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La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé vouloir

remettre à plat la fiscalité des loyers touchés par les


propriétaires de biens loués sur de courtes durées. Voici
pourquoi.

Par Antoine Laurent Journaliste immobilier


Publié le 07/06/2023 à 18h00 & mis à jour le 08/06/2023 à 7h03
Remettre à plat la fiscalité des revenus locatifs pour sauver un secteur du logement en pleine crise.
Voici l’un des nombreux chantiers auxquels vont s'attaquer l’exécutif et Elisabeth Borne dans les
prochaines semaines. Après plusieurs mois de travaux, le Conseil national pour la refondation
(CNR) Logement a formulé une batterie de propositions destinées à répondre à la crise qui touche
l’immobilier. Mesures que la Première ministre a présentées, lundi 5 juin.
Parmi les chantiers prioritaires, la difficile refonte de la fiscalité appliquée aux revenus des
bailleurs. Selon toute vraisemblance, cette refonte visera avant tout les propriétaires de locations
meublées touristiques. Mais elle pourrait aussi révolutionner les impôts des bailleurs en location
longue durée, en nu ou en meublé. Cet objectif, explique la cheffe du gouvernement, devra se
concrétiser à travers le prochain projet de loi de finances pour 2024, qui sera examiné à l’automne.
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Des locations touristiques accusées d’accentuer la pénurie de


logements

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Car actuellement, en jouant astucieusement avec les règles fiscales en vigueur, les propriétaires
peuvent déduire 100% de leurs revenus locatifs… tout en appliquant des tarifs souvent bien plus
rentables que la location traditionnelle à l’année ! “La frontière entre les différents types de location
est souvent ténue, et le système avantage les locations meublées, souvent de courte durée, tandis
que certaines locations longues subissent une imposition à plus de 60% [...] Logiquement, les
propriétaires bailleurs privilégient les régimes les plus avantageux”, a ainsi déploré la locataire de
Matignon en conclusion du Conseil national de la refondation sur le Logement.
Car effectivement, aux yeux du fisc, la location en meublé touristique est considérée comme une
activité professionnelle. A ce titre, les revenus locatifs du propriétaire sont soumis au régime BIC
(bénéfices industriels et commerciaux). Si les revenus locatifs annuels ne dépassent pas 72.600
euros (pour les locations saisonnières) ou 176.200 euros (pour les biens classés en meublés de
tourisme), alors les propriétaires peuvent bénéficier d’un avantage correspondant à un abattement
de 50% des revenus locatifs, voire de 71% pour les meublés de tourisme classés. En clair : avec
cette option, les bailleurs ne sont alors fiscalisés que sur une fraction infime de leurs revenus. Mieux
encore, en optant pour le régime fiscal réel, le bailleur peut déduire de ses revenus un certain
nombre de charges : intérêts d'emprunt, taxe foncière, charges de copropriété… jusqu’à un potentiel
effacement total des loyers.
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pencher vers l’une ou l’autre fiscalité
Par comparaison, en louant un bien nu (non meublé), l’abattement fiscal dont peuvent bénéficier les
propriétaires (via le régime micro-foncier) est limité à 30% des revenus. Dans ces conditions, du
point de vue des propriétaires, la fiscalité apparaît alors souvent bien plus légère pour les locations
touristiques que pour la location nue. Ce qui encourage le propriétaire à privilégier la première
option, et à retirer le bien du marché locatif traditionnel.

Des avantages fiscaux dans le collimateur de l'exécutif


Cette bizarrerie fiscale, dans un contexte de pénurie accrue de logements sur certains littoraux, se
traduit par la multiplication des offres de location touristique au détriment de la location classique.
Un tel phénomène était d’ailleurs mis en lumière dès le mois de mars dernier, dans un rapport au
vitriol publié en avril dernier par les services des ministères de l’Économie et des Finances, du
Logement, et de la Cohésion des territoires.

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Cette réforme de la fiscalité, annoncée par Elisabeth Borne, est donc tout particulièrement motivée
par le développement rapide des locations touristiques sur les communes littorales. Ces mises en
location sont dénoncées par de nombreux élus - notamment des parlementaires vent debout contre
cette prolifération - et accusées de réduire le parc de logements disponibles pour les habitants de ces
régions. Une préoccupation qui a ainsi incité de nombreux maires à durcir la législation sur les
locations touristiques dans leur commune ces derniers mois.
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Julien Bayou
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