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net/publication/344672052
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All content following this page was uploaded by Boubacar Sane on 15 October 2020.
Boubacar SANE
Résumé : L’économie sénégalaise est caractérisée depuis 2000 par des performances
économiques insuffisantes pour réduire la pauvreté (46,7% en 2011). Le niveau de croissance
est faible et a du mal à atteindre une croissance plus forte et plus durable (4,05% en
moyenne). L’objectif de cet article est de fournir une analyse systématique des performances
de l’économie sénégalaise entre 2000-2013. Spécifiquement, il s’agit de faire une analyse
comparative des leviers de la croissance économique. Pour y arriver, nous avons eu recours au
modèle de croissance néoclassique en appliquant la Méthode des Moments Généralisés en
système sur panel dynamique développée par Brueckner (2013). Cette approche facilite une
classification rigoureuse des leviers de la croissance économique dans trois grandes
catégories : les facteurs structurels, les conditions externes et les politiques de stabilisation.
Les résultats des estimations montrent que la croissance économique entre 2000-2013 est plus
attribuable à l’amélioration des facteurs structurels. En d’autres termes, le niveau de
croissance obtenu s’explique principalement par les variables structurelles telles que les
dépenses publiques, le rôle du secteur privé par la mise en place des conditions favorables à
son essor, les infrastructures, les acquis démocratiques, l’ouverture extérieure et l’éducation.
L’insuffisance de ces facteurs empêche d’atteindre durablement des taux de croissance plus
soutenus. Ainsi, une croissance forte et durable est conditionnée par la poursuite des réformes
structurelles à un rythme soutenu afin de lever les obstacles à la croissance.
Les opinions exprimées dans ce document de travail sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement
celles de la Direction de la Planification. Les documents de travail décrivent les recherches et analyses en cours
par les auteurs et sont publiés pour susciter des commentaires et le débat.
1
Direction de la Planification, 64 Rue Carnot x Dr. Thèze, BP : 4010 Dakar, Tel : (221) 33 889 72 78, Email :
mbdiop@minfinances.sn, boubacarsane@gmail.com.
Abstract: The Senegalese economy is characterized since 2000 by insufficient economic
performances to reduce the poverty (46.7 % in 2011). The level of growth is low and has
difficulty in to reach a stronger and more sustainable growth (4.05 % over the period). The
objective of this paper is to supply a systematic analysis of the performances of the
Senegalese economy between 2000-2013. Specifically, it is a question of making a
comparative analysis of the drivers of the economic growth. To arrive there, we resorted to
the neoclassical growth model by applying the System Generalized Method of Moments
regression model on dynamic panel developed by Brueckner (2013). This approach facilitates
a systematic classification of growth drivers into three broad categories: structural factors,
stabilization policies and external conditions. The results of the estimations show that the
economic growth between 2000-2013 was driven primarily by structural improvements. In
other words, the level of growth is mainly understandable by the structural variables such as
the government expenditure, the role of the private sector by the implementation of the
conditions favorable to his development, infrastructures, democratic experiences, integration
in the world economy and education. The insufficiency of these factors prevents from
reaching durably more steady growth rates. So, a strong and sustainable growth is conditioned
by the pursuit of the structural reforms at a sustained pace to raise the obstacles to the growth.
Le Sénégal a stagné dans un niveau de croissance faible et a du mal à atteindre une croissance
plus forte, plus durable et plus inclusive (Banque mondiale, 2014). Le taux de croissance
moyen du PIB a été de 3,85% par an au cours des années 2000-2013, un niveau légèrement
supérieur à celui de la croissance démographique et inférieur à la moyenne de 5% constatée
durant la période 1995-2005. Ainsi, l’économie sénégalaise est peu performante par rapport
aux autres pays africains qui ne possèdent pas d’abondantes ressources naturelles et
enregistrent un taux de croissance moyen compris entre 5,8 % et 8,9%. Cette performance
mitigée découle en partie de la Grande Récession (2007-2012). . Par conséquent, la pauvreté
n’a diminué que légèrement ces dernières années et avoisine 47%.
Malgré ces faibles performances, le Sénégal a franchi un pas important lorsqu’en juillet 2010,
il a été officiellement promu par la Banque mondiale au rang de pays à revenu moyen
inférieur. En 2014, la croissance est repartie à la hausse, le PIB a augmenté de 4,7% selon les
estimations. Les services constituent toujours le secteur le plus dynamique (5,6%), tandis que
le secteur secondaire tiré par le sous- secteur des bâtiments et des travaux publics (BTP) a
entamé une reprise de 4,9% après la baisse notée en 2013. Cette situation est attribuable au
renforcement de la demande intérieure tirée essentiellement par l’investissement public dans
l’énergie et les infrastructures.
1
macroéconomique, tout en s’appuyant sur des stratégies de développement bien structurées.
Ces pays ont mis en place des politiques macroéconomiques pour relancer l’économie dans le
moyen terme parallèlement à des réformes structurelles. Ces politiques ont permis à ces pays
de bénéficier d’importants flux d’aide financier et/ou d’allègement de dette, leur fournissant
une marge financière pour la mise en place de projets/programmes définis dans leur plan
stratégique de développement : que ce soit dans le social, dans les infrastructures ou les
investissements en capital humain.
L’objectif de cette étude est de fournir une analyse systématique des performances de
l’économie sénégalaise depuis 2000. Spécifiquement, il s’agit de faire une analyse
comparative des leviers de la croissance économique. Notre étude contribue à la littérature sur
la croissance économique du Sénégal en essayant de répondre à deux principales questions :
qu’est ce qui explique les performances économiques insuffisantes depuis 2000 ? Quelle
politique de croissance offre au Sénégal la meilleure opportunité de réaliser une croissance
soutenue et durable afin d’atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire ? Pour y arriver, la
Méthode des Moments Généralisés en système sur panel dynamique développée par
Brueckner (2013)2 a été adoptée. Cette approche facilite une classification rigoureuse des
leviers de la croissance économique dans trois grandes catégories : les facteurs structurels, les
conditions externes et les politiques de stabilisation.
Le reste de l’article s’articule comme suit. La première partie aborde les faits stylisés. La
deuxième et la troisième partie évoquent la méthodologie adoptée suivie des résultats. En
quatrième et cinquième partie, nous avons respectivement une analyse comparative des
déterminants de la croissance et les résultats des différents scénarios.
2
Méthode développée par Holtz-Eakin, Newey, Rosen (1988) et Arellano et Bond (1991) et utilisée pour des
études sur la croissance économique durant les 15 dernières années. Voir Bazzi et Clemens (2013) pour des
applications et critiques.
2
un accès privilégié aux marchés européens et américains, et une diversification importante de
son tissu économique. Cependant, les performances économiques du pays se sont pourtant
inscrites en retrait par rapport à la tendance globale des pays d’Afrique subsaharienne
(Chetboun, 2015).
Le Sénégal a connu une croissance économique erratique au cours des vingt dernières années.
Elle a atteint moins de 4% par an en moyenne durant cette période. Cependant, l’ajustement
du taux de change en 1994, accompagné de réformes économiques et l’alternance
démocratique en 2000 ont renforcé la confiance des investisseurs et se sont traduits par un
redressement de l’économie sénégalaise entre 1995-2005 avec un taux de croissance moyen
de 5%. Ce rehaussement s’explique par un gain de compétitivité des industries exportatrices.
Toutefois, depuis 2006, le rythme de la croissance a ralenti avec un taux de croissance annuel
moyen de 3,5% entre 2010-2013, suivi d’une reprise à partir de 2015.
3,7 3,5
4,0
3,1 3,2
3,0 2,5 2,4
2,0
1,8
2,0
1,0 0,7
0,0
2006
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Malgré les résultats satisfaisant de ces dernières années, la croissance économique reste
toutefois inférieure à celle enregistrée par le groupe de pays d’Afrique subsaharienne ne
possédant pas de ressources naturelles et réalisant des performances économiques : SSA6
(Burkina Faso, Tanzanie, Ethiopie, Ouganda, Rwanda et Mozambique) et les pays à faible
revenu.
3
14
12
10
8
PIB (%)
6
0
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
Sénégal SSA6 LIC SSA
Avec une forte croissance démographique (2,5%), on note une absence de convergence des
revenus du pays par rapport à l’Afrique subsaharienne. Le PIB connait une progression lente
et en deçà de celle notée dans les SSA6, en Afrique subsaharienne et dans les pays à faible
revenu.
2,5
1,5
0,5
0
1995
2008
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
Les performances enregistrées ces dernières années avec notamment une reprise de la
croissance économique (4,7% en 2014 et 6,5% en 2015) sont attribuables au renforcement de
la demande intérieure tirée par l’investissement public dans l’énergie et les infrastructures.
4
10
4
(%)
2
-2
-4
-6
Cons publ Cons priv Inv Export net PIB
Une décomposition sectorielle de la valeur ajoutée montre que les services constituent
toujours le secteur le plus dynamique avec une contribution de 5,6%, tandis que le secteur
secondaire, tiré par les BTP, a amorcé une reprise de 4,9% après la baisse constatée en 2013.
8
contribution des secteurs (en points)
-2
-4
-6
Durant les deux dernières décennies, la faiblesse de la productivité totale des facteurs a
grandement défavorisé la croissance économique du Sénégal. Une décomposition de la
croissance par facteurs de production fait apparaitre un déficit de la PTF sur la période 2006-
2013 avant une reprise entre 2014-2017. Sa faiblesse constitue un obstacle majeur à la
performance économique du Sénégal.
5
Tableau 1 : Décomposition de la croissance par facteur de production, 1995-2017
6
Tableau 3 : contribution sectorielle à la transformation structurelle
3. Méthodologie
Notre analyse est basée sur des études examinant les déterminants de la croissance
économique dans les pays en développement. Le modèle économétrique utilisé a été
développé par Loayza et al. (2005). Un modèle amélioré et mis à jour par Brueckner (2013).
Ces modèles de régression sur données de panel ont été conçus pour analyser les déterminants
de la croissance économique en Amérique Latine et dans les Caraïbes (Araujo et al, 2014)
Pour aplatir les effets cycliques de court terme qui ne sont pas durables, le modèle est estimé
en utilisant des moyennes de 5 ans (sans chevauchement) sur données de panel pour un
échantillon de 126 pays dont le Sénégal sur la période 1970-2010.
Les leviers de la croissance sont regroupés par catégories : les facteurs structurels, la
stabilisation et les effets externes. Chaque variable du vecteur 𝑋𝑐𝑡 est associée à une catégorie
de déterminant. Cette classification facilite une interprétation en permettant de savoir si la
croissance est conduite par de « bonnes politiques » (facteurs structurels, stabilisation) ou la
« chance » (facteurs externes).
7
3.2. Variables structurelles
Les variables structurelles captent les caractéristiques propres à un pays. En d’autres termes,
ce sont des outils d’observation de l’évolution des structures de l’économie. Pour cette étude,
elles renferment le taux de scolarisation secondaire considéré comme un proxy du capital
humain, l’ouverture commerciale, la variable institutionnelle, le crédit octroyé au secteur
privé qui permet de mesurer le développement financier. Elles prennent en compte aussi
l’infrastructure représentée par les lignes téléphoniques fixe pour 100 personnes. Par ailleurs,
pour mieux appréhender l’impact de la variable infrastructure, nous considérons les
abonnements à la téléphonie mobile et la densité routière. En outre, notre modèle inclut la
taille du gouvernement associée à la consommation publique. Bien qu’une augmentation des
dépenses publiques agisse positivement sur le revenu (à travers la santé, l’éducation et
infrastructure publique), nous cherchons à analyser l’impact négatif de cette variable ainsi que
des impôts sur le secteur privé. Cela ne devrait pas être confondu avec l’impact positif qu’une
augmentation des dépenses publiques pourrait avoir durant une période de ralentissement de
l’économie parce que notre modèle décrit une croissance à long terme. Il est à noter que notre
modèle dépend de la condition suivante : l’effet positif des dépenses publiques est capté à
travers l’éducation et l’infrastructure3. Finalement, des dépenses publiques très élevées
limitent l’espace fiscale pour contrer les chocs cycliques. Généralement, des mesures contra
cycliques peuvent être financées par des impôts ayant un effet de distorsion ou une
augmentation de la dette (Afonso et Furceri, 2010).
3.3. Stabilisation
Les variables de stabilisation renferment l’inflation, le taux de change et les crises bancaires
(Reinhart et Rogoff, 2011). En partant de l’hypothèse que les fluctuations macroéconomiques
peuvent influencer la croissance au cours d’une période prolongée, nous contrôlons le nombre
de crises bancaires, le taux d’inflation et le taux de change (une diminution de cette variable
suppose une dépréciation).
3
Voir aussi Loayza et al. (2005 :40-41).
8
𝐶𝑜𝑚𝑃𝐼𝑐,𝑡 = ∏ 𝐶𝑜𝑚𝑃𝑟𝑖𝑐𝑒 𝑖𝑡 𝜃𝑖𝑐
𝑖=1
Il est probable que le niveau de croissance économique observé à la date t dépende du niveau
observé dans un passé récent (t-1). Par conséquent, le taux de croissance réel du PIB par tête
retardé figure parmi les variables explicatives. Ainsi, il apparaitrait un risque
d’autocorrélation des erreurs qu’il est possible de tester en utilisant la méthode des moments
généralisés (MMG).
La Méthode des Moments Généralisés sur panel dynamique permet de traiter le problème
d’endogénéité potentielle de l’ensemble des variables explicatives du modèle estimé. Cette
méthode présente l’avantage de générer des instruments internes à partir des variables
explicatives endogènes du modèle. L’estimateur utilisé est celui de la Méthode des Moments
Généralisés en système proposé par Blundell et Bond (1998).
Cet estimateur combine, dans un seul système, le modèle en niveau avec celui en différence
première. Les instruments pour la régression en différence sont ceux préconisés par Arellano
et Bond (1991). Ces derniers proposent d’instrumenter les différences premières des variables
explicatives endogènes du modèle en différence par leurs valeurs retardées (d’au moins deux
périodes) en niveau. Les variables explicatives endogènes du modèle en niveau sont quant à
elles instrumentées par leur différence première la plus récente et ce, sous l’hypothèse de
«quasi stationnarité» de ces variables (selon cette hypothèse, la corrélation entre l’effet
individuel et les variables explicatives endogènes du modèle en niveau est constante dans le
temps).
A partir d’une étude de simulation, Blundell et Bond (1998) ont montré que l’inclusion de la
régression en niveau améliore sensiblement la qualité de l’estimation et réduit les biais
potentiels associés à l’estimateur en différence. Le système d’équations ainsi obtenu est
estimé à l’aide de la Méthode des Moments Généralisés.
9
3.6. Calcul des contributions à la croissance
Les contributions à la croissance du PIB réel par tête sur chaque période peuvent être
calculées par la première différence de l’équation (1) :
∆𝑙𝑛𝑦𝑐𝑡 = 𝛾(∆𝑙𝑛𝑦𝑐𝑡−1 ) + 𝛽∆ln(𝑋)𝑐𝑡 + ∆𝑏𝑡 + ∆𝑒𝑐𝑡 (2)
La croissance peut être expliquée par le PIB de l’année précédente, la variation des variables
explicatives (𝑋) et un choc mondial sur une période (∆𝑏𝑡 ). Notons que les effets fixes par
pays sont neutralisés après différenciation.
Pour calculer la contribution de chaque indicateur, sa variation sur une période est multipliée
par le coefficient moyen qui lui est associé. Ce dernier est issu des travaux de Brueckner
(2013). Dans le but de faciliter l’analyse des déterminants de la croissance économique du
Sénégal depuis 2000, il est utile de définir des sous périodes. Ainsi, quatre sous périodes sont
retenues : 2000-2004, 2005-2009, 2010-2013. Sur chacune des périodes, les valeurs moyennes
sont considérées.
10
4. Résultats
Le modèle est bien spécifié et compatible avec la théorie économique. Les résultats sont
présentés dans le tableau 4 avec en colonne 1 les coefficients associés aux indicateurs. Les
colonnes 2-3-4 résument la robustesse du modèle.
Note : Résultats de Brueckner (2013). ***, ** et * indiquent une signification statistique à 1, 5 et 10 pourcent
respectivement. AB(1) et AB(2) sont, respectivement, le p-value des tests d’autocorrélation de premier et
second ordre d’Arellano et Bond. Le test de Sargan rapporte les p-values
11
Le tableau 5 renseigne sur les résultats obtenus à partir des données portant sur le Sénégal
pour les périodes : 2000-2013, 2000-2004, 2005-2009, 2010-2013. Dans l’ensemble, il n’y a
aucune indication montrant que le modèle est mal spécifié et les coefficients associés aux
variables présentent les signes attendus sauf pour la variable institution (Polity2) qui n’est pas
statistiquement significatifs.
12
La figure 6 donne le classement des leviers de la croissance économique du Sénégal depuis
2000.
Figure 6 : contribution des leviers de la croissance
3,000
contribution à la croissance du PIB par
2,500
2,000
1,500
tête (%)
1,000
0,500
0,000
2000-2013 2000-2004 2005-2009 2010-2013
-0,500
Les résultats des estimations indiquent que la croissance économique entre 2000-2013 est
imputables à l’amélioration des facteurs structurels. En effet, la contribution de ces facteurs à
la croissance du PIB par tête s’élève à 1,074% sur un total de 1,297%. Sur cette période, la
stabilisation ainsi que les facteurs externes ont une contribution négative (-0,038 et -0,009%
respectivement). La croissance du PIB par tête est également expliquée par le PIB par tête
retardé avec une contribution de 0,27%.
Les investissements publics dans les infrastructures, une augmentation du crédit octroyé au
secteur privé, la qualité des institutions ainsi qu’une réduction de la consommation publique
sont les leviers structurels de la croissance observée sur la période 2000-2013 même si le
niveau de croissance est faible. En d’autres termes, l’explication des performances
économiques se trouve principalement dans un certain nombre de variables structurelles telles
que l’inefficacité des dépenses publiques, le rôle du secteur privé par la mise en place des
conditions favorables à son essor (environnement des affaires transparent), les infrastructures,
les acquis démocratiques, l’ouverture extérieure et l’éducation. Un niveau insuffisant de ces
facteurs empêche d’atteindre durablement des taux de croissance plus soutenus.
13
d’investissement sont principalement axées sur le développement et la modernisation des
infrastructures (énergie, transport, télécommunication…). En outre, le rôle du secteur privé a
été déterminant dans la mesure où les exportations et l’investissement privé se sont
véritablement relancés (Figure 7).
Par ailleurs, le Sénégal a bénéficié durant la décennie 2000 d’une réduction de la dette
transformée en dépenses sociales. En effet, les ressources issues de l’annulation de la dette ont
été affectées prioritairement aux secteurs de l’éducation, de la santé, des infrastructures etc.
Ainsi, l’initiative d’allégement de la dette a permis au Sénégal d’avancer dans la mise en
place de son programme de croissance et de réduction de la pauvreté.
A côté de ces facteurs structurels, plusieurs chocs internes et externes tels que la crise du
secteur productif en 2006 (SAR, ICS, Senelec), la hausse des prix alimentaires et des cours
mondiaux du pétrole en 2008, la crise mondiale en 2008, et les difficultés du secteur
électrique en 2010 ont pénalisé les performances de l’économie sénégalaise (Madariaga,
2012a).
14
Figure 7 : tendance des leviers de la croissance
40 1 10
20 0,5
5
0 0
0
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
Abonnés à la téléphonie mobile (pour 100
personnes) Investissement privé (%PIB)
Lignes téléphoniques (pour 100 personnes) Investissement public (%PIB)
2010
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2011
2012
2013
2014
10
0 Indice de la valeur des exportations
(2000=100)
Indice du volume des exportations (2000=100)
SEN LIC SSA
-10 0
1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012
SEN LIC SSA
15
7. Densité du réseau routier (km de route pour 100 personnes)
7,8
7,6
7,4
7,2
7,0
6,8
6,6
6,4
2000 2001 2002 2003 2006 2007 2009 2010 2011
Tableau 6 : Benchmarking
Sénégal Lower Middle Income Countries SSA
Variables 25% Median Average 75% 90%
PIB réel par habitant (ppp), US$ 1443,8 1443,3 2257,4 2247,3 3575,6 7389,2
Taux de change réel 40 47,7 49,2 60,2 40,7
Taux de scolarisation sec (brut, %) 27,9 42,2 55 54,9 82,1 86
Crédit au secteur privé (% PIB) 24,0 14,1 25,9 23,6 36,7 44,5
Ouverture -0,2 0,1 0,1 0,3 0,4
Consommation publique (% PIB) 12,6 7,9 11 12,3 19,5 6,4
IPC, Inflation (annuel, %) 2,5 6 8,8 8,7 12 4,3
Lignes téléphoniques (100 pers) 2,3 1,3 4 3,4 8,8 7
Téléphone mobile (abonnés) 43,9 30 44,5 40 57,1 78
Crise bancaire (non=0; oui=1) 0,0 0 0 0 0 0
Polity2 7,2 8 14,5 11,1 19 19
Source : calcul des auteurs
Note : la performance d’un pays dépend de la variable en question. Pour les LMIC (pays à faible revenu ou
intermédiaire), le 75ème centile est généralement la meilleure performance pour les variables ayant un impact
positif sur la croissance (scolarisation, crédit octroyé au secteur privé, ouverture, lignes téléphoniques,
16
institutions). Cependant, pour les variables ayant un impact négatif sur la croissance, le 25ème centile est la
meilleure performance (taux de change, consommation publique, crise bancaire et inflation).
6. Scénarios
Dans cette partie, nous utilisons le modèle pour effectuer des projections. Il s’agit d’appliquer
plusieurs politiques à la fois. Spécifiquement, nous considérons trois scénarios de politique
économique et leurs implications. Comparée au benchmarking, cette approche a l’avantage de
modifier simultanément plusieurs variables. Cet exercice présente des limites
méthodologiques qui nécessitent une interprétation minutieuse des résultats. Cependant, les
simulations donnent un aperçu significatif du chemin de la croissance ainsi que des sources de
la croissance.
Nous ne pouvons manipuler que les variables structurelles. En effet, l’inflation est maitrisée et
le Sénégal n’a pas de main mise sur l’environnement extérieur.
17
Tableau 7: résultats du scénario A
2010-2013 scénario A: statu quo
Valeur de base
Effet
∆% niveau ∆% niveau coefficients prévu
structurels:
∆ln(scolarisation) 3,304 38,995 7,706 42,000 0,018 0,139
∆ln(credit/GDP) 2,211 29,317 0,000 29,317 0,074 0,000
∆ln(ouv) 0,444 70,700 0,000 70,700 0,082 0,000
∆ln(G/PIB) -0,125 12,452 12,431 14,000 -0,262 -3,257
∆ln(téléphones) 3,351 2,537 37,966 3,500 0,141 5,353
∆ln(institutions) 0,000 7,000 42,857 10,000 -0,003 -0,129
structurels 2,106
persistence 2010-2013 -0,071
stabilisation -0,007
externes 0,073
Taux de croissance annuel moyen du
PIB par tête prévu 2,102
Source : calculs des auteurs
18
Tableau 8 : résultats du scenario B
2010-2013
Valeur de base scénario B: réforme du secteur privé
effet
∆% niveau ∆% niveau coefficients prévu
structurels:
∆ln(scolarisation) 3,304 38,995 15,399 45 0,018 0,277
∆ln(credit/PIB) 2,211 29,317 22,797 36 0,074 1,687
∆ln(ouverture) 0,444 70,700 6,082 75 0,082 0,499
∆ln(G/PIB) -0,125 12,452 0,000 12,452 -0,262 0,000
∆ln(téléphones) 3,351 2,537 18,257 3 0,141 2,574
∆ln(institutions) 0,000 7,000 42,857 10 -0,003 -0,129
structurels 4,909
persistence 2010-2013 -0,071
stabilisation -0,007
externes 0,073
Taux de croissance annuel moyen
du PIB par tête prévu 4,904
Source : calculs des auteurs
19
Tableau 9 : résultats du scénario C
2010-2013
Valeur de base scenario C: accélération de l’investissement public
éffet
∆% niveau ∆% niveau coefficient prévu
structurels:
∆ln(scolarisation) 3,304 38,995 7,706 42 0,018 0,139
∆ln(credit/PIB) 2,211 29,317 -11,313 26,000 0,074 -0,837
∆ln(ouv) 0,444 70,700 0,000 70,700 0,082 0,000
∆ln(G/PIB) -0,125 12,452 12,431 14,000 -0,262 -3,257
∆ln(téléphones) 3,351 2,537 57,676 4 0,141 8,132
∆ln(institutions) 0,000 7,000 42,857 10 -0,003 -0,129
structurels 4,048
persistence 2010-2013 -0,071
stabilisation -0,007
externes 0,073
Taux de croissance annuel moyen
du PIB par tête prévu 4,044
Source : calculs des auteurs
Avec une croissance démographique de 2,5%, on peut s’attendre pour les scenarios A, B et C
à un taux de croissance annuel respectif de 4,6%, 7,4% et 6,5%.
Le scenario B portant sur une réforme du secteur privé procure le meilleur résultat.
7. Conclusion
Cette étude dont l’objectif est de faire une analyse systématique et rigoureuse des
performances de l’économie sénégalaises, a permis d’établir une analyse comparative des
leviers de la croissance économique. Il ressort des analyses, des performances économiques
insuffisantes caractérisées par une progression lente du PIB et en deçà de celle notée dans le
groupe de pays africains ne possédant pas de ressources naturelles et réalisant des
performances économiques : SSA6 (Burkina Faso, Tanzanie, Ethiopie, Ouganda, Rwanda et
Mozambique) et en Afrique Subsaharienne, d’où une absence de convergence par rapport aux
20
pays comparateurs. Ces performances résultent en partie de la faible productivité des facteurs
de production, des chocs exogènes et de la lenteur notée dans les réformes relatives au climat
des affaires. D’après les résultats des estimations, les performances enregistrées depuis 2000
sont attribuables aux facteurs structurels tels que le capital humain, l’ouverture commerciale,
les institutions, le crédit accordé au secteur privé, les infrastructures et la consommation
publique. Ces facteurs contribuent grandement à l’évolution du PIB. Afin de réaliser une
croissance forte et durable, et atteindre un objectif de croissance de 7%, une réforme du
secteur privé, considéré comme un moteur de croissance, est nécessaire comme le montre les
résultats des scénarios. Ainsi, une croissance forte et durable est conditionnée par la poursuite
des réformes structurelles à un rythme soutenu afin de lever les obstacles à la croissance. Ces
réformes viseront particulièrement :
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Annexes
PIB par habitant (%) : variation du PIB par habitant entre deux périodes (PWT 7.1).
Polity 2 : cet indice vise à évaluer la qualité des régimes politiques des pays ou bien à
apprécier le degré de démocratie d’un pays. Les pays appartenant à l’intervalle [-10 ;-6] sont
considérés comme des « autocraties », ceux se situant dans l’intervalle [-5 ; +5] sont assimilés
à des « régimes mixtes » possédant à la fois les caractéristiques d’un régime autocratique et
celles d’un régime démocratique, enfin les pays appartenant à l’intervalle [+6 ; +10] sont
considérés comme des « démocraties » (Polity IV (2012)).
Crédit au secteur privé (% PIB) : Le crédit intérieur du secteur privé fait référence aux
ressources financières fournies au secteur privé, notamment par le biais de prêts, d'achat de
titres autres que des actions, de crédits commerciaux et d'autres comptes débiteurs, qui
constituent des créances à rembourser. Dans certains pays, ces créances comprennent les
crédits accordés aux entreprises publiques (WDI).
Lignes téléphoniques : il s’agit des lignes téléphoniques fixes qui relient l'équipement de
terminal d'un utilisateur au réseau téléphonique commuté public et qui ont un port sur le
central téléphonique. Les canaux du réseau numérique à intégration de services et les abonnés
à l'accès fixe sans fil sont inclus.
Inflation : l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC+100) reflète les
variations du coût d’un panier de biens et services acheté par le consommateur moyen (WDI).
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Taux de change réel : taux de change nominal entre deux monnaies déflatés des prix (PWT
7.1).
Crises bancaires : 1 si le pays a connu une crise bancaire, 0 sinon (Reinhart et Rogoff 2012).
Termes de l’échange : L’indice des termes de l'échange de marchandises nets est calculé
comme le rapport de l'indice de la valeur unitaire des exportations sur l'indice de la valeur
unitaire des importations, mesuré sur l'année de référence 2000.
Prix des matières premières : l’indice des prix d’exportation de marchandises Arezki and
Brueckner (2012)
𝐶𝑜𝑚𝑃𝐼𝑐,𝑡 = ∏ 𝐶𝑜𝑚𝑃𝑟𝑖𝑐𝑒 𝑖𝑡 𝜃𝑖𝑐
𝑖=1
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