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35-170-A-10

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 35-170-A-10

Tomodensitométrie :
principes, formation de l’image
B Boyer
E Le Marec
A Ait-Ameur
Résumé. – La tomodensitométrie a bénéficié, depuis sa mise au point en 1971, de nombreuses améliorations
L Hauret
parmi lesquelles deux évolutions technologiques majeures : l’acquisition hélicoïdale en 1989 puis
AM Dion
l’acquisition multicoupe en 1998. Après un rappel sur le principe de formation de l’image en scanographie, les
C Aterii-Tehau
différents éléments constitutifs de la chaîne d’acquisition de l’image sont décrits en insistant sur le système de
détection qui est en constante évolution.
Puis sont abordés les paramètres d’acquisition et de reconstruction de l’image en soulignant les différences
entre acquisition monocoupe et multicoupe. Enfin, l’analyse des paramètres gouvernant la qualité d’image
permet de démontrer les progrès importants obtenus notamment en termes de résolution spatiale et
temporelle.
© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Scanner, scanner multicoupe, paramètres d’acquisition, reconstruction, qualité de l’image.

Introduction Terminologie
La tomodensitométrie ou scanographie désignent tous deux la
La tomodensitométrie se définit comme une chaîne radiologique modalité ou technique d’acquisition de l’image. Le scanographe
tomographique effectuant la mesure de l’atténuation d’un faisceau désigne la chaîne radiologique proprement dite. Le terme de scanner
de rayons X à la traversée d’un volume anatomique avec (scanneur en français, bien que retenu dans l’ancienne édition du
reconstruction matricielle d’une image numérisée. Si le principe de dictionnaire des termes officiels ne s’est pas imposé par l’usage [2])
base est resté le même depuis 1971, les différents aspects techniques désigne, lui, à la fois la modalité et l’appareil.
ont considérablement évolué avec deux innovations majeures : le Le progrès technique a également posé des problèmes de
balayage de l’objet par le faisceau de rayons X qui est passé du terminologie : le déplacement simultané du lit et du tube permet
mode séquentiel au mode hélicoïdal et le système de détection qui a une acquisition hélicoïdale ou spiralée. Le terme d’hélice est plus
évolué de l’acquisition monocoupe à l’acquisition multicoupe. Avec adéquat que celui de spirale employé initialement (la spirale voyant
l’augmentation de la vitesse de rotation du tube, ces nouveautés son diamètre diminuer ou augmenter) mais l’usage a consacré les
technologiques ont profondément modifié la qualité de l’image, deux termes.
particulièrement la résolution spatiale longitudinale et la résolution
Les nouveaux scanners permettant d’acquérir plusieurs coupes
temporelle, élargissant les possibilités diagnostiques de la
simultanées sont volontiers désignés comme scanners multibarrettes
tomodensitométrie. ou multidétecteurs (mais les anciens scanners étaient déjà constitués
Après un rappel sur le principe de la formation de l’image en de plusieurs barrettes et plusieurs détecteurs). On parle également
tomodensitométrie, les différents éléments de la chaîne d’acquisition de scanners matriciels ou volumiques. Nous employons le terme
de l’image sont décrits en insistant sur le système de détection qui multicoupe (au singulier par analogie au bateau multicoque) par
diffère fondamentalement en acquisition monocoupe et multicoupe. opposition au scanner monocoupe.
Sont ensuite abordés les paramètres d’acquisition puis de
reconstruction de l’image qui vont influencer les facteurs qui
gouvernent la qualité de l’image. Historique
Les applications cliniques et les perspectives d’avenir seront – 1971 : premier examen tomodensitométrique cérébral. Il est réalisé
abordées dans un autre chapitre de l’Encyclopédie Médico- au Atkinson Morley’s hospital à Londres par l’ingénieur Hounsfield
Chirurgicale consacré au scanner volumique. et le neuroradiologue Ambrose sur une machine construite par la
société EMI [11]. Cette firme dans laquelle travaille Hounsfield ne
faisait pas partie des grands constructeurs classiques de tables
radiologiques mais a investi massivement dans la recherche
Bruno Boyer : Professeur agrégé du Val-de-Grâce, chef de service. médicale grâce aux bénéfices colossaux générés par la production
Éric Le Marec : Professeur agrégé du Val-de-Grâce. des disques des Beatles.
Amir Ait-Ameur : Radiologiste des hôpitaux des Armées.
Laurent Hauret : Radiologiste des hôpitaux des Armées. – 1974 : le physicien américain Ledley, de la Georgetown university
Anne-Marie Dion : Assistant des hôpitaux des Armées.
C Aterii-Tehau : Assistant des hôpitaux des Armées, service d’imagerie médicale de l’hôpital du Val-de-grâce.
à Washington met au point le premier appareil corps entier : le
Service d’imagerie médicale, hôpital Bégin, 69, avenue de Paris, 94163 Saint-Mandé cedex, France. temps d’obtention d’une image est alors de 5 minutes.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Boyer B, Le Marec E, Ait-Ameur A, Hauret L, Dion AM et Aterii-Tehau C. Tomodensitométrie : principes, formation de l’image. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits
réservés), Radiodiagnostic – Principes et techniques d’imagerie, 35-170-A-10, 2003, 16 p.
35-170-A-10 Tomodensitométrie : principes, formation de l’image Radiodiagnostic

2 coupes/rot 6 coupes/rot Faisceau 3 L’atténuation mesurée


RX par un détecteur dépend de
µ1
toutes les structures traver-
µ2
sées et la valeur de µ est une
88 89 90 91 92 94 95 96 97 98 99 00 01 02 µ3
valeur moyenne.

Acquisition < 1 s. 4 coupes/rot 16 coupes/rot


hélicoïdale 0,5 s.
1 Chronologie des avancées technologiques en scanner hélicoïdal.

2 Le tube et les détecteurs


tournent autour du patient.
Tube RX De multiples mesures d’at-
ténuations sont effectuées
selon différents angles de ro-
tation du tube.
µ = µ1- µ2 + µ3 +...

Détecteur

4 Le détecteur transforme le faisceau de


rayons X en signal électrique.

Détecteurs Faisceau RX

– 1979 : le prix Nobel de médecine est décerné à MacLeod et


Hounsfield pour la mise au point de la tomodensitométrie.
Détecteur
– 1989 : mise au point de la rotation continue puis de l’acquisition
hélicoïdale (fig 1) qui va redonner un essor considérable au scanner
qui semblait alors en voie d’être concurrencé, voire éclipsé par
l’imagerie par résonance magnétique (IRM).
– 1992 : acquisition de deux coupes simultanées par rotation. Signal électrique
– 1995 : acquisition « subseconde » 0,75 seconde par tour. proportionnel à l'intensité
du faisceau RX
– 1998 : acquisition de 4 coupes simultanées.
– 2000 : acquisition de 8 puis 16 coupes simultanées.

Principe de formation de l’image Le profil d’atténuation ou projection correspond à l’ensemble des


signaux électriques fourni par la totalité des détecteurs pour un
Le scanner est une chaîne radiologique composée d’un générateur, angle de rotation donné. Un mouvement de rotation autour du
d’un tube à rayons X et d’un ensemble de détecteurs disposés en grand axe de l’objet à examiner permet d’enregistrer une série de
couronne. Le principe repose sur la mesure de l’atténuation d’un profils d’atténuation résultant de la traversée de la même coupe
faisceau de rayons X qui traverse un segment du corps. Le tube et selon différents angles de rotation (de l’ordre de 1 000 mesures par
les détecteurs tournent autour de l’objet à examiner (fig 2). De rotation) (fig 5).
multiples profils d’atténuation sont obtenus à des angles de rotation
différents. Ils sont échantillonnés et numérisés. Les données sont RÉTROPROJECTIONS
filtrées et rétroprojetées sur une matrice de reconstruction puis Les projections sont échantillonnées et numérisées. Ces données
transformées en image analogique. converties ou données brutes sont des valeurs numériques avec une
adresse spatiale.
ATTÉNUATIONS
Un faisceau de rayons X traversant un objet homogène d’épaisseur Avec n projections obtenues selon des angles différents, il est
x subit une atténuation, fonction de la densité électronique de l’objet. possible de reconstruire une image du plan de coupe étudié.
La valeur de l’atténuation est obtenue par soustraction entre Ces projections sont filtrées puis rétroprojetées sur une matrice de
l’intensité du faisceau de rayons X avant et après traversée de l’objet reconstruction.
(fig 3). Chaque profil d’atténuation est projeté selon le même angle qu’à
Elle est définie par la relation : l’acquisition.
Log Io/I = µx À partir des valeurs d’atténuation mesurées par chaque détecteur,
Io : intensité incidente du faisceau ; I : intensité émergente ; µ : l’ordinateur calcule la densité de chaque pixel de la matrice. Ces
coefficient d’atténuation de l’objet traversé ; x : épaisseur de l’objet. calculs complexes reposent sur un principe simple : connaissant la
Le faisceau rencontre des structures de densité et d’épaisseur somme des chiffres d’une matrice selon tous ses axes (rangées,
différentes. L’atténuation dépend donc de plusieurs inconnues µ1x1, colonnes et diagonales), on peut en déduire tous les chiffres
µ2x2,...µnxn. contenus dans la matrice.

PROJECTIONS DE LA MATRICE À L’IMAGE


Le détecteur transforme les photons X en signal électrique (fig 4). Ce La matrice est un tableau composé de n lignes et n colonnes
signal est directement proportionnel à l’intensité du faisceau de définissant un nombre de carrés élémentaires ou pixels. Les matrices
rayons X. actuelles sont le plus souvent en 5122. À chaque pixel de la matrice

2
Radiodiagnostic Tomodensitométrie : principes, formation de l’image 35-170-A-10

Tube RX
Constitution d’un scanographe
STATIF
Il est composé de deux ensembles mobiles et solidaires, le tube et
les détecteurs qui vont se déplacer autour du patient. Plusieurs
générations de statifs se sont succédées [16].

¶ Première génération
La réalisation d’une coupe s’obtenait par un mouvement de
translation-rotation : le tube était couplé à un seul détecteur et
Détecteurs chaque acquisition était suivie d’une translation le long de la
structure étudiée puis d’une rotation d’un degré. Ce mouvement,
Signal répété de nombreuses fois, engendrait un temps de coupe de l’ordre
de 4 minutes...
Projection B Projection A
¶ Deuxième génération
L’ensemble tube-détecteurs est toujours animé d’un mouvement de
translation-rotation mais le tube est alors couplé à une barrette de
sept à 60 détecteurs dans le plan de rotation du tube.
Détecteurs
5 Principe de mesure. À chaque rotation, de multiples profils d’atténuation sont ob- ¶ Troisième génération
tenus selon différents angles de rotation.
La quasi-totalité des appareils en service est du type 3e génération.
Le tube et les détecteurs effectuent un mouvement de rotation
UH autour du patient. Une série de détecteurs (de 500 à 1 000) couvre la
largeur du sujet (50 cm pour l’abdomen).
+ 1 000
¶ Quatrième génération
Les détecteurs sont fixes et disposés en couronne autour de l’objet à
examiner. Seule la source de rayons X décrit un mouvement de
rotation sur un cercle inscrit dans la couronne de détecteurs. Parmi
Largeur de ces scanners de 4e génération, prend place le scanner à faisceau
fenêtre 120 UH d’électrons. La cathode est remplacée par un canon à électrons
+ 100 générant un faisceau qui décrit un arc de cercle autour du patient et
Niveau 50 UH vient frapper l’anode représentée par quatre cibles fixes et adjacentes
0 en tungstène décrivant un arc de cercle de 210°. Il n’y a pas de
Substance grise 35-40 UH problème d’échauffement d’anode du fait du déplacement rapide
-100 du faisceau d’électrons. Le système de détection est représenté par
une double rangée de plusieurs milliers de détecteurs couvrant
Substance blanche 25-30 UH
également un arc de cercle de 210°. L’ensemble tube-détecteurs est
fixe. Il n’existe donc aucun élément mécanique dans le statif. Le seul
LCR : 0 UH
mouvement est celui du faisceau de rayons X (fig 7, 8). Le principal
atout de cet appareil est sa résolution temporelle élevée liée à la
rapidité de déplacement du faisceau d’électrons : le temps de pose
est de 50 ms ; dédié à l’exploration cardiaque [17, 22], il a été confronté
à des difficultés de production et il n’existe plus d’installation en
- 1 000 France mais il reste commercialisé dans d’autres pays.
6 Exemple de niveau et de largeur de fenêtre pour l’étude du parenchyme cérébral.
¶ Rotation continue et acquisition hélicoïdale
de reconstruction correspond une valeur d’atténuation ou de Jusqu’en 1989, seul le mode d’acquisition séquentiel est utilisé. Une
densité. En fonction de sa densité, chaque pixel est représenté sur coupe est acquise à chaque rotation de 360°, dans un plan de coupe
l’image par une certaine valeur dans l’échelle des gris. fixe, puis la translation du lit précède une nouvelle acquisition. Cette
procédure est répétée coupe après coupe.
Les coefficients de densité des différents tissus sont exprimés en
En 1989 apparaît la rotation continue puis l’acquisition spiralée ou
unités Hounsfield (UH). L’éventail varie de - 1 000 à + 1 000, avec le
hélicoïdale. La rotation continue en mode séquentiel permet un gain
choix d’une valeur de zéro pour l’eau, - 1 000 pour l’air et + 1 000
pour le calcium. L’œil humain ne distinguant que 16 niveaux de
gris, les 2 000 paliers de densité ne peuvent être vus simultanément Détecteurs
sur l’écran. La fenêtre correspond aux densités qui seront
effectivement traduites en niveaux de gris à l’écran. Deux
paramètres modulables définissent la fenêtre utile de densités (fig 6) :
– le niveau (level) : valeur centrale des densités visualisées ; électrons
– la largeur de la fenêtre (window) détermine le nombre de niveaux
de densité. En augmentant la fenêtre, l’image s’enrichit de niveaux RX
de gris mais le contraste diminue entre les structures de l’image. En Canon à électrons
diminuant la fenêtre, le contraste augmente.
Cible
7 Scanner à faisceau à électrons : les rayons X sont générés par le faisceau à électrons
balayant la cible.

3
35-170-A-10 Tomodensitométrie : principes, formation de l’image Radiodiagnostic

Détecteurs 8 Scanner à faisceau à 10 Principes des slip


électrons (vue orthogo- rings [11].
nale) : balayage de la cou-
ronne de détecteurs par le
faisceau à électrons.

Cible
Faisceau
RX
Transfert de la Recueil du signal
tension au générateur des détecteurs

Géométrie longue : 110 cm


Géométrie courte : 90 cm
Foyer

Détecteurs

Hélice décrite par la rotation du Distance foyer-détecteurs et foyer-isocentre


tube et des détecteurs autour
du lit en déplacement 11 Distance foyer-détecteurs courte ou longue.

9 Principe de l’acquisition hélicoïdale. Il faut plus de milliampères (mA) en géométrie longue qu’en
géométrie courte car la dose est inversement proportionnelle au
carré de la distance tube-récepteur (ce qui ne signifie pas que la
de temps appréciable entre chaque coupe, évitant les délais de
dose délivrée au patient soit supérieure). La tendance actuelle avec
freinage puis de redémarrage du statif. Elle reste utilisée
les scanners multicoupe est de diminuer la distance foyer-détecteurs
actuellement dans certaines indications.
pour limiter les contraintes mécaniques (force centrifuge) liées à la
Mais c’est l’acquisition hélicoïdale qui va ouvrir de nouvelles grande vitesse de rotation et préserver une réserve de puissance du
perspectives en tomodensitométrie. Le principe repose sur la tube.
rotation continue du tube autour du lit associée au déplacement L’entraînement se fait soit par courroie, soit plus récemment par
simultané de la table pendant le balayage du faisceau de rayons X. moteur linéaire à champ magnétique, ce qui autorise potentiellement
Le tube décrit autour du patient une figure géométrique à type une plus grande vitesse de rotation.
d’hélice (fig 9). Le développement de cette technologie a été rendu
possible grâce à des progrès techniques, notamment les contacteurs CHAÎNE RADIOLOGIQUE
ou slip ring (fig 10) qui permettent sans câblage le transfert de ¶ Générateur de rayons X
l’énergie électrique nécessaire à l’alimentation du générateur et du
Le générateur alimente le tube à rayons X. Il délivre une haute
tube pendant leur rotation et la récupération du signal généré par
tension continue (80 à 140 kV) ainsi qu’un milliampérage constant
les détecteurs. Actuellement, la plupart des appareils sont à rotation
(de 10 à 500 mA). Il a une puissance totale disponible de 50 à 60 kW.
continue. La vitesse de rotation sur les scanners les plus récents a
Il est placé dans le statif (« embarqué »).
été considérablement augmentée, atteignant 360° en 0,4 seconde.
Cette vitesse soumet le tube à une force centrifuge élevée de l’ordre ¶ Tube
de 13 g [14]. Les tubes doivent être extrêmement performants. En effet, ils
doivent être capables :
¶ Géométrie – d’absorber de fortes contraintes thermiques d’où la nécessité
On distingue les scanners à géométrie courte ou à géométrie longue d’une capacité calorique élevée (exprimée en unités chaleur UC) ;
selon la valeur, fixée par le constructeur, de la distance foyer- – d’évacuer la chaleur grâce à une dissipation thermique importante
détecteurs (110 cm en géométrie longue, 90 cm en géométrie courte) (permettant de réaliser rapidement une deuxième hélice si la
(fig 11). première a porté le tube à sa charge thermique maximale).

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Radiodiagnostic Tomodensitométrie : principes, formation de l’image 35-170-A-10

Tube RX 12 Collimation primaire


et secondaire.

Photodiode

Collimation
primaire
Lumière
Tube RX Signal électrique
Détecteurs

13 Principe du détecteur solide.

Collimation
secondaire

Détecteurs

Ils sont à anode tournante, à double foyer de (0,5 à 1,5 mm) avec
émission continue. Ils doivent en outre supporter les contraintes
mécaniques de la force centrifuge des statifs de dernière génération
dont la vitesse de rotation est de 360° en 0,4 seconde.

¶ Filtration et collimation
La filtration et la collimation permettent la mise en forme du
faisceau de rayons X.
X
Filtration
Elle est obtenue par une lame métallique de faible épaisseur. Elle
permet d’obtenir un spectre de rayonnement étroit et d’approcher le
monochromatisme. Un deuxième filtre « papillon » est fréquemment Monocoupe
ajouté, plus épais au centre qu’en périphérie permettant d’adapter 1 détecteur
le faisceau aux variations d’épaisseur (moindre en périphérie qu’au dans l'axe Z
centre) du volume traversé.
Monocoupe
Collimations primaire et secondaire N détecteurs
La collimation primaire est située en aval de la filtration (fig 12). Elle
calibre le faisceau de rayons X en fonction de l’épaisseur de coupe O Z
désirée. Elle limite l’irradiation inutile. Certains appareils disposent 14 Comparaison du système de détection en scanner monocoupe et multicoupe. L’axe
d’une collimation secondaire placée avant le détecteur. Elle doit être Oz est l’axe du patient.
parfaitement alignée avec le foyer et la collimation primaire. Elle
limite le rayonnement diffusé par le patient et intervient parfois dans absorbés par un scintillateur (céramique) et convertis en photons
la détermination de l’épaisseur d’acquisition. lumineux, eux-mêmes convertis en signal électrique par une
photodiode (fig 13). Leur efficacité est excellente. Ils offrent des
Collimateurs de champ
temps de réponse rapides et une faible rémanence.
Placés en sortie de tube, ils limitent automatiquement le faisceau de
rayons X au champ choisi au lieu d’irradier l’ensemble du volume Architecture des détecteurs
pour n’utiliser que les données d’absorption du volume résultant En scanner monocoupe, la détection est assurée par une couronne
du champ choisi. de 500 à 900 éléments disposés dans l’axe X sur environ 50° en
éventail. Une seule coupe est acquise par rotation.
¶ Système de détection L’évolution du système de détection vers le scanner multicoupe
Principe (fig 14) est caractérisée par la subdivision de la couronne de
détecteurs dans l’axe Z en deux à 34 couronnes formées de
Les détecteurs transforment les photons X en signal électrique. On
détecteurs de nombre et d’épaisseur variables en fonction des
distingue deux types de détecteurs.
solutions technologiques proposées par les constructeurs.
• Chambres d’ionisation au xénon • Arrangement des détecteurs
Les photons X sont directement transformés en signal électrique. L’arrangement des détecteurs dans l’axe Z varie selon les
Leur efficacité (rendement) est faible (60 à 70 % de l’énergie est constructeurs et le nombre de coupes simultanées possibles (fig 15).
absorbée). Elles ne sont plus utilisées actuellement remplacées par On distingue ainsi trois types de détecteurs [4, 8, 10, 21] :
les détecteurs solides.
– symétriques (ou matriciels) : tous les détecteurs ont la même
• Détecteurs solides largeur. Ils permettent d’acquérir de 2 à 8 coupes simultanées ;
Ils sont utilisés par la plupart des scanners actuels. Ils sont parfois – asymétriques : la largeur des détecteurs croît au fur et à mesure
nommés incorrectement semi-conducteurs. Les photons X sont qu’ils s’écartent de la perpendiculaire à l’axe de rotation. La

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35-170-A-10 Tomodensitométrie : principes, formation de l’image Radiodiagnostic

1,25 1,25 Foyer

Détecteurs symétriques

5 2,5 1,5 1 1 1,5 2,5 5

Détecteurs asymétriques
Z
20 mm Coupes

1 1
Détecteurs
Détecteurs hybrides

32 mm Z Coupe de 5 mm : combinaison Coupe de 2,5 mm : combinaison


15 Les trois types de couronnes de détecteurs des scanners multicoupe. de 4 détecteurs de 1,25 mm de 2 détecteurs de 1,25 mm
18 Détecteurs symétriques : combinaison de détecteurs en fonction de l’épaisseur de
16 Élément de détecteur hybride en coupe désirée.
scanner 16 coupes. C’est l’assemblage des
éléments dans l’axe X qui constituera la
couronne de détecteurs. Collimation
secondaire 2 x 0,5 mm

1 1 4 x 1 mm

Foyer
2,5 2,5 4 x 2,5 mm

5 5 4 x 5 mm

4 coupes de 5 mm Détecteurs asymétriques


19 Détecteurs asymétriques : combinaison de détecteurs et ajustement de la collima-
tion secondaire en fonction de l’épaisseur de coupe désirée.

– la hauteur maximale couverte par rotation (de 20 à 32 mm


actuellement).

• Architecture des systèmes en fonction du nombre de coupes


Systèmes 2 coupes.
Détecteurs symétriques Détecteurs asymétriques
association de 4 détecteurs 1 détecteur de 5 mm et C’est la première génération des scanners multicoupes. Deux
de 1,25 mm association de 3 détecteurs couronnes de détecteurs de taille identique dans l’axe Z sont
2,5 - 1,5 - 1 mm associées, permettant l’acquisition simultanée de deux coupes dont
l’épaisseur est fonction de la collimation primaire et secondaire.
17 Coupe de 5 mm par combinaison de détecteurs : comparaison de systèmes symé-
triques et asymétriques. Systèmes 4 coupes.
Ils comprennent quatre couronnes d’épaisseur variable. Trois types
collimation secondaire permettra d’obtenir des coupes d’épaisseur d’arrangement des détecteurs sont proposés : symétriques,
nominale identique. Ils sont limités à 4 coupes simultanées. asymétriques et hybrides.
L’utilisation de détecteurs périphériques plus larges permettrait de – Détecteurs symétriques : ils sont composés de 16 détecteurs
limiter les phénomènes liés à l’effet de cône ; d’1,25 mm de largeur dans l’axe Z (presque 2 fois plus en réalité
– hybrides : les détecteurs sont de deux largeurs différentes (fig 16). compte-tenu de l’agrandissement géométrique, 1,25 mm
Ils permettent d’obtenir actuellement de 2 à 16 coupes simultanées. correspondant à l’épaisseur de coupe à l’isocentre [13]). L’épaisseur
de coupe souhaitée est obtenue par l’activation des détecteurs
En fonction des options technologiques proposées par les (largeur 1,25 mm) par groupe de un, deux, trois ou quatre détecteurs
constructeurs, le nombre et la largeur des détecteurs gouvernent [20] : permettant d’obtenir 4 coupes de 1,25 mm, 2,5 mm, 3,75 mm ou
– l’épaisseur de coupes minimale disponible (0,5 mm) ; 5 mm (fig 18). Seule l’acquisition en coupes de 5 mm utilise
l’ensemble des détecteurs dans l’axe z.
– le nombre de coupes réalisables avec l’épaisseur minimale (2 à
– Détecteurs asymétriques : ils sont composés de 8 détecteurs de
16) ;
largeur croissante, de 1 à 5 mm, et permettent d’obtenir 2 coupes de
– la gamme des épaisseurs de coupe disponibles (de 0,5 à 10 mm) 0,5 mm ou 4 coupes de 1 à 5 mm ; c’est l’ajustement de la collimation
(fig 17) ; secondaire qui fixe l’épaisseur de coupe (fig 19).

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Radiodiagnostic Tomodensitométrie : principes, formation de l’image 35-170-A-10

Foyer

Largeur du Largeur du
Épaisseur volume B volume A
de coupe B
Épaisseur
Z de coupe A
4 x 1,5 16 x 0,75 4 x 1,5

Épaisseur
patient

16 x 0,75 mm

Détecteurs dans l'axe Oz


16 x 1,5 mm 21 Effet de cône. Si un détecteur périphérique est utilisé isolément, la largeur du vo-
lume A traversé par le faisceau de rayons X est supérieure à l’épaisseur de coupe A. Si
plusieurs détecteurs sont associés ou que le détecteur périphérique est plus large, la lar-
Détecteurs hybrides geur du volume traversé B est proche de l’épaisseur de coupe B. Notez que pour la dé-
monstration, les proportions réelles ne sont pas respectées [12].
20 Exemple de système 16 coupes de type hybride permettant d’acquérir 16 coupes
de 0,75 ou 1,5 mm.
RX
– Détecteur hybride : il est composé de 34 détecteurs, quatre
détecteurs centraux de 0,5 mm et 15 détecteurs de 1 mm de part et
d’autre réalisant une couronne de 32 mm de largeur. Comme pour
les détecteurs matriciels, c’est l’activation isolée ou par groupes des
détecteurs qui permet d’obtenir l’épaisseur de coupe souhaitée. C’est
le seul détecteur permettant d’obtenir 4 coupes infracentimétriques
simultanées (0,5 mm).
Système 8 coupes. Septum Détecteurs
C’est une extension du système 4 coupes à détecteurs matriciels : Largeur d'un détecteur
l’architecture de la couronne de détection est identique : l’activation
des détecteurs permet de réaliser 8 coupes de 1,25 mm (détecteurs
centraux) ou 2,5 mm (utilisation de l’ensemble des détecteurs dans
l’axe z). Espace mort
Systèmes 16 coupes. 22 Conséquence de l’obliquité du faisceau sur la réception des détecteurs les plus pé-
C’est la génération la plus récente des scanners multicoupes. Ils riphériques.
disposent tous d’un arrangement de type hybride composé de deux
types de détecteurs, avec au centre 16 détecteurs fins Cette obliquité dégrade la qualité de l’image en périphérie.
infracentimétriques (d1 = 0,5, 0,625 ou 0,75 mm selon les Lorsqu’un détecteur périphérique est activé isolément, la largeur du
constructeurs) et en périphérie deux séries de quatre à 12 détecteurs volume traversé par le faisceau de rayons X devient plus importante
de taille double (d2 = 1, 1,25 ou 1,5 mm) (fig 20), permettant que la largeur du détecteur. Par ailleurs, cette obliquité entraîne une
d’acquérir 16 coupes d’épaisseur nominale d1 ou d2. Certains réduction de l’efficacité des détecteurs périphériques, surtout s’ils
systèmes 16 coupes permettent également d’acquérir en mode sont de petite taille et séparés par de nombreux septa (fig 22), et a
2 coupes (activation limitée aux détecteurs centraux), afin de limiter justifié pour certains constructeurs le choix de détecteurs
les distorsions liées à l’effet de cône et conserver une résolution asymétriques plus larges en périphérie.
spatiale élevée, avec collimation secondaire, offrant une très haute
résolution spatiale (2 × 0,5 mm).
À partir de cette architecture 16 coupes, différentes versions sont Acquisition et reconstruction
déclinées par les constructeurs offrant une acquisition intermédiaire de l’image
entre 4 coupes et 16 coupes.
PARAMÈTRES D’ACQUISITION
• Effet de cône
¶ Collimation primaire et épaisseur nominale
Le principal facteur limitant le nombre de coupes simultanées par
rotation est l’artefact de cône [3]. Sur les scanners multicoupes, la Elle est définie par la largeur de collimation du faisceau de rayons X
projection du faisceau de rayons X représente dans l’axe Z un cône. à la sortie du tube. Elle détermine l’épaisseur nominale de coupe en
Les rangées centrales de détecteurs sont atteintes acquisition monocoupe. Elle peut varier de 1 à 10 mm.
perpendiculairement à l’axe de rotation, tandis que les rangées les En scanner multicoupe, il faut distinguer épaisseur nominale et
plus externes sont atteintes obliquement par les rayons X (fig 21). collimation (épaisseur nominale × nombre de coupes par tour). La

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35-170-A-10 Tomodensitométrie : principes, formation de l’image Radiodiagnostic

Angle de projection Angle de projection


Colimation Collimation Détecteur 4 x 2,5 mm
15 mm/tour
180° 180°

90° 90°

Z Z

Déplacement lit Déplacement lit


23 Scanner monocoupe : pitch de 1,5. 24 Scanner multicoupe (4 coupes simultanées) pitch de détection de 6 et pitch de col-
limation de 1,5.
collimation varie en fonction du nombre de détecteurs et des
épaisseurs de coupe disponibles. Les valeurs actuelles de collimation
primaire vont de 1 mm pour réaliser 2 coupes de 0,5 mm à 32 mm Angle de projection
Collimation Détecteur 4 x 2,5 mm
pour obtenir 4 coupes de 8 mm ou 16 coupes de 2 mm.
7,5 mm/tour
180°
¶ Kilovoltage et milliampérage
Les tensions disponibles vont de 80 à 140 kV.
L’opérateur choisit également la charge du tube (mA). Certains
90°
systèmes proposent une valeur de mAs (mAs eff) : mAs eff = mA
× trot/pitch. Le courant délivré par le tube va être modulé en
fonction du pitch afin de conserver le rapport signal sur bruit
constant quel que soit le pitch choisi.
La modulation du milliampérage s’effectue également en fonction Z
des variations du signal reçu par les détecteurs. Elle vise à améliorer
Déplacement lit
le compromis entre qualité d’image et irradiation (cf chapitre
irradiation et scanner). 25 Scanner multicoupe (4 coupes simultanées) pitch de détection de 3 et pitch de col-
limation de 0,75. Chevauchement partiel du faisceau d’une rotation à l’autre.
¶ Temps de rotation
15 mm par tour correspondra à un pitch de détection de 6 (15/2,5)
Depuis plusieurs années, les scanners hélicoïdaux monocoupe et à un pitch de collimation de 1,5 (15/10) (fig 24) et un déplacement
permettaient d’atteindre des temps de rotation sur 360° de 0,75 à de 7,5 mm par tour correspondra à un pitch de détection de 3
0,8 seconde. Sur les appareils multicoupes plus récents, le temps de (7,5/2,5) et un pitch de collimation de 0,75 (7,5/10) (chevauchement
rotation est de 0,4 à 0,75 seconde pour 360° et tous les examens partiel du faisceau) (fig 25).
peuvent bénéficier de cette vitesse de rotation. Ce temps de rotation
conditionne la résolution temporelle, c’est-à-dire le temps Le choix du pitch de collimation rend mieux compte de la géométrie
d’acquisition d’une séquence. Il permet d’obtenir un temps du faisceau autour du patient avec chevauchement d’une rotation à
d’acquisition par coupe plus court, de 250 ms par reconstruction l’autre pour des pitchs inférieurs à 1.
partielle et proche de 100 ms par méthode multisectorielle Les constructeurs proposent des pitchs de collimation allant de 0,5 à
(cf paragraphe résolution temporelle). La résolution temporelle dans 2. L’utilisation de pitchs inférieurs à 1 expose à un chevauchement
la coupe s’approche de celle de la tomodensitométrie par faisceau partiel des hélices et donc à une irradiation supplémentaire
d’électron (TFE) qui est de 50 à 100 ms. Il devient possible avec une théorique mais des dispositifs d’adaptation du milliampérage en
synchronisation cardiaque d’accéder à l’imagerie cardiaque. fonction du pitch permettent sur certains systèmes de limiter
Il est parfois utile d’augmenter ce temps de rotation jusqu’à l’irradiation (cf. chapitre de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale sur
1 seconde par tour afin de bénéficier d’un plus grand nombre de irradiation et scanner).
mesures (projections) par rotation et d’améliorer ainsi la qualité de
l’image (par exemple pour l’étude de la ceinture scapulaire). ¶ Longueur d’acquisition
Elle conditionne la durée et le volume d’exploration.
¶ Pitch
Le pitch se définit comme le rapport entre le pas de l’hélice (distance ¶ Mode fluoroscopique
parcourue par la table pendant une rotation de 360° du tube) et la Il permet d’acquérir des images en mode scopique pour les gestes
collimation du faisceau de rayons X. de radiologie interventionnelle à une cadence d’image allant jusqu’à
En acquisition monocoupe, la collimation est inférieure à la largeur 12 images par seconde. L’acquisition en mode séquentiel est réalisée
d’un détecteur et correspond à l’épaisseur nominale de coupe à basse dose et chaque image est reconstruite à partir des données
(fig 23). acquises pendant une rotation de 60° du tube (fig 26) en matrice 256
Ce n’est plus le cas en acquisition multicoupe, où la collimation ou 512. Les scanners multicoupes permettent d’acquérir une ou trois
correspond à x fois l’épaisseur nominale de coupe ou plus images simultanées par rotation. Sur certaines machines,
exactement x fois la largeur d’un détecteur. La valeur du pitch n’est l’acquisition est interrompue lorsque le tube est au-dessus du patient
donc plus la même d’un constructeur à l’autre selon que l’on pour limiter l’irradiation des mains de l’opérateur (fig 27).
considère pour calculer le pitch l’épaisseur nominale d’acquisition
et donc la largeur d’un détecteur (pitch de détection) ou bien la TRANSFERT DES DONNÉES
collimation (pitch de collimation), soit 4 fois la largeur de détection Le signal analogique est transmis à la console de traitement des
pour un scanner 4 coupes [10, 15]. Prenons un exemple : si l’on choisit données par fibres optiques ou par une technologie type radar. En
2,5 mm d’épaisseur nominale, soit une largeur de détecteur de acquisition monocoupe, les données sont transférées à un
2,5 mm et une collimation de 10 mm, un déplacement de table de convertisseur analogique- numérique (DAS : data acquisition system).

8
Radiodiagnostic Tomodensitométrie : principes, formation de l’image 35-170-A-10

RX Tableau I. – Paramètres de reconstruction.


60°
Paramètres Caractéristiques
Filtration - Filtre dur (sélectionnant les fréquences spatiales éle-
120° vées) : privilégie la résolution spatiale (région à haut
contraste naturel : os, poumon)
- Filtre mou (fréquences basses) : privilégie la résolu-
tion en densité (parenchymes mous)
180° - Filtre standard : compromis
1e image 2e image 3e image Algorithmes - Linéaires (180° ou 360°) en scanner monocoupe
- Non accessibles en scanner multicoupe
26 Principe de la fluoroscopie (six images par rotation, soit 12 images par seconde) :
chaque image est reconstruite à partir des données acquises pendant une rotation du Épaisseur de coupe - Toujours supérieure à l’épaisseur nominale choisie
tube de 60°. - Fonction de l’épaisseur nominale et du pitch en
scanner monocoupe
- Modulable en scanner multicoupe
27 Interruption des rayons
Incrément de reconstruction - Distance intercoupe inférieure, égale ou supérieure
X au-dessus des mains de à l’épaisseur nominale d’acquisition
l’opérateur. - Réduit les phénomènes de volume partiel et cer-
tains artefacts

Mode de reconstruction - Complet (360°) ou partiel (acquisition cardiaque ou


fluoroscopie)

Matrice de reconstruction - 512 × 512 en routine


- 2562 (fluoroscopie) à1 0242 sur certaines machines
(haute résolution)

Champ de reconstruction - Conditionnne avec la matrice de reconstruction et


la filtration la résolution spatiale axiale

Post-traitement - Reconstructions multiplanaires (MPR)


- Projections MIP et MPVR
- Rendu de volume (VRT)
- Endoscopie virtuelle

En acquisition multicoupe, les informations provenant des Plan de 28 Projection des don-
détecteurs vont alimenter quatre, voire 16 canaux de DAS [14], le reconstruction nées d’une hélice en scanner
nombre de DAS conditionnant le nombre de coupes par rotation. 360 hélicoïdal monocoupe.
Angle de projection en degrés

RECONSTRUCTION DE L’IMAGE
270
¶ Paramètres de reconstruction
Ils sont présentés sur le tableau I. 180
Hélice 1 Hélice 2
¶ Filtre de reconstruction
Les profils d’atténuation recueillis par les détecteurs sont convertis 90
par une transformée de Fourier en une gamme de fréquence avant
l’étape de rétroprojection. Les spectres fréquentiels subissent 0
également une fonction de filtration. La sélection des fréquences 0 1 2
élevées par des filtres « durs » ou spatiaux privilégie la Axe Oz
représentation des limites anatomiques des structures et des détails Monocoupe
de l’image mais conserve le bruit de l’image. À l’inverse,
l’élimination des fréquences élevées par des filtres « mous » ou de représente une projection. Chaque point est indexé à l’axe Oz en
densité atténue le bruit et la visibilité des contours permettant une raison du déplacement du lit et correspond à un angle de rotation
meilleure discrimination des structures à faible écart de densité. précis. Si l’on considère un plan de reconstruction à une position
Ces filtres optimisent l’image reconstruite selon la structure étudiée. précise dans l’axe Oz, un seul point de l’hélice croise le plan de
Les filtres « mous » sont adaptés aux structures à faible contraste reconstruction : une seule projection est réellement mesurée. Il faut
naturel (parenchymes pleins : foie, cerveau) et les filtres durs aux calculer par interpolation toutes les autres projections du plan de
structures à contraste naturel élevé telles que l’os, le poumon où le coupe d’angle 0° à 360°.
rapport contraste sur bruit est très élevé. En scanner monocoupe
¶ Algorithmes d’interpolation Les algorithmes d’interpolation sont linéaires et parfois accessibles à
l’opérateur qui a le choix entre :
En scanner hélicoïdal, les données brutes (projections numérisées)
ne peuvent être utilisées directement (contrairement au mode – l’algorithme 360° linéaire : il interpole les données mesurées à
séquentiel) en raison du déplacement continu du patient durant deux positions angulaires identiques avant et après la position du
l’acquisition. Si l’on reconstruit les images directement à partir des plan de reconstruction. Il utilise donc les données de deux rotations
données ainsi recueillies, la qualité des images sera altérée non de 360° (fig 29).
seulement par des artefacts de mouvement mais également par la – l’algorithme 180° linéaire : il utilise les données acquises durant
prise en compte de données acquises à des niveaux d’anatomie une rotation de 360°. L’interpolation se fait entre les données en
différents. Il est donc indispensable de calculer des données brutes projection angulaire opposée considérées comme similaires. Par
planes à partir des données volumiques. Ce calcul est réalisé grâce à exemple les données obtenues à 270 (90° + 180°) sont similaires à
des algorithmes d’interpolation. celles recueillies à 90° (fig 29).
La projection des données d’une hélice peut être représentée sous L’algorithme 360° favorise la résolution en densité (contraste) grâce
forme d’une ligne oblique (fig 28). Chaque point de la ligne à un meilleur rapport signal sur bruit. L’algorithme 180° qui utilise

9
35-170-A-10 Tomodensitométrie : principes, formation de l’image Radiodiagnostic

reconstruction obliques au lieu de plans transverses. Il est basé sur


Plan de 29 Algorithmes de re-
le principe qu’à tout segment d’une trajectoire hélicoïdale de 180°
reconstruction construction linéaires 180
et 360° en scanner mono-
on peut faire correspondre un demi-cercle contenu dans un plan
360
oblique avec une grande précision. Les coupes 2D reconstruites
Angle de projection en degrés

coupe.
effectuent une nutation autour de l’axe longitudinal Z. Les coupes
270 180Lin ainsi reconstruites sont empilées suivant l’axe Z sur toute la
longueur de l’objet examiné. La dernière étape consiste à réaliser
une interpolation filtrée entre les différentes coupes pour
180 reconstruire les coupes dans le plan transversal. Cet algorithme a
l’inconvénient de n’utiliser qu’une partie des données et donc de la
dose délivrée. De plus, la qualité de l’image se détériore avec
90
360Lin l’augmentation du pitch.
– Algorithme AMPR (adaptative multiple plane reconstruction) [7].
0 L’algorithme AMPR résout ces inconvénients en autorisant le libre
0 1 2 choix du pitch, en faisant une utilisation optimale de la dose délivrée
Monocoupe et en assurant une bonne qualité d’image pour toutes les valeurs de
pitch. Cet algorithme reconstruit des plans en double obliquité ce
qui permet de suivre la trajectoire hélicoïdale avec une plus grande
Plan de précision que celle obtenue avec la simple obliquité des plans de
360 reconstruction l’algorithme ASSR. Dans ce cas, la presque totalité de la dose est
utilisée. La deuxième étape de la reconstruction est identique à
l’algorithme ASSR avec une interpolation des plans obliques dans le
1e hélice
plan transverse (fig 31B).
Angle de projection en degrés

270 – Algorithme SMPR (segmented multiple plane reconstruction). Le


principe de l’algorithme SMPR est basé sur l’algorithme AMPR mais
2e hélice en réalisant une approximation en double obliquité, non pas en
180 approximant la trajectoire hélicoïdale par un demi-cercle, mais en
faisant correspondre des arcs de cercle (40-45°) à de plus petites
portions de trajectoire hélicoïdale augmentant ainsi la précision dans
90 la reconstruction qui devient presque parfaite. La suite de la
reconstruction est identique à l’algorithme AMPR.
Algorithmes 3D approchés.
Z
0 La reconstruction tridimensionnelle directe impose l’utilisation de
1 2 3 5 4 6 7 8 projections bidimensionnelles (2D). Les données sont reconstruites
Multicoupes : 3 points d'interpolation sur un maillage volumique qui peut être ou ne pas être organisé en
coupes parallèles [9].
30 Algorithme linéaire en scanner multicoupe.
– Algorithme de Feldkamp. Cet algorithme proposé par Feldkamp
deux fois moins de données pour reconstruire une coupe dispose en 1984 associe une convolution et une rétroprojection incluant une
d’une moins bonne résolution en densité mais d’une meilleure étape critique de pondération des données. Pour la reconstruction
résolution spatiale puisque l’épaisseur réelle de coupe est inférieure d’une coupe, le principe consiste à utiliser les rangées de détecteurs
à celle obtenue avec un algorithme 360° et le profil de coupe sera qui ont mesuré les données provenant des projections ayant traversé
amélioré. ce plan de coupe. Avant d’être utilisées, les données des différentes
rangées de détecteurs doivent être pondérées en fonction de leur
En scanner multicoupe position par rapport au plan de coupe à reconstruire. Cet algorithme
L’acquisition multicoupe entraîne une obliquité du faisceau pour les n’est utilisable que pour les scanners séquentiels : il a nécessité d’être
détecteurs périphériques (diminution de l’angle de projection par adapté pour être applicable aux acquisitions hélicoïdales : ce sont
rapport à la perpendiculaire) à l’origine de l’effet dit « effet de les algorithmes TCOT et 3D cone -beam.
cône ». – Algorithme TCOT de Toshiba. L’algorithme TCOT développé par
Toshiba Corporation est une adaptation de l’algorithme de
• Acquisition 4 coupes Feldkamp qui permet de réaliser une rétroprojection 3D à partir
En acquisition 4 coupes, les algorithmes linéaires utilisés en d’une acquisition hélicoïdale. Pour tenir compte de la translation de
acquisition monocoupe restent applicables (fig 30) en admettant que la table au cours de l’acquisition, les rangées de détecteurs à utiliser
la divergence du faisceau est faible et peut être négligée, autrement sont sélectionnées pour chaque position de tube et les données des
dit en considérant que les quatre faisceaux sont parallèles entre eux rangées adjacentes sont pondérées.
et la qualité de la reconstruction n’en est pas altérée [7]. – Algorithme 3D cone-beam [9]. Développé par Philips, il s’agit
également d’une adaptation de l’algorithme de Feldkamp : la
• Acquisition 8 et 16 coupes correction de l’obliquité est obtenue par pondération des données
L’acquisition 8 et 16 coupes accentue l’effet de cône et l’on ne peut obliques recueillies par les détecteurs qui sont réorganisées en
plus ignorer la divergence du faisceau, l’application d’algorithmes rangées parallèles entre elles et perpendiculaires au plan de rotation,
linéaires générant des artefacts trop importants qui ont conduit les au sein d’un plan rectangulaire virtuel, avant l’étape de
constructeurs à la mise au point de nouveaux algorithmes 2D ou 3D rétroprojection filtrée.
tenant compte de cet effet de cône [18].
Algorithmes 2D. ¶ Épaisseur de reconstruction
Les algorithmes 2D utilisent un ensemble de projections pour En scanner monocoupe
réaliser, par rétroprojection filtrée, une reconstruction 2D dans un
L’opérateur ne choisit que l’épaisseur nominale de coupe.
plan dont l’orientation se superpose localement à la trajectoire de
L’épaisseur réelle à la reconstruction n’est pas accessible directement
l’hélice.
à l’opérateur et dépend de la collimation mais également de deux
– Algorithme ASSR (advanced single-slice rebinning) [7] (fig 31A). autres facteurs, le pitch et l’algorithme d’interpolation (cf qualité de
L’algorithme ASSR utilise le réarrangement de plans de l’image).

10
Radiodiagnostic Tomodensitométrie : principes, formation de l’image 35-170-A-10

Z Z
20

20 15

10
10
5

0
0

-10 -5

-10
-20
1000
500 1000 -15
500
0 0
-500 -500 -20
-1000 -1000
*
A

Z Z

20
20
10 15

10
0
5

-10 0

-5
-20 1000
-10
1000
500 1000 500
-15
0 500
0
-500 -500 -20
-1000 -1000 -1000
-600 -400 -200 0 200 400 600 *
B

31 A. Exemple d’algorithme 2D. Première étape : plan de reconstruction intermédiaire B. Deuxième étape : reconstruction dans le plan axial traditionnel par interpolation des
oblique le long du trajet de l’hélice à partir des données acquises pendant 240° [7]. données des deux plans obliques [7].

En scanner multicoupe
Épaisseur de coupe = 5 mm
L’épaisseur de reconstruction devient distincte de l’épaisseur
nominale (cf qualité d’image et résolution spatiale). Plusieurs
épaisseurs de coupe à la reconstruction sont disponibles à
l’opérateur à partir d’une épaisseur nominale donnée par fusion des
données obtenues par chaque couronne. Par exemple, une
acquisition avec une collimation 4 × 2,5 mm permet d’obtenir des
reconstructions de 3 mm ou de 6 mm d’épaisseur. En revanche,
l’épaisseur de coupe reconstruite ne peut pas être inférieure à
Incrément = 5 mm Incrément = 2,5 mm
l’épaisseur nominale de coupe.
4 coupes reconstruites 8 coupes reconstruites
¶ Matrice de reconstruction 32 Influence de l’incrément de reconstruction.
La matrice de reconstruction est habituellement une matrice de 512
× 512 pouvant aller sur certaines machines jusqu’à 1024 × 1024 en
mode haute résolution. Elle détermine en fonction du champ de Grâce à l’utilisation de coupes chevauchées, une petite structure de
reconstruction (Fov, field of view) la taille du pixel : taille similaire ou inférieure à l’épaisseur de coupe aura plus de
Taille du pixel (en mm) = champ de reconstruction (en mm)/nombre chance d’être centrée au milieu de la coupe et sera mieux étudiée
de lignes ou de colonnes de la matrice. (fig 33).
¶ Incrément de reconstruction Les coupes chevauchées permettent également d’améliorer la
En scanner hélicoïdal, il est possible de reconstruire les images avec résolution spatiale longitudinale et par conséquent de réduire les
une distance intercoupe inférieure à l’épaisseur de coupe, sans artefacts en marche d’escalier observés lors des reconstructions
augmenter l’irradiation (fig 32). multiplanaires.

11
35-170-A-10 Tomodensitométrie : principes, formation de l’image Radiodiagnostic

Épaisseur de coupe = 5 mm

Nodule Contraste

S S
U U
B B
S S S S
T U T U
A B A B
N S N S
C T C T
E A E A
N N
G C G C
Incrément = 5 mm Incrément = 2,5 mm R E R E
Volume partiel I I
S B S B
33 Intérêt des coupes chevauchées. E L E L
A A
N N
Résolution en contraste Résolution spatiale longitudinale C C
H H
E Bruit E Bruit
Qualité de l'image
35 Rapport contraste sur bruit.

Résolution temporelle Artefacts Tableau II. – Influence de la tension sur le bruit relatif.
34 Facteurs de qualité de l’image en tomodensitométrie.
Nombre relatif de photons Bruit relatif

140 kV 250 63
¶ Mode de reconstruction
120 kV 100 100
Le mode de reconstruction peut être complet ou partiel. La
reconstruction partielle n’utilise qu’une partie des projections 80 kV 40 142
acquises lors d’une rotation de 360°. Cette technique est utilisée en
imagerie cardiaque pour diminuer la résolution temporelle dans la
coupe ainsi qu’en mode fluoroscopique. Bruit 36 Facteurs de variation
du nombre de photons.
bruit α = 1
¶ Post-traitement √mA
En complément des reconstructions axiales natives, les techniques
1
de reconstruction tridimensionnelles se sont développées avec les bruit α =
progrès de l’acquisition hélicoïdale. Leur principe et leurs √temps acquisition
applications seront abordés dans le chapitre de l’Encyclopédie
1
Médico-Chirurgicale consacré aux applications du scanner bruit α =
volumique. √collimation

Qualité de l’image
Nombre de photrons

Les principaux facteurs de qualité de l’image en scanner sont la


résolution spatiale, la résolution en contraste et la résolution facteurs : la tension appliquée au tube, l’intensité du courant (mA),
temporelle. Certains artefacts peuvent dégrader la qualité de l’image le temps d’acquisition et la collimation.
(fig 34). La qualité de l’image est indissociable de la dose délivrée Les modifications de la tension appliquée au tube induisent des
donc de l’irradiation. modifications de l’énergie des photons. L’influence sur le rapport
signal/bruit est importante (tableau II).
RÉSOLUTION EN CONTRASTE
Le nombre de photons X délivrés est directement dépendant de la
La résolution en contraste ou en densité est la possibilité de
collimation, de l’intensité du courant (mA) et du temps
différencier des structures à faibles différences de densité comme
d’acquisition. Le bruit est donc lié à ces paramètres par la même
par exemple dans le tissu cérébral, la substance blanche et la
substance grise. Elle dépend du rapport signal sur bruit et du relation que le flux photonique (fig 36). Par exemple, la diminution
rapport contraste sur bruit (fig 35). lors de l’acquisition de l’épaisseur de coupe ou des mA ou du temps
d’acquisition par 2 multiplie le bruit par racine carrée de 2, soit
Les facteurs qui influencent le rapport signal sur bruit sont le filtre
environ 1,4.
de reconstruction (cf filtre de reconstruction), le flux photonique,
l’algorithme d’interpolation et le pitch (en scanner multicoupe).
Scanner multicoupe
¶ Flux photonique L’épaisseur de reconstruction est indépendante de la collimation.
L’augmentation du bruit lié au choix d’une collimation fine pour
Scanner monocoupe approcher l’isotropie est compensée par le choix possible d’une
Le bruit est inversement proportionnel à la racine carrée du nombre épaisseur de reconstruction plus élevée qui va améliorer le rapport
de photons. Le flux photonique est sous la dépendance de plusieurs signal sur bruit.

12
Radiodiagnostic Tomodensitométrie : principes, formation de l’image 35-170-A-10

Angle de Angle de 37 Scanner monocoupe : le nombre de données pour re-


projection Plan de projection Plan de construire une coupe et donc le rapport signal sur bruit est
reconstruction reconstruction indépendant de la valeur du pitch.
360 360

270 180° 270 180°

180 180
2 points 2 points
90 90

0 0
Z Z
0 1 2 3 0 1 2 3

Pitch 1 Pitch 2

Plan de Plan de
reconstruction reconstruction
360 360
1e hélice
Angle de projection en degrés
Angle de projection en degrés

1e hélice

270 270

2e hélice
180
180

2e hélice
90
90
Z
Z 0
0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
1 2 3 5 4 6 7 8 Pitch < 1 : 2 points d'interpolation
Pitch < 1 : 3 points d'interpolation 39 Algorithmes de reconstruction pitch > 1.
38 Algorithmes de reconstruction pitch < 1.
travailler à bruit constant quel que soit le pitch P choisi à partir
¶ Algorithmes d’interpolation d’une valeur de mAs choisie par l’opérateur (mA = eff.mAsx1/trot
× P). L’utilisation de pitchs inférieurs à 1 ne majore pas l’irradiation
Le choix de l’algorithme d’interpolation peut être accessible à et l’utilisation de pitchs supérieurs à 1 n’altère pas le rapport signal
l’opérateur en scanner monocoupe et influence le rapport signal sur sur bruit. Cette modulation n’est pas appliquée dans les acquisitions
bruit. Le mode 360° linéaire utilise les projections acquises durant cardiaques.
deux spirales (720° de rotation) pour les moyenner sur 360°. Le
mode 180 linéaire n’utilise que les projections acquises durant une RÉSOLUTION SPATIALE
rotation de 360°. L’algorithme 360° linéaire augmente le rapport
signal sur bruit de racine carrée de 2, soit environ 1,4 par rapport à
¶ Résolution spatiale dans le plan de coupe
l’algorithme 180° linéaire.
En scanner multicoupe, les algorithmes ne sont pas accessibles à Elle dépend de la taille du pixel, de la matrice de reconstruction qui
l’opérateur. est fonction du champ de vue et du nombre de lignes et de colonnes
de la matrice (le plus souvent 5122). Elle dépend également du filtre
¶ Pitch et rapport signal sur bruit de reconstruction choisi. Elle est identique en scanner hélicoïdal à
celle obtenue en scanner séquentiel. L’utilisation sur certaines
Scanner monocoupe machines d’un foyer flottant (décalage du foyer d’une distance égale
En acquisition monocoupe hélicoïdale, le rapport signal sur bruit au quart de la largeur d’un détecteur) permet de doubler le nombre
reste constant quel que soit le pitch car le nombre de données pour de mesures reçues par les détecteurs et d’améliorer la résolution
reconstruire une coupe est indépendant du pitch (fig 37). Le pitch spatiale axiale. Elle peut atteindre jusqu’à 20 à 25 pl/cm (à 2 % de
n’intervient qu’indirectement par le choix de l’algorithme. Un pitch contraste de la fonction de transfert de modulation) [7].
supérieur à 1 impose l’utilisation d’un algorithme de 180° en raison
de la trop grande dégradation du profil de coupe avec l’algorithme ¶ Résolution spatiale longitudinale
360° (cf résolution spatiale longitudinale). Elle dépend de la taille du voxel dans l’axe longitudinal Oz et
Scanner multicoupe correspond à l’épaisseur effective ou réelle de coupe. L’utilisation
de pitchs inférieurs à 1 et d’un incrément de reconstruction
En acquisition multicoupe, si la distance d’interpolation reste également inférieur à 1 permet d’obtenir une résolution dans l’axe Z
inchangée quel que soit le pitch, le nombre de données pour inférieure à l’épaisseur de coupe : une acquisition en 4 × 1 mm avec
reconstruire la coupe diminue quand le pitch augmente (fig 38, 39). pitch inférieur à 1 et incrément de 0,6 mm permet d’obtenir une
À mA constants, l’augmentation du pitch diminue le rapport signal résolution axiale d’environ 0,8 mm [7]. La réduction de l’incrément
sur bruit, la diminution du pitch l’améliore. Certains constructeurs ne permet d’améliorer la résolution que jusqu’à une certaine limite
proposent une modulation des mA en fonction du pitch afin de qui ne va pas au-delà de 50 % de l’épaisseur nominale.

13
35-170-A-10 Tomodensitométrie : principes, formation de l’image Radiodiagnostic

Hauteur 40 Profil de coupe en ac- Tableau III. – Influence du pitch et de l’algorithme d’interpolation sur
du profil Séquentiel
quisition séquentielle et hé- l’épaisseur de coupe effective.
100 % licoïdale.
de coupe
Épaisseur
Épaisseur effective en mm
nominale en mm
Monocoupe Multicoupe

50 % Pitch 1 Pitch 2 Pitch ≤ 2


Mi-hauteur
(FWHM) 180° 360° 180° 360° variés

2,5 2,5 3,2 3,3 5,4 3


Hélicoïdal
5 5 6,3 6,5 10,8 6

Z
a 42 Voxel isotropique : a = b = c. La taille
du pixel (a, b) égale l’épaisseur de coupe c.
b

Pitch 1
41 Influence du pitch sur
le profil de coupe.
Pitch 1,5 c

Pitch 2

élevées, la majoration est significative (et en conséquence la


dégradation de la résolution spatiale) mais qu’elle devient tout à
Z fait tolérable si l’on choisit des coupes fines. L’utilisation de pitchs
élevés n’est licite qu’avec une faible épaisseur nominale.

Définition de l’épaisseur effective • Scanner multicoupe


L’épaisseur effective ou épaisseur réelle de la coupe est difficile à L’application d’algorithmes non linéaires permet d’obtenir un profil
calculer. Elle peut être évaluée à partir du profil de coupe qui de coupe et donc une épaisseur effective minimale qui reste
représente la distribution sur l’axe Z du rayonnement reçu par les constante quel que soit le pitch choisi jusqu’à une valeur de pitch de
détecteurs. 2 (tableau III).

• Profil de coupe en scanner séquentiel Avantages et inconvénients d’une résolution spatiale longitudinale
Le profil de coupe a une forme presque rectangulaire (fig 40), c’est- élevée
à-dire que l’épaisseur réelle de coupe est quasiment identique à Le scanner multicoupe permet d’acquérir un volume important avec
l’épaisseur nominale choisie par l’opérateur. des coupes millimétriques ou submillimétriques. Les reconstructions
2D planes ou curvilignes et 3D surfacique, MIP (projection
• Profil de coupe en scanner hélicoïdal d’intensité maximale), rendu de volume (VRT) sont d’excellente
Le profil de coupe prend l’allure d’une courbe de Gauss (fig 41). qualité. Il devient possible d’approcher l’isotropie, c’est-à-dire un
L’épaisseur effective augmente par rapport à l’épaisseur nominale. voxel de taille identique dans ses trois dimensions [7] (fig 42).
La valeur exacte de l’épaisseur effective ne peut être qu’approchée : Il faut noter que pour atteindre l’isotropie, il ne suffit pas de
on utilise le plus souvent sa largeur à mi-hauteur, FWHM (full width diminuer l’épaisseur de coupe c. La taille du champ de vue
at half maximum). conditionne les dimensions a et b du pixel dans le plan de coupe.
Facteurs modifiant l’épaisseur effective Cette isotropie peut être approchée en acquisition 4 coupes sur des
petits champs d’acquisition.
L’épaisseur effective dépend de la collimation mais également de
Elle devient possible à grand champ avec l’acquisition 16 coupes :
deux autres facteurs, le pitch et l’algorithme d’interpolation. L’effet
en exploration abdominale, la résolution dans le plan (a × b) est
de ces paramètres est différent en scanner monocoupe ou
d’environ 0,5 mm avec un filtre standard. Avec l’utilisation d’une
multicoupe.
épaisseur d’acquisition submillimétrique (0,75 mm) et d’un
incrément de reconstruction d’environ 50 %, la résolution spatiale
• Scanner monocoupe
longitudinale c obtenue est de 0,6 mm [7]. L’analyse du volume sera
Influence du pitch. de qualité identique dans tous les plans de reconstruction.
Plus le déplacement de la table est important par rotation de 360° L’inconvénient théorique des coupes millimétriques ou
(plus le pitch augmente), plus la distance d’interpolation des submillimétriques est une augmentation potentielle du bruit.
données augmente et plus l’épaisseur de coupe effective augmente Chaque fois que l’épaisseur de coupe est divisée par 2, le bruit est
(tableau III). multiplié par 1,4 (fig 43). L’épaisseur variable à la reconstruction
Influence de l’algorithme d’interpolation. compensera cet inconvénient.
La distance d’interpolation est double en mode 360° linéaire par
rapport au mode 180° linéaire. L’épaisseur réelle de coupe est donc Épaisseur de coupe variable
plus importante avec un algorithme 360° que pour un algorithme Contrairement à l’acquisition monocoupe où l’épaisseur à la
de 180° (tableau III). L’algorithme 360° n’est donc pas utilisé au-delà reconstruction est dépendante des paramètres d’acquisition,
d’une valeur de pitch de 1. l’acquisition multicoupe offre à l’opérateur le choix de l’épaisseur à
Si l’on considère l’augmentation en valeur absolue de l’épaisseur la reconstruction (épaisseur variable), ce qui présente plusieurs
effective de coupe, on constate que pour des épaisseurs de coupes avantages :

14
Radiodiagnostic Tomodensitométrie : principes, formation de l’image 35-170-A-10

Bruit 43 Relation entre le bruit Z Données brutes


Épaisseur de coupe 1/2
et l’épaisseur de coupe. non utilisées
Élevé 250ms
Nombre photons X 50% Données brutes
reconstruites

Bruit 1,4

Faible

1 2 3 5 10 mm
Épaisseur de coupe

ECG
temps

45 Scanner cardiaque : reconstruction partielle des données acquises avec synchro-


nisation à l’électrocardiogramme. Résolution temporelle de 250 ms.

¶ Dans l’axe Z
Avec un scanner monocoupe, la résolution temporelle dépend du
pitch choisi. Il faut trouver le bon compromis entre résolution
temporelle, résolution spatiale et résolution en densité.
L’augmentation du pitch privilégie la résolution temporelle. À
condition d’utiliser des coupes fines, le compromis qualité/rapidité
*
A *
B est acceptable dans les explorations en apnée et avec injection de
contraste.
44 Reconstruction à épaisseur variable.
A. Reconstruction sagittale d’1 mm d’épaisseur en filtre dur (fenêtres osseuses) Le scanner multicoupe a permis une amélioration considérable de la
privilégiant la résolution spatiale. résolution temporelle permettant un gain d’acquisition allant jusqu’à
B. Reconstruction de 3 mm d’épaisseur en filtre mou (fenêtres parties molles) pri- un facteur 28 par rapport au scanner monocoupe pour un même
vilégiant la résolution en densité. volume exploré (tableau IV) [20]. Il devient possible de réaliser des
coupes fines avec un pitch faible, sur un volume important, en un
– la reconstruction initiale en coupes dites « natives » à l’épaisseur temps très court. Ces gains de temps substantiels sont surtout utiles
minimale est nécessaire pour garantir des reconstructions pour limiter les artefacts d’exploration des organes mobiles (cœur),
secondaires multiplanaires de qualité optimale ; augmenter les possibilités d’exploration en apnée (thorax et
– ces reconstructions secondaires peuvent se faire à épaisseur plus abdomen), et permettre l’exploration de grands volumes
importante que la reconstruction native pour améliorer le rapport (exploration vasculaire).
signal sur bruit et donc la résolution en densité sans augmenter
l’irradiation ; ¶ Dans le plan de coupe
– en somme, si la reconstruction des coupes natives reste nécessaire, Une résolution temporelle élevée dans le plan de coupe va permettre
leur interprétation est de plus en plus remplacée par l’interprétation au scanner multicoupe de supplanter le scanner à faisceau
des reconstructions multiplanaires [2] ; d’électrons dans l’exploration cardiaque [17]. Cette amélioration de la
résolution temporelle est multifactorielle.
– une reconstruction dans un plan donné peut être réalisée à
différentes épaisseurs notamment en exploration ostéoarticulaire : Augmentation de la vitesse de rotation
des reconstructions fines avec filtre dur privilégieront la résolution
L’amélioration de cette résolution temporelle est liée en premier lieu
spatiale et l’étude de l’os et des reconstructions plus épaisses avec
à l’augmentation de la vitesse de rotation du statif atteignant 360°
filtre mou assureront une bonne résolution en contraste et
en 0,4 seconde.
amélioreront l’analyse des parties molles (fig 44).
L’acquisition en coupes fines permet donc d’approcher l’isotropie et Synchronisation prospective à l’électrocardiogramme (ECG)
la reconstruction à épaisseur variable permet d’obtenir un bon
La synchronisation à l’ECG consiste à effectuer une acquisition avec
compromis dose/qualité d’image.
enregistrement simultané du signal ECG. L’acquisition en mode
séquentiel est déclenchée en fonction de l’onde R pour acquérir les
RÉSOLUTION TEMPORELLE données en diastole : la technique de reconstruction partielle permet
Il faut distinguer la résolution temporelle dans l’axe Z et dans le de reconstruire l’image à partir des données acquises pendant la
plan de coupe. diastole : la résolution temporelle est d’environ 250 ms (fig 45) [19].

Tableau IV. – Gain relatif en résolution temporelle en fonction du système par rapport à une acquisition en scanner monocoupe avec un pitch de
2 (d’après [18]).

Système Temps de rotation (s) Nombe de détecteurs dans l’axe Z Pitch Gain de temps relatif
Scanner monocoupe 1 1 2 1

Scanner subseconde 0,5 1 2 2

Scanner bicoupe 1 2 2 2

Scanner 4 coupes 0,5 4 1,5 6

Scanner 8 coupes 0,5 8 1,35 10,8

Scanner 16 coupes 0,4 16 1,5 28,5

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35-170-A-10 Tomodensitométrie : principes, formation de l’image Radiodiagnostic

ARTEFACTS
Ils résultent d’une discordance entre les valeurs de densité de
l’image reconstruite et les valeurs réelles d’atténuation.

0° 0° Les artefacts de volume partiel sont limités par le chevauchement


des coupes et surtout par la diminution de l’épaisseur nominale.
Les artefacts de mouvement sont atténués avec les scanners actuels
270° 90° 270° 90° qui offrent des temps d’acquisition courts.
Les artefacts de sous-échantillonnage sont dus à une insuffisance de
mesures. Ils se traduisent par des lignes fines au sein de l’image.
180° 180° Pour les corriger, il faut augmenter le nombre de mesures en
diminuant la vitesse de rotation ou en scanner multicoupe en
diminuant le pitch.
Les artefacts de durcissement du faisceau, rencontrés notamment
1 cycle 2 cycles
lors de la traversée de structures très denses (fosse postérieure) sont
Résolution temporelle 250 ms Résolution temporelle 125 ms
réduits avec la diminution de l’épaisseur de coupe à l’acquisition
46 Résolution temporelle dans la coupe fonction du nombre de cycles cardiaques uti- compensée par une épaisseur majorée à la reconstruction [1].
lisés pour la reconstruction.
Les artefacts d’hélice sont propres au mode hélicoïdal mais sont
Synchronisation rétrospective à l’ECG moins importants en acquisition multicoupe qu’en monocoupe. Ils
résultent de la nécessité de réaliser une interpolation des données [5].
L’acquisition est hélicoïdale et toujours couplée à l’enregistrement
Ils se traduisent par une distorsion de l’image et des anomalies de
ECG. Mais lors de la reconstruction, les données brutes sont triées
densité linéaires ou en bandes particulièrement visibles aux
en fonction de l’ECG pour ne conserver que les données acquises
interfaces des structures à forte différence de densité et prédominent
pendant la diastole. De même qu’en technique de synchronisation
prospective, l’onde R définit le point de départ utilisé pour la en périphérie des coupes reconstruites. Les artefacts d’hélice se
reconstruction de l’image. manifestent aussi sur les reconstructions multiplanaires dans l’axe Z
La résolution temporelle peut encore être améliorée jusqu’à trot/2M (reconstructions coronales). Pour les réduire, il faut commencer par
par l’utilisation des données acquises lors de M cycles cardiaques réduire l’incrément de reconstruction puis la collimation et à défaut
consécutifs (méthode multisectorielle). Le pitch doit être adapté à la réduire le pitch.
fréquence cardiaque pour que chaque position z du cœur soit captée Les artefacts d’obliquité du faisceau augmentent avec le nombre de
par une coupe tout au long des M cycles cardiaques. Enfin, on peut coupes par rotation. Ils ont été réduits par la mise au point
également moduler le nombre de cycles utilisés pour la d’algorithmes d’interpolation planaires.
reconstruction en fonction de la fréquence du patient (fig 46) : un
cycle en cas de fréquence basse jusqu’à quatre cycles pour les Enfin, les artefacts liés à la présence de structures métalliques sont
fréquences élevées permettant de réduire la fréquence temporelle pratiquement éliminés sur les machines les plus récentes grâce au
jusqu’à 60 ms [6, 19]. développement d’algorithmes spécifiques.

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