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13/02/2024

FAPH
Cours de Parasitologie
Pharmacie 2
2023-2024

Paludisme: Epidemiologie et
prévention

Prof. Abdoulaye DJIMDE


13/02/2024

Objectifs pédagogiques
1. Définir le paludisme,

1. Citer trois (3) intérêts de l’étude du paludisme

2. Décrire le cycle biologique du Plasmodium falciparum

3. Enoncer la pathogenèse du paludisme

4. Décrire 2 stratégies de prévention du paludisme

5. Nommer un vaccin anti-paludique


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Plan
1. Généralités
1.1. Définition
1.2. Historique
1.3. Intérêts
2. Epidémiologie
2.1. Agent pathogène
2.2. Cycle biologique
2.3. Le vecteur
2.4. Mode de transmission
2.5. Pathogénie
2.6. Répartition géographique
3. Prévention
Résumé
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Conclusion 3

1. GENERALITES

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1.1. Définition

Le paludisme (palu = marais) ou malaria (mal


era = mauvais air) est une érythrocytopathie
fébrile et hémolysante dû à un hématozoaire du
genre Plasmodium, transmis à l’Homme par la
piqure infectante d’un moustique femelle du
genre Anopheles.

1.2. Historique
• Le paludisme affecte l’être humain depuis plus de
50.000 ans

• 1880: découverte de l’agent causal par Alphonse


LAVERAN à Constantine (ALGERIE).

• 1895 à 1897: Ross décrit la transmission du paludisme


par les moustiques genre Anophèle (INDE)

• 1895: désastre de l'expédition française de Madagascar,


5731/ 21,600 hommes débarqués meurent du paludisme
(25 sont morts au combat).
• 1899: G. B. Grassi décrit le cycle de vie du
Plasmodium

• 1948: Shortt et Garnham mettent en évidence la


forme exo-érythrocytaire (Hypnozoites de P. vivax et P.
ovale)
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1.3 Intérêts
• Epidémiologie
– 249 millions de cas de paludisme et
– 608 000 décès sont survenus dans le monde :
– 94 % des cas avec P. falciparum en Afrique sub-Saharienne
– Au Mali (PNLP, 2021)
• 1er motif de consultation (34 %)
• 3,204,275 cas confirmés
• 1,480 décès
• Economique: poids financier sur les ménages
• Recherche:
– Nouveaux médicaments, vaccins, outils de prévention
– Biologie de la maladie

2. EPIDEMIOLOGIE

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2.1. Agent pathogène


• Taxonomie
Règne: Protiste
Phylum: Apicomplexa
Classe: Sporozoea
Sous-classe: Coccidia
Ordre: Eucoccidda
Sous-ordre: Haemosporina
Famille: Plasmodidae
Genre: Plasmodium
Espèces: Plasmodium falciparum; P. vivax; P. ovale (P.
ovale wallikeri & P. ovale curtisi); P. malariae; P. knowlesi

2.1. Agent pathogène (suite)

Morphologie: Plasmodium
falciparum
• Espèce la plus redoutable et
la plus fréquente en Afrique
sub-Saharienne.
• La période d’incubation est
de 7 à 12 jours.
• Petite taille, tâche de
maurer, hématie normale,
gametocyte en forme faucile

Source: CDC

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2.1. Agent pathogène (suite)

Morphologie: Plasmodium vivax


• Très largement répandue en
Amérique du Sud et en Asie.
De plus en plus décrite en
Afrique.
• Période d’incubation est de 11
à 13 jours, mais on peut
observer des rechutes (accès
de reviviscence) pendant 3 à 4
ans.
• Cytoplasme déchiqueté,
granulation de schüffner, forme
sexuée de grande taille

Source: CDC

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2.1. Agent pathogène (suite)

Morphologie: P. ovale
• Elle sévit en Afrique intertropicale du
Centre et de l’Ouest (et dans certaines
régions du Pacifique).
• Son incubation est de 15 jours au
minimum pouvant aller jusqu’à jusqu’à
4 ans.
• On peut observer des rechutes
tardives, hypnozoite (5 ans).

• Globule Rouge déformé, forme ovale,


granulation de Schüffner, forme
sexuée de grande taille (femelle
colorée en bleu et le male en rose
claire)

Source: CDC

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2.1. Agent pathogène (suite)

Morphologie:
P. malariae
• Elle sévit sur les trois
continents, de manière plus
sporadique.
• Sa période d’incubation est
plus longue (15 à 21 jours),
avec souvent des
reviviscences tardives (jusqu’à
20 ans)

• Trophozoite âgé et schizonte


jeune en bande équatoriale,
hématie normal, pigment jaune
malarique plus prononcé

Source: CDC

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2.2. Cycle biologique

Dans la nature le Plasmodium a deux hôtes:

o l’hôte vertébré (hôte intermédiaire) chez qui se


déroule le cycle asexué ou schizogonie

o et le moustique femelle du genre Anopheles


(hôte définitif) chez lequel se déroule le cycle
sexué ou sporogonie.

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2.2. Cycle biologique (suite)

• Chez l’Homme
Schizogonie pré-érythrocytaire: le sporozoïte, forme infestante du parasite
est injecté à l’homme avec la salive du moustique lors de son repas sanguin. A
travers la circulation sanguine, les sporozoïtes gagnent rapidement le foie,
pénètrent les hépatocytes. Dans ces cellules, chaque sporozoïte se développe et
donne un schizonte. A maturité le schizonte appelé corps bleu ou méronte
renfermant environ 20.000 à 30.000 mérozoïtes tombe dans la circulation
sanguine.

Dans les infections à P. vivax et P. ovale, certains sporozoïtes intra-hépatiques


restent quiescent (hypnozoïtes) et sont responsables d’une schizogonie
hépatique retardée, entraînant la libération dans le sang de mérozoïtes
plusieurs mois après la piqûre du moustique, d’où les reviviscences tardives
observées avec ces deux espèces.

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2.2. Cycle biologique (suite)


• Chez l’Homme
• Schizogonie érythrocytaire:
Très rapidement, les mérozoïtes pénètrent dans les globules rouges. La pénétration du
mérozoïte dans l’érythrocyte, sa maturation en trophozoïte puis en schizonte mature
prend 24, 48 ou 72 heures (en fonction de l’espèce) et conduit à la destruction du globule
rouge hôte et à la libération de 4 à 32 nouveaux mérozoïtes (en fonction de l’espèce, du
clone et du globule rouge infecté). Ces mérozoïtes pénètrent dans de nouveaux globules
rouges et débutent un nouveau cycle de réplication. Cette partie du cycle correspond à la
phase clinique ; la parasitémie s’élève, le sujet devient fébrile : c’est l’accès palustre.
Dans l’accès de primo-invasion, le développement des parasites est asynchrone — tous
les schizontes hépatiques n’arrivent pas à maturité au même moment — et la fièvre est
souvent continue, anarchique ou irrégulière. Après plusieurs jours d’évolution et en
l’absence de traitement, on observe une synchronisation des parasites : tous les schizontes
érythrocytaires arrivent à maturation au même moment, entraînant la destruction d’un
grand nombre de globules rouges de manière périodique, toutes les 24 heures (fièvre
quotidienne à P. knowlesi), 48 heures (fièvre
tierce de P. falciparum, P. vivax ou P. ovale) ou toutes les 72 heures (fièvre quarte de P.
malariae). En pratique, au moment du diagnostic, la schizogonie de P. falciparum est
rarement synchrone et donc la fièvre rarement tierce.

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2.2. Cycle biologique (suite)

• Chez l’Homme
• Schizogonie érythrocytaire:

Certains trophozoïtes subissent une maturation d’une


dizaine de jours dans le compartiment médullaire, sans
division nucléaire, accompagnée d’une différenciation
sexuée : ils se transforment en gamétocytes à potentiel
mâle ou femelle. Les gamétocytes matures vont ensuite
rester en circulation dans le sang pendant quelques
semaines. Les méthodes modernes de diagnostic par
biologie moléculaire indiquent un portage de plus de 2
semaines.

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2.2. Cycle biologique (suite)

• Chez l’Anophèle femelle


Le cycle sexué ou sporogonie: après plusieurs cycles asexués schizogoniques,
certains mérozoïtes érythrocytaires se différencient en élément à potentiel sexuel,
les gamétocytes mâles et femelles. En prenant son repas sanguin sur un sujet
infesté, le moustique absorbe les différents stades du parasite. Les éléments
asexués sont digérés. Les gamétocytes femelles se transforment en macro
gamètes. La microgametogenèse transforme le gamétocyte mâle en microgamètes
par exflagelation et division nucléaire.
La fécondation donne naissance à un zygote puis l’ookinète, œuf mobile qui
traverse la paroi de l’estomac, formant à l’extérieur de la surface externe,
l’oocyste dans lequel s’individualisent les sporozoïtes libérés par l’éclatement de
l’oocyste mur. Les sporozoïtes gagneront avec prédilection les glandes salivaires
de l’anophèle, qui les injecte à l’homme à l’occasion d’un repas sanguin.

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2.2. Cycle biologique (suite)

Schéma du cycle
biologique de
Plasmodium

Source : ANOFEL

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2.3. Le vecteur
• Moustique du genre Anopheles. Compte plusieurs especes:

• Seule la femelle, hématophage, transmet la maladie. Elle ne pique


qu’à partir du coucher du soleil avec un maximum d’activité
entre 23 heures et 6 heures .

• Les larves d’anophèles se développent dans les collections d’eau.


Le développement et la longévité des anophèles dépendent de la
température avec un optimum entre 20 et 30°C pour une durée de
vie de l’ordre de 30 jours.

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Anophele femelle lors d’un repas sanguin

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2.4. Mode de transmission

• Le paludisme est transmis à l’homme par la piqûre d’un


moustique du genre Anopheles.

• Possible contamination accidentelle et exceptionnelle de la phase


sanguine:
– Congénitale,
– Transfusion sanguine,
– Greffe d’organe
– Transmission accidentelle chez des personnels de santé
manipulant du sang contaminé.

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2.5. Pathogénese
La pathogénie du paludisme n’est pas encore complètement
élucidée. Les répercussions sur certains organes ont été décrites:

• Le sang: destruction des GR è anémie (grave chez la femme


enceinte et les enfants)

• La rate: rôle de filtre des GR parasités è hypertrophie de la


rate (splénomégalie) au cours du paludisme viscéral évolutif

• Les reins: dépôt de complexes immuns (Ag-Ac) dans la


membrane basale ènéphrose (P. malariae)

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2.5. Pathogénese (suite)


• Paludisme cérébral: (surtout P. falciparum)
– Séquestration des GR parasités à l’ endothélium des
capillaires d’organes profond (cerveau, poumon, rein),
cytoadhérence
– Obstruction vasculaire par la formation des rosettes
(agrégation des GR parasites et des GR non parasités)
– è signes de paludisme grave

• Le placenta:
– Accumulation des GR parasités
– Thrombose placentaire
– Diminution des échanges foeto-maternels
NB: le paludisme chez la femme enceinte est considéré
systématiquement comme un paludisme grave

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Hématie parasitée

Hématie saine
Séquestration : obturation de
la lumière vasculaire

FLUX Endothélium

Knobs et
Ligands parasitaires
codés par les gènes var

Illustration de la cyto-adhérence de Plasmodium dans les vaisseaux sanguins

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2.6. Facteurs Favorisants


Facteurs-parasite Facteurs Vecteur Fact. Sociaux

• Résistance •Espèces Anopheles •Accès au traitement


•Polymorphismes Anopheles •Facteurs économiques
• Taux de Multiplication •Longévité •Facteurs culturels
• Mécanismes d‘ Invasion
•Variation Saisonnière •Stabilité politique
•Cytoadherence
• Comportement trophique.
• Degré d‘agressivité
Facteurs-hôte • Moustiquaire
•Insecticides Fact. Environ et Clim.
•Immunité
•Age • Stagnation d’eau
•Grossesse • Régime des
précipitation.
• Température
• Humidité

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2.7. Répartition géographique

Source: https://www.iamat.org/risks/malaria

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2.8. Modalités épidémiologiques


Classification des niveaux d’endémicité

Niveaux endémie Indice splénique(IS) Indice Plasmodique (IP)


classification de Classification de
Kampala (1950) Yaoundé (1962)

Hypo endémicité IS < 10% IP < 10%

Méso endémicité 10% <IS<50% 10%<IP<50%

Hyper endémicité 50%<IS<75% 50%<IP<75%

Holo-endémicité IS>75% IP>75%

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Paludisme au Mali (2021)

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3. Prévention

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3.1 Buts
• Rompre la chaine de transmission
• Prévenir les complications

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3.2 Moyens
• Lutte anti-vectorielle
• Médicaments
• Vaccins

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3.3 Strategies de prévention

• Prévention grossesse: TPI g à la SP (au moins


3 doses)
• Chimio-prévention du paludisme saisonnier
(CPS): SP+AQ
• Utilisation du Moustiquaire Imprégnée
d’Insecticide à Longue Durée d’action
(MILDA);
• Vaccination

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Strategies de Prévention (suite)

• Traitement Préventif Intermittent pendant


la grossesse (TPIg)
– Sulfadoxine-Pyriméthamine (SP)
– Femmes enceintes
– Au moins 3 cures de 3 comprimés
• en prises supervisées et
• espacées d’au moins un mois,
• à partir du 4ème mois de la grossesse jusqu’à
l’accouchement.

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Strategies de Prévention (suite)

Chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS)


• Enfants de 3 à 59 mois,
– 4 doses de SP et d’AQ,
– à un mois d’intervalle,
– pendant la période de haute transmission du paludisme
• Posologie:
– Sulfadoxine-Pyrimethamine : ½ comprimé pour 10 kg
en dose unique
– Amodiaquine (AQ) : ~10 mg/kg par jour pendant 3
jours

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Vaccination

• RTS,S/AS01

• R21/Matrix-M

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Résumé
• Le paludisme reste la première endémie parasitaire mondiale et la
plus meurtrière. Il sévit dans la zone intertropicale.

• Le paludisme est dû à des hématozoaires du genre Plasmodium dont


cinq espèces sont pathogènes pour l’homme : P. falciparum, P. vivax,
P. ovale, P. malariae et P. knowlesi.

• P. falciparum est l’espèce la plus fréquente en Afrique


subsaharienne et responsable des formes mortelles
• La transmission se fait par un moustique femelle du genre
Anopheles, qui pique pendant toute la nuit.
• La prévention utilise la lutte anti-vectorielle, les medicaments et les
nouveaux vaccins antipaludiques

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Conclusion
Le paludisme est maladie parasitaire qui
constitue un problème majeure de santé ayant
une large distribution dans le monde. Sa
morbidité et sa mortalité sont élevées surtout en
Afrique subsaharienne principalement chez les
enfants de moins de 5 ans et les femmes
enceintes.

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References
• https://www.zoologie-uclouvain.be/new/images/protistes/pr.2.02-periodicite-des-
acces-de-fievre.jpg
• Danis M, Mouchet J. Paludisme.In UREF, Editions Ellipses/Aupelf, 1991:
13-21; 131-230.
• Gentilini M. Médecine Tropicale, Editions Médecine-Sciences Flammarion,
1993: 111-122

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