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Collège Jean-de-Brébeuf

LIT B01
Prof. : Anne Gagnon

L’analyse littéraire

1. Qu’est-ce qu’une analyse littéraire?

1.1. Définitions :

Une analyse littéraire est un texte qui vise à expliquer une œuvre littéraire. Il existe
différents types d’analyse littéraire : historique, biographique, psychanalytique, etc.
Celui que vous aurez à accomplir cette session est de nature thématique. Les thèmes
sont un point de départ de votre analyse, qui devra être divisée en deux idées
principales (idées plus générales), qui elles-mêmes devront être développée en deux
ou trois idées secondaires (idées plus précises).

Un thème est un sujet, le point de départ de votre réflexion. Ex. L’amitié, l’amour, la
solitude.

Une idée est une « représentation abstraite élaborée par la pensée d’un être, d’un
rapport, d’un objet »1.
Ex. L’amitié entre Anaïs et Maude est source d’émulation.
Ex. Loïc vit un amour destructeur.

***Attention, une idée n’est ni un thème, ni un fait. Écrire : « L’auteur parle d’amour »
n’est pas une idée. Dans une idée, vous devez faire un lien entre au moins deux
concepts. L’idée doit également être le fruit d’une abstraction. Donc dire qu’un
personnage cueille des fleurs n’est pas une idée non plus. C’est un fait, c’est concret.
Une idée doit être le résultat d’une interprétation que vous faites du texte analysé.

1.2. Exemples d’idées directrices qui vous seront données dans vos analyses.

1. Dans la première partie du chapitre troisième de Candide, montrez que Voltaire


critique la philosophie de l’Optimisme en dénonçant les absurdités de la guerre.

2. Dans le poème « Ô Dieu, si mes péchés… » de Mathurin Régnier (1573-1613),


montrez que le poète baroque, repentant, implore la clémence divine.

3. Dans son poème « Il faut finir mes jours… » tiré du recueil Œuvres (éd.
Posthume, 1649), Vincent Voiture est envoûté par un amour destructeur.

1
Dictionnaire Larousse.
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1.3. Structure

L’analyse est donc structurée de la façon suivante (du plus général au plus particulier):

Idée directrice

Idée principale Idée principale

Idée secondaire Idée secondaire Idée secondaire Idée secondaire

Preuves Preuves Preuves Preuves

Autre façon de voir le texte :

Idée directrice

IP1 IP2

Preuve 1
Preuve 1 IS1 Preuve 2
IS1
Preuve 2
Preuve 3 Preuve 1
Preuve 2
IS2
IS2
Preuve 1 IS3
Preuve 1
Preuve 2 Preuve 2
Preuve 3
Preuve 4

L’ensemble des idées doit permettre de développer l’idée directrice, prouver


que cette idée domine dans le texte analysé.
analysé. Ces idées doivent donc avoir des
liens entre elles et former un TOUT COHÉRENT. Par conséquent, le nombre
d’idées et de preuves est très variable. C’est à vous de le déterminer afin
d’élaborer votre propos.

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2. Premier contact avec le texte

2.1. L’identification du texte2

 Le nom de l’auteur;
 Le courant ou le groupe littéraire auquel il appartient;
 Le genre de l’œuvre: théâtre (comédie, tragédie, etc.), poésie (sonnet, ballade, ode,
etc.), texte narratif (nouvelle, conte, roman, etc.), essai;
 Le titre de l’œuvre et le titre du texte analysé (dans le cas d’un texte court comme
une fable ou un poème);
 L’année de parution.

2.2. Lectures

Je vous recommande de faire au moins deux lectures avant de passer à l’analyse, le but
étant de bien comprendre :
 le vocabulaire en cherchant dans votre dictionnaire tous les mots qui vous semblent
peu familiers ou qui pourraient avoir plusieurs sens;
 les phrases;
 le propos du texte en tentant de répondre aux questions suivantes : qui parle? À
qui? De quoi? Dans quel but? Pour ce faire, inspirez-vous de l’idée directrice.

Résumez le contenu de chaque strophe ou de chaque paragraphe et tentez de remarquer


la structure du texte, la progression du propos.

3. Analyse du texte

Une fois que vous avez cerné le contenu général du texte, vous pouvez amorcer l’analyse.

3.1. Ciblez les thèmes importants de l’idée directrice. Choisissez un crayon de couleur
par thème et soulignez toutes les expressions qui se rapportant à ces thèmes dans votre
texte.

3.2. Une fois que les extraits importants sont soulignés, analysez-les par couleur en
tentant de repérer les procédés d’écriture3.

Au fur et à mesure que vous relevez des procédés, tentez de les interpréter en vous
demandant :
 Quel est l’effet créé par ces procédés? Quelle est leur fonction dans le texte?
 Qu’est-ce que ces procédés vous apprennent de nouveau sur le thème auquel ils
se rapportent? Par exemple, si l’un des thèmes que vous analysez est la
souffrance, demandez-vous :
« Pourquoi l’auteur en parle-t-il? Quelles sont les causes et les
conséquences de cette souffrance?
Comment en parle-t-il? Quelles en sont les manifestations? »

2
Vous devrez présenter ces informations dans le sujet posé de votre introduction.
3
Inspirez-vous du Guide des procédés d’écriture.

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4. Organisation des idées dans un plan structuré

Une fois que vous avez relevé tous les éléments du texte qui se rapportent aux thèmes
que vous avez choisis, vous êtes prêts à construire le plan de votre analyse en suivant la
démarche suivante :

4.1. Le développement

 Regroupez les procédés littéraires qui présentent une même réalité.


 À partir de ces procédés, essayez d’en dégager des idées, qui seront des idées
secondaires.
 Conservez les idées récurrentes, celles qui vous semblent les plus pertinentes.
Reformulez-les, s’il le faut, pour qu’elles englobent davantage de preuves.
 Transcrivez ces idées secondaires dans votre plan ainsi que les preuves qui vous
permettent de les appuyer (extraits et procédés : gardez les explications pour la
rédaction).
 Finalement, interrogez-vous sur le lien qui existe entre les idées afin de les
présenter dans un ordre logique.

4.2. Autocorrection du plan

Afin de rédiger, vérifiez si votre plan est cohérent en vous posant les questions suivantes :

Les idées secondaires

 Les idées secondaires sont-elles vraiment des « idées » et non des thèmes ou
des faits?
 Vos idées principales sont-elles directement reliées aux idées secondaires par les
questions « Pourquoi? » ou « Comment? »
Ex. Si votre idée principale est que le locuteur souffre de son exclusion, est-ce
que les idées secondaires montrent : « Comment il souffre? » ou « Pourquoi
souffre-t-il? »
 Est-ce que chaque idée secondaire apporte un élément nouveau à votre idée
principale? Pour ce faire, résumez vos idées en un mot clé. Chaque idée
secondaire doit présenter un aspect (un thème) différent. Un personnage n’est
pas un thème.
 Vos idées sont-elles placées dans un ordre logique? Quel lien allez-vous faire
entre chacune d’elles?

Les preuves

 Les preuves sont-elles liées directement à votre idée secondaire? Permettent-


elles de l’approfondir? Pensez au principe de l’entonnoir.
 Est-ce que vos preuves sont redondantes? Apportent-elles quelque chose de
nouveau à votre idée? Si tel n’est pas le cas, vous pouvez enlever certaines
preuves ou en rassembler afin de les expliquer ensemble.
 Vos preuves comportent-elles au moins un extrait et au moins un procédé?
 Les procédés choisis sont-ils pertinents? L’effet créé est-il intéressant?

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5. La rédaction

5.1. Une fois que vos idées sont bien organisées, vous êtes fin prêts à rédiger. Pour ce
faire, suivez intégralement votre plan en reprenant les mêmes idées.

5.2. Dans votre rédaction, attention aux éléments suivants :

Pertinence

 Chaque partie de votre analyse doit vous permettre d’approfondir votre réflexion .
Ainsi, chaque idée principale doit apporter une nouveauté à votre idée directrice.
Chaque idée secondaire doit apporter un élément nouveau à vos idées principales.
Chaque preuve doit également apporter un éclairage nouveau à vos idées
secondaires.

 Rappelez-vous que chaque preuve devrait contenir les deux éléments suivants :
 Au moins un extrait ou un fait ;
 L’explication (idéalement d’un procédé). Il est inutile de dire que l’auteur
emploie une phrase impérative si vous n’expliquez pas l’utilité de ce
procédé.
De plus, vous devez expliquer le sens du procédé ou l’effet qu’il crée
dans le texte et non l’extrait. Cette facette de l’analyse est importante
pour éviter la paraphrase.

La clarté

 Bannissez les termes idée, preuve, procédé dans votre texte. Formulez directement vos
idées : « Afin de prouver la hardiesse des Français, le narrateur illustre la crainte que
ressentent les musulmans devant eux.»

 Lorsque vous citez vos extraits, n’oubliez pas de:


 Bien les intégrer aux phrases. Pour ce faire utiliser le truc des doigts sur les
guillemets.
 Les présenter en contexte : Qui parle à qui? À quel sujet? Votre lecteur doit
comprendre l’extrait sans avoir à relire le passage où vous l’avez relevé;
Exemple : Le narrateur, en parlant du musulman Grandoïne, affirme qu’il
est « preux et vaillant, courageux et hardi ».

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 Les verbes qui annoncent une citation en style direct sont nombreux - affirmer et dire ne
sont pas les seuls- et ils expriment différentes nuances. Essayez donc de raffiner votre
propos en variant votre lexique :

S’écrier, décrier Croire,


Proclamer, Nier,
Expliquer, Implorer,
Se justifier, Constater,
S’exclamer, Observer,
Déclarer, Estimer,
Admettre Décrire, et il y en a d’autres…

 Les verbes qui permettent d’analyser les procédés sont également nombreux. Voici
quelques exemples pour enrichir vos textes :

Montrer que… Exprimer


Illustrer Révéler
Évoquer Créer
Suggérer Marquer
Témoigner de Dénoncer
Mettre en lumière Décrire
Faire ressortir Préciser

Cohérence

 Il doit y avoir des liens entre chaque phrase, entre chaque preuve et entre chaque idée,
soit par des reprises d’information soit par l’emploi de marqueurs de relation.
 En ce qui a trait aux idées, questionnez-vous sur le rapport logique qui existe entre
elles (liens de cause, de conséquence, par exemple) et montrez-le à votre lecteur.
Consultez l’exemple de plan de ce présent document. Voir annexe 4.

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5.3. L’introduction (10% du travail)

Le but de l’introduction est de présenter votre analyse. Afin d’y arriver de façon
progressive, je vous propose de suivre le principe de l’entonnoir, du plus général au
plus particulier.

 Sujet amené : Vous présentez d’une manière générale votre sujet, c’est-à-dire votre
idée directrice. Pour ce faire, vous pouvez le situer dans son contexte historique, parler
du courant littéraire auquel il appartient, donner une définition du concept qui est au
cœur de voter sujet, etc. Par ailleurs, évitez les clichés du genre : « De tout temps,
l’amour est un sujet de prédilection chez les poètes … ».

 Sujet posé : Vous identifiez le texte que vous allez étudier : nom de l’auteur, titre de
l’œuvre (du texte et de l’œuvre, le cas échéant), l’époque, mouvement littéraire, etc.
(voir le numéro 2.1. de ce présent document) et vous présentez votre idée directrice.
L’ordre dans lequel vous présentez ces informations est laissé à votre discrétion.

 Sujet divisé : Vous annoncez les idées principales dans l’ordre dans lequel vous vous
proposez de les développer. Pour ce faire, formulez-les sans dire aux lecteurs que ce
sont des idées, c’est-à-dire évitez les formules académiques telles que : « Nous allons
d’abord étudier l’idée suivante… puis, par la suite, nous développerons… ».

5.4. La conclusion (10% du travail)

Dans la conclusion, vous devez clore votre réflexion en présentant de façon succincte les
temps forts de votre analyse tout en montrant que le sujet que vous avez abordé n’est pas
épuisé. Pour y arriver, suivez le principe l’entonnoir inversé, du plus particulier au plus
général.

 Synthèse : Vous faites un retour sur votre analyse en reprenant les idées
importantes de votre réflexion, les idées directrice, principales et secondaires.
Attention, vous ne pouvez reprendre les mêmes éléments présentés dans votre sujet
divisé. Vous devez montrer à votre lecteur que votre propos a évolué au fil de
votre travail, c’est-à-dire que vos idées sont plus approfondies que dans votre
introduction, et que vos idées suivent une progression logique et cohérente.

 Ouverture : Dans cette partie, vous devez élargir votre sujet, inciter votre lecteur à y
réfléchir en l’interrogeant sur les liens qui existent entre votre idée directrice et un
thème d’actualité, par exemple, ou en mettant en lumière d’autres points de vue que
celui que vous avez développé. Vous avez le choix. L’important, c’est de susciter
une réflexion chez votre lecteur. Et si vous n’avez pas d’inspiration, ne dites rien.

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Annexe 1 : les marqueurs de relation

Pour marquer un but : Pour marquer une opposition / restriction


(point de vue divergent):
Pour Dans ce but
À cette fin À cet effet Mais Cependant
De peur de Afin de Malgré tout Pourtant
De crainte que Inversement À l’inverse
Dans l’intention de À l’inverse de Par contre
Néanmoins En revanche
Pour marquer une alternative : Seulement Du moins
Toutefois D’ailleurs / par ailleurs
Ou...ou... Tantôt... tantôt... À l’opposé À la différence de
Ou bien ... ou bien Soit ... soit... Contrairement à Par contre
Soit que ... soit que À l’encontre de En dépit de
Loin de Malgré
Pour marquer un rappel : Tandis que Ceci s’oppose à
Ceci contredit Ceci empêche
Compte tenu de ce qui précède Ceci interdit
De ce point de vue
En ce qui concerne Pour marquer une cause:
À cet égard Car En effet
Étant donné que Parce que
Pour marquer une similitude (point Puisque D’autant plus que
de vue convergent) : Comme Grâce à
À cause de La suite de
Au même titre que Comme (le dit… À force de En raison de
Ainsi que De même que Faute de Au nom de
Moins que Plus que Sous prétexte que Sous prétexte de
Comme l’indique… À l’image Du fait que Vu que
de… Comme Du moment que Autant que
De la même façon À l’exemple
de… Ceci résulte de. . . découle de ... dépend de. . .
vient de. . . provient de
Pour marquer une suite
chronologique (à bannir dans les
analyses thématiques): Pour marquer un exemple ou une
explication :
Tout d’abord, Ensuite,
D’abord, Puis, Par exemple Ainsi
En premier lieu, En second lieu, …c’est-à-dire En effet
D’une part, D’autre part, C’est comme D’ailleurs
Notamment
Ceci fait penser à .... rappelle…
Ceci ressemble à ...; est semblable à
Ceci se rapproche de… Ceci évoque

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Pour marquer une affirmation : Pour marquer une conséquence :

Quoi qu’on en dise Même Donc Par conséquent


En fait Effectivement Par suite de En conséquence

En vérité Justement C’est pourquoi Ainsi peut-on


À vrai dire En réalité dire
C’est ainsi que Au point de
Pour marquer la manière : Par le fait même Alors
De ce fait Delà
Pour cela Pour ce faire Aussi (en tête de phrase) Ainsi
De cette façon De nature à D’où Dès lors
De façon à De telle sorte que De telle façon
que
Pour marquer l’exception : De telle manière que Si bien que
Sans que Au point que
Hormis Sauf que Ceci implique Ceci entraîne
Si ce n’est Sauf si Ceci provoque
Excepté À moins que amène . . . cause
Ceci exclut Ceci diffère de produit . . . suscite
Ceci annule incite . . . pousse à

Pour marquer un accord :


Pour marquer un ajout :
Certes C’est vrai
Bien sûr Bien entendu Autrement dit En outre
Il est vrai que Sans aucun doute De plus En plus
De toute évidence Il va de soi que De surcroît …sans compter
Évidemment À coup sûr que
Admettons que (plus subjectif) De même Parallèlement
En d’autres termes Notamment
D’ailleurs Par ailleurs
À ... s’ajoute… Outre… s’ajoute…

Pour marquer un bilan, une


conclusion:

Finalement Pour terminer


En fin de compte Tout compte fait
Pour tout dire Pour conclure
l’analyse
Enfin Donc
Cela dit En définitive
Bref En somme
Tout bien considéré Quoi qu’il en soit

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Annexe 2 : la citation, quelques règles importantes

1. Règles de base
Que vous citiez en style direct ou en style indirect, votre citation doit respecter les règles de
syntaxe.
Exemple fautif : L’auteur écrit : « […] ce qu’il convoitait le plus au monde, et il ne pouvait rien
en avoir. »
Exemple correct : L’auteur écrit : « Devant lui il voyait l'objet de son désir, ce qu’il convoitait le
plus au monde, et il ne pouvait rien en avoir. »

Style direct :
 Pour présenter votre citation, vous devez avoir recours aux deux-points, puis aux guillemets
au début et à la fin de la citation.
 Si la phrase est complète, vous devez la commencer par une majuscule et la terminer par un
point. Vous devez inclure la ponctuation finale dans la citation avant de fermer les
guillemets, que ce soit un point simple, un point d’exclamation, d’interrogation ou autre.
 Si vous ne citez qu’une partie de la phrase, le point final se trouvera après les guillemets
fermants. Supprimez la ponctuation avant ces guillemets. Le principe est d’éviter d’avoir plus
d’un signe de ponctuation de suite autant que possible.

Note : Si vous citez en discours direct, votre phrase se terminera avec la citation.
Exemple fautif : C’est avec des passages comme : «… n’auraient pas pu en acheter le pan
droit. » que l’auteur illustre la richesse de la fée.
Exemple correct : L’auteur utilise une hyperbole pour montrer la richesse merveilleuse de la
dame : « La reine Sémiramis […] et l’empereur Auguste / n’auraient pas pu acheter le pan droit
[de la tente de la dame] ».

Style indirect :
 Il sert à citer une expression, un membre de phrase, et non la phrase complète.
 Pour présenter une citation en style indirect, généralement introduite par le subordonnant
« que », vous devez simplement employer les guillemets au début et à la fin de votre
citation. En ce qui a trait à l’orthographe et à la ponctuation au sein de la citation, conservez
les éléments compatibles avec la construction de votre phrase : les majuscules risquent de
disparaître de même que certains signes de ponctuation (en particulier les points de toutes
sortes).

Note : Si vous citez en style indirect, vous aurez peut-être à changer quelques mots ou des
temps de verbe pour respecter la cohérence syntaxique. Si vous devez modifier de nombreux
éléments de la phrase, il est peut-être préférable d’opter pour la citation en style direct.

Exemple fautif : Il souligne que les sentiments qu’il a vécus étaient si violents que « je suis
étonné qu’il n’ait pas fait éclater mon cœur. »
Exemple correct : Il souligne que les sentiments qu’il a vécus étaient si violents qu’« [il] [est]
étonné que [son amour] n’ait pas fait éclater [son] cœur ».

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2. L’omission ou l’ajout d’un mot ou d’un groupe de mots


Vous avez le droit de modifier un extrait. Toutefois, toute modification doit être identifiée.
a) par des crochets et des points de suspension lorsque vous ne citez pas intégralement une
phrase :
Ex. : Gliglois « [voit] […] ce qu’il convoit[e] le plus au monde, et il ne [peut] rien en avoir. »
Ex. Bernard de Ventadour illustre la soumission de l’homme courtois face à sa bien-aimée dans
sa « Chanson » lorsqu’il demande à sa dame : « […] que pensez-vous faire de moi qui vous
aime tant [… ? » De plus, en parlant des rapports qu’il entretient avec l’élu de son cœur, il
affirme : « […] je sais qu’il n’est rien que je n’obtienne […] en secret […]. » Par cette
déclaration, il met en évidence la relation d’adultère qu’il entretient avec sa dame puisqu’il doit
dissimuler son amour, le garder « secret ».

b) par des crochets si vous voulez ajouter une information supplémentaire à votre citation pour
élucider l’emploi d’un pronom ou si vous voulez modifier l’accord d’un terme variable.
Ex. : « [Gliglois] était bien plus malheureux que le loup affamé, car il tenait entre ses mains la
créature qu'il aimait le plus au monde [Beauté] et n'osait rien lui dire.»

N.B. Tout en respectant la syntaxe, lorsque vous citez un extrait de texte, ne relevez que ce
qui est essentiel. La plupart du temps, vous n’avez pas à citer des phrases complètes, mais de
simples expressions. Pour vous aider, demandez-vous ce que vous allez expliquer et ne citez
que ce qui est pertinent.
Exemple fautif : Balzac affirme aussi : « [Vautrin] rugit si bien qu’il arracha des cris de terreur à
tous les pensionnaires. À ce geste de lion, et s’appuyant sur la clameur générale, les agents
tirèrent leurs pistolets. » Par cette métaphore, Balzac insiste sur la puissance du personnage.
Exemple corrigé : Lorsque Balzac affirme que Vautrin « rugit » et qu’il a un « geste de lion », il
insiste, par cette métaphore, sur la puissance du personnage.

3. Présentation de vos citations


Lorsque vous avez trois lignes et moins à citer, vous devez les intégrer à vos phrases à l’aide de
guillemets. Si vous citez des vers, vous devez également indiquer la fin des vers par des barres
obliques, tout en respectant l’orthographe des mots (comme les majuscules au début des vers).
Exemple : Dans les « Correspondances », Charles Baudelaire écrit : « La Nature est un temple
où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles.»

Si vous citez plus de trois lignes, vous devez les présenter en retrait, sans guillemets, à simple
interligne, tout en respectant l’orthographe. Toutefois, évitez les citations trop longues, essayez
d’aller chercher l’extrait qui vous semble le plus important dans votre citation.
Exemple : On pourrait considérer la première strophe des « Correspondances » comme l’acte
de naissance du symbolisme :
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L’homme y passe à travers une forêt de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

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Annexe 3 : outils d’autocorrection

Attention à l’orthographe des mots suivants :

Faire partie : ils font partie / Prendre parti;


Entre autres;
Avoir trait : en ce qui a trait;
un champ lexical;
un poème, un poète.
Apercevoir;
Bouleverser
Certes
Débarrasser
Il emploie / un emploi
Il essaie / un essai
Il travaille / un travail
Ensemble (pas de « s »)
Langage
Parmi
Quelquefois
Remords
Tant qu’à (au sens de « puisqu’il faut… ») / Quant à ( au sens de « pour ce qui est de… »)
Davantage (au sens de « plus »)/ d’avantage
« Aussi » en tête de phrase signifie « Par conséquent »

Anglicismes à corriger :

« Dû à » dans le sens de « à cause de » est un anglicisme. Pour que le sens de cette


expression soit correcte, vous devez pouvoir la remplacer par « causé par »,
« en raison de ».
Tomber amoureux : l’expression « Tomber en amour » est un anglicisme.
En français, nous « tombons amoureux »!
Mettre l’accent : l’expression « mettre l’emphase » est aussi un anglicisme. En français,
on dit « mettre l’accent ».

Trucs de correction

 Les « si » n’aiment pas les « rait ».


Ex. Si tu m’aimais, j’aurais des ailes.

 Terminaisons des verbes conjugués :


Je = S E X AI
Tu = S ou X (à l’exception des verbes à l’impératif)
Il = CADET
Nous = ONS (à l’exception du verbe être)
Vous = EZ (à l’exception des verbes être, dire et faire)
Ils ou elles = NT (jamais de « S »)

 96 % des verbes appartiennent au premier groupe (les verbes qui se terminent par
– er). Tentez donc d’apprendre ce groupe! Et n’oubliez pas d’appliquer le truc de

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« mordre ou mordu » pour savoir si un verbe est à l’infinitif ou si il est un participe


passé.

 Lorsque vous voulez savoir si un terme est un adjectif, un déterminant ou un


adverbe, remplacez-le par un mot de même classe.

Ex. Ils sont arrivés en classe tout découragés. ----- Ils sont arrivés en classe très
découragés. Très étant un adverbe, tout est donc un adverbe.

 Attention aux verbes transitifs. Ils doivent être suivis d’un complément direct ou
indirect.

Exemple de phrase erronée : Je peux vous affirmer. Affirmer quoi?


Correction : Je peux vous affirmer que je me vengerai. Je peux vous l’affirmer.

 Corrigez vos textes en commençant par la fin. De cette manière, vous ne serez
pas déconcentrés par le fil de vos idées et vous pourrez accorder davantage
d’attention à vos erreurs.

 Accordez une attention toute particulière aux termes variables :


GN : Déterminants, noms, adjectifs, pronoms.
GV : Verbes.

 Ponctuation :

Tous les groupes de mots qui peuvent être déplacés dans votre phrase (ou
supprimés) sont généralement encadrés par des virgules, à moins qu’ils ne
soient placés au début ou à la fin d’une phrase graphique. C’est le cas pour les
compléments de phrase, les éléments hors P et les marqueurs de relation.

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Annexe 4 : exemple d’analyse

1. Lecture et compréhension de l’idée directrice :

Dans sa fable « La jeune veuve », La Fontaine prouve que les malheurs sont toujours passagers. Justifiez
cette idée en montrant, d’une part, que le fabuliste se moque des femmes qui dramatisent leurs chagrins
du moment et, d’autre part, que le temps arrange toujours les choses.

Thèmes à analyser : chagrin (dramatisé) et du temps

2. Analyse du texte « La jeune veuve », Fables de Jean de La Fontaine

La perte d'un époux ne va point sans soupirs/; Puisqu'il est des vivants, ne songez plus aux morts.
On fait beaucoup de bruit;/ et puis on se console/: Je ne dis pas que tout à l'heure
Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole/, Une condition meilleure
Le Temps ramène les plaisirs./ Change en des noces ces transports4;
Entre la Veuve d'une année Mais, après certain temps, souffrez5 qu'on vous propose
Et la Veuve d'une journée Un époux beau, bien fait, jeune, et tout autre chose
La différence est grande;/ on ne croirait jamais Que le défunt./ Ah! dit-elle aussitôt,
Que ce fût la même personne:/ Un Cloître6 est l'époux qu'il me faut./
L'une fait fuir les gens,/ et l'autre a mille attraits. Le père lui laissa digérer sa disgrâce7./
Aux soupirs vrais ou faux celle-là s'abandonne;/ Un mois de la sorte se passe./
C'est toujours même note et pareil entretien;/ L'autre mois, on l'emploie à changer tous les jours
On dit qu'on est inconsolable;/ Quelque chose à l'habit, au linge, à la coiffure:/
On le dit, /mais il n'en est rien, Le deuil enfin sert de parure,
Comme on verra par cette Fable, En attendant d'autres atours8./
Ou plutôt par la vérité. Toute la bande des Amours
Revient au colombier9;/ les jeux, les ris10, la danse,
L'Époux d'une jeune beauté Ont aussi leur tour à la fin./
Partait pour l'autre monde./ À ses côtés, sa femme On se plonge soir et matin
Lui criait: Attends-moi, je te suis; et mon âme, Dans la fontaine de Jouvence11./
Aussi bien que la tienne, est prête à s'envoler./ Le Père ne craint plus ce défunt tant chéri;/
Le Mari fait seul le voyage./ Mais comme il ne parlait de rien à notre Belle:
La Belle avait un père, homme prudent et sage;/ Où donc est le jeune mari
Il laissa le torrent couler./ Que vous m'avez promis? dit-elle./
À la fin, pour la consoler:
Ma fille, lui dit-il, c'est trop verser de larmes:
Qu'a besoin le défunt que vous noyiez vos
charmes?
4
Émotions vives
5
Tolérer, permettre quelque chose
6
Couvent, monastère
7
Infortune
8
Ce qui sert à la parure d’une femme.
9
Bâtiment où on élève des pigeons, des colombes (sens figuré pour représenter le lieu où vit la jeune veuve,
symbolisée par une colombe).
10
Rire
11
Source fabuleuse dont les eaux avaient la propriété de rajeunir.

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3. Plan d’analyse

IP1 : La Fontaine se moque des femmes qui dramatisent leurs chagrins du moment.

IS1 : Elles12 manifestent leur douleur sans retenue.

1. Extrait : « Soupirs » « vrais ou faux celle-là s’abandonne »


Procédés : pluriel, opposition entre vrai et faux, sens du verbe « abandonner »

2. Extrait : Elle pleure un « torrent »


Procédé : hyperbole + sens du terme

3. Extraits : Elle « fait fuir les gens », « [noie] [ses] charmes »


Procédé : hyperboles
À laisser libre cours à leur chagrin, ces jeunes veuves s’enlaidissent.

4. Extrait : Elle « criait » « On fait beaucoup de bruit »


Procédé : valeur péjorative du verbe « crier » et du nom « bruit ». Leur
débordement est tel que ces femmes endeuillées dérangent leur entourage.

5. Extrait : « C’est toujours même note et pareil entretien »


Procédé : sens des termes « même » et « pareil ».

6. Extrait : « On dit …»
Procédés : pronom indéfini + verbe indicatif présent (valeur de vérité universelle).
Toutes les femmes agissent de la même façon.

IS2 : Elles perçoivent ce malheur (lien avec l’idée précédente par reprise d’information)
comme étant irréversible.

1. Extrait : Elle se dit « Inconsolable »


Procédé : sens du terme

2. Extrait : « Attends-moi je te suis ; et mon âme, /Aussi bien que la tienne, est
prête à s’envoler »
Procédés : phrase impérative, sens du terme « prête »

3. Extrait : « Un Cloître est l’époux qu’il me faut »


Procédés : Personnification du cloitre + verbe falloir
Leur malheur semble tel qu’elles songent à des moyens draconiens pour
remédier à leur souffrance.

12
Les extraits soulignés mettent en lumière les liens qu’il y a entre les idées pour assurer une plus grande cohésion à
l’ensemble du texte.

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Rédaction d’une analyse littéraire LIT B01

IS3 : Or (lien d’opposition) aux yeux du locuteur, ces débordements (autre lien avec l’idée
précédente par reprise d’information) sont excessifs13.

1. Extrait : La mort est un « voyage », « pour l’autre monde ».


Procédé : euphémisme

2. Extrait : « On dit qu’on est inconsolable ; / On le dit, mais il n’en est


rien ».
Procédé : indicatif présent ; opposition entre ce qui est dit et la réalité

3. Extrait : elle dit qu’elle veut le suivre, mais « Le Mari fait seul le
voyage »
Procédé : Fait qui n’a pas à être expliqué. Ce fait appuie seulement l’extrait
précédent.

IP2 : Contrairement aux femmes qui ne savent pas modérer leur tristesse (lien avec l’idée
principale précédente), l’honnête homme sait que le temps arrange toujours les choses.

IS1 : Fort de son expérience, le père agit avec réserve face aux débordements de sa fille.

1. Extrait : « homme prudent et sage »


Procédé : sens des adjectifs (témoignent de l’esprit de l’honnête homme)

2. Extrait : « laissa digérer » « laissa le torrent couler »


Procédé : répétition du verbe « laisser »; montre la distance face au malheur.

3. Extrait : cherche à la « consoler » en la conseillant.


Procédé : fait

IS2 : Comme le locuteur l’avait prédit (lien qui rappelle l’idée principale), le temps efface
les chagrins graduellement.

1. Extrait : « Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole/ Le Temps ramène les
plaisirs. »
Procédé : métaphore de l’oiseau et personnification du temps

2. Extraits : « un mois » « L’autre mois » « après un certain temps »


Procédé : marqueurs de temps

3. Extrait : : « Entre la Veuve d’une année / Et la Veuve d’une journée / La


différence est grande »
Procédé : opposition « année » et « journée » le temps = déterminant dans
processus de guérison, métamorphose « grande différence » (inutile de
l’expliquer).

13
Remarquez que chaque idée secondaire apporte un élément nouveau à vos idées principales.

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Rédaction d’une analyse littéraire LIT B01

IS3 : Ainsi, grâce au temps qui passe (lien avec l’idée précédente), le bonheur finit par
revenir.

1. Extrait : « […] on l'emploie à changer tous les jours / Quelque chose à l'habit, au linge, à
la coiffure: / Le deuil enfin sert de parure »
Procédé : énumération des transformations

2. Extrait : « mille attraits »


Procédé : hyperbole

3. Extrait : « […] on ne croirait jamais / Que ce fût la même personne »


Procédé : fait + différence est « grande »

4. Extraits : « les jeux, les ris, la danse », « On se plonge soir et matin / Dans la fontaine de
Jouvence ».
Procédé : symboles du bonheur et de la jeunesse éternelle

5. Extrait : « Toute la bande des Amours / Revient au colombier; »


Procédés : symbole de l’amour

6. Extrait : « Où donc est le jeune mari / Que vous m'avez promis? »


Procédé : dénouement qui prouve la morale de la fable « on se console »

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Rédaction d’une analyse littéraire LIT B01

4. Rédaction

Introduction

(sujet amené) Le Classicisme est un courant littéraire qui prédomine en France à l’époque de
Louis XIV, à la fin du XVIIe siècle. Dans ces œuvres phares de la littérature française, les
auteurs tels Molière et Racine tentent de plaire à leurs lecteurs tout en leur offrant des modèles
à suivre pour atteindre l’idéal social de l’époque, c’est-à-dire de l’honnête homme. (sujet posé)
Cette visée didactique14 se retrouve dans les fables de Jean La Fontaine, auteur classique
français, et plus particulièrement dans la fable XXI « La jeune veuve » publiée en 1668, dans
laquelle il tente de prouver que les malheurs sont toujours passagers. (sujet divisé) Pour ce
faire, ce grand fabuliste se moque des femmes qui dramatisent leurs chagrins du moment et
montre que le temps arrange toujours les choses.

Développement

Pour montrer que les malheurs sont toujours passagers (ID), La Fontaine met en scène
dans sa fable une jeune veuve qui dramatise sa situation (IP1). Pour arriver à ses fins, il
montre d’un ton légèrement moqueur qu’elle manifeste sa douleur sans retenue (IS1). Par
exemple, elle pousse de nombreux « soupirs », dont on peut douter de la sincérité, puisqu’ils
sont « vrais ou faux ». Elle « [crie]15 », fait « beaucoup de bruit ». Ces termes péjoratifs prouvent
qu’en plus d’exprimer haut et fort une fausse détresse, elle dérange son entourage. La Fontaine
précise également qu’elle pleure un « torrent »16 de larmes, expression hyperbolique pour
illustrer le caractère excessif de ce chagrin, qui semble peu crédible. Or toujours selon le
fabuliste, ces réactions semblent généralisées chez la gent féminine puisque l’auteur déclare
que « C’est toujours même note et pareil entretien ». En parlant des femmes, il écrit : « on dit
qu’on est inconsolable ». Le pronom indéfini « on » ainsi que l’emploi de l’indicatif présent
donnent une portée générale au propos qui semble universel. Aux yeux de La Fontaine, toutes
les femmes semblent donc réagir d’une façon aussi émotive.

Si ces dames sont excessives (rappel de l’IS1), c’est qu’elles perçoivent leur malheur
comme étant irréversible. (IS2) En effet, alors que son mari est à l’article de la mort (extrait
14
Les extraits soulignés permettent de faire des liens avec la phrase ou l’idée précédente.
15
Vous pouvez modifier un extrait, mais l’important, c’est de l’indiquer à l’aide de crochets.
16
Remarquez que les extraits sont toujours situés en contexte.

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Rédaction d’une analyse littéraire LIT B01

situé en contexte), la jeune veuve lui déclare : « Attends-moi je te suis ; et mon âme, /Aussi17
bien que la tienne, est prête à s’envoler ». La phrase impérative (procédé) montre
l’empressement de la dame à suivre son époux dans l’au-delà (effet créé par le procédé),
montrant ainsi qu’elle est « prête » à quitter les vivants qui n’ont plus rien à lui offrir (ajout à
l’explication à l’aide d’un autre extrait). Elle affirme également qu’« Un Cloître est l’époux
qu’il [lui] faut » (Notez les modifications dans l’extrait qui permettent d’éviter des
problèmes de syntaxe). En personnifiant la maison de religieuses (procédé) qui vivent isolées
du reste du monde , la jeune veuve montre que son malheur est tel qu’elle ne peut envisager
d’autres relations matrimoniales que celle avec Dieu (sens du procédé). D’ailleurs, le verbe
modalisateur « falloir » (autre procédé dans l’extrait) indique qu’à ses yeux, c’est par
obligation qu’elle prendrait une telle décision puisqu’elle ne peut envisager un autre époux
(sens de cet autre procédé)18.

Or, aux yeux de La Fontaine, cette perception typiquement féminine est exagérée (IS3).
Pour le locuteur de la fable, la mort n’est qu’un « voyage19 » « pour l’autre monde ». Cet
euphémisme indique que, loin d’être dramatique, la mort est plutôt le début d’une nouvelle vie.
D’ailleurs, la perception des femmes finit par changer. La jeune veuve qui, au chevet de son
mari était prête à le suivre, le laisse finalement faire « seul le voyage ». Cette anecdote permet
au locuteur de déclarer avec conviction : « On dit qu’on est inconsolable ; / On le dit, mais il n’en
est rien », mettant en lumière le grand contraste entre ce que disent les jeunes veuves et ce
qu’elles vivent réellement.

Ainsi20, contrairement aux femmes qui ne savent pas modérer leur ardeur, l’honnête
homme sait que le temps arrange toujours les choses (IP2). En effet, fort de son
expérience, le père de la jeune veuve agit avec réserve face aux débordements de sa fille
(IS1). Ce patriarche est dit « prudent et sage », deux adjectifs mélioratifs qui témoignent du
caractère modéré de cet honnête homme. Il en témoigne en « laiss[ant] digérer » à sa fille cette
épreuve et en « laiss[ant] le torrent [de ses larmes] couler ». Outre le fait de montrer le calme du
père, le verbe « laisser » prouve que le père ne partage pas les émois de sa fille face à la perte
de son gendre. C’est la raison pour laquelle il cherche simplement à la « consoler » puisqu’il sait

17
Vous devez respecter l’orthographe des mots (ex. les majuscules) et indiquer la fin d’un vers par une barre oblique.
18
Remarquez que chaque explication apporte un élément nouveau à l’idée. Cet élément est fondamental pour
approfondir votre réflexion et éviter la redondance du propos.
19
Ne citez toujours que l’essentiel.
20
Vous pouvez faire un paragraphe avec une idée principale, comme ici, ou diviser vos paragraphes en idées
secondaires comme dans la partie précédente.

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que sa tristesse sera éphémère. En effet, c’est exactement ce qui se produit. Comme le
locuteur l’avait prédit, le temps efface les chagrins graduellement (IS2). Sur ses ailes, « la
tristesse s'envole/ Le Temps ramène les plaisirs. » Cette métaphore de l’oiseau montre la
douceur avec laquelle le temps efface les malheurs en les éloignant des affligés. Ainsi, la jeune
veuve se métamorphose tranquillement. Son chagrin très manifeste pendant « un mois »21 se
résorbe puisque, dès « L’autre mois », elle réapprend à vivre, à se faire coquette. Et « après un
certain temps », l’oiseau du temps a déjà fait son œuvre. Ainsi, les marqueurs temporels montre
qu’« Entre la Veuve d’une année / Et la Veuve d’une journée / La différence est grande ».
L’opposition entre les deux dames est donc provoquée par le temps, qui est responsable du
processus de guérison et qui engendre la métamorphose chez la jeune fille. Par conséquent,
grâce au temps qui passe, le bonheur finit par revenir (IS3). La jeune veuve change
« Quelque chose à l'habit, au linge, à la coiffure ». Finalement, « Le deuil enfin sert de parure ».
En énumérant les nombreuses transformations que subit la veuve, le locuteur prouve que le
changement est profond puisqu’elle redevient coquette. Elle a dorénavant « mille attraits », ce
qui montre, de manière hyperbolique, qu’elle est loin de la laideur de la défunte qui
faisait « fuir » ses proches. Son bonheur est d’ailleurs perceptible par ses activités ludiques. Les
« jeux, les ris22 (les rires), la danse » sont de retour. Le locuteur écrit même : « On se plonge
soir et matin / Dans la fontaine de Jouvence », fontaine qui symbolise la jeunesse éternelle et
donc le bonheur éternel. La félicité est telle que la jeune veuve, grâce au temps, est enfin prête
à prendre époux. Et en demandant à son père : « Où donc est le jeune mari / Que vous m'avez
promis ? », elle illustre par son cheminement la morale de la fable.

21
Remarquez que tous les termes de ce champ lexical sont situés en contexte et ne sont donc pas simplement
énumérés dans une liste d’épicerie.
22
Toujours expliquer un terme qui n’est plus d’usage à notre époque.

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Conclusion

(synthèse) En somme, puisqu’à ses yeux, la mort est un simple voyage vers l’au-delà, La
Fontaine met en lumière le caractère excessif des veuves éplorées qui étalent leur chagrin
sans retenue et qui perçoivent leur épreuve comme étant insurmontable. Dans sa fable « La
jeune veuve », il tente ainsi de prouver à l’aide d’une figure masculine incarnant l’honnête
homme que, contrairement à ce que croient les jeunes femmes émotives, le temps finit
toujours par effacer les chagrins et ramène donc avec lui la coquetterie, le bonheur et l’amour,
comme l’hirondelle ramène le printemps. (ouverture) En fait, cette leçon de vie pourrait être
transposée à de nombreux contextes où le malheur semble s’acharner sur nous. C’est ce
message plein d’espoir que nous pourrions transmettre, notamment, aux nombreux réfugiés
venus trouver chez nous un havre de paix. Avec le temps, pour eux aussi, peut-être, les « jeux,
les ris, la danse » retrouveront leur place dans cette nouvelle vie qui est la leur23.

23
Il n’est pas nécessaire de formuler une question dans l’ouverture.

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Annexe 5 : Grille de correction

Contenu / 50
Pertinence et qualité des idées principales et secondaires
A (25-22): Idées très claires, judicieuses et convaincantes; réflexions substantielles qui enrichissent le contenu de
l’analyse.
B (21-19): Idées fondées, équilibrées et justes.
C (18-15): Idées correctes, mais qui manquent de profondeur ou de clarté; trop générales, trop collées au texte ou
trop éloignées; qui omettent certains aspects importants du texte; idées intéressantes, mais non prouvées.
D (14-10): Certaines idées peu pertinentes, peu convaincantes, peu liées au sujet; idées redondantes; paraphrase;
certaines idées à synthétiser.
E (9-0): Absence d’idées ou idées hors sujet; narration; confusion fait–idée-thème.

Compréhension et utilisation appropriée du texte analysé


A (25-22): Extraits/faits parfaitement appropriés; procédés très pertinents et très bien analysés.
B (21-19): Extraits/faits nombreux et pertinents; procédés bien identifiés et bien analysés.
C (18-15): Extraits/faits corrects; procédés peu nombreux et/ou analysés sommairement; quelques preuves moins
pertinentes (trop éloignées de vos idées); quelques erreurs d’interprétation; trop d’évidences.
D (14-10): Extraits/faits peu pertinents, peu convaincants ou trop peu nombreux; manque d’extraits, de procédés et
d’analyse; procédés peu pertinents; explications peu liées au procédé ciblé ou à l’idée développée; quelques
paraphrases; les explications n’apportent pas d’élément nouveau à votre réflexion.
E (9-0): Absence d’extraits/faits, de procédés et d’explications; narration; paraphrase; erreurs d’interprétation.

Forme / 25
Qualité de la structure : cohésion des paragraphes, progression des idées et intégration des citations
A (15-12) : Très bonne cohésion au sein des paragraphes; liens très clairs et très pertinents entre les idées, qui
suivent un ordre logique ; très bonne intégration des citations;
B (11-8) : Bonne unité des paragraphes ; quelques liens sont encore à travailler ; ordre ou organisation des idées (IP
et/ou IS) et des preuves à revoir ; quelques redondances; bonne intégration des citations ; quelques extraits ne sont
pas situés dans leur contexte ou sont mal intégrés aux phrases ; citations à élaguer ; revoir la présentation des
citations (3 lignes et +);
C (7-0) : Manque de cohésion dans les paragraphes ; manque d’informations dans l’introduction et la conclusion
; manque de liens entre les phrases, entre les idées ; liens chronologiques plutôt que logiques ; mauvais emploi
des marqueurs de relation ; redondances ; extraits non situés dans leur contexte et mal intégrés aux phrases ;
absence de citations.

Qualité et cohérence de l’introduction


A (5-4) : Excellent contenu, bonne cohésion dans le paragraphe;
B (3-2) : Bon contenu, sujet amené moins pertinent; manque d’informations dans le sujet posé ou divisé; manque de
cohésion; certaines parties à synthétiser (sujet amené, posé ou divisé);
C (1-0) : Absence de parties essentielles à l’introduction (sujet amené, posé ou divisé); non pertinence d’une ou de
plusieurs parties de l’introduction (sujet amené, posé ou divisé); rupture entre les trois parties.

Qualité et cohérence de la conclusion


A (5-4) : Excellent contenu, bonne cohésion dans le paragraphe;
B (3-2) : Bon contenu, synthèse partielle, ouverture moins pertinente; manque de cohésion;
C (1-0) : Absence de synthèse et/ou d’ouverture.

Maîtrise du français écrit / 25


(-0,5 point dans un texte de 750 mots)

Nombre d’erreurs : _______________________ Nombre de mots ________________________


Total : / 100

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Annexe 6 : codes de correction de la langue, département de Lettres

Codes Pénalité Catégories Types d’erreurs


d’erreurs
1 pt Mot mal orthographié
U Orthographe Majuscule/Trait d’union/Coupure de mot en fin de ligne
d’usage Élision / apostrophe
Abréviation
Nombres inférieurs à vingt et un écrits en chiffres
Ambiguïté liée au manque de lisibilité de l’écriture
Accent absent

Accent présent mais non clair (barre horizontale)


Ù ½ pt Accents Accent erroné

Erreur dans l’usage des signes de ponctuation


P ½ pt Ponctuation Titre (erreur de soulignement ou de guillemets selon le
cas)
Les trois points sans crochets dans une citation
La double ponctuation à la fin d’une citation

H 1 pt Homophones Là/la/l’a, se/ce, leurs/leur, etc.

Accords Erreur dans l’accord d’un élément du groupe nominal


A 1 pt Erreur dans l’accord d’un élément du groupe verbal
(orthographe
grammaticale) Accord d’un mot invariable (adv., prop., conj.)

C 1 pt Conjugaison Erreur de conjugaison


Absence d’un mot ou d’un constituant essentiel
S 1 pt Syntaxe Ordre incorrect des mots
Emploi erroné d’une préposition, d’un subordonnant ou
d’un coordonnant
Mauvais emploi d’un mode/temps dans la subordonnée
Problème de cohérence des temps verbaux
Emploi du mauvais auxiliaire de conjugaison
Une phrase qui se poursuit après une citation en discours
direct

Erreurs lexicales (dû à, mettre l’emphase sur, au niveau


L 1 pt Lexique de, etc.)
Niveau de langue inadéquat
(vocabulaire) Anglicisme, barbarisme (mot inventé ou déformé)
Problème de cooccurrence, mot imprécis
Sens inadéquat dans le contexte

Problème dans la reprise de l’information ou dans sa


GT 1 pt Grammaire du progression
texte Mauvais choix d’un organisateur textuel (les marqueurs
« vides » comme
premièrement/deuxièmement/troisièmement, en premier
lieu/en deuxième lieu… ou les marqueurs mal utilisés, tels
que ceux commençant une synthèse de conclusion ainsi :

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« Pour conclure, le personnage est fou parce que… »)

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