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Résumé
Décrit en 1988 par Curthoys & Halmagyi le Head Impulse test permet, en quelques dizaine de
secondes, de tester individuellement la réponse de chacun des six canaux semi-circulaires à
des mouvements rapides de la tête. Cependant l’interprétation de ce test exige l’appréciation
du synchronisme entre le mouvement de l’œil et le mouvement de la tête. Or, du fait de la
brièveté du phénomène à observer, ce synchronisme est souvent difficile à affirmer, à tel point
que le test est encore, seize ans après sa description, très rarement réalisé en pratique ORL
quotidienne.
Les auteurs proposent ici un dispositif permettant, sans aucun allongement de la durée du test,
de conclure formellement à la positivité ou à la négativité de ce dernier, et ceci pour chacun
des six canaux. Il permet au praticien :
- par la simple observation, en vidéooculocéphaloscopie, d’affirmer la positivité du test,
tout en conservant une ou plusieurs images documentaires,
- par l’enregistrement des déplacements, vidéooculocéphalographie, de quantifier le déficit
de chacun des canaux grâce à l’analyse des courbes.
Abstract
Described in 1988 by Curthoys & Halmagyi, the Head Impulse test allows, within less than
one minute, to check individually the response of each of the six semicircular canals to fast
head movements. However, the test interpretation needs to clinically appreciate the eye/head
synchronism. But, due to the very short duration of the phenomenom, that synchronism is
often difficult to confirm, and that difficulty is so important that, sixteen years after its
desciption, the test is still seltem realised in daily practice.
The autors here describe a device allowing, without any increasing of the test duration, to
affirm the positivity or the negativity of the test, for each of the six canals. It allows the
practitionner :
by simple observation, in videooculocephaloscopie, to conclue at the positivity of the test
while keeping one or several images as evidences,
by recording the movements, in videooculocephalography, to quantify the deficit of each
semicircular canal thanks to the graph analysis.
1.1 description
Le sujet est assis tête droite. Il est instruit de fixer un repère quelconque, qui peut être la
pointe du nez de l’opérateur. Ce dernier, assis en face du patient, lui tient la tête à deux mains.
A des instants et dans des sens imprévisibles, l’opérateur va imprimer à la tête du patient des
mouvements brusques qui ont, comme caractères communs,
- d’avoir une amplitude relativement faible, de l’ordre de 30 degrés,
- d’avoir une vitesse > 200°/seconde,
- d’avoir une durée inférieure à un dixième de seconde.
Ces mouvements se font dans le plan des canaux, c’est-à-dire que l’on distingue six types de
mouvements correspondant à chacun des six canaux semi-circulaires (fig.1) :
- mouvement horizontal vers la droite, teste le canal latéral droit,
- mouvement horizontal vers la gauche, teste le canal latéral gauche,
- tête tournée de 45° à droite, impulsion en avant dans le plan sagittal, teste le canal
supérieur gauche,
- tête tournée de 45° à droite, impulsion en arrière dans le plan sagittal, teste le canal
postérieur droit,
- tête tournée de 45° à gauche, impulsion en avant dans le plan sagittal, teste le canal
supérieur droit,
- tête tournée de 45° à gauche, impulsion en arrière dans le plan sagittal, teste le canal
postérieur gauche.
1.2 Interprétation
Grâce à la vitesse de rotation de la tête, qui est supérieure à 200 degrés par seconde, le réflexe
optocinétique est inopérant au niveau de la gestion du mouvement des yeux. Autrement dit,
bien que le test se déroule en présence d’un décor visible, le sujet réagit comme s’il était dans
l’obscurité totale. Dans ces conditions, seul le canal semi-circulaire stimulé est capable de
maintenir le regard dans la direction de la cible.
Grâce à la faible durée de la rotation, qui est inférieure à 100 millisecondes, ce qui correspond
à une fréquence de stimulation d’environ 5Hz, seules les cellules phasiques du sommet des
crêtes ampullaires sont stimulées. Or ces dernières ne réagissent que dans le sens excitateur.
Des deux canaux situés dans le plan de stimulation, un seul est par conséquent impliqué dans
la réponse : celui qui se trouve dans le sens excitateur.
Enfin les cellules phasiques du canal stimulé commandent les motoneurones du globe oculaire
à partir d’un réflexe à seulement trois neurones. Or ces trois neurones ont des temps de
conduction rapides et des trajets courts : dans ces conditions la latence du réflexe est
particulièrement courte, de l’ordre de 16 millisecondes, c’est-à-dire que cette latence apparaît
pratiquement nulle à l’observation directe.
Ceci étant compris, deux situations se rencontrent selon l’état fonctionnel du canal stimulé.
Pour les raisons énoncées plus haut, et en particulier la difficulté d’interprétation qui freine la
diffusion de ce test depuis plus de seize ans, il est apparu indispensable :
- d’abord d’imaginer un système qui permette de visualiser, en les décomposant, les
mouvements oculaires à la fois de la tête et des yeux,
- ensuite de doter le praticien d’un résultat graphique de ces mouvements, en vue d’une
quantification.
2.1.1. Le matériel
Le matériel se compose d’une caméra CCD noir et blanc standard PAL à 50Hz à haute
résolution et haute sensibilité à la lumière. Cette caméra, fixée sur un trépied à la hauteur des
yeux du patient, est dotée d’un téléobjectif permettant, à une distance d’environ un mètre,
d’obtenir une image bien cadrée de la tête du patient. L’éclairage de celle-ci est obtenu grâce
à une matrice de diodes infrarouge à haut rendement.
Le signal vidéo issu de la caméra est dirigé, via un convertisseur, vers le système informatique
qui assure l’analyse automatique de l’image et le traitement du signal correspondant.
A partir des données enregistrées par le système, et déduites de l’analyse automatique de
l’image de la tête, l’ordinateur est capable de restituer sur l’écran, en temps réel :
- l’image dynamique des mouvements de la tête et des yeux, ou une ou plusieurs images
statiques à des temps choisis (fig.1 à 6),
- le graphique en temps réel des évolutions de la position de la tête et de l’orientation du
regard de l’œil droit et de l’œil gauche (fig.y)
Exemples de captures d’image dans un cas d’aréflexie unilatérale gauche ancienne compensée
:
Fig.1 : test horizontal normal vers la droite. L’image de gauche correspond au début du
mouvement de la tête vers la droite. L’image de droite est « saisie » 40 millisecondes après
celle de gauche, c’est-à-dire vers la fin du mouvement céphalique. On constate que le regard
fixe toujours l’objectif de la caméra, ce qui signe la normalité du test.
Fig. 2 : Test horizontal pathologique vers la gauche. Les conditions sont les mêmes qu’à la
figure 1. On constate sur l’image de droite, décalée de 40 millisecondes, que le regard est
incontestablement dirigé vers la gauche : le canal latéral gauche n’a pas rempli sa fonction
stabilisatrice au niveau des muscles oculomoteurs. Le patient ne pourra ramener le regard vers
la cible qu’ultérieurement, grâce à une saccade volontaire.
Fig 3 : Test normal du canal supérieur de l’oreille droite. La tête, tournée vers la gauche, est
projetée vers l’avant ce qui stimule le canal supérieur de l’oreille droite. Ce dernier apparaît
fonctionnel car on constate que la direction du regard est bien conservée.
Fig. 4 : Test normal du canal postérieur de l’oreille droite. La tête, tournée vers la droite, est
projetée vers l’arrière ce qui stimule le canal postérieur de l’oreille droite. Tout comme dans
le cas de la figure 3, on constate que la direction du regard est invariable, ce qui signe la
normalité du canal testé.
Fig. 6 : Réponse pathologique du canal supérieur de l’oreille gauche. La tête, tournée à droite,
est poussée en avant de façon à exciter le canal supérieur de l’oreille gauche. Sur l’image de
droite, 40 millisecondes après le début du mouvement, on constate que le regard est dirigé
vers le bas, c’est-à-dire dans le sens du mouvement de la tête. La fonction du canal supérieur
de l’oreille gauche est par conséquent déficitaire.
Fig. 8 : Exemple d’analyse graphique des mouvements verticaux : la tête est tournée à droite.
Selon que l’impulsion céphalique est dirigée en avant ou en arrière on teste respectivement le
canal supérieur de l'oreille gauche ou le postérieur de l'oreille droite. Sur le graphe ci-dessous
on distingue, de haut en bas :
le graphe des évolutions de la position verticale de la tête, notée « tête vertic. ». On y
remarque deux mouvements de type impulsionnel, l’un noté « HIT sup G » dirigé vers le
bas, et qui stimule le canal supérieur de l’oreille gauche, l’autre noté « HIT post D » qui
excite le canal postérieur de l’oreille droite.
Le graphe des évolutions de la direction verticale du regard de l’œil gauche, c’est-à-dire
de l’œil qui est le plus près de la caméra compte tenu de la rotation à droite de la tête. On
constate que l’impulsion de la tête en avant, notée « HIT sup G », donne lieu à une perte
de la direction du regard vers la bas qui traduit l’insuffisance fonctionnelle du canal
supérieur de l’oreille gauche. La réalité de cette perte de direction du regard, ainsi que de
son sens inférieur, sont déductibles des images, ici reproduites à la figure 6, qui sont
automatiquement capturées lors de l’identification de toute impulsion dont la vitesse
dépasse le seuil de 200°/sec. Par opposition le regard reste stable lors de l’impulsion en
arrière qui teste le canal postérieur de l’oreille droite. Là encore la fiabilité de
l’enregistrement est vérifiable grâce aux images de la figure 4 qui témoignent des bonnes
conditions d’analyse des contours de la tête et des yeux.
2.3. Le futur
Pour les besoins de la pratique ORL quotidienne le dispositif actuel, qui utilise une caméra
dont la fréquence trame est de 50Hz, est déjà bien adapté à la mise en évidence de la positivité
du signe d’Halmagyi quelle que soit la direction du mouvement de la tête. Cependant, si l’on
veut être capable de mesurer la latence du réflexe, ainsi que l’évolution des vitesses de la tête
et des yeux, alors une fréquence minimale de 200Hz est nécessaire. Or des caméras capables
de travailler à de telles fréquences sont aujourd’hui disponibles et sont donc en cours
d’adaptation.
Conclusions
Références bibliographiques
(1). Halmagyi GM, Curthoys IS (1988) A clinical sign of canal paresis. Arch. Neurol.
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dimensional vector analysis of the human vestibuloocular reflex in response to high-
acceleration head rotations. I. Responses in normal subjects. J. Neurophys. 76:4009-4020
(3) Aw ST, Halmagyi GM, Haslwanter T, Curthoys IS, Yavor RA, Todd MJ (1996b) Three-
dimensional vector analysis of the human vestibuloocular reflex in response to high-
acceleration head rotations. II. Responses in subjects with unilateral vestibular loss and
selective semicircular canal occlusion. J. Neurophys. 76:4021-4030
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the possibility of detecting vestibular lesions. J Vest Res 2002 11(3-5), 231.
(5) Guerrier Y, Uziel A. Physiologie neuro-sensorielle en ORL 1983 Ed. Masson
(6) Perrin, Conraux, Collard, Freyss, Sauvage : L’équilibre en pesenteur et impesenteur – Ed.
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(7) Baloh, Halmagyi : Disorders of the vestibular system – 1996 Oxford
(8) Morgon, Aran, Collet, Dauman, Fraysse, Freyss, Pujol, Sans, Sterkers, Ttran Ba Huy,
Uziel : Données actuelles sur la physiologie et la pathologie de l’oreille interne –1990 Arnette
(9) Brandt – Vertigo, its multisensory syndromes – 2000 2nd Ed. Springer
(10) Ulmer, Magnan, Chays - Aréflexie vestibulaire bilatérale : une notion toute relative –
Ann. Otolaryngol. Chir. Cerv. Fac. 2002 ; 119 : 216-226