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L’atmosphère terrestre : son rôle dans l’apparition et dans le maintien de la vie

Introduction :
La Terre est la seule planète de notre système solaire à avoir une atmosphère permettant la vie. Mais la
« planète bleue » (la Terre est recouverte à 75 % par des océans) n'a pas toujours mérité son surnom et
l'atmosphère terrestre qui nous paraît si évidente est le résultat d'un long processus. La formation de la
Terre résulte d'un long processus d'accrétion de matière (c'est-à-dire d'agglomération de la matière) et
d'une différenciation progressive des différentes couches selon leur densité. L’atmosphère, quant à
elle, à évolué au cours de milliards d'années en lien avec des processus géologiques et biologiques.
Nous allons étudier la composition primitive de l'atmosphère terrestre puis son évolution,
concomitante avec l'apparition de la vie sur Terre. Enfin, nous verrons le rôle du carbone, dans son
cycle biogéochimique, ainsi que sa place dans les questions d'actualités.

1) La formation de l’atmosphère et son évolution


a. De la composition de l’atmosphère et formation de l’hydrosphère
La Terre s’est formée, il y a environ 4,5 milliards d'années (ou 4, 5 Ga). Son atmosphère, c'est-à-dire la
couche d'air qui l'enveloppe, est apparue il y a à peu près 4,4 milliards d'années sous l'action
conjuguée du dégazage des roches du manteau par l'activité volcanique, et des impacts des météorites.
Ces deux phénomènes ont déterminé la composition de l'atmosphère primitive.
Atmosphère primitive : Première atmosphère de la Terre formée il y a 4,4 milliards d'années.
Rappel : Le manteau correspond aux couches supérieures de la Terre.

Le dégazage des roches du manteau désigne donc l'expulsion des gaz accumulés dans ces roches
souterraines vers l'extérieur, grâce à l'activité volcanique. Ce dégazage a pu être mis en évidence par
l'étude des chondrites (météorites). En laboratoire, elles ont été chauffées à des températures similaires
à celles sur Terre à cette époque, afin d'analyser les gaz en sortant. Par ce processus, les scientifiques
ont reproduit ce qui a eu lieu il y a 4,4 milliards d'années.

Aujourd'hui, notre atmosphère se compose à 78% de diazote, 21 % de dioxygène et 1 % d'autres gaz


(argon, dioxyde de carbone, méthane, etc.).
À retenir
La composition de l'atmosphère primitive n'est pas la même qu'aujourd'hui : elle est très riche en eau
(80%), en dioxyde de carbone (environ 15 %) et contient du diazote en quantité moindre (< 5 %). Le
dioxygène n'est pas présent initialement : il apparaît uniquement sous forme de traces.
De plus, l'eau et le dioxyde de carbone sont des gaz à effet de serre contribuant à une température très
élevée à la surface de la Terre primitive.

ATTENTION : L'eau présente dans l'atmosphère est majoritairement sous forme gazeuse (sauf quand
il pleut). Comment l'expliquer ? Par un diagramme de phase.
L'eau existe sous trois états physiques différents : solide, liquide et gazeux (vapeur). L'état physique de
l'eau dépend de deux paramètres : la pression et la température.
Lorsque la Terre a commencé à se refroidir, l'eau sous forme de vapeur s'est condensée. Selon les
hypothèses scientifiques, cette eau provient pour moitié des météorites et pour moitié du dégazage du
manteau.
On estime qu'il a fallu environ 150 millions d'années pour former les océans.
À retenir
C'est donc par le refroidissement de la surface terrestre que l'eau présente en très grande quantité dans
l'atmosphère primitive a commencé à se liquéfier pour former l'hydrosphère.
Définition
Hydrosphère: L'hydrosphère désigne l'ensemble des zones de la Terre qui sont occupées par l'eau, que
ce soit sous sa forme liquide (océans, cours d'eau, lacs...), solide (glaciers, neiges éternelles...) ou
encore gazeuse (vapeur d'eau). La majeure partie de l'hydrosphère est constituée par les eaux salées
(mers et océans).

b) L'émergence de la vie et l'oxygénation de l'atmosphère

Les traces de vie les plus anciennes sont des stromatolithes. Les stromatolithes sont formés par les
cyanobactéries. Elles sont apparues vers -3,5 Ga, avec une très forte présence entre -2 Ga et -1 Ga
partout dans les océans du globe.
Actuellement, quelques stromatolithes en formation sont visibles en Australie par exemple.
Définition
Cyanobactérie: Bactéries photosynthétiques aquatiques.
Stromatolithe : Accumulation de lits calcaires et de petits débris rocheux dans lesquels s'entremêlent
des filaments de cyanobactéries. Ils sont le produit visible de la présence de cyanobactéries.
L'absorption du dioxyde de carbone s'accompagne de la précipitation de calcaire (CaCO3) à partir des
ions hydrogénocarbonate (HCO3-) et calcium (Ca2+) selon l'équation chimique: 2HCO3 + Ca2+ →
CaCO3 + CO2 + H2O. Cela explique l'organisation des stromatolithes en couches concentriques de
calcaire et de cyanobactéries.
Le dégagement de dioxygène va enrichir localement l'océan, le rendant oxydant. Les ions ferriques
Fe2+ issus de l'altération des roches continentales, du volcanisme et de l'activité hydrothermale
(sources et circulation d'eau chaude au fond des oceans) vont réagir au contact du dioxygène
(oxydation pour donner des ions ferriques Fe3+) et finalement donner de l'oxyde de fer (Fe2O3). Ce
processus est visible dans des roches sédimentaires riches en fer, appelées BIF (formations de fer
rubané). Leur formation a eu lieu entre -3,5 Ga et -2,2 Ga.
Définition
BIF (Bandediron Formation): Les BIF(ou gisement de fers rubanés) sont des roches alternant des
couches riches en fer oxydé et des couches de silice.
À retenir
À partir de -2,2 Ga, l'excès de dioxygène produit par les cyanobactéries a oxygéné les océans puis
l'atmosphère ( -2,4 Ga). La concentration atmosphérique en dioxygène actuelle a été atteinte il y a 500
millions d'années environ.
c .Explosion de la biodiversité marine
Dans un laps de temps d'environ 20 à 50 millions d'années, on assiste à une augmentation très forte du
nombre d'espèces marines à travers le monde. On parle d'explosion cambrienne, entre la fin du
protérozoïque et le cambrien.
Définition
Explosion cambrienne :
L'explosion cambrienne désigne l'apparition relativement soudaine de nombreux organismes marins
pluricellulaires il y a environ 540 millions d'années.Cette explosion de la vie mène à une
diversification des espèces, qu'il s'agisse de bactéries, de végétaux ou d'animaux.
Un des exemples emblématiques de cette période est la faune de Burgess, gisement de fossiles à
l'ouest du Canada. On y trouve principalement des fossiles d'animaux appartenant à la famille des
arthropodes, qui possèdent un squelette externe (carapace rigide), comme les trilobites, et à la famille
des cnidaires (méduses). Mais de nombreuses espèces appartiennent à des familles aujourd'hui
disparues.
→ Une des explications à ce fort développement de la faune est l'oxygénation des océans.

2) Formation de la couche d'ozone et impact sur l'émergence de la vie


a. Formation de la couche d'ozone
Rappel
Dans l'atmosphère, la couche d'ozone se trouve dans la stratosphère. Elle désigne une zone très riche
en ozone (03) et qui permet l'absorption de rayons ultraviolets provenant du Soleil.

On estime à 600 millions d'années l'apparition de cette couche riche en ozone. En effet, sous l'effet du
rayonnement ultraviolet solaire, le dioxygène atmosphérique peut se dissocier et donner de l'ozone
selon les réactions chimiques successives:
O2→O+O
O2+0 → 03
Cet ozone s'accumule alors à environ 30 km d'altitude, au niveau de la stratosphère.
b. Effet bénéfique de l'ozone sur la vie
L'ozone a pour particularité d'absorber une partie du rayonnement ultraviolet solaire.
Rappel
La lumière du Soleil se compose de rayons ultraviolets (UV), de la lumière visible pour les humains et
de rayons infrarouges (IR).
À retenir
Les UV sont répartis en trois catégories: Uva, UVb et UVC. Plus la longueur d'onde des UV est
courte, plus la quantité d'énergie est importante, mais moins elle pénètre le milieu. Les UVC, qui ont
une longueur d'onde plus courte, sont donc les UV les plus dangereux (mais les moins pénétrants).
L'ozone absorbe donc les rayons UVC et une grande partie des UVb, tandis que les Uva et environ 5%
des UVb atteignent la surface de la Terre.

Avant l'apparition de la couche d'ozone, la Terre était donc complètement exposée aux rayons
ultraviolets, notamment aux UVC, qui bombardaient sa surface. La toxicité de ces UVC est si
importante que la vie en dehors des océans était impossible (l'eau permet de bloquer les UVC).
→ L'ADN absorbe principalement les longueurs d'ondes des UVC et le début des UVb. Cette
absorption d'UV a pour conséquence une dénaturation ou une mutation de la molécule d'ADN.
En effet, les UV entraînent une dénaturation thermique de la double hélice d'ADN par rupture des
liaisons hydrogène. Lors de la réparation, une erreur dans le ré-appariement du double brin peut se
produire, créant ainsi une mutation de la molécule d'ADN. Et toute mutation peut engendrer une
modification de l'information contenue dans l'ADN.
À retenir
L'absorption des UV par l'ADN peut donc provoquer une dénaturation ou une mutation de la molécule
d'ADN et générer des cancers par exemple : les UV constituent ainsi des agents mutagenes pour la
molécule d'ADN.

La couche d'ozone, en bloquant une grande partie des UV, protège donc les êtres vivants et permet une
colonisation des continents par les végétaux puis les animaux.
Une autre donnée a une influence sur la composition de l'atmosphère et sur le climat : le carbone.
3) Cycle du carbone: lien entre atmosphère, hydrosphère et biosphère
Le cycle du carbone est un cycle biogeochimique qui comprend la présence de carbone dans des
réservoirs et les flux de carbone entre ces réservoirs.
Définition
Réservoirs de carbone: Un réservoir de carbone est un lieu d'accumulation des atomes de carbone
selon des caractéristiques communes (carbonates dans la lithosphère par exemple). La quantité de
carbone des réservoirs s'exprime en gigatonne de carbone (noté Gt C).
Flux de carbone: Les flux de carbone désignent la quantification des échanges entre les réservoirs de
carbone de la Terre, en lien avec des processus biogéochimiques. Les flux en gigatonne de carbone par
an (noté Gt C/an).
a. Réservoirs et flux dans les différents compartiments terrestres
Un réservoir peut constituer une source de carbone ou un puits de carbone:

 il est une source de carbone lorsqu'il émet du carbone;


 il est un puits de carbone lorsqu'il absorbe du carbone.
Astuce

 On parle de flux sortant lorsque des molécules contenant du carbone quittent un réservoir et de
flux entrant lorsque des molécules carbonées intègrent un réservoir.
 Les flux se déroulent à des échelles de temps variables suivant les processus biologiques ou
géologiques qui les génèrent. On parlera de flux rapides pour quelques jours, semaines et
jusqu'à des dizaines d'années, et de flux lents pour des milliers, voire des millions d'années.
Avant la révolution industrielle, le cycle du carbone est équilibré. Lorsque l'être humain entre dans la
période industrielle, il modifie alors les équilibres de ce cycle par usage de ressources carbonées très
anciennes (charbon puis pétrole).
Il existe quatre grands réservoirs de carbonesur Terre.
La lithosphère est le réservoir de carbone le plus important. Elle contient :

 du carbone sous forme minérale, comme par exemple le carbonate de calcium (CaCO3) qui
est une roche;
 du carbone sous forme de matière organique fossile.
Ce dernier correspond à la petite part du carbone contenue dans la lithosphère mobilisable à des
échelles de temps compatibles avec l'être humain (< 50-100 ans). Les autres processus mis en jeu se
font sur des durées bien supérieures à 10 000 ans.
Cette part mobilisable est liée aux réserves de combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon).
L'utilisation de ces combustibles fossiles a un impact très important sur le réservoir de l'atmosphère
(fort flux entrant) et des conséquences sur la machine climatique que représente la Terre. C'est donc
actuellement un réservoir en déficit important du fait de l'action de l'être humain, le renouvellement de
cette réserve étant très long (des millions d'années).
L'hydrosphère est le deuxième réservoir le plus important.
Seuls les océans de surface (entre 0 et 1 500 m de profondeur) possèdent des flux de captation du
carbone importants par dissolution du dioxyde de carbone atmosphérique et par les échanges gazeux
d'origine biologique (respiration et photosynthèse). Cet apport (CO2 dissous) a toutefois des
conséquences sur la chimie des océans (acidification) et leur fonctionnement sédimentaire, biologique
et climatique.
→ On parle d'effet tampon de l'hydrosphère car elle limite la quantité de carbone qui s'accumule dans
l'atmosphère.
De nombreux processus, comme la libération de méthane (CH4) dans les fonds océaniques, ont été
mis en évidence assez récemment et restent des sujets d'études très actuels pour affiner le modèle du
cycle du carbone.

 L'atmosphère est un réservoir de petite taille comparativement aux deux autres déjà cités. Mais
il est en lien très étroit avec les autres réservoirs. Les flux entrants naturels sont liés à l'activité
volcanique, à la combustion de matière organique (feux de forêts) et à des mécanismes
biologiques (respiration, fermentation).
→ Mais ses flux entrants sont fortement augmentés par les activités anthropiques (activités
humaines) : la combustion d'énergie fossile provoque un dégagement massif de dioxyde de carbone et
l'élevage intensif par exemple génère aussi un apport de méthane (CH4. gaz à fort effet de serre)
contribuant au déséquilibre.
Les flux sont très rapides (de la semaine à quelques mois) et cela influence très fortement la machine
climatique. La part de carbone en excédent depuis la révolution industrielle représente 45 % du
carbone contenu aujourd'hui dans l'atmosphère. Cela continu à s'accroître au rythme de 4 Gt de
carbone qui viennent enrichir l'atmosphère chaque année.
La biosphère est un réservoir en lien étroit avec l'atmosphère et l'hydrosphère, et dans une moindre
mesure avec la lithosphère.
Au niveau des flux entrants, la masse végétale en début de chaîne alimentaire fait passer du carbone
minéral dans des molécules organiques grâce à la photosynthèse.
Au niveau des flux sortants, la transformation de carbone organique en minéral se fait lors des
processus de respiration et de fermentation.
→ Les flux sortant de la biosphère sont accrus par les feux, bien plus nombreux et important cette
dernière décennie. De plus, la déforestation modifie les équilibres et libère une grande quantité de
carbone vers l'hydrosphère (lessivage des sols).
Ce schéma permet de visualiser les principaux flux entre les réservoirs:

 on note un flux de 7, 8 Gt de carbone (CO2 principalement) qui passe de la lithosphère à


l'atmosphère du fait de l'utilisation de combustibles fossiles et de la production de ciment par
l'être humain. C'est un flux post- industriel (chiffre rouge), déséquilibrant les échanges entre
les réservoirs ;
 on note aussi que l'atmosphère perd 123 Gt de carbone en faveur de la biosphère par le
processus de photosynthèse, dont 14, 1 Gt de carbone supplémentaire depuis l'ère post-
industrielle. En effet, sans rétablir l'équilibre, l'augmentation en dioxyde de carbone de
l'atmosphère permet un meilleur rendement de la photosynthèse.
b. L'exploitation des combustibles fossiles et ses conséquences sur le cycle du carbone
Les combustibles fossiles sont répartis en 3 catégories : le pétrole, le gaz, les charbons (l'anthracite, la
houille, le lignite, la tourbe).
Ils sont tous liés à la décomposition de matières organiques (d'où le nom de combustibles fossiles)
datant de quelques milliers d'années pour la tourbe à plusieurs millions d'années pour le pétrole, le gaz
et le charbon.
Ces échelles de temps sont donc non renouvelables pour l'être humain.
Leur teneur en carbone est proportionnelle au temps d'enfouissement: environ 50% pour la tourbe, 75
% à 90 % pour la houille et pratiquement 100 % pour le pétrole.
C'est le résultat d'un processus de carbonification (fossilisation): la matière organique, notée CHON
(présence de carbone, hydrogène, oxygène et azote) est dégradée, déshydratée, transformée, et sa
proportion en carbone (teneur en carbone) augmente (avec la disparition des atomes H et O).
Les charbons proviennent de la biosphère terrestre ; le pétrole et le gaz ont une origine marine.
Ces ressources fossiles enfouies dans la lithosphère ne sont pas censées être mobilisées dans les flux
actuels de manière naturelle.
Par l'exploitation humaine de ces ressources fossiles, un excédent de dioxyde de carbone est rejeté
dans l'atmosphère, amplifiant l'effet de serre et donc la hausse des températures du globe.
À retenir
Ainsi, la dégradation de ces combustibles fossiles non renouvelables par combustion introduit un
déséquilibre dans le cycle du carbone avec prélèvement de la lithosphère au profit de l'atmosphère.
Conclusion:
Nous avons vu que la longue mise en place de l'atmosphère est intimement liée à des processus
géologiques mais aussi biologiques, la naissance de la vie sur Terre ayant permis la composition
atmosphérique actuelle (riche en diazote et dioxygène) et la formation d'ozone, qui protège les êtres
vivants contre les rayonnements mutagenes.
Bien que le dioxyde de carbone représente désormais une faible portion des gaz atmosphériques (< 1
%), l'atmosphère constitue un réservoir de carbone essentiel à l'équilibre du cycle du carbone sur
Terre. Sous l'effet de l'action humaine, la composition des différents réservoirs de carbone tend à se
modifier. Le réservoir atmosphérique se retrouve ainsi particulièrement sous pression, menaçant le
fragile équilibre naturel établi depuis des millions d'années. Les répercussions sont déjà visibles sur les
climats, objets de notre prochain cours.

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