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Sommaire
1. Article
2. Bibliographie
3. Notes
Article
Ce texte est la version développée d'un article publié dans Les Langues Modernes
(numéro 3) en 2005 (pages 12-21). Nous remercions les éditeurs de nous avoir
accordé cette possibilité de re-diffusion.
Un modèle de l'acquisition des langues étrangères (AL2) a cours depuis bientôt 20 ans en
France - cette théorie derrière « l'approche naturelle » de Krashen et ses associées, selon
laquelle « l'apprentissage » explicite des savoirs linguistiques ne joue qu'un rôle mineur
dans « l'acquisition » implicite de la compétence communicative (Krashen 1981, Krashen
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1987, Dulay, Bert & Krashen 1982). Il faudrait nous affranchir de ce modèle américain de
l'AL2, qui reflète les préoccupations de l'époque (la découverte, par des linguistes comme
Krashen, des modèles psycholinguistiques du développement langagier chez les enfants et
les bilingues, ainsi qu'un rejet brutal de la méthode audio-orale), mais non pas les réalités
de l'AL2 en milieu scolaire.
Car l'AL2 institutionnelle est fondamentalement différente de l'acquisition de la langue
maternelle (AL1). La différence principale étant d'ordre quantitatif : en milieu scolaire, le
temps de contact avec la langue ne représente qu'une infime fraction de ce contacte
permanent qui permet l'élaboration implicite des réseaux langagiers de notre L1. Nous
n'avons pas le temps, dans une classe de langue, d'assurer le développement « naturel »
(ou implicite) de réseaux cognitifs performants en L2[1]. La tâche cognitive est d'ailleurs
qualitativement différente : un réseau langagier existe déjà dans le cerveau d'un enfant
apprenant une deuxième langue à l'école (ce qui n'est, bien évidemment, pas le cas pour le
bébé apprenant sa L1). Le rôle important des variables individuelles dans les processus
d'acquisition de la L2 est la preuve de cette différence qualitative : certains facteurs
cognitifs et affectifs (aptitude, motivation), ainsi que sociaux (contexte d'apprentissage, rôle
des adultes et des formateurs), peuvent déterminer de façon décisive les acquis en L2.
Dans le développement langagier en L1 - où tout enfant normalement constitué acquiert
une compétence orale performante avant l'entrée à l'école - ces variables ne semblent
même pas rentrer en jeu[2]. Ces caractéristiques de l'AL2 en milieu scolaire relèvent plutôt
du domaine de l'acquisition d'une compétence cognitive complexe, que de celui de l'AL1
(Bley-Vroman 1990, Anderson 1981, Kilborn 1994, McLaughlin 1990, Berry 1994, Johnson
1996). Un examen de quelques modèles cognitifs de l'acquisition des compétences (skill
learning theory) devrait donc nous aider à comprendre les processus cognitifs à l'œuvre
dans l'acquisition d'une langue étrangère, et nous aider à élaborer des modèles plus
complets de la didactique des langues.
« Apprendre, c'est intégrer des informations nouvelles en mémoire » (Craddock & Guerrien
1998 : 235) ; cette définition concise de l'apprentissage est également très puissante[3]. La
mémoire, on le sait, est un ensemble de structures complexes, qui fonctionnent ensemble
avec une efficacité prodigieuse. Mettant de côté, pour l'instant, les fonctions mnésiques à
court terme (mémoire de travail, fonctions exécutives, empan), résumons quelques
caractéristiques de la mémoire à long terme, « l'ensemble des connaissances que nous
possédons » (Gaonac'h & Golder 1995 : 54), produit de tous nos apprentissages. Cohen &
Squire (1980) ont identifié deux types de mémoire à long terme - déclarative et non-
déclarative ; la tendance actuelle étant de qualifier ces deux systèmes mnésiques
d'explicite et d'implicite (DeKeyser 2003 ; Paradis 2004 ; Ellis 2005). Le tableau 1 résume
de façon succincte les caractéristiques les plus saillantes des composantes de la mémoire
à long terme, quelle que soit l'appellation adoptée :
Tableau 1 : la MLT (d'après Squire 1992 ; Ellis 2005 ; Gaonac'h & Golder 1995 : 63-72 ;
Paradis 2004 ; Sun et al. 2001 ; Ullman 2001a & 2001b)
La mise en place des réseaux de la mémoire déclarative (notre rappel conscient des faits
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et événements, notre mémoire de mots, scènes, visages, récits) dépend de l'intégrité des
structures cérébrales ; l'hippocampe joue un rôle particulièrement important dans la
formation de nouvelles associations entre stimuli (Squire 1992, Ellis 2005). La mémoire
déclarative est souple - à la disposition de multiples systèmes cérébraux (Squire 1992 :
237) - et peut être facilement élargie : depuis plus de cent ans, les psychologues
constatent la rapidité avec laquelle un individu peut mémoriser de nouvelles associations
(James 1890 ; Ebbinghaus 1885/1913). Les connaissances déclaratives sont qualifiées
« d'explicites », car elles peuvent, par définition, être explicitées ou expliquées - on sait que
l'on reconnaît tel visage ou tel endroit, que l'on sait tel fait, telle règle, tel mot. L'acquisition
même de ces connaissances relèverait de processus explicites : la création d'une nouvelle
association en mémoire exige un effort attentionnel de la part de l'individu, une phase
(même très rapide) d'analyse (Robinson 1995). L'élargissement du réseau relationnel de la
MLT dépend donc d'un travail explicite, mais s'avère particulièrement rapide et efficace.
La mémoire non-déclarative contient les programmes de nos routines sensori-motrices
(habits), ainsi que les automatismes à l'œuvre dans l'amorçage (priming) et le
conditionnement (Ullman 2001a : 206-07). Ces automatismes sont difficiles (sinon
impossibles) à expliciter, comme on peut le constater quand on essaie d'expliquer
verbalement comment nouer un lacet de chaussure, par exemple. Les systèmes
mnésiques non-déclaratifs sont acquis pour la plupart implicitement, suite au traitement
réitéré des mêmes données (gestes, stimuli) dans les mêmes contextes, et grâce aux
processus connexionnistes de la catégorisation, de l'analyse distributionnelle, de
l'association sérielle (Ellis 2005 : 320) et le « chaînage » d'éléments qui se trouvent
fréquemment ensemble (Gagné 1965). Ces réglages progressifs des connexions
néocorticales prennent du temps[4] ; la constitution des réseaux non-déclaratifs est un
processus lent, donnant naissance à des structures cérébrales rigides - nous savons tous
combien il est difficile de changer un comportement habituel ou de supprimer un
automatisme.
Les théories cognitives de l'acquisition des compétences tentent donc d'expliquer
l'articulation entre les processus explicites et implicites de l'apprentissage, ainsi que la
nature de la restructuration mnésique (Rumelhart & Norman 1978 ; McLaughlin 1990) qui
caractérise l'acquisition de l'expertise. Il y a deux grandes orientations dans ce débat
théorique (Masson 1990, DeKeyser 2000) : les modèles qui présentent l'acquisition d'une
compétence comme un processus (les « process-based theories » de Miller, Shiffrin &
Schneider, Rumelhart & Norman, Anderson, MacKay, Hasher & Zacks) ; et le modèle
mnésique (« memory-based ») de Logan, la théorie des instances (Instance Theory).
Dans les moutures successives de la théorie ACT d'Anderson (Adaptive Control of
Thought), l'acquisition d'une compétence cognitive complexe est conçue comme un
processus, dans lequel des connaissances déclaratives sont « procéduralisées », ou
automatisées sous forme de procédures. Il y a quatre étapes dans ce processus de
procéduralisation. D'abord une phase d'interprétation, où de nouveaux comportements
sont élaborés, grâce à l'utilisation (dépendante des procédures déjà en place) de
connaissances déclaratives liées à la nouvelle compétence. La deuxième phase - de
compilation - est caractérisée par une diminution des efforts interprétatifs, suite aux effets
de la répétition ; pendant cette phase d'entraînement, la médiation verbale est fréquente
(on s'explique verbalement les gestes à accomplir). Dans la phase de renforcement, les
liens du réseau sont renforcés ; les procédures s'améliorent, et la médiation verbale
disparaît. La phase finale - la compilation des savoirs - sert à créer de nouveaux
ensembles, à partir des savoirs existants ; ces nouveaux ensembles caractérisent
l'évolution vers un niveau expert (Anderson 1996, 216-235 ; voir aussi Miller 1956, Hasher
& Zacks 1979, MacKay 1982, Schmidt 1992). Le modèle CLARION (Connectionist
Learning with Adaptive Rule Induction ON-line, Sun et al. 2001) propose un ordre
d'acquisition inverse pour les processus « de bas niveau » : certaines procédures
perceptuelles - acquises implicitement - pourraient servir de base à l'acquisition de
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Cette vision cognitive de la compétence s'avère plutôt rassurant : au lieu d'être un « don »
mystérieux et impossible à cultiver, l'expertise (en sport, musique, pilotage, dactylo,
langues...) serait le résultat d'un entraînement intensif et soutenu. Les études résumées
par Ericsson & Charness quantifient l'effort nécessaire pour accéder au niveau expert, quel
que soit le domaine d'expertise : environ quatre heures d'entraînement par jour pendant
une dizaine d'années ; les meilleurs violonistes du monde s'étant entraînés pendant 10.000
heures en moyenne, soit 2.500 heures de plus que les experts du niveau professionnel
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juste en dessous (1994 : 738-741 ; voir aussi Gagné 1965, 24)[6]. Le « don » des meilleurs
experts serait en effet leur motivation extraordinaire, car peu de gens acceptent de
consacrer une telle quantité de temps à ce que les anglophones appellent « deliberate
practice » (l'entraînement concerté, Ericsson & Charness 1994 : 738).
Une dernière observation dans notre considération des théories de l'acquisition des
compétences - celle faite par Robert Gagné en 1965 - reste d'une importance cruciale.
Gagné développe sa « hiérarchie des connaissances » (tableau 2), dans laquelle la
création des ensembles supérieurs en mémoire repose toujours sur des unités
« prérequises » de niveau inférieur :
Notre capacité à utiliser une langue est sans doute le meilleur exemple de
l'automaticité.
(The ultimate example of automaticity is probably our ability to use language.
DeKeyser 2000 : 125)
Le traitement [langagier] est largement automatisé. L'attention est surtout
consacrée à la conceptualisation et en partie aux mécanismes de l'auto-
correction, mais le reste fonctionne sans contrôle conscient. La production doit
être progressive, parallèle et automatisée, pour expliquer l'extrême vitesse avec
laquelle nous parlons.
(Processing is largely automatic. Greatest attention is paid to conceptualizing
and some attention is paid to the feedback mechanisms, but the remainder
functions without conscious control. Production has to be incremental, parallel,
and automatized in order to account for the enormous speed at which language
is produced. de Bot 1992 : 6 ; voir aussi Levelt 1989 : 20-22)
Dans la production et la réception du discours en L1, nous ne prêtons que très rarement
attention aux routines articulatoires et perceptuelles (qu'elles soient segmentales ou
suprasegmentales), à la reconnaissance des centaines de milliers de mots et blocs
lexicalisés qui constituent notre « lexique mental », aux procédures morphologiques et
syntaxiques qui nous permettent de générer les formes du discours ou de segmenter le flux
verbal en compréhension aurale. Dans le domaine de l'AL2, le passage du niveau
débutant (ou faible) au niveau avancé peut être décrit précisément en termes d'un
déplacement de l'effort attentionnel de l'apprenant. A des niveaux de maîtrise inférieurs,
les traitements et associations « de bas niveau » (formels) requièrent beaucoup d'effort
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attentionnel : articuler les nouveaux sons, déchiffrer les sons / reconnaître les mots, trouver
la bonne forme morphologique des mots tout en parlant ou écrivant (accords, déclinaisons,
conjugaisons), « trouver ses mots » et les agencer dans la phrase - on effectue même une
gymnastique cognitive considérable en activant la L1 pour trouver les formes voulues en
L2... Au niveau avancé en L2, « on n'y pense plus », à toutes ces opérations, car elles
sont automatisées, nous permettant (comme dans notre L1) de porter presque toute notre
attention à la construction et la gestion du sens de nos interactions communicatives.
Il faut, bien sûr, insister sur le fait qu'une telle description de l'expertise en L2 ne cherche
pas à exiger de tout apprenant l'acquisition d'un réseau cognitif identique à celui qui existe
dans le cerveau d'un natif de la langue ! La quantité et la qualité des données à mémoriser
seront déterminées par l'équipe enseignante, en fonction des objectifs (sociaux,
communicatifs, professionnels) à atteindre. Il y aura, par contre, une quantité et une
qualité minimales de connaissances à acquérir, pour que le réseau mnésique créé soit
performant : si le vocabulaire de base, les représentations phonologiques, la maîtrise
syntaxique sont insuffisants, si l'accès à ces réseaux cognitifs formels n'est pas automatisé,
l'apprenant ne pourra pas se servir de la langue dans des situations de communication
réelles (DeKeyser 2000 : 126).
Comme nous l'avons déjà constaté ci-dessus, le réseau linguistique et les procédures
automatisées d'utilisation de ce réseau se mettent en place implicitement et lentement en
L1. Nous avons également constaté qu'en milieu scolaire le temps de contact est
insuffisant pour l'acquisition implicite d'un réseau mnésique performant en L2 :
Dans la classe de L2, une question méthodologique de taille devient, alors, la meilleure
façon de compenser le manque de temps de contact, l'identification des démarches
explicites nécessaires à la mise en place des connaissances et des automatismes
nécessaires à une utilisation efficace de la langue. Dans son résumé très complet des
recherches sur l'automatisation des procédures langagières, Robert DeKeyser (2000 :
141-146) regrette que nous sachions si peu sur les conditions pédagogiques propices au
développement des automatismes utiles en L2 (voir aussi Hulstijn 2001 : 281-82). Les
suggestions méthodologiques qui suivent constituent donc des hypothèses, qu'il faudrait
encore tester expérimentalement.
Une première piste méthodologique à développer est très certainement celle qui est
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Insistons finalement sur le fait qu'un entraînement répétitif - même avec les meilleurs outils
et techniques possibles - ne constitue que le début d'un apprentissage langagier
performant. Pour la « procéduralisation » de ce savoir, il faudra ensuite manipuler ces
éléments de façon réitérée, dans des activités langagières normales - interaction verbale,
écoute, lecture, rédaction... Les tâches interactionnelles et communicatives fournissent à
nos apprenants des instances de traitement de la L2, qui déclencheront des réglages
implicites du réseau mnésique - ces réglages qui détermineront à terme le niveau
d'expertise atteint par l'apprenant[7]. Une fois que le réseau L2 est suffisamment riche pour
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Il faut inclure un travail explicite sur les savoirs linguistiques à acquérir : phonologie et
prosodie, lexique, morphologie, syntaxe.
Ce travail doit comporter une phase de répétition, pour la mise en mémoire solide des
unités perceptuelles, des associations et chaînes de base. Les TICE-Langues ont un
rôle important à jouer dans cette phase de travail.
Ces nouvelles connaissances doivent ensuite être utilisées dans différentes situations
communicatives, pour renforcer les associations et fixer les procédures de leur
utilisation, ancrée dans des schémas interactionnels significatifs.
Dans cette phase communicative, il ne faut pas oublier que les compétences
communicatives sont réceptives aussi bien que productives ; nous avons fort à faire
pour aider nos apprenants à développer les procédures nécessaires à la
compréhension aurale en L2.
Comme toute synthèse théorique, celle-ci donne naissance à de nouvelles hypothèses qui
doivent maintenant être testées : il faudra des démarches expérimentales mesurant les
retombées de telle activité, conçue pour promouvoir l'acquisition de tel phénomène à tel
moment de cette progression pédagogique. D'autres recherches pourront investiguer le
rôle des variables individuelles dans différentes étapes de la progression esquissée ici, et
notamment les variables qui rentrent en jeu dans le traitement des informations
linguistiques (déterminant donc le réseau mnésique qui sera créé en L2) : mémoire de
travail, empan verbal, « boucle phonologique », etc. (Lado 1965 ; Skehan 1989 ; Service
1992 ; Miyake & Friedman 1998 ; Dewaele 2000 ; Robinson 2002). Et bien sûr, il faudra
intégrer ces réflexions sur les aspects cognitifs de l'apprentissage linguistique aux modèles
interactionnistes qui ont été si pleinement développés par la didactique des langues en
France.
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Notes
[1] Un enfant, réveillé de 10 à 12 heures par jour, bénéficie d'environ 20.000 heures de
contact avec sa L1 pendant les six premières années de sa vie ; sept ans de scolarisation
secondaire ne génèrent que 750 heures de contact avec la première L2 (si les leçons se
déroulent dans la langue-cible). Pour la mise en place "naturelle de réseaux linguistiques
aussi performants que ceux de la L1, à ce rythme, il faudrait 200 ans !
[2] Nous parlons ici des acquis de base dans la maîtrise de la langue orale, et non pas
d'éventuelles différences de niveau en L1 suite à la scolarisation. On n'a pas encore vu, par
exemple, un bébé normal « démotivé » pour l'acquisition de sa L1 ; des individus de
quotient intellectuel différent acquièrent un même niveau de compétence communicative
dans leur langue maternelle.
[3] Sans sous-estimer l'importance des aspects sociaux de l'apprentissage
(particulièrement bien pris en compte par les spécialistes de la didactique des langues en
France), nous allons dans cet article fixer notre attention sur les aspects cognitifs de l'AL2.
Il faudrait un deuxième article pour ensuite « situer » ces théories cognitives dans le
contexte plus large de la psychologie sociale.
[4] On parle de tuning en anglais, qui exprime cette notion de réglage mécanique précis et
progressif.
[5] Je suis de l'avis de Robert DeKeyser (2000 : 140), que ces différentes théories
s'appliquent sans doute à différentes situations d'apprentissage. DeKeyser trouve le
modèle d'Anderson plus complet ; Daniel Gaonac'h (2005) préfère la théorie mnésique de
l'instance. Nous laisserons les cognitivistes trancher, nous limitant ici à une considération
des points communs aux deux théories.
[6] N'oublions pas notre chiffre de 20.000 heures pour atteindre un niveau d'expertise en L1
: Learning one's primary language takes tens of thousands of hours (Anderson 1982, 369).
[7] Nous semblons rejoindre ici les idées de Krashen, en contradiction avec les premiers
paragraphes de cet article. En fait, nous maintenons fermement notre critique des
approches « naturelles » ou purement communicatives, qui postulent l'acquisition implicite
des savoirs linguistiques en L2. Selon notre modèle, ces savoirs doivent être acquis
d'abord explicitement, avec un réglage implicite et progressif des réseaux
(procéduralisation des nouveaux savoirs, mise en place des automatismes nécessaires à la
communication efficace du sens) pendant des activités communicatives différentes.
Heather Hilton, "Théories d'apprentissage et didactique des langues", La Clé des Langues
[en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), novembre 2009. Consulté le
27/02/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/langues-et-langage/langues-et-langage-en-societe/
acquisition-apprentissage-et-diffusion-des-savoirs/theories-d-apprentissage-et-didactique-
des-langues
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