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Recherche et Applications en Marketing, vol. 23, n° 4/2008

PÉDAGOGIE

Mieux comprendre la fidélité des consommateurs

Marie-Christine Lichtlé
Maître de conférences
IAE de Dijon (Université de Bourgogne)
LEG (CERMAB)
UMR CNRS 5118

Véronique Plichon
Maître de conférences
IUT de Tours (Université de Tours)
CERMAT

RÉSUMÉ

L’objectif de cet article est de proposer une synthèse d’un concept primordial en marketing, aussi bien d’un point de vue
managérial que conceptuel : la fidélité. Après avoir analysé les définitions de la fidélité et leur évolution, un panorama des expli-
cations théoriques est dressé. Quatre grands processus fondés sur des théories différentes peuvent être identifiés. L’objectif est
de comprendre comment les intégrer dans un modèle général, afin de pouvoir faire émerger de nouvelles pistes de réflexion.

Mots clés : Fidélité, satisfaction, confiance, engagement, coûts de changement, intention de réachat, modèle relationnel, modè-
le transactionnel.

SOMMAIRE DES STRATÉGIES DE MODÉLISATION DE LA


INTRODUCTION FIDÉLITÉ
VERS UN CONCEPT PLUS CONSENSUEL Intégrer les paradigmes transactionnel et rela-
Un construit bidimensionnel tionnel
Un biais persistant Identifier les déterminants du processus adopté
EXPLIQUER LA FIDÉLITÉ Mieux comprendre l’objet de la fidélité
La fidélité, résultat du renforcement Analyser l’effet de la satisfaction sur la fidélité
La fidélité, résultat d’une action raisonnée Intégrer les situations
La fidélité, conséquence d’un engagement CONCLUSION
L’effet de la dépendance

Les auteurs remercient le professeur Véronique des Garets, responsable de la rubrique « Pédagogie », ainsi que les lecteurs anonymes pour leurs
précieux conseils.
Elles peuvent être jointes aux adresses électroniques suivantes :
Marie-Christine.Lichtle@u-bourgogne.fr ; veronique.plichon@univ-tours.fr
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122 Marie-Christine Lichté, Véronique Plichon

INTRODUCTION VERS UN CONCEPT PLUS CONSENSUEL

Huit Français sur dix déclarent n’être fidèles à Si une conception bidimensionnelle de la fidélité a
aucune marque en particulier et varier les achats en longtemps été prédominante, l’attention des cher-
fonction de leurs envies et de leurs moyens (81 %). cheurs s’est plus récemment focalisée sur le caractère
Les personnes fidèles à quelques marques ne repré- biaisé de la réponse. En conséquence, la recherche
sentent que 6 % des personnes interrogées (étude s’est réorientée vers les causes du biais et les raisons
Ipsos, 2007)1. Or, une augmentation du taux de fidéli- de sa persistance.
sation de 5 % permet d’accroître le profit de 25 à 85 %
selon le secteur d’activité (Reichheld, 1996). En raison
du coût très élevé d’acquisition d’un nouveau client, Un construit bidimensionnel
les entreprises reconnaissent l’intérêt de fidéliser en
s’intéressant à la gestion de la relation client. Malgré Depuis son apparition dans la recherche marke-
un très grand nombre de travaux sur le sujet depuis ting avec Copeland (1923), la fidélité a fait l’objet
plus de quarante ans, la fidélité est restée pendant d’études très nombreuses. Historiquement, trois
longtemps un concept polysémique, qu’il était néces- approches ont émergé au cours du temps : comporte-
saire de clarifier, du point de vue de sa définition, des mentale, attitudinale, puis mixte/composite (Jacoby
doctrines sous-jacentes et de ses relations supposées et Chestnut, 1978). Selon l’approche comportemen-
avec ses variables antécédentes, telles que la satisfac- tale, fondée sur la théorie du conditionnement que
tion. Depuis peu, de nouveaux travaux bouleversent nous développerons dans la seconde section, un
ce champ de recherche. Le concept de fidélité a évolué consommateur est fidèle lorsqu’il achète régulière-
et la perspective dans laquelle on le place s’élargit, ment la même marque (Sheth, 1968). La fidélité est
tant en terme temporel que spatial. La tendance alors mesurée par le comportement réel d’achat : la
s’oriente vers une approche plus dynamique, plus séquence d’achat, le taux de nourriture, la mesure
relationnelle et plus situationnelle. RFM (récence, fréquence, montant), la probabilité
L’objectif de cet article est d’élaborer une syn- d’achat... Pour l’approche attitudinale, le client est
thèse sur cette notion de fidélité afin d’offrir aux fidèle lorsqu’il développe une attitude favorable à
enseignants un support pédagogique pour leurs cours l’égard de la marque. Les intentions de réachat sont un
mais aussi de proposer aux lecteurs des orientations de exemple de mesure attitudinale de la fidélité2
recherche pour leurs futurs travaux. Dans cette (Tableau 1).
optique, nous nous attacherons dans un premier Depuis plusieurs années, les chercheurs mettent
temps à analyser le concept de fidélité et ses évolu- en évidence l’ambivalence du concept et ont une
tions, puis nous étudierons dans un second temps ses conception bidimensionnelle de la fidélité (approche
grandes explications théoriques. Dans une troisième mixte ou composite). Pour qu’il y ait fidélité, le com-
section, des pistes de réflexion possibles seront évo- portement de réachat d’une marque doit être accom-
quées ; elles ouvriront la voie à une modélisation des pagné d’une attitude favorable à son égard. Ainsi, un
processus conduisant à la fidélité. consommateur est considéré comme fidèle, s’il
adopte un comportement d’achat répété de la marque
et si ce comportement est la conséquence d’un senti-
ment positif (Day, 1969 ; Assael, 1987). Ces deux
dimensions peuvent également être mises en évi-
dence dans le cas de la fidélité à un point de vente

2. Pour mesurer cette facette attitudinale, certains chercheurs ont


recours à des mesures de la fidélité par ses antécédents (engagement,
attachement...) ou par ses conséquences (recommandations du
1. Étude réalisée par Ipsos le 3 avril 2007, http://www.ipsos.fr consommateur, prosélytisme).
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Tableau 1. – Les mesures de la fidélité

❶ Les mesures comportementales

Mesures les plus Description Limites


connues
Proportion d’achats Un seuil arbitraire de fidélité qui correspond à la pro- – Caractère arbitraire du
pour une marque portion d’achats à partir de laquelle un acheteur est seuil de fidélités
donnée ou « taux de qualifié de fidèle à une marque (65 % selon – Difficulté de définir l’uni-
nourriture » Cunningham, 1956) est défini. L’objectif est de trouver vers concurrentiel.
un indicateur applicable de manière standard à diffé-
rentes classes de produits.
➜ Bons indicateurs car ces mesures quantifient la préfé-
rence du consommateur dans ses achats pour la marque
étudiée prise au sein d’un univers concurrentiel.
Auteurs principaux : Cunningham (1956), Day (1969).
La séquence Cette méthode analyse les séquences d’achat. Brown Approche imprécise compte
d’achats (1952) discerne 4 types de comportements traduits tenu des nombreuses combi-
dans les séquences suivantes : naisons d’achats possibles
Non-fidélité : ABBACD lorsque la fréquence aug-
Fidélité instable : AAABBB mente.
Fidélité partagée : ABABAB
Fidélité parfaite : AAAAAAAA
Auteurs principaux : Brown (1952), Stafford (1966)
Les probabilités Ces mesures se fondent sur plusieurs types de modèles : – Manque de finesse au
d’achat de l’achat – les modèles stochastiques, où la loi aléatoire est seule- niveau individuel (Crié et
répété ment descriptive (Ehrenberg, 1988) ou sur des processus Benavent, 2001).
markoviens d’ordre 1 (Gupta et Steckel, 1993). Dans – Fondées sur l’hypothèse
ce dernier cas, le comportement d’achat à l’instant t que l’augmentation de fidé-
dépend uniquement du comportement à l’instant t – 1 ; lité suite à l’achat de la
– les modèles probabilistes où une loi aléatoire est marque est la même pour
complétée par un modèle explicatif. Guadagni et Little toutes les marques. Or on
(1983) ouvrent la voie avec le lissage exponentiel ; sait avec le phénomène de
– les analyses de survie (Jacoby et Kyner, 1973 ; Crié et double Jeopardy que les
Benavent, 2001). Peu présente dans les recherches, marques les plus fortes
cette modélisation intègre le temps et le niveau indivi- créent plus de fidélité.
duel. – Contraintes de recueil de
➜ Les mesures de probabilité d’achat s’appliquent sur- données au niveau indivi-
tout aux données temporelles (issues de panels, bases duel et longitudinal.
de données marketing). Leur utilisation est solide.
La mesure Utilisée par les entreprises de VPC, cette mesure empi- Difficulté de distinguer un
empirique RFM rique agrège trois indicateurs de fidélité comportementale client important d’un client
(Récence, qui postulent que plus un client est récent, achète fré- fidèle.
Fréquence, quemment et beaucoup, plus il est fidèle. La récence est
Montant) définie comme le nombre de périodes s’étant écoulées
depuis le dernier achat, la fréquence est le nombre
d’achats réalisés au cours d’une période de temps donnée,
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Tableau 1. – Les mesures de la fidélité (suite)

Mesures Description Limites


les plus connues
le montant correspond à la valeur monétaire moyen-
ne du dernier achat ou la valeur totale de l’ensemble
des achats depuis le début des transactions commer-
ciales. Selon les trois éléments RFM, le distributeur
peut favoriser les clients venant de faire un gros
achat récent, ceux qui achètent souvent de petites quan-
tités ou plus simplement ceux qui achètent de gros
montants.
Cet indicateur est aussi calculé généralement sur une
période de quatre saisons de six mois de façon absolue et
non comparative (les achats des produits concurrents
n’étant généralement pas connus).
➜ Bon outil de segmentation de clientèle (Bitran et
Mondstein, 1996)
❷ Les mesures attitudinales

Les intentions de Elle correspond à l’intention déclarée par le consom- Peu prédictive du comporte-
réachat du mateur de réachat de la même marque ou de nouvelle ment effectif (Anderson et
consommateur fréquentation de la même enseigne. Il faut bien distin- Fornell, 1994 ; Dubois et
guer l’intention d’achat de l’intention de réachat. L’in- Quaghebeur, 1997 ; Dubois
tention d’achat s’applique aux consommateurs nou- et Laurent, 1999).
veaux et existants. L’intention de réachat ne concerne
que les consommateurs ayant déjà acheté cette marque.
Seule l’intention de réachat est une mesure de la fidélité
comportementale.
➜ Mesure la plus utilisée en raison de sa facilité d’utili-
sation
– Problème de validité dis-
criminante. Mesure-t-on la
fidélité ou ses causes ?
Les mesures de la fidélité par ses causes – Mesures peu pertinentes
lorsque l’individu suit un
processus de fidélité non
relationnel.
L’engagement du Il définit une fidélité au partenaire de l’échange. Dans sa – La grande majorité des
consommateur dimension attitudinale, l’engagement prend deux auteurs utilisent un modèle
formes : une forme instrumentale (fondée sur l’intérêt congénérique pour mesurer
économique des deux partenaires), une forme affective ces construits. Or, ce modèle
(créée par le plaisir issu de la relation et le partage de semble peu approprié pour
valeur commune). mesurer des dispositions
Opérationnellement, on demande à la personne interro- psychologiques durables
gée d’imaginer quel serait son comportement si une telles que l’attitude ou la
modification situationnelle de l’offre (rupture de stock fidélité (Frisou, 2005).
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Tableau 1. – Les mesures de la fidélité (suite)

Mesures Description Limites


les plus connues
dans le magasin habituel ou déréférencement) l’empê- Dall’Olmo Riley et alii
chait d’acheter sa marque habituelle (Lacoeuilhe, (1997) ont en effet montré que
2000). Cette mesure opérationnalise l’engagement au les réponses attitudinales
travers de ses conséquences. Il existe d’autres variaient fortement au cours
échelles, notamment celles de Beatty et alii (1988) ou du temps.
de Chaudhuri et Holbrook (2001). – Tous les types de fidélité ne
postulent pas un niveau d’en-
gagement élevé.
L’attachement du L’attachement correspond à la force du lien affectif qui – Le recours au modèle
consommateur relie la marque à l’individu. Les mesures les plus congénérique semble peu
connues sont celles de Lacoeuilhe (2000) ou de Cristau adapté pour mesurer l’aspect
(2001). Cette dernière échelle va très loin dans la per- durable de ce construit.
sonnalisation de la marque. Dans les prolongements – Ces échelles ne conviennent
d’Aaker (1994), cet auteur voit la marque pourvue de pas à tous les contextes et
qualités humaines. L’attachement est alors composé des types de produits, marques ou
concepts de dépendance et d’amitié envers la marque. services. Elles nécessitent un
minimum d’implication.
– Certains types de fidélité ont
un niveau d’attachement très
bas. Doit-on dire alors qu’il
n’y a pas de fidélité attitudi-
nale ?
– Problème de validité discri-
Les mesures de la fidélité par ses conséquences minante avec les consé-
quences de la fidélité.
La recommandation La fidélité attitudinale est mesurée par ses consé- Toute fidélité ne mène pas à
du consommateur quences en termes de bouche-à-oreille (Selnes, 1993 ; un bouche-à-oreille.
Mac Dougall et Levesque, 2000).
Exemples de mesures connues : Cronin et alii (2000) ;
Bei et Chiao (2001) ; Caruana (2002).
Le prosélytisme du Le consommateur fidèle et engagé doit aller au-delà Toute fidélité ne conduit pas
consommateur de la simple recommandation, il peut tenter de au prosélytisme.
convaincre son entourage de faire comme lui et doit
défendre sa marque. Pour Cristau (2001), c’est une
conceptualisation innovante de la dimension conative de
la fidélité.
❸ Les mesures composites

Une mesure Le comportement de réachat de la marque doit être – La grande majorité de ces
comportementale accompagné d’une attitude favorable à son égard. mesures ne retrace pas l’histo-
+ une mesure La prise en compte de l’attitude ajoutée aux mesures rique complet du comporte-
attitudinale comportementales permet d’expliquer les phénomènes ment de fidélité ; la tendance
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Tableau 1. – Les mesures de la fidélité (suite)

Mesures Description Limites


les plus connues
de mixité d’achats. L’individu peut acheter plusieurs comportementale n’est pas
marques de l’ensemble évoqué afin d’accroître l’utilité prise en compte.
que lui procure la variété en tant que telle (théorie de la – La résistance aux pressions
recherche de variété). concurrentielles et situation-
Les mesures les plus connues sont celles de Day nelles est rarement mesurée.
(1969), Jacoby et Chestnut (1978), Dick et Basu
(1994)...
Plus récemment, Frisou (2005) combine des mesures
d’achats effectifs (achats répétés) et de variables
latentes (attitude envers le comportement de fidélité).
➜ Meilleure validité de trait que la conception com-
portementale.
➜ Meilleure validité prédictive que les modèles sto-
chastiques purs.
➜ Mesures conseillées aujourd’hui.

(Jazi, 2005). Dans le cas contraire (acte achat répété Un biais persistant
sans prédisposition favorable), on parle de
« fausse fidélité » (spurious loyalty) (Dick et Basu, Les travaux plus récents donnent un nouveau
1994) ou « d’inertie d’achat » (Bloemer et Kasper, souffle à la clarification de ce concept et mettent à
1995). jour une caractéristique fondamentale inhérente à la
Jacoby et Kyner (1973) proposent l’une des défi- fidélité : la notion de persistance (ou de stabilité dans
nitions les plus connues de la fidélité à la marque : le temps). On peut citer, à titre d’illustration, la défini-
« La fidélité est la réponse comportementale non tion d’Oliver (1997) : « La fidélité peut être définie
aléatoire exprimée à travers le temps par une unité de comme un engagement profond (exprimé par le
décision, portant sur une ou plusieurs marques prises consommateur) d’acheter à nouveau le produit ou
dans un ensemble, en fonction d’un processus psy- service qu’il préfère, de manière cohérente dans le
chologique de décision. » Il s’agit d’une réponse futur, en dépit des influences situationnelles et des
comportementale observable (l’achat) ; elle doit se effets marketing qui peuvent induire un changement de
manifester à plusieurs reprises dans le temps. Elle ne marque. » Le second intérêt de cette définition est
peut exister que dans un cadre concurrentiel, lorsque le d’introduire l’idée de résistance à toute forme de per-
client a le choix entre plusieurs possibilités ; elle sup- suasion de changement. Voie prometteuse, insuffi-
pose une décision libre du consommateur. Pour samment explorée et mesurée, le comportement répé-
Jacoby et Chesnut (1978), la fidélité est caractérisée titif est alors analysé en termes de résistance à la
par trois conditions : pression qui pousserait à changer de comportement
1/ au niveau cognitif, le consommateur a des d’achat (Dick et Basu, 1994). Le consommateur
informations qui démontrent que la marque choisie fidèle est un consommateur qui, malgré les attaques de
est bien supérieure à ses concurrentes ; la concurrence, reste non seulement fidèle à sa
2/ au niveau affectif, le consommateur doit claire- marque (persistance et résistance) mais ne traite pas de
ment préférer cette marque ; façon objective les offres concurrentes ; ce comporte-
3/ au niveau conatif, il doit avoir l’intention de la ment est manifeste d’une attitude « forte3 ».
ré-acheter.
3. Une attitude forte a trois propriétés : la résistance aux pressions
extérieures, la persistance et la prédictivité.
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Frisou (2005) adopte une perspective novatrice en fidélité est possible. Dès 1952, Brown avait en effet
intégrant plus explicitement le rapport de la fidélité évoqué l’existence possible d’une alternance
au temps. Il la définit comme « une tendance latente du d’achats entre deux marques. Kapferer et Laurent
client au contrôle de ses actions, s’exprimant sur le (1983) ont parlé de « fidélité partagée ». De nom-
long terme, ayant pour effet d’augmenter ses achats breux travaux ont confirmé l’existence de ce compor-
en faveur de la marque, en dépit de l’influence des tement (notamment ceux de Keng et Ehrenberg, 1984 ;
situations qui pourraient l’en détourner ». Cette Wilson et Woodside, 1991). La vision traditionnelle
notion de « tendance » englobe à la fois les motiva- et exclusive de la fidélité ne reflète qu’un cas sur huit
tions latentes à l’origine de la fidélité et les réponses et par conséquent ne correspond pas à l’ensemble des
qui en constituent la conséquence. Être fidèle à une relations de fidélité observées (Fournier et Yao,
marque, « c’est tendre à augmenter le niveau des 1997). Définie par Crié et Benavent (2001) comme
achats de cette marque ». Lui être infidèle, c’est au un « aller et retour ou des achats simultanés », la
contraire avoir tendance à le réduire. Dans le cas multifidélité ne serait pas synonyme d’infidélité mais
d’achats à un niveau stable, il est impossible de de fidélité à plusieurs marques au sein d’un ensemble
déterminer l’existence de la fidélité4. C’est la raison de fidélités, la fidélité « exclusive » n’étant qu’illu-
pour laquelle l’auteur n’opérationnalise pas une atti- sion. Selon ces conceptions, ce n’est plus le nombre
tude mais une « tendance » de comportement de fidé- qui définit la fidélité, mais la persistance, la
lité ou d’infidélité. À cette fin, il combine des constance, la cohérence, la tendance de la relation
mesures d’achats effectifs (achats répétés) et de dans le temps, ainsi que la capacité à résister aux
variables latentes (fidélité attitudinale, appelée « atti- marques qui n’appartiennent pas à l’ensemble de
tude envers le comportement de fidélité »), sur une fidélités.
période de plusieurs années. Un modèle linéaire qui
mesure une variation constante d’une période à la
suivante est utilisé. Cette approche a l’avantage d’in-
tégrer, sous le terme de tendance à la fidélité, la pers-
pective comportementale et celle de l’action raison-
née dans une conceptualisation dynamique de la EXPLIQUER LA FIDÉLITÉ
fidélité. Pour aller plus loin dans cette démarche, il
serait bénéfique, notamment dans certains contextes,
de pouvoir affecter une plus grande pondération à
l’information récente et de postuler d’autres lois Si la fidélité est une réponse « biaisée et persis-
d’évolution (non linéaire et par seuil par exemple), tante », il est important, pour les praticiens et les cher-
lois qui nous semblent plus adaptées au processus cheurs, de parvenir à déterminer la manière dont elle se
discontinu de la fidélité. forme. Comment expliquer la persistance et la résis-
Ces travaux se rejoignent sur la question de la tance d’un comportement ? Est-il possible d’identifier
définition de la fidélité : elle ne se définit pas tant par plusieurs processus conduisant à la fidélité ? Quatre
ses causes, mais par une constance d’effets qui pro- grandes explications théoriques peuvent être avan-
viennent du consommateur. Ainsi, il est possible cées.
d’affirmer que la fidélité est perçue comme une
réponse individuelle biaisée constante, persistante et
cohérente dans le temps ; elle résiste aux aléas des
La fidélité, résultat du renforcement
situations et des actions de la concurrence (Oliver,
1997). L’exclusivité n’est pas obligatoire ; la multi-
Le conditionnement instrumental est la plus
ancienne des explications du processus de fidélité. Il
4. Ce dernier point peut, à notre avis, être critiquable si le niveau fournit un cadre théorique bien adapté à l’analyse de la
d’achat est élevé et si l’individu résiste aux offres de la concur- formation des habitudes de consommation. Hilgard
rence. Une personne qui achèterait très régulièrement et toujours à la et Marquis (1940) ont opposé cette théorie, développée
même fréquence une marque X (par exemple, un paquet de ciga-
rettes) sans jamais acheter un produit concurrent devrait en effet par Skinner (1938), au conditionnement pavlovien
être considérée comme fidèle. classique : l’individu exposé à un stimulus choisit
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entre plusieurs réponses possibles, celle qui lui don- promotions agissant beaucoup plus faiblement sur la
nera la satisfaction maximale. Un phénomène d’ap- probabilité de choix du magasin.
prentissage a lieu dès que la conséquence d’une
réponse choisie à un moment donné influence la
réponse adoptée face au même stimulus lors d’une La fidélité, résultat d’une action raisonnée
survenance ultérieure. Si le comportement adopté
conduit à un résultat perçu comme positif par l’indi- La théorie de l’action raisonnée (Fishbein et
vidu (« récompense »), la probabilité qu’il soit de Ajzen, 1975) se fonde sur le postulat que les individus
nouveau adopté augmentera (renforcement positif). sont généralement rationnels et qu’ils utilisent l’in-
Si en revanche, le comportement mène à un résultat formation qui les entoure pour prendre des décisions.
négatif, la probabilité pour qu’il soit de nouveau Avant de passer à l’action, toute personne soupèse les
reconduit dans une même situation est faible (renfor- conséquences de l’adoption éventuelle d’un compor-
cement négatif). Ainsi, appliqué à l’explication de la tement. L’intention de comportement est donc le
fidélité, ce courant postule qu’un acheteur satisfait du déterminant immédiat. Elle est prédite par deux
produit qu’il vient d’acheter, refera probablement le variables : la perception des normes sociales6 et l’atti-
même achat (renforcement positif). Ce phénomène a tude envers le comportement. Cette dernière, qui a
été mis en évidence non seulement lors de l’achat souvent été reprise dans les études ultérieures, cor-
d’un produit peu implicant, mais également pour des respond à l’évaluation des conséquences associées à
produits suscitant une plus grande implication (Bennett l’adoption du comportement.
et Mandel, 1969)5. Dans cette optique, la fidélité est l’aboutissement
L’effet du conditionnement instrumental peut d’un processus psychologique d’évaluation et de
diminuer, voire disparaître, sous l’effet de deux pro- prise de décision dont la nature cognitive et affective
cessus distincts : l’extinction et l’oubli. L’extinction est clairement sous-entendue (Jacoby et Kyner,
se produit si la cause du renforcement positif à la base 1973). Étant la conséquence d’une décision ration-
de l’apprentissage disparaît (par exemple, l’acheteur nelle fondée sur l’évaluation des différents bénéfices
n’est plus satisfait). La probabilité de réachat, et donc la de chaque marque, elle est nécessairement intention-
fidélité, diminuent alors. L’oubli survient lorsque l’in- nelle. La satisfaction, étape clé de réévaluation de la
dividu n’est plus exposé au stimulus : il n’achète plus le marque, devient une variable médiatrice entre l’in-
produit ou n’est plus exposé aux publicités sur le pro- tention de réachat à t – 1 et l’intention de réachat à t
duit. Le consommateur reste alors satisfait de la (Labarbera et Mazursky, 1983). Le manager doit
marque, mais il ne l’associe plus à un besoin : elle ne comprendre les attentes de ses clients en cherchant à
fait plus partie des réponses possibles pour une situa- les satisfaire (modèle de disconfirmation – Oliver,
tion donnée. Dans un tel cas, les managers doivent 1980). On a en effet la séquence suivante : Disconfir-
mobiliser les outils suivants : une communication mation → Satisfaction → Attitude envers le compor-
ininterrompue afin d’éviter l’oubli (pérenniser le tement de fidélité → Fidélité (Bearden et Teal, 1983 ;
comportement de fidélité) ou le développement d’ac- Oliver et Bearden, 1985). Néanmoins, certains
tions considérées comme une récompense à un « bon » auteurs se sont éloignés du principe de correspon-
comportement (cumul de points, promotions...). dance d’Ajzen (1988) issu de la théorie de l’action
Néanmoins, cette dernière stratégie présente un risque : raisonnée. Ce n’est plus l’attitude envers le comporte-
le consommateur peut associer sa satisfaction à la ment de fidélité (principe de correspondance) qui
promotion, et non au produit lui-même. Ainsi, lorsque importe, mais l’attitude envers l’objet vers lequel le
le produit ne sera plus en promotion, la satisfaction comportement est orienté7 (par exemple, l’entreprise,
ressentie à son égard risque de ne pas suffire à déclen-
cher un nouvel achat. Volle (2001) modère ce risque
6. Contrairement à l’attitude, la perception des normes sociales a été
dans le cas du choix d’un point de vente, en démontrant peu reprise dans l’explication de la fidélité. Oliver et Bearden
que la fidélité est la variable explicative principale, les (1985) ont pourtant démontré l’influence de la norme sociale sur
l’intention de fidélité.
7. L’attitude est ainsi définie comme une prédisposition ou orienta-
tion stable dans le temps que le consommateur a envers un objet, un
5. Pour les achats peu implicants, les chercheurs ultérieurs parleront produit, une marque ou une enseigne (Allport, 1935 ; Assael,
d’inertie plutôt que de fidélité. 1987).
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la marque, le produit...). Dans cette optique, il s’agit quatre dimensions ; la recherche d’Harris et Goode
d’une variable prédictive du comportement : lorsque (2004) est un exemple d’application. La grande
l’attitude du consommateur envers un produit ou une majorité des chercheurs a préféré se focaliser sur une
marque est très positive, on peut s’attendre à ce qu’il ou deux dimensions.
l’achète. Le manager aura intérêt à influencer cette
attitude, afin de créer un comportement favorable à la
marque ou au produit. La fidélité, conséquence d’un engagement
Dans cette perspective, la fidélité est appréhendée à
partir des attitudes du consommateur envers la Une première théorie de l’engagement part du
marque (Bass, Pessemier et Lehmann, 1972), de ses principe que l’individu a tendance à adhérer à ses
préférences (Guest, 1944), de son intention d’achat décisions et à s’y conformer lorsqu’une autre occa-
(Jacoby et Kyner, 1973) ou de son intention de sion se présente. Elle se fonde sur la psychologie de
réachat (Larbarbera et Mazursky, 1983). En tenant l’engagement, défini par Kiesler (1971), comme « le
compte de la perception de la concurrence, Dick et lien qui existe entre l’individu et ses actes » (Joule et
Basu (1994) vont plus loin et préfèrent la notion Beauvois, 1989). Cette théorie admet que seuls nos
d’« attitude relative » à la notion d’« attitude envers la actes nous engagent, à des degrés divers. Cet engage-
marque ». Ce concept comprend deux composantes : ment, conçu comme un processus progressif se
la force de l’attitude (intensité de l’affect du client déroulant à l’insu de l’individu, rend l’acte plus résis-
envers la marque) et la différenciation attitudinale tant au changement. L’individu est donc avant tout
(capacité distinctive de l’attitude qui permet à l’indi- fidèle à ses actes et à lui-même.
vidu de différencier la marque de ses rivales) : la L’enjeu commercial consiste alors à créer une
fidélité apparaît lorsque l’achat répété de la marque situation qui facilite l’engagement du prospect dans
est élevé et que l’attitude relative envers la marque la relation, en lui faisant accepter des prises de déci-
est forte. sions ou des actes initialement mineurs mais qui, en
Cette deuxième explication théorique, de tradi- définitive, vont emprisonner l’individu dans une rela-
tion cognitiviste, a été mise à mal : selon certains tion commerciale (Joule et Beauvois, 1989). En effet,
auteurs, il n’existe pas de correspondance entre l’atti- l’engagement est une relation graduée entre l’indi-
tude et le comportement (Bearden, Chiao et vidu et son activité comportementale. Plus il agit,
Woodside, 1979 ; Kassarjian et Kassarjian, 1979 ; plus il s’engage. Trois techniques d’influence décou-
Sheth, 1983 ; Dubois et Quaghebeur, 1997). Tout ce lent directement de cette théorie psycho-sociale de
qui est aimé ou décidé n’est pas automatiquement l’engagement : l’amorçage (on dissimule certains
réalisé ; l’environnement dans lequel le client évolue inconvénients ou on présente aux prospects des avan-
rend parfois difficile, voire impossible, la réalisation du tages fictifs), le leurre (le produit attrayant originelle-
comportement souhaité. Même satisfait, le client ment proposé pour attirer le client sera remplacé par un
n’est pas forcément fidèle. produit de substitution moins avantageux) et le pied-
Oliver (1997) trouve une explication en reprenant dans-la-porte (on pousse le client à émettre un pre-
les trois composantes de l’attitude. Il distingue quatre mier acte peu coûteux pour l’inciter ensuite à en réali-
étapes dans le processus de fidélité : la fidélité cogni- ser un second plus lourd en conséquence). En
tive (fondée sur les croyances envers la marque), la acceptant une dégustation, des cadeaux, un échan-
fidélité affective (l’attitude envers la marque), la fidé- tillon, voire en amorçant un dialogue commercial
lité conative (l’intention de comportement) et le com- lors d’un démarchage, l’individu agit et s’engage
portement de fidélité (l’action de racheter le produit). dans le début d’une relation.
Seul le passage à la dernière étape (la fidélité action) Dans la deuxième conception, économique, l’en-
permet la fidélité comportementale. Mais il faut gagement n’est plus un processus échappant à l’in-
auparavant passer successivement par les trois étapes tention. Au contraire, il reflète la volonté de maintenir
antérieures. Pour chaque dimension de la fidélité, les une relation sur le long terme, qui se traduit par des
variables antécédentes varient. La satisfaction, par contributions réelles et réciproques (Dwyer, Schurr et
exemple, n’influencerait que la fidélité affective. Oh, 1987). C’est un désir qui traduit une congruence
Rares sont les travaux qui ont pris en compte ces des valeurs et des buts. Dwyer, Schurr et Oh (1987)
05•Lichtlé-Plichon 6/11/08 8:13 Page 130

130 Marie-Christine Lichté, Véronique Plichon

ont notamment établi un parallèle entre le mariage et la importants, plus la satisfaction influence positive-
relation distributeur-fournisseur. Les protagonistes ment la fidélité du client. Par ailleurs, les clients
acceptent alors de suivre des principes éthiques et seraient moins sensibles à l’insatisfaction quand les
respecteront des normes relationnelles de qualité, de coûts de changement augmentent ou quand l’attracti-
flexibilité, de communication, de solidarité (Heide et vité des alternatives diminue (Jones, Mothersbaugh
John, 1992). Selon cette approche, la satisfaction et Beatty, 2000). Réconciliant les deux approches,
cumulée n’agit pas directement sur la fidélité mais Burnham et alii (2003) considèrent que les coûts de
par l’intermédiaire de variables médiatrices telles que changement ont à la fois un effet direct et un effet
la confiance8 et l’engagement9 (Morgan et Hunt, indirect via la satisfaction sur la fidélité.
1994). Amine (1998) a montré le rôle central de l’en- L’objectif est donc d’édifier des barrières au
gagement dans la compréhension de la fidélité. changement ou des barrières de sortie. Cette option,
Celui-ci doit s’exprimer par des preuves. La fidélité appelée également fidélité induite, cherche à isoler
repose alors sur des « conventions de fidélité réci- les clients des pressions de la concurrence et à créer
proques » qui expriment les attentes des parties en des marchés internes, captifs ou « domestiqués »,
matière de continuité et de poursuite de l’échange. afin d’échapper partiellement au jeu de la concur-
Une limite majeure à cette approche peut être rence et de l’imitation. Dans cette situation, l’indi-
soulignée sur les marchés de grande consommation à vidu continuerait à choisir une marque même si un
faibles risque et implication : dans ce cas, le consom- produit concurrent présentait une plus grande valeur.
mateur ne recherche pas réellement une relation avec Quatre types de barrières au changement sont princi-
son fournisseur. palement recensés : les liens interpersonnels, très
importants dans le secteur des services (Gremler,
Gwinner et Brown, 2001), l’absence d’attractivité
L’effet de la dépendance des concurrents (Cannon et Perreault, 1999), les
coûts perçus du changement (Dabholkar et Thorpe,
La littérature s’intéresse ici à la capacité d’un 1994), les risques supposés du changement (Gane-
client à changer de fournisseur (Ryans et Wittink, san, 1994), liés à l’incertitude de l’environnement ou à
1977). Tout facteur qui rend le changement de presta- la probabilité d’obtenir un produit ou service de
taire plus difficile ou coûteux pour le client est consi- moindre qualité.
déré comme une barrière au changement (Jones, Peut-on encore parler de fidélité lorsque ces coûts
Mothersbaugh et Beatty, 2000). Plus les barrières sont très élevés ? D’après certains auteurs, quand le
sont élevées, moins le risque de défection est important comportement est lié à une dépendance non partagée
(Jones et Sasser, 1995) et plus l’engagement envers du client envers le fournisseur, il ne s’agit plus de
le fournisseur est fort (Ping, 1993). Parallèlement, fidélité mais de rétention (Des Garets, Lamarque et
l’individu va tenir compte des avantages à rester dans Plichon, 2003). La première se rapporte à l’individu
la relation, donc à être fidèle : réduction du risque lié à tandis que la seconde est relative au portefeuille de
l’achat, externalité positive... clients (Crié, 1996). Par ailleurs, les coûts de change-
D’autres recherches préfèrent considérer les bar- ment doivent être perçus de manière positive (Kelley et
rières au changement comme une variable modéra- Thibaut, 1978) pour renforcer l’engagement et garantir
trice entre la satisfaction et la fidélité (Port, 1980 ; la continuité et la stabilité de la relation. Or, lorsque le
Jackson, 1985 ; Lee, Lee et Feick, 2001 ; Yang et prestataire crée des barrières à la sortie, il agit plus
Peterson, 2004). Plus les coûts de changement sont dans son propre intérêt que dans celui du client. En
conséquence, les dimensions d’intégrité, de bien-
veillance, de crédibilité et d’honnêteté de l’initiateur
8. Selon Morgan et Hunt (1994), la confiance est un noyau consis- du contrat ne sont plus présentes pour créer la
tant de croyances et de sentiments qui conduisent les acteurs à se
prêter mutuellement des qualités de compétences, d’honnêteté, de confiance. L’engagement est forcé. Face à cette perte
serviabilité ou de bienveillance. Elle comprend deux dimensions : la de liberté, la théorie de la réactance psychologique
crédibilité et la bienveillance. postule que les clients ou les prospects réagissent aux
9. L’engagement peut être cognitif ou affectif. L’engagement
affectif correspond, selon certains auteurs, à l’attachement (Aaker, tentatives de contrôle et à l’entrave à leur liberté de
1991 ; Lacoeuilhe, 2000). choix en prenant une position de retrait ou de rejet
05•Lichtlé-Plichon 6/11/08 8:13 Page 131

Mieux comprendre la fidélité des consommateurs 131

(Brehm, 1966 ; Darpy et Prim-Allaz, 2006). Un mettre en évidence la fidélité des consommateurs.
client captif contre son gré peut manifester son L’intérêt actuel pour cette approche est confirmé par
mécontentement vis-à-vis de l’entreprise par un les nombreuses recherches sur les données de panel
bouche-à-oreille défavorable (Jones, Mothersbaugh (voir par exemple Bastilam, Denizel et Filitzekin,
et Beatty, 2000). Dans le même ordre d’idées, Le 2007).
Roy (2005) conseille d’éviter les barrières au chan- En revanche, l’approche behavioriste a également
gement négatives et de mettre en place des barrières plusieurs limites : en premier lieu, l’achat répété est
positives ; dans ce cas, l’engagement est fondé sur simplement décrit, non expliqué ; on ne sait rien des
des valeurs communes ou sur des motivations posi- motivations qui l’ont suscité. En second lieu, le com-
tives (manque d’attrait des offres alternatives, rela- portement peut être influencé par des variables situa-
tions interpersonnelles, programme de fidélisation, tionnelles qui ne figurent pas dans le modèle ; l’inter-
habitude du consommateur, risque financier, social prétation du phénomène pourrait donc être faussée.
ou psychologique) (Fullerton, 2003). En troisième lieu, le comportement passé n’est pas
toujours le meilleur prédicteur du comportement
futur. Enfin, la mixité des achats (achats alternant
plusieurs marques) et l’expérimentation systématique
de différentes marques à chaque achat ne peuvent pas
DES STRATÉGIES DE MODÉLISATION être expliquées par cette théorie.
DE LA FIDÉLITÉ L’approche attitudinale permet de pallier les
inconvénients de la théorie comportementale. En par-
ticulier, la motivation du client est mise en évidence.
Toutefois, les réponses attitudinales peuvent varier
considérablement sur le long terme (Dall’Olmo Riley
Comme nous l’avons vu, il existe plusieurs théories
et alii, 1997). C’est la raison pour laquelle Frisou
explicatives de la fidélité. Le principal avantage de la
(2004, 2005) propose une approche qui appréhende
théorie behavioriste est d’aborder la fidélité à partir
l’effet du temps sur les comportements du client.
des comportements effectifs des clients, qui peuvent
La fidélité se manifeste donc de différentes
être facilement observés, notamment dans les bases
manières et varie selon les objets et les situations
de données relationnelles de l’entreprise. Ce sont ces
concernés. Au lieu de se poser la question du cadre
comportements réels qui vont être à l’origine du
d’utilisation d’une théorie par rapport à une autre, il
chiffre d’affaires et de la rentabilité ; il s’agit sans
serait intéressant de chercher à intégrer dans un
doute pour les entreprises de l’aspect le plus important
métamodèle ces différentes explications. Mieux com-
de la fidélité. Sans être capables d’expliquer, ces
prendre les variables qui conditionnent l’orientation
mesures comportementales deviennent de plus en
du client vers un processus de fidélité plutôt que vers
plus techniques, prédisant de mieux en mieux les
comportements futurs. La démarche RFM et ses un autre sera un enjeu pour les futurs travaux. À partir
variantes probabilistes (comme les scoring compor- des recherches existantes, cette section a pour objectif
tementaux) sont notamment très utilisées par les pro- de proposer des pistes de réflexion pour l’avenir.
fessionnels. Les recherches ont confirmé cet intérêt Dans cette optique, certains aspects doivent être privi-
pour les mesures comportementales : dès 1983, légiés et constituent autant de stratégies permettant
Guadagni et Little ont proposé un modèle multinomi- de modéliser la fidélité.
nal Logit de choix d’une marque calibré sur des don-
nées de panel qui a eu par la suite de nombreuses
applications empiriques ; ils ont montré que les com- Intégrer les paradigmes transactionnel et relationnel
portements passés influencent la probabilité de choix
d’une marque. De nombreux modèles différents ont Bien que relevant de théories et de paradigmes
été proposés. Par exemple, le modèle NBD/LSD différents, les explications de la fidélité que nous
(Ehrenberg, 2000) postule une indépendance des avons exposées ne sont pas concurrentes, mais
achats au cours du temps. Il permet notamment de concourantes. Il n’existe pas un processus de fidélité,
prédire la pénétration ou la fréquence d’achat et peut mais plusieurs qui vont dépendre du contexte, de la
05•Lichtlé-Plichon 6/11/08 8:13 Page 132

132 Marie-Christine Lichté, Véronique Plichon

situation, de l’individu et qui peuvent évoluer dans le nelle (notions de confiance et d’engagement). Seul
temps. Le point d’intégration peut être le passage l’effet de la dépendance (quatrième processus de
entre les paradigmes transactionnel et relationnel. fidélité) n’a pas été introduit (Figure 1). L’auteur
Ces derniers ne sont pas exclusifs : certains cher- démontre l’avantage de ce modèle éclectique sur les
cheurs ont, au contraire, mis en évidence un lien modèles alternatifs ne prenant en compte qu’une
entre transaction et relation. La fidélité transaction- seule approche théorique. Toutefois, cette modélisa-
nelle (achats répétés) peut en effet conduire à la fidélité tion doit aujourd’hui être testée dans de nouveaux
relationnelle (engagement) (Webster, 1992), cette contextes (d’autant plus que certaines relations por-
dernière étant également un facteur de transaction tant sur l’intention de changement n’ont pas été vali-
(Ambler, 1995). La réflexion sur les relations que dées). Elle mérite d’être développée afin de mieux
peuvent entretenir ces deux paradigmes doit cepen- comprendre au niveau individuel le point de passage
dant être élargie : comment et dans quel cadre peut-on de la transaction à la relation. Par ailleurs, la fidélité
les fusionner ? n’apparaît pas clairement : doit-on la recomposer en
Dans une esquisse d’une théorie générale de la cumulant l’engagement et l’intention d’achat ou cor-
fidélité (appelée également modèle éclectique), respond-elle uniquement aux intentions ? La fidélité
Frisou (1998) propose un modèle intégrateur de la est un processus dynamique ; la notion temporelle
tradition transactionnelle (théories de l’action raison- doit être mieux appréhendée (notamment en termes
née et de l’apprentissage) et de l’approche relation- de tendance comportementale).

Satisfaction
Niveau perceptif

Confiance

Niveau cognitif
Engagement

Décision Intention de Intention de


changement réachat

Niveau conatif Comportements antérieurs


de réachat

Approche transactionnelle
Approche relationnelle

Figure 1. – Le modèle éclectique de la fidélité, d’après Frisou (1998)


05•Lichtlé-Plichon 6/11/08 8:13 Page 133

Mieux comprendre la fidélité des consommateurs 133

Identifier les déterminants du processus adopté Le secteur d’activité (ou le type de marché) doit,
enfin, jouer un rôle. On peut se demander dans quelle
mesure la fidélité varie selon les situations de mar-
Il serait intéressant de chercher à identifier les rai-
ché. Entre les marchés d’abonnement ou relationnels et
sons pour lesquelles l’individu passe d’une approche
les marchés de transaction, la manière de poser le
transactionnelle à une perspective relationnelle avec
problème est différente. La fidélité à un service (un
son fournisseur. L’objectif est ici de comprendre les
médecin) et celle à un produit de grande consomma-
variables explicatives qui déterminent le choix d’un
tion (un paquet de biscuits), même si elles répondent
ou plusieurs processus de fidélité.
au même caractère de persistance et de résistance du
Selon Crié et Benavent (2001), le passage du
comportement, s’opérationnalisent et se pensent très
paradigme transactionnel au paradigme relationnel se différemment. Les leviers de fidélisation sont diffé-
fait par l’intermédiaire d’un produit fidélisant, dont rents. Chaque secteur est ainsi caractérisé par son
l’achat à un moment donné modifie durablement les propre continuum d’échange transactionnel et rela-
comportements, tant en termes de choix d’autres pro- tionnel et aura donc son propre type de fidélité. Il en
duits de l’entreprise qu’en termes de durée de la rela- résulte une réflexion indispensable sur l’objet de la
tion. Les auteurs parlent de « catalyseur relationnel ». fidélité.
Si le passage du transactionnel au relationnel est lié
au type de produit, il dépend également, à notre avis,
des caractéristiques de l’individu. Mieux comprendre Mieux comprendre l’objet de la fidélité
le consommateur permettrait d’identifier le type de
processus suivi. La manière de concevoir la fidélité
La fidélité peut avoir de multiples objets. Elle
semble varier fortement selon les individus. Existe-t-il
s’exerce à des niveaux variés de l’offre produit-
d’un côté des personnes volages qui suivent par
service : une marque, un produit, une entreprise, un
nature un processus transactionnel et d’un autre côté
magasin, un vendeur et éventuellement un certain
des profils plutôt axés sur l’échange relationnel ? La
nombre de stimuli comme le format d’un packaging, la
fidélité est-elle un trait de personnalité, une convention couleur, le goût, la présence d’un cadeau... (Bon et
personnelle ou une croyance morale ? Résulterait- Tissier-Desbordes, 2000). Ces différents niveaux de
elle d’une congruence entre le concept de soi (image fidélité sont imbriqués.
de soi) et la personnalité perçue de la marque ? La En conséquence, on peut se demander s’il faut,
littérature en psychologie sur la fidélité au sein d’une pour fidéliser un client, user de sa propension à être
relation de couple peut être une source d’inspiration. fidèle au produit, à l’enseigne ou à la marque. Quels
La volonté de changer ou au contraire le refus de sont les objets possibles de la fidélité ? Comment
changement dans l’échange peut également s’expli- s’imbriquent-ils ? Le choix de l’objet est-il dépen-
quer par le concept de recherche de variété, c’est-à-dire dant du type de fidélité ?
l’achat successif d’un grand nombre de marques qui ne Le client peut dissocier l’utilité qu’il retire de
provient pas d’une insatisfaction à leur égard. Il l’achat, de l’usage ou de la possession du produit de
s’agit, en réalité, d’une réponse du client à un besoin celle créée par l’institution d’une relation avec le
interne de stimulation : tout individu recherche un fournisseur. C’est de cette dissociation que naîtraient
niveau optimum de stimulation (OSL), auquel contri- les différents types de fidélités, structurés soit autour
bue l’achat des marques. Lorsque le niveau courant de la relation avec le fournisseur, soit uniquement
de stimulation du client descend en dessous du autour du produit. Dans un processus transactionnel, la
niveau idéal, l’individu s’efforce de l’augmenter en fidélité est univoque, séquentielle et résulte d’une
adoptant un comportement d’achat exploratoire. À action raisonnée ou d’un renforcement ; le client se
l’inverse, quand le niveau de stimulation, qui dépend focalise donc sur le produit ou le service offert.
de la nouveauté, de l’ambiguïté et de la complexité À l’inverse, lorsque l’objet de fidélité est le presta-
de l’environnement, dépasse ce seuil idéal, le client taire, il entre dans un processus relationnel (Frisou,
essaie de le réduire et revient ainsi vers des pratiques 1998).
plus routinières (Raju, 1980). Il est donc important De nouvelles questions peuvent être posées. En
d’intégrer cette variable dans un modèle de fidélité. premier lieu, la fidélité à la marque se forme-t-elle
05•Lichtlé-Plichon 6/11/08 8:13 Page 134

134 Marie-Christine Lichté, Véronique Plichon

suivant un processus transactionnel comme la fidélité Analyser l’effet de la satisfaction sur la fidélité
au produit ou selon un processus plus relationnel,
incluant la confiance et l’engagement ? En d’autres Dans une approche transactionnelle, la plupart
termes, la marque est-elle perçue comme un « simple des études mettent en évidence une relation positive
panier d’attributs » ou est-elle considérée comme un entre la satisfaction et la fidélité (Labarbera et
partenaire ? Les deux perceptions (donc les deux pro- Mazursky, 1983 ; Fornell, 1992 ; Bloemer et
cessus) peuvent-elles coexister ? Lemmink, 1992 ; Olsen, 2002). Toutefois, ce lien
En second lieu, les recherches relevant du para- considéré comme évident dans la littérature managé-
digme transactionnel se focalisent souvent sur la riale, est actuellement débattu dans la littérature
fidélité mono-produit. Or, une approche multi-pro- académique (Collin-Lachaud, 2003). Certes, des
duits, dans son aspect séquentiel ou au sein de la relations peuvent facilement être établies entre satis-
relation, semble émerger. Est-on fidèle aux différents faction et intention de fidélité (Ngobo et Gharsallah,
produits d’un prestataire ou au prestataire lui-même? 2004), ou entre satisfaction et attitude (envers le
Le processus de fidélité mono-produit est-il le même comportement de fidélité) (Frisou, 2005), mais le
que le processus de fidélité multi-produits ? lien entre satisfaction et comportement effectif de
Enfin, certains consommateurs sont fidèles à une fidélité est beaucoup moins évident.
enseigne ou à un point de vente. Quelle peut être la Par ailleurs, cette relation semble ne pas être
relation entre la fidélité à la marque et la fidélité au linéaire (Auh et Johnson, 1996) ; elle dépend notam-
magasin ? Carman (1970) montre que le meilleur ment du produit étudié (Jones et Sasser, 1995 ;
prédicteur de la fidélité au magasin est la fidélité à la Coyne, 1989) et de l’implication de l’individu
marque. D’autres auteurs concluent à une absence de (Ngobo, 1998). Différentes formes de relations ont
corrélation entre ces deux variables (Rothberg, 1972 ; été proposées, mais l’hypothèse d’une relation crois-
Cunningham, 1961). En réalité, cela dépend des indi- sante au sein d’un intervalle donné semble l’emporter
vidus : la question de savoir si le produit est consi- (Oliva, Oliver et MacMillan, 1992 ; Coyne, 1989 ;
déré avant ou après le point de vente permet d’élaborer
Auh et Jonhson, 1996) : la satisfaction exerce un
une typologie des consommateurs fondée sur leur
effet réellement significatif sur la fidélité seulement à
sensibilité relative à la marque du produit et à l’en-
partir d’un seuil minimum. Au-delà d’un seuil maxi-
seigne du point de vente (Lambrey, 1992). Frisou
mal, l’effet diminue. La fidélité du client ne découle
(1998) insiste, quant à lui, sur le type d’utilité10
pas obligatoirement de toute expérience de consom-
recherché par le client. Si l’utilité d’acquisition est
mation. L’utilité espérée d’un comportement de fidélité
privilégiée, le consommateur est fidèle à la marque
est déterminante ; elle est fonction du niveau de satis-
ou au fournisseur considéré comme optimal : il s’en-
faction obtenue (Ngobo, 1998). De plus, la relation
gage dans cette relation, dont les bénéfices à long
satisfaction-fidélité est asymétrique ; l’impact d’une
terme lui semblent les plus importants. Si au
hausse de satisfaction est différent de celui d’une
contraire, il privilégie l’utilité de transaction, il
baisse tant en termes de direction que d’amplitude
adopte un comportement exploratoire de recherche
(Anderson et Mittal, 2000).
de variété conduisant au changement de marque ou à
Oliver (1997) avance une explication différente : la
l’accroissement du nombre de partenaires. Il pourra, à
satisfaction n’influence pas le comportement de
notre avis, être fidèle au magasin : ce dernier apportant
réachat ; elle a seulement un effet sur l’étape affec-
cette utilité de transaction par son environnement sti-
tive de la fidélité. Elle est ainsi une condition néces-
mulant (émotions provoquées par l’atmosphère, rela-
tions sociales importantes...). saire mais non suffisante à la fidélité.

À l’inverse, dans le cas d’une approche relation-


nelle, le rôle de la satisfaction sur la fidélité est peu
significatif. La fidélité à une relation est avant tout liée à
un engagement et à une confiance, qui peuvent être
10. L’utilité des produits et des services dépend non seulement de considérés comme des variables médiatrices du lien
l’usage que l’on en fait (utilité d’acquisition) mais encore des
conditions économiques de leur appropriation (utilité de transac- satisfaction-fidélité (Morgan et Hunt, 1994 ; Macin-
tion). tosh et Lockshin, 1997 ; Garbarino et Johnson, 1999).
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Mieux comprendre la fidélité des consommateurs 135

Comprenant deux construits dynamiques, la rela- contraintes imposées par le magasin (une rupture de
tion satisfaction-fidélité doit aujourd’hui être analy- stock) (Dubois et Laurent, 1999). Ces situations peu-
sée dans une perspective longitudinale. Cependant, vent être classées selon le degré d’infidélité qu’elles
l’existence et l’ampleur de l’influence de la satisfaction provoquent.
sur les intentions comportementales de fidélité, et a La fidélité varie suivant les occasions. Un client
fortiori sur la fidélité attitudinale et comportementale est fidèle lorsqu’il continue à acheter la marque malgré
sont peu connues. Si la satisfaction prédit correcte- les éventuelles pressions dues aux situations (l’envi-
ment les intentions comportementales en t, ce n’est ronnement social de la consommation, les contraintes
plus le cas en t + 1. Le lien satisfaction-fidélité s’atté- dues au magasin et l’horizon temporel).
nue rapidement (Mazursky et Geva, 1989). Certains Un parallèle peut être établi avec la notion de
chercheurs évoquent un phénomène de « carryover « résistance à la concurrence » dont nous avons parlé
effect » ou « effet de report » (Mittal, Kumar et Tsiros, dans la première section de cet article. Être fidèle,
1999 ; Bolton et Lemon, 1999). Plusieurs théories c’est être capable de résister à l’offre de la concur-
pourraient être avancées : la théorie du niveau rence, mais également aux facteurs perturbants des
d’adaptation, la théorie de l’assimilation-contraste, la situations. La résistance aux situations dépend, à
théorie de la dissonance cognitive, la théorie de l’ap- notre avis, du processus adopté : elle est certainement
prentissage. Toutefois, aucun consensus ne se dégage plus importante dans une approche relationnelle que
sur la théorie explicative du processus dynamique dans un processus transactionnel.
mis en avant dans la relation satisfaction-fidélité
(Audrain-Pontevia, 2003). Enfin, des variables Ainsi, le modèle de Frisou peut être élargi en
modératrices de cette relation ont été mises en évi- intégrant toutes les théories explicatives de la fidélité et
dence et doivent désormais être prises en considéra- les variables qui justifient le passage d’un processus à
tion11. l’autre ou qui ont un effet modérateur. La fidélité sera
appréhendée comme un biais persistant, cohérent,
perdurant dans le temps et résistant aux pressions de la
Intégrer les situations concurrence et des situations. Il est également impor-
tant de mieux comprendre les étapes de la fidélité
Parce que la fidélité à la marque est également mises en évidence par Oliver (1997) et ses différents
définie comme « une propension à choisir une leviers. En particulier, peut-on identifier les mêmes
marque donnée dans une variété de situations » (Lim et variables explicatives pour l’intention de réachat et
Razzaque, 1997), mieux comprendre la situation est l’intention de changement ?
une piste de réflexion qu’il est nécessaire d’intégrer à La Figure 2 présente la synthèse de ces réflexions
un modèle général. L’importance de cette variable sur la construction de ce modèle élargi. Les pistes de
avait été mise en évidence par Belk (1975). Un réflexion à privilégier à l’avenir sont numérotées,
consommateur serait en effet plus ou moins fidèle à indiquées en italique et développées dans le Tableau 2.
une marque en fonction du nombre et de la nature Ainsi, pour mieux comprendre la fidélité comporte-
des situations dans lesquelles il choisit cette marque. mentale, il faut étudier l’objet de fidélité (à la
Toutes les situations possibles peuvent être synthéti- marque, à l’entreprise...), avoir une dimension tem-
sées à partir de trois dimensions : l’environnement porelle (la tendance comportementale de réachat),
social de la consommation (par exemple, une récep- analyser la résistance à la concurrence et aux pres-
tion), l’horizon temporel (une urgence) et les sions des situations. Nous avons également voulu
schématiser les deux paradigmes transactionnel et
relationnel et indiquer quelles variables explique-
11. Les variables modératrices sont notamment des caractéris-
raient l’adoption de l’un des processus. On peut
tiques individuelles (Mittal et Kamakura, 2001) telles que l’impli- d’ailleurs se demander si l’individu suit prioritaire-
cation (Vo et Jolibert, 2005), la recherche de variété, l’âge, le ment un processus ou si sa fidélité peut découler des
revenu (Homburg et Giering, 2001), l’inertie, l’importance de
l’achat, la motivation (Anderson et Srinivasan, 2003) ou les émo-
deux.
tions positives ressenties (Bloemer et Ruyter, 1999) ou bien des
caractéristiques liées à l’entreprise comme la confiance, la valeur
perçue (Anderson et Srinivasan, 2003).
136
05•Lichtlé-Plichon

Figure 2. – La fidélité : réflexions sur un cadre intégrateur


6/11/08
8:13

1 Déterminants
du choix du processus de
fidélité
Confiance Engagement
Type d’utilité de
Page 136

Marie-Christine Lichté, Véronique Plichon

l’échange
Barrières perçues au
Caractéristiques changement
individuelles
(clients
transactionnels/
relationnels…)
3 Fidélité
Type de produit
(produits comportementale
fidélisants
ou non) 2 Fidélité attitudinale

Secteur Disconfirmation Satisfaction


d’activité…
4

Modérateurs :
Variables
individuelles ou
situationnelles

Comportement d’achats
antérieurs

Processus relationnel Processus transactionnel


05•Lichtlé-Plichon 6/11/08 8:13 Page 137

Mieux comprendre la fidélité des consommateurs 137

Tableau 2. – Quelques pistes de réflexion

Étape Mieux comprendre...


❶ Déterminants du processus – les variables qui expliquent le choix entre le modèle relationnel et le pro-
cessus transactionnel
❷ Fidélité attitudinale – les différentes étapes de la fidélité attitudinale
– les leviers de l’intention de réachat
– les leviers de l’intention de changement
❸ Fidélité comportementale – le choix de l’objet de fidélité
– la dimension dynamique : tendance comportementale de réachat
– la résistance à la concurrence
– la résistance aux pressions de la situation
❹ Relation satisfaction-fidélité – la relation dans une perspective longitudinale
– le rôle des modérateurs qui expliquent l’absence de lien direct entre satis-
faction et fidélité

type de fidélité à l’autre. Comment comprendre la


CONCLUSION
fidélité sans analyser la situation qui lui est liée et
sans déterminer de quelle manière le client résiste
aux facteurs perturbants ? L’individu est-il avant tout
fidèle à lui-même (à sa personnalité, à son comporte-
Cette synthèse sur le concept de fidélité met avant ment antérieur...) avant d’être fidèle à une marque, un
tout en évidence l’abondance et l’hétérogénéité des produit ou une enseigne ? Le choix de l’objet de fidé-
travaux sur le sujet. En effet, la fidélité porte sur des lité définit-il un processus de fidélité spécifique ou
objets variés et mobilise plusieurs théories explica- s’agit-il de la relation inverse ? En d’autres termes,
tives : celles du conditionnement instrumental, de cet objet se situe-t-il en amont du modèle ou est-il la
l’action raisonnée, de l’engagement et de la dépen- conséquence du processus de fidélité adopté ? Telles
dance. Un consensus peut toutefois être trouvé en ce sont les pistes de recherche à approfondir.
qui concerne la définition de ce concept : la fidélité est À cette fin, il est nécessaire de passer d’une analyse
perçue comme une réponse individuelle biaisée statique à une analyse dynamique, tant dans la
constante, persistante et cohérente dans le temps ; mesure que dans la compréhension du processus de
elle résiste aux aléas des situations et des actions de la fidélité. L’analyse de l’histoire de la relation et de sa
concurrence. tendance doit être comprise. Qualitativement, la
Il est aujourd’hui nécessaire de franchir un pas façon dont les clients vivent la relation relève plus
de plus en proposant un modèle intégrateur des diffé- d’un phénomène discontinu où alternent des
rentes approches théoriques. Il faudrait d’ailleurs non moments de silence, des moments intenses et des
pas parler des théories de la fidélité, mais plutôt de la moments clés de la relation où le client, en attente
théorie des fidélités (Frisou, 2004). En effet, la théorie d’une réponse concrète de la marque, pourra basculer
de la fidélité est-elle universelle ou particulière ? Son dans une relation. À nos yeux, le point central d’inté-
processus et son opérationnalisation sont-ils les gration des diverses théories est justement le passage
mêmes pour chaque situation, pour chaque individu du paradigme transactionnel au paradigme relation-
et ceci quel que soit l’objet de la fidélité ? C’est très nel. Les leviers doivent en être détectés.
improbable et il est important de trouver les clés Si, d’un point de vue théorique, il était nécessaire
d’entrée qui permettent d’expliquer le passage d’un de proposer un modèle intégrateur des théories de la
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138 Marie-Christine Lichté, Véronique Plichon

fidélité, les praticiens y trouveront également un inté- Amine A. (1998), Consumers’ true brand loyalty: the central
rêt. En effet, les processus de fidélisation étant mul- role of commitment, Journal of Strategic Marketing, 6,
tiples, il est inévitable de mieux les comprendre pour 305-319.
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dit, quel processus explicatif mène à la plus grande Assael H. (1987), Consumer behavior and marketing
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de la concurrence et aux pressions de la situation ? Auh S. et Johnson M.D. (1996), The complex relationship
Ces questions sur les moyens de fidéliser laissent between customer satisfaction and loyalty for automo-
entrevoir de nouvelles voies de recherche encore peu biles, in M.D. Johnson, A. Herrman, F. Huber et A.
Gustafsson (coord.), Quality, satisfaction and reten-
explorées. En effet, l’existence de clients de moins en tion: implications for the automotive industry wiesbaden,
moins fidèles pourrait également être une consé- Allemagne: Gabler.
quence de la résistance des consommateurs au mar- Bass F.M., Pessemier E.A. et Lehmann D.R. (1972), An
ché en général, aux programmes de fidélisation ou à experimental study of relationships between attitudes,
l’envahissement publicitaire en particulier (Roux, brand preference, and choice, Behavioral Science, 17,
2007). Les travaux dans ce domaine sont émergents ; 532-544.
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