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Jouanna Jacques. Médecine égyptienne et médecine grecque. In: La médecine grecque antique. Actes du 14ème colloque de
la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer les 10 & 11 octobre 2003. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2004. pp. 1-
21. (Cahiers de la Villa Kérylos, 15);
https://www.persee.fr/doc/keryl_1275-6229_2004_act_15_1_1081
10. Voir le compte rendu de Jean Leclant dans Bibliotheca Orientalis 18, 1961,
p. 144 sq.
11. A. Thivel, « La doctrine des ΠΕΡΙΣΣΩΜΑΤΑ et ses parallèles hippocratiques »,
Revue de Philologie 39, 1965, p. 269.
12. P. Ghalioungui, « The Relation of Pharaonic to Greek and Later Medicine »,
Bulletin ofthe Cleveland Médical Library 15, 1968, p. 96-107.
13. Th. Bardinet, op. cit. (n. 7), p. 129.
14. Voir J. Jouanna, Hippocrate. Pour une archéologie de V École de Cnide, Paris,
1974, p. 509, n. 2.
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25. Hippocrate, Airs, eaux, lieux, c. 12, éd. Jouanna 222, 3 (avec la n. 2 de la p. 222
= p. 299 sq.).
26. Hérodote, II, 77.
27. Diodore de Sicile, 1, 82, 1-2.
28. La périodicité n'est pas la même (les prescriptions sont plus fréquentes chez
Diodore que chez Hérodote : trois jours de suite par mois chez Hérodote ; tous les jours
selon Diodore, soit de façon continue, soit après des intervalles de trois ou quatre jours).
Par ailleurs, le régime comprend aussi des jeûnes selon Diodore, alors qu'il n'en est pas
question chez Hérodote.
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31. Sur la nature de la luxation et sur la comparaison de cette luxation avec les
traités chirurgicaux de la Collection hippocratique, voir M. D. Grmek, « Ancienneté de la
chirurgie hippocratique », dans F. Lasserre, Ph. Mudry, Formes de pensée dans la
Collection hippocratique, Genève, 1983, p. 285-295.
32. Hérodote, III, 129.
33. Id., III, 130, 3.
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34. Voir J. Jouanna, Hippocrate, II, 1. L'ancienne médecine, Paris, Les Belles Lettres,
1990.
35. Hippocrate, Ancienne médecine, c. 5, éd. Jouanna 124, 5 sq.
36. Platon, République III, 405d-406a.
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39. Id., ibid. 706, 12-15. Voir aussi Philouménos (IIe s. ap. J.-C.) apud Aetios Iatri-
corum liber W, éd. Zervos 115, 1-27, où est exposée en détail la façon dont le clitoris était
excisé par les Égyptiens chez les jeunes filles avant le mariage.
40. Id., ibid. 6ΊΑ-616. Sur ce passage, voir A. E. Hanson, « Papyri of médical
content », Yale Classical Studies 28, 1985, p. 25-47 (particulièrement p. 25-30).
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41. Galien, Sur les facultés des médicaments simples VI, prol. (éd. Kiihn XI, 792,
12 sq.) : il reproche à Pamphile, auteur d'un traité sur les plantes, d'avoir versé « dans des
sorcelleries égyptiennes bavardes » (τινας γοητείας Αιγύπτιας ληρώδεις) ; voir V. Boudon,
« Aux marges de la médecine rationnelle : médecins et charlatans à Rome au temps de
Galien », Revue des Études grecques 116, 2003, p. 109-131 (particulièrement p. 119).
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tique 42. Discutant des trois grandes parties de la médecine, que sont
la chirurgie, la pharmacologie et la diététique, Galien s'appuie,
comme Platon, sur l'autorité d'Homère, pour dire que la chirurgie
et la pharmacologie étaient connues dès l'époque la plus reculée
que l'on puisse atteindre, et il s'appuie ensuite directement sur le
témoignage de Platon dans la République, pour dire que la
diététique n'était pas connue d'Homère et qu'elle est une branche de la
médecine plus récente. Le jeu des citations homériques faites par
Galien pour prouver que la médecine était dans une première étape
uniquement chirurgicale et pharmacologique mérite d'être examiné
en détail. Galien prend soin de varier ses citations par rapport à
celles de Platon. Et son nouveau choix n'est pas mauvais. Car il
prend dans Y Iliade la citation-phare sur « le médecin qui vaut
beaucoup d'autres hommes pour extraire les flèches par incision et
verser sur (la blessure) des remèdes apaisants » 43. Mais à cette
citation de Y Iliade, il accole deux vers pris dans le célèbre passage
sur la médecine égyptienne de Y Odyssée, faisant un montage si
habile que les quatre vers paraissent concerner le médecin en
général. Toute référence aux médecins égyptiens a disparu. De ces
quatre vers ne ressortent que l'excellence du médecin en général et
surtout l'idée essentielle aux yeux de Galien que l'art médical à
l'époque d'Homère soignait les corps par la pharmacologie et la
chirurgie.
On voit donc comment le passage fondateur sur le prestige de
la médecine égyptienne chez Homère a été cité de manière
tronquée aussi bien chez le pseudo-Galien que chez Galien, sous
forme de deux vers dont un seul est identique, et cela en vue
d'intentions différentes : soit pour minimiser l'image prestigieuse des
médecins égyptiens chez le pseudo-Galien, soit pour l'éliminer chez
le Galien authentique.
Du reste, la mention des médecins égyptiens est exceptionnelle
chez Galien. On la rencontre une fois dans son traité sur la
Composition des médicaments suivant les lieux à propos d'un collyre, dit
«désagréable» contre les grands flux44. Il est dit que seuls les
médecins en Egypte ont du succès avec ce remède, et surtout chez
les sujets rustiques. Comment, dans ses conditions, prétendre, avec
42. Galien, A Thrasybule, c. 32 éd. Kiihn V, 869 (= éd. Helmreich SM III, p. 78).
43. Iliade XI, v. 514-515.
44. Galien, De compositione medicamentorum secundum locos IV, 8, éd. Ktihn XII,
749, 14.
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