La croissance économique intéresse tous les gouvernements en raison de ses
effets bénéfiques sur : - L’emploi : la croissance économique est généralement considérée comme un facteur important de création d’emploi. Une croissance forte stimule les créations d’emploi car pour produire plus il faut plus de main-d’œuvre. Les périodes de chômage important coïncident historiquement avec des situations de chute de la production. Ceci ne signifie pas que la croissance économique permet toujours de réduire le chômage. La croissance économique n’est facteur d’amélioration de l’emploi que si le taux d’augmentation de la production est supérieur aux taux de croissance de la productivité du travail qui accompagne la croissance économique. - Le niveau de vie : la croissance économique permet la hausse de la qualité et du niveau de vie moyen dans un pays car on ne peut consommer que ce qui a été préalablement produit. La croissance économique a permis en deux siècles : -l’amélioration du niveau alimentaire - la multiplication des biens industriels disponibles (de l’automobile à la télévision, smatphone…), - l’accès à l’éducation, aux soins médicaux, le droit à la retraite… - L’augmentation de la production réduit aussi les tensions sociales en matière de niveau de vie. Quand il y a croissance la production à répartir entre les membres de la collectivité s’accroît chaque année. Le surplus de production permet d’accroître le niveau de vie de certains groupes sociaux sans diminuer celui des autres catégories sociales. - Le financement des dépenses publiques : la gestion des finances publiques est facilitée par la croissance économique dans la mesure où une production plus importante engendre plus de recettes fiscales. Quand les ventes d’une entreprise augmentent, les sommes qu’elles versent à l’Etat au titre de TVA s’accroissent. Une augmentation de la production (à condition qu’elle soit vendue) engendre des recettes fiscales plus élevées. Ainsi, la croissance économique facilite le financement des dépenses de l’Etat. Sur la longue période, l’Etat peut financer l’éducation, à la santé, à la retraite Les effets indésirables de la croissance économique : La croissance économique est recherchée par tous les pays. Et pourtant elle est loin de n’avoir que des avantages. La croissance économique a des effets négatifs qui ont conduit les écologistes et aussi les économistes à s’en méfier. Ces effets sont liés à un certain nombre de transformations sociales qui ont historiquement accompagné la croissance et à son impact sur l’environnement. - Des effets sociaux qui ne sont pas tous positifs : la façon dont se réalise la croissance économique peut avoir un coût social élevé. La croissance économique s’est souvent faite à travers la mise en place de conditions de travail socialement inacceptable. Au 19ème siècle des hommes, des femmes et aussi des enfants ont travaillé jusqu’à 16h par jours dans des conditions inhumaines. Aujourd’hui, la croissance économique provoque souvent la déqualification d’une partie de la main d’œuvre. Ainsi, ceux qui ne peuvent s’adapter aux techniques productives nouvelles se trouves exclus de l’emploi. - La question de la répartition : la croissance économique peut aussi ne bénéficier qu’à certaine catégorie sociale, car l’accroissement de la production ne garantie pas lui-même que toutes les catégories sociales bénéficient des richesses nouvelles disponibles. C’est le cas des pays du Tiers-Monde. - La transformation du système de valeur : la croissance économique a été accusée de provoquer des modifications regrettables du système de valeurs, d’avoir éliminé les solidarités traditionnelles sans en avoir engendré d’autres, d’avoir créé une véritable obsession de la recherche de la production et du gain financier, d’avoir crée une nouvelle pauvreté, celle qui résulte des difficultés à s’adapter aux nouvelle qualifications des emplois, aux nouveaux comportements de travail requis par la croissance. - Des effets destructeur sur l’environnement : pour produire on utilise des ressources qui ne sont pas toutes reproductibles (matières première, énergie…). Les techniques productives nouvelles, mais aussi les changements dans la consommation, ont multiplié les sources de la pollution de l’air, de l’eau, du sol. 2- La mesure de la croissance Pour savoir s’il y a ou non croissance économique, pour connaître son ampleur, ses variations, il faut la mesurer. Pour mesurer la croissance économique, l’indicateur sur lequel on s’appuie généralement est le produit intérieur brut (PIB). Pourquoi ce choix ? Comme on l’a défini précédemment la croissance économique est l’accroissement de la richesse produite au cours d’une période. Cet accroissement est le plus souvent exprimé en taux de croissance de la production d’une période par rapport à la production de la période précédente. Mesurer la croissance suppose donc le calcul de la valeur de la production réalisée au cours d’une période. Si l’on a Choisi le PIB comme indicateur de la valeur de la production, c’est parce qu’il est relativement facile de le quantifier et aussi son évaluation est peu sensible aux appréciations subjectives de ceux qui en effectuent la mesure. Qu’est ce que le Produit Intérieur Brut ? Le PIB est une estimation de la valeur de la production réalisée au cours d’une période, sur un territoire donné. Ainsi le PIB du Maroc en 2021 fournit une évaluation des richesses nouvelles crées sur le territoire marocain (y compris par les entreprises étrangères installées au Maroc). De façon plus précise, le PIB total comprend - Le PIB marchand : une estimation de la valeur de l’ensemble des biens et services produits sur le territoire national pour être vendus sur le marché. - Le PIB non marchand : une estimation de la valeur de l’ensemble des biens produits sur le territoire national et qui sont fournis gratuitement ou à des prix inférieurs ou égaux à leur coût. L’essentiel du PIB non marchand provient de l’Etat sous forme de services publics : éducation, santé, ordre publics. A partir du PIB total, on peut calculer le PIB par habitant qui est égal au PIB du pays divisé par le nombre d’habitants. Un pays peut être situé aux premiers rangs mondiaux pour son PIB et avoir un PIB par habitant modeste, le contraire est aussi possible. Comment calculer le PIB ? Les statisticiens calculent le PIB marchand en faisant la somme des valeurs ajoutés (VA) par les différentes entreprises sur le territoire national. PIB = Σ VA La valeur ajoutée par une entreprise est la valeur de la Production Finale (chiffre d’affaires) moins les consommations intermédiaires utilisées dans la production (matières premières, énergie, biens intermédiaires c-à-d les produits achetés auprès de la firme et incorporés aux biens vendus au cours du processus de production…) Les statisticiens disposent des éléments de calcul de la VA à travers les déclarations de la fiscalité. Pour calculer le PIB non marchand les statisticiens évaluent les produits et services par le coût. PIB non marchand= Valeur des biens et services évaluée par le coût – les consommations intermédiaires utilisés. Pour calculer le PIB, les statisticiens peuvent recourir au prix de l’année considérée. C’est le PIB nominal ou à prix courant, ou en valeur c.-à-d. la valeur totale de tous les biens et services finaux produits dans l'économie au cours d'une année donnée, calculée en utilisant les prix courants de l'année de production. Par exemple : Le PIB t1= quantités produites en t1*le prix en t1. Le PIB en t0= quantités produites en t0*le prix en t0. Exemple : La tomate coûte 4 dh le kg et la pomme de terre coûte 6 dh, le PIB devient : PIB = (Prix de la tomate× Quantité de kg + (Prix de la pomme de terre× Quantité de kh)= (4dh*5kg) + (6dhx3kg)= 38 Le PIB est donc égal à 38 dh, soit la valeur de toute la tomate 20dh, plus la valeur de toutes la pomme de terre 18 dh. Remarque : Si le PIB en t1 a augmenté de 8% cela se justifie : - soit par l’augmentation des quantités produites (suite à l’augmentation : des revenus et de la qualité de vie, des exportations, de la population) -soit par la hausse des prix. (Inflation : augmentation générale et durable des prix dans une économie) dans ce cas, difficile d’évoquer une amélioration du bien être économique or c’est précisément ce que le PIB prétend mesurer) Si on souhaite évaluer la croissance réelle de la production c.-à-d. en volume il est nécessaire de distinguer ces deux moteurs de croissance volume et prix. D’où la nécessité d’affiner l’analyse. Comment évaluer la croissance réelle de la production ? Pour mesurer correctement le bien être économique, il faut apprécier la production des biens et services en neutralisant l’influence de la variation des prix, les économistes recourent au calcul du PIB réel ou à prix constant, en supposant que les prix en t1 sont restés les mêmes par rapport à l’année de référence t0. (.) Le PIB réel mesure plus correctement le bien-être économique que le PIB nominal, dans la mesure où la capacité qu’a une société de satisfaire les besoins économiques de ses membres dépend en dernier ressort des quantités de biens et services produits. Dans le calcul du PIB réel on exclut l’inflation : annuler la croissance économique due à une augmentation du prix. Pour cela on utilise le déflateur du PIB qui est un Indice de prix pour l’ensemble des biens et services finaux de l’économie. Il mesure le niveau actuel des prix par rapport à l’année de base. Il est égal au rapport entre PIB nominal et le PIB réel. Déflateur du PIB=[PIB nominal en t1/PIB réel en t1]*100 ainsi : Le PIB réel= [PIB nominal/ déflateur du PIB]*100 Sous cette forme (PIB déflaté des prix) on a enlevé l’effet des prix pour observer l’effet de la production. 3- L’indicateur de la croissance : L’indicateur clé pour mesurer la croissance est le taux de croissance économique. T C E = (PIB t1 PIB t0) / PIB t0 Exemple le taux de croissance en 2019 par rapport à 2018 était de 2,6% [(1137,3-1106,8)/1106,8]*100=2,6%. 4- Les limites du PIB et indicateurs alternatifs. De nombreuses critiques ont été adressées au PIB comme indicateur de la richesse créée. Voici les principales : - Le PIB ne tient pas compte de l’économie souterraine : il peut exister une production non déclarée, appelée « économie souterraine ». ainsi le travail au noir permet de produire des richesses qui ne sont pas prises en compte dans le PIB. - De même les activités non marchandes, tel que les activités liées aux travaux domestiques, à l’éducation des enfants, à l’autoconsommation, à l’autoproduction au bénévolat ne sont pas comptabilisées dans le calcul du PIB. - Les effets pervers de la croissance ne sont pas comptabilisés : le fait de produire génère souvent des nuisances qui devraient être comptabilisées négativement si l’on voulait vraiment mesurer l’accroissement de richesse nette effectivement disponible. Ainsi la pollution n’est pas déduite de la valeur des biens crées alors qu’elle correspond à une perte de richesse. Il en va de même du coût social engendré par les déqualifications du travail liées à la croissance. - Le PIB ne donne pas d’indication sur la nature de la production.