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PYRALE

Sentiment juvénile et
onirique dans le Terrarium par
Roxanne Gaucherand.
Moyen métrage d’une quarantaine de minute, Pyrale raconte l’éveil des sentiments de la jeune Lou,
envers Sam son amie d’enfance, au moment même où une nuée de papillon de nuit s’apprête à
ravager la vallée provençale.

Sous ses aires de récit fantastique, Pyrale est en réalité une sorte de documentaire hybride, liant ses
séquences de reportages à une petite romance fictive. Déstabilisant au départ, le concept fait
finalement sens assez rapidement et nous emporte donc dans son univers poétique à la croisé du
jour et de la nuit. Dans un entre deux constant, Pyrale est un film de jeunesse et cela se sent. Le récit
oscille et donne l’impression de ne pas savoir sur quel pied danser à défaut de se focaliser sur un
aspect précis. La partie fictive, la naissance des sentiments de la jeune Lou, semblait être la colonne
vertébrale du film. Elle l’est d’une certaine manière, mais reste maigre et la partie documentaire qui
semblait de son côté servir la fiction, prend alors le dessus. Rien d’étonnant donc à ce que le film soit
catégorisé en documentaire. On nous aura prévenu, mais il reste une petite amertume. Le procédé
semble intelligent et pertinent néanmoins, imager cette naissance d’un sentiment interdit par
l’arriver d’une espèce invasive et destructrice permet de matérialiser le dit sentiment, avec ses effets
potentiels sur l’environnement des personnages. Le film évite ainsi des séquences vu et revu de
coming out mal venu et les représentation de lourds discours homophobe. Ici on laisse le
bruissements des papillons (dans le ventre) résonner dans la vallée. Est-ce par manque de maturité,
ou bien un vrai parti pris ? On penche pour le second, mais le fait est que cela donne un aspect
innocent et presque naïf à ce début d’histoire d’amour, à hauteur donc de ses personnages.

Même si la dramaturgie peut laisser certain de côté, ce qui serait dommage malgré tout,
indéniablement l’imagerie de Pyrale envoute. Le film prend son temps sans pour autant engendrer
des longueurs, le rythme est donc prenant et on se laisse impressionner par les images faisant
souvent place au ciel d’où vient la menace. Les plans sont généralement fixes et font également
place avant tout au mouvement dans le cadre, comme si l’on regardait un souvenir. Une belle
mélancholie s’échappe alors du film. Le format carré de l’image nous focalise et permet ainsi au
spectateur de considérer chaque éléments qu’on lui montre. On saisit ainsi rapidement l’ambiance
qui habite le récit empreint de nostalgie, celui d’un été dans notre petit monde que l’on explore et
expérimente librement à notre adolescence. On peut regretter néanmoins une mise à distance des
personnages et des enjeux qui les animent à cause des procédés cités jusqu’ici. Le cadre, les couleurs
et en plus de cela l’aspect un peu monotone de la voix OFF, et par extension donc, l’aspect posé de
tout cela engendre aussi une froideur que certains peuvent regretter. La plastique parfaite du film
manque alors peut-être de vivant. Le jeux des jeunes actrices y est peut etre pour quelque chose
mais on leur accorde volontiers un naturel propre à ce genre de film. Pour conclure, Pyrale propose
une expérience plus qu’une histoire. Le film se déséquilibre parfois mais nous emmène avec lui dans
cet univers propre à une réalisatrice que l’on ne manquera pas de suivre.

Cédric LAUBIER

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