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Jeux olympiques : les copropriétaires peuvent-ils
s’opposer à la location saisonnière?
Par Laurence de Percin
Publié il y a 9 heures,
Mis à jour il y a 6 heures

11 à 15 millions de visiteurs sont attendus en France cet été à l’occasion des jeux olympiques. Davide Angelini -
stock.adobe.com

NOS CONSEILS – A l’approche des JO, vos voisins sont peut-être


tentés de louer leur logement et vous appréhendez les allées et
venues de leurs «clients» dans votre immeuble. Rassurez-vous, tout
n’est pas permis! Voici comment limiter les nuisances.

Les jeux olympiques et paralympiques se tiendront un peu partout en France du 26


juillet au 8 septembre 2024. 14.850 athlètes se produiront sur 35 sites. Si leur
logement est prévu par les organisateurs, celui des 11 à 15 millions de visiteurs
attendus pour l’occasion, lui, ne l'est pas. Et c'est peut-être l'occasion pour vos
voisins d'arrondir leurs fins de mois en proposant leur logement en location
touristique. Depuis plusieurs mois, la valse des propositions a commencé sur les

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différentes plateformes spécialisées dans la location saisonnière, et les tarifs


atteignent des sommets à plus de 700 euros la nuit en moyenne, selon une étude
parue en fin d’année 2023. De quoi aiguiser les appétits, mais aussi inquiéter les
résidents habituels qui craignent de subir le défilé des touristes et les nuisances qui
vont avec. Quelles marges de manœuvre avez-vous ? Peut-on imposer des règles
aux loueurs qu'ils soient propriétaires ou locataires des appartements proposés ?
La réponse est oui, heureusement. Même pendant les JO, les loueurs doivent se
plier aux règles en matière de location touristiques en copropriété. Dernière ligne
droite pour s’assurer de leur bonne application.

Un principe, la liberté
L'article 9 de la loi n° 65-557 du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété des
immeubles bâtis stipule que chaque copropriétaire «dispose des parties privatives
comprises dans son lot ; il use et jouit librement des parties privatives et des parties
communes sous la condition de ne porter atteinte ni aux droits des autres
copropriétaires ni à la destination de l'immeuble». Autrement dit, un copropriétaire
est libre de louer son logement tout veillant à ce que cela ne dérange pas ses
voisins. À condition qu’aucun règlement intérieur ne l’interdise.

Un rempart, le règlement de copropriété


Pour savoir si les locations «saisonnières» ou «meublées touristiques» ou
«meublées de courte durée» sont autorisées ou non dans votre immeuble,
consultez tout simplement votre règlement de copropriété. Si vous ne le retrouvez
pas, le syndic ou un membre du conseil syndical vous le fournira facilement. Il
comporte en effet une clause dite «d'habitation» qui définit la destination de
l'immeuble et l'affectation des lots. Il y a deux possibilités : la clause d'habitation
peut-être «exclusive» ou «simple».

• Clause d'habitation «exclusive » : la location touristique est interdite

Lorsque la clause d'habitation est «exclusive», les logements ne peuvent être


utilisés que pour l'habitation des copropriétaires eux-mêmes ou de leurs locataires
en résidence principale. Toute activité commerciale quelle qu'elle soit est donc
interdite, y compris les locations de courte durée, les meublés touristiques, les
logements privés loués via par exemple Airbnb ou une autre plateforme de location
entre particuliers.

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Ce principe est incontestable et la Cour de cassation l'a clairement réaffirmé dans


un arrêt du 27 février 2020 : les locations meublées de courte durée sont bel et
bien une activité commerciale et à ce titre, elles sont incompatibles avec une
clause d'habitation exclusive, souligne le juge. Par conséquent si le règlement de
copropriété de votre immeuble relève de ce cas, écrivez au syndic une lettre ou un
courriel le mettant en demeure de rappeler par écrit aux copropriétaires et aux
locataires qu'ils ont interdiction de s'adonner à la location touristique pour les JO.

Et si des manquements à cette règle sont constatés par l'un ou l'autre des voisins,
notamment l'apparition de boîtes à clés, c'est au syndic ou aux membres du conseil
syndical de les faire cesser immédiatement.

• Clause d'habitation «simple » ou «mixte » : la location touristique est


possible mais…

Lorsque la clause d'habitation n'est pas exclusive, les logements doivent être
utilisés à titre principal d'habitation mais les activités commerciales sont autorisées
dans l'immeuble, par exemple des commerces au rez-de-chaussée et peut-être des
cabinets professionnels dans les étages. Mais il y a deux conditions impératives :
- L'exercice de ces activités ne doit pas troubler anormalement les voisins.
- L'activité commerciale doit respecter l'affection du lot où elle est installée.

Toute la question est donc de savoir si la location de son logement par un des
copropriétaires durant les JO, fait partie des activités commerciales autorisées par
le règlement de copropriété. Posez la question au syndic : si rien n'est spécifié à ce
sujet, c'est que rien ne l'interdit. Car s'il y a une interdiction, elle doit être clairement
écrite dans le règlement.

• Modifier le règlement de copropriété c’est possible

Si la clause d'habitation du règlement de votre copropriété n'interdit pas la location


touristique, vous pouvez demander à la modifier lors de la prochaine assemblée
générale. Adressez un courrier au syndic, formulant votre demande et développant
précisément tous les inconvénients de ce type de location pour les voisins. Il n'y a
pas de délai particulier, mais l'usage est de le faire au moins deux mois avant
l'assemblée générale. Si celle-ci a lieu avant les JO, il n'y a pas de temps à perdre !
Montez un dossier précis pour détailler les possibles « troubles anormaux de
voisinage » : les allées et venues incessantes dans les escaliers et l'ascenseur, le
tapage nocturne, les conversations à voix forte dans les couloirs, la dégradation de

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parties communes, la multiplication des déchets, les boîtes à clé envahissantes, les
risques d'intrusions indésirables à cause des codes d'accès de l'immeuble
distribués à tout-va.

Le syndic ne peut pas refuser de mettre votre demande à l'ordre du jour. Ensuite
pour être adoptée, la modification doit être votée à l'unanimité des copropriétaires.
Et elle ne sera effective que si aucun copropriétaire, même seul, ne la conteste en
justice dans les deux mois qui suivent le vote.

L'ARGUMENT CHOC : LES TROUBLES ANOMAUX DU


VOISINAGE
Un trouble anormal de voisinage est un dérangement qui dépasse les inconvénients normaux
liés à la vie entre voisins dans un lieu donné. Ainsi, aucun voisin n'a le droit d'imposer une gêne
excessive aux autres : plus de bruit, plus d'allées et venues, plus de déchets etc. L'action en
justice fondée sur un trouble anormal du voisinage rend le propriétaire responsable des
troubles, à condition d'apporter les preuves d'un lien de causalité entre la location touristique
et le trouble anormal.

Un appui, la législation locale


Si votre règlement de copropriété n'interdit pas les locations touristiques, il se peut
que ce soit votre commune qui fixe des limites. Par exemple à Paris et dans toutes
les agglomérations où se tiendront les jeux, aucun propriétaire ne peut dépasser
les 120 nuitées autorisées de location touristique de sa résidence principale par an.
Par conséquent si au moment des JO, vos voisins vous semblent avoir déjà atteint
ce quota, ils n'ont pas le droit de le dépasser.

Par ailleurs, si l'un des copropriétaires utilise son logement comme une résidence
secondaire et qu'il souhaite la passer en location touristique pour les JO, il ne peut
le faire qu'avec l'autorisation préalable de la commune. En effet le logement
change d'usage et la mairie doit obligatoirement en être tenue informée. Selon la
pression immobilière localement, elle exige soit une simple déclaration, soit une
demande d'autorisation. Or dans toutes les villes qui vont accueillir des JO, il
faudra une autorisation.

Quoi qu'il en soit, tournez-vous vers votre syndic pour faire respecter ces règles et
dénoncer les abus à la municipalité.

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LES RÈGLES À RESPECTER EN CAS DE SOUS-LOCATION


Tout locataire qui souhaite sous-louer son appartement doit d'abord en demander
l'autorisation écrite à son propriétaire, en lui indiquant le loyer qu'il compte demander. Car le
propriétaire doit également l'autoriser, sachant que le locataire a interdiction de fixer à un
montant supérieur à celui de son propre loyer. Quant au propriétaire, il ne peut lui-même
autoriser cette activité commerciale que si le règlement de copropriété le permet.Attention
c'est du sérieux : si votre locataire feint d'ignorer ces règles et que vous en êtes informé par vos
voisins ou par le syndic, vous avez le droit d'exiger que la sous-location cesse immédiatement
et même de résilier son bail.

Une nécessité, le bon contrat d’assurance


Bien sûr le copropriétaire-loueur est responsable des sinistres survenant dans son
meublé touristique. À ce titre vous pouvez demander au syndic de vérifier s'il a
souscrit la couverture nécessaire. Mais l'immeuble entier court des risques, par
exemple en cas de vols, de dégradation ou d'incendie dans les parties communes.
Vous devez donc vous renseigner auprès de l'assureur de la copropriété pour vous
assurer qu’il est bien informé de l'aggravation des risques pendant les JO. Autre
point à vérifier auprès du syndic. À défaut c'est simple : il risque de remettre en
cause une future indemnisation, comme la loi l'y autorise s'il n'est pas tenu informé
de toute nouvelle situation du bien assuré.

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Sujets
Location saisonnière copropriété jeux olympiques

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