


Riddoch (1987)

 Les X représentent où se déroulerait les problèmes


o Problème avec traitement sensoriel : déficit sensoriel
o Problèmes avec les étapes de perception : agnosies aperceptives
o Problèmes avec les étapes de mémoire : agnosies associatives

Déficits sensoriels visuels

Déficits sensoriels visuels - Cécité corticale



 Cécité corticale : peut-être de l’hémianopsie (perte d’un hémichamp visuel),
quadranopsie (on perd une partie du quadrant) ou scotome (après un avc, trou dans le
champ visuel). Ce type de cécité n’est pas dû au système périphérique (rétine, œil), c’est
au niveau du cortex. Peut être complète si lésion très grande su lobe occipital

Déficits sensoriels visuels – Akinétopsie


 Très rare, parfois considérée comme une agnosie.
 Lésion dans les régions adjacentes à l’aire visuelle primaire, perte de la perception du
mouvement (mouvement saccadé), condition très rare, certains vont la considérer
comme une agnosie, mais ce n’est pas le cas.

Déficits sensoriels visuels - Achromatopsie



 Problème dans le traitement de la couleur, peut être génétique

Catégorisation des troubles de l’identification visuelle en fonction du modèle de Humphreys et


Riddoch (1987)

Agnosies visuelles - Définition et caractéristiques

Agnosie - Définition

 Perte liée à une atteinte cérébrale de la capacité à identifier les stimuli de


l’environnement à travers une modalité sensorielle donnée, en l’absence de trouble
sensoriel ou linguistique ou de détérioration intellectuelle (Rebai & Courtay, 2005)
(problème spécifique)
 Touche habituellement une modalité sensorielle spécifique:
o Agnosies visuelles
o Agnosies auditives
o Agnosies tactiles
 Leur apparition est généralement due à un dommage cérébral
o Accidents vasculaires cérébraux, traumatismes cranio-cérébraux, anoxies
cérébrales, pathologies dégénératives, encéphalites, tumeurs, …
 Les agnosies visuelles “pures” sont relativement rares (1-3% des patients neurologiques,
Heutnik et al., 2019); souvent reliés à d’autres problèmes de langages, de troubles
sensoriels…
 Lésion de la voie visuelle ventral

Agnosies visuelles

 La catégorisation clinique des agnosies est généralement effectuée en fonction des


étapes du traitement perceptif qui est atteint et des catégories de stimuli touchées.
 Il s’agit de classifications simplifiées/imparfaites. La présentation clinique est très
variable (rarement possible de tranché au couteau)
 Étapes de traitement (Classification classique de Lissauer, 1890)
o Perception - Agnosies aperceptives
o Mémoire/représentations structurelles - Agnosies associatives
 Catégories de stimuli (selon des caractéristiques spécifiques)
o Agnosie des objets
 Visages (prosopagnosie)
o Agnosie des couleurs
o Lecture (alexie pure)
o Agnosie des stimuli présentés simultanément (simultagnosie) (compétition entre
les stimuli visuels)

Agnosies aperceptives des objets

 Trouble de l’identification des objets dû à un déficit des processus perceptifs.


o Processus élémentaires (sensoriels) intacts.
o Processus de construction d’une représentation interne de l’objet altéré
 Les patient.e.s sont généralement conscient.e.s de l’origine visuelle de leur trouble et se
plaignent (objets flous ou déformés) (pas d’agnosognosie)
 Lésions diffuses ou dommage des lobes occipitaux postérieurs.
 Sous-types:
o Agnosie de la forme
o Agnosie intégrative
o Agnosie de transformation

Agnosies associatives des objets

 Les processus sensoriels et perceptifs sont intacts (donc les étapes en jaunes dans le
modèle)
 Déficit de l’association entre le produit de l’analyse visuelle (intacte) et la connaissance
stockée en mémoire des propriétés fonctionnelles et sémantiques de l’objet.
 Souvent, les patient.e.s ne sont pas conscient.e.s de leur trouble (anosognosie).
 Associées à des lésions occipito-temporales bilatérales (on va être plus vers la voie
dorsale)
 Peuvent être spécifiques à une catégorie d’objets:
o Visages (prosopagnosie) (agnosie spécifique au visage)
o Êtres vivants (reconnaissance préservée pour objets inanimés)
 Sous-types:
o Agnosie par dégradation des représentations structurelles stockées
o Agnosie sémantique
o Agnosie d’accès aux représentations sémantiques

Prosopagnosie

 Incapacité à reconnaître l’identité des visages.


 S’étend parfois à la perception des caractéristiques du visage (âge, genre, expression
faciale).
 Aucun trouble majeur (fonctions perceptives élémentaires, reconnaissance des objets,
intelligence, langage, mémoire)
 Connaissances sur la personne préservées (ex.: voix, couleur peau/cheveux, posture; ils
vont donc utiliser d’autres moyens pour les reconnaître)
 Il peut arriver que le/la patient.e ne soit plus en mesure de reconnaître son propre
visage.
 Lorsque acquise, due à des lésions touchant l’aire fusiforme des visages ou à des régions
connectées à celle-ci.
 Souvent développementale (pas nécessairement associé à une lésion spécifique)


 Types:
o Prosopagnosie congénitale (mauvais développement des processus) (naissance)
o Prosopagnosie acquise (dû à un dommage cérébral; AVC > TCC > hématome ou
encéphalite)
o Lésion unilatérale droite peut être suffisante, voire nécessaire (juste à gauche,
très rare et seulement rapportée chez gaucher.ère.s)
o Prosopagnosie progressive (d’origine neurodégénérative)
o Surtout dans la démence sémantique (dégénérescence du lobe temporal
antérieur droit)
o Souvent lié à une lésion de l’aire fusiforme des visages

Cas célèbre - L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau

 Dr. P, musicien accompli et enseignant de musique avec maladie dégénérative.


 Vision intacte.
 Bonne capacité à identifier les formes géométriques.
 Incapable de reconnaître les visages de ses étudiant.e.s ou membres de sa famille.
Difficulté à reconnaître aussi certains objets et distinguer les visages d’autres objets
inanimés. (agnosie semble pas juste relié au visage)
 Peu d’imagination visuelle ou d’imagerie visuelle.
 Parvient à bien identifier les personnes et les objets en utilisant d’autres modalités
sensorielles (ouïe, odorat, toucher).

Évaluation clinique des agnosies visuelles des objets

Motivation et étapes de l’évaluation clinique de l’agnosie visuelle

 Une évaluation détaillée des processus perceptifs permet de bien cerner la nature des
difficultés et favoriser une meilleure prise en charge.
 Étapes:
o 1. Objectiver un déficit d’identification d’objet en modalité visuelle (on doit avoir
des soupçons ou des doutes sur ça)
o 2. Éliminer les explications sensorielles (pour éliminer cécité corticale, problème
d’acuité visuel)
 Ophtalmologie, optométrie
o 3. Éliminer les autres explications cognitives
 Aphasie (problèmes langage), mémoire (sémantique), attention,
désorientation/confusion, non-familier.ère avec stimuli, faible
intelligence
o 4. Identifier la nature et l’étendue de l’agnosie en fonction du niveau de
traitement perceptif possible et des catégories de stimuli touchées

Évaluation suivant le modèle hiérarchique de Humphreys et Riddoch (1987)


 Utiliser observations cliniques ou tests neuropsychologiques pour confirmer l’intégrité
de chaque niveau de traitement avant de conclure à une atteinte de plus haut niveau.

Évaluation du traitement précoce

 Observations cliniques:
o Déficit visuel massif qui touche tous les types de stimuli (pas sensoriel)
o Comportement pouvant suggérer cécité, mais préservation de l’acuité visuelle,
de la perception de la luminosité, couleur et autres caractéristiques
élémentaires.
 Tests neuropsychologiques (exemples):
o

 Un déficit à cette étape de traitement correspond à une agnosie de la forme

Évaluation du traitement intermédiaire

 Observations cliniques:
o Difficulté à intégrer les détails des stimuli en un ensemble (la personne va avoir
de la difficulté à traiter de façon intégrée)
o Présentation clinique et sévérité variables (certain cas plus subtils)
 Tests neuropsychologiques (exemples):
o

 Un déficit à cette étape de traitement correspond à une agnosie d’intégration

Évaluation du traitement tardif

 Observations cliniques:
o Difficulté d’identification seulement pour objets vus sous un angle inhabituel
o Souvent atteinte de ce niveau est assez subtile, pas d’agnosie visuelle en
situation d’identification courant
 Tests neuropsychologiques (exemples):

o
 Un déficit à cette étape de traitement correspond à une agnosie de transformation

Évaluation des représentations structurales

 Observations cliniques:
o Difficulté à rappeler les caractéristiques visuelles des objets
o Imagerie mentale pauvre
 Tests neuropsychologiques (exemples):

o
 Un déficit à cette étape de traitement correspond à une agnosie par dégradation des (ou
accès aux) représentations structurales stockées
Évaluation des connaissances sémantiques

 Observations cliniques:
o Difficulté à identifier, décrire la fonction/nature des objets à partir de la modalité
visuelle (mais capable de faire les tâches perceptives)
 Tests neuropsychologiques (exemples):
o Important de distinguer un accès au système sémantique à partir de la modalité
visuelle (agnosie d’accès sémantique) d’une dégradation générale de la mémoire
sémantique (agnosie asémantique).
o Utiliser des tests pour la mémoire sématique

Prosopagnosie - Évaluation de la reconnaissance des visages

 Observations cliniques:
o Incapacité à reconnaître ses proches
o Reconnaissance dépend de caractéristiques particulières (cheveux, voix, etc.)
o S’informe du nom de son/sa thérapeute à chaque rencontre
o Souvent accompagnée d’une agnosie visuelle plus générale (mais dans certains
cas spécifiques aux visages)
 Tests neuropsychologiques (exemples):
o Vise à concrétiser:
 Déficit perception des visages
 Déficit mémorisation visages
 Déficit identification de visages célèbres

Praxies

Bases neuroanatomiques du mouvement

 Dans les carrés jaunes : les étapes de réalisation du mouvement


 Aires motrices associatives = aires prémotrices
 Rétroaction importante dans le mouvement

Bases neuroanatomiques de l’action



 VA: Aire visuelle primaire (lorsque l’on a des actions guidées par les indices visuels)
 VVA: Aires visuelles associatives
 W: ? (Aire de Wernicke) (Quand on a une action suite à une commande verbale)
 AG: Gyrus angulaire (pariétal postérieur)
 SMG: Gyrus supramarginal (pariétal antérieur)
 PM: Aire prémotrice/motrice supplémentaire
 M: Cortex moteur primaire

Modèle cognitif de l’action (basé sur Heilman & Rothi, 2012)

 Lexique sémantique d’action: Connaissance des actions motrices apprises et de leurs


objets et fonctions associés; bibliothèque mentale qui contient des informations sur
diverses actions, (e.g.manière d'utiliser un marteau pour enfoncer un clou; utiliser un
couteau) (supporté par cortex pariétal supérieur) (c’est comme un lexique de
vocabulaire, mais pour les actions)
 Formules de mouvement: Représentation abstraite d'une action spécifique qui peut être
utilisée pour planifier et exécuter le mouvement (envoyé aux aires motrices
supplémentaires)
 Programmes moteurs: Information spécifique sur les contractions musculaires et
activations nécessaires pour exécuter le mouvement planifié.
 Système corticospinal: Contrôle des muscles nécessaires pour exécuter le mouvement.


o Hémisphère gauche contrôle partie droite du corps et hémisphère droit contrôle
partie gauche du corps
 Entrée visuelle et la sémantique verbale ne sont pas obligé de passer par le lexique
sémantique de quelqu’un

Modèle cognitif de l’action (basé sur Heilman & Rothi, 2012)

Apraxie

 Praxie: Ensemble de mouvements coordonnés en fonction d'un but.


 Apraxie: Trouble acquis de l’exécution intentionnelle du comportement moteur (geste)
consécutif à une lésion cérébrale, qui ne peut être expliqué par une atteinte
motrice/sensorielle/intellectuelle.
 Toutefois, le terme apraxie est une catégorie large dans laquelle on inclut parfois des
troubles qui ne rencontrent pas la définition ci-haut (par contre, c’est vraiment un
trouble cognitif et non un trouble moteur)
 Différents systèmes de classification des types d’apraxies (tous imparfaits) visant à
identifier les principaux types d’atteintes.
 Trouble fréquent
o 50-80% des patient.e.s avec une lésion à gauche et devient chronique dans 40-
50% des cas
o Peut être présent dans plusieurs conditions:
 Accident cérébro-vasculaire, sclérose en plaques, traumatisme cranio-
cérébraux, tumeurs, maladie d’Alzheimer, Parkinson, Huntington,
démence à corps de Lewy, …

Dyspraxie - condition développementale



 On doit démêler la dyspraxie de l’apraxie. La dyspraxie est une condition
développementale. Elle est différente de l’apraxie parce qu’en plus d’avoir les aspects
moteurs de la maladie, c’est présent à la naissance et elle va être un peu plus générale et
va aussi toucher dans certains cas l’aspect visuospatial (peut mener à des troubles
logico-mathématiques). Peut apporter des troubles du langage (programmation
d’action)

Classification des apraxies (basée sur Heilman & Rothi (2012))

 Apraxie idéomotrice : associé à l’aspect sémantique de l’action

Apraxie idéatoire (conceptuelle)


 Lésion diffuse pariétale, généralement de l’hémisphère gauche. Commun dans maladies
neurodégénératives.
 Perte de la connaissance conceptuelle sur la fonction des objets et conceptualisation
altérée de séquences d’actions complexes
o Déficit dans la sélection/utilisation d’outils (ex : prendre un couteau au lieu
d’une cuillère)
o Déficit dans l’identification d’outils en utilisant leurs fonctions.
o Déficit dans la production des pantomimes (mimer une action) utilisant des
objets (erreurs sémantiques).
o Plus marqué lors des gestes complexes
 Imitation intacte (pour imiter quelqu’un, on n’a pas besoin de chercher la sémantique ou
de comprendre ce que la personne fait ni la fonction des objets)
 Parfois une distinction est faite entre utilisation des objets (apraxie conceptuelle) et la
planification des étapes (apraxie idéatoire) (pour les besoins du cours, on les met tous
dans la même catégorie)

Apraxie idéomotrice - variante pariétale

 Apraxie la plus commune et considérée comme “classique”


 Lésion pariétale gauche causant des déficits bilatéraux.
 Atteintes touchant les formules de mouvement.
o Déficit de l’imitation/pantomimes sur commande (il peut décrire comment
utiliser les objets, mais vont avoir de la difficulté à générer les mouvements
spécifiques pour l’utiliser)
o Déficit des mouvements sur commande
o Déficit de la reconnaissance des gestes
 Erreurs spatiales et temporelles dans la production de mouvements; préservation du
plan général d’action.
 Gestes spontanés et utilisant des objets communs peuvent être préservés en fonction de
la sévérité.

Apraxie idéomotrice - variante par déconnexion

 Lésion causant une déconnexion entre la région pariétale gauche (intacte) et les aires
frontales ou atteintes frontales.
 Peut être unilatérale si lésion frontale droite.
 Atteintes touchant les programmes moteurs (formule de mouvement intacte)
o Déficit de l’imitation
o Déficit des mouvements sur commande
 Portrait similaire à variante pariétale, mais reconnaissance des gestes intacte.
Apraxie idéomotrice - variante calleuse

 Lésion du corps calleux empêchant la transmission des programmes moteurs vers


l’hémisphère non-dominant (généralement droit).
 Atteinte unilatérale (généralement à gauche)
 Déficits similaires à idéomotrice par déconnexion, mais toujours unilatéraux.
 Dans de rares cas, peut causer un “syndrome de la main étrangère” (la personne a
l’impression de ne plus contrôler une partie de son corps)

Apraxie motrice/mélokinétique

 Sort un peu de l’aspect cognitif, on est plus dans le système cortico-spinal (périphérie)
 Incapacité à réaliser des mouvements rapides, alternatifs ou en série (p.ex. pianoter),
accompagnée d’une perte de dextérité, souvent dans les doigts (voie motrice
descendente)
 Associée à une lésion de la région sensorimotrice.
 Pas une apraxie selon la définition traditionnelle, mais souvent considérée comme telle.
 Présente peu importe la nature du geste et la modalité d’entrée.
 Pratiquement toujours unilatérale et permanente.

Résumé des grands types d’apraxies

“Apraxies” spécifiques

 Certains déficits des habiletés motrices dépendantes du traitement visuo-spatial sont


parfois nommés apraxies:
o Souvent associés à une lésion pariéto-occipitale droite.
o Apraxie de l’habillage:
 Difficultés à manipuler les pièces de l’habillage
 Difficulté à agencer, orienter, disposer les vêtements
 Lenteur et hésitation dans les formes plus légères
 Incapacité à s’habiller dans les formes plus sévères
o Apraxie constructive:
 Perturbation des activités graphiques (dessin ou écriture) ou de la
construction de motifs en 2D ou 3D avec des cubes, des bâtonnets ou
des pièces à assembler (casse-têtes)
 Plusieurs autres apraxies spécifiques:
o Apraxie buccofaciale, apraxie oculomotrice, …

Évaluation clinique des apraxies

Évaluation clinique de l’apraxie - Éliminer hypothèses alternatives

 Examen neurologique détaillé nécessaire pour exclure déficits moteurs


o Exclure: Faiblesse musculaire, hémiparésie, spasticité
 Examen neurologique/neuropsychologique détaillé nécessaire pour exclure déficits
sensoriels et perceptifs
o Héminégligence, agnosie visuelle ou spatiale, trouble du schéma corporel
(asomatognosie)
 Évaluation neuropsychologique approfondie pour exclure les déficits cognitifs
o ? fonctions éxécutives (inhibition), attention, mémoire sémantique…

Évaluation clinique de l’apraxie - Généralités

 Les apraxies sont repérées la plupart du temps seulement si elles sont recherchées
systématiquement (les gens ne vont pas se plaindre…)
o Choix des tests en fonction du type d’apraxie recherché
o Analyse des erreurs dans les différentes tâches
 Peut être utile d’évaluer déficits dans contexte plus écologique (le contexte du
quotidien)
o Collaboration avec ergothérapeutes

Évaluation de l’apraxie idéomotrice

 Reconnaissance des pantomimes:


o Associer dessin d’un pantomime à un objet (ex : qu’est-ce que la personne fait,
quel objet doit-elle utiliser)
o Tâches de décision gestuelle (geste connu ou non)
o Identifier actions mimées par clinicien.ne
 Production de pantomimes sur commande verbale ou visuelle
o Actions transitives: Se brosser les cheveux, utiliser un marteau, un tournevis, …
(objet)
o Actions intransitives: Saluer, demander à quelqu’un d’arrêter, “faire du pouce”, …
(sans objet)
 Production et imitation de gestes avec et sans signification
 Évaluation des deux membres (pour voir si uni ou bilatéral…)

Évaluation de l’apraxie idéomotrice

 Types d’erreurs
o Présentes lors de l’imitation et de la production sur commande
o Erreurs spatiales: amplitude du geste, relation entre les segments corporels
(doigt, main, bras)
o Erreurs temporelles: gestes trop rapides ou trop lents
o Assimilation du corps à l’objet (p.ex. planter un clou avec un marteau et utiliser
sa main comme marteau)
o Mouvements hésitants et saccadés
 Autres observations:
o Meilleure performance avec gestes intransitifs et utilisation d’objets
o But et signification de l’action sont préservés
o Connaissance sur la fonction des objets est préservée

Évaluation de l’apraxie idéatoire

 Connaissances sur les objets et les actions:


o Objets: À quoi sert cet objet?
o Épreuve de reconnaissance du bon geste
o Actions: Quelle est la bonne façon d’utiliser cet objet? Parmi ces outils, lequel
permet d’effectuer (une action donnée)?
o Les séquences d’actions: Comment faire une omelette, envoyer une lettre?
(mettre dans l’ordre des images…)
 Production d'actions avec objets
o Réalisation de tâches avec objets distracteurs (ex : faire cuire un œuf)
o Réalisation de tâches séquentielles (préparer un café avec une cafetière,
téléphoner, expédier une lettre, …)
 Types d’erreurs
o Perplexité face aux objets présentés, aux actions demandées (incertitude de
quoi utiliser)
o Substitutions entre objets: réalisation du schéma d’actions, mais un ou plusieurs
objets remplacés par un autre
o Substitutions entre actions: réalisation avec le bon objet, mais l’action n’est pas
celle exigée
o Erreurs de séquence
o Erreurs de manipulation des objets (ex.: tenir un crayon à l’envers pour écrire)
o Maladresse dans l’exécution : Le/la patient.e parvient à réaliser l’action avec
l’objet, mais de façon inefficace
 Autres observations:
o Imitation des actions est correcte
o Reconnaissance des gestes intransitifs est correcte

Évaluation de l’apraxie motrice/mélokinétique

 Production de mouvements avec les doigts


o “Pianoter”
o Tourner pièce monnaie dans la main
o Tâches standardisées pour évaluer la latéralisation des déficits:
 Planche de Purdue (Tiffin, 1948)
 Types d’erreurs:
o Imprécision, maladresse et manque de dextérité.
o Connaissance des objets, imitation et production de pantomimes intactes
Évaluation de l’apraxie constructive

 Copie de figures complexes ou simples


 Construction de modèles (p.ex assembler des blocs)
 Évaluation qualitative: écriture, dessins, bricolage, intérêt pour construction…
 Gestes caractéristiques:
o Patient.e tourne et retourne dans tous les sens le matériel à organiser (ex.
Cubes) de façon inefficace
o Perçoit une différence entre le modèle et leur production, insatisfait.e.s (≠
trouble perceptif)
o Conscient.e.s de leurs erreurs, essais-erreurs: productions fluctuantes

 figure de Rey

Cours 10 - Intervention en neuropsychologie clinique et avenir de la discipline (26 avril)

 Fondements de l’intervention en neuropsychologie


o Établir objectifs d’intervention
o Choisir un type d’intervention
 Survol et exemples de stratégies d’intervention
o Intervenir sur le déficit
o Intervenir sur l’incapacité
o Intervenir sur le handicap

Objectifs d’apprentissage

 Comprendre les fondements de l’intervention en neuropsychologie clinique, notamment


en ce qui a trait aux objectifs des interventions et au choix des types d’interventions.
 Connaître et distinguer les principaux types d’interventions selon leurs objectifs de
restauration, de compensation ou d’adaptation et pouvoir les évaluer de façon critique.

Concepts clés

 Réadaptation
 Remédiation
 Restauration
 Compensation
 Mesures d'adaptation
 Évaluation compréhensive
 Objectif général intervention
 Modèle social
 Modèle médical
 Déficit
 Incapcité
 Handicap
 Approche goal-setting
 Traitements basés sur données probantes
 Études de classe I, II, III
 Coût-bénéfice des traitements
 Plan de traitement
 Entraînement cognitif
 Problème de la généralisation
 Stimulation transcrânienne
 Neurofeedback
 Habitudes de vie
 Stratégies compensatoires
 Stratégies métacognitives
 Stratégies externes et aides techniques
 Adaptation du milieu scolaire/professionnel
 Approches holistiques
 Psychothérapie en neuropsychologie

Fondements de l’intervention en neuropsychologie (qui est de plus en plus fréquente)

Survol historique de la pratique de l’intervention neuropsychologique


 1ère guerre mondiale


o Augmentation des survivant.e.s de blessures à la tête. Développement de
thérapies pour langage, lecture et écriture (Kurt Goldstein).
 2ème guerre mondiale - Alexandre Luria (1902-1977)
o Augmentation drastique des survivant.e.s de blessures à la tête (50% -> 5%).
Début des prises en charge multidisciplinaires de traumatisés cranio-cérébraux
dans hôpitaux militaires (on doit trouver des façons de les traiter, de trouver des
façons de les aider dans leur vie post guerre)
 Oliver Zangwill (1913-1987)
o Pionnier de l’intervention en neuropsychologie (vise pas à rétablir le
fonctionnement cognitif, mais à apprendre à vivre avec)
o Propose différentes approches d’intervention:
 Compensation
 Substitution
 Ré-entraînement
 Approches basées sur les données probantes
o Qu’est-ce qui fonctionne et pour qui? (basé l’intervention sur les données de la
littérature scientifique)
 Approches biopsychosociales
o Cognition, émotion, comportement et contexte sont inter-reliées et difficiles à
séparer.
 Nouvelles technologies
o Neurofeedback, neurostimulation,... Efficaces ?

Pratique de l’intervention en neuropsychologie clinique

 Rabin et al., 2016; sondage de 512 neuropsychologues américain.e.s (portrait


probablement similaire au Québec)

 On commence à voir de plus en plus d’intervention et ça se développe de plus en plus à
chaque année.

Terminologie

 Réadaptation: Processus interactif dans lequel une personne travaille de concert avec
l’équipe traitante pour atteindre un bien-être physique, psychologique, social et
vocationnel (McLellan, 1991).
 Remédiation: Intervention visant à optimiser le fonctionnement cognitif par le biais
d'exercices, stratégies et adaptations. (AQNP, aqnp.ca) (plusieurs façons possibles)
 Restauration: Intervention visant à ramener le fonctionnement cognitif au niveau
antérieur.
 Compensation: Intervention visant à développer stratégies ou techniques permettant de
contourner ou minimiser les impacts du déficit sur le fonctionnement.
 Mesures d’adaptation: Mesures visant à ajuster les demandes environnementales en
fonction du déficit.

La démarche en neuropsychologie clinique


 Portion évaluation du diagramme : vu dans le cours 2
 Portion intervention du diagramme : aujourd’hui

L’évaluation comme base de l’intervention

→Évaluer en pensant aux objectifs et modalités potentielles de traitement

 L’évaluation dans une visée d’intervention se doit d’être compréhensive.


o Expliquer précisément l’origine des difficultés vécues. Favoriser les mesures
écologiques.
o Niveau de base pour mesurer le progrès.
o Identifier les fonctions cognitives préservées et les capacités cognitives
générales qui pourront être utilisées lors de l’intervention (si déficit cognitif
général, c’est beaucoup plus difficile)
o Évaluer les obstacles et facteurs contributoires dans les sphères bio, psycho et
sociales.
o Identifier le contexte et les ressources disponibles (support, temps)
o Établir les aspirations éducationnelles, fonctionnelles et professionnelles
(comment on peut aider la personne à en arriver là)


Outils standardisés pour évaluation globale du fonctionnement

Remise des résultats d’évaluation dans une perspective d’intervention

 Expliquer la compréhension clinique en donnant des exemples spécifiques et liés au


fonctionnement quotidien
 Impliquer les membres de la famille si possible/pertinent
 Psychoéducation sur la problématique et sur les effets escomptés d’un traitement
potentiel.
 Évaluer le niveau de compréhension et le niveau d’acceptation des conclusions de
l’évaluation, et la motivation à participer à une intervention (si la personne n’a pas de
motivation, c’est pas vraiment pertinent de faire une thérapie)
 Débuter la formulation coopérative des objectifs de l’intervention.

La trousse Cerveau - Cellard et collaborateurs


Établir les objectifs de l’intervention

Objectif général de l’intervention en neuropsychologie

 En neuropsychologie (et en réadaptation), les conditions sont souvent chroniques et les


troubles seront présents de façon permanente sous une forme plus ou moins sévère
(ex : tcc, trouble neurodégénératif)
 L’objectif général de l’intervention en neuropsychologie est l’amélioration du bien-être et
de la qualité de vie de la personne traitée.
 L’amélioration de la qualité de vie ne passe pas nécessairement par une intervention
directe sur le fonctionnement cognitif.
 L’objectif final de l'intervention n’est pas le déficit cognitif en tant que tel, mais le
handicap qui en résulte dans la vie quotidienne.

Modèles social et médical de l’intervention

 Modèle médical: Diagnostic précis et traitement pour guérir déficits spécifiques à


l’individu.
 Modèle social: Modification de l’environnement afin de le rendre inclusif aux personnes
avec des incapacités (c’est plutôt comment on peut inclure la personne dans la société
avec ses incapacités)
 Les objectifs de l'intervention devraient combiner autant que possible des éléments du
modèle médical et du modèle social.

Modèle de développement humain – Processus de production du handicap (MDH-PPH)

 Le handicap est l’inverse de la participation


 Plusieurs facteurs contribuent au handicap.
 Le MDH-PPH montre que la réalisation des habitudes de vie peut être influencée par le
renforcement des capacités ou la compensation des incapacités par la réadaptation et
des aides techniques, mais également par la réduction des obstacles dans
l’environnement.
 La conceptualisation est mutuellement exclusive de ce qui appartient à la personne, à
l’environnement et aux situations de vie.

Niveaux d’intervention possibles: Déficit - Incapacité - Handicap

 Déficit
o Dysfonctionnement ou altération du fonctionnement cognitif ou psychologique
(soit lié à un score standardisé ou une altération spécifique)
 Incapacité
o Conséquences du déficit dans des tâches ou activités spécifiques.
 Handicap
o Difficultés d’adaptation personnelles, sociales ou professionnelles liées aux
incapacités.
 Des interventions sont possibles à chaque niveau de façon directe
(remédiation/compensation/adaptation) ou indirecte (habitudes de vie et facteurs
environnementaux).

Objectifs spécifiques d’une intervention en neuropsychologie

 Les objectifs de l’intervention doivent être fixés en partenariat direct avec la personne et
ses proches.
 Pluralité des buts (peut en avoir plusieurs, dépend du cas)
 Approche du “goal-setting”
o Buts mesurables (SMART: spécifique (précis et évaluable), mesurable,
atteignable, réaliste et temporel)
o Buts réalistes
o Buts personnalisés
o Buts correspondant à la conceptualisation clinique
o Mesurer le progrès (en fonction du niveau de base) et reformuler régulièrement
 Négociation pour conflits possibles:
o Attentes irréalistes
o Troubles ciblés ne correspondent pas à la compréhension clinique (bio-psycho-
social, agir sur ce qui est le plus urgent)
o Absence de motivation ou de reconnaissance des troubles

Choisir un type d’intervention et définir un plan de traitement

Stratégies possibles lors de l’intervention neuropsychologique

 Déficit
o Dysfonctionnement ou altération du fonctionnement cognitif ou psychologique.
o Rétablissement de la fonction (restauration)
 Incapacité
o Conséquences du déficit dans des tâches ou activités spécifiques
o Stratégies cognitives et aides techniques (contourner le déficit)
 Handicap
o Difficultés d’adaptation personnelles, sociales ou professionnelles liées aux
incapacités.
o Aménagement des conditions de l'exercice de la fonction
 Ces stratégies ne sont pas mutuellement exclusives et peuvent être utilisées en parallèle
(ex : remédiation cognitive et aménagement d’environnement)

Choix de la stratégie d’intervention

 Le choix de la stratégie d’intervention dépend de plusieurs facteurs, dont:


o La compréhension clinique
o La sévérité et étendue du déficit
o Le contexte biopsychosocial
o Les ressources financières, sociales et physiques de la personne
o Les objectifs personnalisés de la personne
o L’efficacité et la nature des interventions précédentes
o La disponibilité de traitements basés sur des données probantes pour la
problématique.
o La faisabilité et le coût-bénéfice des traitements disponibles

Traitements basés sur des données probantes

 Comment décider si un traitement est efficace?


 L’approche des traitements basés sur les données probantes (evidence-based medicine)
implique une utilisation judicieuse et explicite de la littérature scientifique, de
l'expérience clinique et des préférences des patient.e.s pour aider la décision clinique.
 Toutes les études scientifiques ne sont pas de qualité équivalente. La publication d’une
étude n’est pas un gage de qualité ou de validité.
 On peut classer la qualité des données probantes selon leur qualité pour formuler des
recommandations cliniques.


o Contient à la fois les données scientifiques, l’expérience et l’expertise.
 La connaissance acquise à travers la pratique clinique est un mélange de vérités, de
demi-vérités et de mythes
o Paul Meehl

Classement de la qualité des études

 Selon le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs


 Ce que l’on veut le plus possible : Classe 1
 Classe 3 : on doit être un peu plus critique avec ces études là
La quantité et la qualité des études guident la pratique clinique

 Le standard de pratique : généralement ce que l’on devrait faire

Coût-bénéfice des traitements

 Les interventions sont prodiguées dans des contextes où les ressources sont
généralement limitées
o Système public - ressources collectives
o Pratique privée - ressources individuelles
 Les coûts associés aux traitements disponibles (durée, personnes impliquées, types
d’intervention, utilisation de nouvelles technologies) doivent être considérés et
comparés aux résultats escomptés (taille d’effet).
 Unité de mesure: année de vie pondérée par la qualité (Quality-adjusted life year) (en
générale, le système est prêt à investir 100 000$)
 Niveau d’analyse:
o Système
o Individu

 Plus la taille d’effet est grande, meilleure est l’amélioration

Développer un plan de traitement


 Un élément clé d’une bonne pratique clinique est de rendre les actions explicites.
 Permet de planifier les étapes et les objectifs et d’évaluer le progrès.
 Utiles pour:
o Le/la neuropsychologue
o Les autres intervenant.e.s
o Le/la patient.e
 Développer un plan de traitement individuel est une bonne façon de rendre les étapes
du traitement explicites.

Survol et exemples de stratégies d’intervention

Intervenir sur le déficit: rétablissement de la fonction

 Déficit
o Dysfonctionnement ou altération du fonctionnement cognitif ou psychologique.
o Entraînement cognitif
o Stimulation transcrânienne
o Neurofeedback
o Habitudes de vie
 Incapacité
o Conséquences du déficit dans des tâches ou activités spécifiques.
o Stratégies métacognitives
o Stratégies externes et aides techniques
 Handicap
o Difficultés d’adaptation personnelles, sociales ou professionnelles liées aux
incapacités.
o Aménagement de l’environnement

L’entraînement cognitif

 Tâches répétitives et structurées effectuées dans le but d’améliorer des habiletés


cognitives spécifiques.
 Plusieurs protocoles d’entraînement ont été développés, principalement pour
l’entraînement de l’attention et la mémoire (Cicerone, 2011).

L’entraînement cognitif - Le problème de la généralisation

 Même si l’entraînement cognitif mène à une amélioration de la performance aux tâches


pratiquées, la généralisation au fonctionnement écologique est souvent limitée (taille
d’effet très faible)

L’entraînement cognitif dans la population générale

 Étude massive avec 11 430 participant.e.s effectuant un entraînement cognitif.


o Groupe 1: entraînement au raisonnement fluide
o Groupe 2: entraînement cognitif général (attention, mémoire, visuospatial)
o Groupe contrôle: doivent faire des recherches en ligne pour répondre à des
questions.
 Les résultats montrent une amélioration modeste aux tâches entraînées, mais pas de
généralisation.

Entraînement cognitif – Recommandations (ce qu’on en retient)

 Résultats de recherches de haute qualité (classe I) montrent souvent bénéfices mineurs


de l’entraînement cognitif et peu de généralisation écologique.
 Toutefois, davantage d’études sont nécessaires pour déterminer les facteurs qui
pourraient optimiser l’entraînement cognitif pour différentes populations:
o Fréquence, durée, contenu, type d’entraînement
 À l’heure actuelle, l’entraînement cognitif est considéré comme une option de
traitement dans certains contextes, mais son utilisation comme seule et unique modalité
de traitement est rarement recommandée et devrait plutôt être une composante d’un
traitement holistique (van Heugten , 2017).

Stimulation transcrânienne non invasive

 Stimulation magnétique transcrânienne: Stimulation du cerveau à l’aide d’un champ


magnétique focalisé.
 Stimulation transcrânienne à courant continu ou alternatif: Stimulation du cerveau à
l’aide d’un courant électrique continu ou alternatif. Courant continu change la
polarisation des neurones et alternatif peut causer un entraînement de l’activité
oscillatoire.
 Sécuritaire, faible coût et peu de contre-indications
 Est-ce que ces techniques pourraient permettre de stimuler l’activité cérébrale/plasticité
pour faciliter la récupération suite à un dommage cérébral?

Stimulation transcrânienne non invasive

 Pour l’instant, peu de démonstration robuste d’effets efficaces de ces techniques sur le
fonctionnement cognitif.
 Les effets, lorsque présents, tendent à ne pas se maintenir dans le temps (effet très
modestes, même faibles)
 Toutefois même si l’utilisation de ces techniques n’est pas actuellement recommandée,
certains résultats semblent prometteurs et méritent une investigation avec des études
de classe I.
 L’intérêt fondamental de la neuromodulation réside surtout dans la possibilité offerte
au/à la patient.e d’amplifier et/ou d’accélérer la rééducation cognitive ou fonctionnelle
en améliorant ses capacités d’apprentissage et de rétention.


Neurofeedback

 Neurofeedback classique
o Fonctionnement: Participant.e est entraîné.e à modifier volontairement son
activité cérébrale en utilisant une rétroaction. Cible une caractéristique
arbitraire du signal (e.g. rythme alpha en EEG) qui est jugée pertinente.
o Applications cliniques: Beaucoup de promesses de résultats dans plusieurs
domaines (TDAH, autisme, performance sportive, insomnie, etc.) par plusieurs
cliniques privées. Aucune application supportée par données empiriques
convaincantes (e.g. Cortese et al., 2016).
 Neurofeedback décodé
o Fonctionnement: Participant.e est entraîné.e à modifier volontairement son
activité cérébrale en utilisant une rétroaction pour reproduire un patron
d’activité correspondant à une représentation spécifique.
o Applications cliniques: Peuvent être utilisées pour exposer participant.e.s de
façon inconsciente à des stimuli phobiques (Taschereau-Dumouchel et al., 2018).
Aucune preuve d’efficacité clinique à ce jour.

Intervention sur les habitudes de vie

 Les déficits cognitifs sont souvent amplifiés par des habitudes de vie non optimales.
o Sommeil
o Exercice
o Consommation de drogue ou d’alcool
o Alimentation déficiente
o Peu d’activités cognitivement stimulantes/faible participation sociale
o …
 Intervenir de concert avec la personne pour changer les mauvaises habitudes de vie est
une intervention efficace pour réduire les déficits associés à un dommage cérébral (e.g.
Driver et al., 2017) (c’est un standard de pratique)

Stratégies compensatoires

 L’efficacité limitée des interventions visant directement le déficit a mené au


développement de plusieurs interventions visant à réduire l’impact du déficit sur le
fonctionnement (compensation).
 Dans plusieurs cas, ces interventions ont été démontrées comme étant efficaces et sont
recommandées comme intervention standard (Paquette et al., 2009; Seron et al., 2016)
 Stratégies métacognitives: Stratégies compensatoires permettant d’utiliser les fonctions
cognitives préservées pour limiter l’impact du déficit sur le fonctionnement.
 Stratégies externes et aides techniques: Utilisation de la technologie et de matériel pour
limiter l’impact du déficit sur le fonctionnement.
Stratégies métacognitives - Exemple de la mémoire

 La méthode de Kaschel vise à amener la personne à générer rapidement des images


mentales pouvant être utilisées pour le rappel d’informations lues ou pour se souvenir
d’effectuer des actions plus tard.
 Pallier déficit en mémoire épisodique verbale par l’utilisation de la mémoire épisodique
visuelle.
 Après un entraînement à la génération rapide d’image mentale, la personne est
entraînée à généraliser cette stratégie aux situations de la vie quotidienne qui nécessite
la mémorisation d’information (semble être appuyer par les données)

Stratégies métacognitives -Programme de Gestion des buts pour problèmes exécutifs

 Programme d’entraînement standardisé d’environ 20 heures, incluant psychoéducation,


exemples, exercices et devoirs (bon pour le fonctionnement exécutifs et les problèmes
d’inhnibition)
 L’objectif est d’éduquer les personnes à être conscientes de leurs difficultés, de s’auto-
observer et d’utiliser une stratégie de contrôle et vérification de leurs actions.
 Plusieurs méta-analyses suggèrent que l’intervention est efficace avec plusieurs
populations cliniques (TCC, TDAH, etc; Stamenova et al., 2019).

Stratégies externes et aides techniques

 Plusieurs outils peuvent être utilisés pour compenser les déficits cognitifs (tablette,
alarme, téléphone avec numéro automatique)
 La pertinence et la faisabilité de l’utilisation de différents outils dépend du contexte
clinique.
 Le/la neuropsychologue doit supporter la mise en place de ces outils, évaluer leur
efficacité et identifier les barrières à leur utilisation.

Modèle de développement humain – Processus de production du handicap (MDH-PPH)

 Le MDH-PPH montre que la réalisation des habitudes de vie peut être influencée par le
renforcement des capacités ou la compensation des incapacités par la réadaptation et
des aides techniques, mais également par la réduction des obstacles dans
l’environnement.

Adaptation du milieu scolaire/professionnel


 Identifier et mettre en place des adaptations permettant à la personne d’atteindre les
buts de formation/productivité en collaboration avec les milieux de travail (peut
dépendre de l’ouverture du milieu) ou scolaire.
 Exemples dans milieu de travail:
o Diminution de la charge de travail
o Changement de rôle
o Réorganisation de l'horaire de travail pour limiter la fatigue cognitive
o Processus de supervision par un pair mentor
o Lieu de travail adapté pour minimiser les distractions
 Exemples dans milieu scolaire:
o Diminution de la charge de travail
o Diminuer les sources de distractions (endroit calme et isolé pour travaux et
examens)
o Donner plus de temps pour les exercices et les examens
o Permettre l’utilisation d’aides techniques (enregistrements, ordinateurs)
o Fragmenter les tâches données en plusieurs étapes
o Alterner entre périodes d’efforts et avec moments de détente

Réorientation professionnelle

 Parfois, les difficultés cognitives sont trop importantes pour permettre une réintégration
dans le milieu de travail/scolaire.
 L’adaptation de l’environnement n’est donc pas suffisante pour réduire l’impact des
difficultés cognitives sur le fonctionnement.
 Le/la neuropsychologue peut alors contribuer, avec les autres professionnel.le.s
(conseiller.ère en orientation, ergothérapeute, etc.), à un processus de réorientation vers
une activité professionnelle qui convient à la personne.
 Plusieurs programmes gouvernementaux permettent aux personnes avec des
incapacités d’intégrer le marché du travail dans un poste compétitif ou non compétitif.

Intervention - Conclusion

 L’intervention en neuropsychologie est une activité dynamique qui s’adapte aux besoins
et objectifs variés des personnes avec un dommage/dysfonction cérébral.
 Plusieurs techniques et stratégies peuvent être utilisées pour intervenir sur les déficits,
incapacités, handicaps et les conséquences psychoaffectives de ceux-ci.
 Les interventions devraient être sélectionnées en fonction des besoins, objectifs et des
données probantes.
 Une intervention multidisciplinaire et systémique est généralement recommandée.

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