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Université Assane Seck de Ziguinchor

Département Sciences Juridiques


Licence 2 FOAD

DROIT PENAL GENERAL

Partie 3 : La sanction pénale

DROIT PENAL GENERAL Dr. Abdoulaye Diallo


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Université Assane Seck de Ziguinchor

Partie 3 : La sanction pénale

Titre 1 : Les différentes formes de sanction

Chapitre 1 : La peine
Section 1 : Les caractères et fonctions de la peine

Paragraphe 1 : Caractères

La peine est une mesure répressive prononcée par le juge pour exprimer la réaction
de la société contre l’auteur d’une infraction. En tant que punition elle est personnelle
et individualisée.
A- Le caractère personnel
La peine est personnelle c’est-à-dire qu’elle ne doit atteindre que le coupable et
seulement le coupable. Les répressions de la peine sur la famille du condamné
doivent être le plus possible limitées. Cependant ce principe de la personnalité des
peines connaît un certain recul du fait du développement de plusieurs formes de
responsabilité pénale de fait d’autrui
De son caractère personnelle on peut aussi en déduire qu’elle est égale c’est-à-dire
elle doit être la même pour tous sans discrimination fondée sur la situation sociale du
coupable. L’égalité devant la peine n’est en réalité qu’un aspect de l’égalité devant la
loi et la justice.
B- Le caractère individuel
La peine est individualisée c’est-à-dire que lors de son application et en vertu du
principe de l’individualisation de la peine, il est tenu compte des conditions inhérentes
à chaque coupable. Ce qui fait que la peine peut varier considérablement d’un cas à
un autre même pour une même infraction

Paragraphe 2 : Fonctions

En ce qui concerne les fonctions de la peine on a noté une évolution qui est passée
de la vengeance (fonction d’expiation) à l’utilité (conception utilitaire à l’échelle
individuelle ou collective) puis à l’amendement et à la réinsertion sociale. Aujourd’hui
la peine continue à répondre à ses trois objectifs mais selon des proportions
différentes. Ainsi le législateur vise l’intimidation collective, la dissuasion le juge a
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quant à lui en vue la prévention individuelle, et l’addition pénitentiaire tentera de
réinsérer le délinquant dans la société. Cette évolution de la peine fait apparaître, à
côté de la peine et à son travers des mesures de sûreté ou des mesures de défense
sociale moins préoccupées de punir que de réadapter moins attachées à l’infraction
qu’à l’état dangereux. D’où le rapprochement constaté de nos jours entre la peine et
la mesure de sûreté.
Section 2 : Classement des peines

Paragraphe 1 : Classement selon la loi

A- Les peines criminelles


Sanctionnant les infractions les plus graves, les peines criminelles constituent le degré
le plus élevé de la sanction pénale. Les peines criminelles principales applicables aux
personnes physiques sont les peines privatives de liberté de dix ans au moins, dont
la sévérité, qui peut aller jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité, varie en fonction
de la gravité du crime et, le cas échéant, des circonstances de sa réalisation ou de
l'état de récidive (art. 42 et s). Les articles 8 et 9 du code pénal visent la mort, les
travaux forcés, la détention criminelle et la dégradation civique.

Ces peines ne sont pas exclusives du prononcé de peines complémentaires et,


lorsque la loi le prévoit, d'une amende.

Le prononcé des peines criminelles est dominé par la liberté de choix de la juridiction,
toutefois enfermée entre un minimum et un maximum, et limitée, dans certains cas,
par une période de sûreté ou des mécanismes de réduction et d'exemption de peine.

B- Les peines correctionnelles


L’article 9 du code pénal vise l’emprisonnement (supérieur à 1 mois mais n’excédant
pas 10 ans), l’amende (montant supérieur à 20 000 frs), l’interdiction à temps de
certains droits civils, civique ou de famille (vote, éligibilité, fonctions publiques,
détention d’armes, etc,). Toutefois, ces peines ne pourront être prononcées par les
tribunaux que lorsqu’elles ont été autorisées ou ordonnées par une disposition de la
loi (art. 35).

L'emprisonnement figure en tête de la liste des peines correctionnelles et apparaît


ainsi comme la première des peines de référence. Si la plupart des délits du Code

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pénal sont punis à la fois d'une peine d'emprisonnement et d'une peine d'amende,
beaucoup de délits extérieurs à celui-ci sont réprimés seulement d'une peine.
Inversement, certains délits encourent uniquement, à titre principal, une peine
d'emprisonnement. C'est le cas, au sein du Code pénal, des infractions d'enlèvement
et de séquestration prévues par les articles 338 et 339 punies exclusivement de dix
ans d'emprisonnement.

Dans certains cas, la peine d'emprisonnement est parfois utilisée par le législateur
d'une manière particulière. Dans des cas où un délit est, initialement, puni d'une peine
d'amende, il arrive que l'emprisonnement soit encouru seulement en cas de récidive.
On trouve des exemples de cette technique en droit pénal du travail.

Le code pénal vise à l’article 33-1 d’autres sanctions limitées à une peine maximale
de 5 ans, il s’agit :

- Suspension de permis de conduire d’un véhicule à moteur,


- Annulation du permis de conduire avec interdiction de solliciter la délivrance
d’un nouveau permis de conduire,
- Retrait définitif ou temporaire de la licence ou l’autorisation administrative
d’exploiter un véhicule à moteur
- Etc.

C- Les peines contraventionnelles

La contravention est une infraction de moindre gravité dont le critère est la peine qui
l'assortit.

Elle doit répondre aux conditions générales de la responsabilité pénale qui


connaissent néanmoins certaines particularités concernant principalement l'élément
légal et l'élément moral ou encore la complicité.

Les peines de police sont l’emprisonnement (1 jours à 1 mois), l’amende (200frs à


20 000frs), la confiscation des objets saisis (art. 1er du code des contraventions).

Paragraphe 2 : classement selon l’objet

A- Les atteintes à l’intégrité de la personne

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La peine peut porter atteinte à l’intégrité corporelle de la personne, à sa liberté et à
l’exercice de certains de ses droits.

1- L’atteinte à l’intégrité corporelle de la personne


De nos jours il ne reste principalement que la peine de mort. Cependant l’histoire
garde en France le souvenir de la marque au fer rouge sur l’épaule de certains
criminels en vue de les reconnaître (les processus de stigmatisation). Et le droit
comparé nous renseigne sur des systèmes comme le droit musulman qui prévoit
l’amputation de la main du voleur ou la lapidation de l’adultère ou comme le droit
français qui prévoit la désintoxication des alcooliques et des drogués.

Le débat est toujours actuel au sujet de la peine capitale entraînant la privation


de la vie et notamment au sujet de sa légitimité. Les arguments pour et contre ne
manquent pas et se valent. En France, depuis la loi du 9 octobre 1981, la peine de
mort est abolie. Au plan international les Nations unies appellent à l’abolition de la
peine de mort. Beaucoup de pays de l’Europe occidentale, de l’Amérique centrale et
du Sud, le Canada, l’ont abolie. D’autres l’ont conservée en droit et en fait et d’autres
seulement en droit comme le Sénégal.
2- L’atteinte à la liberté de la personne
Les atteintes à la liberté de la personne sont de deux ordres, il peut s’agir de peines
privatives ou restrictives de liberté :

- Les peines privatives de liberté. Elles sont nombreuses (les travaux forcés, la
détention criminelle, l’emprisonnement…). Elles se retrouvent pratiquement dans
toutes les infractions mais varient en fonction de leur régime et de leur durée. Elles
constituent la peine par excellence dans un contexte libéral mais elles suscitent de
nos jours un large débat quant à leur utilité (Michel Foncault : Surveiller et Punir ;
Gallimard. La nocuité de la prison. Les délinquants sortent plus corrompus de la
prison et d’autres s’ils ne l’étaient pas le deviennent. D’où le débat sur les substituts
de la prison.
Les peines restrictives de liberté comme l’interdiction de séjour ou bien
l’interdiction du territoire. Il s’agit d’une restriction de la liberté dans l’espace et
nécessairement dans le temps. On range dans cette catégorie le placement en
internat des mineurs, la liberté surveillée mais également le travail d’intérêt (en
France – P.I.G.) lequel restreint la liberté d’activité du condamné. En droit

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sénégalais a loi 2003-38 du 29 décembre 2000 modifiant le code pénal et le décret
2001-362 du 4 mai 2001 relatif aux procédures d’exécution et d’aménagement des
sanctions pénales (JORS 23 juin 2001) retiennent aussi le travail d’intérêt général
comme peine une peine alternative au même titre que les peines restrictives ou
privative de droits.
On peut également citer l’interdiction de séjour, le retrait de passeport.

3- L’atteinte à l’exercice de certains droits de la personne


Ce sont des sanctions privatives de droits qui portent atteinte au patrimoine de la
personne. Cette dernière est alors frappée d’une incapacité d’exercice. Ses biens sont
administrés par un tuteur ou un subrogé tuteur durant tout le temps de la
condamnation (art. 24).

On peut également retenir la dégradation civique qui est une peine infamante prévue
par l’article 27. Elle entraine la privation des droits civils, civiques et politiques.

La personne condamnée peut être frappée d’une incapacité de disposer ou de


recevoir à titre gratuit. On lui interdit de faire son testament ou une donation (art. 29).

Enfin, l’atteinte aux droits de la personne est prévue également par l’article 34 qui
porte sur certains droits civils, civiques et de famille.

B- Les atteintes au patrimoine de la personne


Deux catégories sont généralement distinguées. D’une part la sanction pécuniaire et
les sanctions réelles qui touchent aux choses.

1- La sanction pécuniaire : l’amende


L’amende est l’obligation pour le condamné de payer à l’Etat une somme
d’argent à titre de peine. C’est son caractère répressif qui la distingue des dommages
intérêts qui visent la réparation. Elle est très utilisée et présente l’avantage de réprimer
et de fournir des ressources pour faire face aux dépenses occasionnées par la lutte
contre la délinquance.

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2- Les sanctions réelles
Deux d’entre elles méritent d’être signalées :

* D’une part la confiscation. C’est une peine complémentaire, sauf en matière de


contravention qui consiste dans la main mise de l’Etat sur les biens du condamné à
titre de peine. Elle peut porter sur la chose qui a servi ou était destinée à commettre
l’infraction ou bien encore sur la chose qui en est le produit.

* D’autre part la fermeture d’établissement qui est l’interdiction faite à un établissement


de poursuivre son exploitation. Elle peut être temporaire ou définitive. (exercice illicite
des prix). Elle sanctionne la violation d’une interdiction professionnelle. Avec elle on
enlève au délinquant la possibilité de commettre l’infraction que son établissement
permettait.

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Chapitre 2 : La mesure de sureté


Elle vise à prévenir les atteintes à l’ordre social. La mesure de sureté s’impose à
certains individus jugés dangereux en considération de leur état.

Section 1 : La détermination de la mesure de sureté

C’est à travers de ses caractères et de son objet que la mesure de sureté se distingue
de la peine.

Paragraphe 1 : Distinction des peines et des mesures de sûreté

A- Caractères distinctifs entre les peines et les mesures de sûreté


1- Nature préventive de la mesure de sûreté

La distinction entre les peines et les mesures de sûreté puise ses origines dans la
doctrine positiviste. Cette école soulignait le déterminisme qui scellait le parcours
vers la délinquance des criminels. Soucieux de réduire la criminalité et de faire
échec à la récidive, les auteurs positivistes proposaient d'abandonner le concept
de peine au profit des mesures de sûreté. Ces mesures doivent se détacher de
toute référence à la faute du délinquant, celui-ci étant présumé irresponsable.
Plutôt que d'orchestrer la réponse répressive autour des idées de rétribution et
d'imposer une souffrance, la mesure de sûreté privilégie la protection de l'ordre
social grâce à la neutralisation des individus considérés comme dangereux.

Parce qu'elle apparaît comme une mesure de protection sociale contre les actes
criminels, guidée par l'état de dangerosité des délinquants, la mesure de sûreté
présente des critères de distinction avec les peines.

D'un point de vue théorique, la mesure de sûreté est considérée comme une
sanction préventive. Elle doit empêcher le délinquant de commettre une nouvelle
infraction. La mesure de sûreté est, de façon exclusive, tournée vers l'avenir. Ces
traits particuliers l'opposent à la peine qui poursuit un double mission, préventive
certes, mais à l'évidence aussi, répressive. La peine s'attache au passé comme à
l'avenir. Principalement parce qu'elle ne regarde pas la situation passée, la mesure
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de sûreté est dépourvue de connotation rétributive ou d'effet intimidant. Sans doute
peut-elle être vécue comme telle lorsqu'elle frappera le condamné dans sa liberté
ou dans ses droits, mais elle demeure dominée par la prise en compte de l'état de
dangerosité du délinquant. Elle n'est pas influencée par la faute qu'il a pu
commettre. L'état dangereux est apprécié, en effet, distinctement de l'infraction
commise et sans égard à la culpabilité du délinquant. Sans doute aussi la mesure
de sûreté peut-elle être éliminatoire à l'instar de la peine, mais le parallèle n'est que
partiel. L'élimination de l'individu par le biais d'une mesure de sûreté peut survenir
avant la commission d'une infraction, tandis que l'élimination générée par une peine
interviendra une fois l'infraction réalisée, en toute hypothèse après reconnaissance
de la culpabilité du délinquant.

2- Application immédiate des mesures de sûreté

La mesure de sûreté présente un autre trait distinctif des peines. Son rattachement
à l'état de dangerosité de l'individu ne permet que très imparfaitement de fixer sa
durée à l'avance. Aussi, c'est le principe de l'indétermination de la durée des
mesures de sûreté qui prévaut. Sur d'autres plans, la mesure de sûreté fait toujours
preuve de particularisme. Elle ne se soumet pas au principe de la non-rétroactivité
des lois pénales. Le but préventif de la mesure de sûreté milite indubitablement
pour son application immédiate.

B- Éléments de rapprochement entre les peines et les mesures de sûreté


1- Respect des principes de légalité, de personnalité et d'égalité de la
sanction

En dépit de l'exposé de leurs différences, les peines et les mesures de sûreté


exhibent des caractéristiques communes.

Les principes de légalité, de personnalité et d'égalité participent en premier lieu à


ce rapprochement. Le respect du principe de légalité concerne les mesures de
sûreté sans qu'il y ait lieu de les distinguer des peines. Le juge ne peut donc
appliquer une mesure de sûreté qu'en se référant aux dispositions légales en
vigueur.

Le principe de personnalité de la sanction est aussi censé imprimer le prononcé


d'une mesure de sûreté.

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Le principe d'égalité se retrouve, de son côté, dans le but unique poursuivi à la fois
par la peine et par la mesure de sûreté. L'une et l'autre s'inscrivent dans un
processus de réadaptation du condamné. La réalisation de cet objectif s'accomplit
sur une base égalitaire que la diversité des moyens employés pour y parvenir ne
vient pas rompre.

2- Respect de la dignité de la personne humaine

La prise en compte de la dignité de la personne humaine est, en deuxième lieu, un


élément fédérateur des peines et des mesures de sûreté. L'intensité des
traitements autorisés par le législateur ne doit pas dépasser le seuil d'un procédé
considéré comme dégradant. Des interventions telles que la castration, la
lobotomie ou la stérilisation ne sont pas autorisées au titre de mesure de sûreté.
Les interventions se limitent à des actes thérapeutiques légers (cures de
désintoxication pour les toxicomanes, par exemple). Cette prise en compte
universelle du respect dû à la personne est d'ailleurs aujourd'hui très largement
vérifiée par les différentes Cour et organisations intervenant dans la défense des
droits de l'homme. Une mesure, quelle que puisse être sa nature, ne doit pas
heurter les dispositions de l'article 3 de la Convention européenne des droits de
l'homme ou la Charte africaine des droits de l’homme interdisant la torture, les
traitements inhumains ou dégradants.

3- Nécessité ou non d'une infraction préalable à l'application d'une peine ou


mesure de sûreté

La question de la nécessité d'une infraction préalable peut sembler, en troisième


lieu, moins révélatrice d'une analogie entre les peines et les mesures de sûreté.
Mais pourtant, là encore, le rapprochement peut s'opérer. Il est évident qu'une
peine ne saurait être prononcée en l'absence d'une infraction préalable, tandis
qu'une mesure de sûreté a, par nature, vocation à intervenir ante delictum. Le droit
sénégalais ne déroge pas à ce principe en légitimant les mesures de
désintoxication prises. Mais de telles hypothèses d'interventions antérieures à la
commission d'une infraction demeurent limitées. Le plus souvent, en réalité, le lien
entre l'infraction et la mesure de sûreté existe. Lorsqu'il n'apparaît pas franchement,
le législateur se satisfait d'une infraction mineure pour justifier une mesure de
sûreté.
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En somme, il convient d’abord de souligner que la mesure de sureté se distingue de
la peine en ce sens qu’elle n’a aucun caractère afflictif ou infamant. Elle vise
uniquement à combattre l’état dangereux de certaines personnes par la rééducation
ou la protection.

Elle se distingue également de la peine relativement à la durée maximum de la mesure


qui est fixée par la loi. Mais le juge peut reconduire cette durée s’il l’estime nécessaire.

La juridiction ayant prononcée la mesure de sureté, contrairement à celle ayant


prononcée la peine, n’est pas dessaisie. Elle peut modifier la mesure ou la substituer
à une autre sanction.

Paragraphe 2 : L’objet de la mesure de sureté

La mesure de sureté n’a qu’une finalité préventive. Elle vise à éviter la commission de
l’infraction ou la récidive. Cette prévention est assurée par le moyen de la surveillance
de la personne ou de l’application de mesures de rééducation, d’assistance ou de
protection de la personne.

Section 2 : les formes de la mesure de sureté

Elle concerne les mesures d’assistance, de protection et de rééducation. Pour les


mineurs, elle est prévue par l’article 507 du code de procédure pénale.

On peut aussi citer les mesures curatives concernant les alcooliques et les
toxicomanes.

Enfin, elle peut être prononcée à titre de sanction principale ou accessoire, ex :


interdiction de séjour, fermeture d’établissement, suspension de permis de conduire,
etc.

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Titre 2 : L’application de la sanction pénale

L’application de la peine au délinquant est dominée par le principe de


l’individualisation de la sanction et son adaptation à la situation de chaque délinquant.
Cela suppose une bonne connaissance du délinquant, une gamme très riche de
sanction et l’attribution au juge de pouvoir importants. C’est l’individualisation judiciaire
qui constitue la véritable individualisation car le juge statue « cas par cas ».
L’individualisation se réalise à plusieurs stades.

Toutefois, la loi offre parfois au juge la possibilité de dispenser le prévenu de


l’application de la peine ou d’ajourner le prononcé de la sentence.

Chapitre 1 : La dispense et l’ajournement

Section 1 : La dispense

La dispense de peine a pour finalité d'éviter qu'un coupable ne se trouve, dans


certaines circonstances, condamné à une sanction. Un tel résultat peut surprendre,
sauf à le considérer comme une manifestation extrême du principe
d'individualisation de la peine. Il est aussi possible d'y entrevoir un mécanisme de
correction de la justice afin d'éviter des condamnations injustes.

Paragraphe 1 : Les conditions de la dispense

Le recours à la dispense de peine n'est possible que dans une série d'hypothèses
déterminées par la loi. Le juge peut dispenser le délinquant de peine dans la
mesure où son reclassement paraît acquis, parce que le dommage causé est
réparé et lorsque le trouble résultat de l'infraction a cessé. Le domaine de la
dispense de peine est en somme très étendu. Toutes les sanctions sont
susceptibles de recevoir une dispense d'exécution, à l'exception notable d'une
pénalité de nature fiscale. La dispense peut être prononcée en matière
correctionnelle ou contraventionnelle. Le juge bénéficie toutefois d'une totale
liberté. Il a la faculté de refuser la dispense alors même que ses conditions sont
réunies.

La dispense de peine exclut l'application de toute peine, en dépit de la déclaration


de culpabilité de l'auteur de l'infraction. Cet évanouissement de la peine s'étend

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aux dispositions prévoyant des interdictions, déchéances ou incapacités qui
résulteraient de plein droit d'une condamnation, quelle que soit leur nature.

Paragraphe 2 : Les effets de la dispense

Les effets de la dispense de peine se heurtent à sa nature. Comme elle ne


correspond en aucun cas à une relaxe du délinquant, ce dernier devra s'acquitter
du paiement des frais du procès, et elle n'empêche pas la juridiction de se
prononcer sur l'exercice de l'action civile. La décision est, pour les mêmes raisons,
retranscrite au casier judiciaire de l'individu concerné. Toutefois, le juge peut
décider d'exclure toute mention. Elle n’exclut pas aussi toute mesure de
confiscation des objets dangereux ou nuisibles cette confiscation trouve sa
légitimité, car elle constitue une mesure de sûreté à caractère réel. Cependant,
cette limite à l'exclusion de toute sanction tombe lorsque la confiscation s'assimile
à une peine

Section 2 : L’ajournement

Paragraphe 1 : Les différents modes d’ajournement

L'ajournement est une décision par laquelle la juridiction de jugement diffère le


prononcé de la peine à une date ultérieure (art. 704).

Le législateur a prévu 2 formes d'ajournement : l'ajournement simple et l’ajournement


avec mise à l’épreuve

L’ajournement simple n’appelle pas beaucoup de commentaires. La loi précise que le


tribunal doit fixer dans son jugement la date à laquelle il va statuer sur la peine. A
l’audience de renvoi, le tribunal peut également ajourner une nouvelle fois le prononcé
de la peine. Mais dans cette dernière hypothèse, il devra indiquer dans sa décision
que la peine sera prononcée au plus tard un an après la décision du premier
ajournement.

Quant à l’ajournement avec mise à l’épreuve, il est décidé par la juridiction de


jugement. Il ne peut s'agir du tribunal de police parce que cette mesure est exclue en
matière de contraventions. Il ne peut non plus s'agir de la cour d'assises. Il en va ainsi
en premier lieu parce que l'ajournement n'est possible qu'en matière correctionnelle.
De plus, la juridiction correctionnelle n'a nullement l'obligation de prononcer
l'ajournement avec mise à l'épreuve quand bien même ses conditions seraient réunies
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Le délai d’épreuve ne peut être supérieur à un an. Il est assorti de certaines mesures
de contrôle et d’assistance auxquelles est soumis le prévenu.

Bien que l'ajournement concerne une personne qui a encore le statut de prévenu,
puisqu'il n'est pas encore statué, par hypothèse, sur la peine, c'est le juge de
l'application des peines qui est compétent pour le contrôler tout le temps de la mesure.
Si le prévenu ne se conforme pas aux mesures de contrôle et d’assistance, le JAP
saisit la juridiction qui a prononcé l’ajournement.

Paragraphe 2 : Les conditions du prononcé de l’ajournement

Trois conditions doivent être réunies pour que l’ajournement puisse être prononcé. Il
faut que :

- Le prévenu soit présent à l’audience : cette mesure ne peut être prise que si
le prévenu est présent à l'audience. Cette règle est d'ordre public et « la
décision qui la méconnaît est entachée de nullité » (Crim. 22 mai 1986, Bull.
crim. no 166. - 25 févr. 1992, no 91-84.063, Bull. crim. no 84 ; Dr. pénal 1992,
no 192). Elle s'impose aussi lors de la seconde audience prononçant la peine
(Crim. 11 mars 2009, no 08-84.513, Dr. pénal 2009, no 75, p. 24, obs.
Véron). Il en découle d'ailleurs que le jugement qui prononce l'ajournement
est par hypothèse toujours contradictoire. Il en va de même du second
jugement qui prononce ensuite la peine, quand bien même le prévenu ne se
présenterait cette fois pas à l'audience (Crim. 14 juin 1983, Bull. crim.
no 180 ; JCP 1983. IV. 268 ; JCP 1985. II. 20447, note Chambon). Du fait de
la présence du prévenu à la première audience lors de laquelle la date de la
seconde avait par hypothèse été fixée, il ne serait ensuite pas même
nécessaire de procéder à une citation (Crim. 22 oct. 1986, Bull. crim. no 298.
- 4 nov. 1988, ibid. no 370), à moins que la juridiction ne statue alors pour la
première fois sur l'action civile (Crim. 7 févr. 1996, no 95-82.546, Bull. crim.
no 63).

A cet effet, la Cour de cassation française a rappelé dans un arrêt récent le


principe posé à l'article 132-60 du code pénal, selon lequel l'ajournement du
prononcé de la peine ne peut être ordonné qu'en présence du prévenu
(Crim. 24 mars 2015, no 14-84.836, AJ pénal 2015. 558, obs. J. Lasserre
Capdeville).
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- Le reclassement du prévenu soit en voie d’être opéré : La juridiction de
jugement doit vérifier en premier lieu que le « coupable » est en voie de
reclassement. La notion de reclassement, quelque peu dépassée en droit de
l'exécution des peines, correspond à celles, plus modernes, de réinsertion ou
de resocialisation. Il s'agit donc pour la juridiction de jugement d'observer que
la situation sociale et professionnelle du prévenu a évolué favorablement
depuis la commission de l'infraction.
- Le trouble résultant de l’infraction ait cessé : la juridiction de jugement doit
vérifier si le trouble causé par l'infraction a cessé. Cette condition, quoique
autonome par rapport aux deux précédentes, leur est nécessairement liée : il
va de soi que le trouble n'aura pas cessé si la resocialisation du coupable et
l'indemnisation de la victime ne paraissent pas pouvoir se réaliser
Ces conditions sont cumulatives. Ce n'est pas leur réunion effective qu'il est
demandé à la juridiction de vérifier, mais le point de savoir si elles sont « en voie
d'être acquises. Cette formulation est quelque peu floue et laisse une liberté
d'appréciation certaine à la juridiction du fond. Le code pénal n'indique pas sur qui
pèse la charge de la preuve de la réunion de ces conditions. Il se borne à énoncer
que la décision doit être prise s'il apparaît qu'elles le sont. Selon la jurisprudence,
la juridiction du fond n'a donc pas à s'expliquer sur les raisons qui lui ont permis de
prononcer l'ajournement, dès lors qu'il leur suffit de constater qu'il leur apparaît que
cela est possible (Crim. 18 mai 2004, no 04-80.109, Bull. crim. no 122 ; Dr. pénal
2004. Comm. 139 ; RSC 2004. 874, obs. Vermelle). Il va cependant de soi que la
participation active du prévenu à leur établissement ne peut que le servir, la
décision d'ajournement avec mise à l'épreuve lui étant par nature favorable, même
si elle comporte un contrôle et des obligations.

Aussi bien pour l’ajournement simple que pour l’ajournement avec mise à l’épreuve,
la décision prononçant la peine doit intervenir dans le délai d’un an.

Enfin, l’ajournement ne peut être prononcé en cas de récidive, de crime, de délits


portant sur détournement de deniers publics, pédophilie, attentat à la pudeur, etc.

Chapitre 2 : L’exécution de la peine

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Section 1 : L’atténuation de la peine

Paragraphe 1 : les excuses atténuantes

A- L’excuse de minorité
Le mineur de moins de 18 ans voit sa responsabilité pénale engagée de façon
multiforme. En effet, la loi distingue le mineur de 13 ans du mineur de moins de 13
ans. Ce dernier est considéré comme étant pénalement irresponsable et ce sont des
mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation qui lui sont
appliquées.

Quant au mineur de plus de 13 ans, il peut faire l’objet des mesures précitées mais le
juge peut lui appliquer la peine en raison des circonstances et sa personnalité.
Toutefois, les articles 52 et 53 du CP précisent que la peine qui lui est appliqué doit
être inférieure à celle qu’on applique au majeur :

- Peine de travaux à perpétuité, on lui applique 10 à 20 ans,


- Peine de travaux forcés à temps, on lui applique une peine d’emprisonnement
égale à la moitié au plus de celle qu’il aurait dû normalement purger,
- Peine correctionnelle ou contraventionnelle, on lui applique la moitié au plus de
celle qu’il devait s’il avait été majeur.
B- L’excuse de provocation
Il faut nécessairement une faute du provocateur et du provoqué. La responsabilité de
ce dernier est atténuée par la faute du premier.

L’excuse de provocation est prévue par les articles 309 à 314 du CP. Selon la Cour
de cassation français, la provocation doit s'entendre comme « tous faits accomplis
volontairement dans le but d'irriter une personne et venant par suite expliquer et
excuser les propos injurieux qui lui sont reprochés ». Elle résulte de toute parole ou
tout écrit, tout acte ou toute attitude de nature à justifier ou même expliquer l'injure. La
provocation est de nature à atteindre l'auteur du délit ou de la contravention, soit dans
son honneur ou sa considération, soit dans ses intérêts pécuniaires ou moraux.

En droit sénégalais, la loi établit une liste limitative des infractions excusables :

- Meurtre et coups et blessures provoqués par les coups violents envers la


personne,
- Castration provoquée par un ouvrage violent à la pudeur,
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- Meurtre et coups et blessures commis pour repousser pendant le jour
l’escalade ou l’effraction des clôtures, murs ou entrée d’une maison,
- Meurtre commis par l’un des conjoints sur l’autre ainsi que sur le complice à
l’instant où il les surprend en flagrant délit d’adultère.
Toutefois, l’excuse de provocation est exclue dans l’hypothèse où le meurtre est
commis entre époux en dehors de l’adultère. Il en est de même en matière de
parricide.

Au regard de cette liste, on retient pour que l’excuse de provocation soit retenue, il
faut que la provocation soit injuste et que la riposte soit immédiate. Cette immédiateté
de la riposte montre le trouble causé par la provocation. Autrement, la riposte serait
purement considérée comme une vengeance.

Elle est à distinguer de la légitime défense car ici, le législateur n’exige pas que la
riposte soit proportionnée à l’attaque. L’infracteur peut causer plus de mal qu’il n’était
nécessaire pour se défendre.

Lorsqu’elle est retenue, l’excuse de provocation permet d’abaisser la peine (art. 314
CP) :

- Travaux forcés à perpétuité, on applique 2 à 10 ans,


- Peine criminelle à temps, on applique 2 à 5 ans,
- Peine correctionnelle, on applique 1 mois à 1 an.
Paragraphe 2 : les circonstances atténuantes

A- Domaine
Elles sont applicables aux crimes, délits et contraventions (432 et 433 CP) sauf pour
les infractions jugées graves : torture, barbarie ayant entrainé mort de la victime,
séquestration d’otages suivie de mort de la victime, vols avec violence.

L’application de circonstances atténuantes est parfois conditionnée pour certaines


infractions fiscales ou douanières notamment, ex en cas de détournement, le juge ne
peut accorder de réduction de peine que si l’infracteur procède au remboursement ou
à la restitution des deniers détournés avant le jugement.

B- Effets
Elles entrainent la réduction de la peine :

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Peine criminelle :

- Peine de travaux forcés à perpétuité, on applique travaux forcés à temps de 10


à 20 ans ou travaux forcés à temps de 10 à 5 ans,
- Peine de travaux forcés à temps de 10 à 20 ans, on applique travaux forcés à
temps de 10 à 5 ans,
Peine correctionnelle :

- Peine supérieure à 5 ans, on applique 2 ans au moins


- Peine inférieure ou égale à 5 ans, on applique une peine réduite même au-
dessous d’un mois (max contraventionnel),
- Peine d’amende supérieure à 20. 000 francs, on applique une peine qui peut
être au-dessous de 20.000 francs
- Si peine d’emprisonnement et d’amende, le juge peut appliquer l’une ou l’autre
et même substituer l’amende à l’emprisonnement.
Peines accessoires :

- Si diminution peine principale, la peine accessoire disparait. Ex, peine


perpétuelle attaché de peine accessoire de disposer et de recevoir à titre
gratuit.
Section 2 : L’aggravation de la peine

Il existe deux catégories de circonstances aggravantes :

Les circonstances aggravantes dites spéciales qui sont dénommées ainsi parce
qu’elles ne s’appliquent que si un texte particulier d’incrimination les prévoit. Certaines
sont dites « réelles » ou objectives, c'est-à-dire en relation avec la commission de
l’infraction indépendamment de son auteur (bande organisée, réunion, guet-apens,
usage d’une arme, effraction, escalade…). D’autres sont dites « personnelles » ou
subjectives, c'est-à-dire liées à la personnalité de l’auteur de l’infraction, à sa qualité
propre (par exemple les liens existant entre l’auteur et sa victime). D’autres encore
sont dites mixtes car elles relèvent des deux catégories à la fois (préméditation, motif
raciste, personne chargée d’une mission de service public agissant dans l’exercice de
ses fonctions…).

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Certaines infractions voient par ailleurs leurs peines spécialement aggravées
lorsqu’elles sont commises habituellement ou concomitamment à d’autres
(paragraphe 2).

Une autre circonstance aggravante dite générale puisqu’il n’est besoin d’aucun texte
d’incrimination particulier pour que les peines encourues soient aggravées. La
principale circonstance aggravante générale connue par notre droit est la récidive.
Elle consiste à sanctionner plus sévèrement celui qui, ayant été définitivement jugé et
condamné pour une première infraction, en commet néanmoins une seconde
(paragraphe 1).

Paragraphe 1 : La récidive

La récidive est l'état de l'individu qui, après avoir été définitivement condamné pour
une première infraction, en commet une nouvelle dans les conditions fixées par la loi.
La récidive légale se distingue ainsi de la simple réitération d'infractions, situation dans
laquelle un délinquant, après une première condamnation définitive, commet une
nouvelle infraction sans que soient pour autant constitués les éléments légaux de la
récidive.

A- Les conditions d’existence de la récidive


Par sa définition même, la récidive implique une condamnation antérieurement
prononcée contre celui qui comparaît à nouveau devant la justice pénale : cette
condamnation forme le premier terme de la récidive (1°). Elle suppose ensuite une
rechute, c'est-à-dire une infraction commise postérieurement à cette condamnation :
c'est le second terme de la récidive (2°).
1° : Premier terme de la récidive
Le premier terme de la récidive doit être une condamnation pénale définitive
prononcée par une juridiction sénégalaise.
Une infraction ne saurait, en elle-même, constituer un premier terme de la récidive.
Encore faut-il qu'il s'agisse d'une condamnation et, plus précisément, d'une
condamnation pénale.

En deuxième lieu, la condamnation doit être définitive. En effet, pour servir de premier
terme à la récidive, la condamnation pénale antérieure doit être définitive au jour où
la deuxième infraction est commise. Si cette condition n'est pas remplie, on se trouve

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en présence non pas d'une récidive mais d'un concours réel d'infractions. À l'appui de
l'exigence d'une condamnation définitive, on fait remarquer que la volonté du
législateur est de n'appliquer l'aggravation due à la récidive qu'après que l'individu a
au préalable reçu un avertissement suffisamment solennel. Or un tel avertissement
ne saurait résulter d'une condamnation non définitive.

L'exigence, comme premier terme de la récidive, d'une condamnation ayant au sens


technique, le caractère d'une peine, conduit logiquement à exclure les sanctions
simplement administratives.
En dernier lieu, la condamnation doit être prononcée par une juridiction sénégalaise.
Les condamnations prononcées par les juridictions étrangères ne sont pas prises en
compte au nom du principe de la territorialité de la loi pénale.
2° : Second terme de la récidive
Le second terme de la récidive est constitué non pas par une condamnation, mais par
une infraction commise postérieurement. Cette nouvelle infraction doit remplir les
conditions d'ordre général indiquées à propos du premier terme : il faut qu'elle émane
d'une juridiction sénégalaise qui peut être une juridiction de droit commun ou une
juridiction spécialisée.

Le second terme n’est pas constituée si la nouvelle infraction n’est que le


prolongement ou la conséquence de la première, ex : une personne condamnée à
une peine d’emprisonnement qui s’évade.

B- Domaine d’application de la récidive


1° : Récidive de crime à crime (art. 42 CP)
C'est la "grande récidive criminelle" de l'article 42 du CP. Elle s'applique à l'individu
qui, condamné une première fois pour un crime commet postérieurement un autre
crime. Les termes, les caractères et les effets de cette récidive dénotent sa particulière
gravité. Peu importe la nature du second crime, la récidive est retenue. On dit qu’elle
est générale. Il n'est donc pas nécessaire que les deux infractions successives aient
une quelconque similitude. N'importe quel crime peut constituer le second terme de la
récidive et l'aggravation s'applique même si l'une des infractions est de nature
politique et l'autre de droit commun.
Elle a aussi un caractère perpétuel en ce sens que l’aggravation est admise quel que
soit le délai écoulé entre la première et la seconde infraction.

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Lorsqu’elle est retenue, le délinquant est passible du double de la peine pour la
seconde infraction, ex : pour des travaux forcés de 5 à 10, l’infracteur encourt une
peine de travaux forcés de 10 à 20 ans.

2° : Récidive de crime à délit (art. 43 CP)


La récidive énoncée par l'article 43 du Code pénal vise l'individu qui, après avoir été
condamné pour crime commet dans un délai de 5 ans, un nouveau délit.
Contrairement à la récidive de crime à crime, elle est temporaire et limitée dans le
temps. Le délai de 5 ans commence à courir à l’expiration de l’exécution de la
condamnation ou de sa prescription. Toutefois, à l'instar de la récidive prévue par
l'article 42 du code pénal, la récidive de crime à délit, est générale, il n'est pas tenu
compte de la différence de nature ou de qualification des deux infractions.
La sanction de la seconde infraction est le maximum de la peine qui peut être portée
au double.
3° : Récidive correctionnelle (art. 44 al. 1 CP)
C’est la "grande récidive correctionnelle" dont le premier terme suppose une
condamnation supérieure à un an d'emprisonnement prononcée pour délit et le
second terme, une peine d'emprisonnement d'une durée quelconque prononcée pour
le même délit ou un crime puni d'une peine d'emprisonnement.
Elle est temporaire et un délai de 5 ans est exigé par la loi entre le premier et le second
terme. Cependant, elle est spéciale, le second terme doit être de même nature que le
premier même si la loi assimile parfois certaines infractions différentes afin de la
caractériser ex, vol et escroquerie, abus de confiance ; vagabondage et mendicité,
etc. Dans ce cas, elle est générale si le second terme est un crime puni de peine
d’emprisonnement.

4° : Récidive correctionnelle (art. 44 al. 2 CP)


La "petite récidive", prévue par l’article 44 al. 2 du code pénal permet d'atteindre les
petits délinquants d'habitude qui, condamnés pour de menus délits à des peines
n'excédant pas une année d'emprisonnement, échappaient jusqu'alors à la récidive
correctionnelle et persévéraient dans cette forme de délinquance. Le premier terme

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était constitué par une condamnation ne dépassant pas un an d'emprisonnement, le
second terme supposant un délit identique.
Comme la « grande récidive » elle est temporaire, le délai entre les deux infractions
est de 5 ans. Elle est aussi spéciale car le second terme doit être identique au premier.
Cette spécialité est assouplie par les mêmes assimilations que pour la « grande
récidive ».
Le minimum de la peine applicable est égal au double de la peine prononcée pour la
première infraction mais elle ne soit pas dépasser le maximum de la peine encourue
pour la seconde infraction, ex : premier terme vagabondage puni de 1 à 3 mois,
l’infracteur est condamné à 2 mois, en cas de récidive, le minimum est de 4 mois et le
maximum ne soit pas dépasser 6 mois.
C- Preuve de la récidive

Elle se fait par le billet du casier judiciaire du condamné : Bulletin n° I. Toutes les
infractions s’y trouvent. Seuls les magistrats le consultent – Bulletin n° II beaucoup
d’informations s’y trouvent – on ne le consulte pas sauf magistrats Bulletin n° III. Pas
de problème on le délivre.
Paragraphe 2 : Cumul réel d’infractions

Il y a concours réel (matériel) d’infractions lorsque plusieurs infractions ne sont pas


séparées les unes des autres par une condamnation définitive.

Cette situation est à distinguer du concours de qualification : c’est lorsque un même


fait est susceptible de plusieurs qualifications, on parle de cumul idéal. Dans ce cas,
la solution retenue est que l’on retient la qualification la plus élevée.

Le cumul réel d’infractions est également à distinguer aussi du cumul juridique,


technique par laquelle le législateur permet de regrouper deux infractions différentes
afin de n’en retenir qu’une qualification différente des infractions commises, ex vol
avec effraction (art. 368 al. 1 CP).

A- Domaine
Elle ne s’applique pas en matière criminelle ou délictuelle sauf en matière d’évasion
où l’article 215 du code pénal précise que la peine applicable se cumule avec
l’infraction qui a entrainé l’évasion.

En matière contraventionnelle, les peines sont cumulables.


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S’agissant des peines, la règle est le non cumul des peines principales aux peines
accessoires qui leur sont attachées. Toutefois, cette règle ne s’applique pas aux
peines complémentaires, tout comme aux amendes fiscales ou douanières.

B- Mise en œuvre
Deux situations sont à distinguer :

- En cas de concomitance de découverte des infractions en concours, une seule


poursuite est dirigée contre l’infracteur. Malgré que sa culpabilité soit retenu sur
chaque infraction, il ne pourra faire l’objet que de la seule peine attachée à la
sanction la plus grave ;
- Dans l’hypothèse où plusieurs poursuites sont exercées, que plusieurs
déclarations de culpabilité soient établies au fil du temps et que plusieurs
peines soient prononcées, le juge ne peut dépasser le maximum de la peine la
plus grave.
Dans ce cas, on parle de confusion des peines et elle s’applique
obligatoirement au juge dès l’instant que les peines prononcées sont de nature
différente. Lorsque les peines sont de même nature, elle s’applique si l’addition
des peines excède le maximum de la peine la plus forte, ex une personne
condamnée pour vol à une peine de 4 ans et à une peine de 2ans pour
vagabondage verra sa peine réduite à 5 ans qui est le maximum de la peine
applicable en cas de vol.

Titre 3 : Suspension et extinction de la sanction pénale

Chapitre 1 : Suspension de la sanction pénale

Section 1 : Le sursis simple

Paragraphe 1 : Conditions

A- Conditions liées à la personne


Pour bénéficier du sursis, le délinquant ne doit pas avoir été condamné par une
juridiction sénégalaise.

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Pour les personnes physiques, en matière criminelle, correctionnelle ou
contraventionnelle, l’individu doit ne pas avoir été condamné pour crime ou délit de
droit commun à une peine de travaux forcés, de détention criminelle ou
d’emprisonnement (art. 704 CPP).

Le sursis ne peut être prononcé que pour les infractions punies d’emprisonnement ou
d’amende. Lorsque la juridiction veut accorder le sursis pour une autre peine que
l’emprisonnement, il faut en outre que le prévenu n’ait pas été condamné à une peine
de ce type, avec ou sans sursis.

Cependant, celle-ci peut décider que le sursis va s’appliquer qu’à une partie de la
peine dont il détermine la durée, ex : peine d’emprisonnement de 5 ans assortie d’un
sursis de 2 ans.

B- Conditions liées à la condamnation


Pour les personnes physiques, en matière criminelle et correctionnelle, le sursis est
simplement applicable: à l’emprisonnement de cinq ans au plus, à l’amende, sauf si
elle a un caractère mixte de peine et de mesure de réparation.

Il est accordé par toutes juridictions répressives de jugement. Cependant, il est


facultatif, le juge n’est pas tenu de l’accorder. S’il décide de l’accorder, il est tenu à
l’obligation de motiver sa décision sauf s’il s’agit d’une cour d’assises. Dans ce dernier
cas, la cour d’assises doit informer le délinquant que la commission d’une nouvelle
infraction dans le délai de 5 ans entraine la révocation du sursis et que la peine non
exécutée le sera sans confusion avec celle prononcée pour la seconde infraction,
laquelle pourra constituer le second terme de la récidive.

Toutefois, le droit sénégalais prévoit des cas dans lesquels le juge ne peut prononcer
le sursis. Il en est ainsi en matière d’homicide ou blessures volontaires accompagnés
du délit de fuite, de l’attentat à la pudeur, de l’avortement commis par un médecin, du
viol, du détournement de deniers publics, de vols aggravés, etc.

Le juge ne peut non plus accorder le sursis en cas de récidive.

Paragraphe 2 : Effets

A- Dispense d’exécution

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Que le sursis soit total ou partiel, la suspension de l’exécution de la peine est
immédiate, entraînant la mise en liberté de la personne condamnée à une peine
d’emprisonnement avec sursis. Si l’exécution de la peine est suspendue, la
condamnation demeure avec toutes ses conséquences:

- inscription de la condamnation au bulletin no 1 du casier judiciaire et, sauf


dispense de mention décidée par le juge, au bulletin no 2;
- possibilité pour la condamnation de constituer le premier terme d’une récidive;
- application des incapacités, interdictions et déchéances résultant de plein droit
de la condamnation;
- obligation de s’acquitter des dommages-intérêts dus à la partie civile.
La dispense est conditionnée à l’absence de «rechute» du délinquant pendant un délai
d’épreuve. Ce délai court à compter de la date où la condamnation devient définitive.

B- Révocation du sursis
En cas de nouvelle condamnation à une peine de réclusion ou d’emprisonnement
ferme, le tribunal pourra, par décision spéciale, ordonner la révocation, totale ou
partielle, du sursis antérieurement accordé, quelle que soit la peine qu’il ait
accompagnée (art. 705 al.1 CPP). Si le tribunal prononce une nouvelle condamnation
à une peine autre que la réclusion ou l'emprisonnement ferme, il pourra également
ordonner la révocation, totale ou partielle, du sursis antérieurement accordé, dès lors
qu’il accompagnait une peine autre que la réclusion ou l’emprisonnement.

Le condamné devra en principe exécuter la première et la deuxième peine (aggravée


le cas échéant du fait de la récidive).

C- Absence de révocation
Si pendant le délai de 5 ans le délinquant n’a pas fait l’objet de condamnation, il est
définitivement dispenser de purger la peine.

La condamnation principale devient non avenue et es peines accessoires et


complémentaires cessent de produire effet.

Si le sursis avait été prononcé pour une partie de la peine, la condamnation devient
sans objet dans tous ses éléments. L’article 705 dispose à cet effet que si le sursis ne
concernait que l’emprisonnement, l’amenda reste due et que s’il ne concernait que
l’amende, la partie non concernée reste due.

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Section 2 : Le sursis avec mise à l’épreuve

Constituant un perfectionnement du sursis simple, il consiste, comme ce dernier, en


une dispense d'exécution de tout ou partie de la peine prononcée mais s'en distingue
en ce que le condamné devra respecter des obligations fixées par la juridiction
pendant un certain laps de temps. Il s'agit donc d'une mesure favorable mais qui
repose sur les capacités d'amendement du condamné, ce qui a pour conséquence
que ce dernier pourra en perdre l'avantage et devoir exécuter sa peine soit s'il est
condamné pour une infraction commise au cours du délai de mise à l'épreuve, soit s'il
a méconnu une des obligations de celle-ci.

Paragraphe 1 : Conditions

La détermination du domaine d'application du sursis avec mise à l'épreuve conduit à


en présenter les conditions légales qui sont, les unes, relatives au condamné (A), les
autres, relatives à la condamnation (B).

A - Conditions relatives au condamné

Seules les personnes physiques sont susceptibles de se voir appliquer le sursis avec
mise à l'épreuve, ce qui se comprend aisément en raison du fait que ce dernier ne
peut porter que sur la peine d'emprisonnement, qui, par nature, est inapplicable aux
personnes morales.

Contrairement au sursis simple, la loi ne fait pas référence au passé pénal de l’agent
(art. 707 al. 1 CPP).

B - Conditions relatives à la condamnation

Le sursis avec mise à l’épreuve est applicable en cas de condamnation prononcée en


matière correctionnelle. En effet, l'article 707, al. 2 CPP dispose qu'il est applicable à
la peine d'emprisonnement n’excédant pas 3 ans. Son domaine est donc large mais
en sont néanmoins exclues, d'une part, les condamnations pour contraventions,
d'autre part, celles pour des infractions ne relevant pas du droit commun.

L'octroi du sursis avec mise à l'épreuve ne dépend pas de la peine encourue mais de
la peine prononcée. En règle générale, la juridiction peut prononcer un sursis avec
mise à l'épreuve si elle condamne l'auteur de l'infraction à un emprisonnement d'une

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durée maximum de 3 ans. Ainsi, les décisions qui en assortissent une peine plus
longue encourent donc la cassation, que le sursis soit total ou partiel.

Cependant, le juge peut limiter l’application du sursis avec mise à l’épreuve à une
partie de l’emprisonnement dont il doit déterminer la durée.

La décision de recourir au sursis avec mise à l'épreuve appartient naturellement à la


juridiction de jugement qui dispose donc de pouvoirs étendus, notamment pour
déterminer les contours de l'épreuve imposée au condamné.

Les textes relatifs au sursis avec mise à l'épreuve n'imposent en aucun cas aux juges
de prononcer ce dernier puisque la loi leur donne seulement un pouvoir. Il s'agit donc
d'une faculté qui leur est offerte dans le cadre des prérogatives qu'ils possèdent au
titre de la personnalisation de la peine, laquelle est bien, en revanche, un devoir.

Toutefois, la loi interdit le prononcé du sursis lorsque l’infraction porte sur les délits
suivants : détournement, délits douaniers, pédophilie, viol, attentat à la pudeur, délits
relatifs aux stupéfiants.

Paragraphe 2 : Effets

La mise à l'épreuve comporte essentiellement deux séries de mesures, les premières


visant à contrôler le condamné (art. 707-5 CPP) alors que les secondes consistent à
le soumettre à certaines obligations qui sont répertoriées à l’art. 707-6 CPP. Le
législateur prévoit encore que le condamné peut bénéficier de mesures d'aide
destinées à favoriser son reclassement social (art. 707-7 CPP).

Comme le sursis simple, le sursis probatoire suspend l’exécution de la peine. La seule


différence ici est que délinquant n’est pas livré à lui-même. Il est soumis à un contrôle
et doit répondre d’un ensemble d’obligations dont la violation peut entrainer la
révocation du sursis.

La révocation du sursis peut également être prononcée lorsque le délinquant subit


une condamnation à une peine d’emprisonnement sans sursis pour crime ou délit de
droit commun (art. 707 al. 14 et 15 CPP).

Chapitre 2 : Extinction de la sanction pénale

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Section 1 : La prescription

La prescription est un « mode d'acquisition ou d'extinction d'un droit, par l'écoulement


d'un certain laps de temps (d'un délai) et sous les conditions déterminées par la loi ».
Si l'action qui n'est pas exercée dans un certain délai elle ne peut plus l'être après
l'expiration de ce délai. Elle entraine l'irrecevabilité à agir pour le titulaire d'un droit s'il
est resté trop longtemps inactif. Dans ce cas, on parle de prescription extinctive. Elle
se distingue de la prescription acquisitive, pour laquelle l'écoulement d'un délai
provoque l'ouverture de droits (par exemple, la majorité). La prescription extinctive est
une institution qui existe en droit pénal pour l'action publique et pour la peine. Elle est
prévue pour cette dernière par les articles 721 à 725 du CPP.

Paragraphe 1 : Conditions

A- Délai de prescription
La prescription de la peine est la « prescription extinctive applicable à la peine
résultant de la sentence d'une condamnation qui empêche l'exécution de cette peine,
mais ne fait pas disparaître la condamnation. La prescription de la peine est un
principe selon lequel toute peine, lorsque celle-ci n'a pas été mise à exécution dans
un certain délai fixé par la loi à 20 ans pour les crimes, 5 ans pour les délits et 2 ans
pour les contraventions, ne plus être subie.

Le délai commence à courir le jour où la condamnation devient définitive. Il peut être


interrompu par les actes d’interruption tels que l’arrestation, le commandement de
payer une amende. Dans ce cas, un nouveau délai commence à courir.

Le délai peut également être suspendu par des circonstances de droit (ex, pourvoi en
cassation) ou de fait (ex, guerre, inondation). Dans ce cas, le délai continu de courir
dès que l’événement ayant entrainé la suspension prend fin.

B- Sanctions soumises à prescription


La prescription concerne essentiellement l'exécution de la peine, mais elle ne
s'applique pas à toutes les peines prononcées par les juridictions pénales.

Seules les peines susceptibles d'une exécution forcée sont concernées par la
prescription. Puisque la prescription de la peine s'analyse entre autres comme une
sanction de la carence de l'autorité publique chargée de l'exécution des
condamnations, sont donc prescriptibles toutes les peines susceptibles d'un acte

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d'exécution forcée, matériel et positif, sur la personne du condamné ou sur ses biens,
et non les peines qui produisent leurs conséquences du seul fait de leur prononcé.
Cela concerne en pratique deux catégories de peines, les peines principales privatives
de liberté et pécuniaires, et les peines complémentaires et accessoires dès lors
qu'elles sont susceptibles d'un acte matériel d'exécution forcée.

En revanche, les peines privatives de droit ne se prescrivent pas car elles ne peuvent
faire l’objet d’exécution forcée, ex : interdiction de séjour, incapacité… Certaines
peines sont imprescriptibles par l'effet de la loi, ce sont les crimes contre l'humanité.
En effet, les crimes contre l'humanité, tels qu'ils sont définis par la résolution des
Nations unies du 13 février 1946, prenant acte de la définition des crimes contre
l'humanité, telle qu'elle figure dans la charte du tribunal international du 8 août 1945,
sont imprescriptibles par leur nature.

Paragraphe 2 : Effets

Elle dispense l’exécution de la peine. En effet, la prescription de la peine emporte un


effet principal qui est d'empêcher la mise à exécution de la peine, mais elle maintient
la condamnation avec toutes ses conséquences de droit. Toutefois, la condamnation
subsiste et elle est inscrite au casier judiciaire. Elle compte ainsi pour la récidive.

Les sanctions civiles prononcées par jes juridictions pénales ne sont pas concernées
par la prescription, la victime peut conformément à l’art. 725 CPP agir selon les règles
du droit civil.

La prescription de la peine est une institution d'ordre public, parce qu'elle est instituée
dans l'intérêt de la société ; elle opère par le seul effet de la loi, et les décisions qui
constatent que la prescription est acquise ne sont que déclaratives

Section 2 : L’amnistie

C’est une mesure législative qui fait disparaitre l’infraction. Chaque loi d’amnistie se
suffit à elle-même, c’est la raison pour laquelle aucune disposition pénale concernant
l’amnistie ne figure dans le code pénal.

La loi d’amnistie intervient souvent lorsqu’un nouveau président est élu ou pour
apaiser les esprits après une période de troubles.

Paragraphe 1 : Conditions

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Aux termes de l’art. 67 de la Constitution, elle est accordée par l’Assemblée nationale.
Lorsque la loi d’amnistie énumère les infractions concernées sans désigner les
personnes qui en bénéficient, on dit qu’elle a un caractère réel.

En revanche, si elle désigne les bénéficiaires des infractions qu’elle énumère, on parle
de grâce amnistiante. Dans ce cas, les bénéficiaires des infractions seront désignés
par décret. Cette désignation lui confère les caractères d’une grâce mais elle produit
les effets d’une amnistie.

Paragraphe 2 : Effets

Elle fait disparaitre l’infraction. Si elle intervient avant que les poursuites ne soient
engagées, l’action publique est éteinte. Si elle intervient alors qu’une condamnation
n’est pas encore prononcée, l’action publique est éteinte aussi.

Si elle intervient après le prononcé d’une condamnation, celle-ci est rétroactivement


effacée. Dans ce cas, on fait comme si la condamnation n’a jamais été prononcée : la
fiche est retirée du casier judiciaire, la condamnation ne compte plus pour la récidive
et elle ne fait pas obstacle à l’octroi d’un sursis.

En outre, l’amnistie enlève à l’infraction son caractère délictueux. Cependant, la


matérialité des faits subsiste. En conséquence, la victime peut demander la réparation
du préjudice subi d’où la formule souvent rappelée « l’amnistie ne saurait préjudicier
aux droits des tiers ».

Section 3 : La réhabilitation

Elle est prévue aux articles 739 à 754 CPP

Paragraphe 1 : Conditions

Elle peut être judiciaire ou légale et s’applique aux peines correctionnelles ou


criminelles.

Concernant la réhabilitation judiciaire, il faut la réunion de deux conditions :

- Il faut que le condamné ait exécuté sa peine ou qu’il ait bénéficié d’une mesure
de grâce ou de la prescription,
- Il faut l’écoulement d’un délai de 5 ans pour les peines criminelles ou de 3 ans
pour les peines correctionnelles. Le point de départ de ce délai est le jour de

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libération du condamné pour les peines privatives de liberté et pour les peines
d’amende, le jour où la condamnation est devenue irrévocable.
Pour être réhabilité, le condamné doit adresser une demande de réhabilitation au
procureur de la république de son lieu de résidence. La demande peut être formée,
dans l’année de son décès, par son conjoint, ses ascendants ou descendants.

A réception, le procureur diligente une enquête dans les lieux où le condamné a


séjourné afin de se renseigner sur sa bonne conduite. Le dossier est ensuite transmis
au procureur général qui va saisir la chambre d’accusation qui est libre d’accorder ou
de refuser la réhabilitation.

En cas de rejet, aucune autre demande ne peut être formée avant l’expiration d’un
délai de 2 ans.

Concernant la réhabilitation légale, il faut :

- L’écoulement d’un délai de 10 ans pour les condamnations à une peine


d’emprisonnement qui ne dépasse pas 6 mois, il est de 5 ans pour une
condamnation d’amende, il est de 15 ans pour une condamnation ne dépassant
pas 2 ans et de 20 ans pour une peine d’emprisonnement dépassant 2 ans,
- Une absence de condamnation à une peine d’emprisonnement ou une peine
plus grave dans les délais ci-dessus.
Paragraphe 2 : Effets

Qu’elle soit judiciaire ou légale, elle entraine l’effacement de la condamnation qui ne


figure plus aux bulletins 2 et 3 du casier judiciaire. La condamnation ne compte plus
pour la récidive ou l’octroi d’un sursis.

Enfin, elle met fin aux mesures de suretés (art. 754 CPP).

Section 4 : La grâce

Prévue à l’art. 47 de la Constitution, elle relève de la compétence du Président de la


république. La grâce permet d’humaniser la répression et corriger la rigidité des
institutions pénales. Tous les délinquants peuvent en bénéficier qu’ils soient majeurs,
mineurs, primaires ou récidivistes, sénégalais ou étrangers.

Paragraphe 1 : Conditions

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Elle s’applique à toutes les peines principales prononcées par les juridictions
répressives de jugement quelle que soit leur nature (infraction politique, infractions de
droit commun, amende…). Cependant, elle ne s’applique pas aux mesures de
suretés, aux amendes fiscales, aux frais de justices et aux dommages et intérêts.

Elle ne peut intervenir que lorsque la sanction prononcée est devenue définitive et
exécutoire.

Le condamné doit former un recours en grâce adressé au Président de la république


par la voie hiérarchique. La demande est instruite par le parquet et le dossier est
transmis au Ministère de la justice par la direction des affaires criminelles et des
grâces pour étude. La procédure peut être individuelle ou collective.

S’agissant de la procédure individuelle, si la demande concerne l’exécution d’une


peine capitale, le dossier est transmis au Conseil supérieur de la magistrature pour
avis. Mais il appartient au Président de prendre la décision. Si la grâce est accordée,
elle fait l’objet d’un décret.

Concernant la demande collective, elle ne nécessite pas le recours des intéressés.


Elle a lieu à l’occasion de la fête de l’indépendance ou de l’entrée en fonction d’un
nouveau Président de la république. Dans ce cas, elle s’applique aux condamnés qui
remplissent les conditions fixées par le décret de grâce.

Paragraphe 2 : Effets

Elle dispense de l’exécution de la condamnation en totalité ou en partie. Elle peut


remplacer la peine principale par une peine plus douce par le mécanisme de la
commutation de peine.

Toutefois, les peines complémentaires ou accessoires sont exécutées sauf si elles


expressément mentionnées dans le décret.

Contrairement à l’amnistie, la grâce n’efface pas la condamnation qui va continuer à


figurer au casier judiciaire. A cet effet, elle compte pour la récidive et fait obstacle à
l’octroi d’un sursis.

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