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DEUXIEME PARTIE : LES SANCTIONS PENALES

TITRE I : NOTIONS GENERALES SUR LES DIFFERENTES FORMES DE


SANCTION

CHAPITRE I : LA PEINE

Pour bien apprécier le contenu de la notion de peine, il faut mettre en lumière ses fonctions et
ses caractères.

SECTION I : LES FONCTIONS ET LES CARACTERES DE LA PEINE

PARAGRAPHE I : LES FONCTIONS DE LA PEINE

La peine a quatre fonctions.

A- LA FONCTION D’INTIMIDATION

C’est cette fonction qui conduit le législateur à prévoir les peines les plus élevées pour les
actes qui causent le trouble social le plus grave. Ainsi l’empoisonnement, l’assassinat, le vol à
main armée, le parricide, la prise d’otage, l’enlèvement de mineurs sont punis sévèrement.
L’intimidation a une valeur préventive. Le législateur pense que la crainte d’un châtiment
exemplaire est de nature à faire éviter les délinquants éventuels.

B- LA FONCTION DE RETRIBUTION

La société réagit contre le mal causé par l’infraction en infligeant une peine au délinquant. La
peine prononcée est rétribuée en ce sens qu’elle tient compte de la culpabilité du sujet pénal et
du dommage subi par la société.

C- LA FONCTION DE READAPTION

La politique criminelle moderne insiste particulièrement sur cette fonction. Elle signifie que la
peine doit viser l’amendement et le reclassement social du délinquant.
D- LA FONCTION D’ELIMINATION

Les peines d’élimination sont les travaux forcés à perpétuité. Mais il faut remarquer que cette
dernière sanction a perdu son caractère éliminatoire car la liberté conditionnelle peut mettre
fin à la peine perpétuelle qui a été prononcée.

PARAGRAPHE II : LES CARATERES DE LA PEINE

La peine a quatre caractères

A- LE CARACTERE LEGAL

Toutes les peines sont prévues par la loi. Cette règle est commandée par l’art 4 du CP. Mais le
caractère légal de la peine n’exclut pas le pouvoir d’individualisation du juge. Dans le CP, le
juge dispose de larges pouvoirs dans l’application de la sanction pénale.

B- LE CARACTERE EGALITAIRE

La peine est égale pour tous. Cependant il faut bien reconnaître qu’une égalité absolue est
impossible. Par exemple, une peine d’amende ne sera pas ressentie de la même façon par deux
individus qui ont réalisé la même infraction, si l’un est riche alors que l’autre est pauvre.
Autre exemple : lorsque deux individus réalisent une infraction, le juge peut en raison de son
pouvoir d’individualisation, être sévère à l’égard de l’un et être indulgent à l’égard de l’autre.

C- LE CARACTERE PERSONNEL DE LA PEINE

La peine concerne le délinquant. Elle ne saurait atteindre les tiers.


Mais la réalité est bien souvent différente. Les peines, en fait, ne sont pas personnelles elles
peuvent rejaillir sur l’entourage.
Par exemple, les peines pécuniaires et l’emprisonnement ont toujours des répercussions sur la
famille.
D- LE CARACTERE SANCTIONNATEUR DE LA PEINE

La peine est un châtiment, car elle est ressentie par l’individu comme une souffrance, une
privation. Elle constitue également un blâme officiel, en ce sens qu’elle désigne le condamné
à a réprobation publique.

SECTION II : LES DIFFERENTES PEINES PREVUES PAR LA LOI

PARAGRAPHE I : LES PEINES CRIMINELLES, CORRECTIONNELLES OU


CONTRAVENTIONNELLES

A- LES PEINES CRIMINELLES

La loi vise les travaux forcés, la détention criminelle et la dégradation civique (art 7 et 8 CP).

B- LES PEINES CORRECTIONNELLES

L’article 9 vise l’emprisonnement (durée supérieure à un mois mais n’excédant pas 10 ans
(art 33 CP).
- L’amende (montant supérieur à 20 000 Frs CFA).
- L’interdiction à temps de certains droits civils, civiques ou de famille
- Les peines privatives de droit ou restrictives de droit.
Les sanctions sont énumérées par l’article 33-1-CP. Certaines d’entre elles sont limitées à une
durée maximale de 5 ans. Il s’agit :
1°) de la suspension du permis de conduire un véhicule à moteur cette suspension peut être
limitée à la conduite en dehors de l’activité professionnelle.
2°) de l’annulation du permis de conduire avec interdiction de solliciter la délivrance d’un
nouveau permis de conduire ;
3°) du retrait définitif, ou temporaire, de la licence ou de l’autorisation administrative
d’exploiter un véhicule à moteur ;
4°) de la confiscation d’un ou de plusieurs véhicules appartenant au condamné
5°) de l’interdiction de détenir ou de porter une arme soumise à autorisation
6°) de la confiscation d’une ou plusieurs armes dont le condamné est propriétaire ou dont il a
la libre disposition ;
7°) du retrait du permis de chasse avec interdiction de solliciter la délivrance d’un nouveau
permis.

C- LES PEINES CONTRAVENTIONNELLES

La loi vise :
- L’emprisonnement (un jour à un mois)
- L’amende (200 Frs à 20 000 Frs CFA).

PARAGRAPHE II : LA CLASSIFICATION TIREE DE L’OBJET SUR LEQUEL


PORTE LA PEINE

La peine peut porter atteinte à la liberté d’aller et de venir. Elle peut également atteindre
l’individu dans son patrimoine ou dans son activité professionnelle. Enfin, elle peut priver le
condamné de l’exercice ou de la jouissance de certains droits.

A- LES ATTEINTES A LA LIBERTE D’ALLER ET DE VENIR

Les travaux forcés, la détention criminelle, l’emprisonnement correctionnel, et


l’emprisonnement contraventionnel privent le délinquant de sa liberté d’aller et de venir.
D’autres peines portant atteinte à la liberté d’aller et de venir sont encore prévue par la loi.
Mais à la différence de celles qui précèdent, elles ne font que restreindre la liberté. On peut
citer l’interdiction de séjour, le retrait du passeport. Dans ces hypothèses, l’individu n’est pas
incarcéré mais il n’est pas libre d’aller et de venir comme il le désire.

B- LES ATTEINTES AU PATRIMOINE

Les peines portant atteinte au patrimoine sont l’amende et la confiscation.


L’amende est l’obligation pour le condamné de payer à l’Etat, à titre de sanction pénale, une
somme d’argent. Elle permet d’éviter au délinquant l’effet corrupteur des prisons mais elle
n’est pas du tout personnelle parce qu’elle rejaillit sur la famille.
La confiscation, de son côté, prive l’individu de son patrimoine ou d’un objet déterminé ayant
un rapport avec l’infraction.

C- LES ATTEINTES A L’ACTITE PROFESSIONNELLE

Elles peuvent prendre différentes formes. Il peut s’agir de l’interdiction d’exercer la


profession médicale en cas d’avortement punissable.
Il peut s’agir également de la fermeture de l’établissement où a été réalisée l’infraction.

D- L’ATTEINTE A L’EXERCICE DE CERTAINS DROITS

Les sanctions privatives de droit sont extrêmement variées. En matière criminelle, elles sont
au nombre de trois.
- En premier lieu, il y a l’interdiction légale. Cette sanction consiste à priver l’individu de la
gestion de son patrimoine. C’est une véritable incapacité d’exercice. Les biens du condamné
sont administrés par un tuteur ou un subrogé tuteur (art. 24 CP). On peut retenir également la
dégradation civique. Elle entraîne la privation des droits civils, civiques et politiques art 27
CP.
Enfin, la loi a prévu la double incapacité de disposer et de recevoir à titre gratuit. La personne
frappée par cette sanction est incapable de recevoir des biens par donation ou par testament.
On lui interdit aussi de faire son testament ou de faire une donation art. 29 CP.
En matière correctionnelle, la loi vise l’interdiction des prévue à l’art. 34 CP. Cette sanction
se rapproche de la dégradation civique, mais il existe une grande différence entre ces deux
catégories de sanction. L’interdiction de l’art 34 CP porte uniquement sur certains droits
civils, civiques et de famille.
Elle vise également les peines privatives ou restrictives de droit prévues à l’article 33-1 CP
(suspension du permis de conduire, l’interdiction de détenir une arme…)

E- L’ATTEINTE A LA REPUTATION

Il ya atteinte à la réputation lorsque la décision prononçant la sanction est publiée soit par
affichage, soit par insertion dans certains journaux.
PARAGRAPHE III : LA CLASSIFICATION DES PEINES EN FONCTION DES
RAPPORTS ENTRE ELLES

Il s’agit d’étudier ici la façon dont les peines sont encourues ou prononcées. Cette
classification concerne les peines principales, les peines accessoires et les peines
complémentaires.
La peine principale est celle qui s’attache directement à l’infraction
Elle peut être prononcée seule ou doit être prononcée expressément par le jugement, exemple
emprisonnement correctionnel, travaux forcés.
La peine accessoire s’ajoute à la peine principale. Elle découle nécessairement de la peine
principale et le juge n’a pas besoin de la prononcée. Par exemple, la double incapacité de
disposer et de recevoir à titre gratuit est un accessoire à toutes les peines criminelles
perpétuelles.
La peine complémentaire, elle s’ajoute aussi à la peine principale, mais son application n’est
automatique. Il faut qu’elle soit prononcée expressément par le juge.
Exemple : les peines visées à l’article 33-1 CP sont des peines complémentaires.
La peine complémentaire est obligatoire lorsque le juge est tenu de la prononcer.
A la différence de la peine accessoire, la peine complémentaire obligatoire n’est pas encourue,
si elle est omise par les juges. Exemple la confiscation générale des biens en cas de
détournement de derniers publics art. 154 al. 2 CP. La peine complémentaire est dite
facultative, lorsque le juge dispose d’un large pouvoir d’appréciation dans l’application de
cette peine. Par exemple, l’interdiction des droits civiques civils et de famille est souvent
indiquée par la loi comme une peine complémentaire facultative.

PARAGRAPHE IV : LES PEINES ALTERNATIVES

La peine alternative est prononcée par le juge en remplacement d’une autre peine.

A/ DOMAINE

Les peines alternatives ne peuvent être appliquées qu’en matière délictuelles.


Les délits concernés doivent être punis d’emprisonnement. Les peines alternatives sont donc
des « substituts à l’emprisonnement » ; en d’autres termes elles permettent au juge de
condamner le prévenu, non pas à l’emprisonnement, mais à une autre peine.

B- LES PEINES VISEES PAR LA LOI

L’exposé des motifs de la loi 2000-38 du 29 Décembre 2000 modifiant le CP (JORS 20 Fév.
2001) et celui du décret 2001-362 du 4 Mai 2001 relatif aux procédures d’exécution et
d’aménagement des sanctions pénales (JORS 23 juin 2001) retiennent comme peines
alternatives à l’incarcération, les peines restrictives ou privatives de droit et le travail au
bénéfice de la société.
Il suffit d’examiner les articles 33-1 et 44-3 CP pour avoir une autre opinion. Les peines
privatives ou restrictives de droit sont des peines complémentaires (art 33-1 CP), seul le
travail au bénéfice de la société obéit à la qualification de peine alternative.
Cette peine consiste en l’obligation pour le condamné qui a purgé les 2/3 de la peine
d’emprisonnement d’accomplir, pendant quarante ou deux cent quarante heures, un travail au
bénéfice de la société.
C’est un travail non rémunéré au profit d’une personne morale de droit public ou d’une
association habilitée à mettre en oeuvre des travaux au bénéfice de la société.
Cette peine ne peut être prononcée contre le condamné qui le refuse ou qui n’est pas présent à
l’audience. Elle prend fin dès l’achèvement du travail, accompli sur une période maximale de
18 mois.
Le travail au bénéfice de la société suit les mêmes règles que celles qui sont prévues pour le
sursis probatoire sous réserve des adaptations envisagées par l’article 707-27 CPP.
CHAPITRE II : LA MESURE DE SURETE

Elle est imposée à des individus dangereux pour l’ordre social afin prévenir les infractions
que leur état rend probable.

SECTION I : LES CARACTERES ET L’OBJET DE LA MESURE DE SURETE

PARAGRAPH E I : LES CARACTERES

La mesure de sûreté présente trois caractères


En premier lieu, la mesure de sûreté n’a aucun caractère afflictif au infamant. Les moyens
employés pour combattre l’état dangereux sont des mesures de rééducation d’assistance on de
protection.
En second lieu, là durée maximum de la mesure de sûreté est fixée la loi mais le juge peut
reconduire la mesure de sûreté si la situation de l’individu l’exige.
En troisième lieu, contrairement à ce qui se passe pour la peine, juridiction qui a prononcé la
mesure de sûreté n’est jamais dessaisie. Elle peut modifier la mesure qu’elle avait prononcée
ou lui substituer une nouvelle mesure.

PARAGRAPHE II : L’OBJET DE LA MESURE DE SURETE

La mesure de sûreté n’a qu’une fonction préventive. Elle ne vise qu’à éviter la commission
d’une infraction ou la récidive.
La prévention peut être assurée par la surveillance de l’individu ou par application à
l’individu de mesures de rééducation, d’assistance et de protection, de façon générale, toutes
les mesures susceptibles de remédier aux causes de son inadaptation.

SECTION II : LES DIFFERENTES MESURES DE SURETE

Les mesures de sûreté sont généralement des mesures d’assistance, de protection et de


rééducation (voir 507 CPP pour les mineurs). Il s’agit aussi de mesures curatives concernant
les alcooliques et les toxicomanes.
Les mesures de sûreté peuvent aussi se présenter sous la forme de peines principales et même
de peines accessoires. On peut citer l’interdiction de séjour, la fermeture d’établissement, la
suspension du permis de conduite.
TITRE II : L’APPLICATION DE LA SANCTION PENALE

Les règles générales d’application de la sanction pénale sont relatives à la fixation. Mais au
préalable, il est nécessaire d’examiner la possibilité offerte au juge de dispenser le prévenu de
peine ou d’ajourner le prononcé de sa sentence.

CHAPITRE I : LA DISPENSE DE PEINE OU L’AJOURNEMENT DE PEINE

SECTION I : LA DISPENSE DE PEINE

En matière correctionnelle, à l’exception de la confiscation des objets, le juge peut ne pas


infliger de peine au prévenu même, si sa culpabilité est établie.
On parle des cas de dispense de peine (art 707-32 de loi 200-32)
Trois conditions doivent être réunies :
- Le reclassement du prévenu doit être acquis
- Le dommage causé doit être réparé
- Le trouble résultant de l’infraction doit avoir cessé.
Les effets des la dispense doivent être compris, aucune peine principale n’est prononcée. En
outre, la dispense de peine exclut l’application des dispositions provoquant des interdictions,
déchéances ou incapacités de quelque nature qu’elles soient qui résulteraient de plein droit
dont d’une condamnation ».
C'est-à-dire simplement que l’exclusion de la peine principale entraîne l’exclusion des peines
secondaires. Seules traces de l’infraction, la dispense de peine ne s’étend pas au paiement des
frais du procès et elle figure au casier judiciaire sauf si le juge en décide autrement.

SECTION II : L’AJOURNEMENT DE PEINE

En matière correctionnelle le juge après avoir statué sur la culpabilité peut ajourner sa
décision pour une durée maximale d’un an, à l’issue de laquelle il statuera sur l’application
d’une peine (art 704.34 CPP).
Trois conditions doivent être réunies.
- Prévenu doit être présent à l’audience
- Le reclassement du prévenu est en voie d’être opéré
- Le trouble résultant de l’infraction va cesser
Il y a deux formes d’ajournement
- L’ajournement simple : Le Tribunal doit fixer dans son jugement de culpabilité la date à
laquelle il statuera sur la peine. A l’audience de renvoi, le tribunal pourra soit prononcer une
peine, soit ajourner le prononcé de la peine une seconde fois sauf à faire remarquer que la
décision sur la peine intervient au plus tard un an après la première décision d’ajournement.
- L’ajournement avec à l’épreuve
Le délai de l’épreuve ne peut être supérieur à un an. Contrairement à l’ajournement simple le
prévenu est soumis à des mesures de contrôle et d’assistance art 707-4 à 707-13 CPP.
Il doit communiquer au juge de l’application des peines, les renseignements ou documents de
nature à permettre le contrôle de ses moyens d’existence, prévenir de tout changement
d’emploi, de résidence et de tout déplacement à l’étranger.
Si le prévenu ne se soumet pas aux mesures de contrôle ou d’assistance, la juridiction qui a
prononcé l’ajournement est saisie par le juge de l’application des peines.
La juridiction de jugement peut soit prononcer la peine prévue par la loi soit ajourner une
nouvelle fois le prononcé de la peine.
Comme pour l’ajournement simple, la décision sur la peine doit intervenir un an après la
première décision d’ajournement.
On relèvera que la dispense de peine et l’ajournement de peine ne peuvent être appliqués.
- Ni en cas de récidive
- Ni en matière criminelle
- Ni en matière correctionnelle pour les infractions suivantes : détournement de deniers
publics, délits douaniers viol, attentat à la pudeur, pédophilie, délits relatifs aux stupéfiants.
On peut faire la même observation pour le travail au bénéfice de la société (art 44-2-CPP).
CHAPITRE II : LAFIXATION DE LA SANCTION PENALE

La tâche du juge consiste dans l’application concrète, à un cas considéré de la sanction définie
abstraitement.
On se gardera cependant de penser que le juge est un simple « distributeur de peines » il
dispose du pouvoir d’individualiser la peine, c'est-à-dire du pouvoir d’adapter la sanction au
cas concret qui lui est soumis.
Pour autant, le juge ne saurait disposer d’un pouvoir arbitraire, il ne peut prononcer que les
peines prévues par la loi et il est tenu de respecter les limites maximales qu’elle impose.
Parfois les textes permettent au juge de diminuer le maximum de la peine encourue
(atténuation) ou d’aller au-delà du maximum (aggravation).

SOUS CHAPITRE I : L’ATTENUATION DE LA SANCTION PENALE

Il existe deux techniques d’atténuation de la sanction pénale : les excuses atténuantes et les
circonstances atténuantes.

SECTION I : LES EXCUSES ATTENUANTES

La loi a prévu deux excuses principales : l’excuse de minorité et provocation

PARAGRAPHE I: L’EXCUSE DE MINORITE

Comme en droit civil, la majorité pénale est fixée à 18 ans.


L’individu âgé de moins de 18 ans au moment des faits est donc un mineur.
La responsabilité pénale du mineur n’est pas cependant uniforme. La loi distingue entre deux
catégories de mineurs : le mineur de moins de 13 ans et le mineur de plus de 13 ans.
Le mineur de moins de 13 ans est considéré comme pénalement irresponsable. Il n’est
justiciable que de mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation. Il est
interdit de lui appliquer une peine.
Le mineur de plus de 13 ans peut faire l’objet de mesure de rééducation et d’assistance. Mais
le juge peut toujours prononcer une peine si les circonstances et la personnalité du l’exigent
(art. 567 CPP al. 2).
L’excuse de minorité ne concerne donc que cette catégorie de mineurs. La pénalité applicable
est différente de celle des majeurs. Elle est fixée par les art. 52 et 53 CP de la manière
suivante :
- Si le mineur encourt les travaux forcés à perpétuité il sera condamné à une peine de 10 à 20
ans d’emprisonnement
- Pour les délits et contraventions, la peine ne pourra pas s’élever au-dessus de la moitié de
celle à laquelle il aurait pu être condamné s’il était majeur.

PARAGRAPHE II : L’EXCUSE DE PROVOCATION

Deux idées ont été avancées pour expliquer l’excuse de provocation.


- D’abord, on a souligné que le provocateur et le provoqué ont commis chacun en ce qui le
concerne une faute.
Mais sur le plan de la responsabilité, la faute du provocateur doit venir en déduction de celle
du provoqué. Elle doit même la diminuer.
- Ensuite, on a soutenu que le provoqué a perdu son jugement devant l’acte du provocateur. Il
était sous l’empire de la colère et cette circonstance doit diminuer sa responsabilité.
- Dans le droit sénégalais, l’excuse de provocation est réglementée par les art. 309 à 314 du
CP.

A- LES CONDITIONS D’APPLICATION DE L’EXCUSE DE PROVOCATION

1- Le comportement du provocateur et du provoqué

La loi définit le comportement du provocateur et celui du provoqué. Les infractions


excusables sont énumérées par la loi. Il s’agit :
1- Du meurtre et des coups et blessures provoqués par les coups violents graves envers les
personnes.
2- De la castration provoquée par un courage violent à la pudeur ;
3- Du meurtre et des coups et blessures commis pour repousser pendant le jour l’escalade ou
l’effraction des clôtures, murs ou entrées d’une maison ;
4- Du meurtre commis par l’un des conjoints sur l’autre ainsi que sur le complice à l’instant
où il les surprend en flagrant délit d’adultère.
On retiendra que cette liste est limitative. L’excuse de provocation est spéciale en ce sens
qu’elle ne peut s’appliquer qu’aux seules hypothèses par la loi.
L’excuse de provocation est exclue en matière de parricide art. 311 CP. De même, elle ne
s’applique pas au meurtre commis par un époux sur l’autre sauf en cas d’adultère (art CP).

2- La provocation doit être injuste

Il en résulte que la personne qui porte des coups à un agent de la force publique venu
l’appréhender légitimement est mal fondé à invoquer-le bénéfice de l’excuse de provocation.

3- La réaction

La riposte à l’acte de provocation doit être immédiate, sinon le provoqué ne pourrait plus
invoquer le trouble causé par la colère et il y aurait tout simplement une vengeance
préméditée.
Ces deux dernières conditions nous rappellent la légitime défense ; et il existe des cas dans
lesquels on peut hésiter entre ces deux institutions. La différence essentielle réside dans le fait
que légitime défense suppose une réaction proportionnée à l’attaque, alors que l’excuse de
provocation s’applique lorsque l’agent pénal a causé plus de mal qu’il n’était nécessaire pour
se défendre.
C’est même pour cette raison que les tribunaux retiennent l’excuse de provocation, en cas
d’excès de légitime défense.

B- LES EFFETS DE L’EXCUSE DE PROVOCATION SUR LE PEINE


APPLICABLE

L’effet de l’excuse de provocation consiste à abaisser la peine la dans les conditions fixées par
l’art. 314 du CP.
- Si la peine encourue était la peine de mort ou celle des travaux forcés à perpétuité, la peine
applicable sera un emprisonnement de 2 à 10 ans.
- Si la peine encourue était une criminelle non perpétuelle, la peine applicable sera un
emprisonnement de 2 à 5 ans.
- Si la peine encourue était correctionnelle, la peine applicable sera un emprisonnement d’1
mois an.
SECTION II : LES CIRCONSTANCES ATTENUANTES

Les circonstances atténuantes entraînent comme les excuses atténuantes, un abaissement de la


peine. Mais à la différence de ces dernières, elles sont laissées à l’appréciation discrétionnaire
du juge.
Les faits susceptibles de permettre au juge d’accorder les circonstances atténuantes sont
extrêmement variées. Il peut s’agir de la situation familiale, de la personnalité du délinquant.
Il peut s’agir également du repentir actif du délinquant. En cette matière, le juge n’a pas à
motiver sa décision. Il peut atténuer la peine dès lors qu’il pense qu’il existe des circonstances
atténuantes en faveur du délinquant.

PARAGRAPHE I : DOMAINE D’APPLICATION DES CIRCONSTANCES


ATTENUANTES

Les circonstances atténuantes sont applicables aux crimes, aux délits et aux contraventions.
Cette règle dégagée par les art. 432 et 433 du CP subit plusieurs.
Dans certains cas, le juge n’est pas autorisé par loi à appliquer les circonstances atténuantes.
Les infractions concernées par cette interdiction sont extrêmement graves. Il s’agit des actes
de torture ou de barbarie ayant entrainé la mort de la victime (art. 288 Cp) et enfin des vols
avec violence (art. 367 CP). Ces infractions sont punies sévèrement. Les peines retenues sont
la mort, les travaux forcés à perpétuité.
Dans d’autres cas, le juge ne peut appliquer les circonstances atténuantes que si les conditions
exigées par la loi sont remplies.
On peut citer comme exemple l’art. 155 CP en matière de détournement de deniers publics.
Selon ce texte, l’octroi des circonstances atténuantes est subordonnée à la restitution ou au
remboursement avant jugement du tiers au moins de la valeur détournée ou soustraite.
Des dispositions de même nature sont prévues par la loi en matière fiscale et en matière
douanière (voir art. 262 code des douanes).
PARAGRAPHIE II : LES EFFETS DES CIRCONSTANCES ATTENUANTES SUR
LES PEINES.

A- SUR LA PEINE PRINCIPALE

En matière criminelle, si la peine prévue est celle des travaux forcés à perpétuité la cour
d’assises appliquera la peine des travaux forcés à temps de 10 à 20 ans ou celle des travaux
forcés à temps de 5 à 10 ans.
Si la peine est celle des travaux forcés à temps de 10 à 20 ans, la peine applicable est celle des
travaux forcés à temps de 5 à 10 ans.
A la lumière de ces quelques exemples, on peut retenir que le juge ne peut abaisser la peine
applicable que d’un degré dans l’échelle des peines criminelles et parfois de deux degrés (art.
432 CP).
Ce système renferme le juge dans un véritable carcan, car il ne lui donne pas de larges
pouvoirs dans l’octroi des circonstances atténuantes.
En matière correctionnelle, c’est dans l’art. 433 CP qu’il faut rechercher la solution.
Si la peine est un emprisonnement supérieur à appliquer une peine en dessous du maximum
de l’emprisonnement contraventionnel.
Si la peine est une amende supérieure à 20 000 F, la peine prononcée pourra être en dessous
de 20 000 F.
Dans le cas où la loi prévoit une peine d’emprisonnement et une peine d’amende, le juge
pourra prononcer séparément l’une ou l’autre de ces peines et même substituer l’amende à
l’emprisonnement.

B- SUR LES AUTRES PEINES

Les peines accessoires sont attachées de plein droit à la peine principale. En ce les concerne,
l’effet des circonstances atténuantes est automatique. Mais si la peine principale initiale
dégénère par le jeu des circonstances atténuantes en une autre peine, la sanction accessoire
attachée à la peine principale initiale disparait. Exemple : la double incapacité de disposer et
de recevoir à tire gratuit est une peine accessoire à toutes les peines perpétuelles. Si la peine
criminelle perpétuelle est remplacée par les travaux forcés à temps, la double incapacité
disparaît. Les peines complémentaires obligatoires suivent aussi le sort de la peine principale.
Quand aux peines complémentaires facultatives, le juge est toujours libre de les écarter ou de
les appliquer.

SOUS CHAPITRE II : L’AGGRAVATION DE LA SANTION PENALE

L’aggravation de la sanction est due à la présence d’une ou de plusieurs circonstances


aggravantes. Il s’agit de circonstances de fait limitativement énumérées par la loi qui
accompagnement le fait principal, augmentent la culpabilité de l’agent et entraînent une
aggravation de la peine. Il faut se garder de confondre circonstances aggravantes et éléments
constitutifs de l’infraction.
Les circonstances aggravantes sont des éléments accessoires. Leur absence n’a aucun effet sur
l’infraction de base. Celle-ci existe et elle peut toujours être sanctionnée. Prenons comme
exemple la complicité. En cette matière, les éléments constitutifs de l’infraction commise par
l’auteur principal peuvent être retenus contre le complice, mais il n’en va pas
systématiquement de même pour les circonstances aggravantes dont certaines seulement, en
raison de leur nature, lui sont applicables. On se souvient que seules les circonstances
aggravantes réelles et mixtes peuvent rejaillir sur la situation du complice et non les
circonstances aggravantes personnelles.
A côté de cette classification des circonstances aggravantes que nous avons déjà examinée, il
existe une autre classification qui oppose les circonstances aggravantes spéciales aux
circonstances aggravantes générales. Les circonstances aggravantes spéciales sont attachées
exclusivement à une infraction ou à quelques infractions. Exemple : la loi prévoit pour le vol
des circonstances aggravantes comme la violence, l’effraction, l’escalade, la réunion, la nuit.
L’étude de ces circonstances aggravantes spéciales appartient au droit pénal spécial.
Au contraire, les circonstances aggravantes générales ressortissent au droit pénal général
puisqu’elles sont communes à toutes les infractions. Il existe dans la loi, une seule
circonstance aggravante à caractère général : c’est la récidive. Cette circonstance aggravante
s’applique lorsque le délinquant a commis plusieurs infractions. Mais il faut se garder de
confondre la récidive avec le cumul réel dont l’application intervient également dans le cadre
d’une pluralité d’infractions.
SECTION I : LA RECIDIVE

Il faut examiner ici les conditions d’existence, le domaine d’application et la preuve de la


récidive.

PARAGRAPHE I : LES CONDITIONS D’EXISTENCE DE LA RECIDIVE

En droit sénégalais est récidiviste celui qui, ayant commis une première infraction pour
laquelle il a été condamné définitivement, commet une seconde infraction. Il ressort de cette
définition que la récidive suppose deux éléments : un premier terme et un second terme.

A- LE PREMIER TERME DE LA RECIDIVE

Le premier terme n’est jamais une infraction mais une condamnation qui doit présenter les
caractères suivants :
- En premier lieu, il doit s’agir d’une condamnation pénale et plus particulièrement d’une
peine privative de liberté. Ce qui exclut les mesures qui n’ont pas ce caractère. Exemple : une
mesure rééducation ne sera prise en considération si un mineur vient à commettre un nouveau
délit ;
- En second lieu, la condamnation doit être définitive. C’est-à-dire qu’elle doit être passée en
force de chose jugée. Il s’ensuit qu’un individu n’est pas récidiviste, si après avoir été
condamné en première instance, il commet une nouvelle infraction avant l’expiration du délai
d’appel ;
- En troisième lieu, la condamnation doit être prononcée par les tribunaux sénégalais.
Les règles de la récidive ne sont pas applicables lorsqu’une personne a fait l’objet d’une
condamnation ou de plusieurs condamnations prononcées par des juridictions étrangères.
Cette solution est commandée par l’application du principe de la territorialité de la loi pénale.
- Enfin, la condamnation doit figurer au casier judicaire lors de la commission de la seconde
infraction. Elle ne doit pas avoir été effacée par une amnistie, une réhabilitation ou un sursis
définitivement acquis.
B- LE SECOND TERME DE LA RECIDIVE

Le second terme est une nouvelle infraction séparée de la première infraction par une
condamnation définitive.
En outre, elle doit être entièrement distincte de la première infraction.
Cette condition fait donc défaut lorsque la nouvelle infraction n’est que la conséquence de la
première infraction. Par exemple : un individu condamné aux travaux forcés à temps et qui
s’évade ne peut être considéré comme récidiviste du seul fait de son évasion.

PARAGRAPHE II : LE DOMAINE D’APPLICATION DE LA RECIDIVE

La récidive peut revêtir des aspects variés. Les articles 42 à 44 du CP prévoient quatre formes
de récidive.

A- LA RECIDIVE DE PEINE CRIMINELLE A PEINE CRIMINELLE (ART. 42 CP).

Le premier terme de récidive est une condamnation à une peine criminelle. Le second terme
est un crime donnant lieu à l’application d’une peine criminelle.
Cette forme de récidive est générale, c'est-à-dire qu’elle peut être retenue qu’elle que soit la
nature du second crime. Exemple : la première infraction peut être un vol à main armée.
Elle est aussi perpétuelle, car l’aggravation est admise quelque soit le délai séparant le
premier terme et second terme.
En cas récidive de peine criminelle à peine criminelle, le délinquant est passible du double de
la peine encourue par la seconde infraction.
Exemple : la peine applicable au second crime est celle des travaux forcés de 5 à 10 ans. Le
délinquant récidive encourt une peine de travaux forcés de 10 à 20 ans.

B- LA RECIDIVE DE PEINE CRIMINELLE A PEINE CORRECTIONNELLE

Cette hypothèse est prévue l’art. 43 CP.


Le premier terme est une condamnation pour crime à une peine d’emprisonnement supérieur à
un an.
Le second terme est soit un crime devant être puni d’emprisonnement, soit un délit passible
d’emprisonnement. La récidive dans ce cas est générale. Elle est également temporaire car le
délai séparant le premier terme et le second terme est de 5 ans. Ce délai commence à courir à
compter de l’expiration de l’exécution de la première condamnation ou de sa préoccupation.
La peine encourue est égale au maximum de la prévue par la loi la seconde infraction. Cette
peine peut être portée au double.

C- LA GRANDE RECIDIVE CORRECTIONNELLE ART. 1er CP

Le premier terme est une condamnation pour délit pour délit à une peine d’emprisonnement
supérieur à un an.
Le second terme est un crime ou un délit passible d’emprisonnement.
L’effet de cette récidive consiste à appliquer au délinquant le maximum de la peine prévue par
la loi pour la seconde infraction. Cette peine pourra même être portée au double.
Cette forme de récidive est temporaire. La loi exige un délai de 5 ans entre le premier terme et
le second terme, mais elle est spéciale quand le second terme est un délit. Cela signifie que les
infractions doivent être de même nature.
La règle de la spécialité est cependant assouplie, car la loi assimile le vol à l’escroquerie, à
l’abus de confiance et au détournement de deniers publics.
Elle assimile enfin le vagabondage à la mendicité. Cette forme de récidive est en revanche
générale, si le second terme est un crime. Dans ce cas l’aggravation joue quelque soit la
nature de celui-ci. Il suffit seulement que ce crime soit puni d’emprisonnement.

D- LA PETITE RECIDIVE CORRECTIONNELLE ART. 44 AL. 2 CP

Le premier terme est une condamnation pour délit ou inférieure à un an d’emprisonnement.


Le second terme est un délit puni d’une d’emprisonnement correctionnel.
Cette forme de récidive est temporaire. Le délai entre le premier terme et le second terme est
de 5 ans. Elle est aussi spéciale, car l’infraction constituant le second terme doit être identique
à la première infraction ayant entraîné la première condamnation.
Comme dans la grande récidive, la règle de la spécialité est assouplie avec les mêmes
assimilations (art. 44 al. 3, al. 4, et al 5 du CP).
Dans cette forme récidive, le minimum de la peine applicable est égale au double de la peine
prononcée pour la première infraction. Mais la peine ainsi obtenue ne doit pas dépasser le
double du maximum de al peine encourue pour la seconde infraction. Exemple un individu
commet une infraction de vagabondage, ce délit est puni d’1 mois à 3 mois
d’emprisonnement, il a été condamné à 2 mois de prison et il récidive.
Pour le minimum, la peine est égale à 4 mois c'est-à-dire le double de la peine prononcée pour
la première infraction.
Pour le minimum, la peine est égale à 6 mois.
Dans notre exemple, le vagabond récidiviste encourt une peine comprise entre 4 mois et 6
mois de prison.

PARAGRAPHE III : LA PREUVE DE LA RECIDIVITE

Lorsque la condamnation est définitive, elle doit être mentionnée au casier judiciaire du
condamné.
Le casier judiciaire repose essentiellement sur le fichier et sur les bulletins.

A- LE FICHIER

Quand une condamnation est définitive, le greffier de la juridiction qui a rendu le jugement
rédige une fiche qu’il adresse greffier du tribunal régional dans le ressort duquel se trouve le
lieu de naissance de l’individu.
Pour les individus nés à l’étranger et ceux dont l’identité est douteuse, il est tenu au greffe de
la cour d’appel de Dakar, un casier judiciaire.
Le casier judiciaire contient autant de fiches que de décisions de condamnation. Il existe en
outre deux autres casiers judiciaires spéciaux : l’un en matière de circulation routière et l’autre
en matière d’alcoolisme.
Les condamnations qui donnent lieu à des fiches sont indiquées à l’art.726 du CPP. Il s’agit
des condamnations prononcées pour crime et délits par les juridictions répressives. Il s’agit
également des décisions prononçant des mesures de sûreté à l’égard des mineurs. Il s’agit en
fin de certaines décisions non pénales telles que le jugement déclaratif de faillite, les
jugements prononçant la déchéance de l’autorité parentale.
Le casier judiciaire est donc une mine de renseignement pour les autorités publiques.
Il leur permet de connaitre la moralité des personnes. Mais on retiendra que seules les
condamnations pénales intéressent la récidive.
Les fiches peuvent faire l’objet de mentions complémentaires. Le greffier doit ajouter sur les
fiches la peine ou dispense prononcée après ajournement du prononcé d’une peine, les grâces,
le sursis, la révocation du sursis, la libération conditionnelle et sa révocation, la réhabilitation,
les décisions qui rapportent ou suspendent les arrêtés d’expulsions, la date de l’expiration de
la peine et du paiement de l’amende.
Mais la loi admet certains événements sont susceptibles d’entrainer la suppression des fiches.
Il en va ainsi pour l’amnistie, la réhabilitation, les condamnations non avenues par suite d’un
sursis non révoqué, les dispenses de peines, à l’expiration d’un délai de 3 ans à compter du
jour où la condamnation est devenue définitive (art.727 CPP).

B- LES BULLETINS

Les fiches du casier judicaire peuvent être communiquées grâce à des extraits appelés
bulletins. Il y a trois bulletins.

1- Le bulletin n°1

C’est le relevé intégral des fiches du casier judiciaire.


Ce bulletin est délivré en principe aux autorités judiciaires. Lorsqu’il n’existe pas de fiches au
casier judiciaires, le bulletin n°1 porte la mention « Néant ».

2- Le bulletin n°2

C’est un relevé partiel des fiches du casier judiciaire.


En sont exclues les condamnations énumérées à l’art.732 du CCP le cas par exemple pour les
condamnations assorties d’un sursis lorsqu’elles doivent être considérées comme non
avenues.
Le bulletin n°2 n’est délivré qu’à certaines administrations et autorités énumérés à l’art. 733
CPP.
Lorsqu’il n’existe pas au casier judiciaire de fiches concernant des décisions à relever sur le
bulletin n°2, celui-ci porte la mention « Néant ».

3- Le bulletin n°3

Les seules condamnations pour crime ou délit qui doivent y figurer sont visées à l’art.734
CPP : Il s’agit :
1) des condamnations à peines privatives de liberté d’une durée supérieure à deux ans qui ne
sont assorties d’aucun sursis ou qui doivent être exécutés en totalité par l’effet de révocation
du sursis.
2) Des condamnations à des peines privatives de liberté d’une durée inférieure ou égale à
deux ans qui ne sont assorties d’aucun sursis ou qui doivent être exécutées en totalité par
l’effet de révocation du sursis, si la jurisprudence en a ordonné la mention au bulletin n°3.

SECTION II : LA CUMUL REEL D’INFRACTION

Il y a cumul réel d’infractions ou concours réel d’infractions lorsqu’un individu réalise


plusieurs infractions distinctes mais qui ne sont pas séparées les unes des autres par une
condamnation définitive.
Le cumul réel doit être distingué du cumul idéal encore appelé concours idéal.
Dans le cumul idéal, l’individu réalise un seul fait mais celui-ci porte atteinte à plusieurs
dispositions légales. Exemple un individu produit un document falsifié et se fait remettre une
somme d’argent. Cet acte peut constituer un faux et une escroquerie. Cependant, dans cette
hypothèse, il n’y a pas pluralité d’infractions comme dans le concours réel mais un concours
de qualifications.
Pour apporter une solution à ce conflit de qualification, il faut retenir la qualification la plus
élevée. Ainsi dans notre exemple, une seule infraction sera retenue, c’est l’usage de faux, car
sa qualification est plus grave que celle de l’escroquerie. C’est sous cette qualification que
l’individu sera poursuivi et encourt, conformément à l’art 133 du CP, une peine
d’emprisonnement allant de 2 à 10 ans.
Le cumul réel doit aussi être distingué du cumul juridique, l’individu réalise comme dans le
cumul réel des faits distincts mais la loi retient une qualification différente et plus grave que
celle des infractions commises. Exemple : un individu force la porte d’une maison pour y
voler un objet. En principe, il y a deux délits : le délit de violation de domicile et le délit de
vol. Mais la loi ne retient pas cette solution, elle contracte ces deux infractions en une seule.
Ainsi dans notre exemple, l’individu sera poursuivi pour vol avec effraction (art 368 al.1er
CP).
A partir de ces définitions, on sait maintenant ce qu’est le cumul réel. Reste à savoir comment
est traité l’auteur d’un cumul réel. Trois solutions sont possibles :
Première solution : c’est le système du cumul matériel des peines.
On additionne toutes les peines. Chaque infraction est donc sanctionnée comme si elle était
unique.
Deuxième solution : elle consiste à élever le maximum normalement attaché à la peine la plus
grave. On parle dans ce cas de non cumul des peines.
C’est la solution retenue par l’article 5 CP. Ce texte dispose « en cas de conviction de
plusieurs crimes ou délits, la peine la plus forte est seule prononcée »

PARAGRAPHE I : LE DOMAINE DE LA REGLE DU NON CUMUL

A- LE DOMAINE QUANT AUX INFRACTIONS

Les peines ne se cumulent pas en matière de crimes et délits. l’art. 215 CP prévoit cependant
une exception, en cas d’évasion. Dans cette hypothèse, la peine applicable se cumule avec
l’infraction qui a entrainé l’évasion.
On remarque que la formule de l’art. 5 du CP laisse en dehors de son domaine les
contraventions. Cela veut dire que les peines contraventionnelles peuvent s’additionner quel
que soit leur nombre.
On doit aussi retenir si on s’en tient à la loi qu’une peine contraventionnelle peut bien
s’ajouter à une peine correctionnelle. Exemple : le refus de priorité à un carrefour et le délit de
blessures par imprudence.

B- LE DOMAINE QUANT AUX PEINES

La règle du non- cumul s’applique aux peines principales et aux peines accessoires qui leur
sont liées. Mais la règle ne concerne pas les peines complémentaires. La jurisprudence admet
que ces peines peuvent se cumuler avec l’interdiction professionnelle attachée à une autre
infraction.
La règle du non cumul ne s’applique pas aux amendes fiscales et aux amendes douanières.

PARAGRAPHE II : LE FONTIONNEMENT DE LA REGLE DU NON CUMUL

Il varie suivant que les infractions sont poursuivies simultanément ou successivement.


A- L’HYPOTHESE DE L’UNITE DES POURSUITES

Dans le cas où les diverses infractions en cours sont découvertes en même temps, le
délinquant ne fera l’objet que d’une seule poursuite. La juridiction saisie de l’ensemble de ces
infractions statue par un seul jugement.
Elle peut faire une déclaration de culpabilité pour chacune des infractions mais elle ne peut
prononcer que la peine attachée à l’infraction la plus grave.
On dit dans ce cas que les infractions les moins graves sont absorbées par l’infraction punie
de la peine la plus forte. La jurisprudence veille scrupuleusement au respect de cette règle.

B- L’HYPOTHESE DE LA PLURALITE DE POURSUITES

En cas de poursuites successives, plusieurs peines sont nécessairement prononcées puisqu’il y


a plusieurs déclarations de culpabilité séparées dans le temps. Mais le juge ne doit jamais
dépasser le maximum de la peine la plus forte. On parle dans ce cas de confusion des peines.
La confusion des peines s’applique de façon obligatoire lorsque les peines sont
nécessairement prononcées puisqu’il y a plusieurs déclarations de culpabilité séparées dans le
temps. Mais le juge ne doit jamais dépasser le maximum de la peine la plus forte. On parle
dans ce cas de confusion des peines.
La confusion des peines s’applique de façon obligatoire lorsque l’une des peines est un
emprisonnement et l’autre une peine de travaux forcés à temps, la peine applicable sera celle
des travaux forcés à temps.
La confusion s’applique également lorsque l’addition des peines de même nature excède le
maximum de la peine la plus forte. Exemple : un individu est poursuivi pour vagabondage et
il est condamné à 2 ans d’emprisonnement. Il est encore condamné pour vol à 4 ans de prison.
L’addition des peines donne 6 ans de prison .Cette peine ne pourra pas être prononcée car elle
excède le maximum de la peine attachée au vol la confusion des peines doit ramener
obligatoirement le total des peines à 5 ans c'est-à-dire au maximum de la peine applicable au
vol.
TITRE III : LA SUSPENSION ET L’EXTINCTION DE LA SANCTION PENALE

La peine peut être suspendue dans deux hypothèses : le sursis et la libération conditionnelle.
Le sursis est une mesure qui intervient avant l’exécution de la peine.
La libération conditionnelle intervient durant l’exécution de la peine.
En ce qui concerne l’extinction de la peine, les cas prévus par la loi sont variés. Il s’agit du
décès du délinquant, de l’amnistie, de la grâce, de la réhabilitation et la prescription.

CHAPITRE I : LA SUSPENSION DE LA SANCTION

SECTION I : LE SURSIS SIMPLE

Il est réglementé par la loi dans les art. 704 à 705 CPP

PARAGRAPHE I : LES CONDITIONS DU SURSIS

A- LE PASSE PENAL DU DELINQUANT

Selon l’art.704 du CPP, le prévenu ne peut bénéficier du sursis que si antérieurement aux
faits, il n’a pas fait l’objet d’une condamnation aux travaux forcés, à la détention criminelle
ou à l’emprisonnement pour crime ou délit de droit commun.

B- LES PEINES ASSORTIES DU SURSIS

Le sursis ne peut être prononcé que pour les infractions auxquelles la loi attache une peine
d’emprisonnement ou une peine d’amende.
Il en résulte que le sursis ne peut être appliqué en matière criminelle sauf si par le jeu des
excuses, la sanction infligée aux délinquants est une peine d’emprisonnement ou d’amende.
Le sursis ne s’applique pas nécessairement à toute la peine.
Le juge peut décider que le sursis ne s’applique à l’exécution de l’emprisonnement que pour
une partie dont il détermine la durée.
C- CONDITIONS RELATIVES AUX INFRACTIONS

On retiendra qu’il existe en droit sénégalais des textes qui interdisent de prononcer le sursis
pour certaines infractions. C’est le cas pour l’homicide ou les blessures involontaires
accompagnés du délit de fuite art. 307 CP. C’est encore le cas pour l’attentat à la pudeur,
l’avortement commis par un médecin, le viol, le détournement de deniers publics, la
pédophilie, les délits douaniers, les délits relatifs aux stupéfiants. C’est également le cas pour
les vols aggravés visés aux arts. 368 CP.
La loi vise le vol en réunion, le vol avec violence, le vol dans les transports en commun dans
les gares, les ports et aéroports.

D- LES JURIDICTIONS COMPETENTES POUR ACCORDER LE SURSIS.

Le sursis est accordé par toutes juridictions répressives de jugement. Mais il est facultatif, le
juge est toujours libre de l’accorder ou de refuser. Il lui est cependant interdit de l’accorder à
un récidiviste.
Si le juge prend la décision de prononcer le sursis, la loi lui fait obligation de motiver sa
décision. Cette obligation ne concerne pas la cours d’assises.
La loi invite également le président de la juridiction d’avertir le délinquant que s’il commet
une nouvelle infraction dans un délai de 5 ans, le sursis sera révoqué et que la peine non
exécutée jusqu’ici le sera sans confusion avec la seconde peine pour laquelle la récidive sera
encourue.

PARAGRPHE II : LES EFFETS DU SURSIS SIMPLE

Il faut distinguer selon que l’on se trouve pendant le délai d’épreuve ou après son expiration.

A- : PENDANT LE DELAI D’EPREUVE

Le délai d’épreuve est de 5 ans. Son point de départ est fixé au jour où la condamnation
assortie du sursis est définitive. Pendant cette période, seule la peine d’emprisonnement ou
d’amende est suspendue. Mais le condamné est tenu de payer les frais du procès et les
dommages intérêts. De même, les peines commentaires et accessoires sont exécutées.
Le sursis est révoqué de plein droit si pendant cette période de 5 ans, le condamné commet
une nouvelle infraction. L’infraction visée par la loi est un crime ou un délit de droit commun
puni d’une peine d’emprisonnement ou d’une peine plus grave (art 705 al 1CPP).

B- : APRES L’EXPIRATION DU DELAI D’EPREUVE

Si pendant le délai de 5 ans, le sujet n’a pas fait l’objet d’une nouvelle condamnation, il est
alors définitivement dispensé de subir sa peine.
La condamnation est considérée comme non avenue.
Les peines accessoires et les peines complémentaire cessent de produire effet. La
condamnation ne compte plus pour la récidive et ne fait plus obstacle à l’octroi d’un nouveau
sursis.
Si le sursis a été accordé partiellement pour une partie de la peine, la condamnation est
réputée non avenue dans tous ses éléments. L’article 705 al 3 CPP apporte deux précisions sur
cette question.
- Si le sursis ne concernait que l’emprisonnement, l’amende reste due
- Si le sursis ne concernait que l’amende, la partie non assortie reste due.

SECTION II : LE SURSIS AVEC MISE A L’EPREUVE (PROBATOIRE)

PARAGRPHE I : LES CONDITIONS

1) Contrairement au sursis simple, l’art 707-1 CPP) n’exige pas un passé pénal
2) Ce sursis ne s’applique qu’à la peine d’emprisonnement prononcée en matière
correctionnelle pour une durée n’excédant pas 3 ans (art707-2 CPP).
3) Le juge qui fait application du sursis probatoire peut en limiter l’application à une partie de
l’emprisonnement à charge pour lui d’en déterminera la durée.
4) Comme le sursis simple, le sursis avec mise à l’épreuve ou sursis probatoire est une simple
faveur. Son application est laissée à la discrétion du Tribunal. Mais la loi interdit au juge de
l’accorder au récidiviste.
5) Comme le sursis simple, le sursis probatoire ne peut être accordé pour les délits suivants :
délits douaniers, détournement de deniers publics, pédophilie, viol, attentat à la pudeur, délits
relatifs aux stupéfiants.
PARAGRAPHE II : LES EFFETS

Comme le sursis simple, le sursis probatoire suspend l’exécution de la peine. Mais le


délinquant n’est pas livré à lui-même.
Le sursis avec mise à l’épreuve est assorti d’une série d’obligations auxquelles la personne
doit se soumettre.
La durée du sursis est comprise entre 18 mois et 4 ans.
Les obligations sont répertoriées à l’article 707-6 CPP (exercer une activité professionnelle,
établir sa résidence dans un lieu déterminé…)
Ces différentes obligations comportent nécessairement les mesures de contrôle définies par
l’article 707 – 5 CPP.
La personne peut en outre bénéficier de diverses aides visant à faciliter son reclassement (art
707-7 CPP).
Le juge peut prononcer la révocation du sursis si le condamné subit au cours du délai
d’épreuve, une condamnation sans sursis à une peine privative de liberté pour crime ou délit
de droit commun, ou s’il manque aux obligations qui lui sont imposées (art 707-14 et art 707-
15 CPP).

CHAPITRE II : L’EXTINCTION DE LA SANCTION

Les causes générales d’extinction de la sanction pénale sont énumérées par la loi. Il s’agit de
la prescription de la sanction, de l’amnistie, de la réhabilitation et de la grâce.

SECTION I : LA PRESCRIPTION DE LA SANCTION

Il y a prescription lorsqu’un certain délai s’est écoulé depuis la condamnation. La prescription


a pour effet de paralyser le titre d’exécution constitué par la condamnation pénale. Elle est
réglementée par l’art. 721 à 725 du CPP. Deux arguments ont été avancés en faveur de la
prescription :
- D’abord, on fait valoir qu’au bout d’un certain temps, l’infraction tombe dans l’oubli, car le
trouble social qu’elle a causé s’est peu à peu apaisé ;
- On soutient également que le condamné qui prescrit sa peine s’efforce de ne pas attirer
l’attention sur lui et qu’il va éviter de commettre une nouvelle infraction.
Les arguments ainsi présentés n’ont pas échappé à la critique.
Pour les positivistes, l’institution de la prescription ne doit bénéficier qu’aux délinquants
occasionnels ou passionnels, mais elle doit être écartée pour les délinquants d’habitude.
Cette critique n’a eu aucune incidence sur le droit Sénégalais, mais il faut bien reconnaitre
qu’elle ne manque pas de pertinence. En effet, en pratique, la prescription profite surtout aux
individus dangereux qui savent faire échec aux recherches policières les mieux organisées.

PARAGRAPHE I : LES CONDITIONS DE LA PRESCRIPTION

A- LE DELAI DE PRESCRIPTION

Il est de 20 ans pour les crimes, de 5 ans pour les délits et de 2 ans pour les contraventions.
Ce délai a pour point de départ le jour où la décision de condamnation est devenue définitive.
Mais si le condamné s’évade après une condamnation définitive, la prescription va
commencer à courir au jour de l’évasion. Le délai de la prescription peut être interrompu par
des actes d’interruption. C’est le cas de l’arrestation, du commandement de payer une peine
pécuniaire.
L’effet de l’interruption, c’est de faire courir un nouveau délai de prescription. Le délai de
prescription peut être aussi suspendu par des circonstances de droit ou des circonstances de
fait.
Comme circonstance de droit, on peut citer le sursis, le pourvoi en cassation.
En ce qui concerne les circonstances de fait, on peut donner comme exemple l’inondation ou
la guerre.
L’effet de la suspension, c’est d’arrêter la prescription. Celle-ci recommence à courir dès la
disparition de la cause de suspension.

B- LES SANCTIONS SOUMISES A LA PRESCRIPTION

La prescription paralyse le titre d’exécution constitué par la condamnation. Il en résulte que


seules les peines susceptibles d’une exécution forcée sur la personne ou sur les biens sont
atteintes par la prescription. Il en va ainsi pour les peines privatives de liberté, pour la peine
de mort, pour la confiscation et pour l’amende.
En revanche, les sanctions privatives de droit ne se prescrivent pas, car elles ne comportent
pas d’exécution forcée sur la personne. Ces sanctions ne sont que la conséquence de la
sentence qui a été prononcée et elles s’appliquent automatiquement. Ces sanctions concernent
les incapacités et l’interdiction de séjour.

PARAGRAPHE II : LES EFFETS DE LA PRESCRIPTION

La prescription dispense de l’exécution de la peine. Celle-ci est réputée avoir été exécutée,
mais la condamnation subsiste. Elle est inscrite au casier judiciaire. Elle compte pour la
récidive et met obstacle au sursis.
En ce qui concerne les condamnations civiles prononcées par les juridictions pénales, la loi est
formelle : elles ne sont pas concernées par la prescription de la peine et la victime peut agir
selon les règles du droit civil (voir art 725 CPP). Une solution particulière est également
prévue par la loi en cas de condamnation à une peine perpétuelle. Dans cette hypothèse, le
condamné qui a prescrit sa peine est soumis de plein droit à une interdiction de séjour
automatique et perpétuelle dans la région où demeurent la victime ou ses héritiers art.721
al.CPP.
Enfin, la prescription est d’ordre public. Elle s’impose aux magistrats du parquet et aux
juridictions de jugement. Le condamne lui-même ne peut y renoncer.

SECTION II : L’AMNISTIE

C’est une mesure d’oubli qui fait disparaitre l’infraction :


Elle ne peut résulter que d’une loi. Dans le code pénal, il n’existe aucune disposition générale
sur l’amnistie. Chaque loi d’amnistie se suffit à elle-même.
L’amnistie intervient surtout après les périodes de trouble pour faire taire les rancoeurs et
apaiser les esprits. Elle intervient aussi chaque fois qu’un président de la république est
nouvellement élu.

PARAGRAPHE I : LES CONDITIONS DE L’AMNISTIE

L’amnistie est accordée par l’Assemblée Nationale conformément à l’art. 67 de la


constitution. Si le législateur accorde l’amnistie en énumérant les infractions concernées sans
désigner les personnes qui bénéficient, on dit que l’amnistie a un caractère réel.
Par contre si le législateur énumère les infractions amnistiées en indiquant que seul
bénéficieront de l’amnistie, les auteurs de ces infractions qui seront désignés par décret, on est
alors en présence d’une grâce amnistiante. Cette mesure est une grâce, car par son caractère
personnel, elle ne profite qu’aux individus désignés par décret. Mais elle produit les effets de
l’amnistie.

PARAGRAPHE II : LES EFFETS DE L’AMNISTIE

L’amnistie fait disparaitre l’infraction mais la matérialité des faits subsiste.

A- L’AMNISTIE FAIT DISPARAITRE L’INFRACTION

Pour bien comprendre l’effet extinctif de l’amnistie, il faut s’attacher au moment de


l’intervention de la loi d’amnistie. Si la loi survient avant que les poursuites ne soient encore
engagées, celles-ci ne pourront plus l’être .On dit que l’action publique est éteinte.
Si l’amnistie intervient avant qu’une condamnation ait été prononcée, la condamnation est
alors rétroactivement effacée. Dans ce cas la fiche est retirée du casier judiciaire, la
condamnation prononcée ne compte plus pour la récidive et elle ne fait pas obstacle en cas de
nouvelle condamnation à l’octroi du sursis. L’effet extinctif ne joue pas cependant pour les
mesures de sureté à moins que la loi d’amnistie en dispose autrement.

B- LA MATERIELITE DES FAITS AMNISTIES SUBSISTE

L’amnistie enlève à l’infraction son caractère délictueux. Mais la matérialité des faits subsiste.
La victime de l’infraction amnistiée peut par conséquent agir en réparation.
L’action en dommage-intérêts de la victime est toujours rappelée par les lois d’amnistie
lorsqu’elles emploient la formule «l’amnistie ne saurait préjudicier aux droits des tiers ».
De même, le fait amnistie peut entrainer l’application d’une mesure disciplinaire sauf si la loi
d’amnistie en dispose autrement.
SECTION III : LA REHABILITATION

La réhabilitation est réglementée par les articles 739 à 754 CPP

PARAGRAPHE I : LES CONDITIONS D’APPLICATION DE LA


REHABILITATION

La réhabilitation peut être judiciaire ou légale. Elle s’applique à toutes les peines criminelles
ou correctionnelles.

A- LES CONDITIONS PROPRES A LA REHABILITATION JUDICIAIRE

1°) Les conditions de fond

En premier lieu, il faut que le condamné ait exécuté sa peine ou qu’il ait bénéficié d’une
mesure de grâce ou de la prescription.
La grâce et la prescription sont assimilées à l’exécution effective de la condamnation.
En second lieu la réhabilitation ne peut intervenir qu’au terme d’un certain délai. Ce délai est
de 5 ans pour les condamnations criminelles et de 3 ans pour les condamnations
correctionnelles.
Le point de départ du délai varie selon la nature de la condamnation.
Pour les peines privatives de liberté, ce délai va commencer à courir à partir du jour de la
libération du condamné.
Pour les peines d’amende, le délai part du jour ou la condamnation est devenue irrévocable.

2°) Les conditions de forme

Au plan formel, le condamné doit adresser une demande de réhabilitation au procureur de la


République de sa résidence actuelle.
En cas de décès, la demande peut être formée dans l’année par le conjoint, les ascendants et
les descendants.
Le Procureur de la République va procéder à une enquête dans les lieux ou le condamné a pu
séjourner.
Cette enquête permet de se renseigner sur la bonne conduite du condamné
Le dossier est ensuite transmis au Procureur général qui va saisir la chambre d’accusation.
Celle-ci est libre d’accorder ou de refuser le bénéfice de la réhabilitation.
En cas de rejet de la demande aucune nouvelle demande ne peut être formée avant
l’expiration d’un délai de 2 ans.

B- LES CONDITIONS PROPRES A LA REHBILITATION LEGALE

En premier lieu, il faut qu’un certain délai se soit écoulé. Ce délai est de 10 ans pour une
condamnation à un emprisonnement qui ne dépasse pas 6 mois : il est de 5 ans pour une
condamnation à l’amende ; il est de 15 ans pour une peine d’emprisonnement ne dépassant
pas 2 ans : il est de 20 ans pour les peines d’emprisonnement supérieur à 2 ans.
En second lieu, la réhabilitation légale suppose l’absence de condamnation à
l’emprisonnement ou à une peine plus grave pour crime ou délit dans les délais que nous
avions indiqués.
L’absence de condamnation remplace la condition de bonne conduite nécessaire à
l’application de la réhabilitation judiciaire.

PARAGRAPHE II : LES EFFETS DE LA REHABILITATION

Qu’elle soit légale ou judiciaire, la réhabilitation produit les mêmes effets : la condamnation
est effacée.
Elle ne figure plus aux bulletins n° 2 et n° 3 du casier judiciaire. Elle ne compte plus pour la
récidive et ne fait plus obstacle à l’octroi du sursis.
Enfin, la réhabilitation fait cesser toutes les incapacités qui résultaient de la condamnation
c’est-à-dire qu’elle met fin aux mesures de sûreté (art. 754 CPP).

SECTION IV : LA GRACE

C’est une prérogative du Chef de l’Etat et elle est prévue à l’art. 47 de la constitution.
Le droit de grâce permet de corriger la rigidité des institutions pénales. C’est une mesure utile
car c’est un moyen d’individualisation et d’humanisation de la répression. Elle peut bénéficier
à tous délinquants majeurs ou mineurs. Elle s’applique également aux délinquants primaires et
aux récidivistes. Elle s’applique aux délinquants sénégalais et aux étrangers.
PARAGRAPHE I : LES CONDITIONS D’APPLICATION

A- LES CONDITIONS DE FOND

Elles sont relatives aux peines et à la condamnation qui a été prononcée.

1°) Les conditions relatives aux peines

La grâce s’applique à toutes les peines principales prononcées par les juridictions répressives
de jugement. Peu importe qu’elles soient politiques ou de droit commun. Peu importe
également qu’elles soient graves ou bénignes. La grâce peut donc s’appliquer à une peine
d’amende. Mais elle ne s’applique pas aux mesures de sûreté, aux amendes fiscales, aux frais
de justice et aux dommages-intérêts.

2°) Les conditions relatives à la condamnation

La grâce n’est applicable que si la condamnation prononcée est définitive. Il faut en outre que
la condamnation soit exécutoire. La grâce n’est donc pas possible si la peine a déjà été subie,
si elle est prescrite ou si le condamné a bénéficié du sursis.

B- LES CONDITIONS DE FORME

Le condamné doit former un recours en grâce adressé au Président de la République par la


voie hiérarchique.
L’affaire est instruite par le parquet et le dossier est étudié au Ministère de la Justice par la
direction des affaires criminelles et des grâces.
Si la grâce est accordée elle fait l’objet d’un décret.
La procédure ainsi décrite est celle de la grâce individuelle.
Mais il existe des grâces collectives qui ne nécessitent pas le recours des intéressés. Elles ont
lieu à l’occasion de la Fête Nationale ou à l’occasion de l’entrée en fonction d’un nouveau
Président de la République.
Dans ce cas, la grâce est applicable aux condamnés qui remplissent les conditions précisées
dans le décret de grâce.
PARAGRAPHE II : LES EFFETS DE LA GRACE

La grâce dispense de l’exécution de la peine principale soit en totalité soit en partie.


Elle peut aussi remplacer la peine principale prononcée par une autre peine plus douce que le
condamné aura à subir. On parle dans ce cas de commutation de peine.
Les peines accessoires ou complémentaires sont exécutées sauf si elles sont mentionnées
expressément dans le décret de grâce.
Contrairement à l’amnistie, la grâce laisse subsister la condamnation. Celle-ci va continuer à
figurer au casier judicaire. Elle va compter pour la récidive et elle fait obstacle à l’octroi du
sursis.

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