Vous êtes sur la page 1sur 31

COURS DE BIOLOGIE CELLULAIRE II

Premier Bachelier en Sciences Pharmaceutiques

Prof. Arsène Kabamba

2023 - 2024
1

Chapitre I. Cycle cellulaire et son contrôle

Une cellule est capable de se reproduire à l’identique par division cellulaire. Cette phase
particulière de sa vie est précédée d’une duplication des éléments importants de la cellule
(entre autres, le matériel génétique) ; elle est réalisée par la répartition des duplicatas en deux
ensembles séparés, identiques entre eux et identiques à la cellule initiale. Le passage d’un état
unicellulaire à un ensemble de cellules issues de la division de cette cellule est donc rendu
possible par la répétition d’un processus cyclique : le cycle cellulaire.

I.1. Les différentes phases du cycle cellulaire


La simple observation des noyaux de cellules en culture suffit pour mettre en évidence deux
états particuliers. Lorsque ces cellules sont colorées par un colorant basique (acidophile), la
chromatine des noyaux est soulignée, sous forme d’un feutrage assez homogène : les cellules
sont en interphase. Toutefois, certaines cellules ne montrent pas de noyau évident ; par contre,
dans ces cellules, les mêmes colorants soulignent des bâtonnets : les chromosomes. Ces
chromosomes effectuent au cours du temps un véritable ballet qui aboutit à leur répartition en
deux ensembles : les cellules sont en mitose.

Une analyse plus précise montre que l’interphase se décompose en trois phases différentes.
En effet, une incorporation d’un précurseur d’ADN (un nucléotide) permet de montrer que,
à un moment donné, seule une partie des cellules en interphase est capable d’effectuer une
synthèse d’ADN : on dit que ces cellules sont en phase S (pour synthèse). Cette phase est
encadrée dans le temps par deux intervalles (phases G= gap) pendant lesquels le noyau
semble plus « paisible », du moins du point de vue de l’incorporation de précurseurs d’ADN.

Pour une cellule de mammifère en culture (donc en prolifération active), un cycle cellulaire
typique dure de l’ordre de 24 heures. Il comporte quatre phases.

 L’interphase (phase de croissance cellulaire) est divisée en trois étapes :


 La phase G1 (environ 12 heures) correspond à la phase de croissance optimale.
Les organites sont repartis dans le cytoplasme, et exploités au mieux de leurs
capacités ;
 La phase S (environ 8 heures) correspond à la période de duplication de l’ADN.
C’est également pendant cette phase que se dupliquent les centrioles du
2

centrosome, ce qui permet la formation de deux asters (centrosome entouré de


microtubules solitaires rayonnants) ;

 L’interphase (phase de croissance cellulaire) est divisée en trois étapes :


 La phase G1 (environ 12 heures) correspond à la phase de croissance optimale. Les
organites sont repartis dans le cytoplasme, et exploités au mieux de leurs capacités
;
 La phase S (environ 8 heures) correspond à la période de duplication de l’ADN.
C’est également pendant cette phase que se dupliquent les centrioles du centrosome,
ce qui permet la formation de deux asters (centrosome entouré de microtubules
solitaires rayonnants) ;
 La phase G2 (environ 3 heures) correspond à la période qui sépare la fin de la
duplication de l’ADN et la division cellulaire. Une cellule en G2 contient donc une
quantité d’ADN double d’une cellule en G1.

 La mitose ou phase M est la phase de division cellulaire. Elle dure 1 à 2 heures.

Les variations de durée du cycle cellulaire se font essentiellement sur la phase G1, la durée des
autres phases étant relativement constante. Dans les tissus différenciés, les cellules se
spécialisent et accumulent des structures particulières. En règle générale, il existe une antinomie
entre différenciation et prolifération : une cellule différenciée ne se divise plus. On dit qu’elle
est sortie du cycle cellulaire, ou qu’elle est en G0 (zéro). Cette sortie du cycle cellulaire se passe
le plus souvent à partir de la phase G1, bien que certaines cellules soient capables de sortir du
cycle en G2.

 L’interphase (phase de croissance cellulaire) est divisée en trois étapes :


 La phase G1 (environ 12 heures) correspond à la phase de croissance optimale. Les
organites sont repartis dans le cytoplasme, et exploités au mieux de leurs capacités
;
 La phase S (environ 8 heures) correspond à la période de duplication de l’ADN.
C’est également pendant cette phase que se dupliquent les centrioles du centrosome,
ce qui permet la formation de deux asters (centrosome entouré de microtubules
solitaires rayonnants) ;
3

 La phase G2 (environ 3 heures) correspond à la période qui sépare la fin de la


duplication de l’ADN et la division cellulaire. Une cellule en G2 contient donc une
quantité d’ADN double d’une cellule en G1.

 La mitose ou phase M est la phase de division cellulaire. Elle dure 1 à 2 heures.

Les variations de durée du cycle cellulaire se font essentiellement sur la phase G1, la durée des
autres phases étant relativement constante. Dans les tissus différenciés, les cellules se
spécialisent et accumulent des structures particulières. En règle générale, il existe une antinomie
entre différenciation et prolifération : une cellule différenciée ne se divise plus. On dit qu’elle
est sortie du cycle cellulaire, ou qu’elle est en G0 (zéro). Cette sortie du cycle cellulaire se passe
le plus souvent à partir de la phase G1, bien que certaines cellules soient capables de sortir du
cycle en G2.

Figure 1. Les phases du cycle cellulaire

I.2. La phase S : Des copies (presque) conformes


La phase S est une phase de synthèses actives pendant laquelle la cellule duplique une partie de
ses constituants, en particulier le COMT principal (centrosome) et l’ADN.
4

I.2.1. La duplication du COMT (Centrosome)


Au cours de la phase S, le centrosome se duplique, de façon semi-conservative. Dans les
cellules animales, chaque centriole provoque l’assemblage d’un centriole-fils qui lui est
perpendiculaire. Ce processus dépend de l’activité de la kinase Plk4 (Polo-kinase 4). Après
maturation, on obtient ainsi en G2 deux centrosomes, chacun contenant in fine un ancien
centriole (mother centriole) et se comportant comme un COMT : chacun est le centre d’un
ensemble de microtubules rayonnants, en instabilité dynamique, désigné sous le nom d’aster.

I.2.2. La réplication de l’ADN

Dans toutes les cellules, la réplication assure la duplication de l’ADN en deux molécules-
filles identiques. La réplication est semi-conservative : chaque molécule-fille comporte un
brin de la molécule mère, le long duquel est assemblé un nouveau brin selon le principe de
complémentarité des bases azotées. La réplication comporte deux phases : l’initiation et
l’élongation.

a) L’initiation
L’initiation est le recrutement d’un complexe de réplication actif sur une origine de
réplication. Elle se fait en plusieurs étapes : en début de phase G1, un complexe protéique de
pré-réplication (preRC) est recruté autour de protéines ORC (Origin Recognition Complex)
associées à l’origine de réplication.

Il contient en particulier des hélicases de la famille MCM (Mini Chromosome Maintenance


protein) qui forment des complexes oligomériques en anneau autour de l’ADN et permettent,
grâce à l’hydrolyse de l’ATP, le remodelage de l’ADN. Les complexes MCM ne sont activés
qu’en début de phase S ; ils ont alors recruté tous les constituants de réplisomes fonctionnels et
commencent l’élongation.

b) L’élongation
L’élongation est bidirectionnelle à partir de l’origine de la réplication. Elle donne naissance à
un œil de réplication, limité par deux fourches de réplication. Chez les procaryotes, il n’y
a en général qu’un œil de réplication par génome. Les nombreux yeux de réplication des
eucaryotes fusionnent ; ils assurent la réplication totale du génome en un temps rapide.
5

L’élongation implique un ensemble conséquent d’activités enzymatiques, assurées par un


très gros complexe de protéines situé au niveau de la fourche de réplication : le réplisome.
Compte tenu de la topologie de l’ADN, le réplisome comporte fondamentalement :

 Une activité hélicase: Elle permet la séparation des brins de l’ADN-père et rend les
bases accessibles. Les simples brins sont stabilisés par l’association avec des protéines
de liaison à l’ADN simple brin (protéines SSB ou Single-Strand Binding).

 Des activités ADN polymérase: Elles permettent la synthèse de nouveaux brins


d’ADN-fils au contact des brins de l’ADN-père séparés par l’hélicase. Toutes les
polymérases d’acides nucléiques sont monodirectionnelles : une polymérase ne peut
attacher un nucléotide qu’en 3’ d’une chaine de nucléotides. La synthèse d’ADN
par les ADN polymérases se fait donc toujours dans le sens 5’ vers 3’. Du fait de la
nature antiparallèle de l’ADN et de l’unidirectionalité des polymérases, seul un brin
peut donc être répliqué en continu (brin continu = brin précoce). Le deuxième brin
(brin discontinu = brin tardif) est répliqué par fragments d’Okasaki (longueur : 1 à 2
kbp chez les eubactéries, 100 à 150 nucléotides chez les eucaryotes). Le déplacement
orienté des polymérases est facilité par des protéines en anneau (pinces coulissantes
ou clamp) mises en place par le réplisome lui-même (activité clamp leader du
réplisome) autour de l’ADN, en 5’ de la polymérase par rapport au brin néosynthétisé.
Chez les eucaryotes, cette pince coulissante est PCNA (Proliferating Cell Nuclear
Antigen), une petite protéine (29 kDa).

 Une activité primase: Les ADN polymérase nécessitent une amorce courte d’ARN
pour initier l’assemblage d’ADN. Pour le brin précoce, une seule amorce initiale au
niveau du preRC suffit. Au niveau du brin tardif, chaque fragment d’Okasaki débute
par une amorce d’ARN, assemblée par une primase intégrée au réplisome (pol α
chez les eucaryotes).

 Enfin, une endonucléase et une ADN ligase (respectivement FEN 1 et l’ADN ligase
1 chez les eucaryotes): Elles sont nécessaires à l’élimination de l’amorce d’ARN,
par son remplacement par de l’ADN et la ligation finale permettant d’obtenir un brin
d’ADN complet excepté ses extrémités. A ce niveau, les télomérases permettent
d’entretenir les extrémités des molécules d’ADN. Les télomérases sont nécessaires à
l’entretien des cellules souches qui permettent le renouvellement cellulaire des tissus.
6

Chez l’homme, une déficience de télomérase est à l’origine des dyskératosies


congénitales, qui se traduisent par des problèmes de renouvellement cellulaire au
niveau de la peau et des cellules sanguines.

Au final, on obtient deux molécules d’ADN identiques entre elles et à la molécule


initiale, puisque l’assemblage des brins-fils se fait par complémentarité des bases des
brins pères. In vivo, ces deux molécules sont maintenues ensembles grâce à la mise en
place pendant la réplication de cohésines, des complexes de protéines très allongées
appartenant à la famille des protéines SMC (Structural Maintenance of Chromosome).
Leur mode d’action exact est discuté ; un modèle actuel suppose que les cohésines
forment un anneau autour des deux molécules d’ADN.

Figure 2. Réplication d’ADN

I.3. Déroulement de la mitose

Au sens strict, la mitose est la période du cycle cellulaire pendant laquelle les chromosomes
sont individuellement bien visibles. Bien qu’elle soit un phénomène continu, la mitose est
traditionnellement divisée en cinq étapes, remarquablement constantes dans le monde des
eucaryotes.

Cette caryodiérèse (division du noyau) est accompagnée d’une cytodiérèse (division du


cytoplasme), qui se produit en parallèle. Outre les chromosomes, la structure la plus évidente
mise en place au cours de la mitose est le fuseau mitotique.
7

Figure 3. La condensation de chromosomes

1. Prophase
 L’entrée en prophase est marquée par le début de la condensation de la chromatine
en chromosomes. C’est donc évènement lent et progressif. Pour des cellules animales
en division active, la prophase dure de 20 à 30 minutes. Bien que leur rôle exact soit
inconnu, les condensines (encore des molécules de la famille SMC) sont sans doute des
acteurs importants de cette condensation des chromatides qui se poursuit jusqu’en
anaphase. Mais le processus de condensation est en fait très mal compris.

 D’après son étymologie, un chromosome est un bâton coloré et ne serait donc visible
qu’en mitose. Or ce sont bien les molécules d’ADN présentes au sein de la chromatine
que l’on retrouve au sein des chromosomes.

 Biologiquement, le chromosome est donc une structure permanente de la cellule,


dont l’aspect et la constitution moléculaire varient : les chromosomes interphasiques
8

sont décondensés alors que les chromosomes anaphasiques sont à leur maximum de
condensation.

 Comprendre la biologie d’un chromosome implique de comprendre comment la


chromatine (ADN + protéines) peut se condenser et comment un centromère peut se
mettre en place.

 Quel qu’il soit, le processus de condensation implique une inaccessibilité de l’ADN,


dont la transcription est très ralentie. Ce phénomène est particulièrement évident au
niveau de l’organisateur nucléolaire : faute de synthèse d’ARNr les nucléoles
disparaissent.

 Au cours de la prophase, les cohésines maintenant ensemble avec les molécules d’ADN
issues de la réplication sont phosphorylées (par des kinases associées à la chromatine)
et se détachent : les chromatides s’individualisent au fur et à mesure de leur
condensation.

 Cette phosphorylation est inhibée dans une zone particulière d’hétérochromatine qui
conserve donc une concentration en cohésine importante : cette zone, le centromère,
maintient liées les deux molécules d’ADN issues de la réplication…et donc les deux
chromatides du chromosome. La condensation associée à la disparition de la cohésine
permet finalement une résolution des chromatides. Le chromosome prends alors son
aspect classiquement décrit en prophase : un centromère, deux chromatides.

 En fait, les kinases impliquées dans la phosphorylation des cohésines (Polo-like Kinase)
ne peuvent pas agir au niveau du centromère car les cohésines sont, à ce niveau,
associées à une autre protéine, la shugoshine (qui signifie « ange gardien » en
japonais). La localisation particulière de cette shugoshine est mal comprise.

 Au cours de la prophase, le fuseau mitotique (aussi appelé fuseau achromatique, car


il ne se colore pas) se met en place. Les asters s’écartent l’un de l’autre, tout en restant
en relation par l’intermédiaire de microtubules, qui interagissent entre eux.

 Ces microtubules polaires se construisent au détriment des microtubules qui


n’interagissent pas (microtubules astraux), dont le nombre et la longueur diminuent.
9

Le fuseau est donc une structure de tubuline (et de protéines associées), organisée entre
deux pôles formés par les centrosomes.

Figure 4. Le cycle cellulaire

2. Prométaphase

 Cette phase est extrêmement courte (5 à 10 minutes), mais fondamentale pour le bon
déroulement de la mitose. La prométaphase débute par la rupture de l’enveloppe
nucléaire.

 En fait, cette enveloppe se disperse dans le cytoplasme sous forme de tubules que,
morphologiquement, rien ne distingue du réticulum endoplasmique. Cette rupture est
liée, au moins en partie, à une disparition du réseau des lamines nucléaires.

 Le fuseau mitotique peut alors entrer en contact avec les chromosomes. Certains
microtubules issus des pôles du fuseau se fixent sur les chromosomes, par
l’intermédiaire de complexes protéiques situés au niveau du centromère de chaque
10

chromatide : les kinétochores. Ces microtubules sont appelés microtubules


kinétochoriens.

Figure 5. Organisation du fuseau mitotique

 En microscopie électronique, un kinétochore est un complexe formé en général de trois


couches (deux couches denses aux électrons entourant une zone plus claire). Il est
constitué de nombreuses protéines et sa composition varie au cours du cycle
cellulaire. Il a un rôle d’interface entre centromère et microtubules : le nombre de
microtubules fixés in fine à chaque kinétochore varie en fonction des organismes, entre
1 (la levure de boulanger Saccharomyces cerevisiae) et une trentaine (mammifères).

 Les chromosomes entament alors un ballet de mouvements complexes le long du fuseau


mitotique. Au cours de ces mouvements, les deux kinétochores de chaque chromosome
(un par chromatide) finissent par s’arrimer chacun à un pôle du fuseau en s’associant
à l’extrémité (+) de microtubules kinétochoriens. Ces mouvements permettent finalement
le rassemblement des chromosomes dans le plan médian du fuseau mitotique. Les
chromosomes ne se déplacent pas au sein du fuseau, mais à sa surface.
11

3. Métaphase

 Cette phase, désignée également sous le nom de plaque métaphasique (ou plaque
équatoriale), correspond à l’achèvement des mouvements des chromosomes, et à
leur rassemblement à égale distance des deux pôles. Cette situation semble
correspondre à une situation d’équilibre pour les forces responsables des mouvements.
Contrairement à la période d’intense activité qui précède, la métaphase correspond
à une période de calme qui « s’éternise » sur 20 à 30 minutes.

4. Anaphase
Cette phase rapide (quelques minutes) commence par le clivage des centromères. Les
condensines résiduelles situées à ce niveau sont dégradées par des enzymes (séparases)
activées par l’APC (Anaphase Promoting Complex). L’anaphase est en fait la résultante de
deux évènements simultanés :

 L’Anaphase A est également appelée ascension polaire des chromosomes. Le clivage


des centromères rend les chromatides indépendants. Chaque chromatide d’un
chromosome est rapidement entrainé vers le pôle auquel elle est attachée ; ce mouvement
s’accompagne d’un raccourcissement des microtubules kinétochoriens. Les
chromatides séparées, appelées elles aussi chromosomes, migrent vers les pôles à une
vitesse de l’ordre de 1 µm/min ;

 L’Anaphase B désigne un phénomène d’élongation des microtubules polaires : les


pôles du fuseau en sont d’autant plus écartés. Cette phase aboutit donc à la séparation de
deux lots de chromatides. Comme chaque chromatide a été séparée de sa jumelle
(obtenue par duplication), les deux lots de chromatides sont identiques et la totalité de
l’information génétique a donc été transmise à chaque lot : ce fait traduit en disant que
la mitose conserve le nombre de chromosome cellulaire.

La mitose divise la quantité d’ADN d’une cellule par deux, tout en assurant la conservation
du nombre de chromosomes. La mitose conserve l’intégralité de l’information génétique
et les chromosomes sont porteurs de cette information.
12

5. Télophase

 Cette phase finale dure de 20 à 30 minutes. Les deux lots de chromosomes fils sont
arrivés aux pôles du fuseau, et entament un processus de décondensation. Les
kinétochores disparaissent.

 A la surface des chromosomes en décondensation, un réseau de protéines (dont les


lamines) s’installe : il permet le recrutement et la coalescence des tubes du réticulum
portant des protéines capables d’interagir avec le réseau associé à la chromatine :
l’enveloppe nucléaire se reconstitue. Les nucléoles finissent par réapparaitre, signe du
retour à une forme décondensée de la chromatine qui permet son expression.

 Au cours de ce processus, l’élongation des microtubules polaires initiée à l’anaphase B


continue et le fuseau s’amincit. Certains microtubules polaires deviennent extrêmement
stables et constituent une structure centrale (correspondant aux zones de microtubules
polaires en interaction), emballés par la membrane à la suite de la cytodiérèse.

6. Cytodiérèse

 La cytodiérèse (division du cytoplasme) peut commencer dès l’anaphase, mais elle est
surtout contemporaine de la télophase.

 La membrane plasmique de la cellule s’invagine en un sillon de division, situé au niveau


du plan équatorial du fuseau mitotique. Ce sillon est dû à l’activité d’un anneau
contractile d’actine/myosine II qui réduit le diamètre du contact entre les deux futures
cellules.

 Lorsque ce sillon est suffisamment profond, il rencontre le reste du fuseau mitotique


stable et forme un corps intermédiaire (mid-body), qui finit par se rompre à ses
extrémités : les deux cellules filles sont indépendantes.

 La cytodiérèse implique aussi une répartition des organites cellulaires. Les


mécanismes de cette répartition ne sont pas connus avec certitude. Les organites clos (en
particulier les mitochondries) se fragmentent avant la mitose, puis semblent se répartir
aléatoirement au moment de la cytodiérèse. Le réticulum est réduit essentiellement sous
forme de citernes qui sont transmises aléatoirement aux cellules filles. L’appareil de
Golgi se fragmente au cours de la phase M, mais son devenir est discuté : pour certains
auteurs les fragments de Golgi se répartissent aléatoirement et reconstituent un Golgi
13

après la division, pour d’autres, l’appareil de Golgi n’est pas transmis mais reconstitué à
partir du réticulum après cytodiérèse.

 Dans le cas des cellules végétales, la cytodiérèse est notablement différente. En effet,
les cellules végétales possèdent une paroi extracellulaire, dont elles mettent en place les
principaux constituants dès la mitose. Au cours de la télophase, il n’y a pas de sillon de
division centripète.

 Par contre, les résidus du fuseau (le phragmoplaste) permettent l’accumulation, dans la
zone centrale du fuseau, de vésicules d’origine golgienne qui fusionnent entre elles pour
donner une plaque cellulaire, sorte de vésicule membranaire de grande taille.

 Ces vésicules contiennent des précurseurs de molécules de paroi, ce qui permet à celle-
ci de se constituer. Cette plaque membranaire s’étend de façon centrifuge et finit par
fusionner avec la membrane plasmique, séparant les deux cellules filles en mettant en
place une paroi.

I.4. Le Contrôle du cycle cellulaire


 Le cycle cellulaire permet une transmission à l’identique d’une information
génétique à condition qu’il s’accomplisse sans anicroche.

 Au niveau cellulaire, il existe un ensemble de mécanismes permettant d’une part la


progression dans le cycle (autrement dit le passage d’une phase à une autre), d’autre
part la vérification d’un certain nombre de points clés, sans la réalisation desquels
l’intégrité de la transmission de l’information d’une génération de cellules à une autre
est compromise.

L’étude du contrôle du cycle cellulaire a été menée en utilisant essentiellement deux types de
modèles :

a) Des levures (Saccharomyces cerevisiae et Saccharomyces pombe) ont permis une


approche génétique : la rapidité du cycle cellulaire et l’abondance des individus
permettent d’isoler chez ces organismes de nombreux mutants dont le cycle est altéré.
L’analyse de ces mutations permet ensuite de comprendre les mécanismes altérés.

b) Des cellules animales au cycle anormalement rapide (premières divisions du


développement embryonnaire) ou anormalement lent (cellules bloquées en G0,
gamètes bloqués au cours de leurs divisions de méiose) ont permis également
14

d’analyser le déterminisme du cycle. Les résultats ont montré une remarquable


conservation des mécanismes régissant le cycle cellulaire qui est souvent masquée
par la multiplicité des nomenclatures encore utilisées dans ces différents modèles.

I.4.1. Un point de restriction et des points de contrôle du cycle cellulaire


 Des cellules de mammifère mises en cultures cellulaires dans un milieu osmotiquement
correct (milieu minimum) ne prolifèrent pas : elles sortent du cycle cellulaire et entrent
en G0. Par contre, si on ajoute du sérum sanguin dans le milieu de culture, ces cellules
prolifèrent. Les molécules responsables de l’activation de la prolifération sont connues
sous le nom de facteurs de croissance. Ils agissent par l’intermédiaire de récepteurs
membranaires, qui provoquent une cascade de réactions intracellulaires.

 Des cellules en culture en G0, auxquelles on fournit des facteurs de croissance, entrent
en phase S en 20 à 22 heures. De façon plus précise il existe un délai particulier pendant
lequel la présence des facteurs de croissance est indispensable. En effet, si on fournit
des facteurs de croissance à des cellules en G0, puisqu’on élimine ces facteurs avant un
délai de 14 heures, les cellules ne passent pas moins en S. Par contre si on laisse les
facteurs au moins 14 heures, les cellules sont irrémédiablement engagées vers S : elles
accomplissent alors la totalité de leur cycle même si on les met en présence de milieu
minimum après ce délai fatidique.

Il existe donc dans la phase G1 du cycle cellulaire un point de restriction :

 En présence de facteurs de croissance, ce point de restriction peut être franchi et les


cellules accomplissent une phase S et le reste du cycle ;

 En absence de facteurs de croissance, ce point de restriction n’est pas franchi, et les


cellules entrent en G0.

Ce point de restriction permet à la cellule de vérifier qu’elle est dans un environnement


favorable.

D’autres facteurs influencent le déroulement du cycle. En effet, on peut montrer que, en G1, la
présence d’altérations dans l’ADN arrête le cycle cellulaire. Il existe donc, en G1, un point
de contrôle du cycle cellulaire. Les mécanismes permettant l’expression du point de restriction
et de ce point de contrôle sont liés.
15

D’autres points de contrôle ont pu être mis en évidence. Ils peuvent être reliés à des évènements
importants du cycle cellulaire :

 Un point de contrôle en fin de S, qui semble lié à la présence/absence d’ADN non


répliqué ;
 Un point de contrôle en G2, qui semble lié, entre autres, à la présence/absence
d’altération de l’ADN répliqué ;

 Un point de contrôle en M, entre métaphase et anaphase, qui est lié à la réalisation du


bon attachement des chromosomes en plaque métaphasique.

 Le point de contrôle existe pour que la cellule vérifie le bon état de son ADN, ou
l’alignement de ses chromosomes, ce qui lui permet de transmettre une information
génétique intègre.

 La présence d’altérations au niveau de l’ADN, ou de l’alignement des chromosomes


inhibe la poursuite du cycle cellulaire, ce qui évite la propagation d’une
information altérée.

 Finalement, ces points d’arrêt du cycle cellulaire reflètent un état de la cellule qui
permet l’intégration d’informations permissives, permettant la poursuite du cycle, et
des informations restrictives, induisant un arrêt du cycle.

I.4.2. Succession de complexes cdk/cycline

 Si on fusionne une cellule en mitose avec une cellule dans une autre phase du cycle,
le noyau interphasique initie une condensation chromosomique.

 Il existe donc dans le cytoplasme des cellules en début de mitose un facteur capable
d’enclencher la mitose. Ce facteur est le MPF (Mitosis Promoting Factor). Le MPF
est un complexe hétérodimérique, formé d’une sous unité catalytique (cdk1) associée à
une sous unité régulatrice (cycline B) ; il est capable de phosphoryler de nombreux
substrats. En particulier, les histones H1, et les lamines nucléaires sont des substrats
du MFP.

1. Complexe : Une protéine kinase associée à une cycline

 Les cdk (Cyclin Dependant Kinase) sont des protéines kinases : elles sont capables de
phosphoryler d’autres protéines. On connait actuellement 6 cdk chez l’homme ; la cdk
16

formant le MPF (Mitosis Promoting Factor) est la cdk1. Chez les levures, il semble
qu’il n'y ait qu’une seule cdk (initialement nommée cdc2 chez S. Pombe et cdc28 chez
S. cerevisiae).

 La concentration cytoplasmique des cdk varie très peu au cours du cycle cellulaire. Par
contre, il existe une régulation stricte de leur activité kinase. Cette activité n’est
possible que :
 Si le cdk a été lui-même phosphorylé, par un mécanisme en plusieurs étapes ;
 Si le cdk n’est pas associé à un inhibiteur de cdk ;
 Si le cdk est associé à une cycline : cette activité ne pourra donc se manifester que pour
des substrats que le complexe cdk/cycline peut reconnaitre. On pense que les deux
constituants participent au site actif.

 Les cyclines sont des protéines dont la concentration intracellulaire varie en fonction
du cycle cellulaire. La première a été découverte en analysant la synthèse protéique
au cours des premières mitoses du développement d’œufs d’oursin : on a décelé
par électrophorèse une protéine synthétisée à partir de la phase S, qui s’accumule et
est brusquement dégradée en anaphase.

 On a ensuite confirmé qu’elle faisait partie du MPF (Mitosis Promoting Factor) ; il


s’agit de la cycline B. Il a été également prouvé par la suite que la dégradation de la
cycline B est indispensable à l’achèvement de la mitose.

2. Cycle cellulaire : une succession de complexes

 D’autres cyclines ont été décrites chez les mammifères comme chez les levures. Leur
expression varie au cours du cycle cellulaire, de façon différente pour chaque cycline.
Au cours du cycle, on peut donc décrire une succession de complexes de type
cdk/cycline. Ainsi, chez les mammifères, les principaux complexes actifs sont, dans
l’ordre du cycle cdk4/cycline D, cdk2/cycline E, cdk1/cycline A et cdk1/cycline B.

 Des complexes cdk/cycline différents se succèdent donc dans le temps au cours du


cycle cellulaire. L’activité des cdk est directement proportionnelle à la concentration
de cycline et varie.
17

 Comme la spécificité de substrat dépend de la nature de la cycline et du cdk, chaque


complexe aura un ensemble de substrats différents. Ces activités successives sont à
l’origine des événements qui permettent chaque phase du cycle cellulaire.

I.4.3. L’Apoptose
 Dans le cas où un point de contrôle n’est pas passé, la cellule peut rapidement
disparaitre par apoptose.

 L’apoptose (mort cellulaire programmée, suicide cellulaire) est un processus de mort


cellulaire qui s’oppose à la nécrose.

 La nécrose résulte d’une agression extérieure à la cellule, et se traduit par la rupture


des membranes cellulaires, et la libération de fragments d’organites, d’acides
nucléiques et de protéines. Dans un tissu, ces débris provoquent une réaction
inflammatoire, mécanisme qui met en jeu le système immunitaire et qui aboutit à leur
phagocytose.

 Dans le cas de l’apoptose, le cytoplasme se condense, mais les organites semblent


rester intacts. La chromatine se condense également (le noyau est dit pycnotique), et
l’ADN se fragmente en morceaux correspondant aux nucléosomes. Finalement, la
cellule peut se fragmenter : dans ce cas, des protubérances membranaires se forment et
se détachent de la cellule sous forme de corps apoptotiques.

 Le point important est qu’au cours de ces processus, les membranes restent intègres :
il n y a donc pas de libération de débris. La membrane plasmique subit toutefois une
modification importante : les phosphatidylsérines, caractéristiques de l’hémi-
membrane interne, sont exposées sur la face externe, ce qui permet la reconnaissance
des cellules et des corps apoptotiques par les macrophages. La phagocytose a lieu sans
réaction inflammatoire : l’apoptose permet donc l’élimination silencieuse de cellules.

 Ce processus est un phénomène physiologique courant : l’élimination de cellules au


cours du développement embryonnaire (neurones, cellules interdigitales) se fait par
apoptose. Au niveau du thymus, l’apoptose est induite dans les lymphocytes T
reconnaissant le soi, qui sont ainsi éliminés. De même, les lymphocytes T cytotoxiques
détruisent leurs cellule-cibles en induisant entre autres, leur apoptose par
l’intermédiaire d’une molécule particulière, FasL (pour liguant de Fas, Fas étant un
récepteur porté par de nombreuses cellules dont l’activation déclenche l’apoptose).
18

 Le contrôle de l’apoptose fait intervenir de nombreux facteurs, extra- ou


intracellulaires.

 Parmi ces facteurs, la protéine p53 joue un rôle important : elle est capable d’activer,
indirectement, les systèmes de protéases intracellulaires apoptotiques (caspases),
conduisant à l’apoptose des cellules dont l’ADN serait altéré.

 En l’absence de ce véritable suicide cellulaire, les risques liés à l’altération du


message génétique augmentent. Cet avantage explique sans doute comment ce
mécanisme a pu être retenu par l’évolution.
19

Chapitre II. Les cellules et leur environnement

 Confrontées à un univers instable (agressions mécaniques), éventuellement sec (en


milieu aérien) ou trop dilué (en milieu douce), les cellules, limitées par une simple
bicouche de lipides, ne sont guère aptes à survivre. Le contrôle de leur environnement
immédiat (ou microenvironnement cellulaire) par les cellules est un facteur essentiel
de leur pérennité.

 Le microenvironnement cellulaire est avant tout constitué d’une matrice


extracellulaire, mise en place par les cellules, qui leur assure localement des
conditions favorables. Cette matrice permet aussi d’assurer la pérennité des
relations spatiales que certaines cellules peuvent établir.

 Les interactions cellules/matrice et cellules/cellules sont essentiellement assurées par


des jonctions cellulaires. Ces jonctions permettent aussi une communication
cellulaire locale, mais les communautés de cellules ont développé d’autres systèmes de
communication à plus grande distance, utilisant la diffusion de molécules solubles qui
posent le problème de leur détection par des molécules membranaires.

II.1. La matrice extracellulaire

 La matrice extracellulaire (MEC) est un ensemble structuré de composants


macromoléculaires mis en place par les cellules dans leur environnement immédiat.

 Après sa mise en place, la MEC influence de façon importante le comportement et


les possibilités de différenciation cellulaire. En effet, la matrice extracellulaire se
présente comme une trame extracellulaire, à laquelle les cellules peuvent s’ancrer
par des récepteurs membranaires. Chez les animaux, en fonction de la structure de cette
trame, on obtient des morphologies tissulaires très variées que l’on peut regrouper en
deux grands ensembles :
 Si la trame est lâche, les cellules se situent ou peuvent se déplacer à l’intérieur de la
trame (un peu comme des enfants dans une araignée ou une cage d’écureuil de jardin
public) ; on obtient une structure mésenchymateuse (exemple : tissu conjonctif, dont
le prototype est le derme, partie profonde de la peau) et on parle de matrice
mésenchymateuse ;
20

 Chez les animaux, en fonction de la structure de cette trame, on obtient des


morphologies tissulaires très variées que l’on peut regrouper en deux grands ensembles
:
 Si la trame est lâche, les cellules se situent ou peuvent se déplacer à l’intérieur de la
trame (un peu comme des enfants dans une araignée ou une cage d’écureuil de jardin
public) ; on obtient une structure mésenchymateuse (exemple : tissu conjonctif, dont
le prototype est le derme, partie profonde de la peau) et on parle de matrice
mésenchymateuse ;

 Si la trame est serrée, les cellules reposent sur elle, et sont en général bien rangées
les unes à côté des autres : on obtient une structure épithéliale (exemple : épiderme)
et la matrice prend le nom de lame basale. Les cellules épithéliales sont en contact
avec la lame basale par leur pôle basal, leur pôle apical délimitant l’organe qu’elles
tapissent.

 Toutes les cellules mettent en place une matrice extracellulaire : la paroi des cellules
végétales ou des bactéries peut être considérée comme l’équivalent de la MEC des
cellules animales. L’existence d’une MEC n’est pas liée à l’état pluricellulaire : de
nombreuses algues unicellulaires, ou les levures, par exemple, ont des parois ; de
même, de nombreux protistes possèdent un test extracellulaire, qui est une matrice
extracellulaire, souvent modifiée par un dépôt d’éléments minéraux.

1. Les composants de la MEC des cellules animale

Une MEC est constituée de deux ensembles de molécules :

 Des molécules essentiellement saccharidiques (protéoglycanes) constituent la


substance fonctionnelle ;
 Des protéines, fibreuses pour l’essentiel, structurent l’ensemble.

En fonction de l’abondance relative de ces deux ensembles, on obtient une structure plus ou
moins lâche, qui donne sa morphologie (mésenchymateuse ou épithéliale) au tissu.

a) La substance fondamentale : protéoglycanes


21

Les protéoglycanes sont constitués de nombreuses chaines de polysaccharides non ramifiées,


les glycosaminoglycanes, portées comme des sucres O- liés par une protéine centrale (core
protein).

Les glycosaminoglycanes (GAG) peuvent être considérés comme des polymères de


disaccharides.

Ces molécules forment donc des gels très fortement hydratés. Elles sont responsables d’une
turgescence de la matrice extracellulaire, qui résiste ainsi à la compression. Lorsqu’elles
représentent une part abondante de la matrice, on obtient une structure mésenchymateuse.

b) Les protéines fibreuses

 Ces protéines sont associées au gel formé par les GAG. Elles jouent un rôle de structure
(exemple : les collagènes) et/ou de support d’attachement cellulaire (exemples :
fibronectine, laminine, etc).

 Les collagènes striés sont de bons exemples de ce type de molécule. L’assemblage du


collagène I, par exemple, permet la mise en place de fibres de collagène, de diamètre
important (supérieur à 1 µm, donc visible en microscopie optique). Ces fibres sont
abondantes dans les tissus mésenchymateux. Elles sont capables de résister à de fortes
tensions mécaniques, ce qui assure la cohésion tissulaire.

 Tous les collagènes ne sont pas striés : le collagène IV, par exemple, est un constituant
majoritaire des lames basales. C’est un trimère dont chaque chaine protéique montre
une partie C-terminale globulaire, une région centrale capable de s’associer sous
forme d’une triple hélice et une zone Nterminale non hélicoïdales (zone 7S).

2. L’environnement fournit à la cellule par la matrice extracellulaire

La matrice extracellulaire représente l’environnement immédiat des cellules. Ses propriétés


en font un élément essentiel à la survie cellulaire. Elle joue de nombreux rôles très variés, dont
nous ne soulignerons les plus importants.

a) Environnement mécanique

 La matrice extracellulaire joue un rôle mécanique primordial. Elle assure la


résistance des tissus à la compression (écrasement) et à la tension (étirement).
22

 La résistance à la tension est souvent liée à la présence de collagènes striés. Les


tendons musculaires, par exemple, représentent un tissu mésenchymateux spécialisé
dans la résistance mécanique à la tension : sa structure montre une matrice
extracellulaire essentiellement constituée de fibres de collagène strié, qui sont
entrecroisées comme un bois contreplaqué.

 La matrice extracellulaire joue un rôle mécanique primordial. Elle assure la


résistance des tissus à la compression (écrasement) et à la tension (étirement).

 La résistance à la tension est souvent liée à la présence de collagènes striés. Les


tendons musculaires, par exemple, représentent un tissu mésenchymateux spécialisé
dans la résistance mécanique à la tension : sa structure montre une matrice
extracellulaire essentiellement constituée de fibres de collagène strié, qui sont
entrecroisées comme un bois contreplaqué.

 Par contre, la résistance à l’écrasement est souvent liée à la présence des GAG. En
effet, ces molécules permettent le maintien d’eau dans les tissus, ce qui les rend
incompréhensibles. Un bon exemple de ces propriétés est le cartilage articulaire. Sa
richesse en GAG le rend très résistant à l’écrasement, ce qui le rend apte à jouer un rôle
de surface de glissement au niveau articulaire.

 Les matrices extracellulaires peuvent servir de trame à des dépôts minéraux. Les
vertébrés construisent leur os en accumulant du phosphate de calcium sur une trame
de collagène extracellulaire ;

 Le collagène assure la résistance à la tension; les dépôts minéraux assurent la


résistance à l’écrasement. L’exosquelette de nombreux invertébrés est constitué de
chitine (polymère de N-acétylglucosamine en liaison β (1 vers 4), donc un
polysaccharide…) et de protéines fibreuses variées : en milieu marin, par exemple dans
le cas de la coquille des mollusques ou de la carapace des crustacés, l’exosquelette
est souvent renforcé par un dépôt minéral de carbonate de calcium, assurant une
résistance à l’écrasement.

 La matrice joue également un rôle mécanique de support d’attachement et, par là


même, de guide de migration cellulaire. Ces mécanismes sont essentiels pour les
23

mouvements cellulaires qui accompagnent les premiers stades de développement


des organismes.

 Plus encore, il est prouvé que les qualités mécaniques de la matrice influencent la
différentiation cellulaire : des cellules souches mésenchymateuses cultivées sur une
matrice rigide expriment des marqueurs des cellules osseuses ; les mêmes cellules
souches, cultivées sur une matrice souple, expriment des marqueurs de cellules
neuronales ; elles expriment des marqueurs de cellules musculaires si elles sont sur une
matrice moyennement rigide.

 Les jonctions cellules/matrice sont sans doute à l’origine de la transmission de cette


information sur l’environnement cellulaire.

 Il y a une remarquable analogie de structure entre les tissus animaux et végétaux


résistants à la tension : dans les deux cas, on trouve en abondance une matrice
extracellulaire formée avant tout d’un matériau fibrillaire (collagène versus
cellulose), disposé selon un schéma en contreplaqué, et emballé dans un matériel de
remplissage (protéoglycane versus pectine).

b) Maintien d’un environnement physiologique favorable

L’environnement cellulaire doit permettre la survie et le métabolisme des cellules ; la matrice


extracellulaire assure un ensemble de fonctions liées à la physiologie cellulaire.

 La matrice maintient l’environnement hydrique des cellules

 La membrane plasmique des cellules n’est pas étanche : l’eau, en particulier, peut
relativement facilement la franchir. Toutes les cellules ont donc besoin d’un
environnement riche en eau ou d’une cloison étanche.

 Dans de nombreux groupes, les surfaces cellulaires au contact du milieu aérien sont
protégées par des sécrétions de type matriciel : la paroi lignifiée ou cireuse des
végétaux, la cuticule des insectes, toutes deux étanches, ou les GAG assurant
l’hydratation des surfaces d’échanges gazeux des vertébrés aériens sont des exemples
de ce type de dispositif. De plus, l’abondance des GAG dans les matrices
24

mésenchymateuses permet le maintien d’une sphère d’hydratation autour des cellules


isolées du milieu extérieur.

 Les matrices extracellulaires représentent un lieu de diffusion et de stockage de


métabolites

 Situées à la base de tous les épithélia, donc de tous les ensembles de cellules qui limitent
un organisme, les lames basales assurent une fonction de filtration des métabolites
issus des faces basales de ces cellules.

 Cette fonction est particulièrement évidente dans le cas des glomérules du rein
des vertébrés. A ce niveau, les cellules rénales (épithélium rénal) et les cellules formant
les capillaires sanguins (endothélium) s’affrontent par leur pôle basal, et leur lame basale
est commune. Dans ce cas particulier, les deux couches cellulaires sont fenêtrées (les
cellules présentent des pseudopodes et laissent des espaces entre elles) : le sang est filtré
en urine primitive à travers la lame basale commune, seul élément qui sépare ces deux
liquides.

 Enfin, signalons que les GAG semblent jouer un rôle important de stockage de facteurs
de croissance. Ce mécanisme pourrait favoriser l’homéostasie tissulaire, en régulant
l’entrée dans le cycle cellulaire des cellules mettant en place une matrice, donc
s’engagent vers une différentiation.

 De même, ces facteurs pourraient être libérés en cas d’altération de la matrice (et donc
du tissu), favorisant ainsi le processus de réparation tissulaire.

 Outre ses rôles physiologiques et mécaniques, il semble que la matrice


extracellulaire soit directement impliquée dans le contrôle du cycle cellulaire et le
maintien de l’état différencié.

Des processus de signalisation cellulaire ont été mis en évidence au niveau de contacts cellule-
matrice, et on peut parler d’une transduction mécanique à ce niveau. La perte de ces
contrôles peut participer à la mise en place du phénotype métastatique des cellules
cancéreuses
25

II.2. Les jonctions cellulaires

 Les jonctions sont des structures mises en place par les cellules, permettant des
communications mécaniques et/ou chimiques entre cellules voisines, ou entre cellule
et matrice extracellulaire.

 Nous utiliserons essentiellement, pour les décrire, l’exemple des cellules épithéliales
: ces cellules se différencient en mettant en place la quasi-totalité du répertoire des
mécanismes de jonctions.

 Les cellules épithéliales sont des cellules polarisées, qui reposent sur une lame basale
par leur pôle basal. Les endomembranes de ces cellules sont en général ordonnées
dans l’espace : noyau vers le pôle basal, REG autour du noyau, dictyosome de
l’appareil de Golgi en position centrale. Sous le pôle apical de ces cellules se trouve un
ensemble d’édifices moléculaires, formant le complexe de jonctions subapical.

a) Les jonctions étanches

 Encore nommées jonctions imperméables, jonctions serrées, ou zonula occludents ;


ces jonctions sont exclusivement trouvées sur les cellules épithéliales ou endothéliales.
Elles représentent un ensemble de zones d’accolement des membranes des cellules
voisines ; l’espace intercellulaire est donc « bouché » par ces jonctions.

 Ces zones d’accolement forment un réseau de lignes anastomosées ceinturant les


cellules. L’ensemble occupe 0,3 et 1 µm.

 Ces jonctions sont formées par l’accolement des parties extracellulaires de protéines
transmembranaires, qui sont maintenues en files serrées dans la membrane. La
présence de calcium semble nécessaire à leur mise en place. Plusieurs protéines
transmembranaires ont été identifiées spécifiquement à ce niveau : la famille principale
semble être celle des claudines, des petites protéines (20 kDa) à domaine extra-
membranaire très réduit que l’on retrouve dans toutes les jonctions adhérentes.

 D’un point de vue physiologique, ces jonctions empêchent le passage de molécules


entre les cellules. Elles sont extrêmement efficaces, puisque les ions ne passent
quasiment pas à travers les jonctions étanches.
26

 Ces jonctions séparent donc physiquement l’espace extracellulaire apical de l’espace


extracellulaire basolatéral : elles représentent la véritable limite intérieur/extérieur de
l’organe limité par l’épithélium.

b) Les jonctions d’ancrage

Comme leur nom l’indique, ces jonctions permettent un ancrage entre le cytosquelette et le
milieu extérieur. Elles ont donc principalement un rôle mécanique. Elles ne sont pas
spécifiques des cellules épithéliales. Toutes ces jonctions reposent sur une organisation
moléculaire comparable. Elles mettent en jeu :

- Une molécule transmembranaire, interagissant avec un élément du milieu


extracellulaire ;
- Une ou des molécules intermédiaires, interagissant avec la partie cytoplasmique de la
molécule transmembranaire et le cytosquelette.

En fonction de la nature de ces différents éléments, les jonctions d’ancrages peuvent être
regroupées en quatre ensembles, en fonction du type de jonctions (cellule/cellule ou
cellule/matrice) et du type de cytosquelette (microfilaments ou filaments intermédiaires).

c) Les jonctions communicantes


 Traditionnellement traitées avec les jonctions, ces structures ont pourtant une
signification biologique très différente. En effet, elles sont indépendantes du
cytosquelette, et ont un rôle mécanique négligeable.

 Elles représentent des structures de communication cellulaire. Ces jonctions existent


chez les animaux (jonction gap). Même si leur structure est très différente, les seules
jonctions présentes chez les végétaux (plasmodesmes) sont fonctionnellement
analogues.

 Les jonctions gap : des intégrateurs métaboliques

Ces jonctions se traduisent en microscopie électronique par un rapprochement des membranes


plasmiques de deux cellules.

Une jonction gap est en fait une accumulation locale de connexons. Un connexon est un
hexamère de connexines. Les connexons d’une cellule sont en regard des connexons de l’autre
cellule, et les parties extracellulaires des connexines peuvent interagir, de façon calcium
27

dépendante : il existe alors de véritables canaux hydrophiles permettant une communication


directe entre les cytoplasmes des deux cellules engagées dans la jonction.

 Ces jonctions permettent le passage de petites molécules (˂ 1 kDa) d’un cytoplasme


à l’autre.
 De nombreux précurseurs métaboliques (acides aminés, oses, ions), et la plupart des
seconds messagers possèdent cette propriété : les jonctions gap permettent donc à des
cellules voisines de réagir comme une entité métabolique. Il suffit par exemple que
l’une des cellules reçoive un message pour que l’ensemble réagisse, après diffusion
des seconds messagers. C’est principalement par ce type de mécanisme que se
propagent, par exemple, les informations induisant la contraction des muscles lisses
des viscères.

 Inversement, un taux de calcium intra-cytosolique élevé provoque une fermeture


des jonctions gap. Ce mécanisme, encore mal compris, peut être interprété comme un
système de sécurité.

 En effet, une altération cellulaire se traduit souvent par une altération des
endomembranes, en particulier du réticulum lisse et des mitochondries, de
réservoirs importants de calcium dans la cellule : l’augmentation du taux de
calcium traduit donc une situation anormale d’une cellule qui, à la fermeture des
jonctions gap, se trouve ainsi isolée de ses voisines.

 Les Plasmodesmes

 Les plasmodesmes sont les seules jonctions établies par les cellules végétales. Ils
correspondent à des canaux cytoplasmiques de 30 à 40 nm de diamètre, qui traversent
la paroi végétale. Ils contiennent en général une fine structure tubulaire dérivée du
réticulum endoplasmique lisse : le desmotube.

 Ils sont mis en place dès la division cellulaire au cours de l’extension de la plaque
cytoplasmique qui sépare les cellules filles, par des mécanismes qui ne sont pas encore
compris.

 Ce ne sont donc pas des structures simplement membranaires mais, comme les jonctions
gap, ils permettent une communication cytoplasmique directe entre cellules voisines
: ils sont responsables du transport symplasmique de substances au sein des plantes.
28

En bilan, les jonctions permettent donc un accrochage cellulaire à l’environnement. Mais


au-delà du simple aspect mécanique, les jonctions lient intimement la structure et le
fonctionnement des cellules engagées dans une vie tissulaire commune. Leurs rôles
d’intégrateurs tissulaires sont essentiels pour le maintien de l’intégrité physique et
métabolique de l’organisme.

II.3. La Communication cellulaire

 Les jonctions gap, que nos venons d’évoquer, assurent une communication entre
cellules voisines, ce qui peut permettre la conduction d’une information sur une
grande distance.

 Les jonctions gap permettent le passage des ions, et donc le couplage électrique entre
les cellules.

 La conduction d’une information physique auto-entretenue (variation de potentiel de


membrane de type potentiel d’action) peut alors être assurée entre cellules liées par des
jonctions gap : c’est ainsi, par exemple, que l’onde de contraction cardiaque se propage
dans le tissu cardiaque, où que fonctionnent les « synapses électriques » reliant certains
neurones.

 Il existe des moyens de communication à distance entre les cellules, et de façon plus
large entre tissus, qui utilisent une diffusion de molécules chimiques dans le milieu.

Suivant la distance parcourue par la molécule messagère, on parle de :

 Communication autocrine lorsque le message agit sur la cellule émettrice ;

 Communication paracrine lorsque le message agit sur les cellules qui sont à proximité
de la cellule émettrice. La molécule informative est souvent appelée cytokine ;

 Communication endocrine lorsque le message passe par le milieu intérieur circulant


(système circulatoire) pour agir sur des cellules particulières situées à distance
importante de la cellule émettrice. La molécule informative est alors appelée
hormone.

Dans ces trois cas, la perception de l’information implique que la présence de la molécule
informative soit détectée par les cellules : un récepteur doit donc exister au niveau de la
29

cellule cible, qui reconnait et lie la molécule informative. De plus, le système récepteur doit
être capable de répercuter l’information, autrement dit d’assurer une transduction de
l’information vers les effecteurs cellulaires. Le problème principal lié à cette transduction :
les effecteurs cellulaires sont intracellulaires, soit enfermés dans une membrane.
30

Vous aimerez peut-être aussi