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La Société par Actions Simplifiée

SOMMAIRE :

Introduction générale

CHAPITRE I. LA SAS : une liberté contractuelle omniprésente

Section 1. La création de la SAS


Paragraphe 1. Les conditions de création de la SAS
Paragraphe 2. L’organisation de la SAS

Section 2. Le pacte d’actionnaires dans la SAS


Paragraphe 1. L’utilité du pacte d’actionnaires
Paragraphe 2. La rédaction du pacte d’actionnaires

CHAPITRE II. LA SAS DANS LES GROUPES DE SOCIÉTÉS

Section 1. Les modes d’utilisation de la SAS dans les groupes de sociétés


Paragraphe 1. La SAS : structure d’accueil de filiale commune
Paragraphe 2. La SAS : structure sociétaire pour une holding

Section 2. La SAS : une structure aménageant la dépendance dans les groupes


de sociétés
Paragraphe 1. Intérêt et limites de la SAS dans les groupes de sociétés
Paragraphe 2. La SAS : outil de gestion et de contrôle des groupes
de société

Conclusion générale

Bibliographie

2
La Société par Actions Simplifiée

ABRÉVIATIONS

PME Petite ou Moyenne Entreprise

OPA Offre Publique d’Achat ou d’Acquisition

OPE Offre Publique d’Échange

IS Impôt sur les sociétés

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La Société par Actions Simplifiée

INTRODUCTION
GÉNÉRALE

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La Société par Actions Simplifiée

« Sur un marché dynamique, ne pas se démarquer équivaut à être invisible »


Seth Godin, auteur et ancien cadre d’entreprise

1. Face à l’émergence de nouveaux acteurs (start-up1, multiplication des PME2 etc.) et l’évo-
lution du paysage économique marocain, le fait de se démarquer dans le marché des sociétés est
devenu une nécessité. C’est ce qui justifie la modification des règles de la société anonyme sim-
plifiée (ancienne dénomination), entre société anonyme et société à responsabilité limitée. Le
plus souvent utilisée pour des joint-ventures3 entre sociétés marocaines et étrangères, il faut re-
connaître que la société par actions simplifiée avait peiné à convaincre le plus grand nombre au
Maroc, face à l’omniprésence de la SARL (près de 780 000 sociétés sur un total de 830 000 so-
ciétés sont immatriculées dans le Royaume sous forme de SARL)4.
2. Nature de la SAS — La Société par Actions Simplifiée (SAS) est une forme juridique de
société qui a été introduite par la loi n° 19-20 complétant et modifiant les lois n° 5-96 sur la
SNC, la SCS, la SCA, la SARL et la SP ainsi que la loi n° 17-95 relative aux SA. La SAS est,
par définition simple, considérée comme une société commerciale par la forme, pouvant émettre
des actions ou tout autre type de valeurs mobilières, et dans laquelle la responsabilité des asso-
ciés est limitée au montant de leurs apports. Elle vient remplacer la Société Anonyme Simplifiée
(régie jusque là par la loi 17-95 relative aux SA) par des dispositions juridiquement plus souples
et plus adéquates à l’environnement d’investissement au Maroc tout en garantissant une respon-
sabilité limitée aux actionnaires.
3. Échelle historique international — En France, la SAS est la première forme nouvelle de
société par actions à avoir été créée depuis le code de commerce français de 1807 où l’on trou-
vait déjà la société anonyme « la vedette de l’époque »5 et la commandite par actions. Il s’agit
aussi de la première société commerciale à être apparue depuis l’institution de la société à res -
ponsabilité limitée en 1925. Dans ce domaine, si les réformes sont fréquentes, les véritables nou-
veautés sont exceptionnelles. La loi du 3 Janvier 1994 ayant instituée la société par actions sim-
plifiée a donc une portée historique à l’échelle du droit des sociétés en France6.

1 Est une jeune entreprise novatrice dans le secteur des nouvelles technologies, sur Internet.
2 « Petite ou Moyenne Entreprise » est une entreprise dont la taille, définie à partir du nombre d'employés, du bilan ou
du chiffre d'affaires, ne dépasse pas certaines limites ; les définitions de ces limites diffèrent selon les pays.
3 Càd une co-entreprise, également appelée une entreprise commune ou une entreprise en participation, est un accord
passé entre deux ou plusieurs entreprises qui acceptent de poursuivre ensemble un but précis pour une durée limitée.
4 https://uggcafrica.com/fr/la-societe-par-actions-simplifiee-au-maroc-enjeux-et-bilan-pres-de-deux-ans-apres-lentree-
en-vigueur-de-la-loi-n19-20/. Consulté le 10/11/2023 à 13:30
5 Càd une personne ou une chose dont on parle beaucoup, qui tient une place éminente.
6 PÉRIN Pierre-Louis et GERMAIN Michel, La société par actions simplifiée (études - formules), JOLY éditions,
6ème édition, 2016, P. 15

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La Société par Actions Simplifiée
4. Évolution au Maroc — Sous la pression des milieux d’affaires, le Maroc a adopté une
nouvelle forme de société de capital dénommée par la loi 17-95, dans ses articles 425 à 440, sous
le nom de « société anonyme simplifiée », en vue de créer ou de gérer une filiale commune ou
bien de créer une société qui deviendra leur mère commune. Elle constitue la 3ème forme de so-
ciété par actions à côté de la SA et de la SCA 7. La SAS avait été initialement imaginée comme
une forme simplifiée de la société anonyme, et, en dehors de dérogations spécifiques, était sou-
mise par défaut aux règles de la SA. La logique a évolué au cours de l’élaboration de la loi 19-20
qui a été mise à jour (en juin 2019) afin de mieux répondre aux besoins actuels des SAS au Ma-
roc. Cette dernière était généralement composée de plusieurs personnes physiques ou morales.
Elle a été une société, tout d’abord, réservée aux seuls actionnaires personnes morales, avec deux
actionnaires minimums, lesquels devaient posséder chacun un capital minimum de deux millions
de dirhams (2 000 000.00 DH) ou sa contrevaleur en devise. La nouvelle société a été dénommée
société par action simplifiée, afin de mieux marquer sa différence. C’est dans ce contexte que la
loi n°19-208, a supprimé la société anonyme simplifiée et instauré la « société par actions sim-
plifiée » largement inspirée de son homologue français.
5. Avantages — En effet, le nouveau régime de la SAS résout l’ensemble des contraintes de
l’ancienne société anonyme simplifiée : plus de capital social minimum, possibilité d’immatricu-
ler une société à associé unique (sans condition de capitalisation pour ledit associé), possibilité
de désigner des dirigeants personnes morales et totale liberté d’organisation de la gouvernance
de la société par les statuts. Parmi les avantages majeurs de la SAS :
‣ Protection contre les risques9 — lorsqu’une société se lance dans un programme d’inves-
tissement important, elle est stabilisée par une clause de l’inaliénabilité des actions pour une
durée n’excédant pas 10 ans ;
‣ La souplesse d’une administration peu complexe — la gestion de la SAS est beaucoup
plus simple et bien plus souple que celle de la SA. Le législateur marocain qui donne une en-
tière liberté aux actionnaires de celles-ci pour organiser ou administrer leurs sociétés dont
l’organisation et le fonctionnement sont régis par des statuts. Donc, les entreprises devaient
pouvoir adapter l’instrument juridique qu’est la société à leurs besoins et objectifs, d’où la
libre organisation de leur vie commune ;10
‣ L’autonomie ; puisque la SAS n’est pas une sous-catégorie de la SA ;11
‣ Une liberté statutaire — l’organisation de la SAS et sa gestion est laissées à la liberté
contractuelle. La loi laisse le soin aux statuts de définir les conditions dans lesquelles la socié-
té est dirigée12 ;

7 EL MERNISSI Mohamed, Traité marocain de droit des sociétés, Ed. LexisNexis, 2019, P. 859
8 Promulguée par le dahir n°1-21-75 du 14 juillet 2021
9 https://www.lecoindesentrepreneurs.fr/clause-inalienabilite/. Consulté le 10/11/2023 à 15:40
10 CONAC Pierre-Henri et URBAIN-PARLEANI Isabelle, La société par actions simplifiée, Ed. DALLOZ, 2019,
P.40
11 Le mémento de la SAS/SASU (les guides de gestion RF), Ed Groupe Revue Fiduciaire, 4ème édition, 2007, P.6
12 Le mémento de la SAS/SASU, op.cit, P 7

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La Société par Actions Simplifiée
‣ Une entité favorisant le développement des PME — la SAS constitue l’opportunité pour
les PME, elle donne une image moderne de l’entreprise ; elle est très liée à l’innovation 13 ;
‣ Une structure de groupe — la SAS se coule tout particulièrement dans le moule des socié-
tés de groupe. Elle est très souvent un support juridique à des filiales14.
6. Neutralité15 du régime fiscal — Si de plus en plus d’actionnaires optent pour la forme ju-
ridique de la SAS pour sa souplesse de fonctionnement, ils sont également attirés par son régime
fiscal optionnel. Si créer une SAS est relativement simple et avantageux au Maroc, c’est en par-
tie parce que les bénéfices réalisés par les entreprises ayant opté pour cette forme juridique sont
imposés de plein droit à l’IS au taux réduit de 10% si le bénéfice net est inférieur ou égal à
300.000 DHS. Ce taux est doublé si le bénéfice net est compris entre 300.001 DHS et 1.000.000
DHS. Avec un bénéfice entre 1.000.001 et 5.000.000 DHS, le taux grimpe à 30%. Ce dernier at-
teint les 31% avec un bénéfice net supérieur à 5.000.000 DHS et s’élève à 37% pour les établis-
sements de crédit et les compagnies d’assurance16.
7. Bilan pour la SAS17 — Bien qu’aucune statistique ne soit disponible sur le nombre de so-
ciétés par actions simplifiées immatriculées depuis l’entrée en vigueur de la loi n°19-20, toute-
fois, en pratique, la plupart des groupes internationaux privilégient aujourd’hui cette forme de
société pour leur implantation18 au Maroc et ce, quelle que soit la configuration de leur implanta-
tion. Cependant, une question percutante se démarque et suscite une réflexion approfondie est
celle de savoir si le fait que la SAS est considérée comme étant une société de capital ne serait-
elle pas susceptible d’être requalifiée?
8. Critique de la SAS — En principe, la Société par Actions Simplifiée est une société clas-
sée dans la catégorie des sociétés de capitaux. Cette structure atypique emprunt certaines caracté-
ristiques tant aux sociétés de capitaux qu’aux sociétés de personnes, elle a rejoint la SARL pour
la suppression de tout capital minimum et la possibilité de recevoir des apports en industrie, et
elles se rejoignent sur un point qui est l’interdiction d’offrir ces titres au public. Elle se caracté-
rise aussi par une flexibilité statutaire, permettant aux actionnaires de déterminer librement l’or-
ganisation et le fonctionnement de la société, cette flexibilité est plus proche de la liberté accor-
dée aux associés d’une SARL. Au niveau de la gouvernance, elle est similaire à celle d’une
SARL dans la mesure où elle peut être dirigée par un ou plusieurs présidents, sans nécessaire-
ment avoir un conseil d’administration. La SAS se trouve, donc, dans une situation intermédiaire
entre les sociétés de personnes et les sociétés de capitaux. En somme, on peut en déduire que la
SAS pourrait éventuellement être considérée comme une société hybride tout comme la SARL.
9. Intérêt — Se trouvant placé entre différentes formes de sociétés comparables à SAS offre
un élément de choix pour les utilisateurs. Il est surtout un élément de la concurrence entre entre-

13 Le mémento de la SAS/SASU, op.cit, P.10


14 idem
15 La neutralité est l'un des principaux sujets de recherche en fiscalité. Quoiqu'elle revête de multiples acceptions juri -
diques ou économiques, il est généralement admis que l'impôt ne peut être neutre.
16 https://doers.ma/societe-anonyme-simplifiee-maroc/. Consulté le 11/11/2023 à 16:00
17 https://uggcafrica.com/fr/la-societe-par-actions-simplifiee-au-maroc-enjeux-et-bilan-pres-de-deux-ans-apres-
lentree-en-vigueur-de-la-loi-n19-20/. Consulté le 11/11/2023 à 16:35
18 L'implantation d'une entreprise consiste à choisir un territoire et un site d'exploitation pour s'y installer et dévelop-
per son activité.

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La Société par Actions Simplifiée
prises. Par ailleurs, la SAS est un instrument juridique de coopération et de partenariat entre so -
ciétés par création de filiales communes qui peuvent, ouvertement, dissocier le contrôle du capi-
tal et l’organisation du pouvoir. C’est la formule la plus performante pour les entreprises com-
munes qui permet d’exploiter toute la souplesse de son régime par l’organisation des pouvoirs au
sein de la société en tenant compte du rapport de force qui existe entre les associés. Elle peut être
utilisée dans l’élaboration d’une stratégie de groupe19.
10. Dans le dédale organisationnel et la liberté contractuelle qu’offre la SAS, l’énigme à
résoudre prend la forme d’une réflexion approfondie et qui se formule ainsi :
Comment la SAS renforce-t-elle sa position comme étant une structure sociétaire privilé-
giée dans la gestion des groupes de société?
11. Si la SAS offre en effet un vaste espace de liberté (Chapitre 1) elle pourrait éven-
tuellement être une structure sociétale permettant le rapprochement des groupes de sociétés
(Chapitre 2).

19 EL MERNISSI Mohamed, Traité marocain de droit des sociétés, Ed. LexisNexis, 2019, P. 860

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La Société par Actions Simplifiée

CHAPITRE I .
LA SAS : une liberté
contractuelle omniprésente

11. « Un îlot de liberté dans un océan de réglementation »20, cette formule illustre la
liberté offerte par la SAS, forme juridique de société française créée pour la première fois par la

20 GUYON Y., Présentation générale de la société par actions simplifiée, RS, 1994, P. 207.

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La Société par Actions Simplifiée
loi n° 94-1 du 3 janvier 1994 pour pallier la rigidité de la SA, dont la plupart des modalités , au
Maroc, sont fixées de façon stricte par les lois sur les sociétés commerciales à savoir : la loi 05-
9621, la loi 17-9522, la loi 20-1923 et la loi 21.1924.
12. La Société par Actions Simplifiée se fonde sur le principe de la liberté contractuelle
des associés. En effet, ce principe se manifeste dans les statuts de la société qui offrent une struc-
ture flexible. Par ailleurs, la Société Par actions simplifiée laisse une grande place à l’intuitu per-
sonae des associés.
13. La SAS est une société commerciale de capital dont le capital est divisé en actions.,
une société simple qui impose peu de règles aux associés. Sa caractéristique principale est la li-
berté contractuelle. Les modalités de création (Section 1), de fonctionnement et de direction sont
donc régis par les statuts et laissés à la libre volonté des actionnaires dans la limite du respect des
dispositions législatives. De surcroît , ces derniers peuvent aménager entre eux des règles rela-
tives au fonctionnement de la société et aux relations entre actionnaires par le biais d’un docu-
ment : le pacte d’actionnaires (Section 2).

SECTION 1. LA CRÉATION DE LA SAS

14. Dis
25
positif légal — Comme toute société, la SAS est soumise aux articles 982 et suivants du DOC.
De plus, les règles générales concernant les sociétés anonymes s’appliquent à la SAS dans la me-
sure où elles ne sont pas incompatibles avec les dispositions qui lui sont propres. Cette disposi-
tion qui ne brille pas par sa précision et qui peut donner lieu à des difficultés de lecture doit être
interprétée dans deux directions26 :
- Ne sont pas applicables à la SAS les règles de la SA sur les Assemblées et sur les organes
d’administration et de direction ; ces règles sont laissées, pour la plupart, à la volonté des
associés toujours dans le cadre de la liberté contractuelle accordée par ladite société. Pour
le reste, elle est constituée, dissoute et liquidée dans les mêmes conditions que la SA ;
- Les règles de la SA ne s’appliquent qu’à défaut de disposition légale particulière sur la
SAS ou de stipulation statutaire.
15. La
Société par Actions Simplifiée peut être constituée soit par la création directe d’une société nou-

21 Promulguée et publiée au Bulletin officiel n° 4478 du 23 hija 1417 (1er mai 1997) à la suite du Dahir n° 1-97-49 du
5 chaoual 1417 (13 février 1997) portant promulgation de la loi n° 5-96 sur la société en nom collectif, la société en
commandite simple, la société en commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société en participa-
tion.
22 Promulguée et publiée au Bulletin officiel n° 4422 du 4 joumada II 1417 (17 octobre 1996) à la suite du Dahir n° 1-
96-124 du 14 rabii II 1417 (30 août 1996) portant promulgation de la loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes.
23 modifiant et complétant la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes.
24 modifiant et complétant la loi 5.96 relative aux sociétés à responsabilité limitée.
25 « La société est un contrat par lequel deux238 ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail,
ou tous les deux à la fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter ».
26 EL MERNISSI Mohamed, Traité marocain de droit des sociétés, Ed. LexisNexis, 2019, P. 859

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La Société par Actions Simplifiée
velle (ab initio), soit par la transformation d’une société existante. On étudiera successivement
ces deux modes de création de la SAS tout en décortiquant les conditions qui doivent être respec-
tées (Paragraphe 1) et par la suite la direction et le contrôle de celle-ci (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les conditions de création de la SAS


16. La
société par actions simplifiée est une société commerciale par la forme pouvant émettre des ac-
tions ou tout autre type de valeurs mobilières et, où la responsabilité des actionnaires est limitée
au montant de leurs apports.
17. Les
conditions de constitution d’une Société par Actions Simplifiée (SAS) sont les mêmes que celles
exigées des Sociétés Anonymes (SA) ne faisant pas appel public à l’épargne, sous réserve du cas
où la société ne compte qu’un seul associé, dans ce cas elle sera dénommée Société par Actions
Simplifiée à associé unique (SASU). Nous distinguerons les conditions de fond et de forme de la
constitution d’une SAS.
18. La
Société par Actions Simplifiée doit obéir, pour sa constitution, aux conditions de fond de toute
société. Les associés doivent avoir la capacité de contracter ainsi que leur consentement doit être
éclairé et exempt de tous vices de consentement (article 987 du DOC)27. La société doit, par
ailleurs, avoir un objet licite et conforme à l’ordre public selon les articles 98528 et 98629 du
DOC, ainsi que l’affection societatis qui est une notion purement jurisprudentielle ayant pour si-
gnification le désir, entre les associés, de partager les bénéfices et de contribuer aux pertes. Outre
ces conditions du droit commun, la SAS doit remplir les conditions de fond, de forme et de pu-
blicité requises pour la société anonyme, sous réserves des particularités suivantes :
19. Co
nditions de fond — Ces conditions particulières ont trait essentiellement aux associés et au capi-
tal permettent, lorsqu’elles sont réunies, la transformation en SAS :
20. —
30
Les actionnaires : L’article 43-1 de la loi n° 19-20 énonce que « la société par actions simpli-
fiée est constituée par une ou plusieurs personnes qui ne supportent les pertes qu’à concurrence
de leurs apports constitués en actions ». Cette rédaction rend très souple la création d’une SAS,
tant en ce qui concerne le nombre d’actionnaires que leur type. La SAS est, donc, ouverte à toute

27 « La société est parfaite par le consentement des parties sur la constitution de la société et sur les autres clauses
du contrat, sauf les cas dans lesquels la loi exige une forme spéciale. Cependant, lorsque la société a pour objet des im-
meubles ou autres biens susceptibles d'hypothèque, et qu'elle doit durer plus de trois ans, le contrat doit être fait par
écrit, et enregistré en la forme déterminée par la loi ».
28 « Toute société doit avoir un but licite. Est nulle de plein droit toute société ayant un but contraire aux bonnes
moeurs, à la loi ou à l'ordre public ».
29 « Est nulle de plein droit, entre musulmans, toute société ayant pour objet des choses prohibées par la loi reli-
gieuse, et, entre toutes personnes, celle ayant pour objet des choses qui ne sont pas dans le commerce ».
30 SEFFAR Karim et DOURHANI Yassine, Droit Commercial et des Sociétés, imprimerie et papeterie EL WATA-
NYA, 1ère édition, 2023, P. 148-149

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La Société par Actions Simplifiée
personne physique ou morale, marocaine ou étrangère, dès lors qu’elle dispose de la personnalité
juridique, sans conditions particulières. Ainsi, un commerçant, un artisan, un regroupant d’inté-
rêts économiques (GIE) ou encore une personne morale de droit public peuvent être associées
d’une SAS. Elle peut être constituée par une ou plusieurs personnes.
21. —
Apport et capital social : Avant la nouvelle réforme portant sur la SAS, les actionnaires de-
vaient avoir un capital minimum de deux millions de dirhams (2 000 000,00 DH)31, maintenant,
le montant du capital social est fixé librement par les statuts, autrement dit, il n’y a plus de capi-
tal minimum exigé par la loi, ce qui s’inscrit parfaitement dans la philosophie de la liberté
contractuelle dont disposent les actionnaires d’une SAS. Quant aux apports, l’article 988 du
DOC32 énonce qu’ils peuvent être faits en numéraire, en nature et en industrie. En effet, l’article
43-5 de ladite loi énonce que « Les actions représentatives d’apports en numéraire doivent être
libérées lors de la souscription du quart en moins de leur valeur nominale. La libération du sur-
plus intervient en une ou plusieurs fois dans un délai qui ne peut excéder trois ans à compter de
l’immatriculation de la société au RC. À défaut, tout intéressé peut demander au président du
tribunal compétent, statuant en référé, d’ordonner à la société, sous astreinte, de procéder aux
appels de fonds non libérés ». Pour les apports en nature, si ils doivent faire l’objet de la procé-
dure d’évaluation par le CAC, il semble que cette procédure ne soit pas applicable à la stipula -
tion d’avantages particuliers dans la mesure où elle n’est pas compatible avec l’esprit de la SAS
dominé par la liberté contractuelle, laquelle permet un traitement inégalitaire des associés 33.
Quant aux apports en industrie, les associés d’une SAS peuvent, à la différence des associés
des autres SAS, émettre des actions inaliénables résultant d’apport en industrie. Ces actions sont
donc inaliénables et ne concourent pas à la formation du capital (art. 43-5).
22. —
Appel public à l’épargne : La SAS ne peut faire publiquement appel à l’épargne (art. 43-3), càd
elle ne peut, en aucun cas, procéder à une offre au public des titres financiers ou à l’admission
aux négociateurs sur un marché boursier. À défaut de cette règle, une sanction est prévue par
l’article 43-15 d’une amende de 100.000 DH à l’encontre des dirigeants de la société par actions
simplifiées qui procèdent à l’appel public à l’épargne.
23. Co
nditions de forme — La constitution d’une SAS donne lieu à l’accomplissement des mêmes for-
malités que celles exigées pour les sociétés anonymes ne faisant pas appel public à l’épargne,
sous réserve de la liberté intégrale du capital lors de la souscription. À cet égard, il convient de
relever qu’en contre-partie de la grande liberté laissée aux associés de régler les modalités de
fonctionnement de la société, ces derniers doivent prêter une attention particulière à la rédaction
des statuts. Cette rédaction doit être minutieuse pour combler tout le vide laissé par le législa -

31 EL MERNISSI Mohamed, Traité marocain de droit des sociétés, Ed. LexisNexis, 2019, P. 862
32 « L'apport peut consister en numéraire, en objets mobiliers ou immobiliers, en droits incorporels. Il peut aussi
consister dans l'industrie d'un associé ou même de tous. Entre musulmans, l'apport ne peut consister en denrées ali-
mentaires ».
33 idem

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La Société par Actions Simplifiée
teur34. En effet, parmi les mentions obligatoires issues des règles spécifiques à la SAS qui
doivent être stipulées dans les statuts, on peut citer : les modalités d’organisation et de fonction-
nement de la société (art. 43-4), les modalités de souscription et de répartition des apports en in-
dustrie (art. 43-5), l’inaliénabilité des actions (article 43-6), les conditions de la direction de la
société (art. 43-7), les conditions de désignation du président (art. 43-8). Lors de sa constitution,
les statuts de la société par actions simplifiée sont signés par tous les associés (art. 43-5).
24. Co
35
nditions de publicité — la SAS suit le régime du droit commun des sociétés dotées de la per-
sonnalité morale qui ne font pas appel public à l’épargne càd : il faut procéder à un avis de
constitution au JAL, RC, avis au BO adressé par le greffier. Ces formalités incombent au pré -
sident de la SAS qui la représente légalement. La SAS commence à jouir de la personnalité mo-
rale dès son immatriculation, le président ou son délégué peut, après l’immatriculation retirée,
les fonds représentatifs des apports en numéraire auprès du dépositaire, sur présentation du certi-
ficat d’immatriculation.
25. Tr
ansformation en SAS — Sous réserve de la réunion des conditions de fond, une société exis-
tante, quelle que soit sa forme, peut, à l’unanimité, se transformer en SAS 36, sans création d’une
personne morale nouvelle.

Paragraphe 2. L’organisation de la SAS


26. Di-
rection — La SAS se caractérise par une liberté d’organisation qui vaut à tout les niveaux de
comparaison avec les autres sociétés et spécialement la société anonyme, c’est ce qui résulte des
dispositions de l’article 43-4 de la loi 19-20. 37Au sein de la société par actions simplifiées, l'ab-
sence d'une organisation légale des pouvoirs permet à des partenaires autonomes de défendre
leurs intérêts sans avoir à se préoccuper de questions relatives à la protection des minorités. 38Les
statuts de la SAS déterminent librement la structure de sa direction, y compris les types d'or-
ganes, leurs pouvoirs et leur mode de fonctionnement.
27. Li-
berté d’organisation — La société par actions simplifiées offre une évasion des contraintes or-
ganisationnelles de la société anonyme. Il n'est pas nécessaire d'avoir un conseil avec un nombre
minimum de membres détenant des actions de la société et dont le mandat est limité dans le
temps. Une seule exigence légale est imposée aux associés : la désignation d'un président. Les
fonctions de président ne peuvent être attribuées qu'à une seule personne, excluant ainsi la co-

34 EL MERNISSI Mohamed, op.cit, P.865


35 SEFFAR Karim et DOURHANI Yassine, Droit Commercial et des Sociétés, imprimerie et papeterie EL WATA-
NYA, 1ère édition, 2023, P. 152-153
36 « Article 428 : Une société de forme quelconque peut, à l' unanimité, se transformer en société anonyme simplifiée
entre sociétés si tous ses associés remplissent les conditions prévues aux articles 425 et 426 ».
37 SEFFAR Karim et DOURHANI Yassine, op.cit., P.153
38 EL MERNISSI Mohamed, op.cit., P.865

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La Société par Actions Simplifiée
présidence. Pour le reste, les statuts ont la responsabilité de définir les conditions selon lesquelles
la société doit être dirigée (art. 432, al. 1).
28. Tou
tes les options sont ouvertes, que ce soit un dirigeant unique en la personne du président ou un ou
plusieurs organes collégiaux portant n'importe quelle appellation telle que conseil d'administra-
tion, directoire, conseil de surveillance, comité exécutif, comité de direction. Si les statuts optent
pour la collégialité, ils doivent préciser la composition et le fonctionnement de ces organes :
nombre de dirigeants, conditions de nomination et de révocation, rémunération, durée des fonc-
tions, modalités de réunion, conditions de quorum et de majorité. Il peut également être prévu un
système d'alternance permettant l'exercice alternatif du pouvoir au sein de la SAS par les diffé-
rents groupes constituant la société. À l'exception du président, qui dispose de pouvoirs légaux,
les autres dirigeants ne peuvent tenir leurs pouvoirs que des statuts, d'une décision collective des
associés ou d'une délégation du président. Les dirigeants personnes morales peuvent être repré-
sentées dans les conditions statutaires sans qu'il soit nécessaire de désigner un représentant per-
manent. Qu'il s'agisse du président ou des autres dirigeants, ils peuvent être des personnes phy-
siques ou morales, associés ou non, désignés dans les statuts ou dans un acte séparé, pour une
durée déterminée ou indéterminée. Les dirigeants peuvent cumuler leurs fonctions avec un
contrat de travail sans aucune restriction, sous réserve de respecter la procédure d'approbation
des conventions réglementées lorsque le contrat de travail est conclu avec un dirigeant déjà en
fonction.39
29. Les
organes de la SAS — Le législateur a voulu rendre la SAS plus souple en simplifiant le statut de
ses dirigeants. Il a ainsi exclu l'application des règles complexes de la société anonyme, et n'im-
pose qu'un président, dont la fonction est d'assurer la représentation de la société. Les disposi-
tions légales applicables à la SAS imposent seulement l'existence d'un président de la SAS, titu-
laire du pouvoir de représenter la société à l'égard des tiers et qui dirige la société avec les diri-
geants que les statuts ont institués, comme le prévoit l'article 43-8, « La société par actions sim-
plifiée est représentée à l'égard des tiers par un président désigné dans les conditions prévues par
les statuts…»
30. Il
est possible de désigner des personnes morales pour exercer toute fonction de dirigeant dans une
SAS. Il s'agit d'une possibilité qui n'est pas offerte dans les sociétés anonymes, où les représen-
tants légaux sont nécessairement des personnes physiques. L’article 43-9 de la loi 19-20 prévoit
dans ce sens que “ Lorsqu’une personne morale est nommée président ou dirigeant d’une société
par actions simplifiée, les dirigeants de ladite personne morale sont soumis aux mêmes condi-
tions et obligations et encourent les mêmes responsabilités civile et pénale que s’ils étaient pré-
sident ou dirigeant en leur nom propre, sans préjudice de la responsabilité solidaire de la per-
sonne morale qu’ils dirigent.”40 Comme dans toute société, le contrôle de la direction est essen-
tiellement assuré par les associés (approbation des comptes de l'exercice écoulé). Il peut égale-

39 IDEM, P.866
40 DAHIR n° 1-21-75 du 3 HIJA 1442 (14 juillet 2021) PORTANT PROMULGATION DE LA LOI 19-20

14
La Société par Actions Simplifiée
ment être confié à un autre organe (conseil de gestion, comités d'audit interne ou externe, etc.)
dont les statuts fixent la composition, la durée des fonctions, et les pouvoirs.
31. En
dehors de l'existence de ces organes, le contrôle est réalisé, le cas échéant, par un ou plusieurs
commissaires aux comptes désignés par les actionnaires, ainsi que par le biais des conventions
réglementées et par l'information du comité d’entreprise.41
32. Le
président a en principe un pouvoir de direction générale interne de la SAS. L’article L. 227-5 du
Code de commerce dispose toutefois que ce sont les statuts qui fixent les conditions dans les-
quelles la SAS est dirigée : c’est pourquoi il est important de bien prévoir dans les statuts le
fonctionnement de la SAS dans sa gouvernance interne.42
33. “Da
ns les rapports entre associés les pouvoirs du président et, le cas échéant, des autres dirigeants
prévus par les statuts sont définis par ceux-ci. Dans la mesure où s'appliquent les règles générales
relatives aux sociétés anonymes, le président ou les dirigeants que les statuts désignent à cet effet
ont tous les pouvoirs d’administration, de direction et de gestion.”43
34. Dan
s l’ordre externe, les pouvoirs du président sont alignés sur ceux du directeur général de la socié -
té anonyme. Il représente la société à l'égard des tiers et il est investi des pouvoirs les plus éten-
dus pour agir en toute circonstance au nom de la société dans la limite de l’objet social (art 43-8
al.2). De plus, dans les rapports avec les tiers, la société est engagée même par les actes du pré -
sident qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers savait que
l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des circonstances, étant exclu
que la seule publication des statuts suffise à constituer cette preuve (art 43-8 al.3).44
35. Con
trôle — Les associés d'une Société par Actions Simplifiée (SAS) ont le pouvoir de nommer, à la
majorité, un ou plusieurs commissaires aux comptes, offrant ainsi une souplesse de contrôle.
Comparativement, dans une Société à Responsabilité Limitée (SARL), cette décision requiert
l'approbation des associés représentant au moins les trois-quarts du capital social. Dans le cas
d'une Société Anonyme (SA), la décision est prise lors d'une assemblée générale ordinaire à la
majorité des voix des actionnaires présents ou représentés.
36. Tou
tefois, « sont tenues de désigner un commissaire aux comptes au moins, les SAS dont le chiffre
d’affaires à la clôture de l’exercice social, dépasse un montant fixé par voie réglementaire. »
37. Ce-
pendant, en France, c’est obligatoire lorsque la SAS atteint deux de ces trois seuils : le total de
bilan excédant 4 000 000 €, le chiffre d'affaires hors taxe dépassant 8 000 000 €, ou si l'entreprise
emploie plus de 50 salariés.
41 SEFFAR Karim et DOURHANI Yassine, op.cit., P.155
42 https://www.legalplace.fr/guides/pouvoirs-president-dune-sas/. Consulté le 21/11/2023 à 16:00
43 Article 435 de la loi 17-95
44 DAHIR n° 1-21-75 du 3 HIJA 1442 (14 juillet 2021) PORTANT PROMULGATION DE LA LOI 19-20

15
La Société par Actions Simplifiée
38. Co
mme c’est le cas dans la SARL, un associé peut demander "La nomination d’un ou plusieurs
commissaires aux comptes au président du tribunal compétant, statuant en référé, même si le
seuil qui sera indiqué dans le texte règlementaire n’est pas atteint," ce montant est de cinquante
millions de dirhams, hors taxes dans la SARL.45
39. "Le
législateur n’a pas déterminé clairement des conditions pour la demande de nomination par un
associé."46 La procédure de désignation d'un commissaire aux comptes en France peut être en-
clenchée par un ou plusieurs associés représentant au moins le dixième du capital, et les sociétés
dont un ou plusieurs associés représentant au moins le tiers du capital qui ont fait une demande
motivée, sont également tenues de désigner un commissaire aux comptes pour un mandat de trois
exercices.
40. "Le
commissaire aux comptes présente, selon le cas, aux associés un rapport sur les conventions in-
tervenues directement ou par personne interposée entre la société et son président ou ses diri-
geants. Les associés statuent sur ce rapport. Les conventions non approuvées produisent néan-
moins leurs effets, à charge pour la personne intéressée et éventuellement pour le président et les
autres dirigeants d’en supporter les conséquences dommageables pour la société. Ces disposi-
tions ne sont pas applicables aux conventions portant sur des opérations courantes et conclues à
des conditions normales. »47
41. Cett
e procédure appel à deux remarques : en l’absence de désignation d’un commissaire aux
comptes, le président n’a pas l’obligation de présenter un tel rapport aux associés ; Les conven-
tions conclues entre la société et ses associés ne rentrent pas dans le champ d’application de ce
rapport.
42. Le
commissaire aux comptes dans une SAS sera soumis aux dispositions de la loi 17.95 des deux ar-
ticles 404 et 405, qui punissent "d’un emprisonnement et d’une amende respectivement toute
personne qui, soit en son nom personnel, soit au titre d’associé dans une société de commissaires
aux comptes, aura, sciemment, accepté, exercé ou conservé les fonctions de commissaire aux
comptes nonobstant les incompatibilités légales, ainsi que tout commissaire aux comptes qui,
soit en son nom personnel, soit au titre d’associé dans une société de commissaires aux comptes,
aura, sciemment donné ou confirmé des informations mensongères sur la situation de la société
ou qui n’aura pas révélé aux organes d’administration, de direction ou de gestion les faits lui ap -
paraissant délictueux dont il aura eu connaissance à l’occasion de l’exercice de ses fonctions. »48
45 ATTAHIR Rachid, “Le cadre juridique de la société par actions simplifiée dans la législation
marocaine”, Qatar university press, P.321-322
46 l’article 80 du DAHIR N° 1-97-49 DU 5 CHAOUAL 1417 (13 FEVRIER 1997) PORTANT
PROMULGATION DE LA LOI N° 5-96
47 Art 43-11 du DAHIR n° 1-21-75 du 3 HIJA 1442 (14 juillet 2021) PORTANT PROMULGATION DE LA LOI
19-20
48 Les articles 404 et 405 de la loi 17.95.

16
La Société par Actions Simplifiée
43. Les
pouvoirs du président de la SAS peuvent toutefois être limités dans les statuts de la SAS, voire
dans le pacte d’actionnaire ou pacte d’associés.

SECTION 2. LA LIBERTÉ DE DESSINER LES CONTOURS DE L’ACTION-


NARIAT DANS LA SAS

44. Pro
téger l’actionnariat, garantir l’équilibre contractuel initial, préserver l’intuitu personae, assurer la
pérennité de la société…, ces exigences impliquent nécessairement, par la SAS, la capacité
d’incarner les liens que les associés choisissent de créer entre eux. Il s’agira donc le plus souvent
pour les rédacteurs des statuts de s’assurer d’une part de la stabilité de l’actionnariat et d’autre
part de prévoir l’évolution de sa géométrie.
45. La
SAS devient un facteur de sécurité juridique tant pour les tiers que pour les associés, car les sta-
tuts qui sont toujours publiés, reflètent l’organisation de la société qui bénéficie ainsi d’une pré-
somption de légalité et validité. En plus, on peut éviter le danger de la mise en cause de la validi-
té des pactes, car dans la SAS, les accords entres les associés sont le mode normal et légitime de
l’organisation de la société. Ainsi la SAS devient un facteur de simplicité puisque les associés
sont invités à exposer tant leur projet d’organisation que les accords qui les lient, dans une norme
unique, les statuts.
46. La
liberté laissée aux rédacteurs des statuts de la société par actions simplifiée s’exprime donc dans
la liberté de rédiger le pacte d’actionnaires de la structure (Paragraphe 1) et se prolonger dans
son utilité par rapport aux personnes concernées (Paragraphe 2).

Paragraphe 1. L’utilité du pacte d’actionnaires


« L’extra-statutaire est souvent perçu comme une menace, mais il peut aussi être une oppor-
tunité pour repenser nos structures et notre façon de fonctionner ».
Jean-Pierre Dupont
47. La
SAS est une forme juridique originale qui offre à ses associés une grande liberté contractuelle
par opposition à la SA et son cortège de règles impératives. Et cette liberté se traduit principale-
ment dans la rédaction de statuts spécifiques, qui sont autorisés à y consigner en toute autonomie
les modalités de fonctionnement, d’organisation et de direction de la structure selon leurs ac-
cords réciproques, dans les limites des dispositions de la loi 19-20 relative aux sociétés par ac-
tions simplifiées.
48. Les
statuts ne constituent pas la source unique des relations des associés entre eux ou avec la société.

17
La Société par Actions Simplifiée
La pratique a mis au point des conventions extra-statutaires destinées à compléter ou à aménager
librement les dispositions statutaires et qui peuvent concerner tous les associés ou seulement cer-
tains d’entre eux.
49
49. Si
les statuts sont la face visible de la société envers les tiers, de multiples actes irriguent la vie de
la société. Les rouages de fonctionnement d’une société sont déterminés par ses statuts. D’une
importance considérables, les statuts constituent un véritable mode d’emploi de la vie sociétale.
Cependant il est possible pour les associés de dépasser ce cadre statutaire de 4 manières dif-
férentes, en rédigeant : un protocole d’accord50, un préambule aux statuts51, un règlement in-
térieur de la société52, ou un pacte d’actionnaires.
50. On
distingue alors la différence majeure entre les statuts et le pacte d’associés : le pacte d’action-
naire régit principalement les rapports entre actionnaires. Néanmoins, la force juridique des sta-
tuts l’emporte toujours sur celle dudit pacte. Cela signifie qu’une disposition conforme aux sta-
tuts, mais non conforme au pacte d’actionnaires reste légale et applicable. Dans la même optique,
le pacte d’actionnaires n’engage pas obligatoirement tous les actionnaires (contrairement aux
statuts). Il est à la discrétion des signataires et il ne peut être opposable qu’à l’égard de ceux-ci.53
51. Na-
54
ture juridique — Comme l'indique déjà leur appellation, les conventions extra-statutaires ont
une nature hybride, à la fois contractuelle et sociétaire : leur localisation (dans un document dis-
tinct des statuts) les rattache au droit des obligations, mais leur objet (l'aménagement des struc-
tures internes ou externes de la société) les incorpore dans le droit des sociétés.
52. Dé-
finition — La notion de pacte d’actionnaires, entendue stricto sensu, recouvre en effet, les seuls
pactes conclus entre actionnaires en vue d’instaurer des relations individuelles, de nature exclusi-
vement contractuelle. Le pacte d’actionnaires est un contrat définissant les relations entre diffé-
rents actionnaires de la société par actions simplifiée. C’est un document facultatif, contraire-
ment aux statuts qui sont obligatoires. En principe, les relations entre les actionnaires sont régies
dans les statuts de la société55. Le pacte d’actionnaires est reconnu expressément par la loi 17-95,

49 https://www.thirel.fr/droit-des-societes---les-actes-extra-statutaires-_ad143.html. Consulté le 23/11/2023 à 21:38


50 Le protocole d'accord, appelé également promesse de cession de fonds de commerce ou de titres, est la matérialisa -
tion des accords qui viennent d'aboutir entre le cédant et le repreneur. Il permet de fixer sur le papier les résultats de la
négociation.
51 C'est un document dans lequel les fondateurs peuvent rappeler en des termes très généraux, les raisons qui les ont
poussé à créer la société, les objectifs qu'ils visent et si nécessaire, les principes d'organisation qui doivent régir la so -
ciété.
52 C’est un document est rédigé par l'employeur. Il précise exclusivement les règles applicables au sein de l'entreprise
en matière de santé, de sécurité et de discipline. Il fixe en particulier la nature et l'échelle des sanctions que peut pronon-
cer l'employeur à l'encontre du salarié.
53 https://www.l-expert-comptable.com/a/533970-le-pacte-d-actionnaires-en-sas-definition-clauses-rupture.html?
Consulté le 23/10/2023 à 22:00
54 SIMONART Valérie, La contractualisation des sociétés ou les aménagements contractuels des mécanismes socié-
taires, Revue pratique des sociétés, n° 6668, 1995, P. 81
55 https://monexpertdudroit.com/creation-entreprise/pacte-actionnaires/. Consulté le 23/11/2023 à 13:15

18
La Société par Actions Simplifiée
dans son article 11-4 qui énonce que « Les pactes entre actionnaires doivent être constatés par
écrit ». Ils sont devenues nécessaires pour la constitution de noyaux durs assurant la stabilité des
entreprises, la coopération interentreprises, notamment par la création de filiales communes, la
défense56 anti-Opa57 pour résister aux tentatives de prise de contrôle inamicale.
53. Rôl
e du pacte d’actionnaires — L’objectif du pacte d’actionnaires est simple ; il s’agit de préciser
et de complémenter les règles d’organisation et de fonctionnement prévues dans le statuts de la
société. En réalisant un pacte d’actionnaires, les actionnaires tentent d’harmoniser leurs relations
et de prévenir et anticiper toute situation de litige entre actionnaires. En rédigeant une telle
convention, les actionnaires fixent en quelque sorte les « règles du jeu » régissant les relations
entre ces derniers.
54. Av
antages — Le pacte d’actionnaires est, comme tout contrat, l’expression de l’autonomie de la
volonté de ses signataires. Le pacte d’actionnaires est donc un outil sur mesure, dont les disposi-
tions sont susceptibles d’être exactement ajustées, dans la limite de l’ordre public et selon
l’habilité de leur rédacteur, aux besoins spécifiques de leurs signataires 58. Ces pactes présentent
l’avantage de la discrétion et la souplesse, en effet, ils ne sont soumis à aucune publicité alors
que les statuts font l’objet des formalités de dépôt et de publication. Ils peuvent être modifiés à
tout moment par simple accord de volonté sans être soumis à la procédure lourde de modification
des statuts. Les pactes peuvent ne concerner que certains associés alors que les statuts sont d’ap-
plication générale à tous les associés. Par ailleurs, les signataires d’un pacte d’actionnaires
bénéficient d’une marge de manœuvre importante dans la rédaction du pacte d’actionnaires qui
les lie. Le contenu de ce dernier peut ainsi régir une grande diversité d’aspects de la société :
évolution de son capital social, gouvernance et gestion courante de ses affaires, répartition des
bénéfices etc…. De plus, le pacte d’actionnaires est applicable à une période limitée, il s’agit ici
d’un point de différence majeur avec les statuts de la société ; certaines clauses du pacte d’ac-
tionnaires n’ont vocation à s’appliquer que durant une période limitée. Contrairement aux statuts
de la société, le pacte d’actionnaires est un document secret conclu entre les investisseurs de la
société. Il n’a pas vocation à être rendu public et ne peut être librement consulté par les tiers59.
55. Cha
mp d’application — Les conventions extra-statutaires concernent uniquement les sociétés
dotées de la personnalité juridique, ce qui s'explique de deux manières. D'une part, la définition

56 La défense anti-OPA est une mesure de protection mise en place par les dirigeants d'une entreprise ou ses action-
naires pour protéger la société d'une ingérence extérieure inopportune et de limiter le risque d'une prise de contrôle exté-
rieure non souhaitée, à travers une limitation des droits de vote par l’émission des actions sans droit de vote par
exemple.
57 Une offre publique d’achat (OPA) ou d'échange (OPE) peut se définir comme « l’opération par laquelle une per-
sonne fait connaître publiquement aux actionnaires d'une société qu'elle désire acquérir leurs titres à un prix déterminé,
généralement supérieur au cours de bourse, réglé soit en espèces (OPA) soit par remise d'actions ou d'obligations
(OPE) ».
58 LEROY Caroline, Le pacte d’actionnaires dans l’environnement sociétaire, thèse présentée à l’université de Paris
pour l’obtention d’un doctorat de droit privé, soutenue le 14 juin 2010, P. 37
59 https://agence-juridique.com/articles/le-pacte-dactionnaires-definition-et-fonctionnement/. Consulté le 23/11/2023 à
14:00

19
La Société par Actions Simplifiée
des statuts comme l'ensemble des dispositions constitutives d'un être moral écarte d’emblée l'idée
même de conventions extra-statutaires pour des sociétés dénuées de la personnalité juridique.
D'autre part, l'intérêt des conventions extra-statutaires croît à mesure que s'amenuise le caractère
contractuel de la société et que se multiplient les règles de fond et de forme applicables. C’est
dire qu'elles intéressent surtout les sociétés par actions. Certes, dans les sociétés sans personnali-
té juridique, les associés peuvent également aménager leurs droits, leurs obligations ou leurs re-
lations par des conventions, mais il ne s'agit pas de conventions extra-statutaires au sens juri-
dique du terme, ni même de conventions distinctes du contrat de société si tous les associés y
sont partis.
56. Le
pacte d’actionnaires est donc vu comme un document extra-statutaire que seuls connaissent les
actionnaires signataire d'une Société par Actions Simplifiée (SAS).60 Il s’effectue en complément
des statuts juridiques pour fixer les règles de fonctionnement de la société dont les fondamentaux
sont rédigés dans ces derniers.
57. À
travers la présentation de ce pacte d’associés, l’on peut relever que cet outil juridique est un
moyen efficace, si ce n’est LE meilleur moyen pour palier à un possible manque de confiance
entre associés ou actionnaires. En effet, si la confiance mutuelle et l’engagement verbal ne suf-
fisent pas à garantir une bonne entente, la rédaction du pacte peut se voir être une solution plus
sure pour assurer une certaine protection des parties prenantes en cas de désaccord.61
58. Mo
62
difications — En vertu du principe de la convention-loi , la modification des conventions sup-
pose en règle générale l'accord de toutes les parties. Toutefois, le principe de l’autonomie de la
volonté permet de déroger à cette règle. Les conventions extra-statutaires peuvent ainsi prévoir
une clause de modification à la majorité, ou tout autre système comme le recours à un tiers. Ces
modifications ne sont soumises à aucune formalité, sous réserve de celles qu'il plairait aux par-
ties de fixer63. Toutefois, le pacte d’associé ne doit pas conclure des dispositions qui soient
contraires à celles des statuts. En cas de contradiction, c’est la disposition statutaire qui prévaut,
même entre les signataires du pacte.

Paragraphe 2. La rédaction du pacte d’actionnaires


59. Sou
s réserve de restrictions statutaires, les associés ont les mêmes droits que les actionnaires d'une
société anonyme (droits pécuniaires, droit de vote, droit d’information...). La loi permet cepen-
dant aux statuts de réglementer l'admission et le retrait des associés et ce par l'insertion de quatre
types de clause : la clause d'inaliénabilité, la clause d'agrément, la clause d'exclusion et la
clause de changement de contrôle.
60 https://www.l-expert-comptable.com/a/533970-le-pacte-d-actionnaires-en-sas-definition-clauses-rupture.html.
Consulté le 25/11/2023 à 16:00
61 https://wecount.ma/fr/pacte-d-actionnaires-maroc. Consulté le 25/11/2023 à 18:45
62 Comme son nom l'indique, ce principe indique que le contrat représente la loi entre les parties.
63 SIMONART Valérie, op.cit, P. 82 - 83

20
La Société par Actions Simplifiée
60. L'i
nsertion de ces clauses dans les statuts permet de faire l'économie de la rédaction d'un pacte d'ac -
tionnaires avec, en prime, l'avantage de les rendre opposables aux tiers et à la socié té et d'éviter
toute contestation sur leur validité. Mais il peut arriver que pour des raisons de confidentialité,
les associés préfèrent les insérer, en partie ou en totalité, dans un pacte d’actionnaires.64
63. — La clause d’inaliénabilité, se définit comme « la technique juridique qui, grevant un
bien ou un droit, interdit à son propriétaire ou à son titulaire d’en disposer (à titre gratuit ou oné-
reux), afin d’assurer la protection d’intérêts particuliers ou généraux ». La société par actions
simplifiée est alors la seule société dont les statuts peuvent valablement frapper d’inaliénabilité
les titres détenus par ses associés pour une durée maximale de dix ans. Article 43-6. – “Les sta-
tuts de la société peuvent prévoir « l’inaliénabilité des actions pour une durée n’excédant pas Dix
ans.”. Elle permet de garantir la présence des associés concernés dans la société et indirectement
d’empêcher un tiers de rentrer au capital en leur rachetant des actions. Il est possible d’insérer la
clause d’inaliénabilité dans les statuts de la SAS :
• à la constitution de la société,
• ou ultérieurement par décision à l’unanimité des associés.
64. — La clause d’inaliénabilité, insérée dans les statuts doit prévoir une durée d’application
qui ne peut pas excéder 10 ans et indiquer si elle concerne toutes les cessions d’actions ou seule-
ment celles réalisées avec des tiers. Ensuite, il convient de préciser exactement les opérations qui
sont interdites pendant la durée d’application de la clause : concerne-t-elle seulement les cessions
? Ou également les donations ? Les successions ? Les échanges d’actions ?… 65 Enfin, il convient
d’indiquer dans la clause si l’inaliénabilité concerne tous les associés ou seulement certaines
d’entre eux. Lorsqu’un associé de SAS ne respecte pas une clause d’inaliénabilité insérée dans
les statuts, l’opération réalisée encourt la nullité.66 Pour autant l’introduction d’une clause d’in-
aliénabilité ne saurait suffire pour s’assurer de la stabilité des équilibres en place, tout d’abord
parce qu’elle est légalement limitée dans le temps, ensuite parce qu’elle s’accorde mal des aléas
de la vie humaine doit donc se compléter d’une clause d’agrément.
65.— La clause d’agrément, L’article 429 de la loi 17-95 dispose: “Ils peuvent également
soumettre toute cession d’actions à l’agrément préalable de la société. Dans ce cas, toute cession
qui n'a pas reçu cet agrément est nulle.” L’article L227-14 du Code de commerce dispose en ef-
fet que « les statuts peuvent soumettre toute cession d’action à l’agrément préalable de la société
»67 Cette dernière à pour objet de soumettre les cessions d’actions ou leur transmission à l’accord
préalable des associés. Elle a, ainsi, pour effet de restreindre la libre négociabilité et cessibilité
des actions. À la différence des sociétés de personnes, la clause d’agrément doit nécessairement
figurer dans les statuts de la SAS. Par ailleurs, pour être opposable, elle doit faire l’objet de me-
sure de publicité. En outre, la clause d’agrément doit désigner l’organe compétent pour procéder
à l’agrément. Il peut s’agir du président ou d’un autre organe de la société, de la collectivité des
associés, d’un seul associés ou d’un groupe d’associés. Dans le silence des statuts, le président
64 EL MERNISSI Mohamed, op.cit., p.872
65https://www.entreprises-et-droit.fr/clause-d-inalienabilite-sas/. Consulté le 25/11/2023 à 19:36
66 https://www.entreprises-et-droit.fr/clause-d-inalienabilite-sas/. Consulté le 25/11/2023 à 20:03
67 TOMASINI Laëtitia, LA SOCIETE PAR ACTIONS SIMPLIFIEE : UNE STRUCTURE POUR TOUS ?, p.8

21
La Société par Actions Simplifiée
est le seul organe legal de la société par actions simplifies. Le projet de cession doit être noti-
fié par l’associé à la société et/ou aux associés selon les modalités de notification précisées par
les statuts. Suite à cette notification, la société est tenue de préciser si elle autorise ou non la ces-
sion. En cas de refus d’agrément, l’associé ne reste pas prisonnier de ses titres. Dans ce cas, trois
scénarios sont possibles :
• Le rachat des actions par un ou plusieurs associés ;
• La désignation d’un tiers acquéreur par les associés ;
• Ou bien le rachat des actions par la société en vue de leur annulation.
66. Les statuts peuvent prévoir qu’en cas de refus d’agrément, la société sera tenue d’acheter
les actions de l’associé souhaitant céder ses actions. Ainsi, en cas de rachat par la société, celle-ci
est tenue de céder les actions rachetées dans un délai de 6 mois ou de les annuler.68 Selon le code
de commerce français et de l’article 429 de la loi 17-95, toute cession réalisée en violation d’une
clause d’agrément figurant dans les statuts est nulle. La nullité peut résulter soit du non-respect
ou de l’irrégularité de l’agrément.
67. — Clause d’exclusion, La clause d’exclusion est une disposition contractuelle en vertu de
laquelle un associé de SAS peut se voir contraint:
• De céder ses actions,
• Et de quitter la société.
68. Le Code de Commerce autorise les SAS à insérer de telles clauses dans leurs statuts (ar-
ticle L. 227-16). Ces derniers doivent toutefois prévoir les causes de l’exclusion ainsi que ses
modalités d’exécution. Encore une fois, ce sont les statuts de la SAS qui doivent préciser les for-
malités liées à la notification de l’exclusion. Ils doivent notamment indiquer la façon dont :
• L’associé pourra s’exprimer sur les faits reprochés,
• Il sera informé de son exclusion.69
69. Les statuts peuvent également suspendre les droits non pécuniaires (droit d’information et
droit de vote) de l’associé exclu tant qu’il n’a pas cédé ses actions. Et ceci en vertu de larticle
429, al.4: “La société peut décider de suspendre l’exercice des droits non pécuniaires de cet asso-
cié et de l’exclure.”
70. — Clause de changement de contrôle, La clause de changement de contrôle dans un
pacte d’associés assure un encadrement de l’accès à la qualité de partie à la convention. Elle per-
met également d’éviter tout contournement des stipulations du pacte, par lequel il suffirait à une
personne qui détient des actions de la société via une holding et qui veut quitter la société de cé-
der les actions de sa holding à un acquéreur pour éviter l’application du droit de préemption,
de l’agrément ou du droit de sortie conjointe par exemple.
71. La clause d'agrément permet aux associés d'empêcher des personnes considérées
comme indésirables d'entrer dans la société.70

68 https://www.legalvision.fr/guides-juridiques/sas/clause-d-agrement-sas/. Consulté le 26/11/2023 à 23:00


69 https://www.entreprises-et-droit.fr/clause-exclusion-sas/. Consulté le 26/11/2023 à 09:00
70 https://www.legalplace.fr/guides/clause-changement-controle/. Consulté le 26/11/2023 à 09:10

22
La Société par Actions Simplifiée

23
La Société par Actions Simplifiée

CHAPITRE II .
LA POSITION DE LA SAS
DANS LES GROUPES DE

SOCIÉTÉS

72. Avant la loi 19-20, cette forme juridique existait déjà. Cependant, elle se destinait unique-
ment aux grands investissements comme : les filiales communes de grands groupes et les joint-
ventures.
73. La SAS est, désormais, un choix judicieux pour les investisseurs qui cherchent à adopter:
- des structures peu contraignantes ;
- tout en étant en mesure de créer des montages juridiques spécifiques, et,
- pour les PME qui cherchent à se développer et à coopérer avec d’autres entreprises pour
renforcer leur alliance.
74. La SAS est également un outil efficace pour la filialisation. En effet, elle assure une bonne
gestion du groupe en incluant des clauses spécifiques aux statuts. De là, il apparaît judicieux de
décortiquer les modes d’utilisation de cette fameuse société dans les groupes de sociétés (Sec-
tion 1), et la manière dont elle aménage la dépendance dans les groupes de sociétés (Section 2).

24
La Société par Actions Simplifiée

SECTION 1. LES MODES D’UTILISATION DE LA SAS DANS LES


GROUPES DE SOCIÉTÉS

75. Les groupes de sociétés sont devenus des acteurs de premier plan dans l’économie
nationale et mondiale. Le regroupement de sociétés est à la fois un outil anti-crise et d’adaptation
aux contraintes du marché et à sa mondialisation. Le phénomène de rapprochement c’est accéléré
ces dernières années. Le regroupement de sociétés, lorsque sa taille est d’une suffisante impor-
tance, permet aux entreprises qui le composent de sauvegarder leur position et de partir à la
conquête de nouveaux marchés. C’est aussi un instrument de concentration.
76. Il s’agit du regroupement d’entités juridiques toutes distinctes les une des autres
mais qui ont créées des liens financiers, contractuels voire hiérarchiques. Une des sociétés du
groupe est appelée société-mère car elle exerce un contrôle sur l’ensemble des sociétés que
constitue le groupe.
77. Le groupe n’a pas de statut juridique propre, il n’a pas la personnalité morale. Il ne
peut ni avoir de patrimoine ni compte bancaire ni ester en justice… Il n’existe pas de « droit des
groupes » mais des normes qui le définissent et lui impose des règles de fonctionnement et qui
plus est, sont éparpillées dans différents codes. Ainsi, code de commerce et code du travail
donnent des contours différents de ce qu’est un groupe.
78. Un groupe de sociétés est une entité économique formée par un ensemble de so-
ciétés. Il comprend des sociétés filles (filiales) et une société mère (holding). Dans les grand
groupes de sociétés, il existe une multitude de niveaux de contrôle. Des sociétés holdings inter-
médiaires peuvent donc coexister. Dans cette section, on va examiner tour à tour la SAS comme
étant une structure d’accueil de filiale commune (Paragraphe 1) et sa position dans les holdings
(Paragraphe 2).

Paragraphe 1. La SAS : structure d’accueil de filiale commune


79. La filialisation est une technique de réorganisation interne qui permet de loger dans une fi-
liale une branche d’activité ou un département d’une entreprise en lui transférant les moyens hu-
mains et matériels nécessaires pour lui assurer une autonomie de fonctionnement71.
80. Fi-
72
liale ou co-entreprise ? . — Il existe de nombreux types d'entités commerciales formées à des
fins différentes, les filiales et co-entreprises ne sont que deux d'entre eux. Les co-entreprises sont
des entreprises ayant deux partenaires ou plus qui sont développées grâce aux efforts conjoints
des entreprises participantes. Ces sociétés sont constituées pour un objectif commun pour une
durée déterminée et les capitaux propres sont levés par les sociétés participantes et le partage des
actions se fait dans la proportion du capital investi. Le partage des revenus et des actifs est l'une

71 EL MERNISSI Mohamed, op.cit., p.1028


72 https://fr.strephonsays.com/subsidiary-and-vs-joint-venture-12761. Consulté le 24/11/2023 à 15:00

25
La Société par Actions Simplifiée
des principales caractéristiques d'une co-entreprise. En revanche, une filiale est une société dont
la participation majoritaire est contrôlée par une autre société appelée holding.
81. Fi-
liale et succursale — Il paraît utile de définir les succursales et les filiales souvent confondues
mais en réalité très différentes. En effet, les premières correspondent à une entreprise secondaire
créée et gérée directement par une société mère et habituellement implantée dans un autre en-
droit que celui de cette dernière, quelquefois même à l’étranger. Elle ne possède pas de la per-
sonnalité juridique et n’est donc pas une personne morale. Elle n’a pas de capital social et son
patrimoine est rattaché à celui de la société qui en a la charge. La société mère exerce sur elle un
contrôle, elle doit donc se plier aux exigences de direction de cette dernière. La filiale, contraire-
ment à la succursale, est indépendante juridiquement et est une personne morale ce qui lui per-
met de disposer d’un patrimoine propre et donc de ses propres moyens. Elle est certes dépen-
dante économiquement et stratégiquement puisque le pouvoir de décision appartient à la société
mère mais reste autonome en termes de gestion. Autrement dit, la société-mère ne dirige pas
l’activité de la filiale de façon constante.
82. Dé-
finition.— Il est généralement admis que la filiale commune (ou société d’exploitation) est une
structure sociétaire particulière qui permet la coopération de deux ou plusieurs sociétés sur un
projet commun. Cette société originaire se place aux frontières de la liberté contractuelle et du
droit des sociétés73. Est réputée « filiale » toute société dont plus de la moitié du capital appar-
tient à une autre société74 en se basant sur l’article 143 de la Loi n° 17-95 qui énonce qu’on en-
tend par :
• filiale, une société dans laquelle une autre société, dite mère, possède plus de la moitié
du capital;
• participation, la détention dans une société par une autre société d' une fraction du capi-
tal comprise entre 10 et 50 %.
83. De
cet article, nous pouvons faire deux constats :
- Dans le cas où une société possède plus de 50% du capital social d’une autre société, nous
sommes face à une société mère et sa filiale ;
- Dans le cas où une société possède entre 10 et 50% d’une autre société, la première est
considérée comme ayant une participation dans la seconde.
84. Par
ailleurs, le titre 17 de la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes qui réglemente la position de
la SAS dans les groupes de société, énonce dans son article 425-1 qu’ : « En vue de créer ou de
gérer une filiale commune, ou bien de créer une société qui deviendra leur mère commune, deux

73 ARISTIDIS Goulandris, les perspectives d’utilisation de la SAS dans les stratégies des groupes de sociétés, Mé-
moire en vue de l’obtention du D.E.A de droit des affaires, soutenu le septembre 2000 à l’université ROBERT
SCHUMAN STRASBOURG III, P. 16
74 EL BELOUI Hamid, Recueil des textes de doctrine sur les groupements d’affaires, UNIVERSITE HASSAN II –
FSJES – CASABLANCA, 10/10/2022, P.18

26
La Société par Actions Simplifiée
ou plusieurs sociétés peuvent constituer entre elles une société anonyme simplifiée régie par les
dispositions du présent titre ».
85. S’a
gissant précisément des filiales communes, il est à rappeler que c’est l’objet même de la SAS
dans sa première formule d’avant la réforme du 14 juillet 2021, puisque depuis la Loi 17-95, la
Société Anonyme par Actions (ancienne dénomination) était créée à l’origine pour servir de
structure permettant le rapprochement des groupes. Elle était née du constat de l’inadaptation de
la Société Anonyme à saisir la diversité du monde des affaires et ses multiples besoins, mais aus-
si de l’incapacité de la SA à gérer les relations et conflits au sein d’une entreprise conjointe éga-
litaire (Joint-Venture). Ainsi, depuis lors, deux ou plusieurs personnes morales peuvent coopérer
au sein d’une filiale créée ou transformée en SAS.
86. Fi-
nalement, et pour intérêt d’illustration on peut citer quelques exemples de sociétés filiales im-
plantées sur le territoire marocain, à savoir :
▪ La Société des Ciments d’Agadir (SCA), qui est une filiale à 100 % de la Société Ciments
Français depuis 1951 ; introduite en 1969 à la bourse des valeurs de Casablanca de la Socié-
té des Ciments d'Agadir puis quatre ans plus tard, il y avait ouverture du capital de la société
aux actionnaires marocains. Par la suite, la part de Ciments Français passait à 37% et en
1989, la création de deux filiales dans les matériaux de construction : Bétomar pour le béton
prêt à l’emploi (BPE) et Sagram pour les granulats ont donné lieu à une fusion 10 ans plus
tard sous le seul nom de Bétomar.
▪ Maroc Telecom qui détient d’autres filiales et participations dans d’autres pays à titre
d’exemple : CASANET (entreprise solutions), MOOV AFRICA etc…
▪ Les filiales de BANK OF AFRICA – BMCE Group qui sont spécialisées dans les métiers
du Leasing, du Crédit à la consommation, du Factoring et du Recouvrement.

Paragraphe 2. La SAS : structure sociétaire pour une holding


87. Les holdings, axées sur la détention de participations dans des entreprises, sont caté-
gorisées en deux types: les holdings passives, également appelées holdings pures, et les holdings
animatrices. Cette distinction revêt une importance particulière, notamment en ce qui concerne
l'application de certains dispositifs fiscaux. À noter qu'un groupe de sociétés se forme par l'asso-
ciation de plusieurs entités qui, bien qu'elles conservent leur autonomie juridique, sont liées par
des relations octroyant à la société mère un pouvoir de contrôle, lui permettant de centraliser les
decisions.75
88. Cette notion de contrôle s’apprécie au sens de l’article L.233-3 du Code de commerce,
c’est-à-dire lorsque l’entité :

75 ZIANE Hakim, My-Kim Yang-Paya, Revue Française de Comptabilité, Juin 2019 N°532, p.26

27
La Société par Actions Simplifiée
• détient directement ou indirectement une fraction du capital lui conférant la majorité des
droits de vote dans les assemblées générales de cette société ;
• lorsqu’elle dispose seule de la majorité des droits de vote dans cette société en vertu d’un ac-
cord conclu avec d’autres associés ou actionnaires et qui n’est pas contraire à l’intérêt de la
société ;
• lorsqu’elle détermine en fait, par les droits de vote dont elle dispose, les décisions dans les
assemblées générales de cette société ;
• lorsqu’elle est associée ou actionnaire de cette société et dispose du pouvoir de nommer ou
de révoquer la majorité des membres des organes d’administration, de direction ou de sur-
veillance de cette société
89. Une phase cruciale du processus de création d'une société holding réside dans la sélection
de la structure juridique adéquate. Dans la pratique, on constate fréquemment que les investis-
seurs privilégient la forme juridique de la SAS. Cette préférence s'explique largement par les
nombreux avantages inhérents à son statut.76
90. Comme cité par l’avocate Maître Nawal Ghaouti : « Au Maroc, l’existence de holdings est
ancienne mais c’est essentiellement lors des dernières décennies que le capitalisme familial s’est
structuré et a assuré son développement par l’organisation de groupes dont les différentes entre-
prises agissent en synergie dans des métiers choisis. »77
91. Souvent, la holding est dédiée à l’animation des intérêts des différentes filiales ou entités
intégrées en assurant leur unité de décision. 78 En ce sens, le pouvoir de direction est concentré au
sein de la Holding au-delà des directions de chacune des entités, dans le but de fixer la stratégie
de l’ensemble, de déterminer la politique des investissements et la gestion pour les réaliser.
• la SAS peut être constituée avec au minimum un seul associé (SASU), lequel peut être
une personne physique mais aussi une personne morale. Il n’y a pas de nombre d’action-
naires maximum ;
• la forme sociale permet à la holding d’exercer à la fois une activité patrimoniale et une
activité commerciale ;
• les SAS bénéficient en principe du régime des sociétés des capitaux et sont assujetties à
l’impôt sur les sociétés. Sous certaines conditions, elles peuvent bénéficier du régime
des sociétés mère-fille et de l’intégration fiscale ;
• la cession d’actions par une holding SAS engendre des droits d’enregistrement très
faibles à hauteur de 0,1 % du prix de vente
• si la SAS n’a pas accès aux marchés financiers pour se financer, elle est de ce fait pro -
tégée des OPA « peu amicable ».
92. Là encore, la SAS parait une structure idéale car elle consent une grande liberté d’organi-
sation, de même qu’une unité et stabilité des associés (contrôle de l’entrée et de la sortie par des
clauses spécifiques).

76 Idem
77 https://laquotidienne.ma/article/economie/structuration-des-entreprises-en-groupe-les-multiples-atouts-averes-de-la-
sas. Consulté le 24/11/2023 à 18:00
78 Sabir Nada, Oulaourf Samira, « La SAS », 2022, p. 10.

28
La Société par Actions Simplifiée
93. La nouveauté dissociation capital/pouvoir autorise le contrôle de la holding sans en
détenir la majorité des actions par l’introduction de clauses supprimant le droit de vote des inves-
tisseurs tout en leur accordant des privilèges financiers.
94. Nous pouvons noter aussi que la SAS a été beaucoup utilisée en France où elle connait un
vif succès comme Holding de rachat dans des opérations de LBO (Leverage buy out). Des so-
ciétés de capital-risque sont associées dans la SAS Holding avec une SA ou SARL dont le Pré -
sident est nommé de manière irrévocable par cette dernière, ce qui assure au groupe une puis-
sance financière pour lever des fonds tout en conservant la maîtrise de l’entité pour le fonda-
teur.79
95. Ce dernier point explique pourquoi la SAS est en France la forme sociale préférée des
Start-up.
96. Nous rappellerons néanmoins que le choix du Législateur marocain a été de poser une li-
mite importante au financement de la SAS: l’interdiction stricte de faire appel public à l’épargne,
ce qui freine bien entendu les projets d’envergure des capital-risqueurs qui visent une entrée en
bourse à court ou moyen terme.
97. En France, où elle a été conçue en 1994, cette interdiction a été assouplie puisque la SAS
hexagonale peut recourir au marché de manière restreinte depuis l’Ordonnance de 2009 qui a
abrogé la prohibition au profit d’une dissociation entre l’admission sur un marché réglementé et
l’offre au public. Depuis 2014 les SAS peuvent également se financer par le mode du crowdfun-
ding.
98. Ce qui laisse présager de probables évolutions de notre législation dans cette même direc-
tion lors de prochaines réformes.
SECTION 2. LA SAS : UNE STRUCTURE AMÉNAGEANT LA DÉPEN-
DANCE DANS LES GROUPES DE SOCIÉTÉS

99. En
droit marocain, la notion de groupe de sociétés est appréhendée dans les textes de droit des socié-
tés, en droit fiscal, en droit de la concurrence ou encore en droit du travail.
100. La
société par actions simplifiée, par son caractère contractuel et l’extrême liberté de décisions et
d’organisation qu’elle offre à ses associés, apparait comme « la structure sociétaire qui présente
les traits les plus convenables aux groupes de sociétés ». Il convient dans un premier temps de
mettre en évidence les intérêts et les limites de la SAS dans les groupes de société (Paragraphe
1), et dans un deuxième temps la contribution de la SAS comme outil de gestion et de contrôle
des groupes de société (Paragraphe 2).

Paragraphe 1. Intérêt et limites de la SAS dans les groupes de société

79 ARISTIDIS GOULANDRIS, LES PERSPECTIVES D’UTILISATION DE LA SOCIETE PAR ACTIONS SIM-


PLIFIEE (SAS) DANS LES STRATEGIES DES GROUPES DE SOCIETES, Mémoire en vue de l’obtention du
D.E.A. de Droit des Affaires, 1999-2000, p.73

29
La Société par Actions Simplifiée
101. In-
térêts — L’utilisation de la SAS dans les groupes de sociétés s’impose aujourd’hui presque
comme une évidence. Présentée à l’origine comme une figure idéale pour la création de filiales
communes. La SAS est également devenue, après l’autorisation de la forme unipersonnelle en
1999 (SASU), une solution particulièrement adaptée pour la création de filiales à 100 %. Elle est
aussi fort utile comme holding, à titre d’alternative à la commandite par actions, outil de finance-
ment ou entité de transmission, voire solution possible faute de trust ou de fiducie.
102. Ces
usages sont autant d’illustrations de l’évolution voulue de la SAS par le législateur. De la loi du
3 janvier 1994, réservant cette forme sociale à des associés personnes morales ayant la capacité
d’allouer des sommes élevées à la formation du capital social, à celles des 12 juillet 1999 et 15
mai 2001, ouvrant la SAS à toutes les catégories d’associés, permettant la forme unipersonnelle
et un niveau de capital aligné sur celui de la SA, les efforts se sont constamment portés vers la
création d’un outil souple et adapté aux besoins des entreprises.80
103. Un
groupe est une organisation complexe en mouvement permanent : des entreprises entrent ou
quittent l’ensemble, des filiales croissent, apparaissent ou disparaissent au gré des stratégies éco-
nomiques et de la conjoncture.
104. Le
besoin de flexibilité et de souplesse, apparait comme un élément vital, intrinsèque au fonctionne-
ment des Groupes, contraints à s’adapter sans cesse aux réalités et contraintes économiques du
marché local ou mondial. Ce qui justifie que le droit peine à saisir la réalité de ces architectures
qui jouent et usent des frontières juridiques fictives de leurs filiales et entités.
105. De
ce point de vue, la société par actions simplifiée, SAS, de par son caractère contractuel et l’ex-
trême liberté de décisions et d’organisation qu’elle offre à ses associés, apparait en effet comme
« la structure sociétaire qui présente les traits les plus convenables aux groupes de sociétés ».
106. La
SAS permet aux groupes de mieux se structurer et de s’organiser de manière pragmatique par la
simplification de l’architecture de l’ensemble mais aussi par une gestion et un contrôle efficaces
dus à la dissociation du capital et du pouvoir. Nous pouvons citer 3 types d’utilisations pos-
sibles : La SAS peut accueillir une filiale commune, elle peut servir de structure à la Holding
comme elle peut être très utile pour la gestion d’une filiale exclusive.
107. S’a
gissant précisément des filiales communes, nous rappelons que c’est l’objet même de la SAS
dans sa première formule d’avant la réforme du 14 juillet 2021, puisque depuis la Loi 17-95, la
Société Anonyme par Actions (ancienne dénomination) était créée à l’origine pour servir de
structure permettant le rapprochement des groupes. Elle était née du constat de l’inadaptation de
la Société Anonyme à saisir la diversité du monde des affaires et ses multiples besoins, mais aus-
si de l’incapacité de la SA à gérer les relations et conflits au sein d’une entreprise conjointe éga-

80 LE BARS Benoît, Bulletin Joly Sociétés - n°3 -, LabaseLextenso, page 254

30
La Société par Actions Simplifiée
litaire (Joint-Venture). Ainsi, depuis lors, deux ou plusieurs personnes morales peuvent coopérer
au sein d’une filiale créée ou transformée en SAS.
108. L’i
ntérêt pour la ou les maison(s) mère(s) qui y sont associées est de pouvoir organiser au gré de
leur propre volonté le degré d’influence exercé par chacune de ces têtes de groupe sur la filiale
par un contrôle et des droits de vote indépendants de la quotité de capital acquise. Les filiales
communes peuvent en effet être soit égalitaires (50/50) soit comprendre une société majoritaire
et une ou des minoritaires. Dans ces deux cas, la particularité de la SAS est d’autoriser des for-
mules très originales de rééquilibrage des pouvoirs au sein de la filiale, par l’octroi par exemple
de droits égaux à une société minoritaire ou par l’opportunité de prévoir des droits de veto proté-
geant l’un ou l’autre associé etc... Des clauses diverses sont permises pour assurer cet équilibre
au sein de la filiale commune : clause d’agrément, clause d’exclusion, clause d’inaliénabilité,
etc…
109. En-
fin, la SAS permet une gouvernance librement aménagée dont le seul impératif demeure la nomi-
nation d’un Président qui peut être une personne physique ou morale auquel l’associé ou les
autres associés peuvent adjoindre en toute liberté des organes de direction ou de contrôle et de
surveillance.81
110. Li-
mites — Bien que la SAS représente un choix idéal pour toute nouvelle entreprise, elle présente
néanmoins des inconvénients qu’il serait judicieux de connaître.
➢ Complexité de rédaction des statuts :

111. La
liberté contractuelle est certes très attrayante au premier abord, mais implique également une
grande responsabilité. En effet, les associés doivent impérativement s’assurer de bien rédiger les
clauses statutaires afin que celles-ci soient en accord avec les dispositions législatives, et qu’elles
ne soient pas désavantageuses pour certaines parties. Le plus judicieux serait donc de faire appel
à un avocat ou tout autre professionnel pour la rédaction des statuts.
➢ Interdiction de faire appel public à l’épargne :

112. En
effet, l’interdiction de faire appel public à l’épargne constitue une faiblesse congénitale pour les
sociétés du capital-risque, qui considèrent qu’une introduction en bourse constitue dans les mon-
tages de LBO, une voie de sortie royale pour eux. A coté de cet inconvénient, la SAS s’avère in-
capable d’offrir, en contrepartie d’un financement, les garanties que peuvent offrir les sociétés en
nom collectif et les groupements d’intérêt économique, car la responsabilité des associés est li-
mitée à leurs apports. Cette interdiction stricte freine les projets d’envergure des capital-risqueurs
qui visent une entrée en bourse ou moyen terme.
113. Né
anmoins, au vu de l’évolution constatée en France depuis 1994, notamment à travers le finance-

81 https://laquotidienne.ma/article/economie/structuration-des-entreprises-en-groupe-les-multiples-atouts-averes-de-la-
sas. Consulté le 24/11/2023 à 20:39

31
La Société par Actions Simplifiée
ment par Crowdfunding, on peut espérer une avancée législative dans les prochaines années,
voire une nouvelle réforme permettant un assouplissement des mesures concernant la prohibition
de l’appel public à l’épargne.82

Paragraphe 2. La SAS : outil de gestion et de contrôle des groupes de société


114. La
SAS constitue un instrument de simplification et de rationalisation de l’organisation des groupes
de sociétés. Dans cette perspective, ses avantages principales concernent la simplification de la
gestion de la filiale, l’allègement des règles de fonctionnement et le cumul des mandats sociaux.
115. La
simplification de la gestion — Comme son nom l’indique, l’avantage le plus important de la
nouvelle société est de simplifier la gestion des groupes de sociétés avec un objectif d’efficacité
et de rapidité des prises des décisions 83. En modifiant les dispositions réglementant la société par
actions simplifiée figurant dans la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes, le législateur maro-
cain a conféré une liberté presque totale à ses utilisateurs. Cela fait inévitablement de la SAS un
champ d’expérimentation des procédures conduisant à l’allégement du formalisme.
116. L’a
llègement des règles de fonctionnement — Le seul organe légal de la SAS étant le président, il
n’est plus nécessaire de constituer, composer et réunir un quelconque conseil d’administration
habituel. Lorsque le président sera le seul organe de la SAS, il assumera également les pouvoirs
de gestion de la société dans les conditions qui pourront être mises en place dans les statuts. le
DG peut être institué par la volonté des associés. Aux côtés de ces deux organes de direction lé-
galement identifiés, les associés sont libres d’instituer des organes de gestion ou de contrôle. La
rédaction des statuts est une condition sine qua non pour organiser la direction des SAS 84, Par
ailleurs, la faculté offerte à la société mère d'être elle-même président de sa filiale est source de
simplifications importantes.
117. Cu
mul des mandats sociaux — Il ne sera ainsi plus nécessaire de demander à des cadres salariés
de la société mère d'exercer des mandats sociaux dans les filiales en exécution de contrats de tra -
vail conclus avec la société mère, situations génératrices de difficultés tant en droit des sociétés
(personnalité juridique de la filiale, responsabilité personnelle du dirigeant) qu'en droit social
(suspension du contrat de travail, cumul avec un mandat social). Avec la SAS, ces difficultés
disparaissent : le cadre, salarié de la société mère, laquelle est président de la SAS, se voit
confier la tâche spécifique d'assurer la gestion administrative, technique ou financière de la SAS
sous l'autorité du président, son employeur. Le cadre pourra dès lors bénéficier, sans restriction,
de son statut de salarié et ne pas être considéré comme mandataire social, dans la mesure où la

82 ARISTIDIS GOULANDRIS, op.cit., P.89


83 P-L.Périn, Structures de direction et principes de management dans la SAS: quelques avancées et un recul, D. Af -
faires, n°4, 1996, P.108
84 https://www.upsilon-consulting.com/2023/01/societe-par-action-simplifiee-s-a-s/. Consulté le 24/11/2023 à 05:00

32
La Société par Actions Simplifiée
délégation de pouvoirs qu'il a reçue est suffisamment limitée pour ne pas risquer de l'assimiler à
un dirigeant de fait. N'étant pas mandataire social, il échappera à la responsabilité inhérente à ce
mandat.
118. La
SA plus rigide que la SAS — La société anonyme, étant institué par le législateur dans la pers-
pective de l’ouverture de son capital à un nombre élevé des investisseurs, vise à organiser une
véritable démocratie dans son fonctionnement. Il s’ensuit qu’elle est imprégnée par des règles
impératives et contraignantes, qui sont inadaptées aux besoins de gestion des groupes de so-
ciétés. Contrairement à liberté contractuelle accordée par la SAS, la société anonyme est une
structure pesante, car elle se caractérise par un formalisme excessif et, dans la plupart des cas, in-
utile. L’exemple le plus caractéristique de la rigidité du régime légal de la société anonyme est
l’exigence de cinq actionnaires pour sa constitution, alors que tous savent bien qu’il est extrême-
ment rare que l’on constitue une société avec cinq actionnaires réels. Par conséquent, la société
mère devra trouver quatre autres actionnaires, dont au moins une personne physique, pour déte-
nir les actions de sa filiale 85. Aussi, la SA se voit être inadapté, dans notre cas, des règles rela-
tives au conseil d’administration. La loi 17-95 prévoit, que le conseil d’administration doit être
composé de trois membres au moins. Dans la pratique, il est très difficile pour les filiales d ’un
groupe de respecter cette obligation légale. Pour satisfaire l’exigence de la loi, ces sociétés ont
régulièrement recours à des administrateurs de complaisance86.
119. La
SAS, un organe de contrôle — La souplesse du régime juridique de la SAS, permet à ses
associés de restructurer le groupe de sociétés tout en simplifiant le fonctionnement et en conser-
vant le contrôle. La SAS aura l’intention, donc, d’exercer une influence déterminante sur la ges-
tion de la société dont elle acquiert ou souscrit les parts sociales ou actions. On dit alors que la
société contrôlée est la « filiale » de la première, qui est appelée « société mère ». Il s’agit ici du
sens général de ces expressions qui ont aussi, en vertu de la Loi n° 17-95, un sens plus étroit.
L’article 144 de la loi précitée définit notamment la notion de contrôle. En effet, une société est
considérée comme en contrôlant une autre lorsqu’elle :
- détient seule ou de concert avec un ou plusieurs actionnaires directement ou indirectement une
fraction de capital lui conférant la majorité des droits de vote dans les assemblées générales de
cette société ;
- dispose seule de la majorité des droits de vote dans cette société en vertu d’un accord conclu
avec d’autres associés ou actionnaires qui n’est pas contraire à l’intérêt de la société ;
- détermine en fait seule et ou de concert (notion que l’on analysera ci-dessous) avec un ou plu-
sieurs actionnaires, par les droits de vote dont elle dispose, les décisions dans les assemblées
générales de cette société (il s’agit du contrôle de fait).
120. Les
conventions réglementées — les conventions conclues entre une société appartenant à un
groupe et son dirigeant sont soumises à une procédure de contrôle particulière. Fréquemment, les

85 ARISTIDIS GOULANDRIS, op.cit., P.58


86 (bien souvent amis ou famille) pas toujours conscients des dangers qui les guettaient, et qui tiennent de conseils
d’administration fictifs et font de faux procès-verbaux

33
La Société par Actions Simplifiée
sociétés mères et filiales (au sens large) ont des dirigeants communs. Dans ce cas, les conven-
tions passées entre les sociétés concernées sont soumises à une procédure de contrôle particulière
(43-1187 de la Loi n° 19-20 pour les SAS)88.
121. Tr
ansactions financières — De même encore, le caractère courant des transactions financières,
qu’il s’agisse de prêts, d’avances, de cautionnements, de gestion d’un pool89 de trésorerie, etc.,
doit être présumé au sein d’un groupe. En revanche, l’appréciation du caractère normal des
conditions de la transaction est plus délicate ; ce caractère devra être recherché en fonction,
d’une part, de l’importance des montants en cause au regard de la situation des sociétés en pré-
sence (notamment des possibilités financières de la société qui en supporte la charge) et, d’autre
part, du taux appliqué compte tenu des conditions en vigueur tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du
groupe. En principe, le cautionnement des engagements d’une filiale par la société mère ne re-
lève pas de la procédure des conventions réglementées. En effet, le contrat de cautionnement est
une convention entre le créancier et la caution ; il ne lie pas la caution au débiteur garanti et
l’avantage que constitue pour la filiale un cautionnement non rémunéré n’est pas pour autant une
« convention » au sens de cette procédure90.
122. D’un examen attentif de la loi portant institution de la SAS, on tire la conclusion
que cette nouvelle forme sociale était doté du législateur des avantages qui lui permettaient d’in-
tervenir dans tous les montages destinés à dissocier le capital et le pouvoir de décision170. On
doit attendre que les groupes de sociétés vont utiliser les potentialités de la SAS, comme un ins-
trument non seulement de contrôle du pouvoir, mais aussi comme un instrument de croissance.

87 « Les conventions non approuvées produisent, néanmoins leurs effets, à charge pour la personne intéressée et éven-
tuellement pour le président et les autres dirigeants, d’en supporter les conséquences dommageables pour la société ».
88 EL BELOUI Hamid, Recueil des textes de doctrine sur les groupements d’affaires, UNIVERSITE HASSAN II –
FSJES – CASABLANCA, 10/10/2022, P. 32-34
89 « Pool » désigne l'accord conclu entre des entreprises qui pendant un temps, ou pour un chantier ou pour une action
industrielle ou commerciale déterminés, tout en restant juridiquement indépendantes, mettent en commun des moyens,
(techniques, matériels et financiers) pour accomplir des actions d'ordre économique.
90 EL BELOUI HAMID, op.cit, P.36

34
La Société par Actions Simplifiée

CONCLUSION
GÉNÉRALE

123. Pour conclure, on s’aperçoit que la SAS grâce à sa souplesse et sa flexibilité, est
apte à être utilisée par les groupes de sociétés, des manières les plus différentes: de structure
d’accueil de la société mère à structure d’accueil de la société affiliée, de filiale commune à fi-
liale exclusive. En tout état de cause, ses utilisateurs doivent montrer une attention particulière
dans la rédaction des statuts de la SAS pour qu’ils évitent les impairs et les impasses. La difficul-
té de cette tâche est accentuée par le fait de l’ouverture du régime de la SAS à tous. Les dangers
qui émanent de ces faits, nous amènent à penser que la SAS peut faire dans l’avenir, quand le
nombre des SAS sera peut être plus élevé des autres sociétés fermées, l’objet de nouvelles inter-
ventions législatives. Toutefois le souci de rendre le régime légal de la SAS plus clair et plus co-
hérent, ne doit pas conduire à remettre en cause les avantages que cette société tire de la liberté
d’organisation.

35
La Société par Actions Simplifiée
124. En plus d’être réservés aux grandes entreprises, les statuts de la société par actions
simplifiées, qui constituent le socle de ses règles de fonctionnement, sont assez difficiles à appré-
hender. Cette complexité peut représenter un obstacle pour les entrepreneurs moins expérimen-
tés, soulignant ainsi la nécessité d'un accompagnement juridique spécialisé lors de la création
d'une SAS. Toutefois, cet investissement initial peut s'avérer payant, offrant une structure
flexible et adaptée aux besoins spécifiques de l'entreprise à long terme.

125. Malgré ses avantages, quelques difficultés techniques relatives à la mise en place
des SAS au Maroc demeurent. Les procédures administratives et les exigences légales peuvent
représenter des défis pour les entrepreneurs, notamment ceux qui se lancent dans l'aventure en-
trepreneuriale pour la première fois. Pour surmonter ces obstacles, une sensibilisation accrue, des
programmes de formation, et des démarches simplifiées au niveau réglementaire pourraient faci-
liter l'adoption plus répandue de la SAS comme une option viable pour les entreprises de toutes
tailles au Maroc.

126. En dépit de ces défis, la Société par Actions Simplifiée demeure un modèle de gou-
vernance d'entreprise qui a le potentiel de catalyser l'innovation et la croissance économique au
Maroc. Une compréhension approfondie de ses mécanismes, couplée à des réformes facilitant
son accès, pourrait contribuer à faire de la SAS un choix plus accessible et attrayant pour une di -
versité d'entrepreneurs, consolidant ainsi son rôle dans le paysage entrepreneurial marocain.

127. Il n’est donc pas surprenant que la SAS a plutôt été utilisée dans un but autre que ce
que le législateur lui a assigné. Dans la pratique actuelle, la SAS intéresse principalement les fi-
liales internes à un seul groupe et, dans une moindre mesure les filiales communes utilisées
comme véhicule de joint-ventures. Beaucoup de grands groupes ont recouru à la SAS, la
considérant comme la structure d’accueil la plus avantageuse pour leur filiale exclusive : la So-
ciété Générale, Philips, Shell, Alcatel, Crédit Agricole, la Caisse centrale des banques popu-
laires.. etc

128. L’analyse des utilisations de la SAS montre clairement que la pratique a tiré profit
de la discordance entre les motifs législatifs invoqués et les applications dérivées non totalement
interdites, pour dépasser le cadre étroit des seules filiales communes. Les praticiens sont servis
de la SAS surtout pour simplifier les structures intergroupes, en transformant en SAS, des filiales
qui n’étaient maintenus qu’artificiellement et coûteusement sous la forme de société anonyme.

36
La Société par Actions Simplifiée

BIBLIOGRAPHIE

I- OUVRAGES GÉNÉRAUX

EL MERNISSI Mohamed, Traité marocain de droit des sociétés, Ed. LexisNexis, 2019.

SEFFAR Karim et DOURHANI Yassine, Droit Commercial et des Sociétés, imprimerie et


papeterie EL WATANYA, 1ère édition, 2023.

II- OUVRAGES SPÉCIAUX

PÉRIN Pierre-Louis et GERMAIN Michel, La société par actions simplifiée (études -


formules), JOLY éditions, 6ème édition, 2016.

37
La Société par Actions Simplifiée
GUYON Y., Présentation générale de la société par actions simplifiée, RS, 1994.

ATTAHIR Rachid, “Le cadre juridique de la société par actions simplifiée dans la législa-
tion marocaine”, Qatar university press.

TOMASINI Laëtitia, LA SOCIETE PAR ACTIONS SIMPLIFIEE : UNE STRUCTURE


POUR TOUS ?.

SABIR Nada, Oulaourf Samira, « La SAS », 2022.

P-L.Périn, Structures de direction et principes de management dans la SAS: quelques avan-


cées et un recul, D. Affaires, n°4, 1996.

III- REVUES JURIDIQUES

SIMONART Valérie, La contractualisation des sociétés ou les aménagements contractuels


des mécanismes sociétaires, Revue pratique des sociétés, n° 6668, 1995.

ZIANE Hakim, My-Kim Yang-Paya, Revue Française de Comptabilité, Juin 2019 N°532.

LE BARS Benoît, Bulletin Joly Sociétés - n°3 -, LabaseLextenso.


Le mémento de la SAS/SASU (les guides de gestion RF), Ed Groupe Revue Fiduciaire,
4ème édition, 2007.

IV- DOCTRINE

EL BELOUI Hamid, Recueil des textes de doctrine sur les groupements d’affaires, UNI-
VERSITE HASSAN II – FSJES – CASABLANCA, 10/10/2022, P.18

V- THÈSE

LEROY Caroline, Le pacte d’actionnaires dans l’environnement sociétaire, thèse présentée


à l’université de Paris pour l’obtention d’un doctorat de droit privé, soutenue le 14 juin
2010.

VI- MÉMOIRE

38
La Société par Actions Simplifiée
ARISTIDIS Goulandris, les perspectives d’utilisation de la SAS dans les stratégies des
groupes de sociétés, Mémoire en vue de l’obtention du D.E.A de droit des affaires, soutenu
le septembre 2000 à l’université ROBERT SCHUMAN STRASBOURG III.

VII- WEBOGRAPHIE

https://uggcafrica.com/fr/la-societe-par-actions-simplifiee-au-maroc-enjeux-et-bilan-pres-
de-deux-ans-apres-lentree-en-vigueur-de-la-loi-n19-20/

https://www.lecoindesentrepreneurs.fr/clause-inalienabilite/

https://doers.ma/societe-anonyme-simplifiee-maroc/

https://www.legalplace.fr/guides/pouvoirs-president-dune-sas/

https://www.legalplace.fr/guides/clause-changement-controle/

https://www.thirel.fr/droit-des-societes---les-actes-extra-statutaires-_ad143.html

https://www.l-expert-comptable.com/a/533970-le-pacte-d-actionnaires-en-sas-definition-
clauses-rupture.html

https://monexpertdudroit.com/creation-entreprise/pacte-actionnaires/

https://agence-juridique.com/articles/le-pacte-dactionnaires-definition-et-fonctionnement/

https://wecount.ma/fr/pacte-d-actionnaires-maroc

https://www.entreprises-et-droit.fr/clause-d-inalienabilite-sas/

https://www.entreprises-et-droit.fr/clause-exclusion-sas/

https://www.legalvision.fr/guides-juridiques/sas/clause-d-agrement-sas/

https://fr.strephonsays.com/subsidiary-and-vs-joint-venture-12761

https://laquotidienne.ma/article/economie/structuration-des-entreprises-en-groupe-les-
multiples-atouts-averes-de-la-sas

39
La Société par Actions Simplifiée

https://www.upsilon-consulting.com/2023/01/societe-par-action-simplifiee-s-a-s/.

TABLE DES MATIÈRES

Introduction générale..................................................................................................4
La nature de la SAS.............................................................................................5
L’échelle historique
international..................................................................................5
L’évolution de la SAS au Maroc...................................................................................6
Avantages......................................................................................................................6
Neutralité du régime fiscal............................................................................................7
Inconvénients................................................................................................................7
Bilan pour la SAS.........................................................................................................7
Critique de la SAS........................................................................................................8
Intérêt............................................................................................................................8
Problématique...............................................................................................................8
Annonce du plan...........................................................................................................8

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La Société par Actions Simplifiée
CHAPITRE I. LA SAS : une liberté contractuelle omniprésente...........................9

Section 1. La création de la SAS......................................................................10


Paragraphe 1. Les conditions de création de la SAS............................11
Conditions de fond......................................................................................................11
Actionnaires................................................................................................................12
Apport et capital social...............................................................................................12
Appel public à l’épargne.............................................................................................12
Conditions de forme....................................................................................................13
Conditions de publicité...............................................................................................13
Transformation en SAS...............................................................................................13

Paragraphe 2. La direction et le contrôle de la SAS.............................13


Liberté d’organisation.................................................................................................14
Les organes de la
SAS.................................................................................................14
Contrôle.......................................................................................................................15

Section 2. La liberté de dessiner les contours de l’actionnariat dans la SAS...17


Paragraphe 1. L’utilité du pacte
d’actionnaires.....................................17
Nature juridique..........................................................................................................18
Définition....................................................................................................................18
Rôle du pacte d’actionnaire.........................................................................................19
Avantages....................................................................................................................19
Champ d’application...................................................................................................20
Modification................................................................................................................21

Paragraphe 2. La rédaction du pacte d’actionnaires.............................21

Clause d’inaliénabilité.................................................................................................22
Clause d’agrément.......................................................................................................22
Clause d’exclusion......................................................................................................23
Clause de changement de contrôle..............................................................................23

CHAPITRE II. LA POSITION DE LA SAS DANS LES GROUPES DE SOCIÉ-


TÉS.................................................................................................................24

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La Société par Actions Simplifiée

Section 1. Les modes d’utilisation de la SAS dans les groupes de sociétés.....25


Paragraphe 1. La SAS : structure d’accueil de filiale commune..........26
Filiale ou co-entreprise................................................................................................26
Filiale et succursale.....................................................................................................26
Définition du groupe des sociétés...............................................................................26

Paragraphe 2. La SAS : structure sociétaire pour une holding.............28

Section 2. La SAS : une structure aménageant la dépendance dans les groupes


de sociétés.........................................................................................................30
Paragraphe 1. Intérêt et limites de la SAS dans les groupes de
société..........................................................................................................................30
Intérêts.........................................................................................................................30
Limites........................................................................................................................31
Complexité de rédaction des statuts.................................................................31
Interdiction de faire appel public à l’épargne..................................................31

Paragraphe 2. La SAS : outil de gestion et de contrôle des groupes


de société.................................................................................................32
La simplification de la gestion....................................................................................32
L’allègement des règles de fonctionnement................................................................32
Cumul des mandats sociaux........................................................................................33
La SA plus rigide que la
SAS......................................................................................33
La SAS, un organe de contrôle...................................................................................33
Les conventions réglementées....................................................................................34
Transactions financières..............................................................................................34

Conclusion générale...................................................................................................35

Bibliographie...............................................................................................................38

42

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