Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
C’est l’un des domaines des plus confus de la théorie de l’énonciation. Les termes de modalité,
modal, modalisateur, modalisation sont chargés d’interprétation, revendiquées par plusieurs
disciplines et renvoient à des réalités linguistiques multiples. Ces termes sont empruntés
comme la grammaire traditionnelle (catégorie verbale du « mode », attitude du locuteur à
l’égard de son énoncé, nuances de la pensée, etc.).
Chez Bally, précurseur de la théorie de l’énonciation, la modalité est définie comme « la forme
linguistique d’un jugement intellectuel, d’un jugement affectif ou d’une volonté d’un sujet
pensant énonce à propos d’une perception ou d’une représentation de son esprit ». (Bally,
« Syntaxe de la modalité explicite », Cahiers de F. De Saussure, p3, 1942). Il y a dans la phrase
deux éléments à distinguer, le dictum et la modalité. Le dictum correspond au contenu
représenté, intellectuel, à la fonction de communication dans la langue, alors que la modalité
renvoie à l’opération psychique qui a le dictum pour objet.
Exemple des énoncés suivants : un dictum constant mais la modalité est différente.
« Je veux que vous sortiez » ; « je vous ordonne de sortir » ; « il faut que vous sortiez » ; « vous
devez sortir » ; « sortez » ; « à la porte » ; « oust » ; « mimique » ; « expulsion physique ».
Ch. Bally pense que la modalité est toujours présente ; « il pleut » correspond en réalité à « je
constate qu’il pleut ».
Nous présenterons quelques éclaircissements en distinguant deux grandes classes : les
modalités d’énonciation et les modalités d’énoncé.
La modalité d’énonciation peut déboucher sur une théorie des « actes de parole », exploitable
par l’analyse du discours. O. Ducrot fait remarquer que l’acte d’ordonner implique un certain
rapport hiérarchique ; de même, le droit d’interroger n’est pas dévolu à n’importe qui et
renvoie à un type particulier de relation sociale. Le même auteur signale que le fait de poser
une question oblige le destinataire à continuer le discours, à répondre.
2) Modalités d’énoncé
Elles ne portent pas sur la relation locuteur/allocutaire, mais caractérisent la manière dont le
locuteur situe l’énoncé par rapport à la vérité, la fausseté, la probabilité, la certitude, le
vraisemblable, (modalités logiques), etc… ou par rapport à des jugements appréciatifs,
l’heureux, le triste, l’utile, (modalités appréciatives), etc…
Exemple : « Il se peut que Paul vienne » ; « Il se peut » constitue la modalité logique
En revanche,
Exemple : « Paul est sûrement là » ; la modalité logique est manifestée par l’adverbe
« sûrement ».