Semestre 202110 – Semaine 8 : Les écrits romanesques de Jean Cocteau - Le Fantôme de
Marseille
Assignment
1- Quels motifs coctaliens repérez-vous dans ce court récit ? (références à la biographie de
l'auteur, références intertextuelles, etc.) Dans plusieurs œuvres de Jean Cocteau, se trouvent des traces de ses écritures précédentes, ce que nous pouvons nommer « les constantes coctaliennes ». Dans Le Fantôme de Marseille, il y a présence de trois personnages : Rachel, qui est l’oratrice. Maxime qui est au centre de l’histoire racontée par Rachel, et M. Valmorel qui y joue aussi un rôle important. Tout d’abord, le personnage de Maxime, nous rappelle un autre personnage qui est présent dans Les Enfants terribles et dans Le Livre Blanc : Dargelos. Plusieurs points communs relient Maxime et Dargelos : tous deux sont d’une beauté extrême et impossible de ne pas tomber dans leurs charmes : « Il faut d’abord vous dire que Maxime était joli – joli comme vous ne vous en faites pas une idée, tellement joli que j’en avais honte. […] Il était si joli, si joli que toutes les femmes étaient jalouses de ses cheveux, de ses cils, de sa taille, de sa peau. » (Le Fantôme de Marseille, en parlant de Maxime). Dargelos lui, présente le même portrait : « Les privilèges de la beauté sont immenses. Elle agit même sur ceux qui ne la constatent pas. Les maîtres aimaient Dargelos. » (Les Enfants terribles, en parlant de Dargelos). Sans oublier aussi qu’ils aiment s’habiller en femme, pour Maxime, c’est devenu une habitude : « […] mais on s’habituait à le voir habillé en femme […] Et il voulait absolument sortir habillé en femme […] » Quant à Dargelos : « L’autre épreuve le montre en costume d’Athalie. […] Dargelos avait voulu tenir le rôle qui servait de titre à la pièce. » De plus, les thèmes de la fatalité, la mort et la folie ne sont pas uniquement présents dans cette œuvre : Maxime est mort après avoir échappé à un accident précèdent et Paul des Enfants terribles est aussi mort après qu’il fuit la boule de Dargelos. La folie de la narratrice, Rachel : « Je devenais folle !» quand elle apprend la mort de son bien-aimé Maxime et elle tire sur M. Valmorel, rappelle une scène pareille des Enfants terribles lorsque Elisabeth joue le rôle de pantomime, un acte de folie, et se suicide lorsque son frère/amoureux Paul meurt aussi. Aussi, la scène de l’accident produit avec Maxime peut être mise en parallèle avec cette de Paul. Maxime est tombé et renversé par une voiture et puis ramené par M. Valmorel à la maison. Paul dans la même situation est emmené par son ami Gérard à sa maison. Mais, les paroles de Rachel : « […] c’était un faux accident exprès ! […] C’est le sort. C’est la malchance ! […] il n’a pas osé dire la vérité […] » Le « sort » et la « malchance » insinuent la « boule de neige » lancée par Dargelos comme si le destin agit sur les personnages. M. Valmorel qui est « […] malheureux avec sa femme et ses filles […] » à cause de son homosexualité se trouve dans la même situation que le père du narrateur dans Le Livre Blanc. Avec les références intertextuelles, se trouvent des références propres à la vie personnelle de Cocteau. La manière dont Rachel essaye de faire comprendre son histoire au Juge d’Instruction, qu’elle se sent incomprise, renvoie au vécu de Cocteau qui proteste toujours qu’il est l’écrivain incompris de son siècle et utilise son œuvre pour se faire comprendre. De la même manière que Rachel « […] (se) trouvai(t) trop laide […] », Cocteau se sent aussi laid et toujours « mal dans sa peau ». Apres l’accident de Maxime, il est installé dans une garçonnière, ce que Cocteau a fait et là où il s’est inspire le plus pour écrire ses œuvres.
2- En quoi ce texte est-il un discours argumentatif?
Ce récit est tout d’abord un « discours » parce que premièrement nous avons une oratrice, qui est Rachel, qui s’adresse à un Juge d’Instruction, avec peut-être la présence d’un public, puisque le cadre spatial est probablement une salle d’audience. Ce discours prend une voie argumentative puisque nous pouvons le qualifier de discours judiciaire : Rachel se défend devant un Juge pour prouver son innocence, en présentant des arguments et des preuves. Nous assistons donc à un plaidoyer. Rachel base ses arguments sur le pathos : elle joue sur le sentiment des auditeurs pour les persuader. Elle commence au début par déclarer de dire : « Toute la vérité et rien que la vérité. » Ainsi, elle capte leur bienveillance à travers son honnêteté. Elle désigne son histoire de « triste » et au lieu de commencer par elle-même, elle évoque Maxime, son amoureux qui la rend folle, qui est d’un charme extrême. Elle accuse donc Maxime d’être la raison de son malheur, alors Maxime est devenu l’accuse, mais elle essaye de l’innocenter lui et ses actes. Le travestissement de Maxime a commencé pour l’aider à fuir la police, mais, l’idée l’a plu et celle-ci est devenue une habitude pour lui. Il ne veut faire du mal à personne. Rachel accuse le destin et l’ignorance de ce qui va arriver : « Mais on se savait pas ! On ne se sait jamais. » C’est le caractère impulsif de Maxime qui lui cause ses problèmes. Son accident est faute à la « malchance » et par « peur » il prétend devant M. Valmorel d’être une fille, pour susciter sa pitié, alors il l’héberge. Jouant un sale tour à M. Valmorel, Rachel prétend vouloir seulement rire avec Maxime, ayant toujours de pures intentions. Même le revolver est acheté uniquement pour faire peur. Le deuxième accident de Maxime, qui fut fatal, est mal-compris par Rachel : elle croit que quelqu’un a tué Maxime, mais c’est toujours le destin. Même lorsque Rachel tire sur M. Valmorel, elle lui fait du bien puisque sa « nature » est un cauchemar dans ce monde. Mais il ne doit pas être jugé pour ce qu’il est, puisque de sa nature coule de l’amour, du bien. Donc, elle est bel et bien innocente se son crime.