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Les difficultés de communication peuvent être liées, entre autres, à des différences
linguistiques ou terminologiques, à un manque de compétences dans l’autre langue
ou registre (par exemple, entre les locuteurs de langues différentes, ou entre des
spécialistes d’un domaine donné et des non-spécialistes), à des lacunes cognitives,
c’est-à-dire à une méconnaissance de certains concepts ou processus (elle-même liée
à un accès insuffisant à l’éducation, à un faible niveau de compétences en littératie ou
de développement cognitif), à un manque d’informations pertinentes (sur la manière
de déposer une demande de logement, par exemple), à des différences culturelles
(concernant les règles de politesse ou la ponctualité, par exemple) ou à un handicap
tel qu’une déficience visuelle ou auditive. Voilà autant d’obstacles que sont
susceptibles de rencontrer les migrants lorsqu’ils arrivent ou s’installent dans un
nouveau pays d’accueil. La médiation est donc très importante pour eux, comme pour
toute personne qui découvre un pays, sa langue et sa culture. D’ailleurs, certaines de
ces difficultés nous concernent tous. La médiation fait donc pleinement partie de
l’éducation, de la plupart des types d’apprentissage et de la vie en général.
En raison de la situation particulière dans laquelle ils se trouvent, les migrants de tous
âges – et en particulier les adultes – devront probablement être soutenus au moyen
d’une médiation linguistique et culturelle assurée par leurs interlocuteurs dans la
société d’accueil, y compris par des personnes ayant elles-mêmes vécu l’expérience
de la migration, ou par d’autres migrants avec lesquels ils ont une langue en commun
et qui sont désormais moins concernés par les questions qui préoccupent les
nouveaux arrivants, et, naturellement, par des bénévoles travaillant auprès de
migrants. Cette médiation peut s’effectuer par des voies formelles ou informelles. En
effet, bon nombre d’instances gouvernementales et de centres communautaires
publient sur leur site Internet ou en version papier des documents traduits dans
certaines langues parlées par les migrants. Certains d’entre eux ont aussi mis en place
des services de consultation et de conseils pour les personnes qui ont besoin qu’on
fasse pour elles des démarches concernant le logement, la santé, l’emploi et le soutien
financier dans la société d’accueil. Parfois, ce soutien s’accompagne de services
d’interprétation. Par ailleurs, les enseignants et les bénévoles dispensant des cours de
langue et de connaissance de la société sont souvent amenés à jouer le rôle de
médiateurs. Comme le soulignent Coste & Cavalli (2015)2, il est important que les
personnes qui interviennent dans la médiation auprès des migrants comprennent et
acceptent l’importante responsabilité qui incombe aux médiateurs (p.62). Ceux-ci
facilitent effectivement l’entrée des migrants dans une communauté qui diffère, à
divers degrés, de ce qu’ils connaissent, et qui possède ses propres normes,
conventions et pratiques linguistiques et culturelles. En fonction de leur parcours
personnel, ce changement de vie peut être difficile à supporter et chaotique pour les
migrants et les demandeurs d’asile, et impliquer de nombreux défis. Il peut donc être
nécessaire de mettre en place des mesures de médiation spécifiques en fonction de la
manière dont les migrants réagissent à la différence et à la nouveauté, de leur capacité
à intégrer de nouveaux groupes sociaux et à participer à leurs activités, et des
difficultés spécifiques auxquelles ils sont confrontés.
A elle seule, la médiation linguistique et/ou culturelle dispensée de façon formelle par
le biais d’organismes publics ou dans le cadre de cours de langue et de connaissance
de la société a peu de chances de répondre aux besoins individuels quotidiens des
migrants, qui ont besoin de s’intégrer dans la société d’accueil. L’apprentissage
informel joue également un rôle fondamental à cet égard, en particulier grâce à la
médiation que d’autres membres de la communauté (les employeurs, les prestataires
de services, les voisins, la population en général et d’autres migrants) peuvent
proposer en interagissant avec les migrants. Dans les documents du Conseil de
l’Europe, l’intégration est généralement décrite comme un processus à double sens.
[1] Conseil de l’Europe (2001) : Cadre européen commun de référence pour les
langues : Apprendre, enseigner, évaluer (CECR), Editions Didier, Paris. Disponible
en ligne : www.coe.int/lang-CECR
[2] Coste, D., Cavalli, M., (2015), Education, mobilité, altérité - Les fonctions de
médiation de l'école, Conseil de l’Europe, Strasbourg, Chapitre 3.1.1.
www.coe.int/lang/fr