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Anscombre-Ducrot.
10p : le linguiste est obligé d’utiliser comme signifiant dans son langage
technique les mots de la langue objet.
16p. Les questions à poser en pragmatique sont : « tel énoncé est-il approprié à
telle situation ? Est-il hors de propos ? Quels actes de parole permet-il
d’accomplir ? Quelle réaction exige-t’il du destinataire ?
19p. Dans le cas de « puisque », seul le premier membre de la phrase peut être
pragmatiquement concerné par la conjonction : « * tu vas tout savoir puisque je
vais partir ». L’opposition marquée par « cependant » concerne d’une part
l’impossibilité de donner la démonstration (contenu informatif du premier
segment) et, d’autre part, le fait d’indiquer les phrases essentielles (valeur
pragmatique du second). Il faut pouvoir faire mention de l’énonciation dès le
premier moment où on interprète les conjonctions et non pas seulement dans un
second balayage qui réinterpréterait une lecture purement informative. Il est
donc impossible de dire que la pragmatique doit travailler directement sur les
bases de la sémantique.
25p. On peut poser que tout énoncé litotique n’exclut un énoncé plus fort que
lui. On définit l’effet litotique en disant qu’un énoncé prend sa signification
« plus forte » que sa signification littérale : mais comment savoir ce qui « est
plus fort » ? Si la signification littérale de l’énoncé affirmatif est l’égalité,
pourquoi la supériorité est-elle considérée comme une signification plus forte ?
Et dans l’énoncé négatif où la signification est plus forte, pourquoi la
signification est-elle cette fois l’infériorité ?
31p. On peut tenir un argument pour possible et be pas utiliser cette possibilité ;
dans les tournures concessives comme « bien que Max vienne, Jean restera »,
on reconnaît l’énoncé « Max viendra » apte à appuyer la conclusion « Jean ne
restera pas. Mais on refuse de l’utiliser, parce qu’on a des raisons d’admettre la
conclusion inverse. La structure grammaticale de la langue distingue donc
argument possible et argument décisif. C’est un de ses avantages sur le langage
logique qui ne connaît comme argument que la preuve. Une autre raison de ne
pas utiliser un argument possible est qu’on le croit contestable ou faux : c’est la
concessive irréelle ou potentielle : « même si Jean était venu, Max serait parti ».
On accorde ici à la proposition subordonnée une certaine potentialité
argumentative (cette venue est un argument possible pour le départ de Max),
mais on refuse de la tenir pour vraie : on « estime A argumentativement
utilisable. »
35p : « Presque A » peut être une raison contre C’ ; il se peut également que
« presque A » ne donne pas une raison suffisante pour. On peut distinguer trois
catégories de causes qui amènent à employer ou non un énoncé A en vue d’une
conclusion C : a) les considérations d’opportunité : vues les circonstances ; b)
Les raisons factuelles : on croit ou non à la vérité de A ou de C et au fait que
celle du premier entraine celle du second c) La structure argumentative, objet
de la rhétorique intégrée : c’est une orientation interne des énoncés vers tel ou
tel type de conclusions, orientations non déductibles du contenu informatif. « Il
est presque en ballotage » ne peut servir d’argument favorable pour la
conclusion « les élections lui ont été favorables », conclusion qu’on peut
appuyer en disant « il est presque élu au premier tour » ; pourtant les
informations portées par les énoncés feraient prévoir l’inverse.
42p : Soit « Max a eu du mérite de venir, il ignorait que cela ce passerait bien »
on a C1 = posé de e = venir était méritoire de la part de Jean ; C2 présupposé
de e = Jean est venu ; C’1 posé de e’ = Jean ne pensait pas que cela se passerait
bien ; C’2 présupposé de e’= cela s’est bien passé. Ce que fait l’énonciation,
c’est non pas introduire une relation argumentative entre e et e’ mais présenter
C’1 comme argument pour C1 et s’appuyant sur cette relation entre contenus, de
conclure de e’ à e. Il serait d’ailleurs impossible de soutenir que C’1 est un
argument en faveur de C acception, ou C’2 en faveur de C1 ou de C2.
44p : Les contenus et non plus les énoncés apparaîtraient sur les échelles
argumentatives : ainsi la distinction négation implicite / négation explicite n’a
plus de raisons d’être : il n’y a plus qu’une seule négation, formelle, seule
concernée par la loi de négation et qui interviendra dans l’interprétation tant de
la négation implicite que de la négation explicite.
47p : Soit l’énoncé « même Pierre est venu » ; on a donc comme posé : « Pierre
est venu », comme présupposé : « d’autres que Pierre sont venus » ; comme
élément argumentatif : il y a un contenu c tel que « Pierre est venu » est un
argument plus fort que « d’autres que Pierre sont venus ».
48p : Soit « une m vaut mieux qu’un a, même mauvais » ; cela se dérive de
« une m vaut mieux qu’un a » et de « une m vaut mieux qu’un mauvais a » donc
le premier est censé être un argument moins fort que le second ; or le premier
implique le second, la réciproque étant fausse ; et c’est une loi générale de
l’argumentation : si trois contenus Ca, Cb et Cc sont tels que Ca implique Cb,
la réciproque étant fausse, et que Cb est argument pour Cc, alors Ca est un
argument plus fort pour Cc que Cb.
53p : Une fois distinguées les valeurs fondamentales attachées aux phrases elles-
mêmes, et les valeurs dérivées qu’elles prennent lors de l’énonciation, on décide
que la valeur fondamentale de p est V1 et que l’enchâssement, phénomène
syntaxique et sémantique profond opère sur V1 pour construire la valeur
fondamentale V3 de la phrase totale. Au moment de l’énonciation, les lois du
discours vont modifier les significations fondamentales. La fonction des lois du
discours dans la description sémantique consiste à retarder l’apparition d’une
nuance de sens (par exemple la lecture restrictive de « un peu ») exclue de
l’énoncé et rapportée à l’acte d’énonciation : on a ainsi un échelonnement de
l’interprétation.
54p : On sait depuis Sapir que certaines catégories sont orientées : glacial est
plus que froid et froid est plus que frais (de même entre « brûlant, chaud et
tiède » ou « onligatoire, conseillé et permis »). La relation « plus que » ne relie
pas à proprement parler les morphèmes, mais les phrases construites en
introduisant ces morphèmes dans un même contexte.
58p : Pour A-D, « même » a une valeur argumentative ; son apparition en cours
d’énonciation présente une proposition P’ comme un argument en faveur d’une
conclusion r, et un argument plus fort que les propositions p antérieures.
« Même » révèle l’existence d’une organisation argumentative inscrite dans la
langue et non déductible de valeurs informatives ou logiques : pour GF, au
contraire, l’ordre établi entre deux propositions repose sur des implications liées
à leur valeur informative : ce qui rend p plus fort, c’est que p’ implique p et non
l’inverse.
60p : Les impossibilités argumentatives de « même » sont parfois dues au fait
(« Bac ») que l’adjonction des arguments de part et d’autre de « même » ne
constitue pas un argument plus fort que ce qui le précède (« doctorat », etc,.).
C’est donc d’autant plus difficile quand l’adjonction constitue un argument plus
faible (« vin+cognac » pour la sobriété). Dans « X a enseigné dans trois
universités : P, L et même A. » qui serait possible sans « même », ou si on lui
ajoutait « beaucoup » au lieu de « trois » : en effet chaque proposition, prise
isolément, ne constitue pas un argument pour la conclusion r « X a enseigné
dans trois universités » c’est une des raisons pour distinguer conclusion
appréciative et conclusion informative.
61p : La condition pour que le scope de « même » soit la totalisation (p+p’) est
que p et p’ soit argumentativement co-orientés. La simple totalisation ne saurait
suffire.
65p : Dans « Max a aux environs de 30 ans, je crois même 29. », l’implication se
fait bien de p’ vers p, la possibilité est liée à la conclusion visée : seulement si
on veut montrer la jeunesse de Max. Cette possibilité n’est donc pas liée à
l’implication puisque elle est impossible si notre conclusion visée est inverse.
Dans de nombreux cas, p et p’ sont même contradictoires logiquement : « le
dîner est presque prêt, il est même prêt » ou « la combativité du prolétariat n’a
pas varié, elle a même augmenté » : on le voit, tout est subordonné à la
conclusion visée, il n’y a pas vraiment de contradiction informative car « n’a pas
varié » est signifie (ou répond) en contexte « n’a pas diminué ». Cela revient à
admettre le fondement argumentatif de l’effet de la négation (loi
d’abaissement).
70p : Le comparatif d’égalité (autant, aussi que) impose que le thème soit donné
par le sujet grammatical. L’attribution d’un thème à un certain propos n’exclut
jamais que le thème soit justiciable d’autres propos de même nature, mais plus
forts. Les assertions d’égalité constituées avec le même ou bien n’ont pas de
thème, ou bien sont thématisées sur leurs deux arguments, ce qui oblige à
considérer les attributions comme exhaustives
85p : La signification d’une phrase n’est donc qu’un construit théorique en vue
du calcul du sens de l’énoncé : elle ne saurait être confondue avec un prétendu
« sens littéral ». Le calcul de la signification passera donc par la décomposition
de la phrase en divers éléments , les « contenus », ayant éventuellement des
statuts illocutoires différents. Cela explique que l’on puisse ajouter « mais il se
trompe » après : « Max s’imagine que Jean viendra » et beaucoup plus
difficilement après « Max a tort de croire que Jean viendra », alors que les deux
énoncés donnent exactement la même information. Cette dernière est constituée
de par deux contenus séparés : a = « M croit que J viendra » et b = « J ne viendra
pas » : a et b ont des statut illocutoires inverses dans les phrases citées : a est
asserté dans la première et présupposé dans la seconde, tandis que b est
présupposé dans la première et asserté dans la seconde.
89p : Soit «J est recalé à son examen » « -pourtant il a l’air tout content ! » : la
réponse peut avoir deux sens différents. Soit elle est une réfutation, par
déduction implicite, soit elle est seulement destinée à signaler une bizarerrie.
Cela implique qu’il refuse de tirer lui-même cette conclusion. C’est plutôt la
coexistence des deux données qui l’intéresse pour une autre conclusion : « j est
exeptionnel ».
97p : On assigne ainsi des orientations déterminées : par exemple à « P est aussi
grand que J », on assigne une orientation analogue à « P est grand ». C’est un
contenu argumentatif présupposé qui spécifie qu’une relation argumentative unit
le contenu de l’égalité factuelle et « P est grand ».
103p : C’est la loi de négation qui permet de le déterminer, car on a les contenus
suivants : a= - [taille de P = taille de M] ; B1 = [taille de P = taille de M] et [P
est grand] sont co-orientés ; B2 [P croit que [taille de P = taille de M] ]. A ce
niveau, rien ne permet de se déterminer, il faut donc un second niveau de calcul
et y appliquer cette loi. Ainsi B’1 = [- [taille de P = taille de M] et [P n’est pas
grand] sont co-orientés, c'est-à-dire B’1 = [ a et [P n’est pas grand ] sont
coorientés]. On voit que le centrage peut s’effectuer sur a, mais il peut tout aussi
bien dès lors que ce dernier est également présupposé, se faire sur l’asserté B2.
(X est grand n’est pas à prendre en tant que tel, mais en tant qu’indicateur d’une
scalarité).
104p : La loi d’inversion fait intervenir non plus un argument et une conclusion
mais deux arguments et deux conclusions : « Si E’ est pour une conclusion C’
un argument plus fort que E pour C, alors non-E est , pour non-C, plus fort que
non-E’ pour non-C’.
110p : « P a tort de croire qu’il est plus grand que M, et même qu’il est aussi
grand ». On a l’asserté a = - [taille de P > taille de M] et deux présupposés dont
l’un est argumentatif B1 = [ [taille de P > taille de M] et [ P est grand ] sont
coorientés] ; en appliquant l’axiome, on voit que [taille de P > taille de M] est
un argument plus fort que [taille de P = taille de M] : en appliquant la LI on
obtient le nouveau contenu Y’= [- [taille de P = taille de M] est argument plus
fort que - [taille de P > taille de M]].
117p : Dans le cas des justifications « c’est bête de partir : tu trouveras mieux à
Lyon ? », l’interrogation pourrait aisément être remplacée par « -p » (tu ne
trouveras pas mieux à Lyon), mais pas par p. On ne peut pas pour autant parler
de question rhétorique car il n’y a pas d’évidence de la réponse négative.
118p : « Il fait beau aujourd’hui, mais fera-t-il beau demain ? » : on voit bien
que l’enchaînement est possible du fait que la seconde question argumente dans
le même sens que « -p ». La conclusion générale de cette phrase pourrait
d’ailleurs être « peut-être faut-il remettre l’excursion ».
119p : Pour que l’on ait l’enchaînement contraire « mais fera-t-il mauvais
demain ? », il faudrait un cadre discursif particulier, comme par exemple l’adage
faisant qu’après chaque jour de beau temps il y a un jour de pluie. Pour « Il fait
mauvais aujourd’hui, mais fera-t-il mauvais demain ? », la mise en doute d’un
argument défavorable tout en étant orientée comme un argument favorable, a
cependant moins de poids en ce sesn que n’en a en sens opposé la mise en doute
d’un argument favorable. Parler pour est plus contraignant que parler contre.
122p : Prenons par exemple « l’hôtel est hors de prix » cela est souvent perçu
comme un argument fort contre l’hôtel ; son inversion argumentative dans « est-
ce que p ? » sera produira un argument faible en faveur de l’hôtel (conséquence
de la LI). Question et négation sont toutes deux des formes de la négation
argumentative, la première étant plus faible que la seconde. Ces deux raisons
expliquent qu’il soit très difficile pour l’énoncé interrogatif « est-ce qu’il est
hors de prix ? » de servir d’argument second pour « j’ai envie d’aller à l’hôtel ».
Coordonner par « même » deux énoncés , c’est les présenter comme coorientés
vers une conclusion commune.
123p : « il est facile de A » et « il est possible de A » sont sur une même échelle
(une échelle absolue) : donc l’inversion produite par l’interrogation donne
encore des arguments coorientés. Soit « est-ce que c’est difficile de A et même
est-ce qu c’est possible ? ». Ce ne sont pas ici les arguments intrinsèques qui
sont mis en relation, mais les évènements constitués par les apparitions de E1 et
E2 : c'est-à-dire le fait même qu’ils soient énoncés : l’alternative difficile/facile
est intérieure à celle possible/impossible, liée elle à E2 ; de sorte que
l’énonciation de E2 en tant qu’indice d’ignorance est plus forte que celle de E1,
d’où la possibilité d’un enchaînement certes argumentatif mais prenant en
compte au titre de l’argumentation les situations psychologiques liées à
l’énonciation.
132p : Les préfixes de doute fonctionnent la plupart du temps pour ce qui est de
la ccordinnation discursive comme des formes de négation affaiblies. Pour
l’incertitude, l’élément positif est l’objet de l’acte d’assertion alors que
l’élément négatif apparaît seulement dans un acte d’expression. Le locuteur
n’affirme pas son incertitude, il la joue. Elle est l’objet d’un dire et non pas d’un
montrer ( comme dans « hélas ! » ou « aïe ! »).
134p : Dans les enchaînements, seul l’aspect positif est anaphorisé (« ... ? cela
serait... « ) : il est, à la différence de l’aspect négatif, l’objet d’une assertion
préalable. L’incertitude dans « Est-ce que p ? » est celle d’un énonciateur
généralement assimilé au locuteur L en tant que tel. (dans l’interrogation
rhétorique polyphonique, l’interlocuteur est donc également énonciateur.
144p : C’est une loi du discours souvent mise en œuvre que celle de faire
apparaître une argumentation faible en montrant la possibilité d’une
argumentation plus forte.
150p : On a vu que « est-ce que P est venu ? » suggère des conclusions que l’on
pourrait tirer de la négation. La question montre ainsi une divergence entre
aspect argumentatif et aspect thématique, qui peuvent bien-sûr éventuellement
converger dans le cas des affirmations.
154p : Pour « au moins, est-ce que l’hôtel A est calme ? », on imagine un monde
M à l’intérieur duquel A est en effet calme : dans M, on compare A à un hôtel B
qui lui ne l’est pas. Donc dans M, on a un fait favorable, la supériorité de ce
point de vue.
156p : On dira, dans une argumentation fondée sur le lieu commun « il faut
économiser ce que l’on possède en faible quantité », « Baisse le C, on va peut-
être manquer de F », et non pas « ne baisse pas... ».
166p : Tout énoncé est l’objet de l’acte d’argumenter ; cela fait partie de son
sens. En effet il se présente toujours comme attribuant à un ou plusieurs objets
un certain degré dans l’ordre d’une qualité. R sera la qualité par rapport à
laquelle l’énoncé situe l’objet et r désignera les conclusions implicites ou
explicites tirées de l’énoncé dans le discours. Les deux éléments ne sont pas
indépendants.
167p : La même information peut en effet présenter le « dîner » comme étant à
prendre dans une relation de proximité ou bien comme étant encore distant. Le
rapport de p à r, dans une argumentation se fait toujours par l’intermédiaire de
R, c'est-à-dire, à travers la qualité que l’acte d’argumenter attribue à tel ou tel
degré à l’objet de l’énoncé-argument. Ce n’est jamais directement qu’une
conclusion est atteinte mais toujours par l’intermédiaire d’une propriété
abstraite. On a souvent noté que les argumentations accomplies dans les discours
reposent sur des lieux communs ou des règles de vraisemblance (les topoï
d’Aristote) comme par exemple : si A avait intérêt à faire X, il y a des chances
que A ait fait X ; ces lieux communs régissent les rapports entre r et R.
170p : Si cela n’était pas le cas, la sémantique devrait postuler qu’il existe un
concept « intelligent » scientifiquement défini dans son métalangage. Mais il ne
faut pas oublier qu’on dit parfois, sans contradiction, « cet hôtel est bon, mais je
ne te le recommande pas ».
172p : En nuançant la théorie ascriptiviste, on pourra dire que « cet hôtel est
bon» a pour sens premier d’argumenter, acte dont R est quelque chose comme
« vision favorable de l’hôtel » : il peut alors se faire que cet acte d’argumenter
donne lieu à une argumentation effective dont le r serait « je te recommande cet
hôtel ».
174p : C’est une dérivation délocutive qui est à l’origine du prédicat « être
bon », compris comme attribuant une propriété aux chose. A l’origine de E2 on
place E1= X être bon ; E1 a pour sens S1 l’accomplissement d’un acte
d’argumenter en faveur de X. Mais une loi du discours générale veut que
l’énonciation qui accomplit un acte d’argumenter se présente comme justifiée
par une propriété de l’objet à propos duquel on argumente. Une fois constitué
par délocutivité lexicale le prédicat objectif E2 « être bon », les énoncés « X est
bon » pourront alors être relus comme des assertions affirmant que l’objet X
possède la propriété désignée par le prédicat. Enchâssé dans des structures
complexes, la relation marquée par l’enchâssement concerne la propriété et non
l’acte d’argumenter. « Si cet hôtel est bon » peut ainsi être paraphrasé par « Si
cet hôtel a les propriétés légitimant l’acte d’argumenter que l’on accomplit en
disant cet hôtel est bon ». On voit donc que l’informatif est un dérivé délocutif
l’argumentatif.
176p : Lorsque l’on dit, « la place coûte trente francs (E’), tu ne te ruineras pas
(r’) », r’ représente la conclusion de son argumentation et non pas l’objet de son
acte d’argumenter. La polyphonie peut consister à attribuer diverses dimensions
(axiologiques, topiques, normes) aux énonciateurs hétérogènes pour segmenter
son argumentation. On peut par exemple prendre en charge directement l’acte
d’asserter. Les lois du discours peuvent ainsi également agir dans l’intervalle
entre locuteur et énonciateur qui peut accomplir par exemple un acte en sens
inverse.