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REPUBLIQUE DU BENIN

**_*_**
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT
SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE (M.E.S.R.S)
***_**_***
Ecole Supérieure d’Administration, d’Economie, de Journalisme
et des Métiers de l’Audiovisuel (ESAE)
***_**_**_**_***
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE
LA LICENCE PROFESSIONNELLE

Filière : Administration Générale et Territoriale

Dynamique de la gouvernance de la Mairie de Djougou


depuis l’avènement du Secrétaire Exécutif

Réalisé et présenté par  :


ABIOLA Franck 65097134
MAMAM Modeste 62562576

Sous la direction du  :
Dr KOUGBLENOU

Année académique :

2022- 2023
INTRODUCTION
Après la Deuxième Guerre mondiale, alors que l’Europe reconstruit son
économie à l’aide du plan Marshall, les colonies africaines, nouvellement
indépendantes, connaissent des problèmes au niveau de leur développement. En
effet, ces colonies avaient entamé un processus de développement qui avait du
mal à prospérer. Les difficultés économiques étaient présentes dans tous les
domaines avec comme conséquences la stagnation et des taux de croissance
négatifs (Baldé, 2012). Les PAS furent alors imposés à ces États comme voies
de sortie. Ces politiques, initiées principalement par la Banque Mondiale et le
Fonds Monétaire International, ont pour justification la faillite des États
africains dont la prise en charge des besoins par ces institutions se fait selon des
conditionnalités dont l’acceptation oblige tous ces États à réduire drastiquement
les budgets consacrés au volet social de leur politique publique. Mais les PAS ne
permirent pas non plus de sortir totalement ces États de l’auberge. La gestion du
pays, très centralisée, appuyée à des systèmes de partis uniques, comme ce fut le
cas au Bénin (sous Kérékou de 1972 à 1989), et tan d’autres, ne favorisait pas
une réelle prise en compte des préoccupations locales. L’une des principales
conséquences était que les économies de ces pays faisaient désormais de plus en
plus recours à l’extérieur en vue de satisfaire les besoins primaires de leurs
populations : salaires impayés des fonctionnaires, système éducatif et de santé
au ralenti ; bref, un climat social et économique très délétère.
Toutes les conditions semblaient donc réunies pour une implosion sociale
du système. Et c’est ce qui arriva dans plusieurs pays ouest-africains, comme ce
fut le cas au Bénin en 1989 avec une grève généralisée des fonctionnaires du
secteur public qui engendra une paralysie de tout le pays.
Au vue de ces constats qu’un changement a été introduit par une loi
du chef de l’état de la rupture, qui consiste a nommé des SE. Selon le Code de
l’administration territoriale, le secrétaire exécutif choisi et nommé pour un

1
mandat de 6 ans, met en œuvre la politique de développement de la commune.
C’est surtout l’ordonnateur du budget communal, pouvoir retirer au maire qui se
contentera des fonctions politiques.
En outre, il s’agit d’une option du gouvernement pour dépolitiser la
gestion des communes et garantir une saine utilisation des ressources
financières. La réforme a fait grincer des dents quand elle a été dévoilée en
septembre 2021.
C’est dans ce contexte que le travail de recherche aborde le thème intitulé
« Dynamique de la gouvernance de la Mairie de Djougou depuis
l’avènement du Secrétaire Exécutif ». Ce mémoire est structuré en (03) grands
chapitres :
 Le premier chapitre fait l’objet du cadre institutionnel de l’étude ;
 Le deuxième présente le cadre théorique et méthodologique de
recherche ;
 Le dernier chapitre se charge de la présentation, analyse des
résultats atteints et quelques suggestions.

2
PROBLEMATIQUE
Après les indépendances et des décennies de gestion plus ou moins
chaotiques, plusieurs Pays en Développement (PED), dont ceux ouest-africains,
se sont engagés, dès les années1990, dans un processus de décentralisation à
redéfinir le rôle de l’État et réorganiser le secteur public. Ils adoptèrent ainsi une
gestion publique basée sur l’existence de gouvernements infranationaux
différents du pouvoir central ; l’attribution auxdits gouvernements de
compétences en planification et gestion des politiques publiques locales ; la
désignation par élection des élus de ces gouvernements.
Soutenue par les agences internationales de développement, la
décentralisation fut guidée par la volonté de promouvoir la démocratie locale par
une meilleure participation des populations et de produire ainsi un
développement plus durable. Elle est alors devenue, selon Nanako (2018), un
indicateur de démocratisation et un instrument de développement équilibré des
territoires nouvellement créés.
La commune de Djougou, chef-lieu du département de la Donga est située
au Nord-ouest du Bénin. Djougou, commune cosmopolite du Nord Bénin,
troisième en matière de population et carrefour de l’espace CEDEAO, compte
12 arrondissements, dont trois urbains. La commune s’étend sur 3 966 km2 et sa
population estimée à 327 184 habitants en 2020. Cette commune présente
d’énormes potentialités sur tous les plans. Elle dispose d’une bonne
pluviométrie. On y retrouve également des ressources touristiques diversifiées
(palais, forêts sacrées, forêts classées, massifs forestiers, pierres mystérieuses,
mares, collines, nappes). Les ressources naturelles dont la localité regorge sont
entre autres les bas-fonds, barrages, retenues d’eau, ressources minières (sable,
gravillons, latérite) et les sols argilo-sableux ou latéritiques favorables à
l’agriculture. A part l’agriculture, le commerce représente, par ordre
d’importance, la deuxième source de revenus. Le transport constitue également
une activité importante. Son développement se justifie par la position de ville
3
carrefour et de transit qu’occupe Djougou. L’autre atout non moins important
est que la commune de Djougou a une population majoritairement jeune.
Mais malgré ces potentialités, cette commune n’est pas un niveau du
développement apprécié. L’indice de bonne gouvernance locale est de 0,1357.
Ce qui voudra dire que cette commune a un manque accru de pratiques de bonne
gouvernance par rapport à la situation adéquate, graves préjudices aux normes
de bonne gouvernance et prédisposition massive de la commune à la
détérioration prononcée de la qualité de gouvernance.
Mais depuis l’avènement des secrétaires exécutifs dans les Mairies, la
gouvernance des mairies dans cette région a connu des changements
significatifs.
Il faut dire aujourd’hui que la réforme de la gestion des finances au niveau
local, c’est une bonne dynamique. Les cadrages qui sont sortis, ce sont de
bonnes choses qui doivent aider les maires à travailler pour mobiliser davantage
les ressources mais aussi, en assurer une bonne gestion. La décentralisation de
façon globale commence par plomber, j’ai l’impression. Parce que la population
attend davantage de nos collectivités, de nos mairies. Mais, nous n’avons pas
suffisamment les moyens d’assurer le service public et, l’Etat devrait nous aider
davantage en transférant suffisamment de ressources. Quand je parle de
ressources, la priorité, ce sont les ressources humaines et, les ressources
financières. Parce que nous n’avons pas suffisamment de personnel pour assurer
le service public. L’Etat en a à foison, d’autres ne travaillent même pas. Donc
l’Etat peut nous envoyer le reste qu’il n’utilise pas
En outre, il faut dire que dans la prise de décision au niveau des réformes,
nous, collectivités, on s’attend à ce que ça soit concerté.
Dans le souci d’analyser les avantages de cette politique de l’Etat en
impliquant des SE dans la gestion des collectivités territoriales au Bénin, nous
avons jugé utile de porter notre recherche sur la question centrale : quelle est la
dynamique de la gouvernance de la Mairie de Djougou depuis l’avènement
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du Secrétaire Exécutif ? Cette problématique est naturellement accompagnée
d’un certain nombre de questions pour mieux appréhender le sujet, ces questions
subsidiaires sont formulées comme suit :
 Quel est l’effet de la présence du SE sur la gestion des projets et
politiques de collectivité territoriale de Djougou
 Quel est l’impact de la présence du SE dans l’exécution des
prévisions de la commune ?
 Et quels sont les changements constatés dans les services
administratifs de la mairie de Djougou ?

OBJECTIFS DE RECHERCHE
Cette partie présente l’objectif général puis les objectifs spécifiques de l’étude
a- Objectif général
L'objectif Général de la présente étude est d’analyser la dynamique de la
gouvernance de la Mairie de Djougou depuis l’avènement du Secrétaire
Exécutif.
Plus spécifiquement, il s’agit de :
b- Objectifs spécifiques :
- Analyser l’effet de la présence du SE sur la gestion des projets et
politiques de collectivité territoriale de Djougou.
- Etudier l’impact de la présence du SE dans l’exécution des prévisions de
la commune
- Déclinez les changements constatés dans les services administratifs de la
mairie de Djougou 
- Hypothèses de recherche
Dans le but d’atteindre les objectifs suscités, nous formulons les
hypothèses suivantes :
H1 :« la présence du SE a un effet positif sur la gestion des projets et
politiques de collectivité territoriale de Djougou ».

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H2 : « la présence du SE impact positivement l’exécution des prévisions de
la commune ».
H3 :« les services administratifs de la mairie de Djougou ont connu de
changement efficace dans leur traitement ».

REVUE DE LITTERATURE
Cette partie sera consacrée à la définition des concepts important dans un
centre d’accompagnement. Nous verrons donc la définition selon quelques
références et de passer en revue les analyses et conclusion faites par certains
auteurs sur le thème choisir et de préciser la méthodologie adoptée pour obtenir
les données.

CLARIFICATION DES CONCEPTS


 Dynamique
Le mot « dynamique » désigne ou qualifie en physique des forces qui sont
relatives au mouvement. La dynamique (du grec ancien δυναμικός, dynamikos,
puissant, efficace) est une discipline de la mécanique classique qui étudie les
corps en mouvement sous l'influence des actions mécaniques qui leur sont
appliquées. Elle combine la statique qui étudie l'équilibre des corps au repos, et
la cinématique qui étudie le mouvement.
 Gouvernance
De l'anglais governance, le terme « gouvernance » désigne un ensemble de
décisions, de règles et de pratiques visant à assurer le fonctionnement optimal
d'une organisation, ainsi que les organes structurels chargés de formuler ces
décisions, règles et pratiques, de les mettre en œuvre et d'en assurer le contrôle.
La gouvernance est, de façon générale, un concept représentant la manière dont
un domaine d’activités est gouverné. La gouvernance renvoie à un système
d’entités décisionnelles qui dirige un certain domaine d’activités, autrement dit à
un « système de gouvernance », impliquant notamment une structure de
gouvernance et un dynamisme de système (processus de gouvernance, activités
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de gestion, etc). Parmi les types de gouvernance, on retrouve la gouvernance
publique et la gouvernance privée.
En réalité, il n’existe pas une définition unique et standard du concept de
gouvernance. Ce concept de gouvernance a été inventé par les institutions de
Brettons Wood dans les années 80 et est aujourd’hui adopté par la quasi-totalité
des milieux institutionnels, nationaux et internationaux. C’est une notion
controversée. Le thème de gouvernance est en effet défini et entendu
aujourd’hui de manière très diverse et parfois contradictoire.
Pour la Banque Mondial (1999), la gouvernance recouvre les normes,
traditions et institutions à travers lesquelles un pays exerce son autorité sur le
bien commun. La gouvernance telle que définie dans un manuel publié par
Africare (cité par CIRD 2004), est l’exercice des pouvoirs économique,
politique et administratif dans le but de gérer les affaires publiques du pays à
tous les niveaux. En d’autres termes, elle est la manière dont la société
s’organise pour prendre des décisions engageant toute la collectivité, résoudre
les problèmes communs, mobiliser, allouer et gérer les ressources communes,
trancher les différends qui rugissent.
De manière constante, trois éléments sont à retrouver dans la définition du
mot ‘’ gouvernance’’ : d’abord, elle est définie comme l’exercice du pouvoir ou
de l’autorité d’un pays ; ensuite l’exercice du pouvoir ou de l’autorité sous-
entend l’ensemble des règles, procédures, institutions et mécanismes mis en
place pour règlementer la manière dont ce pouvoir ou cette autorité est exercée ;
et enfin la possibilité offerte ou non par l’ensemble ces règles, procédures,
institutions et mécanismes aux citoyens d’exprimer leurs intérêts, d’exercer leurs
droits et de participer au processus de prise de décisions et à l’exercice du
pouvoir. Dans le cas de l’administration territoriale au Bénin, l’exercice du
pouvoir sur les collectivités territoriales se fait par : ‘’la décentralisation’’ qui est
le processus par lequel l’Etat transfert certains de ses pouvoirs et de ses
prérogatives à des collectivités territoriales autonomes.
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 Mairie
La mairie, est l'appareil administratif d'une ville ou commune, qui est logé
dans le bâtiment qu'on appelle hôtel de ville, aussi maison communale, maison
commune ou bureau communal. Par extension, dans les plus petites villes, on
appelle souvent ce bâtiment mairie. Autrement dit, la mairie est une collectivité
territoriale qui a pour principale mission de satisfaire les besoins quotidiens de la
population. Ses attributions sont multiples : état-civil, urbanisme et logement,
écoles et équipements, activités culturelles, santé et aide sociale, police …

TRAVAUX EMPIRIQUES
Les résultats de Dansou (2022), révèlent que, malgré la diversité dans la
mise en œuvre de la décentralisation au Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,
Guinée, Mali, Sénégal et Togo, le processus recèle toujours, au sein de ces pays,
des insuffisances similaires : compétences attribuées aux collectivités par les
lois, mais non transférées réellement; manque d’autonomie de décision et de
gestion des collectivités (prévues par les lois) du fait des contrôles massifs et de
la mainmise des gouvernements centraux sur les ressources financières que la
fiscalité locale inadaptée ne permet pas de facilement recouvrer; capacité réduite
des CT à réellement influencer les décisions des pouvoirs centraux à cause du
caractère toujours inachevé ou en perpétuelle reconstruction du processus.
Toutefois, la thèse note la présence, au sein de ces pays, des dynamiques portées
par les OSC s’investissant aujourd’hui là où les pouvoirs publics sont
défaillants. Dans cette logique, d’autres résultats démontrent le poids des
innovations des acteurs locaux, surtout celles institutionnelles, en réponse aux
défaillances constatées de la décentralisation sur le développement d’un ou de
plusieurs territoires.
Il faut aussi souligner que par ces résultats, il démontre que malgré les
insuffisances de la gouvernance dans les pays décentralisés africains, il existe

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encore des dynamiques portées par les acteurs et qui témoignent toujours de la
présence d’une démocratie locale.
En Afrique, l’État central ayant longtemps été seul aux commandes des
initiatives de développement, l’une des stratégies fut les projets d’aide au
développement appuyés par les institutions internationales pour réduire la
pauvreté économique. Conçues sans et pour les populations, ces stratégies furent
justement l’une des causes de l’échec de ces projets. Ceci fit dire déjà à Cernéa
(1999) qu’il faille peut-être inverser la démarche classique de conception des
projets. On indexe ainsi la gouvernance top-down. D’ailleurs, le rapport 1989 de
la Banque Mondiale pointait déjà l’absence d’une bonne gouvernance pour
expliquer les raisons du sous-développement des pays ouest-africains.
La décentralisation est intervenue pour corriger cette défaillance au profit
d’une coordination d’une diversité de niveaux de décisions (Stoker, 2011),
d’acteurs et d’intérêts pour une production de biens collectifs, pour un meilleur
développement. De façon assez naturelle, s’est aujourd’hui installée l’évidence
d’une relation transitive entre décentralisation et développement local qui
trouverait en elle l’instrument logique de sa réalisation (Deberre, 2007). Cette
relation justifie probablement l’obligation faite aux communes décentralisées
(comme au Bénin avec l’article 84 de la loi N 97-029 du 15 janvier 1999) de
disposer d’un Plan de Développement Communal (PDC)
Il incombe, ainsi aux territoires, de repenser leur développement afin
d’améliorer ou de diversifier la production (biens et services), mais également
d’instaurer une nouveauté dans les interactions socioéconomiques (Bonny et
Giuliani, 2012). Torre (2018) qualifie ces paramètres de moteurs du
développement territorial que sont la production et la gouvernance. La
gouvernance désigne un système où les acteurs, dans leurs interactions, sont
amenés à expérimenter de nouvelles formes d’action publique et de participation
aux décisions et qui privilégie divers réseaux et échelons d’action (Stoker,
2011). La production concerne la fourniture de biens et services, la création, la
9
multiplication et l’utilisation des ressources offertes par les territoires (Torre,
2018). On ne saurait donc parler de développement sans gouvernance et
production. Et la décentralisation venue favoriser un meilleur développement
viserait ainsi une meilleure gouvernance et production qui, pour
Moine (2006), sont des processus dynamiques constamment maintenus
par les innovations.
Investis désormais d’un rôle au premier plan dans l’attractivité de leur
territoire, les acteurs locaux doivent constamment innover (Thrift, 2008). Il
s’agit donc d’innovation ascendante. En la matière, Klein (2017) parle
d’innovation sociale (IS) définie comme ‘’de nouveaux arrangements sociaux,
organisationnels ou institutionnels où des nouveaux produits ou services ayant
une finalité sociale promue par les Organisations de la Société Civile (OSC)
pour répondre à une aspiration, subvenir à un besoin, apporter une solution à un
problème.’’
Au lieu d’IS, d’autres auteurs comme Seyfang et Smith (2007) évoquent
le concept de Grassroot Innovation (GI) qui cherchent à apporter des réponses
aux besoins sociaux identifiés et à revoir l’ordre établi.
Torre (2018) préfère lui, parler d’Innovations Territoriales (IT) qui
accompagnent les mutations créatrices de nouveauté ou destructrices des anciens
modèles de croissance et de gouvernement. Les IT influencent ainsi les
processus de production et de gouvernance au sein d’un territoire (ibid.).
Si la gouvernance implique, partout, une diversité d’acteurs et d’échelons,
la production, outre les services, est en Afrique beaucoup plus axée sur
l’agriculture (Triomphe et al., 2013) . Idem des innovations qui la sous-tendent
(Sanginga, Waters-Bayer, Kaaria, Wettasinha, et Njuki, 2009). Dans cette
optique, plusieurs chercheurs ont entrepris ces dernières années de mieux
comprendre ce qu’est l’innovation en tant que processus et de concevoir des
approches et interventions plus efficaces de recherche et de développement

10
(RetD) pour l’accompagner et la diffuser, faisant ainsi émerger le concept et les
approches liées à l’innovation agricole (Adekunle et al., 2013).
Mais au-delà des résultats mentionnant l’apport de l’innovation soutenue
par les RetD en Afrique, ces travaux relèvent des insuffisances parmi lesquelles
les faiblesses des institutions (Hounkonnou et al., 2012) à considérer pour parler
du développement territorial.
En effet, le modèle directif de développement communautaire basé sur les
transferts de technologies, soutenu par des doctrines élaborées ailleurs,
importées et imposées aux États ouest-africains (Courade, 2022) a plus alimenté
l’économie des pays occidentaux que les communautés rurales africaines.
Augmentation de la pauvreté, offre insuffisante de services face à une demande
accrue et faiblesse des institutions en sont des conséquences généralisées
(Leloup et al., 2003). Les soulèvements sociaux (comme au Bénin en 1989)
témoignent de la déception des populations vis-à-vis de cette approche. A ce
modèle défaillant, fut préféré le modèle conduit par les ONG internationales
(Courade, 2022). Dans ce nouveau modèle, l’État va privilégier ces ONG. Ce
faisant, les structures étatiques se retrouvent affaiblies, nonobstant un discours
prétendant leur renforcement (Ndongo, 2015). Ce climat de faiblesse des
institutions va contribuer aux rassemblements sociocommunautaires et aux
solidarités locales (à la base des innovations « sociales ») comme réponses aux
besoins communautaires non satisfaits par des États faibles.
Au Bénin, la littérature sur les innovations, outre leur nombre réduit, s’est
focalisée sur la production agricole. Ainsi Hinnou et al. (2018) présentent les
aspects économiques des innovations sur le riz. D’autres auteurs béninois
s’intéressent aux innovations technologiques sur le soja afin toujours de mesurer
leur productivité économique (Oloumilade et Yabi, 2020) ou ceux d’autres
cultures toujours dans le même secteur. Ces travaux semblent limités, car
prenant seulement en compte le volet économique du développement sans
analyser toute la dynamique systémique incluant les relations et interactions
11
entre acteurs. Ces recherches au Bénin ont insuffisamment abordé le volet
gouvernance permettant de voir les rapports entre divers acteurs afin d’ancrer
durablement ces innovations.
Les conclusions de l’étude de Sangaré et al (2021) montrent que 52% et
37% des propriétaires interrogés ont acheté leur terrain respectivement auprès
d’un particulier et d’un comité villageois.
L’analyse, le traitement, et l’interprétation des données de Ouedraogo
(2016) ont montré que la corrélation des deux stratégies de décentralisation et de
développement durable, ne peut être effective que si les compétences et les
moyens ne soient mis à la disposition des communes rurales. Par ailleurs, la
diversité des interprétations du concept du développement durable, la précarité
des économies locales et des conditions de vie des populations font que
l’expérience de décentralisation dans le pays contribue davantage au
développement économique des communes au détriment des dimensions
environnementales et sociales.
Les résultats obtenus à partir du modèle de recherche de Singock et
Tchatchoua (2021) par la méthode des moindres carrés généralisés faisables
permettent de conclure que les mécanismes traditionnels de gouvernance
influencent très peu, sinon négativement la performance dans le secteur public
local. En outre, ces résultats suggèrent aux différents collèges d’électeurs
locaux, la prise en compte de la formation initiale du maire, le nombre et la
qualité d’adjoints au maire résidant, afin de créer des changements structurels et
fonctionnels pour impacter positivement la performance en matière de gestion
financière dans les municipalités.

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METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Dans cette partie, nous aborderons la méthode utilisée pour la collecte des
données, les outils d’analyses de l’information collectées et le critère de
validation des hypothèses.
Procédure de réalisation de la recherche
Ce paragraphe nous permettra de dire comment les données ont été
collectés et les difficultés rencontrées lors de la collecte des données.
Pour obtenir les informations pertinentes et fiables dans le cadre de notre
étude de recherche, nous avons utilisé les outils essentiellement tels que la
recherche documentaire, l’observation, le questionnaire et l’entretien.
 Recherches documentaires
Les études documentaires ou études de données secondaires consistent à
exploiter les données existantes, qui sont ensuite complétées par les
informations primaires collectées sur le terrain.
Ces données ayant déjà existé, il suffit de les exploiter pour faciliter
l’élaboration de notre mémoire, entre autres :
- Les ouvrages académiques : il s’agit de livres, de textes de référence
concernant la gouvernance locale ;
- La presse écrite : c’est l’ensemble des journaux, de revues qui relatent des
informations indispensables ;
- L’internet : cette infrastructure publique de transmissions de donnée nous
offre la possibilité de recouper les fichiers intéressants, et de disposer des
informations actualisées.
 L’entretien
Au cours de notre séjour, nous nous sommes entretenu avec les personnels
de la mairie de Djougou en occurrence ceux qui étaient avant et après l’arrivée
du SE afin d’obtenir certaines informations utiles à notre travail. L’objet de
l'étude est de valider les intuitions pour mettre en évidence les informations
recueillies.
13
- Le questionnaire
Ceci est une série de questions écrites posées aux membres d’un échantillon
représentatif servant à connaitre leur situation vis-à-vis des problèmes abordés
par l’enquête, et à évaluer l'information nécessaire pour les résoudre. En fait,
cette dernière débouche sur une liste de points qui seront à analyser et à classer
par ordre. Ces questions sont sélectionnées en fonction de leur potentiel à
susciter des réponses et leur type de question dépend de différents facteurs
retenus tels que le mode de collecte, la nature des données à collecter, les
objectifs de la recherche, les connaissances préalables et les analyses à effectuer.
Le questionnaire devient indispensable pour effectuer des comparaisons, des
classifications pour vérifier les hypothèses.
- Le guide d’entretien sert à dresser les listes des thèmes et points
spécifiques à aborder au cours de l’entretien pour réaliser les objectifs de
l’étude.
 L’enquête
 Population mère
La population ciblée lors de notre enquête est l’ensemble du personnel de la
mairie de Djougou en occurrence ceux qui étaient avant et après l’arrivée du SE.
 Echantillon
Compte tenu de l’effectif du personnel, nous avons fait un sondage sur un
échantillon de tous les chefs services de la mairie.
 L’observation
L’observation en science sociale est un outil précieux pour une meilleure
connaissance de la situation à étudier. Pour les besoins de notre étude et surtout
pour l’éthique et la fiabilité de nos résultats, nous avons utilisé l’observation
directe avec nos cibles
 Traitement des données
2.2.2.1. Traitement des données primaires

14
Dans ce volet, nous allons procéder d’abord au dépouillement des
réponses obtenues à partir des outils de collecte précédemment décrits.
Les données de nos informations sont traitées avec le logiciel SPSS 23 et
Excel pour des tests de fréquence et des histogrammes traduisant les réponses
des enquêtés. L’Excel nous aide à présenter les informations recueillies sous
forme de tableau et de graphe pour mieux suivre les différentes évolutions des
masses considérées.
 Traitement des données secondaire
Les tests de fréquence se feront également pour nos données secondaires.
 Difficultés rencontrées
Du fait de la situation concurrentielle qui se développe dans le secteur
public fait de nos jours de l’information une denrée rare. Elles s’abstiennent de
fournir des informations à toutes personnes extérieures au système au risque
d’alimenter les concurrents.
En effet, les difficultés majeures rencontrées lors de la rédaction de ce
mémoire de fin de formation résident au niveau de la recherche documentaire
surtout lors de la collecte des données ayant rapport aux indicateurs permettant
d’analyser notre thème de recherche.

15
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