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Actuellement, les États-Unis et le Brésil sont respectivement les 1re et 7e puissances

économiques mondiales. Ceci s’explique en partie par la mise en valeur performante de


territoires aux ressources immenses.
Quelles dynamiques territoriales sont à l’œuvre aux États-Unis et au Brésil, deux
puissances mondiales ? Pour ce faire, nous rappellerons d’abord les atouts de leurs territoires,
valorisés par leurs populations ; puis, nous montrerons que leur forte intégration à la
mondialisation génère des évolutions similaires ; enfin, nous décrirons les déséquilibres spatiaux
que cette insertion engendre.

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Tout d’abord, ces deux Etats-continents représentent des territoires immenses mais
inégalement contrôlé.
Pour commencer, les Etats-Unis sont le 3e plus grand pays du monde avec une superficie
de 9,6 millions de km² contre 8,5 millions de km² pour le Brésil, qui est le 5e plus grand pays. De
plus, grâce à leurs façades maritimes, ils sont largement ouverts sur l’extérieur et les EU
possèdent le 1er domaine maritime au monde (ZEE). Cette immensité présente à la fois des
atouts (abondance des ressources naturelles, par exemple la 2e plus grande réserve de charbon
au monde dans les Rocheuses, surfaces cultivables disponibles) et des contraintes (maîtrise des
distances, contrôle du territoire par l’État).
Ces deux territoires ont ainsi connu une mise en valeur pionnière, entamée des le XVIIe
siècle. Elle s’est traduite par une colonisation progressive à partir du littoral atlantique fondée sur
les cultures spéculatives (canne à sucre, coton) et sur le recours à l’esclavage. Le territoire a été
mis en valeur de façon extensive : de vastes espaces de production agricoles (Grandes Plaines
aux États-Unis, Mato Grosso au Brésil) ont ainsi été constitués et la quasi moitié de la surface
des EU est ainsi cultivable (3,7 millions de km² sur 9,6). Par ailleurs de grandes régions
industrielles (Manufacturing Belt, Sudeste brésilien) ont également vu le jour.
Enfin, ces territoires ne sont pas maitrisés de manière égale. Le territoire des États-Unis
est bien maîtrisé, même si l’Alaska est en cours d’exploitation. De plus, grâce aux réseaux de
transports (aérien, routier et ferroviaire), le territoire états-unien connait un maillage territorial très
serré. En effet, ils cumulent les trois records mondiaux en la matière : 14947 aéroports, 6,4
millions de km de route et 226 612 km de voies ferrées. Cependant, il y a un réseau urbain
déséquilibré avec peu de villes au centre. A l’inverse, le territoire du Brésil n’est pas encore
totalement maîtrisé. L’Amazonie est encore un espace pionnier, où plus de 4 millions d’hectares
sont détruits chaque année à cause de la déforestation et son exploitation fait débat au regard
des exigences du développement durable. De plus, le réseau de transport (aérien, routier,
ferroviaire) est déséquilibré, malgré le projet de la transamazonienne, une route qui relie
l’Amazonie aux zones développées. Cependant, le potentiel hydraulique est de plus en plus
exploité (prêt de la moitié reste encore inexploité) puisque le barrage d’Itaipu est la 2e plus
grande centrale hydroélectrique au monde après celle des Trois-Gorges en Chine. Par ailleurs,
65% de l’électricité brésilienne provient des centrales hydrauliques. Le réseau urbain brésilien est
lui aussi très déséquilibré et en 1960, la ville de Brasilia, qui est la capitale politique, a été crée
pour mieux repartir les richesses et la population.
Les Etats-Unis et le Brésil sont tous les deux de grands territoires mais le Brésil demeure
plus inégalement maitrisé. Ces deux pays possèdent cependant des dynamiques territoriales
similaires.
Tout d’abord, on peut observer une forte littoralisation sur ces deux territoires. En effet,
dans les deux États, on assiste à la concentration progressive de la population et des activités
économiques dans les régions littorales. Ce phénomène est lié à leur ouverture maritime précoce
et à leur forte insertion dans l’espace mondialisé. En outre, aux États-Unis, 2/3 de la population
vit dans les régions côtières et ce taux atteint 80% au Brésil. De même, les régions littorales sont
les plus actives économiquement (Nord-Est et Californie ; Sudeste brésilien).
Par ailleurs, ces territoires font l’objet d’une intense métropolisation. Dans les deux États,
on constate le renforcement du poids décisionnel des métropoles, lié à la mondialisation. Aux
États-Unis, New York, Los Angeles, Washington et Chicago exercent une influence planétaire et
au Brésil, seule São Paulo s’affirme comme une métropole mondiale. De surplus, cette
métropolisation se traduit par d’intenses migrations intérieures au profit des régions
métropolitaines (Californie, Sudeste). Par ailleurs, les populations états-uniennes et brésiliennes
sont très urbanisées avec 82% pour les EU et 87% pour le Brésil.
Cependant, ces deux territoires connaissent une autre similarité : leur intégration
régionale. Tout d’abord, l’ALENA a permis aux États-Unis d’intensifier ses échanges
commerciaux avec le Canada et le Mexique et les frontières avec ces deux États sont des
interfaces particulièrement actives (flux de produits énergétiques et miniers, agricoles et
industriels). De même, le Mercosur (Marché commun du Sud) favorise l’émergence d’une région
transfrontalière active reliant le Paraguay, l’Uruguay et le Sud du Brésil : les flux commerciaux,
d’abord modestes, sont en pleine croissance mais le processus d’intégration régionale est
cependant moins poussé que dans l’ALENA.

Nous venons de voir que les Etats-Unis et le Brésil sont l’objet de dynamiques territoriales
similaires. Ces deux pays connaissent également de forts déséquilibres spatiaux.

Tout d’abord, à l’échelle nationale, les dynamiques territoriales à l’œuvre aux États-Unis
et au Brésil provoquent l’amplification des contrastes régionaux. Les centres concentrant
richesses et fonctions décisionnelles s’opposent aux périphéries moins riches et dépendantes,
intégrées voire en marge. Aux États-Unis, le centre historique est constitué par la
Mégalopolis américaine : les fonctions de commandement se concentrent à New York (sièges des
FTN, bourse de valeur, siège de l’ONU) et Washington (capitale fédérale, sièges du FMI et de la
Banque mondiale). Cependant, la Californie s’affirme comme un centre concurrent avec des
métropoles comme Los Angeles (sièges sociaux, production cinématographique) et San
Francisco (universités, centres de recherche). Le reste du territoire est constitué de périphéries
inégalement intégrées (voir schéma ci-dessous). Par ailleurs, 45 millions de personnes vivaient
sous le seuil de pauvreté aux EU en 2013 et 43 millions n’étaient pas couvert par une assurance
avant 2014, année où le Président Barack Obama a mis en place une réforme imposant aux
Américains de s’assurer.
Ensuite, le Brésil ne connait qu’un centre : le Sudeste, polarisé par São Paulo (capitale
économique et culturelle du Brésil). Le reste du territoire est constitué de périphéries inégalement
intégrées (voir schéma ci-dessous). Le Brésil aussi est beaucoup touché par la pauvreté et les
inégalités sont flagrantes : les 20% les plus riches détiennent 55% du revenu national alors que
les 20% plus pauvres n’en détiennent que 5%.

De plus, les déséquilibres spatiaux œuvrent aussi à l’échelle intra-urbaine. Dans les
agglomérations états-uniennes et brésiliennes, on observe une forte ségrégation socio-spatiale,
renforcée par le processus de mondialisation. Des quartiers bien connectés aux échanges
mondiaux s’opposent à des quartiers restés à l’écart. Dans les deux pays, des CBD concentrent
les richesses et les fonctions de commandement. Ils emploient les actifs, nationaux ou expatriés,
les mieux formés, dans les activités les plus productives (banques, assurances, recherche). Au
Brésil, les catégories aisées vivent dans des quartiers résidentiels proches du centre comme le
quartier des jardins à São Paulo. Aux États-Unis, on les trouve dans des quartiers centraux en
cours de réhabilitation comme Harlem à New York ou dans de lointaines banlieues. Parfois, se
mettent en place de véritables îlots de richesse hautement sécurisés que l’on appelle gated
communities. A l’inverse, les pauvres, au Brésil, habitent des bidonvilles comme la favela de la
Rocinha à Rio, séparés des quartiers riches par des murs ou des axes routiers. De même, aux
États-Unis, ils vivent dans des quartiers centraux délaissés comme le Bronx à New York.

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En somme, les territoires des États-Unis et du Brésil sont en de nombreux points
comparables : caractérisés par leurs fortes potentialités très tôt mises en valeur, ils sont affectés
par des dynamiques liées à leur forte insertion mondiale ; celle-ci accroît en même temps leurs
déséquilibres.
Ainsi, les dynamiques territoriales différenciées reflètent les contrastes entre une
puissance avérée et une puissance émergente.

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