Article original
Ann Biol Clin 2023 ; 81(5) : 491-497.
Le ratio lactate déshydrogénase/lymphocyte dans
l’évaluation du pronostic des patients atteints de
Covid-19 sévère
The lactate dehydrogenase to lymphocyte ratio in evaluating the
prognosis of patients with severe COVID-19
Redouane Mammar Bennai1
Mounya Boudbellah1
Copyright © 2024 JLE. Téléchargé par MONSIEUR MONGI AYARI le 23/01/2024.
Nada Benabdelouahab2
Badr-Eddine El Amri1
Laila Benchekroun1
1
Laboratoire Central de Biochimie,
Hôpital Ibn Sina-Rabat, Direction
du Centre Hospitalo-Universitaire
Ibn Sina Rue Lamfadel Cherkaoui
Rabat – Institut BP 6527, Rabat,
Maroc
2
Service des Urgences, Hôpital Ibn
Sina-Rabat, Direction du Centre
Hospitalo-Universitaire Ibn Sina
Rue Lamfadel Cherkaoui Rabat -
Institut BP 6527, Rabat, Maroc
doi:10.1684/abc.2023.1836
Article reçu le 28 août 2023,
accepté le 31 août 2023
Correspondance : R. M. Bennai
<bennai.redouane@gmail.com>
Pour citer cet article : Bennai RM, Boudbellah M, Benabdelouahab N, El Amri BE, Benchekroun L. Le ratio lactate déshydrogénase/lymphocyte dans
l’évaluation du pronostic des patients atteints de Covid-19 sévère. Ann Biol Clin 2023 ; 81(5) : 491-497. doi:10.1684/abc.2023.1836
Résumé. Introduction : Les paramètres biologiques inflammatoires sont
altérés chez les patients atteints de Covid-19 selon sa gravité. L’objectif de
notre étude est de trouver un score pour évaluer le pronostic des patients
atteints de Covid-19 sévère. Patients et méthodes : Il s’agit d’une étude rétro-
spective portant sur les patients atteints de Covid-19 sévère hospitalisés dans
les services de réanimation de l’Hôpital Ibn Sina de Rabat. L’étude porte
sur un total de 197 patients. Les paramètres biologiques ont été recueillis et
évalués afin de reconnaître les facteurs de mauvais pronostic du Covid-19
sévère. Résultats : Dans notre cohorte, 133 patients sont décédés (67,51 %)
et avaient une moyenne d’âge plus élevée (p < 0,001). Une corrélation statis-
tiquement significative a été retrouvée chez ce groupe de patients concernant
la procalcitonine (p = 0,005), la lactate déshydrogénase (p = 0,02) et la ferri-
tine (p = 0,017). Le ratio lactate déshydrogénase/lymphocyte (LLR) présen-
tait la précision la plus élevée parmi les scores combinés calculés. L’AUC du
LLR était de 0,628 (IC95 % : 0,549-0,708) et la valeur optimale du cut-off
était de 341, ce qui permettait d’avoir une sensibilité de 91 % et une spéci-
ficité de 84 %. Conclusion : Le LLR est un bon score prédictif du mauvais
pronostic des patients atteints de Covid-19 sévère.
Mots-clés : biologie clinique, biomarqueur, Covid-19, pronostic, LLR
Abstract. Introduction: Inflammatory biological parameters are altered
in patients with COVID-19 depending on its severity. The objective of
our study is to find a score to assess the prognosis of patients with severe
COVID-19. Patients and methods: This is a retrospective study of patients
with severe COVID-19 hospitalized in the intensive care units of Ibn Sina
Hospital in Rabat. The study involves a total of 197 patients. The bio-
logical parameters were collected and evaluated in order to recognize the
factors of poor prognosis of severe COVID-19. Results: In our cohort,
133 patients died (67.51%) and had a higher average age (p < 0.001). A
statistically significant correlation was found in this group of patients for
procalcitonin (p = 0.005), lactate dehydrogenase (p = 0.02) and ferritin
(p = 0.017). The lactate dehydrogenase/lymphocyte ratio (LLR) had the
highest accuracy among the calculated combined scores. The LLR AUC
was 0.628 (95% CI: 0.549-0.708) and the optimal cut-off value was 341,
which gave a sensitivity of 91 % and a specificity of 84 %. Conclusion: The
LLR is a good predictor of the poor prognosis of patients with severe
COVID-19.
Key words: clinical biology, biomarkers, COVID-19, prognosis, LDH
491
 Article original
Introduction
La Covid-19 est une maladie virale infectieuse,
­généralement accompagnée d’une inflammation locale
ou systémique pouvant conduire à l’atteinte de multi-
ples organes. Malgré un traitement antiviral et des soins
de soutien, la mortalité de la Covid-19 reste élevée.
Celle-ci est notamment plus élevée que la grippe sai-
sonnière [1, 2]. Le diagnostic repose sur la réaction en
chaîne par polymérase en temps réel (RT-PCR) qui per-
met la détection du SARS-CoV-2. Devant les multiples
complications de cette maladie, l’évaluation du pronos-
tic attendu peut impacter la prise en charge des patients
[3, 4]. L’utilisation de techniques largement employées,
Copyright © 2024 JLE. Téléchargé par MONSIEUR MONGI AYARI le 23/01/2024.
telles que l’analyse biochimique du sérum sanguin et
l’hémogramme peuvent être des moyens permettant
d’évaluer le pronostic de la Covid-19 [5]. L’analyse
précise d’un modèle prédictif ou d’un biomarqueur
pour le pronostic de Covid-19 sévère n’est pas encore
disponible. Cependant, le LLR (ratio lactate déshy-
drogénase/lymphocyte) a été évoqué dans la littérature
comme un possible marqueur prédictif. L’objectif de
notre étude est de valider l’efficacité prédictive du LLR
chez des patients atteints de Covid-19 sévère confirmé
lors de l’admission et de le comparer à d’autres scores
combinés développés au cours de ce travail.
Matériel et méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur les
patients atteints de Covid-19 sévère hospitalisés au
niveau des différents services de réanimation de l’Hô-
pital Ibn Sina de Rabat. La période concernée s’étend
du 1er juillet au 30 septembre 2021. L’étude porte sur
un total de 197 sujets et inclut tout patient ayant été
hospitalisé dans un service de réanimation devant le
diagnostic de Covid-19 sévère.
Devant la suspicion clinique d’atteinte au SARS-
CoV-2, le diagnostic a été confirmé par la détection
d’acides nucléiques du virus par RT-PCR à partir
d’écouvillons nasopharyngés. Seuls les patients atteints
sévèrement de Covid-19 étaient hospitalisés dans les
services de réanimation. Ils devaient présenter l’une
des conditions suivantes : une fréquence respiratoire
≥ 30 cycles par minute, une saturation périphérique en
oxygène < 93 % ou un ratio PaO2/FiO2 (pression arté-
rielle partielle en oxygène/fraction inspirée d’oxygène)
< 300 mm de mercure. Les données cliniques compre-
nant le sexe, l’âge, les comorbidités et le statut vaccinal
ont été enregistrés. Un bilan biologique a été réalisé à
l’admission comprenant un ionogramme complet, une
numération formule sanguine, un bilan de crase ainsi
492
que le dosage de biomarqueurs de type inflammatoire
(protéine C-réactive, procalcitonine, et ferritine). Les
patients sans données cliniques et biologiques com-
plètes ont été exclus de cette étude. La cohorte a été
ensuite répartie selon le pronostic vital des patients.
Une atteinte hépatique a été définie comme un taux
d’ASAT (aspartate aminotransférase), d’ALAT
(­ alanine aminotransférase), de PAL (phosphatase
­alcaline), de GGT (gamma glutamyl transférase) ou
de BT (bilirubine totale) supérieur à deux fois la limite
supérieure des valeurs normales de référence. Une
atteinte rénale a été définie comme un DFG (débit de
filtration glomérulaire) < 60 mL/min/1,73 m2. Le DFG
a été calculé selon la formule MDRD. Les troubles de
coagulation ont été évalués par le score DIC (score de
CIVD ou coagulation intravasculaire disséminée) [6].
Les ratios lactate déshydrogénase/lymphocyte (LLR),
protéine C-réactive/lymphocyte (CLR), procalcitonine/
lymphocyte (PLR) et ferritine/lymphocyte (FLR) ont
ensuite été calculés et comparés entre les deux groupes
de patients. L’aire sous la courbe (AUC) de ces combi-
naisons de scores a été évaluée par la suite pour définir
le ratio le plus précis permettant la prédiction du pro-
nostic des patients atteints de Covid-19 sévère.
Les données descriptives ont été présentées sous forme
de moyenne ± écart-type pour les variables de distri-
bution normale ou médiane et interquartiles pour les
variables de distribution asymétrique. Les résultats
ont ensuite été analysés statistiquement en utilisant les
tests paramétriques et non paramétriques (le Pearson
­Chi-Squared test pour les variables qualitatives, le t test
pour les variables quantitatives de distribution normale
et le Mann-Whitney test pour les variables quantita-
tives de distribution asymétrique). La significativité a
été fixée lorsque p < 0,05.
Résultats
Au total, 197 patients ont reçu le diagnostic de Covid-
19 sévère. La moyenne d’âge de la cohorte était de 66,4
± 14,4 ans. Celle-ci était composée de 104 hommes et
93 femmes. Parmi eux, 90 patients (45,7 %) avaient
des comorbidités dont le diabète (58 cas), l’hyperten-
sion artérielle (50 cas), une pathologie cardiovasculaire
(15 cas) ou une bronchopneumopathie obstructive (10
cas) ; un patient pouvant présenter plusieurs comorbi-
dités. Le nombre de patients ayant un schéma vaccinal
complet était de 98 (49,7 %) (tableau 1).
Dans l’ensemble de la cohorte, 64 patients (24,4 %)
ont survécu et 133 (75,6 %) sont décédés. Les patients
décédés avaient une moyenne d’âge plus élevée qui était
de 69,1 ± 13,2 ans (p < 0,001). Le taux d’incidence des
Ann Biol Clin, vol. 81, n° 5, septembre-octobre 2023
 Ratio lactate déshydrogénase/lymphocyte et pronostic de Covid-19 sévère
comorbidités ainsi que le statut vaccinal n’était pas sig-
nificativement différent entre les deux groupes. Le taux
moyen de plusieurs paramètres biologiques était plus
élevé chez les patients décédés, dont l’urée (p = 0,009),
la créatinine (p = 0,019), l’ASAT (p = 0,016), la pro-
calcitonine (p = 0,005), la LDH (p = 0,02), la ferritine
(p = 0,017) et le temps de prothrombine (p = 0,003). Au
contraire, le taux moyen de plaquettes était supérieur
chez les survivants (p = 0,044). Aucune corrélation
statistiquement significative n’a été retrouvée concer-
nant les paramètres biologiques restants, à savoir le
taux moyen de protides, d’ALAT, de PAL, de GGT, de
BT, de CRP, de leucocytes, de polynucléaires neutro-
philes, de lymphocytes, d’hémoglobine, de fibrinogène,
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de d-dimères et du temps de céphaline activé. Le taux
d’incidence d’atteinte rénale ou hépatique et de CIVD
n’était pas significativement différent entre les deux
groupes (tableau 1).
Concernant les scores combinés calculés, le LLR
(p = 0,004), le PLR (p = 0,003) et le FLR (p = 0,006)
étaient plus élevés chez les patients décédés. En
revanche, le CLR n’était pas significativement différent
entre les deux groupes (p = 0138). L’AUC du LLR était
de 0,628 (IC95 % : 0,549-0,708). La valeur optimale du
cut-off du LLR était de 341, ce qui permettait d’avoir
une sensibilité de 91 % et une spécificité de 84 %. L’AUC
du PLR était de 0,630 (IC95 % : 0,544-0,716). La valeur
optimale du cut-off du PLR était de 0,072, ce qui per-
mettait d’avoir une sensibilité de 91 % et une spécificité
de 78 %. L’AUC du FLR était de 0,621 (IC95 % : 0,540-
0,702). La valeur optimale du cut-off du FLR était de
318, ce qui permettait d’avoir une sensibilité de 91 % et
une spécificité de 86 %. L’AUC du CLR était de 0,565
(IC95 % : 0,479-0,652). La valeur optimale du cut-off
du CLR était de 68 ce qui permettait d’avoir une sensi-
bilité de 91 % et une spécificité de 84 % (figure 1).
Discussion
L’âge avancé est considéré comme un facteur de risque de
décès dans la Covid-19 [7]. En effet, dans notre cohorte,
les patients décédés avaient une moyenne d’âge de 69,1 ±
13,2 ans qui était plus élevée que celle des survivants qui
était de 60,9 ± 15,4 (p < 0,001). D’autre part, bien que
le sexe masculin et les comorbidités, en particulier l’hy-
pertension, soient considérés comme d’autres facteurs
de risque [8, 9], aucune différence significative entre les
survivants et non survivants n’a été retrouvée au cours de
ce travail. D’autres comorbidités telles que les broncho-
pneumopathies obstructives, le diabète et les maladies
cardiovasculaires ont notamment été incriminées dans
la Covid-19 sévère [10-14]. Au cours de cette maladie, les
Ann Biol Clin, vol. 81, n° 5, septembre-octobre 2023
patients peuvent développer des complications pouvant
toucher différents organes. Ceci est principalement dû à
la large distribution de l’enzyme de conversion de l’angio-
tensine 2, un récepteur du SARS-CoV-2, qui est exprimée
dans divers organes tels que les poumons, les reins, le sys-
tème cardiovasculaire et le tractus gastro-intestinal [15].
Par contre, aucune corrélation statistiquement significa-
tive n’a été constatée concernant une atteinte rénale ou
hépatique au cours de notre travail, même si les patients
décédés présentaient des taux d’urée, de créatinine, et
d’ASAT plus élevés. Bien que des anomalies de la fonction
hépatique et rénale aient été fréquemment observées chez
les patients atteints de Covid-19, ceux-ci présentent des
perturbations légères et des troubles rénaux ou hépatiques
aigus qui conduisent rarement à la ­défaillance organique
[16, 17]. Nos résultats sont donc en adéquation avec ceux
retrouvés dans la littérature [18, 19]. D’autre part, des
anomalies de la coagulation ont été constatées chez les
patients atteints de Covid-19 sévère [20, 21]. Elle est due à
l’hypoxie induite par l’infection virale qui endommage les
cellules endothéliales et active une réaction de coagulation
sanguine [18]. En effet, au cours de notre travail, le taux de
plaquettes était plus bas et le temps de prothrombine plus
allongé de manière significative chez les patients décédés,
alors qu’aucune corrélation n’a été trouvée concernant
le taux de D-dimères, le temps de céphaline activée et
surtout le DIC score. Cependant, il a été prouvé que ces
biomarqueurs de la coagulation ne pouvaient pas être
considérés comme des facteurs de risque indépendants
dans une analyse de régression logistique multivariée [18].
Ils peuvent donc refléter la gravité de la Covid-19, mais ne
peuvent pas prédire indépendamment le décès à l’hôpital.
D’après l’analyse des résultats de notre cohorte, des bio-
marqueurs inflammatoires ou de cytolyse, à savoir le
taux de lactate déshydrogénase, de procalcitonine et de
ferritine, étaient plus élevés de manière significative chez
les patients décédés. Bien que des études aient trouvé
que les taux de CRP, de neutrophiles et de lymphocytes
étaient plus élevés chez les non-survivants [18, 20], cette
corrélation n’a pas pu être affirmée au cours de ce tra-
vail. La ferritine est un médiateur clé de la dérégulation
immunitaire. L’hyperferritinémie contribue à l’éléva-
tion des cytokines par ses effets immunosuppresseurs
et pro-inflammatoires directs [22]. Ce choc cytokinique
a été incriminé dans la sévérité de la Covid-19 [23].
Comme dans notre travail, d’autres études ont révélé
un taux de ferritine plus élevé chez les patients ayant
un pronostic vital défavorable [24-26]. Il a été conclu
que les taux de ferritine sérique étaient étroitement liés
à la gravité de la Covid-19 [27]. Concernant la procal-
citonine, un taux élevé est considéré comme évocateur
d’une infection bactérienne et a longtemps été utilisé
493
 Article original

Tableau 1. Données recueillies chez les patients de notre cohorte (n = 197).

Variables Total (n = 197) Survivants (n = 64) Décédés (n = 133) p

Ratio Homme/Femme 104/93 31/33 73/60 0,396*
Âge (ans) 66,4 ± 14,4 60,9 ± 15,4 69,1 ± 13,2 < 0,001†
Vaccination 98 (49,7 %) 31 (48,4 %) 67 (50,4 %) 0,799*
Comorbidités 90 (45,7 %) 27 (42,2 %) 63 (47,4 %) 0,494*
Hypertension artérielle 50 (25,4 %) 15 (23,4 %) 35 (26,3 %) 0,664*
Diabète 58 (29,4 %) 19 (29,7 %) 39 (29,3 %) 0,958*
Cardiovasculaire 15 (7,6 %) 4 (6,2 %) 11 (8,3 %) 0,617*
Bronchopneumopathie obstructive 10 (5,1 %) 3 (4,7 %) 7 (5,3 %) 0,863*
Intubation 63 (32 %) 12 (18,7 %) 51 (38,3 %) 0,006*
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Leucocyte (×10⁹/L) 10 [7,1 ; 13,1] 10,3 [7,3 ; 13,3] 9,6 [7 ; 13,1] 0,416‡
Polynucléaire neutrophile (×10⁹/L) 9 ± 5,1 9,5 ± 5,6 8,7 ± 4,8 0,347†
Lymphocyte (×10⁹/L) 0,8 [0,5 ; 1,2] 0,9 [0,6 ; 1,2] 0,8 [0,5 ; 1,1] 0,083‡
Hémoglobine (g/dL) 12,7 [11,4 ; 14] 12,5 [11,1 ; 14,3] 12,8 [11,6 ; 14] 0,451‡
Plaquette (×10⁹/L) 243,5 ± 117 267,7 ± 118,7 2319 ± 114.9 0,044†
TP (s) 11,4 [10,9 ; 12,4] 11 [10,9 ; 11,9] 11,5 [10,9 ; 12,5] 0,003‡
TCA (s) 30,3 [25,9 ; 35,7] 29,9 [26,2 ; 35,2] 30,7 [25,8 ; 35,7] 0,817‡
Fibrinogène (g/L) 6,4 [4,8 ; 8] 6,7 [4,7 ; 8] 6 [4,8 ; 7,9] 0,374‡
D-dimère (µg/mL) 1,9 [1 ; 4,9] 1,41 [0.7 ; 4,5] 2,1 [1,1 ; 5,1] 0,06‡
Score DIC 0 [0 ; 2] 0 [0 ; 2] 0 [0 ; 2,5] 0,071‡
DIC > 4 9 (4,6 %) 1 (1,6 %) 8 (6 %) 0,161*
Protéine (g/L) 64,8 ± 8 65,6 ± 7,5 64,4 ± 8,2 0,322†
Urée (g/L) 0,5 [0,3 ; 0,9] 0,4 [0,3 ; 0,8] 0,6 [0,4 ; 1] 0,009‡
DFG (ml/min/1,73 m2) 63,4 ± 33,8 70,6 ± 32,6 60 ± 33,9 0,038†
Créatinine (mg/L) 10,2 [7,6 ; 16,1] 8,6 [7,1 ; 13,9] 11,3 [7,9 ; 18,5] 0,019‡
Aspartate aminotransférase (U/L) 42 [29 ; 66] 37 [25 ; 56] 47,5 [30 ; 72,8] 0,016‡
Alanine aminotransférase (U/L) 28 [17 ; 45] 27 [17 ; 47] 28 [18 ; 45] 0,99‡
Phosphatase alcaline (U/L) 69 [58 ; 92] 75 [55,3 ; 91,5] 67 [58 ; 92,5] 0,777‡
Gamma glutamyl transférase (U/L) 48 [28 ; 81,8] 49 [23 ; 84] 47 [29,5 ; 81,5] 0,485‡
Bilirubine totale (mg/L) 5 [4 ; 7] 5 [3 ; 7,75] 5 [4 ; 7] 0,427‡
Protéine C réactive (mg/L) 197,7 ± 116 191,9 ± 123 200,5 ± 112,8 0,625†
Procalcitonine (ng/mL) 0,6 [0,1 ; 2,2] 0,2 [0,1 ; 1,5] 0,7 [0,2 ; 2,5] 0,005‡
Lactate déshydrogénase (U/L) 639 [453,5 ; 849] 552,5 [442,3 ; 774,5] 658 [476,5 ; 894,5] 0,02‡
Ferritine (ng/mL) 1 036 [550 ; 2 088,5] 818,5 [380,8 ; 1 444] 1 112 [630,5 ; 2 408,5] 0,017‡
Ratio LDH/Lymphocyte 843,6 [523,7 ; 1 423,3] 728,4 [465,6 ; 984,2] 925,9 [536,5 ; 1 588,9] 0,004‡
Ratio CRP/Lymphocyte 213,5 [115,3 ; 421,2] 181,1 [96,1 ; 370,1] 226 [131,9 ; 434,1] 0,138‡
Ratio Procalcitonine/Lymphocyte 0,7 [0,1 ; 3,1] 0,3 [0,1 ; 2,2] 0,9 [0,2 ; 3,8] 0,003‡
Ratio Ferritine/Lymphocyte 13 338,9 [565,8 ; 2 973,5] 915,8 [456,9 ; 2 050] 1 653,3 [657,2 ; 3 728,6] 0,006‡
Atteinte rénale 96 (48,7 %) 24 (37,5 %) 72 (54,1 %) 0,287*
Atteinte hépatique 81 (41,1 %) 25 (39,1 %) 56 (42,1 %) 0,684*
∗ Pearson Chi-Squared test. † t test. ‡Mann-Whitney test.

494 Ann Biol Clin, vol. 81, n° 5, septembre-octobre 2023


1.0
0.8
0.6
Sensitivity
0.4
Copyright © 2024 JLE. Téléchargé par MONSIEUR MONGI AYARI le 23/01/2024.
0.2
0.0
0.0 0.2
Diagonal segments are produced by ties.
Figure 1. La fonction d’efficacité du récepteur (ROC) des différents scores combinés utilisés chez les patients de notre cohorte.
pour guider les décisions d’initiation aux antibiotiques
[28]. Certaines études ont suggéré qu’un taux élevé de
procalcitonine associé à une détérioration clinique des
patients atteints de Covid-19 était attribué à une surin-
fection bactérienne qui exacerbe l’infection primaire au
virus [28-32]. Cependant, la capacité de la procalcitonine
à différencier avec précision les infections bactériennes
et virales reste controversée [33, 34]. D’autre part, des
auteurs ont démontré qu’un taux élevé de procalcitonine
était associé à un risque de mortalité plus élevé, en par-
ticulier chez les patients atteints de Covid-19 sévères ce
qui est en accord avec nos résultats [30, 31, 34-36]. La
lactate déshydrogénase, quant à elle, est une enzyme pré-
sente dans presque tous les principaux organes et tissus,
en particulier le myocarde, les muscles squelettiques et
les érythrocytes. Son élévation indique une perturba-
tion de l’intégrité et de la viabilité cellulaires causées
par l’inflammation ou un autre état pathologique [37].
Des études ont rapporté que 40 % des patients atteints
de la Covid-19 présentaient un taux de lactate déshy-
drogénase élevé qui est associé à un risque plus élevé de
développer un syndrome de détresse ­respiratoire aiguë
[20]. En plus du système respiratoire, le système cardio-
vasculaire est souvent impliqué au début de la maladie.
Ann Biol Clin, vol. 81, n° 5, septembre-octobre 2023
Ratio lactate déshydrogénase/lymphocyte et pronostic de Covid-19 sévère
ROC Curve
Source of the
Curve
LLR
CLR
PLR
FLR
Reference Line
0.4 0.6 0.8 1.0
1 - Specificity
Les patients peuvent développer une ­cardiomyopathie,
une insuffisance cardiaque ou encore des arythmies [38].
Finalement, nous avons utilisé ces trois biomarqueurs
dans le développement d’un score prédictif dans le pro-
nostic du Covid-19 sévère.
Il a été rapporté que le taux de lymphocytes est un
­facteur pronostic dans la Covid-19 [39]. Bien qu’aucune
différence statiquement significative n’ait été retrou-
vée concernant le taux de lymphocytes entre les deux
groupes de notre cohorte, il a été cité dans la littérature
que 83,2 % des patients souffrant de Covid-19 présen-
taient une lymphopénie et que celle-ci était significative-
ment plus faible chez les patients souffrant de Covid-19
sévère [20, 40]. Des études récentes ont démontré que
la lymphopénie peut devenir importante après l’appari-
tion d’une tempête de cytokines qui peut entraîner des
dommages immunitaires et cellulaires pouvant être le
mécanisme physiopathologique de la Covid-19 [20, 41].
Il est donc judicieux de développer un marqueur pré-
dictif basé sur le nombre de lymphocytes.
Les résultats de notre étude ont indiqué que la lactate
déshydrogénase, la procalcitonine et la ferritine étaient des
paramètres sensibles d’évaluation des lésions organiques
dans la Covid-19 sévère. Le nombre de lymphocytes
495
 Article original
étant déjà rapporté dans la littérature comme un facteur
pronostic fiable dans cette maladie, nous avons proposé
les LLR, PLR et FLR comme des potentiels scores
combinés dans la prédiction de la Covid-19 sévère, puis-
qu’ils reflètent simultanément les lésions organiques et
le statut immunitaire de l’hôte. Le CLR a été présenté
comme un bon moyen de prédire l’évolution sévère de
la Covid-19 dans d’autres études [39], mais ni le taux de
CRP (p = 0,625) ni le CLR (p = 0,138) n’avait de corréla-
tion statistiquement significative entre les deux groupes
de notre cohorte contrairement au LLR (p = 0,004),
PLR (p = 0,003) et FLR (p = 0,006). Nous avons conduit
ensuite une analyse ROC et parmi ces trois scores com-
binés, le PLR était celui qui avait un plus grand AUC
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(AUC = 0,630), suivi du LLR (AUC = 0,628) et du FLR
(AUC = 0,621). Le PLR et le LLR présentaient des val-
eurs similaires, mais le PLR avait une sensibilité de 91 %
et une spécificité de 78 % avec un cut-off de 0,072, alors
que le LLR avait une sensibilité équivalente de 91 % mais
une spécificité plus élevée de 84 % avec un cut-off de
341. Ces scores combinés sont donc intéressants à uti-
liser, mais le LLR est celui ayant la meilleure sensibilité
et spécificité parmi les scores ayant le plus grand AUC
dans notre travail : le FLR ayant un AUC plus faible et
le PLR ayant une spécificité moindre. Nos résultats sont
en adéquation avec ceux trouvés dans la littérature où le
LLR a été rapporté comme un score prédictif précieux
pour le mauvais pronostic de la Covid-19 sévère [18, 19].
Des auteurs ont notamment rapporté qu’une élévation
du LLR était associée à des lésions hépatiques, des lésions
rénales et un score DIC plus élevé [18]. Ce score est aussi
pratique parce que le taux de lactate déshydrogénase et le
nombre de lymphocytes sont facilement dosables en pra-
tique clinique contrairement au taux de procalcitonine
qui peut ne pas être disponible dans les petits hôpitaux
aux ressources limitées ou au niveau des milieux de soins
ambulatoires. L’utilisation de ce score peut permettre aux
patients avec un LLR élevé de bénéficier de ressources
médicales supplémentaires et plus rapides. Cependant
des études sont nécessaires pour évaluer les applications
cliniques du LLR dans la prédiction du pronostic des
patients atteints de Covid-19 sévère.
Conclusion
À la lumière des résultats obtenus, notre étude a mon-
tré qu’à l’admission, le ratio lactate déshydrogénase/
lymphocyte est un bon score prédictif pour le mauvais
pronostic chez les malades atteints de Covid-19 sévère.
C’est un outil simple et utile. Les patients avec un LLR
élevé pourraient alors bénéficier de ressources médicales
supplémentaires. Cependant la nature rétrospective
496
de notre étude nécessite des données supplémentaires
pour évaluer les applications cliniques de ce score et son
seuil optimal.
Liens d’intérêts : les auteurs déclarent n’avoir aucun lien
d’intérêt en rapport avec l’article.
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