Vous êtes sur la page 1sur 6

Le mode

L’indicatif / vs./ Le subjonctif

Le terme mode a deux acceptions :

(1) Le mode en tant que division des formes verbales. Dans cette acception, les
modes verbaux sont repartis, en fonction de l’opposition de personne / non
personne en : modes personnels (l’indicatif, le subjonctif, le conditionnel,
l’impératif) et modes non personnels (l’infinitif, le participe, le gérondif).

Au niveau des marques formelles, les modes sont caractérisés par : (a) les
désinences qui expriment les oppositions de temps, d’aspect, de personne, de
nombre ; (b) l’infixe –r- pour marquer le futur de l’indicatif et le conditionnel ; (c)
l’absence du pronom sujet à l’impératif.

(2) Le mode comme modalité qui désigne l’attitude du sujet énonciateur à


l’égard de ce qu’il énonce. En fonction de cet aspect, le sujet énonciateur
peut présenter l’action dont il parle comme étant certaine incertaine, réelle/
non réelle, possible/ probable, objective/subjective/hypothétique,
connue/inconnue.
Je sais qu’il a passé son examen. / Il est possible qu’ait passé son examen.
/Il faut passer son examen. / Serait-il capable de passer l’examen ?
Les phrases données ci –dessus expriment le même contenu dictal (le dictum
= l’information à transmettre) sous la forme de quatre modalités différentes :
la certitude/ la possibilité/ l’obligation /l’éventualité.
Les marques de la modalité sont :
(a) La forme verbale : l’indicatif est le mode de la constatation, du réel, de
l’objectivité : Il fait beau aujourd’hui. Le subjonctif exprime
généralement la subjectivité, le potentiel : Il est possible qu’il fasse beau.
(b) Les semi-auxiliaires modaux : pouvoir, vouloir, falloir, savoir, croire,
devoir ; les adjectifs opérateurs de phrase : être certain, être possible,
être probable, être évident, être indubitable, etc ;
(c) Les adverbes modalisateurs : peut-être, certainement, sans doute,
probablement, heureusement, etc.
Le rapport qui s’établit entre les formes modales et la valeur modale n’est pas
univoque. Il existe deux types d’implications :
 Une forme modale peut être le support de plusieurs valeurs modales :

1
S’il hésitait, il était perdu. (éventualité)
Il était perdu, il le savait. (certitude)
 Une valeur modale peut être rendue par plusieurs procédés :
Il viendra peut-être.
Il se peut qu’il vienne.
Il est possible qu’il vienne.

Les formes modales

Entre les deux aspects mentionnés : le mode comme forme d’organisation du


paradigme verbal et le mode comme modalité, il existe une relation déterminée :
la forme modale opère comme un instrument de modalisation mais cette fonction
est soumise aux conditions contextuelles. Le contexte diversifie les fonctions
modales : ainsi si l’on admet que l’indicatif est le mode de la réalité, de la
certitude, que le subjonctif exprime la subjectivité, l’irréel, que le conditionnel est
le mode de l’’éventualité et que l’impératif est le mode de l’injonction, l’on
observe qu’il y a des cas où ces fonctions modales sont déviées de leur fonction
fondamentale et que la même forme modale peut assurer des fonctions modales
différentes.
Les fonctions modales peuvent être différentes suivant que la forme verbale
occupe la position de verbe régissant (VR) dans une proposition principale ou
indépendante ou la position de verbe régi (Vr) dans une proposition subordonnée.
Valeurs modales du subjonctif
Le subjonctif en position de verbe régissant(VR) sert à traduire les valeurs
modales telles :
a. L’injonction (à la troisième personne surtout) : Qu’on me laisse tranquille
donc !
b. Le souhait (modalité désidérative): « Vienne la nuit, sonne l’heure / Les
jours s’en vont, je demeure ! » (Lamartine, Le lac)
c. Une éventualité (un fait conjectural): Que viennent les temps nuageux, tu
seras seul ! (A. Maurois, in T. Cristea)
d. Une affirmation atténuée : Je ne sache pas que vous ayez quelque chose à
vous reprocher.
En position de VR, le subjonctif n’est guère compatible avec la négation, exception
faite de quelques expressions figées : « À Dieu ne plaise », « Je ne sache pas
que ».

2
Indicatif /vs./ subjonctif en position de proposition subordonnée
L’opposition indicatif /vs./ subjonctif peut se présenter comme une opposition
sémantique ou comme une opposition grammaticale (plus rarement comme une
opposition de registre de langue). Ces deux modes entrent en concurrence dans les
situations suivantes.
1. Dans les propositions complétives et les propositions sujets . L’emploi des
formes verbales y est déterminé par la différence qui marque le passage de la zone
conceptuelle du possible à la zone conceptuelle du probable qui inclut aussi la
certitude.
a. Zones conceptuelles qui déterminent l’emploi de l’indicatif.
Les éléments qui déterminent de ces deux formes modales sont : le thème lexical
(le sens) ; la forme grammaticale : affirmative/négative, énonciative/interrogative
du verbe régissant, la forme modale du verbe régissant ; l’ordre prosodique (des
propositions).
Le thème lexical :
L’indicatif est déterminé par les facteurs suivants :
 verbes de déclaration : déclarer, affirmer, ajouter, répondre, répliquer, etc.
Il a affirmer que la situation financière est réglée.
 verbes de constatation : constater, conclure, voir, il résulte, etc
À la suite des débats, il a conclu que tous les participants ont compris leur
mission.
 verbes d’opinion : croire, penser considérer, trouver, soutenir, espérer, etc.
Il croyait que les gens allaient obéir à ses ordres.
 adjectifs qui expriment la certitude et la probabilité : être certain / sûr/
convaincu/; il est clair/évident / vrai; il est probable, il est vraisemblable, il
paraît, il résulte, etc.
Il est certain que ton père viendra.
Il est probable que le temps se mettra au beau, voilà l’arc-en- ciel.
Le subjonctif est déterminé par :
 les verbes, les expressions impersonnelles, les adjectifs qui expriment le
désir, la volonté le commandement, la nécessité : vouloir, ordonner,
défendre (a interzice), désirer, être d’accord, exiger, il convient, il est juste,
il est temps, peu importe, qu’importe, il arrive (se întâmplă), il est
nécessaire, il est utile, il est naturel, il vaut mieux, etc.
Il est juste que vous soyez récompenser de votre travail.

3
Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (subordonnée sujet). (A. de
Musset)
Elle exige que tous les élèves fassent leur devoir.
Je veux que tu arrives à temps.
Il vaut mieux que tu sois à l’heure.
 les verbes qui expriment l’attente, l’admission (négative), l’idée critique :
s’attendre, ne pas admettre, juger bon/mal, aimer (mieux), il est contestable,
il est convenable, etc.
Elle s’attend à ce qu’il soit sage.
Elle n’admet pas qu’un autre ait raison.
 les verbes, les expressions impersonnelles, les adjectifs qui expriment la
possibilité, l’incertitude, le doute, la supposition: douter, supposer, il est
possible, il se peut, il est douteux, etc.
Je doute que ce soit vraiment utile.
Supposons que le projet ne soit pas approuvé.
 les verbes, les adjectifs qui expriment des sentiments : regretter, aimer,
craindre, souhaiter, être content/heureux, c’est dommage, il est
fâcheux/regrettable/surprenant, etc.
J’aimerais que tu sois un peu aimable.
Il craint qu’il n’y ait pas assez de provisions.
Je souhaite que tu réussisses.
Remarque1: Avec certains verbes on emploie l’indicatif ou le subjonctif selon
qu’ils expriment la constatation ou l’appréciation subjective (admettre,
comprendre, concevoir, etc.), la déclaration ou l’ordre (dire, prétendre) :

Il dit qu’il viendra l’après-midi.


Dis à Jacques et Aline qu’ils n’oublient pas de prendre leur maillot de bain,
on ira à la piscine.
La forme grammaticale : affirmative/négative, énonciative/interrogative de la
proposition régissante.

 Quand dans la proposition principale est à la forme négative ou


interrogative, les adjectifs de certitude demandent le subjonctif :
Je ne suis pas certain qu’il ait tout compris.
Es-tu certains qu’il pleuve ?

1
Al. Cuniţă, V. Visan, Abrégé de grammaire française, Bucuresti, 1987
4
 À la forme interrogative ou négatives les verbes d’opinion peuvent se
construire avec l’indicatif ou le subjonctif qui se trouvent en variation
sémantique selon que l’on exprime la certitude ou le doute :
Pierre a dit qu’il est /soit malade .(dans ce deuxième cas, le locuteur
exprime son incertitude concernent l’état de santé de Pierre.)
 L’ordre des propositions dans la phrase a une influence sur l’emploi de
l’indicatif ou du subjonctif :
Que vous ayez raison, je le crois.
Qu’il le fasse, (cela) m’étonnerait.
Que des choses importantes soient passées sous silence, (cela) n’est pas
convenable).
 La forme modale du verbe régissant : après certains verbes tels supposer,
admettre, à l’impératif, le verbe de la subordonnée est au subjonctif :
Nous admettons qu’il dit la vérité.
Admettons qu’il dise la vérité.

2. Dans les subordonnées circonstancielles l’emploi de l’indicatif ou du


subjonctif est déterminé par les conjonctions ou les locutions conjonctives :
 L’indicatif est utilisé après : quand, lorsque, comme, pendant que, dès que,
parce que, puisque, du moment que, au point que, si, comme si, même si,
etc.
 Le subjonctif est utilisé après les locutions : quoi que, afin que, à condition
que, avant que, bien que, de peur que, de crainte que, malgré que, de
manière (façon) que, jusqu’à ce que, supposé que, pour que, pourvu que,
quoique, sans que, soit que, de sorte que.
Le subjonctif est utilisé aussi après les locutions pronominales à valeur
concessive : quoi que, qui que, quelque… que, quel que.
« Quoi qu’il arrive, ne vendez jamais la terre. »(Fr. Mauriac)
« Quelque grands que soient, les rois sont ce que nous sommes. » (P.
Corneille)
Dans les subordonnées conjonctionnelles déterminants du nom : le
sémantisme du nom régissant détermine le choix du mode dans la
subordonnée :
- les substantifs exprimant la certitude, la conviction, la constatation
demandent l’indicatif : la certitude, la conviction, l’impression, la
constatation :
J’ai la certitude qu’il dit la vérité.

5
- les substantifs exprimant des sentiments exigent l’emploi du subjonctif :
le regret, la crainte, etc.
La crainte qu’il ne puisse passer l’examen le tourmentait.

Dans les subordonnées relatives :

L’opposition indicatif /subjonctif dépend du type de l’antécédent ( déterminant


défini-pour l’emploi de l’indicatif /déterminant indéfini – pour l’emploi du
subjonctif)

Je cherche la maison dont vous m’avez parlé.

Si le substantif est précédé par un déterminant indéfini (un, une, quelqu’un/une,


etc.) ou que dans la régente il y ait un superlatif relatif (le meilleur, le plus beau, le
seul, le/la premier,ère, le/la dernier,ère, l’unique, le suprême), on emploie
d’habitude le subjonctif.

C’est le seul problème concret que je connaisse aujourd’hui.


Jean et le meilleur ami que j’aie jamais eu.
Je cherche quelqu’un qui sache m’indiquer l’adresse.
Il a besoin d’une chaise où il puisse asseoir son bébé.

Conclusion :
Les zones conceptuelles qui déterminent l’emploi du subjonctif : possibilité,
croyance négative, désir, volition, commandement, nécessité, attente, admission
(négative) idée critique, crainte, doute, regret, aimer (mieux), supposition.
Les zones conceptuelles qui déterminent l’emploi de l’indicatif :certitude,
probabilité, croyance positive, croyance négative forte, supposition à base de
prévision positive, espoir.
Il est probable que le temps va se gâter.
Je crois que tout ira bien.
Je ne crois pas que les autres sont déjà partis.
Je suppose qu’il aura bientôt fini son travail.
J’espère que tout se passera bien.

zone conceptuelle de l’indicatif zone conceptuelle du subjonctif


Il est probable qu’il viendra Il est peu probable qu’il vienne.
Il est fort possible qu’il viendra. Il est possible qu’il vienne.

Vous aimerez peut-être aussi