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Le programme Bleu-Jaune sur l’appareil Humphrey

Rappels

Il existe 3 cônes différents. Ils diffèrent au niveau de leur photopigments et de leur perception
de longueurs d’onde :
• Cônes S captent les photons de courtes longueurs d’onde avec une absorption
maximale située vers 420 nm. (Longueurs d’ondes correspondant à la couleur bleue)
• Cônes M captent les photons de moyennes longueurs d’onde avec une absorption
maximale située autour de 530 nm. (Longueurs d’ondes correspondant à la couleur
verte)
• Cônes L captent les longueurs d’onde avec une absorption maximale de 560
nm. (Longueurs d’ondes correspondant à la couleur rouge)

Les photopigments des cônes effectuent les codages des longueurs d’onde qui sont à la
base du trichromatisme rétinien. Ces codages mettent en jeu 3 voies bien distinctes :
• La voie Parvocellulaire : elle compare les signaux issus des cônes M et L
(perception du rouge et du vert). Elle correspond à 80% des fibres du nerf optique et
est à l’origine de l’antagonisme rouge-vert.
• La voie Marvocellulaire : elle combine les signaux issus des cônes M et L
(perception de la couleur jaune). Elle correspond à 20% des cellules ganglionnaires
allant vers le nerf optique.
• La voie Koniocellulaire : elle perçoit les courtes longueurs d’onde (couleur bleue) et
correspond à moins de 1% des fibres du nerf optique.

Ces deux dernières voies sont à l’origine de l’antagonisme bleu-jaune

Principe de la périmétrie bleu-jaune (PBJ)

Le principe du CVA standard est de tester la forte sensibilité des systèmes M et L en utilisant
un fond blanc avec des stimuli blancs de différentes intensités lumineuses.

Dans le cas du CVA bleu-jaune, on cherche à tester les cellules ganglionnaires de la voie
koniocellulaire et donc la perception des plus petites longueurs d’ondes perçues par le
système S. Il faut donc l’isoler.
Pour cela, il faut modifier les paramètres du test notamment en utilisant un fond éclairé par
une lumière jaune de 530 nm de forte luminance. Cet usage va saturer les systèmes L et M
et inhibe par la même occasion les bâtonnets. Par ce biais les cônes S sont isolés, leur
sensibilité peut donc être testée par un stimulus bleu de 440 nm (+/- 10 ou 20 nm) de
longueur d’onde. De ce fait, les cellules ganglionnaires de la voie K peuvent être
correctement testées.
Lors du test, la luminance du stimulus est augmentée par paliers jusqu’à une valeur seuil à
partir de laquelle le stimulus est vu.
L’activité des cônes S reste isolée jusqu’à une certaine valeur de seuil de luminance du
stimulus. Au- delà, les autres systèmes sont activés et répondent. Ainsi, la PBJ teste
spécifiquement les déficits légers (≤ 13 dB) dans les 20 degrés centraux. Les déficits
supérieurs à 13 dB sont testés par des stimuli de luminance plus élevée qui activent dès lors
les systèmes L et M. Ainsi la PBJ est intéressante dans le cas d’un déficit précoce et
débutant.
Dans quel cas privilégier les CV bleu-jaune ? Pourquoi ?

La PBJ se base sur le fait qu’une dyschromatopsie acquise au tritan bleu-jaune qui est
souvent associée au glaucome primitif à angle ouvert (GPAO).
Ce mode d’examen sert donc au dépistage du stade précoce du glaucome. Il sert à établir
un diagnostic, une fois celui-ci établi, ce mode d’examen ne sert plus à rien.
Il est utile pour les patients de moins de 60 ans ayant des facteurs de risque de glaucome.

Remarque : cet examen a aussi été conseillé un temps pour dépister les rétinopathies
diabétiques dont l'œdème maculaire cause une dyschromatopsie acquise.

Facteurs de fluctuation de fiabilité du test

Même si la PBJ est utilisée en dépistage et ne sert pas à faire un suivi, il est conseillé d’en
faire passer plusieurs (2 ou 3) à un même patient (des jours différents). En effet, le facteur
d’apprentissage rentre en compte puisque la deuxième fois sera bien plus fiable que la
première, et la troisième que la deuxième. La fiabilité de la PBJ (pour le dépistage du GPAO)
est diminuée par la présence de certaines pathologies qui diminuent la sensibilité au
contraste bleu-jaune comme :

• L’opacité des milieux oculaires transparents : cataracte,


taies cornéennes, corps flottants vitréens, implant jaune
chez les patients pseudophaques. Ces milieux vont
absorber en trop grande quantité les courtes longueurs
d’ondes et/ou créer un effet de dispersion lumineuse,
empêchant leur perception par la rétine. C’est ce déficit
diffus qui traduit généralement un trouble du milieu au lieu
d’une atteinte glaucomateuse.

• Les dyschromatopsies acquises (dues à des rétinopathies,


rétinite pigmentaire et certaines neuropathies optiques).

Exemple d’un examen chez un patient de 71 ans non


glaucomateux porteur d’une cataracte nucléaire débutante :

Déroulement et installation du test

L’installation de la PBJ est quasiment identique à celle du CVA


standard, la seule chose à faire en plus est de pousser la petite
languette indiquée par la flèche sur l’image de gauche. Cette action
va permettre la sortie d’un petit cache en demi-cercle. Cela permet
de ne pas éblouir le patient par le projecteur de lumière jaune situé
juste au-dessus.
Sur l’écran de la machine, après avoir rentré
les données du patient et la correction des
verres utilisés, il suffit de sélectionner dans
“type d’examen” le mode 24.2 Bleu/Jaune
SF.

L’aspect de la coupole après avoir lancé la PBJ en comparaison avec un CVA standard :

Il faut avoir en tête que l’examen sera plus long qu’un CVA standard, ça prendra en
moyenne 15 à 20 % plus de temps.
Une autre différence pour l’interprétation des résultats est que la sensibilité en PBJ diminue
de manière plus importante avec l’âge que la sensibilité en CVA standard, les résultats
apparaîtront donc plus gris.

Conclusion / A retenir

La PBJ teste la sensibilité au contraste coloré dans les différents points du champ visuel. Ce
mode sur le champ visuel Humphrey permet surtout un dépistage du glaucome et non un
suivi comme le champ visuel standard.
Les résultats sont ressemblants avec ceux des CV habituels mais peuvent facilement être
faussés par un trouble des différents milieux de l'œil et certaines dyschromatopsies
acquises.

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