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Est-Ce Exactement Ce Qu'il Dit Sur La Boîte de Conserve ? - Hanson
Est-Ce Exactement Ce Qu'il Dit Sur La Boîte de Conserve ? - Hanson
LA REVUE
INTERNATIONALEOF
DROITS DE L'ENFANT
Karl Hanson
Centre d'études des droits de l'enfant, Université de Genève, Suisse
Karl.Hanson@unige.ch
Laura Lundy
Centre for Children's Rights, Queen's University, Belfast, Irlande du Nord, R OYAUME -
U NI
L.Lundy@qub.ac.uk
Résumé
Les quatre principes généraux de la Convention relative aux droits de l'enfant sont
l'un de ses éléments les plus cités. Cet article retrace l'évolution des "principes
généraux" dans le processus de rédaction de la Convention et la détermination par le
Comité du contenu de ses lignes directrices pour l'établissement des rapports en 1991.
Il analyse ensuite l'approche des "principes généraux" adoptée par le Comité dans ses
processus de suivi et de rapport, ainsi que dans ses observations générales. Il conclut
que ces quatre articles ne sont pas nécessairement "généraux" ou "principes" et suggère
comment le concept d'un ensemble de normes transversales pourrait évoluer et peut-
être être reformulé d'une manière qui soit fidèle à la fois au texte de la Convention
et à la compréhension et à la pratique ultérieures.
Mots clés
Introduction
286 HANSON ET LUNDY
sur les droits de l'enfant (CRC ). Les premières discussions ont fait émerger un
concept qui, un quart de siècle plus tard, est devenu l'un des aspects de la
Convention les plus connus et les plus fréquemment cités, à savoir la notion
selon laquelle les articles 2, 3, 6 et 12 fournissent collectivement un ensemble
de "principes généraux" qui guident l'interprétation et la du
reste de la Convention. Le concept de "principes généraux" est rarement remis
en question, ce qui est surprenant compte tenu du fait que les rédacteurs ne
les avaient à aucun moment envisagés lorsqu'ils ont achevé leurs travaux
quelques années auparavant. Dans cet article publié à l'occasion du 25E
anniversaire du Journal, nous saisissons l'occasion de sonder ce qui, pour
chacun des auteurs, constitue une source de malaise de longue date. Notre
malaise commun réside dans une série de préoccupations interconnectées :
ces quatre articles ne sont pas nécessairement "généraux" ou même des
"principes" ; la raison pour laquelle ils ont été choisis et le rôle qu'ils sont
censés jouer ne sont pas clairs ; et leur inter- prétation et leur application par
le Comité peuvent produire des effets inattendus. La recherche universitaire
sur les droits de l'enfant est vaste, variée et croissante (Quennerstedt, 2013). La
diversité des travaux universitaires sur la Convention relative aux droits de
l'enfant peut être située sur un continuum allant d'une relative proximité avec
les points de vue internes des principaux acteurs sur la nécessité de
promouvoir la CRC à des observations externes plus critiques sur le
développement et les tendances de la recherche sur les droits de l'enfant. Les
auteurs écrivant dans la première perspective adoptent généralement une
attitude positive à l'égard de la CRC et tendent à approuver les inter-
prétations et les choix faits par le Comité des droits de l'enfant dont plusieurs
auteurs ont été membres (voir par exemple, Vuckovic Sahovic et al., 2012). De
ce dernier point de vue, il a été affirmé qu'une grande partie de ce qui a été
produit dans une perspective positiviste juridique fait partie d'une industrie
mondiale des droits de l'homme qui s'est enlisée dans la pensée
consensuelle, insuffisamment critique à l'égard de la Convention et du Comité
et éloignée de la réalité de la vie des enfants (Reynaert et al., 2009). Cependant,
la plupart des travaux universitaires se situent quelque part entre ces deux
positions et présentent la Convention et son suivi et sa par le
Comité, sans s'en détacher radicalement, comme étant incomplets (Freeman,
2000 ; Kilkelly et Lundy, 2006) et/ou parfois mal considérés (Harris-Short, 2003 ;
Nolan, 2013). Pourtant, dans l'ensemble de la recherche universitaire sur les
droits de l'enfant, les quatre "principes généraux" semblent avoir largement
échappé à un regard critique, la recherche ayant tendance à les approuver
et/ou à les élever, ou, plus rarement, à ne pas les reconnaître du tout. Afin de
combler cette lacune et conformément au thème principal de ce numéro
spécial, "Regarder en arrière et vers l'avenir", nous retraçons l'évolution des
"principes généraux" dans le processus de rédaction de la Convention et la
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Le Journal international des droits de l'enfant a été fondé en 1991, L'année même
où le Comité des droits de l'enfant des Nations unies ("le Comité") a
commencé ses travaux. L'une des premières tâches du Comité a été de fournir
des conseils aux États parties sur la de la Convention.
Les "principes généraux" du CRC ont été introduits par le Comité des droits de
l'enfant dans les directives pour les rapports initiaux (Comité des droits de
l'enfant, 1991). Dans cette section, nous examinerons de plus près les
discussions entre les membres du Comité afin de mieux comprendre comment
et pourquoi les "principes généraux" ont été institués. Avant cela, nous
examinerons brièvement le texte du CRC et l'historique de sa rédaction pour
voir si certaines dispositions peuvent être qualifiées de "générales".
les rédacteurs ont expressément voulu éviter d'entrer dans une discussion de
fond (Commission des droits de l'homme, 1988a : 3).
Principes généraux
Des informations pertinentes, y compris les principales mesures
législatives, judiciaires, administratives ou autres en vigueur ou
prévues, les facteurs et difficultés rencontrés et les progrès accomplis
L'État partie est encouragé à élaborer des procédures et des critères pour
donner des orientations à tous les professionnels concernés afin de
déterminer l'intérêt supérieur de l'enfant dans tous les domaines et de lui
accorder l'importance qu'il mérite en tant que considération primordiale
(2016B, par. 16).
De même, il existe une formule pour la discussion de l'article 12, illustrée ici par
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les remarques sur l'Afrique du Sud et la Sierra Leone respectivement :
2.3 al COMGEMNENRTS
L'autre fonction principale du Comité est de donner des conseils sur la
signification et les moyens de la Convention, une tâche qui
est le plus souvent accomplie par l'élaboration et la publication
d'observations générales. Les références aux "principes généraux" dans les
observations générales sont régulières mais remarquablement incohérentes.
Chaque observation générale mentionne un ou plusieurs des quatre articles et
la majorité d'entre elles les mentionnent en tant qu'ensemble. L'examen de 18
observations générales (en laissant de côté les observations générales n° 12 et
14, qui portent respectivement sur les articles 12 et 3) donne une image
contrastée : dans quatre d'entre elles, ils ne sont pas du tout mentionnés en
tant qu'ensemble ; dans quatre autres, ils sont mentionnés brièvement en
passant ; dans six, ils sont énumérés et discutés en tant qu'ensemble ; dans six
autres encore, ils sont inclus dans une liste avec d'autres articles importants, en
particulier les articles 4 et 5. Par exemple, dans l'Observation générale la plus
récente (Observation GÉNÉRALE 20 sur la des droits de l'enfant
pendant l'adolescence, 2016A), LA référence à l'article 6 sur le droit à la vie, à la
survie et au développement n'est pas incluse in toto ; ce principe est remplacé
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par le " droit au développement " en référence au principe du " développement
des capacités " de l'enfant à l'article 5 - un changement remarquable qui ne fait
l'objet d'aucun commentaire supplémentaire.
En outre, l'examen indique que l'approche du Comité n'est pas cohérente
dans le temps. La première observation générale (sur les objectifs de
l'éducation, Comité des droits de l'enfant, 2001) ne les mentionne pas du tout,
bien qu'elle ait été publiée dix ans après les lignes directrices de 1991. Il en va
de même pour la huitième observation générale de 2006 (Comité des droits de
l'enfant, 2006). La troisième observation générale
2.4 ClariLtyacaknodfConsistance
En résumé, l'examen de l'utilisation des quatre principes généraux par le Comité
dans le cadre de ses deux fonctions principales - surveiller les progrès des
Etats parties par le biais de l'examen périodique et donner des conseils sur la
signification de la Convention par la publication d'observations générales -
indique un manque de clarté et de cohérence dans la formulation et
l'application des "principes généraux". Le Comité des droits de l'enfant n'est pas
le seul dans ce cas. Les organes de traités ont la réputation d'interpréter et
d'appliquer les conventions d'une manière qui ne se prête pas toujours aux
normes de rationalité et de prévisibilité (Mechlem, 2009). Dans la section qui
suit, nous réfléchissons aux critères qui pourraient déterminer quelles
dispositions de la CRC méritent le statut d'importation inter-conventions et
comment ils pourraient être mieux décrits et opérationnalisés.
w2 evHeor, notons que le deuxième paragraphe de l'article 2 protège les enfants contre toute
forme de discrimination et confère un sens autonome et non subordonné à la disposition
relative à la non-discrimination (Besson, 2005 : 446).
Conclusion
Nous avons vu que les quatre principes généraux de la CDE ont été élaborés
de manière quelque peu ad hoc et que, bien qu'ils aient captivé l'imagination
des spécialistes et des praticiens des droits de l'enfant, ils manquent de
cohérence et de clarté, tant dans leur conceptualisation initiale que dans leur
interprétation et leur application ultérieures. Notre alternative, une tentative
de conserver les avantages manifestes d'un ensemble de dispositions générales
dans la pratique tout en restant fidèle au texte de la CRC , contient deux
suggestions : des obligations de globales et des normes
transversales. Pour nous, ces dernières représentent l'option la plus attrayante
pour remplacer les "principes généraux", car ce terme "fait ce qu'il dit", c'est-à-
dire qu'il identifie un certain nombre de dispositions de la CRC (articles 2, 3, 5 et
12) auxquelles on a attribué (tant dans le texte de la Convention que dans sa
pratique) un rôle à jouer dans l'interprétation et la de toutes les
autres dispositions de LA CRC .
D'autres conceptualisations sont possibles : nous ne pensons pas que nos
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réflexions sur un nouvel ensemble de dispositions transversales indiquent
le seul substitut possible.
Remerciements
Références
Abramson, B., "Two stumbling blocks to CRC monitoring : the four 'general principles'
and 'The definition of the child'", Annex to Comments on the "General Comment on
REVUE INTERNATIONALE des DROITS DE L'ENFANT 25 (2017) 285-306
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General Measures (Second draft)" (document de conférence, 2003), cité dans : Nowak,
M., "Article 6 - Le droit à la vie, à la survie et au développement", dans A. Alen, J.
Vande Lanotte,
E. Verhellen et al. (eds.), A Commentary on the United Nations Convention on the
Rights of the Child. (Leiden : Martinus Nijhoff Publishers, 2005).