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location Airbnb ?
Virgile Fanucci
Chef de projet
2 février 2022
7min to read
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Le 15 juin 2016, la Cour d’appel de Paris a rendu une décision de justice considérant la location
saisonnière Airbnb comme étant une activité commerciale.
En date du 11 mai 2000, la Cour de cassation a encore une fois sorti un jugement en faveur d’un
copropriétaire qui souhaitait interdire la location Airbnb dans sa résidence pour « trouble anormal
de voisinage ».
Le 11 mai 2017, même verdict, la Cour de cassation de Paris catégorise la location saisonnière dans
la classe des activités d’hôtellerie et peut ainsi être interdite par la clause habitation bourgeoise
exclusive d’une copropriété.
En date du 11 mai 2000, la Cour de cassation a de nouveau statué en faveur d’un copropriétaire qui
souhaitait interdire la location Airbnb dans sa résidence pour « trouble anormal de voisinage ».
• Cas de jurisprudence en faveur des hôtes
À raison ou à tort, certains hôtes Airbnb s’appuient sur les nuances de la loi française pour
s’opposer à la copropriété et continuer à exercer.
Une saisine de la Cour de cassation de Paris le 08 juin 2011 a d’ailleurs conduit à un jugement en
faveur d’un propriétaire. Pour cause, la demande d’interdiction par la copropriété a été jugée sans
fondement comme des activités libérales ont déjà été réalisées dans la même copropriété.
Dans la ville de Pau, la Cour de cassation a également débouté une copropriété le 13 décembre 2017
en indiquant que la location saisonnière pouvait être tolérée lorsqu’elle n’est pas effectuée dans une
« zone touristique ».
Si ces principaux points ne sont pas mentionnés dès le départ dans le règlement de copropriété, il y
a peu de risque que votre copropriété devienne anti-location saisonnière.
Les habitations peuvent être d’ordre mixte : personnel et professionnel.
Ce n’est plus une nouveauté, les locations saisonnières se sont considérablement développées ces
dernières années. De nombreux copropriétaires mettent leur(s) bien(s) en location de courte durée
sur des plateformes de type Airbnb, ce qui leur assure un revenu complémentaire ou leur permet de
garder leur bien habité. Toutefois, si faire louer sa maison ne présente pas trop de problèmes, faire
louer son bien en copropriété n’est pas toujours facile. Zoom sur les règles à respecter dans cet
article !
Sommaire
• Dans quels cas la location sur Airbnb peut-elle être interdite ?
• Dans quelles villes les locations Airbnb sont-elles limitées ?
• Nos conseils pour faire louer votre bien sur Airbnb en toute sérénité
Le règlement de copropriété
Les locations de courte durée de type Airbnb sont interdites si votre règlement de copropriété
indique expressément l’interdiction de meublés de tourisme dans la copropriété, c’est-à-dire de
mettre en location votre bien sur une plateforme telle que Airbnb.
Bon à savoir :
Si vous souhaitez autoriser ou interdire les locations de courte durée dans votre copropriété, vous
devez faire voter cette décision à l’unanimité des copropriétaires en assemblée générale.
Bon à savoir :
Pour consulter vos droits, si votre copropriété est gérée par un syndic professionnel, vous avez
obligatoirement accès au règlement de copropriété depuis l’extranet mis à votre disposition. Si vous
êtes en syndic bénévole ou coopératif, demandez simplement ce règlement à votre syndic ou
consultez le directement depuis votre espace Matera si vous êtes client chez nous !
Depuis la loi du 1er janvier 2019, un nombre maximum de nuitées a été imposé dans plusieurs villes
de France. L’objectif de cette mesure est de limiter les dérives de certains propriétaires qui utilisent
les plateformes comme Airbnb comme revenu principal et de réduire les tensions sur les offres de
location longue durée.
En collaboration avec l’administration française et l’Union Nationale pour la Promotion de la
Location de Vacances (UNPLV), Airbnb a publié une liste exhaustive des villes où la location d’un
logement entier est limitée à 120 jours par an. Il s’agit des villes suivantes :
Achères
Aix-en-Provence
Annecy
Arles
Batz-sur-Mer
Bidart
Bordeaux
Boulogne-Billancourt
Buchelay
Conflans-Saint-Honorine
Courbevoie
Cuers
Créteil
Frontignan
Hendaye
Issou
Issy-les-Moulineaux
Istres
La Baule
La Rochelle
La Garenne-Colombes
Levallois-Perret
Lille
Lyon
Marseille
Martigues
Menton
Meudon
Nantes
Neuilly-sur-Seine
Nice
Nîmes
Orgeval
Paris
Achères
Poissy
Roquebrune-Cap-Martin
Rueil-Malmaison
Saint-Cannat
Saint-Cyr-sur-Mer
Saint-Malo
Saint-Paul-de-Vence
Sète
Strasbourg
Toulouse
Villeneuve-Loubet
Villennes-sur-Seine
Versailles
Si vous habitez l’une de ces villes, au-delà de 120 nuitées louées, le calendrier de location de votre
bien sur Airbnb sera automatiquement marqué comme complet pour l’année à suivre.
Obtenir un devis personnalisé
Nos conseils pour faire louer votre bien sur Airbnb en toute
sérénité
Si votre règlement de copropriété vous le permet, il n’y a aucun mal à mettre en location saisonnière
votre logement. Au contraire, cela permet de toucher un peu d’argent et de s’assurer que son
appartement est occupé, en particulier durant la période estivale.
Pour vous assurer que tout se passe bien lors de cette location, nous vous livrons quelques conseils :
• Précisez le type de vacances adapté à votre logement : si votre copropriété est très calme,
indiquez dans votre annonce que votre bien s’accorde parfaitement avec le désir de passer
des vacances reposantes, loin du bruit et de l’agitation. Cela permettra de guider les
potentiels locataires ;
• Sélectionnez avec soin les personnes qui sont intéressées par votre annonce : en effet, les
plateformes comme Airbnb offrent la possibilité de consulter les avis laissés aux locataires
lors de leurs précédents séjours. Veillez donc à sélectionner des personnes dont les avis sont
positifs pour vous garantir plus de sérénité ;
• N’allez pas à l’encontre de l’avis des autres habitants de votre copropriété : il se peut que
certains voisins se plaignent du bruit de vos locataires. Ne cherchez pas à les contredire, cela
aboutit très souvent à un discours stérile. Au contraire, présentez vos excuses et rassurez-les
sur vos prochaines locations ;
• Respectez le règlement de copropriété : cela paraît évident mais conformément à ce que
nous avons dit précédemment, il est important de le suivre à la lettre. S’il indique que les
baux de location de courte durée sont interdits, ne cherchez pas un moyen de contourner la
règle, il n’y en a pas !
L’équipe Matera vous souhaite de bonnes vacances, en toute sérénité !
4 avril 2023
ÉCRIT PAR
Marine de Villoutreys
Juriste - Copropriété et syndic de copropriété
Comme vous le savez les locations en meublés de courte durée de type « Airbnb » sont une source
de nuisances et donc de tensions dans les immeubles soumis au statut de la copropriété.
Cette note a pour but de faire le point sur les textes applicables en la matière et surtout sur les
possibilités d’action des copropriétés quand elles sont confrontées à cette situation.
Il convient tout d’abord de rappeler que deux législations s’appliquent avec leur logique propre (en
silos), savoir le droit des meublés de tourisme et le droit de l’urbanisme d’un côté et le droit de la
copropriété d’un autre côté.
Les locations d’une chambre privée d’un logement ou d’une chambre d’hôte ne sont donc pas
visées, car comme précise l’article 145 la loi ELAN :
“…les meublés de tourisme sont des villas, appartements ou studios meublés, à l’usage exclusif du
locataire, offert à la location à une clientèle de passage qui n’y élit pas domicile et qui effectue un
séjour caractérisé par une location à la journée, à la semaine ou au mois.” – Article L324-1-1 du
Code du Tourisme.
Il est donc possible de louer une chambre d’un appartement (c’est-à-dire d’un local à destination
d’habitation au sens de l’urbanisme) sans limitation de durée. Il faut cependant qu’elle respecte un
certain nombre de règles relatives aux logements décents (elle doit notamment être d’une surface
d’au moins 9 m2).
En revanche la location d’une « unité » de logement en entier est soumis au décret “Airbnb”
n°2017-678 du 28 avril 2017 qui concerne les exigences demandées aux propriétaires ou
professionnels de la location meublée saisonnière, il y a une déclaration à faire ou non selon le
nombre d’habitants de la commune correspondante au logement selon le tableau suivant :
Il convient de préciser qu’en plus des Villes de plus de 200.000 habitants sont également concernés
par les règles « renforcées » toutes les villes de la petite couronne savoir celles des départements
des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.
Dans les cas définis ci-dessus le propriétaire doit obtenir un numéro d’enregistrement auprès de la
mairie de la commune du lieu de situation du bien (composé de 13 caractères) qui doit être visible
sur les plateformes en ligne ou les sites d’annonces.
Dans les Villes de plus de 200.000 habitants (et celles de la petite couronne), si le bien loué n’est
pas une résidence principale ou si celle-ci est louée plus de 120 jours par an, il est nécessaire que
ledit bien soit à usage commercial selon le droit de l’urbanisme et si ce n’est pas le cas (notamment
lorsqu’il est à usage d’habitation) il faut obtenir un changement de destination selon les dispositions
des articles L. 613-7 et suivants du Code de la construction.
Un tel changement de destination nécessite une demande d'autorisation d'urbanisme, c'est à dire,
selon le cas, une déclaration préalable ou un permis de construire.
A Paris, ces autorisations ne peuvent être délivrées qu’à condition de proposer une compensation.
La compensation consiste à transformer en logement des locaux non dévolus à l’habitation (bureau,
commerce…).
Cette compensation permet ainsi de reconstituer la « perte» d’un logement par la création d’un autre
logement, afin de ne pas aggraver l’insuffisance de logements et de préserver l’équilibre entre
l’habitat et les activités économiques.
Le demandeur d’un changement d’usage à caractère réel (c’est à dire un changement de destination)
peut soit :
• proposer en compensation des locaux à autre usage que l’habitation dont il est propriétaire et
qu’il va transformer en logements.
• acheter un titre de compensation (ou commercialité) auprès d’un tiers, propriétaire de locaux
affectés à un autre usage que l’habitation (bureaux, commerces…) qu’il va transformer en
logements.
C’est la raison pour laquelle à l’heure actuelle des investisseurs recherchent des biens à usage
commercial (par exemple des boutiques) pour matériellement les transformer en appartements et
ainsi pouvoir les louer à usage de meublés de tourisme en parfaite légalité vis-à-vis du droit de
l’urbanisme.
En cas de non-respect de ces dispositions, le propriétaire risque des amendes (qui sont de plus en
plus importantes à chaque modification législative).
Il est à souligner qu’un changement de destination n’ayant pas fait l’objet d’une autorisation
d’urbanisme en bonne et due forme n’est pas prescriptible ( Décision du Conseil d’État en date du
5 avril 2019 rendue sur le fondement de l’article L. 631-7 du Code de la construction et de
l’habitation).
Enfin, il est à noter que cette législation a été judiciairement contestée au regard du droit européen.
La Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a été de ce fait amenée à statuer sur la législation
française restreignant la possibilité pour les propriétaires désireux de louer un bien (qui n’est pas
leur résidence principale) en meublés pour de courtes périodes via des plateformes de
type « Airbnb » à Paris et dans les autres grandes villes de l'Hexagone.
Dans un arrêt en date du 22 septembre 2020, cette juridiction a apporté la réponse suivante : « Une
réglementation nationale soumettant à autorisation la location, de manière répétée, d'un local
destiné à l'habitation pour de courtes durées à une clientèle de passage […] est conforme au droit
de l'Union », en précisant que cette réglementation « vise à établir un dispositif de lutte contre la
pénurie de logements destinés à la location de longue durée […], ce qui constitue une raison
impérieuse d'intérêt général ».
Cependant, la CJUE avait émis des réserves s'agissant du mécanisme de compensation mis en place
par la Ville de PARIS et sur la conformité du droit français aux exigences de clarté, de non-
ambiguïté et d'objectivité fixés par le droit européen. Elle a estimé que s'il constitue « en principe,
un instrument adéquat de poursuite de ces objectifs […] la juridiction nationale doit s'assurer que
cette faculté s'avère adaptée à la situation du marché locatif local ».
Elle avait donc renvoyé aux juridictions françaises le soin d'apprécier le bien-fondé des
compensations attendues de la part des hôtes concernés.
Par 3 arrêts en date du 18 février 2021, la Cour de cassation a validé la réglementation mise en
place par la Mairie de PARIS estimant que celle-ci est justifiée par la lutte contre la pénurie de
logements locatifs classiques.
La Juridiction suprême a considéré que le régime d’autorisation mis en place est « justifié,
proportionné, transparent et accessible ».
Les décisions de la CJUE et de la Cour de cassation vont permettre à un certain nombre de
procédures judiciaires (portées par la Ville de PARIS notamment) qui étaient gelées dans leur
attente de reprendre leur cours.
Ces décisions concernent bien évidemment également toutes les Villes ayant mis en place leur
propre régime de régularisation des locations touristiques.
2. Le droit de la copropriété
Comme indiqué précédemment, il s’agit-là d’une législation totalement différente qui n’a aucun lien
avec les textes précités.
Cependant, il convient de souligner que les Syndicats de copropriétaires ont qualité pour se
prévaloir du défaut d’autorisation administrative (C.A. PARIS, P. 4, Ch. 2, 7 janvier 2015).
Il est donc possible pour une copropriété de baser une procédure judiciaire sur une violation des
articles L. 613-7 et suivants du Code de la construction par un copropriétaire.
En matière de copropriété, le principe fixé par l’article 9 de la loi du 10 juillet 1965 est celui de la
liberté, savoir :
« Chaque copropriétaire dispose des parties privatives comprises dans son lot ; il use et jouit
librement des parties privatives et des parties communes sous la condition de ne porter atteinte ni
aux droits des autres copropriétaires ni à la destination de l'immeuble. »
Chaque copropriétaire peut donc utiliser librement son bien pour peu qu’il respecte les dispositions
du règlement de copropriété (2.1) et qu’il ne crée pas de nuisances aux autres occupants de
l’immeuble (2.2).
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Auteur
Cabinet Maître Mathieu RICHARD
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Présentation :
Maître Mathieu RICHARD a prêté serment le 7 décembre 2018 devant la Cour d’appel de
RENNES. Il exerce depuis la profession d’Avocat et a orienté ses principaux domaines de
compétence vers l’ensemble des pans du droit immobilier (baux commerciaux, baux professionnels,
baux d’habitation, droit de...
Contacter cet avocat
Concept moderne d'un côté, institution ancienne de l'autre, la compatibilité des locations
meublée de courte durée dites locations "Airbnb" avec les règlements de copropriété dont
certains ont déjà de nombreuses décennies d'application a fait l'objet de vifs débats en
jurisprudence. Retour sur cette problématique en détail.
Concept né en 2007, les locations meublées de courte durée de type « Airbnb » se sont largement
développées en France aussi bien dans les grandes métropoles que désormais dans les communes de
plus petites envergures. Le développement de ce concept de location moderne et potentiellement
lucratif ne se fait toutefois pas sans heurter des structures plus anciennes et notamment
l’organisation qui régit les copropriétés dont les règlements de certaines sont plus que centenaires.
Aussi, la jurisprudence a été amenée à clarifier la question de la compatibilité de telles modalités de
location avec d’une part, les stipulations d’un règlement de copropriété, d’autre part, la vie en
collectivité.
• EN CE QUI CONCERNE LA COMPATIBILITÉ AVEC LE RÈGLEMENT DE
COPROPRIÉTÉ
Le règlement de copropriété énumère les droits et les obligations des copropriétaires vis-à-vis de la
copropriété.
Il rappelle généralement les dispositions de l’article 9 de la loi n°65-557 du 10 juillet 1965 selon
lesquelles: « Chaque copropriétaire dispose des parties privatives comprises dans son lot ; il use et
jouit librement des parties privatives et des parties communes sous la condition de ne porter
atteinte ni aux droits des autres copropriétaires ni à la destination de l’immeuble ».
Or, en matière de location de type « Airbnb », c’est précisément la notion de « destination de
l’immeuble » qui est prépondérante et qui permet à chaque copropriétaire d’apprécier s’il est en
mesure de proposer son appartement à la location de courte durée.
La destination de l’immeuble est propre à chaque copropriété et est définie dans son règlement.
Nombre de règlements de copropriété et notamment ceux édictés depuis plusieurs années
contiennent en particulier une clause dite « d’habitation bourgeoise ». Par principe, la clause
« d’habitation bourgeoise » permet d’user des parties privatives pour un usage d’habitation mais
aussi, par tolérance, pour l’exercice d’activités professionnelles libérales (Avocat, Médecin etc.). La
clause « d’habitation bourgeoise » peut toutefois, selon sa rédaction, être exclusive et interdire alors
purement et simplement tout usage autre qu’un usage d’habitation. Par ailleurs, les restrictions à la
destination peuvent parfois concerner seulement certains étages ou s’appliquer à l’ensemble de
l’immeuble.
L’analyse de la clause « Destination » du règlement de copropriété est donc essentielle avant toute
mise en location meublée pour de courtes durées.
Reste encore à savoir la qualification juridique réservée aux locations meublées de courte
durée : Activité civile ? Activité commerciale ? Activité professionnelle pouvant intégrer les
tolérances admises à l’image des activités libérales ?
A l’occasion de deux arrêts rendus en 2018 (Cass., 8 mars 2018, n° 14-15864) puis en 2020 (Cass.,
27 février 2020, n°18-14305), la Cour de cassation a finalement considéré que les locations de type
Airbnb constituaient une activité commerciale incompatible avec un règlement de copropriété
prévoyant une destination d’habitation pour les appartements louée, à l’exclusion de toute activité
commerciale.
Dans ces deux arrêts, le caractère commercial des locations a toutefois, semble-t-il, été retenu,
compte tenu de l’existence de prestations annexes à la location du bien (blanchisserie, parking etc.)
ou en raison de l’exploitation de l’activité Airbnb par l’intermédiaire d’une société commerciale,
par ailleurs copropriétaire de 39 lots dédiés à la location.
Cependant, par la suite, la Cour d’appel d’AIX EN PROVENCE a pu juger à l’occasion d’un litige
opposant une copropriétaire à un syndicat des copropriétaires que « le fait de louer un local meublé
destiné à l’habitation de manière répétée pour de courtes durées à une clientèle de passage qui n’y
élit pas domicile est incompatible avec la clause d’habitation bourgeoise d’un règlement de
copropriété, que cette habitation bourgeoise soit stricte ou non » (CA AIX EN PROVENCE., 23-06-
2022, n°21/10914) et ce, sans en référer aux modalités précises de location, de sorte que
l’interdiction serait générale.
Pour autant, les conditions de location pourraient rester prépondérantes pour qualifier l’activité de
commerciale ou de civile (nombre maximum d’occupants, régularité de la mise en location,
prestations annexes etc.) et ainsi apprécier la compatibilité de l’activité avec la destination de
l’immeuble.
La localisation des locaux pourrait également influer sur l’appréciation de la clause « destination »
du règlement de copropriété, la Cour d’appel de PAU ayant notamment pu juger, le 13 décembre
2017, que la location meublée de courte durée « pourrait difficilement être prohibée dans une zone
touristique comme Anglet ou de nombreux logements bourgeois sont loués à la semaine pendant
l’été ».
Il existe donc une position de principe majoritairement opposée à considérer que la destination
bourgeoise d’un immeuble autoriserait la location de type Airbnb mais, comme tout problématique
juridique, la réponse dépendra de l’étude des stipulations précises de la clause du règlement de
copropriété ainsi que d’une appréciation circonstanciée du cas d’espèce.
En tout état de cause, proposer un appartement à la location meublée de courte durée au mépris des
stipulations du règlement de copropriété expose le copropriétaire à une action du syndicat des
copropriétaires qui sera fondée à obtenir la cessation, sous astreinte financière, de l’activité.
• EN CE QUI CONCERNE LA COMPATIBILITE AVEC LES REGLES DE VIE EN
COPROPRIETE
En cas de silence du règlement de copropriété sur la question mais également en présence d’une
clause du règlement de copropriété qui autoriserait expressément la location meublée de courte
durée de type « Airbnb», il reste, depuis des arrêts rendus par la Cour de cassation en 1844, 1971 et
1986, que « Nul ne doit causer à autrui, un trouble anormal de voisinage ».
Il reste également que si en application de l’article 9 de la loi n°65-557 du 10 juillet 1965, chaque
copropriétaire use librement des parties privatives comprises dans son lot, cette liberté ne prospère
que « sous la condition de ne [pas] porter atteinte (…) aux droits des autres copropriétaires ».
Aussi, en présence de nuisances diurnes comme nocturnes, de dépôts sauvages de déchets dans la
cour de l’immeuble, ou encore en cas de dégradations des parties communes en lien avec l’activité
de loueur en Airbnb, le copropriétaire engage sa responsabilité vis-à-vis des copropriétaires, quand
bien même celui-ci ne serait pas l’auteur direct des nuisances (En ce sens CA PARIS., 11 février
2022, n°21/10676).
Ainsi, tout copropriétaire mais également le syndicat des copropriétaires pris en la personne de
son syndic sera en droit d’agir à l’encontre du copropriétaire dont l’appartement et ses occupants
sont à l’origine des nuisances.
La théorie des troubles anormaux du voisinage est ainsi invocable y compris en présence d’une
activité de location autorisée par le règlement de copropriété.
La réunion des preuves utiles à la demande en justice est toutefois un préalable nécessaire et doit
donc faire l’objet d’une stratégie réfléchie avant toute action.
***
Enfin, il sera rappelé que conformément aux dispositions des articles L631-7 et suivants du Code de
la construction et de l’habitation, la location meublée de courte durée est potentiellement soumise à
une autorisation préalable de changement d’usage à solliciter généralement en Mairie. Sont
notamment soumises à autorisation préalable, les biens :
• Situés dans les communes de plus de 200 000 habitants ;
• Situés dans les communes des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne ;
• Situés dans les communes exigeant une autorisation préalable par délibération du conseil
municipal (SAINT-MALO et LORIENT notamment)
Mathieu RICHARD – Avocat au Barreau de RENNES
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