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TD 5

Savoir analyser l’auxiliaire modal CAN - corrigés

Pour ces deux corrigés, j’ai adopté un plan plus « avancé », de niveau
proche de l’agrégation.

‘Rest a bit first,’ Kettricken advised me. Her voice was steady and
accepting.
‘I wish I could. But the opportunity they’ve given me is now.’ (R. Hobb,
Assassin’s Quest)

Le segment souligné est l’auxiliaire modal CAN + le marqueur -ED.


Il s’agit en fait d’un syntagme verbal incomplet : ‘I wish [Ø I could rest].’
Le verbe lexical rest est en effet sous-entendu, puisque qu’identique au
verbe lexical utilisé par Kettricken dans son conseil. Ce syntagme verbal
tronqué a pour sujet le pronom personnel I. Le verbe rest est intransitif.
Il s’agit du SV de la proposition subordonnée nominale complément du
verbe principal wish, dans du discours direct qui a pour origine le
personnage désigné par le pronom me dans le récit : ce personnage est
énonciateur et asserteur.
Quelles sont les valeurs respectives des marqueurs CAN et -ED ?
Comment se combinent-elles en contexte ?
L’auxiliaire modal CAN a généralement une valeur radicale,
puisqu’il marque que la mise en relation d’un sujet avec un prédicat est
de l’ordre du possible. Ici, l’énoncé est paraphrasable par ‘I wish it were
possible for me to rest.’ Le personnage n’emploie pas CAN dans un sens
épistémique : il n’évalue pas les chances de validation de la relation
prédicative <I/rest> mais affirme (= assertion positive) que cette
validation est possible.
Cependant cette validation n’est possible que sur un plan fictif,
construit par le sémantisme même du verbe wish. Le marqueur -ED ne
marque pas ici une rupture temporelle : le moment de prise en
charge/d’assertion du modal CAN par le personnage n’est pas situé dans
le passé, mais sur le plan fictif construit par wish. Le moment d’assertion
du personnage est donc en rupture modale avec le moment
d’énonciation de l’énonciateur – personnage, qui est situé sur le plan du
réel. Ce n’est que sur le plan fictif qu’existe cette possibilité et que donc
son existence peut être assertée.
Ceci est confirmé par la phrase suivante, qui commence par la
conjonction de coordination BUT qui permet d’introduire les
circonstances empêchant la validation de la relation prédicative.
L’impossibilité n’a pas pour origine une incapacité du sujet à se reposer
mais bien la situation d’urgence dans laquelle il se trouve.
L’énoncé ‘I wish I might rest.’ signifierait que l’impossibilité de
valider la relation prédicative a pour origine une absence de permission,
or ici Kettricken la lui a clairement donnée. Il est donc impossible de
substituer MAY à CAN dans ce contexte.

a. Rédigez (au propre, il pourra être ramassé pour évaluation) un


commentaire linguistique détaillé de l’auxiliaire modal dans l’extrait ci-
dessous (Bill Watterson, Calvin and Hobbes).

L’auxiliaire modal CAN, au temps présent, est associé à l’adverbe de


négation contracté NOT dans cet énoncé de discours direct qui a pour origine
énonciative et assertive le petit garçon nommé Calvin. Il s’agit d’une réponse
elliptique dont la forme complète serait : ‘I can’t get a drink myself.’ Le
syntagme verbal est donc tronqué, seul l’auxiliaire, la négation et le temps
présent demeurent. Le verbe lexical sous-entendu get a pour sujet le pronom
personnel I, pour COD le SN a drink et pour circonstant de manière le pronom
réfléchi myself.
Comment s’articulent dans ce contexte les valeurs respectives du modal
CAN et du temps présent ?
Associé à NOT, CAN permet à Calvin d’exprimer son impossibilité de
valider la relation prédicative <I/(get a drink)>. CAN a une valeur radicale
puisqu’il porte bien sur le problème de la mise en relation du sujet I avec le
prédicat get a drink : ‘It’s impossible for me to get a drink myself.’ Calvin ne se
demande à aucun moment s’il peut ou non valider la relation prédicative, il est
convaincu dès le départ de l’impossibilité de valider cette relation. Cette
impossibilité a pour origine les circonstances de la situation d’énonciation, qu’il
explicite dans les deux phrases suivantes (les monstres et sa peur des
monstres).
Le temps présent marque, quant à lui, que le moment d’assertion de
Calvin (moment où il affirme l’existence d’une impossibilité) et son moment
d’énonciation (moment où il parle) sont identiques. C’est au moment où Calvin
produit son énoncé qu’il prend la responsabilité d’affirmer l’impossibilité dans
laquelle il se trouve de valider la relation prédicative.
Il serait impossible dans ce contexte de remplacer CAN par MAY, puisque
l’énoncé ‘I may not.’ signifierait que Calvin n’a pas la permission de ses parents,
alors qu’au contraire ceux-ci préfèreraient ne pas être réveillés pour un verre
d’eau !

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