Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1- La sanction pénale
ð La fonction utilitaire : dès la XVIIe siècle, la sanction d ê utile à la fois pour la Sté et l’individu > faire en sorte que celui qui subit la sanction soit guéri une fois réintégré ds la Sté > elle doit permettre de l’améliorer et de
reprendre une vie ordinaire sans commettre de news I°. La fonction utilitaire connaît 5 facettes.
o Resocialisation : la sanction et son exécution d réapprendre au condamné la vie en société, ses codes et le respect de ses règles aux fins de ls resocialisation de la pers > apprentissage d’un métier,
formation diplômante ou soins > cela en faveur du condamné pour favoriser sa réintégration dans la Sté.
o Portée sécuritaire : néc d’assurer la protection de la Sté, des codétenus, des gardiens, contre un individu dangereux > neutralisation, enfermement > utilité pour la société > fonct° essentielle de l’internement.
o Dissuasion et intimidation : la sanction comme moyen d’empêcher la commission d’I° selon 2 angles :
§ Prévention spéciale : quand on sanctionne quelqu’un de façon adéquate, il ne voudra pas récidiver. La prévention spéciale joue un grand rôle au moment de la fixation de la peine.
§ Prévention générale : ici on veut dissuader de commettre une I° celui qui n’en a jamais commis. La sanction doit donc être suffisamment menaçante pour détourner l’honnête homme de
la commission d’I°. La prévention générale ne doit pas trop entrer en ligne de compte au moment de la fixation de la peine.
o Réconciliation : entre le lésé et l’auteur=> instaurer le dialogue par le biais de la médiation et de la conciliation. Le but n’est pas de punir, mais de d’inciter les pers à faire la paix (art. 316 CPP _
conciliation pour les i° poursuivie sur plainte)
o Réparation : l’utilité de la sanction vise la pacte social (vision rousseauiste). L’i° commise fait du mal au lésé mais aussi à la Sté dans son ensemble, le pacte social a été rompu. La sanction vise à réparer le
tort causé à la Sté, notamment par le TIG, prestation d’intérêt public qui répare le tort fait à la Sté. Par ailleurs, le lésé peut, par le biais de certaines mesures, obtenir réparation (art. 70-73 : confiscation et
créance compensatrice.
Les différentes fonctions de la sanction ne sont pas étanches, elles s’entrecoupent et se complètent et ont un rôle plus ou moins important en fonction du cas d’espèce et de l’évolution de l’exécution de la peine.
Quand on parle de PPL, la liberté individuelle vient à l’esprit. L’enjeu constitutionnel connaît deux volets :
- Le DP est un outil dont l’É se dote pour garantir les droits constitutionnels, par ex, si le droit à la vie est garanti, les lois pénales qui interdisent d’y attenter assure que cette garantie soir respectée. Dans de cas, le DP est garant
des DF. Mais ce faisant, le DP peut aussi restreindre certains DF > PPL ou PP. Principe de la légalité oblige, la Cst. est une limite au DP.
2.2.1- Une restriction (art. 36 Cst.) à la liberté personnelle (art. 10 al. 2 Cst., 31 Cst. et 5 CEDH)
Le DP vient restreindre des garanties fondamentales, la liberté personnelle en particulier, pour cela, il doit respecter les conditions de l’art. 36 Cst. :
ð Une BLF
ð In intérêt public : il est facile à démontrer en DP
ð Le respect du PdP : pcpe ubiquitaire en DP : la sanction doit être apte à atteindre le but visé, nécessaire et proportionnelle au sens étroit : mise ne balance des effets du résultat de la mesure sur le condamné avec les moyens mis en
œuvre pour atteindre le but visé.
ð Préservation du noyau dur du DF > l’interdiction de la peine de mort répond à cette exigence.
2.2.2- Nullum crimen/nulla poena sine lege (art. 5 al. 1 et 164 lit. b et c Cst., art. 7 & 1 CEDH, art. 1 et 2 CP)
L’exigence d’une BLF découle du principe de la légalité ainsi que l’interdiction de la rétroactivité de la loi pénale. La lex mitior est toutefois réservée : si la nouelle loi est plus favorable au prévenu que l’ancienne, alors elle s’applique rétroactivement.
Le principe de la lex mitior vaut aussi pour les sanctions > en 2008, avec la mise en œuvre de la priorité de la PP p/t à la PPL, de nb condamnés ont écopé d’une PP au lieu d’une PPL.
Selon l’art. 123 al. 1 Cst. le DP matériel et formel relève de la compétence de la C° ; en revanche, l’art. 123 al. 2 et 3 Cst. prévoit qu’en ce qui concerne l’exécution des sanctions (et non le prononcé) ce sont les cantons qui sont compétents sous
réserve d’une disposition fédérale.
2.2.4- l’interdiction des traitements inhumains et dégradants et de la torture (art. 10 al. 3 Cst. ; art. 3 CEDH)
Dispositions importantes qui sont à la base de toutes les questions relatives aux modalités d’exécution des sanctions privatives de liberté. Le droit à l’eau potable, à la lumière, à des sorties, à un espace décent, aux rencontres avec des tiers, aux
soins médicaux, au service religieux, etc. sont des sujets appréhendés sous l’angle de l’art. 3 CEDH. La JP autour de cette disposition est abondante. Les RPE constituent une forme de recueil de JP de la CourEDH, ce sont des recommandations
qui n’ont pas force de loi mais qui sont importantes.
-1-
2.3 – Les bases légales pertinentes
Une fois que le prévenu a commis une infraction de façon non justifiée et de manière coupable, un verdict de culpabilité est rendu. C’est à ce moment-là que la peine doit être fixée. Si un prévenu est acquitté en raison de son irresponsabilité, il
peut, selon l’art. 19 al. 3 CP être sanctionné et faire l’objet d’une mesure
Peine : fixée de manière déterminée (jours, montant) suivant la gravité de la faute commise
Il y a 3 + 1 genres de peines :
à La PP en jours-amende
à La PPL
à L’amende
à + l’amende d’entreprise, système spécial qui s’applique aux personnes morales mais qui n’a pas la même nature que l’amende de base
1- Introduction
Il y a deux catégories de peines :
- Les peines criminelles et délictuelles
- Les peines contraventionnelles
ð Distinction tripartite des infractions qui est définie à l’art. 10 al. 1 et 103 CP, le critère est de nature abstraite puisque l’on se base sur la peine-menace :
à De 3 à 180 J-A Réforme de 2018 : on traitera désormais celui qui ne peut pas payer exactement comme celui qui ne veut pas payer > PPL de substitution (art. 36 CP)
à 3000 CHF maximum PP avec sursis complet : possibilité d’un sursis complet à l’exécution de la PP (art. 42 CP)
à 30 CHF minimum (exception 10 CH) PP avec sursis partiel impossible (art. 43 CP)
à Délai de paiement : 1 à 6 mois (art. 35 al. 1 CP)
- PPL : art. 40 CP
à 3 jours au moins, 20 ans au plus, à vie si la loi le prévoit
à Art. 41 CP : Une PPL ne peut être prononcée pour 6 mois ou moins à la place d’une PP si et seulement si :
§ La PPL semble justifiée pour détourner l’auteur d’autres crimes et délits
§ S’il y a lieu de craindre qu’une PP ne puisse pas être exécutée
- PPL avec sursis complet : art. 42 CP :
à Possible si PPL de 3 jours à 24 mois
à Pas de sursis si, dans les 5 ans qui précèdent l’I°, l’auteur a été condamné à une PPL de plus de 6 mois ferme ou avec sursis
- Peine additionnelle ou cumulée : art. 42 al. 4 CP : une PP ou une PPL avec sursis complet peut être associée à une amende additionnelle ferme mais cette amende doit être prononcée lorsque l’I° à raison de laquelle l’auteur est
condamné a absorbé une contravention (concours imparfait).
à Principe de hiérarchie : le choix du juge est guidé par le principe de proportionnalité ; la peine doit atteindre son but et être la moins incisive possible. Le principe de proportionnalité gouverne cette hiérarchie
entre PPL et PP > cela se traduit dans la systématique de la loi puisque le CP mentionne d’abord la PP (art. 34) > la PPL est l’ultima ratio.
à Le juge ne peut cumuler PPL et PP.
à Pour choisir le genre de peine, le juge doit prendre en considération l’opportunité de la sanction déterminée, ses effets sur l’auteur et sa situation sociale ainsi que son efficacité préventive
-2-
2.2- La peine pécuniaire (art. 34 CP)
2.2.1- Définition
La PP est le fruit d’une multiplication à deux variables : c’est un nombre de jours (unités pénales) multiplié par un montant par jour.
Le nombre de jour est fonction de la gravité de la faute, le montant par jour est exclusivement fonction de la situation financière du prévenu : l’art. 34 al. 4 CP impose de mentionner les deux éléments dans le jugement. Cette obligation connaît
deux raisons :
- D’abord, c’est le nombre d’unités pénales qui indique la sévérité de la sanction. Le montant total n’indique rien à ce propos. Si l’amende est impayée, le nombre de jours sera converti en jours de PPL.
- Par ailleurs, cette pratique respecte le principe de l’égalité dans le sacrifice : en tenant compte de la situation financière, la justice se montre plus équitable. Mais ce principe a ses limites puisque la PP est plafonnée à 3000 CHF
par JA, les plus riche échappe donc à ce principe. Quoi qu’il en soit, en principe, à faute égale, le nombre de jours est équivalent, mais le montant différera fonction de la situation financière.
L’art. 34 al. 2 énumère certains critères à prendre en compte, mais il faut préciser :
- Ce n’est pas un calcul arithmétique et le juge garde son pouvoir d’appréciation, la base est arithmétique mais le juge a le choix.
- Plusieurs autres précisions découlent de l’ATF 134 IV 60 :
à L’ensemble des revenus annuels de la personne sont divisés par 365. Seuls les revenus du condamné sont pris en compte en vertu du principe de la personnalité de la peine.
à Le revenu du conjoint n’est pas déterminant au niveau de la peine, mais il sera pris en compte au niveau des charges car ce revenu contribue aux charges du ménage.
à Quand une personne ne travaille pas par choix ou démissionne avant le jugement, arguant qu’elle n’a pas de revenu, le juge pourra retenir un revenu hypothétique.
à Ce sont les revenus nets qui sont pris en compte, déduction faite des charges sociales
à La JP a précisé que le revenu est déterminant, la fortune n’étant qu’un élément marginal et correctif dans des situations particulières (ex. : grosse fortune, petit revenu)
Une fois que l’on a déterminé le revenu et les charges, la différence correspond au montant journalier. Le juge pourra selon les circonstances augmenter ou diminuer un peu ce montant à la faveur de son pouvoir d’appréciation.
2.3.1- Définition
Si une mesure moins incisive permet de prévenir la récidive, il n’est pas nécessaire de prévoir une peine plus lourde. Le juge a le choix quand la sanction se situe entre 3 jours et 180 unités pénales.
Il y a deux conditions alternatives pour que le juge fixe un PPL en lieu et place d’une PP :
à Si une PPL semble justifiée pour détourner l’auteur d’autres crimes ou délits (art. 41 al. 1 let. a)
§ Cette alternative poursuit un objectif de prévention spéciale. Si un multirécidiviste a été déjà condamné à plusieurs PP fermes qu’il a payées sans se plaindre, il sera nécessaire de la sanctionner
d’une PPL
§ Le critère de la prévention générale n’a pas sa place ici. C’est un raisonnement individualisant sur la personne de l’auteur.
à S’il y a lieu de craindre qu’une PP ne puisse être exécutée (art. 41 al. 1 let. b)
§ Qui n’a pas les moyens ira en prison > c’est un peu choquant !
Le principe de subsidiarité de la PPL découle du PdP. L’art. 41 al. 2 pose une exigence de motivation accrue au juge qui prononcera une PPL au lieu d’une PP.
L’art. 41 al. 3 pose que le principe de subsidiarité n’entre pas en ligne de compte si la PP est impayée : elle sera automatiquement convertie en PPLS.
-3-
Cumul avec NON OUI OUI OUI NON NON
amende
3.1.1- Définition
C’est une peine de nature pécuniaire puisqu’elle s’en prend au patrimoine du prévenu. Elle est fixée de manière forfaitaire. L’idée du législateur consiste à instaurer un système plus simple que les JA pour les petites infractions
Le maximum légal de l’amende est de CHF 10 000.- mais aucun minimum n’est légalement défini. 1 franc selon une lecture littérale, il devrait être de 10 francs selon la doctrine. Large pouvoir d’appréciation du juge. L’art. 106 al. 3 CP précise qu’il
faut fixer le montant en fonction de la gravité de la faute, de la culpabilité et de la situation financière. Ce sont les mêmes critères que pour la PP mais ils sont fusionnés. Toutefois, la situation est beaucoup plus incertaine puisqu’il n’y a aucune clé
de conversion. Les montants ont été délimités par la pratique.
Les directives du procureur général à Genève sont, en pratique, appliquée sans réflexion par les autorités (MP et SDC). Cela dit, appliquer des tarifs fixes sans individualisation en fonction des 2 critères évoqués est contraire au droit fédéral. On
devrait raisonner de la façon suivante : « à faute moyenne et revenu moyen, un montant de X devra être payé pour telle infraction. C’est pourquoi les juges n’appliquent pas scrupuleusement les lignes directrices mais individualisent les montants.
D’où la possibilité de faire opposition pour que le montant de l’amende soit fixé selon tous les critères.
à Art. 102 al. 1 : régime subsidiaire, on sanctionne l’entreprise quand on ne parvient pas à identifier la personne qui a commis l’infraction.
à Art. 102 al. 2 : pour certaines infractions, on sanctionne non seulement la personne responsable mais encore l’entreprise, comme pour le blanchiment d’argent.
à Art. 105 al. 1 : l’entreprise n’est condamnable que pout un délit ou un crime.
à La clause punitive de 5 millions de l’art. 102 al. 1 s’applique aussi à l’al. 2 selon les mêmes critères.
1- Introduction
Hormis les amendes d’ordre, en vue de la fixation de la peine, il y a un système de fourchettes des peines-menaces.
a- On commence par regarder la fourchette que l’on trouve dans la partie spéciale de CP – p. ex l’homicide : entre 5 et 20 ans. Il peut y avoir déjà à ce stade des circonstances atténuantes ou aggravantes spéciales.
b- On analyse ensuite si les conditions d’une exemption de peine sont réunies (art. 52 ss CP)
c- Sinon, on va déterminer si l’on est au bénéfice de l’aggravante générale ou des atténuantes générales
a. On peut fixer une peine inférieure au minimum légal en cas d’atténuantes spéciales (art. 48a CP) > agit sur le plancher de la peine
b. On peut fixer une peine supérieure au maximum légal en cas de concours parfait d’infraction (art. 49 CP) > agit sur le plafond de la peine
d- Enfin, on procédera à la fixation concrète de la peine selon les critères d’individualisation de l’art. 47 CP.
Ce raisonnement en 4 étapes vaut aussi pour les I° du droit pénal accessoire, notamment celles de la LCR et de la LStup qui occupent majoritairement les juges.
L’exemption de peine est plutôt traitée dans le cadre des art. 52 à 54 CP, car l’art. 55 CP ne s’inscrit pas tout à fait dans la même logique.
En principe, quand une personne est reconnue coupable, il y toujours le prononcé d’une peine, le juge doit fixer une peine et les seules exceptions sont celles découlant des clauses d’exemption de peine
à En cas d’exemption de peine, la personne est coupable, il y a donc un verdict de culpabilité mais exempté de toute peine.
à Quand un motif d’exemption de peine est identifié au stade de l’instruction, donc par le MP, on est dans l’hypothèse du classement en opportunité (art. 7 CPP) # classement en légalité puisqu’il y a eu infraction,
ou de la non-entrée en matière. Le MP renonce à poursuivre le délinquant ou à le renvoyer devant le juge
à Quand un motif d’exemption de peine est identifié au stade du jugement, le juge rend un verdict de culpabilité mais il renonce à prononcer une peine.
L’art. 366 al. 2 let. a CP prévoit une inscription au CJ des jugements pour crime ou délit pour autant qu’une peine ait été prononcée. A contrario, un verdict de culpabilité pour un crime ou un délit sans prononcé de peine ne donne pas lieu à une
inscription au CJ.
Ces dispositions sont impératives et ne laissent pas de marge de manœuvre au juge. Si les conditions des art. 52 à 54 CP sont réunies, le juge doit prononcer une exemption de peine. Ces dispositions s’appliquent aux contraventions par renvoi de
l’art. 104 CP, sous réserve de disposition dérogatoire comme l’art. 105 CP.
Certaines dispositions de la partie spéciale ont une formulation malheureuse, à l’instar de l’art. 173 ch. 2 CP qui évoquent les preuves libératoires de la diffamation et dispose que si ces dernières sont données, le prévenu bénéficie d’une exemption
de peine, ce qui est faut, le prévenu bénéficie en réalité d’un acquittement.
Les clauses générales d’exemption des art. 52-54 CP cohabitent avec celles de la partie spéciale.
-4-
o Si une personne et parquée une seconde de trop en zone bleue, on se trouve notoirement en dessous du cas
moyen de la commission de l’infraction.
b) La peine encourue (art. 53 let. a) : la peine qui devrait être normalement fixée dans le cas d’espèce (peine concrète selon l’art. 47 CP) doit être une PPL d’un an au plus avec sursis, une PP avec sursis ou
une amende
• Ce raisonnement est particulier car le juge doit opérer tout le processus de l fixation concrète de la peine et analyser les conditions du sursis en cas de PP ou de PPL.
c) La proportionnalité (art. 53 let. b) : l’intérêt privé et/ou public à la sanction sont mis en balance avec l’intérêt individuel du prévenu à être exempté.
• L’ATF 135 IV 12 précise que lorsque seul un intérêt individuel est protégé par la norme violée par l’auteur (p. ex. l’art. 144 qui protège exclusivement le patrimoine), s’il y a
réparation intégrale, alors le lésé n’a plus aucun intérêt à la poursuite pénale. En revanche, lorsqu’un BJ collectif est protégé par la norme en cause (p. ex. la corruption qui protège
le bon fonctionnement de l’État), le besoin de prévention générale et d’équité peut être tel que la réparation, même intégrale, ne suffit pas nécessairement à réparer le dommage
subi. Dans un tel cas, on retiendra un circonstance atténuante lié au fait que l’auteur a tout de même tenté de réparer ou réparé. L’auteur pourra p. ex. bénéficier de l’atténuante du
repentir sincère de l’art. 48 CP. Le TF précise également que l’intérêt privé ou public à punir diminue avec l’écoulement du temps.
L’auteur est déjà tellement atteint par les conséquences de son acte qu’il apparaît disproportionné de la sanctionné pénalement. Les cas typiques sont les conséquences liées à des infractions à la LCR (p. ex. le conducteur fautif finit tétraplégique ou
perd sa femme et ses enfants dans l’accident). En théorie, cette disposition est sensée s’appliquer à tout type d’infraction quelle qu’elle soit. P. ex. un homicide par négligence peut affecter directement soit l’auteur soir l’un de ses proches. Il y a
donc place pour une exemption de peine même pour des infractions très graves.
Plusieurs conditions doivent être réunies pour que l’art. 54 trouve application :
a) Une atteinte directe : seule une atteinte directe découlant de l’infraction entre en ligne de compte, laquelle atteinte est retenue lorsque l’intégrité physique de l’auteur ou de ses proches est
affectée. En revanche, l’auteur qui tombe en dépression, qui perd son emploi ou ne voit plus ses proches durant une longue détention fait face à des conséquences indirectes de son acte.
Ce n’est pas l’infraction en tant que telle qui occasionne ces conséquences mais la procédure pénale qui y est liée.
b) La proportionnalité : l’intérêt à la poursuite et à la sanction est mis en balance avec l’intensité de l’atteinte directe. Si la balance penche du côté de l’intensité de l’atteinte, une exemption de
peine est prononcée par le juge.
ATF 137IV 105 : Un conducteur fautif tue un de ses proches dans un accident => seules les infractions ayant un lien direct avec l’atteinte subie entrent en ligne de compte dans le cadre de l’art. 54 CP. Si le conducteur était sous l’emprise de la
drogue ou ne portait pas sa ceinture, il sers jugé et puni pour ces infractions !
2.5- Quelques autres cas d’exemption de peine (art. 23, 173 ch. 4, 177 al. 2-3, 260bis al. 2, 305 al. 2 CP)
Il existe plusieurs clauses d’exemption de peine disséminées dans la partie spéciale et générale du CP
• Désistement ou repentir actif (art. 23 CP) : le juge a le choix d’exempter ou d’atténuer la peine
• Diffamation (art. 173 ch. 4) : quand l’auteur dément ses propos ou se rétracte, le juge a le même choix
• Injure (art. 177 al. 2 et 3 CP) : quand les injures ont été provoquées par la personne injuriée ou qu’il y a eu échange de voies de fait et d’injures, le juge peut exempter de toute
peine.
• Actes préparatoires (art. 260bis al. 2 CP) : lorsqu’il y a désistement lors des actes préparatoires, il y a place pour une exemption de peine.
• Entrave à l’action pénale (art. 305 al. 2 CP) : il y a place pour une exemption de peine s’il existe un lien étroit entre l’auteur et la personne favorisée (p. ex. le fait d’héberger un fils
évadé de prison est un comportement compréhensible.
3.1- La peine-menace
On passe de la partie spéciale à la partie générale du CP, après avoir retenu la peine-menace, on examine s’il y a des circonstances atténuantes ou aggravantes générales et l’exemption de peine a été exclue.
Précision : le mobile honorable est par exemple une atténuante du meurtre à la demande de la victime (art. 114 CP), or le principe du « Doppelverwertungverbot » interdit de tenir compte deux fois du même critère atténuant dans le processus de
fixation de la peine. Donc l’élément atténuant spécial prime celui de 48 CP, s’il est identique.
Dans les deux cas, il faut que les circonstances rendent cet état excusable.
La JP donne quelques clés d’interprétation :
à L’approche est objective et les dimensions culturelles n’entrent pas en ligne de compte. Il faut se placer dans la peau d’un citoyen suisse moyen.
à Si ce dernier s’était trouvé dans le même état émotionnel en présence de l’événement extérieur et que sa capacité d’agir raisonnablement s’en était vu diminuer, alors cet état est compréhensible et donc excusable.
-5-
à L’état émotionnel doit être non fautif, c’est-à-dire que l’auteur de l’infraction ne doit pas être responsable des circonstances qui l’ont mis dans cet état. Si je blesse lourdement quelqu’un, que je prends conscience
de la gravité de mon acte et décide d’achever le blessé, l’émotion violente ne sera pas admise !
Ne pas confondre le repentir actif de l’art. 23 CP qui entre en ligne de compte lorsque l’auteur contribue à empêcher la consommation de l’i°.
Le repentir actif est un degré de la réalisation de l’I° donc une forme de la tentative : on essaie d’éviter que l’I° ne soit consommée.
Cette CA est arithmétique, c’est une étape intermédiaire avant la prescription. C’est une sorte de complément au système de la prescription de l’action pénale au sens des art. 97 ss CP. La prescription a pour fondement l’idée que le temps a un effet
réparateur : si l’auteur n’a pas recommis d’I° entre la commission de l’° et la fixation de la peine, on considère qu’avec l’écoulement du temps l’intérêt à engager une action pénale diminue.
Il y a deux conditions :
a) Selon le TF l’écoulement du temps peut intervenir comme circonstance atténuante lorsque les 2/3 de la prescription de l’action pénale se sont écoulés.
L’art. 101 al.1 CP prévoit l’imprescriptibilité de certaines I°. Cependant, en vertu de l’al. 2, Le juge peut à leur égard envisager une atténuation de peine pour autant que le délai de prescription ordinaire est échu..
ð Le génocide est sanctionné d’une PPL à vie et le délai de prescription de l’action pénale est de 30 ans. Â l’échéance de ces 30 ans, il y a une place pour une atténuation de peine.
ð Dans l’ATF 140 IV 145, le TF explique que l’art. 101 al. 2 CP est une lex specialis par rapport à l’art. 48 let. e CP qui ne peut pas s’appliquer en cas d’I° imprescriptibles. Autrement dit, l’art. 101 al. 2 CP est le pendant de l’art. 48 let.
e CP. Attention, dans ce cas, il n’y a pas de prescription mais une atténuation de peine est possible.
Chaque fois qu’une disposition de la partie générale du CP prévoit que le juge peut atténuer la peine, il s’agit d’une circonstance atténuante générale qui emporte les effets de l’art. 48a CP.
- En vertu de la loi : C’est ainsi que l’autorité parentale et le devoir d’éducation (CC et 302), ainsi que le devoir d’assistance réciproque (CC 272), fondent une position de garant des parents, qui sont à la fois les gardiens et les surveillants de leur enfant55. Dès lors, les parents sont susceptibles de répondre pénalement,
s’ils restent inactifs, alors qu’ils pourraient empêcher leur enfant mineur de subir une atteinte à un intérêt pénalement protégé, ou alors que celui-ci s’apprête à commettre une infraction qu’il leur serait possible d’empêcher.
- En vertu d’un contrat : L’obligation juridique de l’employeur d’exercer sur ses employés le contrôle qui lui incombe au regard des dispositions du Code des obligations (CO 101 et 55) crée une position de garant. Dans un autre registre, le devoir de renseignement et de reddition de compte du gérant de fortune,
compris dans CO 398 II et 400 I, confère à celui-ci une position de garant, qui peut notamment entraîner sa punissabilité pour escroquerie ou pour gestion déloyale commise par omission au préjudice de clients.
- En vertu d’une communauté de risques librement consentie : l’obligation juridique d’agir fondée sur une communauté de risques librement consentie est retenue lorsque deux ou plusieurs personnes s’engagent ensemble dans une entreprise qui comporte des risques pour leur vie ou leur intégrité corporelle. Un
devoir de garant a été retenu dans le cas de l’alpiniste confirmé qui avait incité son épouse, une skieuse peu expérimentée, à faire une randonnée à ski en haute montagne. Selon le Tribunal fédéral, celui qui apparaît comme le guide de l’expédition est tenu, par une obligation juridique et pas seulement morale, de
prendre en faveur du partenaire plus faible toutes les mesures de protection proportionnées pour empêcher la survenance d’un accident. Les mêmes principes s’appliquent lorsque, dans un groupe de personnes faisant en commun de l’alpinisme, un des participants dispose d’une expérience et d’une adresse plus
grande et éveille de ce fait chez les autres participants l’attente d’une protection sans laquelle ils ne se seraient pas engagés dans l’aventure.
- En vertu de la création d’un risque : Celui qui a créé un risque pour les biens juridiques d’autrui est tenu de prendre les mesures propres à en écarter la réalisation. Ce fondement de l’obligation d’agir, résumé parfois sous les termes de « principe d’intervention» ou «d’ingérence» (Ingerenzprinzip), est retenu lorsque
«l’auteur avait, en raison du risque qu’il avait créé, l’obligation de prendre toutes les précautions propres à empêcher qu’il ne se réalise». La position de garant découlant de la création d’un risque est spécialement importante en pratique dans le domaine de la construction, dans le cadre d’infractions commises par
négligence (lésions corporelles, CP 125 ; homicide, CP 117 ; violation des règles de l’art de construire, CP 229 II). Elle joue également un rôle important dans le domaine du sport, en lien avec la responsabilité de l’exploitant d’installations sportives, respectivement de l’organisateur de manifestations sportives.
« Le juge atténue la peine si, au moment d’agir, l’auteur ne possédait que partiellement la faculté d’apprécier le caractère illicite de son acte ou de se déterminer d’après cette appréciation. »
Concrètement, l’auteur dont la responsabilité est restreinte a, en principe, la capacité intellectuelle de comprendre l’illicéité de ses actes ainsi que la volonté de se déterminer selon cette appréciation. Il agit toutefois de façon diminuée. Il a ainsi davantage de difficultés à résister aux impulsions délictueuses en comparaison avec tout auteur
normal => atténuation de peine obligatoire.
Une circonstance atténuante a un effet sur le plancher de la peine-menace sanctionnant l’I°. L’art. 48a CP règle les effets de toute les CA contenues dans le CP.
Cette disposition est construite comme une fusée à deux étages :
à L’al. 1, qui est impératif, représente l’effet systématique de la disposition : ayant retenu une CA, le juge doit atténuer la peine et n’est pas tenu par le minimum légal de la peine prévue pour l’I° mais il est en
revanche tenu par le minimum légal du genre de peine considéré.
• Ex : la peine-menace du meurtre (art. 11 CP) se situe dans une fourchette de 5 à 20 ans. Le juge est en droit d’atténuer la peine en fixant une quotité inférieure aux 5 ans légaux,
mais il ne peut descendre en-dessous de 3 jours qui est le minimum prévu pour un crime. Précisons que l’atténuation n’a de portée que lorsque l’I° en cause prévoit un peine
plancher supérieure au plancher du genre de peine considéré.
à L’al. 2, qui est facultatif, permet au juge de prononcer un genre de peine différent, à condition de respecter le maximum et le minimum légaux de du nouveau genre de peine.
Il s’agit de la seule circonstance aggravante. Elle a un effet sur le plafond de la peine-menace lorsque l’on a affaire à un concours d’infractions.
- Le concours idéal : il doit être retenu lorsque, par un seul acte, l’auteur réalise les éléments constitutifs de plusieurs infractions ou commet la même infraction plusieurs fois.
• Ex. : un père viole son enfant mineur. Il commet un viol (art. 190 CP), un acte d’ordre sexuel avec un mineur (art. 187 CP) et un inceste.
• Un homme tire un seul coup de pistolet et tue deux victimes.
à Le concours idéal est dit « homogène », et CP 49 I s’applique, quand l’auteur réalise plusieurs fois la même infraction en portant atteinte à deux ou plusieurs biens juridiques indépendants. Tel est le cas de celui
qui blesse plusieurs personnes en lançant une grenade ou qui met en danger de mort la vie de deux personnes en tirant un coup de feu à travers une porte.
à Le concours idéal est dit « hétérogène » et CP 49 s’applique également quand l’auteur, par un seul acte, réalise plusieurs infractions différentes. Ainsi en va-t-il par exemple de celui qui tire une seul fois avec son
arme à feu et qui simultanément tue une personne (CP 111 ss) et en blesse une autre (CP 123).
- Le concours réel : il est retenu lorsque l’auteur encourt plusieurs peines pour avoir, par deux ou plusieurs actes distincts, réalisé les éléments constitutifs soit d’infractions différentes, soit de la même infraction à plusieurs reprises.
Il peut être homogène (deux vols successifs) ou hétérogène (un vol puis un meurtre).
-6-
3.3.1.2- Le concours imparfait
On parle de concours imparfait (ou concours improprement dit) lorsqu’une seule disposition pénale s’applique, malgré un concours de lois apparent. La norme pénale envisagée exclut l’application d’une ou de plusieurs autres dispositions, soit en
raison de sa spécialité, soit par absorption, soit encore en raison de la subsidiarité d’autres dispositions pénales. CP 49 I ne s’applique pas à ce type de concours.
Une infraction est spéciale par rapport à une autre, lorsque tous les éléments constitutifs de la disposition générale sont compris dans la disposition spéciale, laquelle contient en plus d’autres éléments particuliers.
Le principe de l’absorption implique qu’une norme pénale comprend dans sa définition entièrement les éléments constitutifs d’une autre norme et absorbe cette dernière.
Une disposition est subsidiaire par rapport à l’autre lorsqu’elle règle le même comportement, mais qu’elle est applicable uniquement lorsque l’autre ne l’est pas.
C’est la deuxième condition d’application de l’art. 49 CP. Il faut que chacune des infractions commises en concours parfait par l’auteur l’expose au même genre de peine. P. ex. si je commets deux vols, tous deux doivent être passibles d’une
PPL ou d’une PP ou d’une amende.
Pour savoir si l’auteur est exposé à des peines de même genre, il faut recourir à la méthode concrète et non se baser sur la peine-menace théorique. Ainsi, pour chacune des I°, le juge doit estimer quel genre de peine il considère adéquat.
Dans un premier temps, le juge retient le plafond de l’infraction dont la peine-menace est la plus élevée. Ensuite, il peut multiplier ce plafond par 1.5 sous réserve de ne pas dépasser le maximum du genre de peine retenu.
à Ex. : 2 vols en concours, la peine plafond est de 5 ans de PPL, le juge peut donc aller jusqu’à 1,5x 5 ans, soit 7,5 ans. Dans ce cas, il ne dépasse pas le maximum légal de la PPL qui est de 20 ans.
à Ex. : 2 meurtres en concours, la peine plafond est de 20 ans. Or 1,5 x 20 ans = 30 ans. Cela dépasse le maximum légal de la PPL qui doit être respecté et n’est donc pas possible. La peine concrète sera donc
plafonnée à 20 ans et le concours n’aura aucun effet sur le cadre légal. Si une personne commet 20 meurtres, la peine maximale ne sera jamais supérieure à 20 ans.
à En ce qui concerne la PPL à vie, elle n’est envisageable que si l’une des I° en concours est passible de cette peine.
La troisième condition, jurisprudentielle, de l’application de l’art. 49 CP impose que la multiplication par 1,5 du plafond de l’I° la plus grave n’aboutisse pas à une peine plus élevée que la simple addition des peines-plafond de chaque I°.
à Ex. : l’auteur commet un viol passible au maximum de 10 ans de PPL en concours avec un lésion corporelle simple passible au maximum de 3 ans de PPL. Si je multiplie 10 par 1,5, j’obtiens 15 ans, ce qui dépasse
l’addition simple des deux peines maximales, soit 13 ans. Dans ce cas, le juge ne pourra pas prononcer une peine supérieure à 13 ans.
- Ex : l’auteur est jugé pour un vol et condamné à 2 ans de PPL mais on découvre après coup qu’il a aussi commis un viol qui doit être jugé. Dans ce cas, le juge doit se demander quelle peine il aurait fixé s’il avait jugé les 2
infractions en même temps. Appliquant théoriquement l’art. 49 al. 1 CP, il estime alors qu’il aurait prononcé une peine de 6 ans en tout. Il va dès lors prononcer une peine complémentaire de 4 ans.
En résumé, le juge se met dans la situation dans laquelle il aurait jugé les deux I° dans un même jugement. Il applique alors théoriquement l’art. 49 al. 1 CP et prononce une peine complémentaire, de sorte que l’auteur ne soit pas plus sévèrement
puni que si les diverses I° avaient fait l’objet d’un seul jugement.
Le principe qui régit cette étape est le principe de proportionnalité : l’objectif ultime du juge est de traduire une situation, soit la gravité de la faute, la situation personnelle, et de transposer ces critères en un chiffre sachant que la peine a pour but
de punir, mais également d’éviter les récidives. La dimension d’individualisation, de prévention spéciale de la peine est donc capitale, il faut avant tout chercher à adapter la peine à la situation et à la personne, pour faire le moins de dégâts et le
mieux possible pour cette personne.
- Du caractère personnel de la peine découle le principe selon lequel la peine doit être purgée par la personne contre laquelle elle a été prononcée ; l’amende ne passe pas aux héritiers, on hérite pas d’une responsabilité pénale.
L’art. 47 est régi par le principe d’individualisation de la peine tant et si bien que les directives de la Conférence des procureurs suisse violent ce principe et ne doivent pas être appliquées servilement.
4.3.1- La culpabilité
Art. 47 al. 2 CP : « La culpabilité est déterminée par la gravité de la lésion ou de la mise en danger du bien juridique concerné, par le caractère répréhensible de l’acte, par les motivations et les buts de l’auteur et par la mesure dans
laquelle celui-ci aurait pu éviter la mise en danger ou la lésion, compte tenu de sa situation personnelle et des circonstances extérieures. »
Cette liste n’est absolument pas exhaustive et la jurisprudence l’a complété. Lorsque l’on parle de culpabilité, on parle de la gravité de la faute de l’auteur, laquelle dépend au premier chef de l’ampleur de l’ampleur du préjudice causé.
- Composantes de la culpabilité :
§ Le caractère répréhensible de l’acte : il ne concerne pas les mobiles de l’auteur, mais la façon dont celui-ci va déployer son énergie criminelle et perpétrer son forfait, ce que la
jurisprudence antérieure qualifiait de « mode et exécution de l’acte », autrement dit, le modus operandi. Cette composante de la culpabilité se déduit uniquement de la commission de l’acte et non
de la personnalité de l’auteur. Il s’agit ici de tenir compte de la manière dont l’acte s’est produit, en analysant divers critères comme le lieu, le moment, la durée, les moyens (armes ou objets
dangereux), la manière et l’ampleur de la menace, la façon de procéder avant, pendant et après l’acte, une excitation due à des substances telles que l’alcool ou des stupéfiants, le fait d’avoir agi en
bande, etc. Pour apprécier le caractère répréhensible de l’acte, le juge devra évaluer le comportement reproché compte tenu de l’ensemble des circonstances ; En cas d’infraction contre la vie, quel
est le degré de la planification de l’acte et la violence de son déroulement ? D’une manière générale, est déterminant le stratagème mis en œuvre par l’auteur pour parvenir à ses fins.
§ Intensité de la volonté délictueuse ou gravité de la négligence : l’intensité désigne non seulement la direction mais également la force de la volonté délictuelle avec laquelle l’auteur a commis
son infraction. Pour ce faire, le juge peut prendre comme indice la répétition ou la durée des actes délictueux, l’absence de scrupules ou la persistance à commettre des infractions malgré une ou
plusieurs condamnations antérieures. La notion d’intensité de la volonté sert aussi à la qualification du degré de participation de l’auteur à l’infraction considérée. L’intensité de la volonté peut se
mesurer à la liberté de décision dont jouit l’auteur: «plus il lui aurait été facile de respecter la norme qu’il a enfreinte, plus lourdement pèse sa décision de l’avoir transgressée, et partant sa faute;
autrement dit, comme le reprend CP 47, «par la mesure dans laquelle celui-ci [l’auteur] aurait pu éviter la mise en danger ou la lésion». Pour ce faire, le juge examinera les circonstances qui ont
amené l’auteur à agir, par ex. la tentation, la douleur, la dépendance ou la colère. Dans les délits de négligence et de commission par omission, c’est l’ampleur de la violation des devoirs de
prudence, respectivement des devoirs de garant qui est prise en considération. Plus il aurait été facile à l’auteur d’éviter la lésion du bien juridique concerné, plus sa culpabilité est grande.
§ Motivations et buts de l’auteur : Il faut bien distinguer les deux notions : la motivation concerne ce qui mobilise l’auteur : la soif de pouvoir, la cupidité, l’absence de scrupules,
la vengeance, etc. ; tandis que le but traite de la forme extérieure prise par le désir ou concerne le bien, la cible ou le résultat visé par l’auteur.
-7-
§ Les circonstances atténuantes et aggravantes : après avoir aidé à déterminer le cadre légal définitif, elles sont prises en compte lors de la fixation de la peine. Des critères
insuffisamment remplis pour retenir une atténuante selon l’art. 48 CP pourront être considérés pour atténuer la peine concrète. P. ex. la réparation de 48 CP.
§ L’ATF 136 IV 55 précise qu’une responsabilité restreinte selon l’art. 19 al. 2 CP diminue la faute de l’auteur et doit ainsi engendre une moindre peine
§ Concernant les infractions de négligence : la négligence obéit à des règles quelque peu différentes. Lorsque l’on mesure la gravité du comportement de l’auteur, celle-ci ne se
mesure pas à l’aune de l’ampleur des conséquences. En effet, on ne souhaite pas les conséquences lorsque l’on agit de façon négligente. Dans ce cas, il est possible d’avoir une
petite imprévoyance avec des conséquences dramatiques, comme une énormité sans conséquence aucune. Dans la mesure où l’ampleur des conséquences ne dépend pas de la
volonté de l’auteur, mais du hasard, la gravité de la faute se mesure à l’ampleur de l’imprévoyance beaucoup plus qu’à l’ampleur des conséquences. Dans ce cas, on écarte en
quelque sorte la gravité du résultat pour se concentrer sur la gravité de l’imprévoyance.
On ne braque plus le projecteur sur l’acte, mais on tourne le projecteur vers la personne elle-même. C’est la raison pour laquelle l’autorité va faire un interrogatoire de situation personnelle, car il faut encrer un comportement, une attitude dans une
histoire. Les histoires de vie ne sont pas toutes les mêmes. Il s’agit d’une prise en considération très large, s’il s’agit d’une personne complètement désocialisée, sans attache sociale, avec un bagage de vie relativement lourd, une personne saine avec
des enfants et un train de vie acceptable.
Il est donc nécessaire de délimiter la culpabilité dans un contexte de vie : situation sociale, situation financière, cadre familial, formation, éducation, âge, santé, parcours de vie (si l’auteur a été maltraité, par ex.). Dans ce contexte de situation
personnelle, les habitudes et plus encore les antécédents vont jouer un rôle déterminant : on entend la notion d’antécédents au sens large : elle comprend la réputation de l’auteur comme ses antécédents pénaux. Le fait de ne pas avoir d’antécédents
est la norme et n’est donc pas un facteur d’atténuation de la peine. Seuls les antécédents inscrits au CJ doivent être considérés => droit à l’oubli.
Le fait d’être requérant d’asile n’est pas un facteur aggravant ni celui d’être au bénéfice de l’aide sociale.
Le comportement de l’auteur après les faits doit être pris en compte : une bonne collaboration à la procédure est un indice d’une prise de conscience de l’auteur, de remords et de reconnaissance de la gravité des faits. Toutefois, le fait de ne pas
collaborer, de se taire, voire de mentir est un droit fondamental du prévenu (art. 113 al. 1 CPP) est ne saurait lui être retenu à charge lors de la fixation de la peine
La réparation au sens large, si elle n’a pas donné lui à une exemption de peine (art. 53 CP), sera prise en considération lors de la fixation de la peine. Si je répare le préjudice ou me repends sincèrement, c’est que ’ai pris conscience de mon acte, je
mérite ainsi une atténuation de la peine.
Effet de la peine sur l’avenir du prévenu (art. 47 al. 1 CP) c’est un élément marginal au stade de la fixation de la peine selon TF. Une fois que l’on a fixé une peine concrète correspondant aux éléments de la faute et de la situation concrète, l’on
va se demander quel va être l’effet de la peine sur le condamné. On peut tenir compte de cet élément en raison de vulnérabilité particulière, telle que l’âge, maladie etc.
à Conditions de détention illicites avant jugement (ATF 140 I 246) : une personne peut être détenue en violation de l’art. 3 CEDH. Le juge fixera d’abord la peine en faisant abstraction de cette violation, puis réduira
cette peine, selon sa libre appréciation, en tenant compte de ladite violation. L’art. 431 CPP prévoit une indemnisation en argent si la personne est acquittée.
à La violation du principe de célérité (ATF 143 IV 373) : selon l’art. 6 § 1 CEDH, chacun a le droit d’être jugé dans un délai raisonnable. Selon le degré de gravité de violation de ce droit, le juge peut réduire la peine
au moment de la fixation. Le manque de temps du juge n’est jamais une excuse !
à Violation de la présomption d’innocence par une campagne médiatique particulièrement acharnée et préjugeant de la culpabilité du prévenu : les médias / les chroniqueurs judiciaires ne doivent pas préjuger et
affirmer qu’une personne est coupable avant que le juge ne l’ai fait. Les juges peuvent être amenés à octroyer une diminution de la peine pour compenser cette atteinte. C’est l’ATF 128 IV 97 qui consacre ce principe.
Le prof n’a jamais vu ce principe appliqué en pratique. Les médias sont considérés comme étant également garant de la présomption d’innocence, le juge répare donc en théorie les dommages causés par la « mauvaise
action » des médias.
5- L’imputation de la détention avant jugement (art. 51 cum art. 110 al. 7 CP)
Le principe de base est que chaque jour de détention représente un crédit et doit impérativement être imputé sur la peine qui sera fixée.
à L’imputation est un impératif inconditionnel !
à Si la personne est acquittée, elle doit être indemnisée (art. 429 al. 3 let. c CPC)
La définition de la détention avant jugement est ancrée à l’art. 110 al. 7 CP. Il y en a deux types :
à La détention provisoire est celle qui a lieu durant la phase d’instruction ou procédure préliminaire.
à La détention pour des motifs de sûreté est celle qui a lieu durant la phase de jugement.
Toute détention avant jugement doit être imputée, y. c. celle qui a eu lieu à l’étranger en vue de l’extradition.
Les mesures de substitution à la détention avant jugement (art. 237 CPC) doivent aussi être imputées : la possibilité d’astreindre une personne à rester chez elle avec un bracelet électronique, interdiction de communiquer avec certaines personnes
ou de se rendre dans certaines régions = toutes sortes de mesures alternatives de substitution et moins incisives. Le juge impute en équité.
Précisions du TF :
à Si une personne a subi indûment une détention avant jugement et qu’elle est ensuite ou parallèlement jugée coupable pour une autre I°, le juge imputera cette DAJ.
à L’indemnisation de l’art. 429 CPP ne vaut qu’à titre subsidiaire quand il n’est pas possible d’imputer.
à Un jour de D°AJ = un jour de PPL = un JA
à S’il y a DAJ et que finalement la peine fixée est une amende, c’est la PPLS qui sert de base de conversion :
§ Si le juge a fixé une amende de 500 francs et 5 jours de PPLS, alors un jour de DAJ vaut 100 francs. Le condamné ne paiera que 400 francs.
à Le TF retient qu’en moyenne, un jour de DAJ correspond à 200 francs
à Il a également indiqué de manière illogique que plus la DAJ est longue, plus le montant par jour doit être revu à la baisse.
Cours IV : LE SURSIS
1- Introduction
Le prévenu a été reconnu coupable. Techniquement, il s’agit d’une modalité d’exécution de la peine, mais elle est décidée par le juge qui prononce la peine. On en est donc encore au stade de la fixation de la peine.
Il s’agit d’un joker et le sursis exprime la clémence et la confiance de la justice. La peine est suspendue mais le condamné est soumis à un contrôle sous forme de délai d’épreuve de 2 à 5 ans. S’il accomplit le délai d’épreuve avec succès, la peine est
réputée purgée.
La Suisse a choisi le régime du sursis conditionnel à l’exécution de la peine, mais il existe encore 3 autres formes de sursis :
§ Le sursis à la condamnation : il prévoit un verdict de culpabilité, puis un sursis au prononcé de la sanction. Ce n’est qu’a posteriori, si le condamné échoue dans sa « mise à l’épreuve », qu’une peine
est prononcée.
§ L’ajournement de la peine : il prévoit un verdict de culpabilité et une peine fixée en « unités pénales », sans que ne soit indiqué si, en cas de révocation du sursis, ces « unités pénales » seront
transformées en peine pécuniaire, en travail d’intérêt général ou en privation de liberté.
-8-
§ La condamnation conditionnelle : elle prévoit un verdict de culpabilité suivi du prononcé d’une peine précise, la condamnation étant toutefois assortie d’une condition résolutoire. La
condamnation elle-même est considérée comme non avenue si le condamné ne récidive pas pendant le délai d’épreuve.
Il existe deux types de sursis à l’exécution de la peine en droit suisse : le sursis complet (art. 42 CP) et le sursis partiel (art. 43 CP)
Lorsque l’auteur est jugé pour à raison de plusieurs infractions et que le juge fixe des peines d’un genre différent pour chaque infraction, alors il n’y a pas concours et le TF a prévu que le juge devait examiner les conditions d’octroi du sursis pour
chaque peine séparément => cela permet d’octroyer le sursis pour des peines qui, cumulées, dépassent le maximum légal. P. ex si j’écope de 180 JA avec sursis et de 24 mois de PPL avec sursis, on arrive, si un JA = 1 jour de PPL, à un total de 28
mois de PPL avec sursis ou de 900 JA avec sursis !
à Quant au délai de cinq ans durant lequel les nouvelles infractions doivent être commises pour exclure le sursis, le TF a précisé qu’il court depuis le jour de l’entrée en force du jugement de première instance, jusqu’au
jour de commission de la nouvelle infraction. En effet, toute autre solution aurait pour conséquence d’engendrer des inégalités entre les condamnés ayant recouru contre la décision de première instance et ceux qui
n’auraient pas recouru.
à Exception : « les circonstances particulièrement favorables » : ce sont celles qui empêchent que l’infraction antérieure ne détériore le pronostic de risque de récidive.
o Si l’antécédent qui intervient dans les 5 ans qui précèdent le jugement de la nouvelle infraction n’est pas en rapport avec cette dernière, autrement dit, si l’infraction
jugée n’a aucun rapport avec la précédente, n’est pas de même nature et ne vise pas le même BJ, alors le sursis est possible pour cette I°, puisqu’elle ne
reflète pas une récidive à proprement parler : un excès de vitesse n’a rien à voir avec le braquage d’une banque… => récidive non-spécifique vs récidive spéciale
o La révocation du sursis antérieur : si la nouvelle infraction ou récidive est commise durant le délai d’épreuve de l’infraction antérieure (antécédent) et que celle-
ci bénéficie du sursis, le juge peut, au lieu de refuser le sursis à l’exécution de la peine découlant de la récidive, révoquer le sursis de l’infraction antérieure. Cette
révocation du sursis antérieur peut alors constituer une circonstance particulièrement favorable au sens de l’art. 42 al. 2 CP. Elle permet de poser un pronostic
favorable concernant le risque de récidive. On peut en effet supposer que la peine découlant de la révocation du sursis antérieur sera suffisante pour prévenir le
risque de récidive. En suivant ce raisonnement, je juge pourra alors et malgré tout accorder le sursis à la peine découlant de l’infraction de récidive.
o Plus généralement, sont des circonstances particulièrement favorables toutes celles qui permettent de penser que le condamné ne commettra pas de nouvelles
infractions à l’avenir. On peut penser à l’âge, à la maladie, aux conditions de vie du condamné qui ont évolué de façon particulièrement positives (il a une famille,
un travail, il est bien intégré socialement, etc.)
La notion de réparation du dommage intervient à de nombreux endroits dans le processus de fixation de la peine : on l’a vu dans les motifs d’exemption de peine (art. 53 CP), avec le repentir sincère (art. 48 CP), lors de la fixation concrète de la
peine (art. 47 CP) et dans le cadre du sursis.
La réparation n’est pas une condition sine qua non à l’octroi du sursis, c’est une semi-condition potestative de refus du sursis : le fait de ne pas réparer le dommage peut, selon les circonstances et l’appréciation du juge, mener au refus du sursis même
si les autres conditions en sont données. Les cas d’application sont rarissimes voire nuls. En pratique, le juge préférera accorder le sursis et fixer des règles de conduite (art, 44 al. 2 CP, 94 CP) sous la forme d’une obligation de réparer le dommage.
Si le condamné ne respecte pas cette obligation, le juge pourra alors, à certaines conditions, révoquer le sursis (art. 95 al. 5).
Les critères essentiels pour l’établissement du pronostic ont été développés par la jurisprudence, ce sont pratiquement les mêmes critères que ceux de l’art. 47. Le juge dispose d’un large pouvoir d’appréciation en la matière. Il doit procéder à une
appréciation globale de toutes les circonstances pertinentes du cas, sans donner une importance démesurée, voire exclusive, à certains critères. Ceux-ci sont notamment les antécédents, la réputation, ainsi que les autres circonstances
permettant de tirer des conclusions sur le caractère de l’auteur et sur ses chances de faire ses preuves. Il doit également établir un tableau général de la personnalité de l’auteur, pour évaluer le risque de récidive, en se basant sur les antécédents
pénaux, la socialisation et le comportement au travail, l’existence de liens sociaux, les indices de danger de toxicomanie, les circonstances de l’infraction, etc. De même, sont à prendre en compte les circonstances personnelles jusqu’au moment
du jugement, notamment les développements positifs qui ont pu avoir lieu depuis la commission de l’acte (nouvel emploi, nouvelle relation sentimentale stable, etc.). La prise de conscience de la faute par l’auteur est également déterminante.
Les mesures sont une deuxième catégorie de sanction dont le but est de soigner. L’art. 56 al. 1 CP prévoit, dans les conditions générales à l’octroi d’une mesure, qu’une peine seule ne puisse écarter un risque de récidive. Dans l’ATF 135 IV 180, le
TF indique que, si les conditions d’une mesure sont données, le pronostic est forcément défavorable puisqu’une peine seule ne suffirait pas à lutter contre un risque de récidive.
à Soit les conditions de la mesure ne sont pas données et on peut envisager le sursis.
à Soit les conditions de la mesure sont données et la peine sera ferme.
En résumé : Une peine avec sursis est incompatible avec une mesure et une peine prononcée avec une mesure est nécessairement ferme.
Le texte légal indique que le juge « suspend en règle générale » mais cette formulation est trompeuse. Cette règle est impérative et le juge doit accorder le sursis si les conditions en sont données.
Il est difficilement compréhensible que la commission d’une contravention engendre une amende ferme, alors que la commission d’une infraction un peu plus grave, catégorisée comme constituant un délit, se voit sanctionnée par une peine pécuniaire
avec sursis. C’est la raison de cette disposition. Cette peine « additionnelle » est généralement appelée « peine immédiate ».
Conformément à la jurisprudence, il est un cas dans lequel l’application de CP 42 IV est obligatoire : si une contravention est absorbée par un crime ou un délit (concours imparfait => ex. : voies de fait dans le cadre d’un brigandage), le
juge doit prononcer une peine immédiate. Dans ce cas, le cumul des deux sanctions (c’est-à-dire de la peine avec sursis d’une part et de l’amende prononcée en tant que peine immédiate d’autre part) doit correspondre à la gravité de la faute, mais
l’amende doit conserver son caractère accessoire, soit ne pas dépasser 20% de la quotité de la peine principale. C’est ainsi que, dans tous les cas, la peine prononcée avec sursis et la peine immédiate doivent être fixées de façon que,
ensemble, elles correspondent à la faute de l’auteur au sens de CP 47.
Quand le juge décide de prononcer une amende additionnelle immédiate, il doit respecter l’art. 106 CP :
à Elle doit être fixée en fonction de la gravité de la faute et de la situation financière de l’auteur.
à Une PPLS doit être fixée au cas où elle ne serait pas payée : le calcul de la PPLS peut être fait en divisant le montant de l’amende additionnelle par le montant unitaire du jour-amende que l’on aura calculé pour la
PP. Ex. 50 jours-amende à 100 francs = 5000 francs et amende fixée à 1000 francs à 1000 / 100 = 10 jours de peine privative de liberté de substitution. On utilise le montant unitaire du jour-amende pour obtenir
la peine privative de substitution en le divisant avec le montant de l’amende.
-9-
3- Le sursis partiel (art. 43 CP)
3.1- Définition
Mode d’exécution de la peine fixée au moment du jugement, le sursis partiel est l’institution selon laquelle une peine peut être fractionnée en deux parties, l’une ferme et l’autre avec sursis. Lorsqu’il n’est plus possible d’économiser la totalité de la
peine et de prononcer le sursis, mais que l’on peut encore espérer faire l’économie d’une partie de celle-ci, le fractionnement de la peine permet au juge d’échapper au dilemme du « tout ou rien ».
Plus précisément, CP 43 prévoit que le juge peut suspendre partiellement l’exécution d’une peine privative de liberté de un à trois ans. Toutefois, la partie à exécuter ne doit jamais excéder la moitié de l’ensemble de la peine (CP 43 II), la
partie de la peine à exécuter ne peut pas être de moins de six mois et les règles d’octroi de la libération conditionnelle (CP 86) ne lui sont pas applicables (CP 43 III).
Ce sont les PPL comprises entre un an et trois 3 ans, à l’exclusion des PP et des amendes (art. 105 al. 1 CP).
- La peine est de deux ans maximums : dans ce cas, le sursis complet et le sursis partiel peuvent entrer en concurrence
- La peine est de plus de deux ans : dans ce cas, seul le sursis partiel est envisageable.
Selon le critère envisagé, le juge doit impérativement accorder le sursis partiel ou en a seulement la faculté.
a- Toutes les conditions du suris complet sont données, sauf celle du pronostic non défavorable. Dans ce cas, le juge va se poser la question de savoir si le fait de prononcer une partie de peine ferme et une partie de peine suspendue
est de nature à retourner le pronostic et à le rendre à nouveau favorable. Le juge peut donc estimer que le fait de prononcer une partie de peine ferme est suffisant pour prévenir le risque de récidive et donc rendre le pronostic à
nouveau favorable, et ainsi assortir du sursis l’autre partie de la peine.
b- Une autres des conditions du sursis complet n’est pas donnée (antécédents ou non-réparation), mais le pronostic est favorable. Une condition objective faisant défaut, le juge peut donc toujours prononcer le sursis partiel.
à Si toutes les conditions du sursis complet sont données, sauf celle de la peine compatible, alors le juge doit prononcer le sursis partiel.
à Dans le autres cas – défaut des conditions objective ou défaut de pronostic non défavorable – le juge peut prononcer le sursis partiel.
à Tant la partie ferme que la partie suspendue doivent être de six mois au moins (art. 43 al. 3 CP).
à L’art. 43 al. 3 2ème ph. Créée une exception au principe selon lequel toute PPL peut faire l’objet d’une libération conditionnelle. En effet, la partie ferme ne peut pas être assortie de la liberté conditionnelle, elle
est donc incompressible.
à À l’intérieur de ces limites, le TF a donné deux critères pour de déterminer le rapport entre partie de la peine à exécuter et partie de la peine suspendue. Le premier critère est celui de la faute selon les conditions de
l’art. 47 CP, le second critère est celui du pronostic. En d’autres termes, plus la faute est grave, plus le pronostic est défavorable et plus la partie ferme est élevée. A contrario, plus la faute est faible, plus le pronostic
est favorable et moins la partie ferme est élevée.
Le délai d’épreuve est un temps durant lequel la condition suspensive exerce son effet. Il ne suffit ainsi pas de remplir les conditions de l’obtention d’un sursis pour que celui-ci soit définitivement assuré au condamné; il s’agira de surcroît de justifier
le sursis tout au long du délai d’épreuve.
Le délai d’épreuve est un accessoire obligatoire du suris complet ou partiel. Il est de 2 à 5 ans (art. 44 al. 1 CP) et court dès l’entrée en force de la décision qui le prononce. Ainsi, si je fais recours à la décision, le délai commencera à courir dès que la
décision sur recours sera entrée en force.
Si un sursis partiel a été prononcé, le condamné commence par purger la partie ferme de la peine, période pendant laquelle le délai de mise à l’épreuve ne court pas. Ainsi, la durée du délai d’épreuve est rallongée de la partie ferme exécutée.
Le critère de fixation du délai d’épreuve est le risque de récidive ; plus l’on va avoir tendance à considérer que le risque de récidive est important (même si l’on se trouve évidemment dans l’hypothèse du pronostic favorable et qu’il n’y a priori aucun
élément permettant de considérer avec certitude qu’il y a un risque de récidive), plus l’on va avoir tendance à allonger le délai d’épreuve. L’idée étant de garder la personne sous surveillance plus longtemps si l’on a des doutes quant au fait qu’elle
commette à nouveau des infractions.
Ces mesures peuvent être ordonnées cumulativement ou alternativement. Contrairement au délai d’épreuve, ce sont des accessoires facultatifs du sursis. Ces règles sont applicables tant au sursis qu’à la libération conditionnelle.
Ces règles ne sont pas là pour punir mais pour éviter un risque de récidive. L’idée est d’encadrer le condamné.
La liste des règles n’est pas exhaustive, pour autant qu’elles restent dans l’idée de favoriser le succès de la mise à l’épreuve et non de sanctionner :
à Il ne peut pas être ordonné au condamné de s’enfermer 24h sur 24 dans ses toilettes. Ainsi, on crée artificiellement une peine additionnelle.
à En revanche, une personne qui perd tout son argent dans les maisons de jeu et vole pour continuer à jouer peut se faire interdire l’entrée dans les maisons de jeu.
à Une personne ayant causé une avalanche s’est fait interdire de skier hors-piste.
à Dans l’arrêt 6B_18/2017, un psychiatre qui avait abusé sexuellement de sa patiente s’est fait interdire de recevoir des patientes de sexe féminin.
à La réparation du dommage peut être érigée comme règle de conduite, de même qu’un suivi médical.
à Le juge peut ordonner une assistance de probation pour une formation professionnelle et ériger le suivi de cette formation comme règle de conduite.
- 10 -
Cours V : L’EXÉCUTION DE LA PEINE
1- Introduction
Lorsque le juge a prononcé une peine, on sort de la phase pénale au sens strict et on entre dans la partie exécutoire. L’exécution de la peine relève du droit cantonal sous réserve de dispositions du droit fédéral. En réalité, de nombreuses dispositions
fédérales règlementent la matière.
Il y a une petite exception à connaître. Il est possible d’entrer en exécution anticipée d’une PPL avant même qu’elle n’ait été prononcée (art. 236 CPP). Il y a plusieurs conditions. Le prévenu est d’accord. Cette condition est liée à la présomption
d’innocence. Les conditions diffèrent de celles de la détention avant jugement. La cellule est individuelle. La personne peut suivre une formation. Un programme qui relève de conditions de détention moins sévères commence à être mis en place.
à Autorité administrative (art. 5 LACP/GE) : C’est le département de la sécurité, qui délègue ensuite à l’office cantonal de la détention, lequel gère l’aspect exécution des PPL. D’autres services existent. Par
exemple, le service des contraventions sera chargé de l’exécution des PP et amendes.
à 1ère hypothèse – art. 46 al.1 CP : la commission d’un crime ou d’un délit commis pendant le délai d’épreuve.
à 2ème hypothèse – art. 46 al.4 CP renvoie à l’art. 95 CP : cette dernière disposition nous explique quelles sont les conséquences d’un échec lié au fait que le condamné s’est soustrait aux règles de conduite ou
à l’assistance de probation.
L’art. 46 al. 3 CP prévoit que le juge qui est saisi de l’infraction de récidive va statuer sur la révocation du sursis antérieur et le prononcé de la nouvelle peine.
L’art. 46 al. 1 CP prévoit que, si la peine révoquée et la nouvelle peine sont du même genre, le juge fixe une peine d’ensemble en appliquant l’art. 49 CP par analogie. Deux scénarios possibles :
à Deux peines d’un genre différent : Il faudra exécuter les deux peines.
à Deux peines du même genre : Le juge applique l’art. 49 CP par analogie (il s’agit de récidive et non de concours).
L’art. 95 al. 5 CP prévoit que « le juge peut révoquer ». C’est une compétence qui revient à une autorité judiciaire. À Genève, la compétence revient donc au TAPEM.
à Adresser un avertissement et
à Prolonger le délai d’épreuve d’au plus la moitié du délai déjà fixé et/ou
à Ordonner/modifier une règle de conduite et/ou une assistance de probation pour le délai prolongé
L’art. 95 al. 3 CP prévoit que, si le pronostic reste non défavorable, le sursis n’est pas révoqué. Dans ce cas, l’art. 95 al. 4 CP prévoit les mêmes alternatives que pour la récidive.
Particularité : En ce qui concerne la récidive, le juge de la récidive est compétent à la fois pour révoquer le sursis et pour ordonner les éventuelles alternatives à cette révocation. En matière d’échec de la mise à l’épreuve par la violation d’une règle
de conduite ou de l’assistance de probation, l’art. 95 al. 3 CP indique que c’est « le juge ou l’autorité d’exécution » qui est compétent. Le droit fédéral laisse aux cantons la possibilité de choisir quelle autorité peut ordonner des alternatives. À Genève,
le TAPEM est compétent pour le tout (art. 3 let. zd LACP/GE).
- 11 -
à L’art. 101 CP prévoit un certain nombre d’infractions imprescriptibles. Cette imprescriptibilité vaut tant pour l’action pénale que pour l’exécution de la peine.
à L’art. 100 CP prévoit que le délai commence à courir aussitôt que le jugement devient exécutoire. Pour les peines assorties de sursis, le délai court dès que l’exécution de la peine a été ordonnées, donc dès le moment
où le sursis a été révoqué. Quelqu’un qui s’enfuit pour ne réapparaître qu’une fois le délai échu, n’exécutera donc pas sa peine.
L’autorité d’exécution est compétente = autorité administrative, à Genève il s’agit du Service des contraventions. Ex. art. 5 LACP/GE
Cette autorité exige le paiement de façon immédiate, peut octroyer des modalités de paiement jusqu’à 6 mois et va mener la procédure de recouvrement si la somme d’argent n’est pas payée spontanément. En cas de poursuite pour dettes, il faut
poursuivre la procédure jusqu’à son terme, c’est-à-dire jusqu’à la saisie, car en principe, la peine doit être exécutée selon le genre dans lequel elle a été prononcée (art. 35 al. 3 CP). Le débiteur récalcitrant n’a donc pas le choix entre payer ou purger
un PPLS et la procédure de saisie est une étape indispensable en cas de non-paiement. Ce n’est que si la saisie est impossible, c’est-à-dire s’il y a acte de défaut de bien, que la conversion de la PP en PPLS est envisageable.
Selon l’art. 40 al. 1 2ème ph. CP, une PPL issue d’une conversion peut être inférieure au minimum légal de 3 jours.
Lorsqu’une condamnation est prononcée, il y a toujours aussi condamnation au paiement des frais de l’État. Cependant, selon l’ATF 130 I 169, en cas de condamnation à une PP, seule cette dernière peut faire l’objet d’une conversion en PPL à
l’exclusion des frais. Or, avant cet arrêt, certaines autorités imputaient les acomptes payés sur les frais et après seulement sur la PP. Selon le TF, les autorités n’ont pas le droit de procéder ainsi au nom de l’interdiction de la contrainte par corps
(principe constitutionnel) = interdiction de la prison pour non-paiement de dettes. Ainsi, les acomptes éventuellement versés doivent d’abord être imputés sur la PP, et ce n’est que lorsque celle-ci est intégralement réglée que le paiement des frais
de l’État entre en considération. La contrainte par corps n’existe pas en droit suisse et la jurisprudence retient que la PPLS est une modalité d’exécution de la PP qui ne viole pas le principe constitutionnel de l’interdiction de la contrainte par corps.
4.3 L’exécution sous forme de TIG (art. 79a al. 1 let. c et al. 2 CP)
Le TIG, auparavant une peine à part entière, n’est plus qu’une modalité d’exécution de certaines peines. Les PP et amendes peuvent être converties en TIG lorsque certaines conditions sont remplies. Ces conditions seront analysées au chap. 6 mais
quelques remarques peuvent déjà être faites :
à Le taux de conversion : un jour-amende = 4 heures de TIG (art. 79a al. 4)
à Une PPL de substitution ne peut pas être exécutée sous forme de TIG (art. 79a al. 2 CP). Si une personne condamnée à une PP n’est pas en mesure de la payer, elle doit demander à l’exécuter sous forme de TIG
avant que l’autorité ne la convertisse en PPLS. Une fois la conversion prononcée, il n’est plus possible d’exécuter une PP sous la forme d’un TIG.
à Le délai d’exécution est de 2 ans ou, en cas d’exécution d’une amende, d’un an (art. 79a al. 5).
5.1- Les principes généraux (art. 74-75, 81-85 CP, RPE, art. 3 CEDH)
Les RPE codifient la jurisprudence de la CEDH en matière d’exécution d’une PPL.
Les principes qui gouvernent l’exécution d’une PPL ont tous un lien avec la fonction utilitaire de la peine et pas vraiment avec l’expiation. La finalité de la PPL est non seulement de neutraliser le condamné pour protéger la société, mais aussi et
surtout de resocialiser la personne et de faire en sorte qu’elle ne récidive plus.
Le plan d’exécution de la peine est au cœur de ce principe (art. 75 al. 3 CP cum art. 103.3 et 103.4 RPE).
à C’est un élément fondamental qui est prévu par les RPE (art. 103.3 et 103.4).
à L’idée du plan d’exécution est d’organiser un programme pour entraîner une amélioration et une éventuelle libération. Ce plan est important pour le détenu car il lui donne aussi de l’espoir et du sens.
L’art. 75 al. 3 CP précise ce que le plan d’exécution, qui est dynamique, prévoit :
à Cadre, assistance offerte, optique d’amélioration
à Travail ou formation (art. 81-82 CP) : Le principe est que toute personne détenue est astreinte à un travail, lequel inclut la formation.
Il faut une activité productive ou une formation. Cela donne la possibilité au détenu de trouver un travail lorsqu’il sortira de prison (réinsertion).
Le but du travail est aussi d’occuper les détenus pour éviter un état d’oisiveté et de dépression
La question du travail est réglée aux art. 81 à 83 CP : le travail n’est pas une option et en principe, on astreint la personne au travail. Il y a un arrêt de la CEDH, Meier contre Suisse concernant un retraité qui refusait de travailler en prison. La Cour
a tout de même validé l’astreinte au travail dans ce scénario, car même si ce retraité ne devrait plus travailler normalement, le travail est ici conçu pour un moyen de lutter contre l’inoccupation et les effets néfastes de l’enfermement.
Art. 83 CP : c’est une activité, que ce soit un travail ou une formation, rémunérée. Il y a tout un concept qui fait que la personne, avec sa rémunération, peut en dépenser une partie dans l’épicerie de la prison p.ex. et une autre va être thésaurisée,
accumulée pour constituer un pécule et quand la personne sortira, elle aura un peu de sous. Ceci va faciliter la resocialisation de la personne. On essaie de construire un fonds de réserve. Une partie de cet argent peut être destiné à la réparation du
dommage (cf. art. 75 al.3 CP) : la personne pourra payer une partie du dommage qu’elle a occasionnée grâce à son travail en prison, ce qui a aussi une fonction éducatrice au sens d’une resocialisation.
- 12 -
Le travail, respectivement la formation, sont rémunérés (art. 83 CP). Cela permettra au détenu de constituer un pécule, qui peut être utilisé en partie pour le quotidien (épicerie pénitentiaire) et pour la réparation du dommage (art. 75 al. 3 CP).
Cependant, l’objectif essentiel du pécule est d’être remis au détenu à sa sortie de l’établissement. Ainsi, il disposera d’économies pour se réinsérer dans la vie.
5.2 Les établissements ouverts/fermés distincts des établissements de détention avant jugement (art. 76, 77b al. 3, 377-379 CP et 234 al. 1 CPP)
Fondamentalement, il y a deux types d’établissements : fermés ou ouverts.
à En vertu de l’art. 76 al.2 CP, le détenu est placé dans un établissement fermé lorsqu’il y a lieu de craindre qu’il ne s’enfuie ou commette de nouvelles infractions. Il s’agit de quelqu’un qui présente un risque de fuite
ou de réitération, à savoir généralement les personnes dangereuses avec des peines importantes que l’on va mettre dans un pénitencier avec des règles beaucoup plus strictes.
à Quant à l’établissement ouvert : c’est évidemment un établissement clos, mais la personne ne présente pas ces risques de fuite ou de réitération de l’art 76 al. 2 CP et donc il y aura des règles plus souples permettant
d’aller travailler autour de l’établissement dans des champs accompagné des gardiens p.ex. Ils ne sont pas dans un contexte hyper sécurisé, les portes sont entre-ouvertes.
La différence entre ces deux établissements réside dans le niveau de sécurité. Il arrive évidemment des établissements mixtes, tels que le prévoit l’art.76 al.2 CP : un pénitencier dans lequel les gens exécutent, avec une section ouverte et une section
fermée en fonction des nécessités.
Un détenu peut passer d’un établissement à l’autre. Cela fait aussi partie de son plan d’exécution, qui est dynamique. Le plan d’exécution peut avancer très vite si tout va bien ou ne pas avancer.
Établissements de détention avant jugement (art. 234 CPP) : Les détenus avant jugement ne sont pas mélangés avec les détenus en exécution de peine. Il y a plusieurs raisons dont celle qu’un détenu condamné est coupable tandis qu’un détenu
avant jugement est présumé innocent.
à Exceptions :
§ L’exécution d’une courte PPL peut être effectuée dans un établissement de détention avant jugement.
§ La semi-détention peut être exécutée dans une section d’un établissement de détention avant jugement (art. 77b al. 3 CP).
Précision : L’art. 377 CP demande aux cantons de disposer des établissements nécessaires. Il existe également des concordats dans lesquels les cantons se mettent d’accord pour ne pas tous construire tous les établissements nécessaires mais répartir
les détenus (art. 378 al. 1 CP).
Les régimes dérogatoires ne sont envisageables que pour des peines allant jusqu’à un an. En revanche, les PPL de plus d’un an ne sont soumises à aucun régime dérogatoire possible. Le régime d’exécution progressive leur est toujours appliqué. Ce
régime va progressivement de l’enfermement à la libération.
Durant cette phase, un assouplissement est possible par le biais de congés (art. 84 al. 6 CP).
C’est la première modalité envisageable permettant à un détenu de sortir de l’établissement et faire l’expérience du retour au monde ordinaire.
Certaines conditions doivent être remplies. Les deux premières apparaissent dans toutes les modalités qui tendent à alléger les conditions de détention :
à Absence de risque de fuite : lorsqu’il est question de risque de fuite, la personne sort accompagnée de quelqu’un qui s’assure qu’il n’y a pas de risque de fuite.
à Absence de risque de réitération
à La personne se comporte bien.
à Aucune condition temporelle : les congés sont théoriquement possibles dès le premier jour.
à Pas de peine couplée à un internement à vie (art. 84 al. 6bis)
Travail externe (art. 77a al. 2 CP) : le détenu travaille ou suit des cours à l’extérieur de la prison mais rentre en prison le soir, les week-ends et durant les vacances.
Logement externe : la personne loge et travaille à l’extérieur. Elle est concrètement en dehors de l’établissement 24 heures sur 24 mais est surveillée par l’autorité d’exécution
Ces régimes dérogatoires sont au nombre de trois : on déroge au régime ordinaire et ce sont des modalités offertes au détenu lorsque la peine est de moins d’un an. Lorsque les conditions d’octroi de ces régimes extraordinaires sont données, le
détenu y a droit. Concernant les peines de moins d’un an, le régime ordinaire ne s’applique que si les conditions du régime extraordinaire ne sont pas réunies. Ce régime se conclut également par une libération conditionnelle.
L’art. 77b al. 4 CP prévoit que, si les conditions ne sont pas ou plus réalisées, l’exécution ordinaire remplace la semi-détention.
Selon le TF, le droit cantonal ne peut exiger une condition supplémentaire, par exemple d’exiger que le condamné dispose d’un permis de séjour.
L’art. 79a al. 3 CP prévoit que c’est une prestation de travail bénévole accomplie dans l’intérêt de la collectivité, mais en aucun cas du lésé # droits des mineurs.
- 13 -
à Une demande (art. 79a al. 2 CP)
à Absence de risque de fuite
à Absence de risque de réitération
à L’aptitude à ce travail : L’autorité doit regarder si la personne est capable d’exécuter un TIG. Cela fait référence à la capacité de travail et au temps disponible.
§ Un parent célibataire qui travaille à plein temps n’a pas d’heures disponibles pour effectuer du TIG.
§ Un invalide sera inapte au TIG.
§ Une personne inapte à certains travaux mais pas à d’autres pourra effectuer un TIG qui sera adapté à sa situation.
Le taux de conversion est le suivant : 4 heures de TIG = 1 jour de PPL = 1 jour-amende = 1 jour de PPL de substitution (art. 79a al. 4 CP).
Si la personne n’accomplit pas ou pas correctement son TIG, elle est renvoyée vers l’exécution ordinaire ou une autre modalité dérogatoire (art. 79a al. 6 CP).
L’exécution du TIG : L’art. 375 CP prévoit que les cantons en assurent l’exécution.
à Al. 2 : C’est l’autorité compétente qui détermine la nature et la forme du travail. Elle devra tenir compte des restrictions. Une personne qui travaille à plein temps viendra plutôt en fin de journée ou les week-ends.
à Al. 3 : Il est possible de déroger au maximum d’heures de travail fixé par la LTr. L’addition du travail ordinaire et du TIG peut dépasser ce maximum de 45 ou 50 heures (art. 9 LTr).
Enfin, l’art. 79a al. 5 prévoit un délai de 2 ans pour exécuter ce TIG et de 1 an si c’est une peine contraventionnelle
Une peine est prononcée et exécutée à domicile par le port d’un bracelet électronique. Le condamné peut sortir pour effectuer une activité. Cette modalité est moins désocialisante et moins chère que la détention. Il s’agit fondamentalement d’une
assignation à domicile avec des horaires fixés. Le bracelet électronique s’assure que la personne est chez elle aux heures prévues. En Suisse, ce bracelet est moyennement développé. Les systèmes existants détectent uniquement si la personne est
chez elle ou non mais ne la localisent pas.
§ NB : Le bracelet requiert l’installation d’une infrastructure. Cela ne vaut pas le coup pour moins de 20 jours.
§ NB : Dans le cas de l’art. 79b al. 1 let. b CP, le bracelet électronique n’est pas une modalité dérogatoire d’exécution des courtes peines mais un accessoire supplémentaire que l’on peut adosser
au travail externe ou travail et logement externes. Cette possibilité se raccroche à la troisième étape du régime progressif (art. 77a CP).
Si le plan n’est pas respecté, on retourne vers une modalité ordinaire ou une autre modalité extraordinaire (al. 3).
Remarques :
- L’art. 43 al. 3 CP : en cas de sursis partiel, les règles d’octroi de la LC ne s’appliquent pas à la partie ferme à exécuter ! Une peine ferme de plus de trois mois prononcée dans le contexte d’un sursis partiel n’est pas éligible à la
libération conditionnelle.
- Art. 64 al. 2 CP : L’exécution d’une PPL précède l’internement => les règles du la LC ne sont pas applicables (art. 86 à 88)
L’ordonnance d’application du CP trouve application pour quelqu’un qui a subi plusieurs condamnations à des PPL. L’art. 5 al. 1 O-CP-CPM indique que les peines sont additionnées et les 2/3 issus de cette addition sont calculés.
Pour les PPL à vie, l’art. 86 al. 5 CP précise que la libération conditionnelle peut intervenir au plus tôt au bout de 15 ans ou, si les conditions de libération à la moitié de la peine sont remplies, 10 ans. Il n’est possible de sortir d’une peine à vie que
par le biais de la libération conditionnelle.
Il est admis que l’autorité compétente peut être judiciaire ou administrative. À Genève, le TAPEM est compétent (art. 3 let. y LaCP).
L’art. 75a al. 1 CP indique que tous les allègements du régime d’exécution des peines doivent, dans certains cas, être soumis à un préavis de la commission de dangerosité (art. 62d CP). Ce préavis doit être requis lorsque le condamné a commis une
des infractions listées à l’art. 64 al. 1 CP.
Tout s’est bien passé. La libération devient définitive et le condamné n’a pas besoin de purger le solde de sa peine. C’est une remise de peine définitive.
L’art. 89 al. 4 CP (= art. 46 al. 5 CP) prévoit une péremption du droit de réintégrer quelqu’un en prison pour le faire purger le solde > L’événement doit être survenu dans le délai d’épreuve et la décision de réintégration ne peut pas survenir plus de
trois ans après son échéance.
- 14 -
- Violation de l’assistance de probation et / ou des règles de conduite : cf. sursis
5.6 Modalités dérogatoires et interruption de l’exécution (art. 80 et 92 CP)
Modalités dérogatoires : Il est possible de déroger à tout ce qui a été prévu dans des situations extraordinaires. II y a deux catégories de dérogations, qui sont des soupapes de sécurité.
- Art. 80 CP : D’autres modalités peuvent être prévues dans le but de s’adapter à trois situations particulières.
1. L’état de santé du détenu : la personne est détenue dans un hôpital lorsqu’elle a besoin de soins.
2. La grossesse et l’accouchement immédiatement après
3. L’aménagement possible pour un enfant en bas âge : C’est un enfant en état de préscolarité. En effet, il faut que l’intérêt de l’enfant soit favorisé car l’enfant est en milieu carcéral avec le parent. Ce n’est pas génial.
- Art. 92 CP : La personne est sortie pour un motif grave. L’exécution est suspendue. Cette règle est une exception au principe d’exécution complète et ininterrompue d’une privation de liberté. Cette exception se présente lorsque
tout le reste est impossible, même par des dérogations via l’art. 80 CP. C’est une ultima ratio.
à Il faut des motifs de santé tels que même une hospitalisation en milieu carcéral n’est pas envisageable.
à Il faut que toute modalité représente un danger pour la personne voire une situation irrespectueuse de la dignité humaine.
à ATF 136 IV 97 : M. Rappaz s’était mis en grève de la faim et indiquait que sa vie était en danger tant qu’il était détenu. Le TF avait nié en indiquant qu’il était possible de maintenir M. Rappaz en vie par le biais
d’une alimentation forcée. Cet arrêt était délicat car l’alimentation forcée est considérée comme une situation de torture dans certains cas.
À Genève, le Conseil d’État est compétent pour édicter ce droit disciplinaire (art. 3 let. a LaCP).
Le TIG est une modalité d’exécution possible de l’amende, moyennant le respect de toutes les conditions (art. 79a al. 1 let. c CP).
- La conversion 4h = 1j ne se fait pas depuis le montant de l’amende mais depuis le nombre de jours de PPL de substitution (art. 79a al. 4 CP).
- La durée d’exécution est de 1 an au lieu de 2 (art. 79a al. 5 CP).
L’art. 36 al. 3-5 CP n’existe plus. C’est une erreur du législateur car il a abrogé cette disposition et fait un renvoi vide.
7. La protection pénale de l’exécution de la peine (art. 295, 305, 310-311, 319 CP)
Il existe des dispositions pénales qui viennent protéger l’exécution de la peine :
- L’art. 295 CP sanctionne le fait de se soustraire à l’assistance de probation ou aux règles de conduite. L’infraction est punie d’une amende.
- L’art. 305 CP sanctionne l’entrave à l’exécution d’une peine. La jurisprudence retient que cette infraction peut être commise par omission lorsque l’auteur est garant de l’exécution des peines.
o Un fonctionnaire qui intentionnellement ne fait pas exécuter une peine à quelqu’un commet une entrave à l’action pénale.
La peine est marquée par son caractère fini (en dehors de la perpétuité). Elle a une durée reflet du principe de proportionnalité. Les mesures sont, de leur côté, dénuées de tout caractère punitif. Dans l’idée de l’utilité de la sanction, si une personne
commet des infractions car elle est malade, c’est en la soignant qu’on l’empêchera d’en commettre d’autres. Une mesure n’a pas de durée. Elle est ordonnée aussi longtemps que nécessaire pour que le condamné soit guéri.
Rappel :
- Dualisme légal : La loi prévoit des peines et des mesures.
- Dualisme judiciaire : La loi permet, lorsque les conditions sont remplies, de prononcer une peine et une mesure (art. 57 al. 1 CP).
- Mesures institutionnelles (art. 59-61 CP) : C’est un traitement institutionnel. Il y aura des distinctions selon la nature du trouble.
o Art. 59 CP : Troubles mentaux
o Art. 60 CP : Troubles liés à l’addiction
o Art. 61 CP : Troubles du développement liés au jeune âge.
- Mesures ambulatoires (art. 63 CP) : Ce sont les mêmes traitements (sauf art. 61 CP) mais sous forme ambulatoire, en dehors d’une institution.
- Internement ordinaire et à vie (art. 64 CP) : Ils sont essentiellement orientés vers un but sécuritaire. Ils sont conçus pour des personnes dangereuses qui ne peuvent pas être soignées. La dimension de protection de la collectivité
publique se retrouve.
- Autres mesures (art. 66-73 CP) : Elles sont orientées vers la prévention de l’infraction
o Cautionnement préventif (art. 66 CP)
o Expulsion (art. 66a-66d CP)
o Interdiction d’exercer une activité, interdiction de contact et interdiction géographique (art. 67-67d CP)
o Interdiction de conduire (art. 67e CP)
o Publication du jugement (art. 68 CP)
o Confiscation (art. 69-70 CP)
o Créance compensatrice (art. 71 CP)
o Confiscation de valeurs patrimoniales d’une organisation criminelle ou terroriste (art. 72 CP)
o Allocation au lésé (art. 73 CP)
Précision : Ces mesures ont un caractère impératif. Lorsque les conditions d’une mesure sont données, le juge doit la prononcer.
2.1.1 Une infraction commise de manière coupable ou non (art. 19 al. 3 CP)
Cela ressort de la logique du CP. Lorsqu’une infraction est commise de manière coupable, l’auteur est déclaré coupable. Dans ce cas, sous réserve de l’hypothèse d’une exemption, le juge doit prononcer une peine. Ensuite, si les conditions des art.
56 ss CP sont remplies, il devra aussi prononcer une mesure.
- 15 -
Si l’auteur n’est pas coupable, une peine est exclue. Si les conditions de l’art. 19 al. 1 CP sont remplies, l’auteur est irresponsable et n’est donc pas coupable, sous réserve d’une actio libera in causa. Dans ce cas, l’art. 19 al. 3 CP prévoit que des
mesures peuvent être ordonnées.
o Si une personne schizophrène commet un meurtre et est irresponsable parce que des voix lui ont dit de faire ça, la personne n’est pas coupable mais est potentiellement dangereuse. Il faut donc ordonner une mesure.
o Il faut que l’auteur ait commis une infraction sans être coupable. Il n’est pas possible d’ordonner une mesure contre une personne qui n’a rien fait simplement car elle souffre de schizophrénie.
2.1.2 La peine ne suffit pas à écarter le risque de récidive (art. 56 al. 1 litt. a CP)
La mesure est subsidiaire par rapport à la peine, qui a aussi pour but de lutter contre la récidive. Dans l’ATF 135 IV 180, le TF indique que, lorsque les conditions d’une mesure sont données, le pronostic est forcément défavorable et le sursis est
exclu. Si on considère que le pronostic demeure non défavorable et qu’il n’y a que peu de risque de récidive, il n’est pas cohérent de dire à l’étape suivante qu’une peine ne suffit pas.
- Mesure ambulatoire : Le besoin de sécurité publique est inexistant et l’objectif est le traitement.
Il faut poser dans la balance l’intensité des atteintes qui découleront de la mesure d’un côté et l’intensité du risque de récidive et des atteintes qu’il risque d’engendrer de l’autre.
- Si un cleptomane adore voler des porte-clés, il y a risque de récidive mais les atteintes engendrées seront de faible intensité.
- Une mesure n’est pas ordonnée lorsque cela paraît disproportionné. Ensuite, si le prononcé d’une mesure n’est pas disproportionné, il y aura une seconde analyse de la proportionnalité au moment du choix de la mesure (art. 56a
CP).
- Il ne faut pas qu’il y ait une place dans un établissement pour ce condamné en particulier. Le juge doit simplement se demander s’il existe un établissement qui permettrait la prise en charge de cette mesure.
- L’établissement Curabilis avait une très grande liste d’attente. Cela n’empêchait pas les juges d’ordonner une mesure pouvant être accomplie dans cet établissement
- Cette condition est théorique car il existe des établissements aptes à prendre en charge toutes les mesures du CP.
- ATF 140 IV 49 : L’expert doit impérativement être un médecin psychiatre. Un psychologue ne peut donc pas avoir la charge de cette expertise.
o Nécessité et chances de succès d’un traitement (let. a) : Cette condition est liée au choix des mesures. Si une personne souffre d’une maladie et n’a aucune chance d’être traitée, cela va pousser les autorités à prononcer
un internement.
o Vraisemblance d’un risque de récidive : C’est une situation que les médecins ont de la peine à aborder car cela ne relève pas de leur spécialité.
o Possibilité de faire exécuter la mesure (let. c) : L’expert doit s’assurer qu’il existe une structure qui permette la prise en charge recommandée. Cette disposition est liée à l’al. 5.
- Il existe des exigences complémentaires aux al. 3-4bis lorsqu’on envisage le prononcé d’un internement :
o L’expert ne doit pas avoir traité l’auteur : Cette condition est inutile car un expert doit, par définition, être neutre.
o L’expert est soumis aux mêmes motifs de récusation que les magistrats (art. 56 CPP).
o Si un internement à vie est envisagé, le juge doit se prononcer sur deux expertises : En pratique, c’est compliqué car il existe peu de médecins psychiatres en mesure d’effectuer de telles expertises et qui n’ont pas
traité ce patient.
o Le principe de la libre appréciation du juge prévaut. La jurisprudence prévoit toutefois que le juge qui veut s’écarter d’une expertise doit motiver les raisons pour lesquelles il le fait. Il est donc rare qu’une expertise
soit mise de côté en pratique.
2.2 Les conditions spécifiques aux mesures thérapeutiques (art. 56 al. 1 litt. c, 59- 61, 63 CP)
À l’exclusion des internements (art. 64 CP), pour lesquels la logique est sécuritaire.
2.2.1.3 Un grave trouble du développement de la personnalité d’un auteur de moins de 25 ans (art. 61 al. 1 CP)
Ce n’est pas nécessairement un trouble mental. C’est une zone transitoire entre le droit pénal des mineurs et le droit pénal des adultes dans lequel on bascule dès que la personne a 18 ans et une minute. Quelques remarques peuvent être faites :
Si une personne de 23 ans a une addiction ou un trouble mental, ce sont les art. 59 et 60 CP qui vont s’appliquer.
Cette mesure n’existe que sous forme institutionnelle, tandis que les mesures des art. 59 et 60 CP existent également sous forme ambulatoire.
2.2.2 L’auteur a commis l’infraction en relation avec ce trouble (art. 59, 60, 61 et 63 al. 1 litt. a CP)
Le trouble en question doit avoir un lien de cause à effet avec l’infraction :
o Une personne qui souffre d’addiction aux stupéfiants va voler pour assurer sa consommation.
o En revanche, si un pédophile commet un excès de vitesse, il n’y a aucun lien entre l’infraction et le trouble.
2.2.3 Le traitement est apte à prévenir la récidive en lien avec le trouble (art. 59, 60, 61 et 63 al. 1 litt. b CP)
On ne cherche pas une certitude qu’aucune infraction ne sera jamais commise mais plutôt que les infractions liées au trouble ne se reproduiront plus. Si aucune mesure ne satisfait à cette condition, on s’acheminera vers un internement.
- 16 -
2.3 Les conditions spécifiques à l’internement (art. 64 CP)
Contrairement aux mesures thérapeutiques, l’internement vise principalement la sécurité publique. L’objectif premier est d’extraire de la société des personnes dangereuses pour la collectivité.
Rappel : Les conditions générales de l’art. 56 CP (cf. 2.1) doivent également être vérifiées.
Les éléments qui permettent de distinguer l’internement à vie de l’internement ordinaire sont les conditions de sortie.
2.3.1.2 L’auteur a porté ou voulu gravement porter atteinte à l’intégrité physique, psychique ou sexuelle d’autrui (art. 64 al. 1 CP)
Trois remarques doivent être faites :
- ATF 139 IV 57 : Cette condition doit être vérifiée tant dans l’hypothèse de la liste que dans celle d’une infraction ouverte.
- C’est étrange car la liste des infractions comprend uniquement des infractions qui visent en particulier l’intégrité physique, psychique ou sexuelle.
- Le TF a considéré que la vérification était nécessaire car l’auteur doit avoir voulu porter « gravement atteinte ». Il est possible qu’un auteur commette un brigandage sans que, concrètement, dans le cas d’espèce, il y ait une atteinte
grave portée aux différents biens juridiques.
- Grave atteinte à l’intégrité physique, psychique ou sexuelle : Dans l’ATF 139 IV 57, le TF a considéré les éléments suivants :
o Le degré de gravité est à percevoir du point de vue de l’observateur extérieur et non selon la perspective de la victime. Il faudra tenir compte de l’ensemble des circonstances concrètes du cas. Le cas doit dépasser
le cas moyen de cette infraction.
o S’il y a assassinat, il faut qu’on soit dans sa limite supérieure.
2.3.1.3 La dangerosité : un risque qualifié de récidive spéciale (art. 64 al. 1 litt. a et b CP)
Il doit être « sérieusement à craindre qu’il ne commette d’autres infractions du même genre » :
o Risque qualifié (« sérieusement à craindre ») : Le TF a indiqué qu’il était question de quasi-certitude. Une simple possibilité de récidive ne suffit pas.
o Risque spécial : La personne risque de commettre des infractions du même genre (liste ou PPL de 5 ans au moins avec volonté d’atteinte).
Il doit y avoir une raison pour laquelle cette dangerosité particulière se présente :
o Les experts psychiatriques sont mal à l’aise avec cette condition. La dangerosité est dépsychiatrisée.
o À retenir : La personne est dangereuse mais le danger ne découle pas d’un trouble mental.
2.3.1.5 OU en raison d’un grave trouble mental réfractaire à une mesure selon l’art. 59 CP (art. 64 al. 1 litt. b CP)
C’est une condition alternative à la let. a. La personne présente la caractéristique de dangerosité en raison d’un grave trouble mental chronique ou récurrent en relation avec l’infraction.
o Le trouble mental doit être de gravité supérieure à celle de l’art. 59 CP et avoir une durée dans le temps particulièrement marquée.
o La mesure prévue à l’art. 59 CP doit être vouée à l’échec : La sécurité publique passe avant le traitement. C’est la véritable ligne de démarcation entre les mesures thérapeutiques et les internements.
o Avec les mesures thérapeutiques, la personne est malade et susceptible d’être soignée.
o Avec l’internement, la personne est jugée incurable en l’état actuel de la science : internement = la personne est dangereuse mais non malade (let. a) ou malade mais avec peu de chances d’être soignée (let. b).
2.3.2.1 Une infraction spécifique (art. 64 al. 1bis et 105 al. 3 CP)
Cette liste est exhaustive et ne réserve pas de définition ouverte, contrairement à celle de l’internement ordinaire.
2.3.2.2 L’auteur a porté ou voulu porter une atteinte particulièrement grave à l’intégrité physique, psychique ou sexuelle (art. 64 al. 1bis litt. a CP)
En commettant le crime de la liste, l’auteur a voulu porter une telle atteinte. C’est la même condition que pour l’internement ordinaire (cf. raisonnements précédents).
- ATF 141 IV 423 : Au vu des conséquences de l’internement à vie, cette condition doit être extrêmement restrictive. C’est un cas de contrainte sexuelle, dans lequel le TF a nié l’existence de l’atteinte particulièrement grave à l’intégrité
sexuelle.
2.3.2.3 La dangerosité extrême : un risque « hautement » qualifié de récidive spéciale (art. 64 al. 1bis litt. b CP)
- Risque de récidive spéciale : L’auteur risque de commettre à nouveau un crime de la liste.
- Haut-degré de risque : Il s’agit d’une quasi-certitude absolue que la personne va commettre à nouveau une telle infraction. C’est la concrétisation de la notion « extrêmement dangereux » qui se trouve à l’art. 123a Cst.
2.3.2.4 Un auteur durablement non amendable dans la mesure où la thérapie semble, à longue échéance, vouée à l’échec (art. 64 al. 1bis litt. c CP)
Il est quasiment impossible de prononcer un internement à vie. Il n’y en a eu qu’un seul à Soleure en première instance et le condamné a renoncé à faire recours. Toutes les autres tentatives ont été cassées par le TF car cette dernière condition n’était
pas réalisée. Pour que cette condition soit réalisée, il doit être impossible que la personne s’améliore un jour.
- ATF 140 IV 1 : Le TF a indiqué qu’il ne pouvait cautionner une mesure qui enferme définitivement quelqu’un que s’il a la quasi-certitude que la personne ne s’améliorera jamais.
o Un homme peut être jugé à l’âge de 20 ans pour avoir commis 60 assassinats odieux. Le juge doit avoir la certitude que, jusqu’à la fin de ses jours, l’homme n’a aucune chance de s’améliorer. Il doit faire un pronostic
jusqu’au terme de la vie de la personne.
o Les psychiatres s’opposaient à un internement à vie car ils considéraient qu’il est scientifiquement impossible d’établir un pronostic au-delà d’une vingtaine d’années.
o Si on poursuit le raisonnement, une personne jeune va être soumise à deux expertises. Les deux experts diront que la personne ne risque pas de s’améliorer durant 20 ans mais ne pourront rien établir au-delà.
o Le TF a estimé que, s’il n’est pas possible de construire un pronostic pour la vie entière d’une personne, il n’est pas possible de prononcer un internement à vie.
o Dans l’affaire Adeline, les juges ont prononcé un internement ordinaire car l’auteur était encore jeune. Le pronostic définitif ne pouvait donc pas être posé.
o Le seul cas envisageable est celui d’un auteur d’une soixantaine d’années. Si les expertises psychiatriques mènent à la conclusion que l’auteur ne pourra pas s’améliorer dans les 20 ans, l’internement à vie sera
admissible.
Les initiants voulaient qu’au moment du jugement, on décide définitivement d’enfermer quelqu’un. Le système de l’internement ordinaire est bien plus concevable car personne ne peut dire avec certitude ce que sera un être humain dans 30, 40 ou
50 ans. En effet, avec l’internement ordinaire, la personne est enfermée mais les conditions de cet internement sont régulièrement revérifiées par le biais de la libération conditionnelle. C’est plus sensé et conforme au droit supérieur.
o Mesures thérapeutiques institutionnelles (art. 59, 60, 61 CP) : L’art. 57 al. 2 CP prévoit que l’exécution d’une mesure institutionnelle prime une PPL.
§ La durée de la mesure est imputée sur la durée de la PPL (art. 57 al. 3 CP).
- 17 -
§ Si je suis condamné à 5 ans de PPL et que je subis une mesure durant 3 ans, je n’aurai que 2 ans de PPL à exécuter (1 jour de mesure = 1 jour de PPL).
§ En cas de succès de la mesure, le solde éventuel n’a pas à être exécuté. L’art. 62b al. 3 CP prévoit que, si la durée de la privation de liberté entraînée par la mesure est inférieure à la durée de la PPL
suspendue, le reste de la peine n’est plus exécuté.
• Une personne a commis une infraction en lien avec un trouble qui peut être soigné. Si le trouble est soigné, il n’y a pas de raison d’enfermer encore la personne.
o Mesures ambulatoires :
§ Principe : L’exécution est simultanée. Il n’y a pas de problème pour exécuter une PPL en allant consulter un médecin à la clinique de la prison.
§ Exception (art. 63 al. 2 CP) : Lorsque la peine n’est pas compatible avec un traitement ambulatoire, le juge peut suspendre au profit du traitement ambulatoire une PPL ferme.
§ Cela revient à suspendre l’exécution d’une peine sans limite de durée parce qu’il y a lieu de mener un traitement ambulatoire et que la PPL n’est pas compatible avec ce traitement.
§ C’est le juge qui prononce la PPL qui décide en même temps d’en suspendre l’exécution.
§ Si le traitement ambulatoire est un succès, la personne n’a pas à exécuter sa PPL (art. 63b al. 1 CP).
• En théorie, une personne condamnée à 10 ans de PPL peut échapper à sa peine par un traitement ambulatoire réussi.-
§ Si le traitement ambulatoire est un échec, la peine doit être purgée (art. 63b al. 2 CP).
o Internements : La logique est renversée car les internements ne sont pas axés sur les soins. La dimension première est celle de la sécurité publique.
§ La PPL précède l’internement (art. 64 al. 2 CP).
§ L’art. 64 al. 2 CP prévoit que les règles de la libération conditionnelle (art. 86 CP) ne s’appliquent pas à la peine qui précède l’internement.
§ Si pendant l’exécution de la PPL, il est à prévoir que le condamné se comportera correctement en liberté, le juge fixe la libération conditionnelle de la PPL précédant l’internement aux conditions
de la libération conditionnelle de l’internement conformément à l’art. 64a CP (art. 64 al. 3 CP).
§ ATF 142 IV 56 : Il est possible de prononcer une PPL à vie et un internement.
• C’est étrange car la peine précède l’internement. Le seul moyen de sortir d’une PPL à vie est la libération conditionnelle. Un recourant a invoqué ce non-sens. Le TF a répondu que
les règles sur la libération conditionnelle ne seront pas les mêmes selon qu’il ne prononce qu’une PPL à vie ou une PPL à vie accompagnée d’un internement. C’est la seule raison
qui justifie de prononcer une PPL à vie et un internement.
3.2 Lieu d’exécution (art.58 al.2, 59 al.2-3, 60 al.3, 61 al.2 et 64 al.4 et 377 CP)
- Mesures thérapeutiques institutionnelles :
o Pour les art. 59 et 60 CP, elles s’effectuent dans un établissement spécialisé ou hôpital psychiatrique.
§ Curabilis à Genève mais aussi un quartier fermé à Belle Idée
o Pour l’art. 61 CP, ce sont des établissements spécifiques pour jeunes adultes.
§ Il n’y en a qu’un seul en Valais.
Il y a une volonté que les établissements d’exécution des mesures thérapeutiques soient séparés des établissements d’exécution des peines (art. 58 al. 2 et 61 al. 2 CP) :
- Exception (art. 59 al. 3 CP) : Le traitement s’effectue dans un établissement fermé au sens de l’art. 76 al. 2 CP (pénitentiaire haute-sécurité fermé) à condition qu’il y ait le personnel requis pour garantir ce traitement.
o C’est une exception légale à l’art. 58 al. 2 CP.
Dans de nombreux cas, on ne se trouve pas dans le cas de l’art. 59 al. 3 CP mais la mesure est tout de même exécutée dans un établissement pénitentiaire ordinaire car la place manque. Le TF admet cette exception critiquable à l’art. 58 al. 2 CP.
ATF 142 IV 1 : Le TF s’est posé la question de savoir qui doit décider que la mesure de l’art. 59 al. 3 CP se déroule dans un établissement pénitentiaire. La compétence revient à l’autorité d’exécution.
À retenir : Les mesures thérapeutiques s’effectuent dans des établissements séparés et spécifiques, sauf dans le cas de l’exception.
- Internement : Il est exécuté dans un établissement d’exécution des mesures (Curabilis) ou dans un établissement pénitentiaire au sens de l’art. 76 al. 2 CP (art. 64 al. 4 CP).
o L’auteur est soumis à une prise en charge psychiatrique si besoin (JEANNERET/KUHN, p. 19) mais c’est vraiment la sécurité publique qui prime.
4.1 Une durée (relativement) indéterminée (art. 56 al. 6, 59 al. 4, 60 al. 4, 61 al. 4 et 63 al. 4, 64a ss. CP)
Certaines mesures ont une durée maximale (p. ex. art. 60 al. 4-5 et 61 al. 4 CP). En revanche, pour l’art. 59 CP, la privation de liberté n’excède en général pas 5 ans mais, à l’échéance des 5 ans, si les conditions de la libération conditionnelle ne sont
pas remplies, le juge peut renouveler la mesure pour 5 ans (art. 59 al. 4 CP). La personne ne sort pas tant qu’elle est malade et dangereuse.
L’art. 56 al. 6 CP affirme qu’une mesure dont les conditions ne sont plus remplies doit être levée.
- Un traitement doit être arrêté lorsqu’il ne sert à rien ou que la personne est guérie.
- ATF 142 IV 105 : L’autorité avait considéré que les 5 ans courent depuis l’entrée dans la mesure institutionnelle, sans compter le temps passé dans un établissement pénitentiaire en raison du manque de place. Le TF a renversé cette
appréciation et a considéré que les 5 ans commencent à courir dès que la personne est enfermée, peu importe où.
Les internements n’ont pas de durée non plus et il n’est possible d’en sortir que par le biais d’un mécanisme de libération conditionnelle.
- Dès que l’auteur est guéri ou presque, on va lui donner l’occasion d’obtenir une libération conditionnelle. À l’inverse, si les conditions de la libération conditionnelles ne sont pas données, on prolonge de 5 ans en 5 ans.
- Les accessoires classiques (art. 62 al. 2 et 3 CP) se retrouvent :
o Délai d’épreuve de 1 à 5 ans si art. 59 CP et 1 à 3 ans si art. 60-61 CP
o Possibilité de règles de conduite ou assistance de probation (art. 92 ss CP)
o Supplément (art. 62 al. 3 CP) : Un traitement ambulatoire comme condition à la libération conditionnelle peut être ordonné.
- Par la récidive :
o Possibilité de réintégrer la personne dans l’établissement institutionnel (art. 62a al. 1 let. a CP) ou de mesures alternatives.
o C’est le juge qui connaît la nouvelle infraction qui prononce la réintégration.
- Par la violation des règles de conduite, de l’assistance de probation ou du traitement ambulatoire : L’art. 62a al. 6 CP renvoie aux conditions de l’art. 95 al. 3-5 CP.
En dehors de la réintégration, l’art. 62d CP prévoit que la compétence pour analyser la libération conditionnelle revient à l’autorité compétente. À Genève, ce rôle a été confié au TAPEM (art. 3 LACP/GE).
o L’examen s’exécute d’office au moins une fois par an ou sur requête (art. 5 § 4 CEDH).
Si la libération est accordée, il y a un délai d’épreuve de 2 à 5 ans (prolongeable) et la possibilité d’imposer une assistance de probation et / ou des règles de conduite (art. 64a al. 1 CP)
- 18 -
Échec de la mise à l’épreuve (art. 64a al. 3 CP) : un risque de récidive
o Il doit y avoir une crainte de récidive portant uniquement sur des infractions au sens de l’art. 64 al. 1 CP.
o En revanche, ce n’est pas la récidive qui consacre un échec et entraîne la réintégration mais un risque de récidive en lien avec le comportement du condamné pendant la mise à l’épreuve. Si la personne n’a
rien fait mais qu’il y a de sérieuses raisons de penser qu’elle pourrait commettre des infractions, elle est réintégrée.
Échec de la mise à l’épreuve pour violation de l’assistance de probation ou des règles de conduite (art. 64 al. 4 CP) : renvoi à l’art. 95 al. 3 à 5 CP
Succès de la mise à l’épreuve (art. 64a al. 5 CP) : La personne est libérée définitivement de l’internement.
L’art. 64b CP est une disposition procédurale qui indique quand il y a lieu de procéder à un examen par une autorité compétente. À Genève, c’est le TAPEM qui est compétent pour le faire.
- L’examen de cette libération conditionnelle doit avoir lieu d’office au moins une fois par an. C’est la règle habituelle qui découle de la jurisprudence à l’appui de l’art. 5 § 4 CEDH.
o Cela n’empêche pas la personne concernée de formuler une demande en marge de ces délais.
L’art. 64b al. 1 let. b permet, en lien avec l’art. 65 al. 1 CP, de ne pas aller vers une libération conditionnelle directement mais de passer de l’internement vers une mesure institutionnelle.
o On change de mesure car la personne devient perméable au traitement et, si tout se passe bien, elle pourra être libérée conditionnellement de la mesure institutionnelle.
Résumé : On ne regarde pas si la personne va mieux mais s’il existe un nouveau traitement. Cas échéant, on soigne la personne et on regarde si elle va mieux. L’art. 123a al. 2 Cst. met la responsabilité de la récidive à charge de l’autorité qui lève
l’internement. Cette responsabilité est traduite à l’art. 380a CP en responsabilité de la collectivité dont dépendent le ou les magistrats qui ont statué sur la sortie de l’internement à vie. La responsabilité n’est donc pas individuelle.
- Échec (art. 62c CP) : La personne ne s’améliore pas et le risque de récidive demeure. On entre dans une logique de changement de mesure (art. 62c al. 3 CP) :
o On ne se dirige pas forcément vers une mesure plus légère.
o Le changement intervient si une mesure ne marche pas (al. 1 let. a) ou si le temps maximum envisagé est écoulé (al. 1 let. b).
o Alors même que le juge avait ordonné un traitement contre les addictions (art. 60 CP), on peut lever cette mesure au profit de l’art. 59 CP.
o Il est possible de passer d’une mesure institutionnelle à un internement (art. 62c al. 4 CP).
§ Les conditions permettant de le prononcer doivent être remplies.
§ Une personne a commis une infraction listée à l’art. 64 al. 1 CP mais le juge avait considéré qu’une mesure institutionnelle n’était pas vouée à l’échec.
o Il est même possible de passer d’une mesure ambulatoire à une mesure institutionnelle plutôt qu’à la PPL (art. 63b al. 5 CP).
À retenir : Une mesure n’est pas levée uniquement en cas de succès mais également pour être remplacée par une autre mesure.
o Al. 2 : Si pendant l’exécution de la PPL, des faits ou moyens de preuves nouveaux permettant d’établir qu’un condamné remplit les conditions de l’internement et que ces conditions étaient déjà remplies au moment
du jugement sans que le juge ait pu en avoir connaissance, le juge peut ordonner l’internement ultérieurement.
§ Une personne est condamnée à une PPL et, pendant qu’elle la purge, on se rend compte que les conditions de l’internement étaient données. L’internement est ordonné à postériori.
§ L’internement est une des mesures les plus restrictives et la personne s’y retrouve plusieurs années après le prononcé de la PPL. C’est pourquoi l’art. 65 al. 2 CP ne sera applicable que de manière
extrêmement restrictive.
§ Le TF a admis cette disposition sous l’angle de la révision :
• Il faut un fait nouveau qui montre que l’internement était déjà possible lors du prononcé de la PPL.
• À l’inverse, si le juge avait une expertise, a discuté l’art. 64 CP et a estimé que les conditions n’étaient pas remplies, l’internement à postériori ne sera pas possible. Le juge devait
vraiment être dans l’ignorance que l’internement était possible au moment du prononcé.
• Récemment, la Suisse a été réprimandée par la CEDH pour cette disposition dans un cas particulier.
o A. Crainte que celui qui a menacé de commettre un crime ou un délit ne le commette effectivement.
§ Ce n’est pas une menace au sens de l’art. 181 CP.
§ La menace peut se faire par écrit, par parole ou par gestes.
§ La crainte doit être sérieuse
§ Le juge a un large pouvoir d’appréciation pour examiner la menace.
o B. Une personne condamnée pour crime ou délit manifeste l’intention formelle de réitérer son acte
§ La menace peut intervenir au moment de la condamnation ou après.
§ Les actes de la personne condamnée doivent démontrer qu’elle pourrait recommencer. De simples soupçons sont insuffisants.
§ Condition formelle : Requête de la personne menacée
• Cela suppose que la personne qui profère la menace soit connue.
• Une personne non identifiée ne suffira pas.
• La requête peut être faite en tout temps, sans délai particulier.
• Le danger doit être actuel.
o Si la personne commet l’infraction, l’argent donné en sûreté est acquis à l’État (art. 240 CPP). Cet argent pourra être alloué au lésé.
o Si la personne n’a pas commis l’infraction dans les 2 ans, les sûretés sont rendues (art. 66 al. 3 CP).
o Le juge peut ordonner la détention de la personne alors qu’elle n’a pas commis d’infraction. Le but est de contraindre la personne à fournir les sûretés.
o ATF 71 IV 72: Si la personne s’exécute, la détention doit être levée immédiatement.
o La requête est adressée au MP qui interroge la personne concernée et transmet le dossier au tribunal des mesures de contrainte (art. 373 al. 1 CPP)
o Ce tribunal va ensuite ordonner les mesures (art. 18 CPP / art. 94 al. 1 let. a LOJ/GE).
- 19 -
II. L’expulsion : art. 66a – 66d CP
Historique :
- Juillet 2007 : l’UDC lance la collecte des signatures pour son initiative « pour le renvoi des étrangers criminels ». Campagne très clivée.
Ce régime est entré en vigueur le 1er octobre 2016. Il ne s’applique qu’aux infractions commises à partir de cette date.
- Votations le 28 novembre 2010
- Le peuple et les cantons approuvent l’initiative.
- La Cst a été modifiée. L’art. 121 al. 3-6 Cst. est entré en vigueur.
o On retrouve des infractions connues comme le brigandage, mais d’autres qui ne figurent pas dans le CP (effraction, perception abusive de prestations sociales). À la suite de l’introduction de cet art. 121 al.
3-6 Cst., le législateur a créé l’art. 148a CP.
- Expulsion obligatoire :
o Conditions :
§ Être « étranger »
§ Condamnation à une peine, pour une infraction du catalogue de l’art. 66a CP
o Effet :
§ Expulsion qui comprend la perte du titre de séjour et tous les droits de séjourner en Suisse
§ Une obligation de quitter le pays et une interdiction d’entrer sur le territoire suisse.
§ Durée de l’expulsion : 5 à 15 ans (selon gravité de la faute et risque de récidive)
o Condamnation : Dans certains cas, le juge peut renoncer à infliger une peine à un prévenu. Le message du CF a alors exclu la possibilité d’une expulsion.
o Peu importe la quotité de peine décidée par le juge, c’est l’infraction qui est déterminante.
o Le CF avait préconisé une peine-plancher qui permette cette expulsion. Cette proposition n’a pas été retenue. La personne doit être expulsée même si la faute est très faible.
o Il importe peu que le condamné soit récidiviste ou agisse pour la première fois.
o L’instigateur ou le complice peuvent être expulsés.
o ATF 144 IV 168 : La tentative amène également l’application des règles de l’expulsion
o L’expulsion peut être ordonnée indépendamment de l’octroi du sursis à la peine principale.
§ C’est incohérent car le sursis permet normalement de donner une chance au prévenu.
o L’expulsion en tant que telle ne peut pas être prononcée avec un sursis. Ce n’est pas une peine accessoire mais une mesure, qui ne peut être assortie du sursis.
o Le ministère public n’est pas compétent pour prononcer l’expulsion par ordonnance pénale de l’art. 352 CPP. Seul le juge peut l’ordonner. Cela a eu pour conséquence que des affaires qui étaient
auparavant réglées par ordonnance pénale se sont retrouvées devant un juge. En revanche, le MP a le droit de considérer que les conditions de la clause de rigueur sont clairement établies dans le
cas d’espèce. Dans ce cas, il peut prononcer une peine sans expulsion. Cela place l’avocat de la défense face à un dilemme car, s’il y a opposition à cause de la peine lourde, il y a un risque que le
juge prononce une expulsion.
- À suivre : Motion au parlement en janvier 2021 : Expulsions par ordonnance pénale dans des cas rares, mais évidents
§ Compétence aux procureur-e-s de prononcer l’expulsion par voie d’ordonnance pénale
§ Selon les cas, le risque d'expulsion du pays ne saurait justifier de défense obligatoire
§ Très récemment, des partis politiques ont voulu modifier la loi pour empêcher le MP de faire bénéficier des cas de rigueur à des prévenus.
§ Il y a toujours des individus qui craignent que la clause de rigueur ne soit appliquée de manière trop large.
o Conditions :
§ Être « étranger »
§ Condamnation à une peine pour un crime ou un délit (hors catalogue de l’art. 66a CP) / Mesure (59-61 CP, 64 CP) => pas besoin d’un verdict de culpabilité (cf. 19 al. 1 CP)
• Contrairement à l’expulsion obligatoire, un verdict de culpabilité n’est pas nécessaire.
• Si un auteur est acquitté car irresponsable en vertu de l’art. 19 al. 1 CP mais qu’une mesure thérapeutique ou un internement lui sont imposés, il peut faire l’objet d’une
expulsion facultative.
o Effet :
o Critères : proportionnalité et pesée d’intérêt (mêmes critères que pour l’expulsion obligatoire)
- 20 -
o Report de l’exécution de l’expulsion obligatoire (art. 66d CP) :
§ Après le prononcé de l’expulsion : On se demande si elle peut être reportée ?
§ Pas d’annulation possible
§ Principe de non-refoulement : not. 33 Convention relative au statut de réfugié / art. 25 al. 2 Cst / art. 5 al. 1 et 2 LAsi et 3 CEDH
• Report de l’expulsion dans la mesure où un réfugié serait menacé dans sa vie ou sa liberté sur des critères de race, de religion, de nationalité, d’appartenance à un groupe
social ou d’opinion politique (art. 33 Conv. relative au statut de réfugié / 25 al. 2 Cst. / 5 al. 1 et 2 LAsi
• Si les règles impératives du droit international s’opposent à l’expulsion (art. 3 CEDH)
o Autorité d’exécution :
§ Décision des cantons.
§ À GE : OCPM (art. 5 al. 2 let. g et 40 al. 1 LaCP/GE et art. 18 REPPL/GE + chambre pénale de recours de la Cour de Justice, art. 42. Al. 1 let. a LACP/GE)
III. L’interdiction d’exercer une activité, interdiction de contact et interdiction géographique : 67-67d CP
Ø 18 mai 2014 : acceptation de l’initiative « Pour que les pédophiles ne travaillent plus avec les enfants »
Ø Constitution : art. 123c introduit
Ø Contre-projet indirect du CF : adopté le 13 décembre 2013, EEV 1er janvier 2015
Ø Jusqu’à l’entrée en vigueur de l’initiative le 1er janvier 2019
Ø Mise en œuvre de l’art. 123c Cst : EEV le 1er janvier 2019
o Conditions :
§ L’auteur doit avoir commis un crime ou délit dans l’exercice de son activité professionnelle ou d’une activité non professionnelle organisée (art. 67a al. 1 CP).
§ L’auteur a été condamné à une PPL de plus de 6 mois.
§ Il y a une crainte que l’auteur commette une nouvelle infraction de ce type.
o Effets : Le juge peut interdire totalement ou partiellement cette activité => Durée: 6 mois à 5ans
o Conditions :
§ Crime ou délit contre personnes mineures et particulièrement vulnérables :
• Les personnes particulièrement vulnérables ont besoin de l’assistance d’autrui pour accomplir les actes ordinaires de la vie en raison de l’âge, d’une maladie, d’une déficience
corporelle, mentale ou psychique durable (art. 67a al. 6 CP).
o Remarques :
§ Aucune peine minimale n’est requise.
§ Il n’est pas nécessaire que l’infraction ait lieu dans le cadre des activités visées.
§ L’infraction peut avoir lieu dans un cadre familial.
§ Cela concerne toutes les infractions. Une nature sexuelle n’est pas requise.
§ Il faut un risque que l’auteur commette un acte du même genre dans le cadre d’une activité professionnelle ou non professionnelle organisée. Cette activité doit toutefois mettre l’auteur en contact
régulier avec des personnes mineures ou vulnérables (art. 67a al. 5 CP).
• Contact direct avec ces personnes, p. ex. enseignement, éducation, restauration, transports
• Autres activités exercées dans des lieux qui offrent certaines des prestations énumérées mais qui ne sont pas des activités avec un contact direct
• Exception : Si l’emplacement de l’activité ou son horaire exclut totalement les contacts avec les mineurs ou personnes vulnérables (67a al. 5 let. b CP)
o Effet :
§ Le juge peut interdire l’exercice de l’activité pour une durée de 1 à 10 ans.
§ Si le juge estime que la durée de 10 ans ne suffira pas, il peut prononcer une interdiction à vie (art. 67 al. 2bis CP).
§ La mesure peut être renouvelée de 5 ans en 5 ans.
§ Le réexamen peut avoir lieu après la moitié de l’interdiction, mais au plus tôt après une période d’exécution d’au moins 3 ans (art. 67c al. 5 let. b CP)
§ Si l’interdiction est prononcée à vie, le réexamen ne sera possible qu’après 10 ans au moins (art. 67c al. 1 let. c CP).
o Conditions :
§ Commission d’infractions spécifiques en lien avec l’intégrité sexuelle qui doivent avoir été commises sur une personne mineure ou particulièrement vulnérable.
o Conséquence automatique :
§ Interdiction qui est toujours prononcée à vie d’exercer certains types d’activités professionnelles.
• L’art. 67 al. 3 CP concerne les victimes mineures et prévoit une interdiction des activités professionnelles et bénévoles avec contact régulier avec des mineurs.
• L’art. 67 al. 4 CP vise des adultes particulièrement vulnérables (ou adultes incapables de discernement, de résistance ou dans un état de dépendance physique ou psychique au
moment des faits) et prévoit une interdiction des activités professionnelles et bénévoles avec contact régulier avec ces personnes et dans le domaine de la santé s’il y a contact
direct avec les personnes concernées.
- Les infractions du catalogue sont, pour la plupart, des crimes et délits mais on trouve aussi une contravention (art. 198 CP).
o Cela pose un problème au niveau de la proportionnalité.
o Certaines infractions mentionnées sont subordonnées au dépôt d’une plainte.
§ Exhibitionnisme (let. c) : Cela donne une immense responsabilité à la partie plaignante puisque sa décision aura un impact important sur l’avenir professionnel de l’auteur.
o Il n’y a pas de peine-plancher.
o L’interdiction est indépendante du risque de récidive ou de dangerosité.
o L’infraction n’a pas besoin d’avoir lieu dans un cadre professionnel.
o Le juge n’a aucune marge de manœuvre. L’interdiction est obligatoire et automatique.
- Exception :
o Cas de très peu de gravité : Art. 67 al. 4bis CP
§ Cette disposition prévoit que, dans des cas exceptionnels, le juge peut renoncer à prononcer une interdiction lorsqu’elle ne paraît pas nécessaire pour détourner l’auteur d’autres infractions
passibles de cette mesure. Ce serait par exemple un tenancier de tabac qui vend une revue pornographique à un mineur. Le législateur a limité l’exception dans certains cas.
o But : L’idée est de protéger les personnes victimes de violence domestique ou de harcèlement. Cela ne vise pas que les mineurs et personnes vulnérables.
o Conditions :
§ Crime ou délit (mais aucune exigence de peine minimale)
§ Contre une ou plusieurs personnes déterminées, ou membres d’un groupe déterminé
§ Risque que l’auteur commette un crime ou un délit au contact de ces personnes
o Effets :
§ Interdiction de prendre contact avec la personne protégée, de s’en approcher ou d’accéder à un périmètre spécifique autour de son logement
§ Interdiction de fréquenter certains lieux particuliers (rues, quartiers)
§ Interdiction de 5 ans maximum
• Exception (art. 67b al. 5 CP) : possibilité de prolonger de 5 ans en 5 ans pour empêcher un nouveau crime ou délit contre une personne mineure ou particulièrement
vulnérable
o Si violation d’une interdiction : Art. 294 CP, passible d’une PPL jusqu’à un an ou d’une PP
- Si des lésions corporelles par négligence ou un homicide par négligence sont retenues en concours imparfait avec l’art. 90 LCR, il y a lieu de considérer que les infractions routières commises excluent l’application de l’art. 67e CP.
En effet, le devoir de diligence violé est défini par les règles de la LCR. Ce sera donc un retrait administratif de permis qui sera prononcé.
- 21 -
o Conditions :
§ Commission d’une infraction de droit commun ( # LCR)
§ Crime ou délit
§ Usage d’un véhicule lors de la commission de l’infraction (ex : transport de drogue)
§ Le véhicule doit favoriser la commission de l’infraction
§ Crainte de nouveaux abus
• Risque de récidive pour infractions pour lesquelles l’usage d’un véhicule est nécessaire.
o Effets :
§ Le juge PEUT retirer le permis de conduire / permis d’élève conducteur
- À moins que la publication soit dans l’intérêt public, elle nécessite une requête de la personne qui souhaite l’obtenir (art. 68 al. 3 CP).
VI. Confiscation 69 - 72 CP
- Deux cas de figure :
o Objet dangereux (art. 69 CP)
o Valeurs patrimoniales :
§ a. Valeur provenant d’une infraction (art. 70 CP)
§ b. Créance compensatrice (art. 71 CP)
§ c. Organisation criminelle (art. 72 CP)
o Conditions :
§ Objets ont servi ou devaient servir à la commission d’une infraction ou sont le produit de l’infraction
§ Objets qui compromettent la sécurité, la morale ou l’ordre public
• Butin d’un braqueur, CD contenant de la pornographie dure, stupéfiants
• Objets non dangereux en tant que tels mais dangereux entre les mains de l’auteur, p. ex. une voiture
• Respect du principe de proportionnalité
o Le juge peut ordonner la destruction des objets en question (al. 2).
§ Pas de prescription
• La mesure peut être ordonnée aussi longtemps que l’objet représente un danger pour la collectivité.
§ Conditions :
• La valeur est le résultat d’une infraction ou destinée à récompenser / décider son auteur
o Argent volé ou argent qui sera payé à un tueur à gage
o Somme payée à un auteur pour le décider à commettre une infraction
• Valeur disponible / remploi (lien causal)
o Par exemple, une montre achetée avec de l’argent volé
o Valeur n’a pas été restituée au lésé / ne doit pas l’être pour qu’il soit rétabli dans son droit.
§ Effets :
• Attribution directe à l’État – montant brut
o Montant brut sans déduction des frais d’acquisition : Si une personne produit et vend du cannabis, elle va engager des frais pour la production. Dans le
cadre de la confiscation, la personne ne pourra pas déduire du montant confisqué les frais qu’elle aurait engagés pour la production.
§ Exception :
• Si la valeur est en mains de tiers avec droit sur la chose, pas de confiscation SI le tiers est de bonne foi ET a fourni une contreprestation adéquate ou si la confiscation serait
d’une rigueur excessive.
• Si on m’offre une montre achetée avec de l’argent volé, je vais l’acquérir en ignorance mais, à défaut de contreprestation, la montre pourra être confisquée.
§ But :
• Ne pas privilégier la personne qui a disposé de l’objet ou de la valeur
§ Conditions :
• La valeur n’est plus disponible mais autres valeurs le sont => subsidiarité
• Valeur patrimoniale à confisquer
• Montant : valeur qui aurait dû être confisquée
• ! Renonciation possible (al. 2) !
§ Effets :
• créance en faveur de l’Etat
• sans droit de préférence : L’État sera en concurrence en cas de poursuite.
• Séquestre possible pendant la phase d’instruction (71 al. 3 CP)
•
o Confiscation en mains d’une organisation criminelle : art. 72 CP
§ But :
• lutte contre le crime organisé
§ Conditions :
• Organisation criminelle (art. 260ter CP)
o a) groupe structuré de 3 personnes min.
o b) conçu pour durer indépendamment de ses effectifs
o c) soumission au règles et répartition des rôles au sein de l’organisation
o d) la structure et les effectifs de l’organisation sont secrets
o e) but : commettre des actes de violence criminels ou de se procurer des revenus par des moyens criminels.
§ Mafia, organisations terroristes
• Pouvoir de disposition de l’organisation sur les valeurs : présumé si la personne a participé ou soutenu l’organisation
o Cela remplace la condition de la provenance délictueuse. Il y a une présomption si la personne a participé à l’organisation.
o Renversement du fardeau de la preuve
- 22 -
o On se demande si c’est correct au regard de l’art. 6 CEDH. La jurisprudence explique que ce renversement est possible si la contre-preuve n’est pas trop
difficile à apporter. En l’espèce, la personne peut apporter la preuve de la source licite donc il n’est pas trop difficile de renverser la présomption créée par
l’art. 72 CP.
VII. Allocation au lésé 73 CP
Il s’agit d’une institution différente de la restitution au lésé (70 al. 1 in fine CP) : ici on ne peut pas clairement identifier les valeurs patrimoniales tirées de l’infraction. Tandis qu’en cas de restitution, il y a des valeurs patrimoniales
identifiables et disponibles.
§ But :
o Réparer un dommage quand il n’y a pas d’autres moyens de le faire
o Caractère subsidiaire par rapport à la restitution du bien disponible.
§ Conditions :
o Un crime ou un délit
o Le lésé a subi un dommage ou un tort moral en lien avec l’infraction
o Pas couvert par une assurance
o Crainte que l’auteur ne répare pas le dommage ou le tort moral
o Requête du lésé
o Le lésé cède à l’État la part correspondante de sa créance
§ Pour éviter que la personne ne s’enrichisse en touchant deux fois la somme
§ Effet :
o Allocation au lésé jusqu’à concurrence du dommage / du tort moral fixé par un jugement ou par une transaction.
- 23 -